L'œuvre de Maria Valtorta
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Margziam (Martial)

Jabé, le jeune disciple prodige.

 


 Présentation générale     
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De son vrai nom Jabé, il est le petit-fils d’un paysan de Doras, un maître cruel. Ses parents (Jean et Marie) et ses frères sont morts dans un éboulement de terrain (3.59). Son grand-père le recueille et le cache dans les bois, puis le confie à Jésus (3.52). L'apôtre Pierre obtient d'en faire son fils adoptif. Jabé reçoit de la Vierge Marie un nouveau nom : Margziam, le nom de Marie dit dans "l'ancienne langue" [1] (3.60).           

Margziam a douze ans et l'apparence chétive. Il alterne les séjours chez
Porphyrée, sa mère adoptive et les voyages apostoliques à la suite de son père adoptif. Il y montre des dispositions qui font de lui un disciple prodige. 

Volontaire, il prend les moyens de sa décision : il jeûne pour obtenir des grâces (
4.176) ou décide de racheter la liberté de son grand-père en économisant à coup de sacrifices ou de travaux supplémentaires (6.135). Malheureusement, son grand-père meurt d'épuisement avant l'aboutissement de ce projet.

Malgré son jeune âge, il s’avère un prédicateur remarquable, mettant en pratique, sans hésiter, les enseignements de Jésus. À la première multiplication des pains
[2] (4.136), il est le premier à prendre un panier et voir se réaliser le miracle. Il réalise sa première prédication en présence de Jésus et obtient son premier miracle à Cana chez une pauvre femme (4.175).    

Le jeune Margziam est particulièrement éprouvé par les deuils et les séparations, notamment celle de
Jean d'Endor son précepteur qui notait pour lui les discours de Jésus. Il en est affecté mais garde courage (7.158).     

À cause de son jeune âge, Jésus le tient éloigné de Jérusalem au moment de la Passion (
8.27). Il ne bénéficie pas de la vision du Ressuscité et croit être entré en disgrâce. Pourtant, au Thabor, Jésus le rassure : "Mon bien-aimé entre tous les disciples, tu ne songes pas que je suis allé affermir les fois vacillantes. Quel besoin y avait-il de venir vers toi, enfant, dont la foi, l’espérance, la charité, la volonté et l’obéissance me sont connues ?" (10.20).

Il lui donne le nom de Martial en souvenir d'un petit
romain martyrisé : "Ce nom, ô Martial, t’indique ton futur destin : sois apôtre en des terres barbares et convertis-les à ton Seigneur" (10.23). Margziam, devenu Martial, suit Pierre quittant la Palestine (10.35). Il sera martyr selon la prédiction de Jésus (5.35).

 Son nom 
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Yabès : "il cause de la souffrance" - Margziam est d'une origine proche de Myriam dit en "ancienne langue" et Martial est en rapport avec Mars le dieu de la guerre.

 Où en parle-t-on dans l'œuvre ?  
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Margziam fait partie des personnages fondamentaux cités plus de 50 fois dans l'œuvre.

