"L'Évangile tel qu'il m'a été
révélé" |
aucun accent |
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Mercredi 19
septembre 29, fin d'après-midi (22 Tisri)
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Les lieux, la foule et le temps 214 -
Demain Jésus ira au Temple 215 -
Discours 1 (Les Mages cherchaient Dieu) 215 -
Discours 2 (Deux autres événements 216 -
La liberté choisit le bien ou le mal 217 -
La conscience joue le rôle de gardien 217 -
La vie de l'âme immortelle 218 -
En quoi consiste la vraie religion 218 -
Du gouffre vers les cimes) 219 |
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214> Jésus revient de Béthanie
par la route d'en bas (cela dit pour indiquer la route la plus longue, qui ne
passe pas par le Mont des Oliviers, et qui entre dans la ville en passant par
le faubourg de Tophet) [1]. Il s'arrête d'abord
pour donner des secours aux lépreux, qui n'ont su Lui demander que du pain,
et puis il va tout droit vers un grand bassin rectangulaire, couvert et fermé
de tous les côtés, sauf un. Un puits, un grand puits couvert, le plus grand que
j'aie jamais vu. Il est plus grand que celui de la Samaritaine et doit donner
plus d'eau car le sol, à l'entour, se ressent de sa nourriture et montre une
grande fertilité qui contraste avec l'aride et sépulcrale vallée de Hinnon qu'on entrevoit en partie au nord-ouest. Seule une
construction en pierres de taille, telles que celles du puits et de sa
couverture, aurait pu résister à l'humidité du sol. Et les pierres, que sans
être expert on peut juger anciennes, résistent, noires et massives, pour protéger
l'eau précieuse. Bien que la journée
soit sombre, et malgré la proximité des tombeaux des lépreux, qui répandent
toujours une grande tristesse dans le voisinage, l'endroit est agréable, tant
pour sa fertilité, que parce qu'il a en arrière, au nord, de vastes jardins
plantés d'arbres de toutes espèces qui dressent leurs cimes feuillues contre
le ciel gris qui s'abaisse sur la ville, et par devant, au sud, la vallée du
Cédron dont le lit s'élargit et charrie des eaux plus abondantes, de même que la vallée se fait plus gaie et plus lumineuse en suivant la
route qui va à Béthanie et à Jéricho, sur un assez long parcours. 215> Beaucoup de gens :
des femmes avec des amphores, des âniers avec des seaux, des caravanes qui
partent ou qui arrivent, se trouvent près du puits et puisent de l'eau. Le
sol est humide sur une grande partie à cause des seaux qui débordent quand on
les verse dans les récipients. Voix de femmes,
paisibles et douces, petites voix perçantes des enfants, voix graves,
rauques, puissantes des hommes, des ânes qui braient et des chameaux qui
grimacent, couchés sous leurs charges, en attendant que le chamelier revienne
avec l'eau. C'est une scène très particulière sous un sombre crépuscule où le
ciel a des taches étranges d'un jaune qui n'est pas naturel, inattendu, qui
répand sur tout une lumière étrange, alors que plus haut des nuages lourds
couleur de plomb s'amoncellent en courant vers l'occident. Les parties les plus
élevées de la ville ont un aspect spectral dans la lumière étrange contre l'horizon
de plomb strié de traits couleur de soufre. "Tout cela c'est
de l'eau et du vent... dit Pierre sentencieusement, et il demande : Où
allons-nous ce soir ?" "Chez l'homme
des jardins. Demain, je monte au Temple et..." "Encore ? Fais
attention à ce que tu fais ! Accepte plutôt l'invitation des affranchis dans
leur synagogue" [2] conseille Simon le
Zélote. "Alors,
synagogue pour synagogue, il y en a d'autres, et qui ont montré qu'elles le
voulaient ! Pourquoi justement eux ?" dit Judas de
Kériot. "Parce que ce
sont les plus sûrs. Et cela va sans dire" réplique le Zélote. "Sûrs !!
