"L'Évangile tel
qu'il m'a été révélé" |
aucun accent |
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Mardi 25
septembre 29 (28 Tisri)
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Poursuivis par une foule menaçante 245 -
Un riche marchand tient à voir Jésus 246 -
Il demande la guérison de ses deux enfants 246 -
Et affirme sa foi en Jésus 247 -
Un rendez-vous au pied du Mont Nébo 248 -
En route vers ce lieu célèbre 248 |
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245> Je ne vois pas la
ville d'Hesbon. Jésus et les siens en sortent déjà, et d'après les
visages des apôtres je comprends que cela a été une déception. Ils sont
suivis, ou plutôt poursuivis, à la distance de quelques mètres par une foule
qui vocifère et menace... "Ces lieux qui entourent la Mer Salée
sont maudits comme la mer elle-même" dit Pierre. "Ce lieu !
Toujours celui du temps mosaïque, et tu es trop bon pour ne pas le punir
comme il le fut alors [1]. Mais il le
mériterait bien, et il faudrait bien en venir à bout par les puissances du
Ciel ou par celles de la Terre, tous jusqu'au dernier homme et la dernière
localité" dit Nathanaël fâché, avec une lueur de dédain dans ses
yeux profonds. La race hébraïque ressort fortement chez l'apôtre maigre et
âgé dans l'accès de dédain, et le fait ressembler beaucoup aux nombreux
rabbis et pharisiens qui s'opposent toujours à Jésus. 246> Jésus se retourne et
lève la main pour dire: "Paix ! Paix ! Ils seront eux aussi attirés à la
Vérité. Mais il faut la paix. Il faut de la compassion. Nous ne sommes jamais
venus ici, ils ne nous connaissent pas. D'autres endroits furent ainsi la
première fois, mais ensuite ils changèrent." "Ces endroits sont comme Masada : des vendus ! Retournons au Jourdain"
dit Pierre avec insistance. Mais Jésus s'en va par la route
milliaire qu'il vient de reprendre en direction du sud. Les plus enflammés
contre Lui ne cessent de le poursuivre, en attirant l'attention des
voyageurs. Quelqu'un - ce doit être un riche
marchand, ou au moins quelqu'un qui est au service d'un marchand -
conduit une longue caravane qui va vers le nord. Il les observe stupéfait, en
arrêtant son chameau, et en même temps que lui s'arrêtent tous les autres. Il regarde Jésus, il regarde les
apôtres, désarmés et d'un aspect si bienveillant; il regarde ces gens qui
arrivent en criant et en menaçant et, curieux, il les interpelle. Je n'entend
pas ses paroles mais les cris qui lui répondent : "C'est le Nazaréen
maudit, le fou, le possédé. Nous ne voulons pas de Lui dans nos murs !" L'homme n'en demande pas plus. Il
retourne son chameau, crie quelque chose à quelqu'un qui le suivait de près,
et aiguillonne l'animal qui en quelques foulées rejoint les apôtres. "Au
nom de votre Dieu, qui d'entre vous est Jésus le Nazaréen ?"
demande-t-il aux apôtres Matthieu, Philippe, Simon le
Zélote et à Isaac qui sont dans le dernier petit groupe. "Pourquoi le demandes-tu ? Toi
aussi, pour l'ennuyer ? N'est-ce pas assez de ses compatriotes ? Tu t'y mets
toi aussi ?" dit Philippe très fâché. "Je vaux mieux qu'eux, et je
demande une grâce. Ne me repoussez pas. Je vous le demande au nom de votre
Dieu." Il y a dans la voix de l'homme quelque
chose qui persuade les quatre, et Simon lui dit : "Le premier de tous,
en avant, avec les deux plus jeunes." L'homme excite de nouveau l'animal car
Jésus, qui était déjà en avant, a encore avancé durant le bref dialogue que
Lui ignore. "Seigneur !... Écoute un
malheureux..." dit-il en le rejoignant. Jésus, Jean et Margziam se retournent
étonnés. "Que veux-tu ?" 247> "Je suis de Pétra, Seigneur. Je passe
pour le compte d'autrui des marchandises venant de la Mer Rouge, jusqu'à Damas. Je ne suis pas
pauvre, mais c'est comme si je l'étais. J'ai deux enfants, Seigneur, et le
mal les a pris aux yeux et ils sont aveugles, l'un tout à fait, le premier
qui a été pris, l'autre presque aveugle et qui le sera bientôt complètement.
Les médecins ne font pas de miracles, mais Toi, oui." "Comment le sais-tu ?" "Je connais un riche marchand qui
te connaît. Il séjourne parfois dans mon milieu, et quelquefois je suis à son
service. Il m'a dit, en voyant les enfants: "Seul Jésus de Nazareth
pourrait les guérir. Cherche-le". Je t'aurais cherché, mais j'ai peu de
temps et je dois suivre les routes les plus indiquées." "Quand as-tu vu Alexandre ?" "Entre vos deux fêtes de
printemps [2]. Depuis lors, j'ai fait
deux autres voyages, mais je ne t'ai jamais rencontré. Seigneur, aie pitié
!" "Homme, Moi, je ne puis descendre
à Pétra, et toi, tu ne peux pas quitter la caravane..." "Si, je le puis. Arisa est un homme de
confiance. Je l'envoie en avant : il ira lentement. Moi, je vole à Pétra.