 Tome 3 : 3.52 - 3.53 - 3.54 - 3.55 - 3.56 - 3.57 - 3.58 - 3.59 - 3.60 - 3.61 - 3.62 - 3.63 - 3.64 - 3.66 - 3.67 - 3.68 - 3.69 - 3.70 - 3.71 - 3.72 - 3.74 - 3.75 - 3.76 - 3.86. 
 Tome 4 : 4.87 - 4.89 - 4.103 - 4.113 - 4.125 - 4.134 - 4.135 - 4.136 - 4.137 - 4.143 - 4.144 - 4.145 - 4.146 - 4.147 - 4.149 - 4.150 - 4.151 - 4.153 - 4.154 - 4.155 - 4.156 - 4.157 - 4.158 - 4.160 - 4.165 - 4.168 - 4.169 - 4.170 - 4.171 - 4.172 - 4.173 - 4.174 - 4.175 - 4.176 - 4.177 - 4.178.           
 Tome 5 : 5.1 - 5.2 - 5.24 - 5.26 - 5.35 - 5.36 - 5.38 - 5.40 - 5.52 - 5.53 - 5.54 - 5.55 - 5.56 - 5.57 - 5.65 - 5.68.
 Tome 6 : 6.124 - 6.126 - 6.127 - 6.132 - 6.133 - 6.135 - 6.136 - 6.137 - 6.140 - 6.141.           
 Tome 7 : 7.158 - 7.159 - 7.160 - 7.180 - 7.188 - 7.192 - 7.193 - 7.195 - 7.201 - 7.202 - 7.204 -7.206 - 7.207 - 7.208 - 7.218.    
 Tome 8 : 8.27 - 8.38 - 8.45.           
 Tome 10 : 10.19 - 10.20 - 10.21 - 10.22 - 10.23 - 10.35.

 En savoir plus sur ce personnage          
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Extraits du Dictionnaire des personnages de l’Évangile, selon Maria Valtorta (Mgr René Laurentin, François-Michel Debroise, Jean-François Lavère, Éditions Salvator, 2012).  
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Une très ancienne tradition (Les actes de St Urcin) associe Martial à six autres évêques envoyés par saint Pierre pour évangéliser les Gaules. Au VIème siècle, une ode de saint Venance Fortunat, évêque de Poitiers
[3] confirme Martial "contemporain de Pierre", et le donne "natif dans la tribu de Benjamin", ce qu'indique Maria Valtorta.

Martial fut déclaré "apôtre de l’Aquitaine" par le pape Clément VI (XIVème siècle)      

Au XVIème siècle Baronius note que Pierre "envoya Martial au pays de Limoges, de Toulouse et de Bordeaux"
[4].      

Mais au XVIIème siècle, le chanoine Descordes, veut séparer croyances populaires et histoire
[5]. Il accrédite l'idée qu'aucune église de France n'est antérieure à la moitié du IIIème siècle. Saint Martial, disciple de saint Pierre est classé au rang des pieuses légendes.    

Deux siècles plus tard, l'Abbé François Arbellot, Chanoine honoraire de Limoges reprend les sources historiques (Voir
les extraits ci-dessous ou les pages en ligne) permettant de faire émerger le personnage dont Maria Valtorta se fait l'écho. Il serait mort en 71 "la 40e année après l'Ascension de Jésus, en l'an 3 de Vespasien"[6].

 Saint Martial : entre historicité et légende.          
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Reliquaire d'un saint Martial dans l'église d'Orgnac en Corrèze (France)

Illustration ci-dessus extraite du blog Vézère Ardoise.

La vie et le martyre de saint Martial interfère avec celle d'un homonyme du IIIème siècle, apôtre de l'Aquitaine et du Limousin en France. Elle aboutit à une biographie incohérente qui en devient, logiquement, légendaire.          

Le chanoine Descordes, une des figures scientifiques de Limousin au XVIIème siècle, postule que le saint Martial, évangélisateur de Limoges, doit être daté du IIIème siècle. Hypothèse que retient le
Diocèse de Limoges.

D'autres sources mettent cette ville sous le patronage d'un Martial, contemporain de Jésus. Il fait partie des soixante-douze disciples, il a participé à la multiplication des pains. Il était apparenté à l'apôtre Pierre.          

Maria Valtorta donne crédit à une mémoire historique et isole la partie légendaire née de la confusion entre le contemporain de Jésus, dont se font écho de nombreux textes anciens, et un homonyme du IIIème siècle. Il s'agit manifestement de deux personnages, homonymes, fondus en un seul par la piété des premiers fidèles du Limousin.