Qu'est-ce qui t'en donne l'assurance ?" "Le fait qu'ils
ont su rester fidèles malgré ce qu'ils ont subi." "Ne vous
disputez pas entre vous. Demain, je monte au Temple. Je l'ai dit. Pour le
moment, restons un peu ici. C'est toujours un bon endroit pour
évangéliser." "Pas plus qu'un
autre. Je ne sais pourquoi tu le préfères." "Pourquoi, Judas
? Pour plusieurs raisons que je dirai à ceux qui y sont rassemblés, et pour
une que je vous dis à vous en particulier. C'est à ce puits
de la fontaine de Rogel que séjournèrent,
incertains et déçus, les trois Sages d'Orient, car avait disparu
ici l'Étoile qui les avait amenés de si loin. Tout autre homme
aurait perdu confiance en Dieu et en lui-même. 216> Eux prièrent jusqu'à
l'aube près de leurs chameaux fatigués, seuls éveillés parmi leurs serviteurs
endormis et puis, à l'aube, ils se levèrent pour se diriger vers les portes,
défiant le danger d'être pris pour des fous et des fauteurs de troubles,
défiant même le danger qui menaçait leur vie. C'était le règne du sanguinaire
Hérode, souvenez-vous-en. Et il fallait beaucoup moins que la phrase qu'eux,
les Sages, voulaient lui dire, pour qu'il décrétât leur mort. Mais eux me
cherchaient. Ils ne cherchaient pas la gloire, la richesse, les honneurs. Ils
me cherchaient, Moi seulement. Un petit Enfant: leur Messie, leur Dieu. Les apôtres et Margziam avec Isaac sont tout à
l'écoute, le visage bienheureux qu'ils ont toujours quand Jésus évoque sa
naissance, et Isaac absent, soupire, sourit, au souvenir... visage extatique,
loin du lieu et du temps, revenu en arrière de plus de trente années, à cette
nuit, à cette étoile qu'il vit certainement au milieu de son troupeau... D'autres gens
s'approchent parce que c'est une route de grande circulation et écoutent; et quelqu'un
rappelle la fantastique caravane, et la nouvelle qu'elle apportait... et ce
qui s'ensuivit. "C'est toujours
un lieu de réflexion. L'histoire se répète toujours. C'est toujours un lieu
d'épreuve: pour les bons, pour les mauvais. Mais toute la vie est une
épreuve pour la foi et la justice de l'homme. 217> Je vous rappelle la
fidélité de Cousaï, de Sadoc et Abiathar,
de Jonathas et Achimaas, qui partirent de cet endroit pour sauver leur roi
et qui furent protégés par Dieu parce qu'ils agissaient avec justice [3]. Je vous rappelle un
événement relatif à ce lieu et qui tourna mal car c'était une injustice, et
pour cette raison Dieu ne le bénissait pas. Près de la pierre de Zoélet, proche de la fontaine de Rogel,
Adonias conspira contre la volonté de son père et
se fit proclamer roi par ceux de son parti [4]. Mais cet abus ne
lui servit pas, car avant la fin du banquet, les hosannas qui résonnaient
dans Gihon lui apprirent avant même que parlât Jonathas d'Abiathar, que
Salomon était roi et que lui, qui avait voulu usurper le trône, devait s'en
remettre seulement à la miséricorde de Salomon. Il y en a trop qui
répètent le geste d'Adonias et combattent le vrai
Roi, ou conjurent contre Lui en suivant le parti qui leur semble le plus
fort. Et trop peu de ceux qui agissent ainsi savent s'attacher ensuite à
l'autel pour demander pardon et se fier à la miséricorde de Dieu.
À ce puits on a mis
un gardien pour que personne ne corrompe l'eau. Et en plus du gardien, on lui
a donné des murs et un toit pour que le vent ne pousse pas à l'intérieur des
feuilles ou des ordures qui souilleraient l'eau précieuse. Pour l'homme
aussi, Dieu à établi un gardien : la volonté intelligente et consciente de
l'homme; et des abris: les commandements et les conseils des anges pour que
l'esprit de l'homme ne soit pas corrompu sciemment ou inconsciemment. 218> Mais quand l'homme
corrompt sa conscience, son intelligence, il n'écoute pas les inspirations du
Ciel, il foule aux pieds la Loi, II est comme un gardien qui
laisse le puits sans surveillance, ou comme un fou qui démantèle les
défenses. Il laisse le champ libre aux ennemis sataniques, aux concupiscences
du monde et de la chair, et aux tentations que, même si on ne les favorise
pas, il est toujours prudent de surveiller et de repousser. Fils de Jérusalem,
hébreux, prosélytes, voyageurs que le hasard a réunis ici pour écouter la
voix de Dieu, soyez sages de la vraie sagesse qui est de savoir défendre
son propre moi des actions qui déshonorent l'homme.