J'ai un chameau plus rapide que le vent du désert et plus agile qu'une
gazelle. Je prends les enfants et un autre serviteur fidèle. Je te rejoins,
tu les guéris... Oh ! la lumière pour les étoiles noires de leurs yeux,
maintenant couverts d'un nuage épais ! Et je continue alors qu'eux retournent
vers leur mère. Je vois que tu continues, Seigneur. Où te diriges-tu ?" "J'allais à Debon..." "N'y va pas. Elle est pleine
de... de ceux de Machéronte. Des endroits
maudits, Seigneur. Ne te soustrais pas aux malheureux, Seigneur, pour te donner
aux maudits." "C'est ce que je disais"
bougonne Barthélemy dans sa barbe, et
plusieurs lui donnent raison. Maintenant ils sont tous autour de
Jésus et de l'homme de Pétra. Les habitants d'Hesbon, au contraire,
voyant que la caravane paraît bienveillante pour le Persécuté, rebroussent
chemin. La caravane, arrêtée, attend l'issue et la décision. "Homme, si je ne vais pas vers
les villes du midi, je retourne vers le septentrion. Et il n'est pas dit que
je t'écoute."
248> "Ce n'est pas
cela. C'est... Comment peux-tu croire que Moi je fasse ce que les médecins
n'ont pu faire ?" "Parce que tu es le Messie de
Dieu et qu'eux sont des hommes. Tu es le Fils de Dieu. Misace me l'a dit, et moi,
je le crois. Tu peux tout faire, même pour un pauvre homme comme moi."
La réponse est pleine d'assurance et l'homme la complète en se laissant
glisser à terre, sans même faire agenouiller le chameau, et il se prosterne
de tout son long dans la poussière. "Ta foi est plus grande que celle
de beaucoup. Va ! Tu sais où est le Nébo ?" "Oui, Seigneur. Cette montagne,
c'est le Nébo. Nous aussi, nous connaissons Moïse. Il est grand, trop grand
pour que nous ne le connaissions pas, mais Toi, tu es plus grand. Entre Moïse
et Toi, c'est comme entre une roche et une montagne." "Va à Pétra. Moi, je t'attendrai
sur le Nébo..." "Il y a un village au pied pour
ceux qui visitent la montagne [3]. Il y a des
auberges... J'y serai d'ici dix jours au plus. Je forcerai la bête, et si
Celui qui t'envoie me protège, je ne rencontrerai pas de tempête." "Va ! Et reviens le plus tôt
possible. Je dois aller ailleurs..." "Seigneur ! Moi... je ne suis pas
circoncis. Ma bénédiction est pour Toi un opprobre. Mais celle d'un père
n'est jamais un opprobre. Je te bénis, et je pars." Il prend un sifflet d'argent et siffle
trois fois. L'homme qui est en tête de la caravane arrive au galop. Ils se
parlent, se saluent. Puis l'homme retourne à la caravane qui se met en
mouvement. L'autre remonte sur son chameau et s'en va vers le sud, au galop.
Jésus et les siens se remettent en route. "Nous allons vraiment au Nébo
?" "Oui, nous quitterons les villes
pour les pentes des monts Abarim [4]. Il y aura beaucoup
de bergers. Nous connaîtrons par eux la route pour le mont Nébo et eux
sauront, par nous, le Chemin pour aller au mont de Dieu. Et puis nous nous
arrêterons quelques jours comme nous l'avons fait sur les monts d'Arbela et près du Carit." "Oh ! Comme ce sera beau ! Et
nous deviendrons meilleurs. Nous sommes toujours descendus de ces lieux plus
forts et meilleurs" dit Jean. "Et tu nous parleras de tout ce
que le Nébo rappelle [5]. Frère : te
souviens-tu, quand nous étions enfants, d'un jour
où tu faisais Moïse qui bénissait Israël avant de mourir ?"
dit Jude
d'Alphée. 249> "Oui. Et ta Mère
poussa un cri, en te voyant étendu comme mort. Maintenant, nous allons
vraiment au Nébo" dit Jacques d'Alphée. "Et tu béniras Israël. Tu es le
vrai Chef du Peuple de Dieu !" s'écrie Nathanaël. "Mais tu n'y meurs pas. Tu ne
meurs jamais, n'est-ce pas, Maître ?" demande avec un rire étrange Judas de
Kériot. "Je mourrai et je ressusciterai
comme il est dit. Beaucoup d'hommes mourront sans être morts en ce jour-là.
Et alors que les justes ressusciteront, même morts depuis des années, des
hommes vivant dans leur chair mais à l'esprit définitivement mort en ce
jour-là, ne ressusciteront pas. Attention à ne pas être de ceux-ci." "Et Toi, prends garde que l'on ne
t'entende pas répéter que tu ressusciteras. Ils disent que c'est un
blasphème" réplique Judas de Kériot. "C'est vrai, et je le dis." "Quelle foi, cet homme ! Et ce Misace !" dit le Zélote pour tenter une
diversion. |
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"Mais qui est Misace ?" demandent ceux qui l'année précédente n'étaient pas dans le voyage d'au-delà du Jourdain. Et ils s'éloignent en parlant de ces choses, alors que Jésus reprend, avec Margziam et Jean, la conversation interrompue précédemment. |
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[1] Au terme de leur exode
sous la conduite de Moïse, les israélites demandent au roi Sihôn
de traverser son territoire. Son refus entraîne une bataille sanglante au terme
de laquelle "Israël habita dans toutes les villes des Amorrhéens,
à Hechbôn et dans toutes ses Filles". (Nombres 21,21-35)
[2] Pâques (mars-avril) et
Pentecôte (mai-juin)
[3] Medeba
ou Madeba. Le Mont Nebo est
situé sur le plateau de Madeba
[4] Chaîne de montagne
dominant la Mer Morte à l'est et dont le Mont Nébo est au nord le dernier et le
plus haut sommet.
[5] Le Mont Nébo est le lieu
de la mort de Moïse qui verra ainsi la Terre Promise de loin, mais sans y
entrer. Il avait en effet douté de la promesse de Dieu.(Deutéronome 32,49-50)