Par rapport aux affirmations énoncées dans les différents textes, Maria confirme (et parfois corrige) :          

- Martial est bien contemporain de Jésus,     
- Il est bien apparenté à Pierre : c'est son fils adoptif,           
- Il a bien suivi la troupe apostolique dans ses voyages,       
- Il a bien participé à la multiplication des pains : la première (
4.136)  
- Il a bien fait partie des soixante-douze disciples envoyés en mission, mais pas dans le noyau primitif.        
- Il est présent à l'Ascension où il reçoit son nom de Martial, 
- Il est effectivement "apôtre en des terres barbares", mais Maria Valtorta ne confirme, ni n'infirme que ce soit le Limousin (France).      
- Il a bien subit le martyre, antérieurement à celui de Pierre si on interprète correctement cette phrase : "Un jour viendra où Simon Pierre se réjouira en sachant emprisonné, frappé, flagellé, mis en péril de mort son Margziam, et où il aurait le courage de l'étendre de sa main sur le gibet pour le revêtir de la pourpre des Cieux et pour féconder la terre de son sang de martyr, enviant son sort et souffrant pour un seul motif : de n'être pas à la place de son fils".  

Maria Valtorta ne confirme pas :       

- La présence de Martial à la Cène : il a été écarté de la Passion par Jésus.

 Plaidoyer en faveur de Martial contemporain du Christ  
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Extraits de : "Dissertation sur l'apostolat de saint Martial et sur l'Antiquité des Églises de France" - Abbé François Arbellot, Chanoine honoraire de Limoges – 1855

[…]
Vie de saint Martial écrite en grec - Église dédiée à saint Martial près de Rama en Palestine        

110> L'Orient, d'où était parti saint Martial pour venir prêcher dans la Gaule, au rapport de Grégoire de Tours lui-même[7], l'Orient rend témoignage à son apostolat par ses traditions et ses monuments. On peut voir plusieurs de ces traditions consignées dans les deux conciles de Limoges [8]: nous nous contenterons d'en mentionner une seule.         

Avant le XIème siècle, on possédait, en Orient, une Vie de saint Martial écrite en grec, où cet apôtre de l'Aquitaine était dit un des soixante-douze disciples. Écoutons, sur ce point, la déposition juridique et solennelle d'un savant clerc d'Angoulême qui avait accompagné l'évêque de cette ville, Rohon, au second concile de Limoges : "Que cette sainte assemblée daigne m'écouter avec bienveillance : il y a quelques années, deux religieux du Mont Sinaï, hommes graves, d'une vie exemplaire, savants dans la doctrine catholique, versés dans les langues grecque et latine, vinrent dans ces pays de l'Occident par la disposition de la Providence.           

111> Comme ils demeuraient longtemps à Angoulême, attendant le prince de la cité ([9]) nous, les voyant parfaitement instruits dans les lettres grecques et latines ([10]) nous eûmes soin de les interroger sur cette question, et nous leur demandâmes si les Orientaux connaissaient saint Martial. Tous les deux Siméon et Côrne répondirent d'une voix unanime : "Assurément nous connaissons l'apôtre Martial, un des soixante-douze !" – Et, comme nous leur disions : "Nous ne connaissons pas d'autres apôtres que les douze !" – "Avez-vous, répondirent ils, dans ces Églises d’Occident, l'évangéliste saint Luc, qui écrit que, après les douze apôtres, soixante-douze autres furent choisis par le Seigneur ?" - Nous leur répondîmes que nous avions l'Évangile de saint Luc, mais que ces soixante-douze, nous ne les regardions pas comme des apôtres mais seulement comme des disciples. - Alors s'éloignant de nous et se munissant du signe de la croix, ils détestèrent nos paroles, et nous dirent : "Retirez-vous, malheureux, car vous êtes des hérétiques, puisque vous ne croyez pas aux paroles du Seigneur, qui a dit aux soixante-douze : Allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Comment ! vous ne regardez pas comme apôtres ceux que le Seigneur a envoyés pour prêcher l'Évangile ? Les Grecs, ajoutèrent ils, ont toujours été plus savants que les Latins, et les écritures latines dérivent de la source des Grecs. Nous savons que saint Martial est un des soixante-douze qui s'en alla en Occident avec saint Pierre pour prêcher l'Évangile et nous avons ses Actes, écrits en notre langue, dans notre monastère du Mont Sinaï".