L'idolâtrie et le gentilisme ne sont pas
insurmontables. Le sage médite et il dit : "Pourquoi dois-je suivre des
idoles et vivre sans l'espérance d'une vie meilleure, alors qu'en allant au
Dieu vrai, je puis conquérir la joie pour toujours ?" L'homme est avare
de ses jours et la mort lui fait horreur. Vous d'Israël, vous
savez quelles sont les choses qui sont commandées et celles qui sont
défendues. Mais je dis à ceux qui m'écoutent et qui porteront au loin, avec
eux, mes paroles, quelles sont ces choses... (et il dit le Décalogue).
Il est facile de
descendre, difficile de remonter. Mais qui voudrait vivre dans un abîme de
pourriture, par le seul fait qu'il y est tombé, sans chercher à en sortir en
remontant sur les sommets fleuris et pleins de soleil ? En vérité je vous dis
que la vie du pécheur se trouve dans un gouffre, et de même la vie dans
l'erreur. Mais ceux qui accueillent la Parole de vérité et viennent à la
Vérité montent sur les cimes, dans la Lumière. Allez maintenant tous
à vos occupations. Et souvenez-vous que près de la fontaine de En Rogel, la Source de la Sagesse vous a donné à boire ses
eaux pour que vous en ayez encore soif et que vous y reveniez." |
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Jésus se fraie un
passage et se dirige vers la ville, en laissant les gens à leurs
commentaires, à leurs questions et à leurs réponses. |
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[1] Quartier sud de la Ville
Basse de Jérusalem.
[2] C'est de la synagogue
des affranchis que partira le complot qui aboutira au martyre d'Étienne. (Actes 6,9). Jésus s'y rendra cependant quelques temps
plus tard et y sera bien accueilli (7.231)
[3] Houchaï (Cousaï), ami de David, feint d'épouser la cause d'Absalom le fils révolté du roi. Son stratagème permettra à Yehonatân (Jonathas), fils de Sadoq et à Ahimaaç (Achimaas),
fils d'Ébyatar (Abiatar) de
prévenir David des manœuvres fomentées contre lui et d'ainsi d'emporte une
victoire au cours de laquelle Absalom mourra.
Yehonatân et Ahimaaç
étaient cachés à En Roguel (la fontaine du foulon) (2Samuel 17,17)
Ébyatar (Abiatar) échappe à un massacre
des prêtres de Nobé ordonné par Saül en
représailles de l'aide apportée à David. Il rejoint David et partage la
fonction de grand-prêtre avec Sadoq. C'est à eux que
David confie Jérusalem et l'Arche lorsqu'il dût fuir devant son fils Absalom (2Samuel 15, 24 et suivants). Mais si Sadoq resta fidèle, Ébyatar choisit plus tard le parti d'Adoniyyahou
contre le choix de David qui s'était porté sur Salomon. (1Rois 1,7 et suivants).
Il s'exila à Anatot.
[4] Adoniyyahou (Adonias) aîné des fils survivants de
David, prétend au trône. Avec l'aide de Joab et d'Ébyatar,
il donne un banquet pour son sacre à En Rogel. David,
prévenu, fait sacrer en hâte par le prêtre Sadoq,
Salomon, le fils de son choix. (1Rois 1,5-10). Adonias échappera temporairement à la mort, en saisissant
les cornes de l'Autel en signe de protection, mais son goût du complot la
rendra inéluctable.
[5] Isaïe 1,11-17 , mais ce n'est pas un livre sapientiel,
du moins au sens de la classification canonique.