112> Ce religieux Siméon, venu en Occident du monastère du Mont Sinaï, mourut à Trèves le 1er juin 1035 et fut placé par l'Église au rang des saints quelques années après sa mort (1042). "C'est, dit Fleury [11], un des plus grands saints du XIème siècle". Une église collégiale s'est élevée à Trèves sur l'emplacement de sa cellule et le lieu de sa sépulture ([12]). "Dieu me garde" s'écrie le P. Papebroch ([13]) en rapportant le témoignage de saint Siméon et de Côme "Dieu me garde de soupçonner la sincérité de ces deux hommes, et de dire qu'ils ont parlé par flatterie ou par ambition ! Sans doute ils avaient puisé ces détails dans cette ancienne "Vie" que nous pensons avoir été consultée par Florus, et qui avait été portée par des voyageurs d'Europe en Orient". Qui sait même, ajouterons-nous, si cette Vie écrite en grec, au lieu d'être une simple traduction n'était pas une vie originale, écrite en Orient, dans la patrie de saint Martial ?          

Si nous en croyons un cosmographe du XVIème siècle, on conservait, par tradition, dans la Palestine, la connaissance du lieu où était né saint Martial. L'auteur de la Cosmographie Universelle, André Thévet (
[14]) assure avoir vu, dans son voyage en Palestine, une église bâtie en l'honneur de saint Martial, près de Rama, dans le lieu où la tradition plaçait sa naissance. Citons ses propres paroles :

113> "À trois lieues de Rama, il y a un cazal ([15]) habité seulement d'Arabes domestiques, nommé en leur langue Arouha, qui signifie esprit et miroir en langue des sauvages, où se voit encore une vieille église édifiée autrefois en l'honneur de S. Martial, natif de ce lieu, lequel étant baptisé de saint Pierre, fut envoyé en France voire premier que S. Denys. L'on m'a dit que le roy Charlemaigne fist faire ceste église et la dota de quelques rentes ([16])".    

Si cette église de saint Martial n'eût pas existé en Orient, nous ne voyons pas quel intérêt Thévet eût eu à l'inventer. Pour ce qui est de la construction de cette église du temps de Charlemagne, cela ne manque pas de fondement, car nous voyons dans les Capitulaires que ce prince envoyait de l'argent à Jérusalem pour la restauration des églises. Le premier Capitulaire de l'an 810 porte ce titre: "De l'aumône qu'on doit envoyer à Jérusalem pour la restauration des églises". Un autre Capitulaire est ainsi intitulé : "De l'aumône qu'on doit envoyer à Jérusalem pour restaurer les églises à la Noël prochaine". Un tel dessein était digne de la piété de ce grand empereur, dont Éginard, son historien, nous dit qu'il envoyait des aumônes aux chrétiens pauvres jusqu'en Syrie, en Égypte, à Jérusalem et à Alexandrie, et qu'il recherchait l'amitié des rois d'outre-mer, principalement pour avoir l'occasion d'apporter par là quelque soulagement et quelque appui aux chrétiens qui vivaient sous leur domination.       

114> Ainsi ce n'est pas seulement Rome et la Toscane, où a passé saint Martial, qui rendent témoignage à sa mission apostolique au premier âge du Christianisme : c'est encore l'Orient, sa patrie, qui le reconnaît pour un disciple de saint Pierre et un contemporain des apôtres.      

Nous n'avons pas la prétention d'avoir arraché à la science son dernier mot sur cette question de l'apostolat de saint Martial; nous sommes persuadé que des recherches plus étendues et plus approfondies que les nôtres feront faire un nouveau progrès à cette discussion, et jetteront sur ce fait traditionnel une pleine lumière historique. Nous sommes persuadé que des recherches ultérieures, faites, soit en France, dans les manuscrits de la bibliothèque Royale, soit dans les bibliothèques les plus célèbres de l'Italie et de l'Angleterre, feront découvrir de nouveaux documents relatifs à cette question capitale des origines du Christianisme dans les Gaules. On a vu le rôle important que joue, dans notre Dissertation, le poème de Fortunat découvert à Florence sur la fin du siècle dernier, et inconnu des critiques qui, avant nous, ont discuté le fait de l'apostolat; on a pu apprécier l'importance des pièces manuscrites récemment découvertes par M Faillon à la bibliothèque Royale :qui sait ce que l'avenir mettra en lumière sur ce sujet ? La bibliothèque du Vatican renferme, dans un manuscrit du XIème siècle, une Vie de saint Martial différente de la légende d'Aurélien, si nous en jugeons par les premières lignes que M. l'abbé Ronard nous a transcrites. Cette légende, inconnue de tous les critiques qui nous ont précédé, peut apporter un nouveau poids dans la balance (
[17]) ; en Angleterre, la bibliothèque du collège de Saint Jean Baptiste d'Oxford possède une Vie de saint Martial qui n'a pas été encore examinée ([18]) : aussi nous souscrivons volontiers à ce que nous dit sur ce point le savant auteur des Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Madeleine, M. l'abbé Faillon, dans une lettre qu'il nous a fait l'honneur de nous écrire :         

115> "Si j'avais à donner quelque conseil à un écrivain qui voudrait éclaircir les origines des Églises des Gaules, je l'engagerais à ne pas se borner aux bibliothèques de France, telles que la bibliothèque du Roi, à Paris, qui renferme près de cent mille manuscrits; je l'exhorterais à pousser ses recherches surtout en Angleterre, dont les bibliothèques n'ont point été explorées par les critiques, surtout dans la partie qui concerne l'histoire des saints. Les Anglais, depuis leur schisme, semblent avoir dédaigné tous les monuments concernant la vie des saints, qui sont encore enfouis dans leurs bibliothèques : je ne doute pas qu'elles ne renferment des richesses précieuses pour les Gaules, et inconnues aujourd'hui à nos Églises.   

Si ma position et mes fonctions eussent pu me permettre de faire un an de séjour en Angleterre, lorsque je travaillais aux Monuments inédits, je n'aurais pas balancé d'aller y faire des recherches : la Vie de sainte Madeleine, par Raban Maur, dont nous ne possédons en France aucune copie, peut justifier ce que j'avance ici. Je crois donc, Monsieur, que, si vous pouviez parcourir les bibliothèques d'Angleterre, vous pourriez y faire des découvertes qui jetteraient beaucoup de jour sur l'origine de nos Églises, et probablement sur l'apostolat de saint Martial (
[19])".           

Si la Providence, qui nous emploie aujourd'hui à un laborieux ministère, nous réserve un jour quelque loisir, nous espérons bien faire sur ce sujet quelque découverte nouvelle : mais, en attendant, nous croyons que l'histoire moderne doit, dès à présent, casser le jugement qu'elle avait porté sur l'apostolat de saint Martial, et assigner, sans hésitation, sa mission au Ier siècle.          

Résumé - Conclusion          

Voilà donc une tradition constante, que nous trouvons établie d'une manière positive ou confirmée indirectement par des témoignages historiques, en remontant de siècle en siècle jusqu'au premier âge du Christianisme. Au XIème siècle, nous la trouvons répandue partout, non seulement dans toutes les Églises d'Aquitaine qui reconnaissent saint Martial pour fondateur, mais encore d'un bout de la France à l'autre, en Angleterre et en Italie, à Constantinople et dans la Palestine, c'est à dire dans toute l'étendue du monde chrétien. On en voit les preuves irréfragables dans les conciles tenus à Paris et à Poitiers, à Bourges et à Limoges, sur la question de l'apostolat de saint Martial au commencement du XIème siècle. - Au Xème siècle, les Églises de Bordeaux et d'Angoulême, du Quercy et de la Bourgogne, etc., ajoutent leurs témoignages à ceux du Limousin. - Au IXème siècle, nous trouvons notre tradition consignée dans la Vie de saint Sacerdos, dans les peintures murales de Saint Sauveur, dans le livre des Miracles de saint Martial et dans les écrits de Raban Maur, archevêque de Mayence. - Au VIIème siècle, notre tradition est confirmée par le moine Florus, auteur des Additions au Martyrologe de Bède; elle est appuyée indirectement par le célèbre diacre Paul Warnefride, secrétaire de Didier, roi des Lombards. - Au VIème siècle, les légendes de saint Ausone et de saint Austremoine, attribuent sans hésitation la mission de saint Martial au temps de saint Pierre. Au VIème siècle cette tradition se retrouve encore non seulement dans l'Église de Limoges, mais encore dans les Églises de Poitiers, de Bourges et d'Arles: elle n'est contredite que par un mot de Grégoire de Tours : or, après la réfutation que nous avons faite de ce passage, on peut juger combien cette contradiction est peu sérieuse, et nous avons d'ailleurs, pour contrebalancer Grégoire de Tours, un de ses contemporains les plus illustres, Fortunat, évêque de Poitiers, dont les vers composés sur la légende de saint Martial prouvent que notre tradition est antérieure à Grégoire de Tours. - En remontant plus haut encore, nous trouvons un appui indirect dans une lettre du pape Innocent Ier. - Au IIIème et au IIème siècle, notre tradition est confirmée indirectement par Tertullien et saint Irénée, qui affirment que, de leur temps, il y avait des Eglises chrétiennes établies chez les diverses nations des Gaules et chez les Celtes.          

Bien plus, des monuments étrangers, d'une autorité incontestable, donnent à notre tradition une confirmation éclatante : c'est ainsi que dans l'Église romaine, notre tradition se rattache à celle de saint Paul et de saint Luc; et nous la trouvons consignée dans les vieilles archives de Sainte Marie in Via Lata. Dans la Toscane, l'église de Saint Martial bâtie près de la ville de Colle, sur le tombeau de saint Austriclinien, et les souvenirs traditionnels qui s'y rattachent; en Orient, la Vie de saint Martial, écrite en grec, qui se trouvait, au Xème siècle, dans le monastère du Mont Sinaï, et qui faisait de l'apôtre de l'Aquitaine un des soixante-douze; puis l'église de Saint Martial que le cosmographe Thévet assure avoir vue, dans son voyage en Palestine, près de la ville de Rama dans le lieu où la tradition ancienne faisait naître le premier évêque de Limoges :

116> Voilà des monuments, voilà un faisceau de traditions qui, en s'accordant avec la nôtre, et en se donnant un mutuel appui, jettent une vraie lumière historique sur la mission de saint Martial au temps des apôtres. Cette tradition est catholique ou universelle : elle est de tous les temps et de tous les lieux.          

Et l'on voudrait que tant d'Églises, dans les Gaules et dans l'Italie, en Angleterre et en Palestine, se fussent accordées à admettre un fait historique qui n'aurait aucun fondement ! - Et l'on voudrait que toutes les Églises d'Aquitaine eussent perdu de vue un fait aussi important que celui de leur origine, que l'époque de la mission de leur premier apôtre, et se fussent laissé tromper par le rêve fabuleux de quelque imposteur !…Mais à qui persuadera-t-on que tant d'Églises, rivales de celle de Limoges, aient admis sans réclamation un fait qui donnait à notre Église une telle supériorité d'origine ? Et comment supposer alors que l'erreur devint si générale ? Comment supposer que l'Aquitaine et la France, Rome et la Toscane, l'Occident et l'Orient se rendissent complices du mensonge, et s'accordassent unanimement sur un fait controuvé ? Comment expliquer que tant d'Églises étrangères, parfaitement désintéressées dans la question, rendent le même témoignage ? Comment expliquer qu'un si grand nombre de témoins, dont plusieurs, comme nous l'avons vu, n'ont pu s'entendre, fassent sur ce point une déposition unanime ? - Il faut reconnaître avec Tertullien que "une tradition qui est la même en beaucoup de lieux, n'est pas une erreur, une fiction ou un mensonge, mais une vérité transmise de vive voix (
[20])" Et c'est pourquoi nous terminerons ce chapitre par ces paroles du savant et illustre de Marca, que nous sommes fier de trouver avec nous dans cette importante discussion :"J'ai pensé qu'il fallait, non pas renverser, mais conserver nos traditions, qui sont fondées sur la vérité : avec d'autant plus de raison qu'elles ont été reçues autrefois dans l'Église romaine et dans tout le monde chrétien ([21])".

 Plaidoyer critique
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Saint Martial de Limoges, - Annales du midi – page 289 et suivantes – 1892 – Notice de L. Duchesne

Ce texte, critique par rapport à celui de l'Abbé Arbellot, ci-dessus, comporte aussi la citation des sources historiques, notamment celle-ci : 

Adémar de Chabannes (
[22]), écrit : "Martial est un contemporain du Christ. Le Sauveur étant venu à passer par la tribu de Benjamin, deux juifs de ce pays, Marcel et Élisabeth, entendirent sa prédication et furent baptisés par saint Pierre, avec leur fils Martial et d'autres personnes, au nombre desquelles étaient Zachée (de Roc-Amadour) et Joseph d'Arimathie. Le jeune Martial (il avait alors une quinzaine d'années) s'attacha à saint Pierre, avec lequel il était apparenté, et suivit dès lors le collège des douze apôtres. Il assista ainsi à la résurrection de Lazare, à la dernière Cène, au lavement des pieds (c'était lui qui tenait la serviette); il vit les apôtres toucher les plaies du Christ ressuscité, mangea avec lui, assista à l'Ascension et à la Pentecôte, et reçut ainsi la même mission que les apôtres et la même effusion dit Saint-Esprit. Avec saint Pierre il prècha à Antioche, puis à Rome, où il amena d'Antioche quelques-uns de leurs convertis, notamment Alpinien et Austriclinien. Au bout de quelque temps, saint Pierre l'envoya, avec ces deux compagnons, évangéliser la cité de Limoges. En route, c'est-à-dire à Else en Toscane, eut lieu la mort et la résurrection d'Austriclinien…"

Autres sources        
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Selon cette source, Martial (Margziam) est l'enfant qui a distribué les pains lors de la première multiplication des pains (4.136) : De l'Histoire des Archevêques de Bordeaux du Chanoine Lopès nous tirons ces notes: "Saint Martial est, d'après la tradition, l'enfant que le Sauveur bénit et au sujet duquel il dit ces paroles touchantes: "Laissez venir à moi les petits enfants". C'est encore lui qui portait les cinq pains d'orge que Jésus multiplia dans le désert.

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Fiche mise à jour le 21/06/2015

 



[1] Selon le docteur Johannes Sepp, il s'agirait de la langue chaldéenne : Jésus-Christ. Études sur sa vie et sa doctrine, 1866, page 19.

[2] Cf. Matthieu 14,15-23; Marc 6,35-46; Luc 9,12-17; Jean 6,3-13.

[3] Cité par l'Abbé F. Arbellot, Dissertation sur l'apostolat de saint Martial et sur l'Antiquité des Églises de France, 1855.

[4] Cardinal Baronius évoquant saint Pierre dans Les Gaules.

[5] Chanoine Descordes, Histoire Ecclésiastique des Gaules, 1636, partie II , page 50.

[6] Mgr Gaume, Les disciples du Seigneur 1890 p 87.

[7] Grégoire de Tours – Historia Francorum – I,30 : Grégoire de Tours date l'arrivée de Martial à Limoges du IIIème siècle.

[8] Il y eu un concile local à Limoges en 936, mais il s'agit probablement des conciles locaux tenus au XIème siècle : "Les Prélats d'Aquitaine célèbrent deux conciles à Limoges dans le onzième siècle. Le premier fut tenu en 1029. Gauzelin de Bourges y présida. Cette assemblée se fit sur la contestation qui s'émût s'il fallait donner à saint Martial, évêque de Limoges, le titre d'apôtre, comme voulaient les limousins, ou seulement de conseiller comme le soutenaient d'autres. Le Concile ne put terminer cette question. On l'agita encore dans un autre tenu à Bourges et puis à Limoges en 1032 et non pas en 1034, comme disent Baronius et Bini. Avec cela on consulta le Saint Siège qui décida que S. Martial devait être révéré comme apôtre. Aimoin de Bourbon, archevêque de Bourges y présida; et Jourdan, évêque de Limoges, se trouva à l'un et à l'autre de ces conciles". Le grand dictionnaire historique ou mélange curieux de l'histoire sacrée et profane – Louis Moreri, docteur en théologie – 1683 - Lyon – Tome 2 -  page 422

[9] Guillaume comte d'Angoulême qui n'était pas encore de retour de son pèlerinage en Terre Sainte. Fleury a confondu ce Guillaume d'Angoulême avec Guillaume comte de Poitiers.

[10] Le moine Siméon savait cinq langues l'égyptien, le syriaque, l'arabe, le grec et le latin.

[11] Il s'agit de l'Abbé Claude Fleury (1640-1723) qui consacra sa vie à l'écriture d'une "Histoire ecclésiastique" de référence.

[12] Les Bollandistes ont donné sa Vie au premier jour du mois de juin Acta Sanctorum, tome I, juin, p.87). On peut en voir l'abrégé dans Fleury ("Histoire ecclésiastique" – T. 59, n° 27 et 32).

[13] Daniel Van Papebroeck, dit Papebroch (1628-1714). Érudit prolifique, jésuite bollandiste, célèbre en son temps, Daniel Papebroch publia des Vies des saintsActa sanctorum, qui finirent par être interdites (source Ecyclopaedia Universalis)

[14] Cosmographie Universelle d'André Thévet(1516-1590), explorateur et cosmographe.

[15] Village, hameau, de l'italien casale.

[16] Cosmographie Universelle, liv. VI, chapitre VII. Des anciennes villes de Jaffé et de Rarna. (Édition in folio 1575 T I p 169)

[17] Cette légende commence ainsi "Patebant quœdam fortiorum impiorum gesta... Eo namque tempore quo Dominus noster Jesus Chrislus ex intemerato aimœ Virginis utero, etc." (Collection de la reine de Suède n° 543). Il serait possible que cette Vie fût celle qu' Ellies Dupin dit avoir été composée, au commencement du IXème siècle, par saint Odon de Cluny, Vie encore inédite, que nous n'avons pu trouver jusqu'à présent.

[18] Une Vie de saint Martial, évêque, avec celle de saint Alexis, etc., dans le collège de Saint Jean Baptiste d'Oxford en Angleterre mais dont on ne dit pas le siècle" Catal mss. Angl. 1697) (Note de Nadaud).

[19] Lettre de M. Faillondatée d'Issy 2 mars 1854

[20] Cœlerum quod apud multos unum invenitur non est erratum, sedtraditum. (TERTULLIAN - De Prœscript. C. XXVIII)

[21] (De tempore paedicatae primum in Galliis fidei ° 27 - Apud Acta SS., T. V junii p 552)

[22] Adhémar de Chabannes (988-1034), l'un des moines les mieux connus du XIe siècle, auteur de deux œuvres hagiographiques sur saint Martial