Le mardi 4 décembre
1945
383> 350.1 – Ils sont maintenant de nouveau dans la
maison de Nazareth et même, pour être plus précis, ils sont dispersés sur le
monticule des oliviers en attendant de se séparer pour le repos. Ils ont
allumé un petit feu pour éclairer la nuit car c'est déjà le soir, et la lune
se lève tard. Mais la soirée est tiède, "presque trop" disent les
pêcheurs qui prévoient des pluies prochaines, et il est beau d'être là, tous
unis, les femmes dans le jardin fleuri autour de Marie, les hommes là- haut et, sur le faîte du talus de
manière à être avec ceux-ci et celles- là, Jésus qui répond à l'un ou l'autre
pendant que les femmes écoutent attentivement. On doit avoir parlé du
lunatique guéri au pied de la montagne et les commentaires durent encore.
"Il a vraiment fallu que ce soit Toi !" s'exclame le cousin Simon.
"Oh ! mais même en voyant que leurs exorcistes ne pouvaient rien,
tout en reconnaissant qu'ils avaient employé les formules les plus fortes, le
miracle ne les a pas persuadés, ces crécerelles !" dit en hochant la tête le passeur Salomon.
"Et même en disant aux scribes leurs propres conclusions, on ne les
persuaderait pas."
"Oui ! Mais il me semblait qu'ils parlaient bien, n'est-ce
pas ?" demande quelqu'un que je ne connais pas.
"Très bien. Ils ont exclu tout sortilège du démon dans
le pouvoir de Jésus, en disant qu'ils s'étaient sentis envahis par une paix
profonde quand le Maître a fait le miracle, alors que, disaient-ils, que
quand il sort sous l'influence d'un pouvoir mauvais ils en éprouvent une
sorte de souffrance" répond Hermas.
350.2 – "Cependant, hein ? Il
était fort l'esprit ! Il ne voulait pas s'en aller ! Mais pourquoi ne
le tenait-il pas toujours ? C'était un esprit qui avait été chassé, qui
était perdu, ou bien l'enfant est assez saint pour le chasser par
lui-même ?" demande un autre disciple dont je ne connais pas le
nom.
Jésus répond spontanément :
"J'ai plusieurs fois expliqué
que toute maladie, étant un
tourment et un désordre, peut cacher Satan et que Satan peut se cacher dans
une maladie, s'en servir, la créer pour tourmenter et faire blasphémer Dieu.
Haut de page.
384> L'enfant était un malade, pas un possédé. Une âme pure.
C'est pour cela que je l'ai délivrée, avec tant de joie, du démon très rusé
qui voulait la dominer au point de la rendre impure."
350.3 – "Et pourquoi, alors, si c'était
une simple maladie, n'avons-nous pas réussi ?" demande Judas de Kérioth.
"Oui ! On comprend que les exorcistes ne pouvaient rien si ce n'était
pas un possédé ! Mais nous..." observe Thomas.
Et Judas de Kériot, qui ne digère pas l'échec d'avoir essayé plusieurs fois
sur l'enfant en obtenant seulement de le faire tomber dans l'agitation sinon
dans des convulsions, dit : "Mais avec nous il devenait pire. Tu te
souviens, Philippe ? Toi qui m'aidais, tu as entendu et vu les
moqueries qu'il m'envoyait. Il a été jusqu'à me dire : "Va-t'en ! Entre toi et moi, le plus démon,
c'est toi". Ce qui a fait rire les scribes derrière moi."
"Et cela t'a déplu ?" demande Jésus comme avec négligence.
"Certainement ! Ce n'est pas beau d'être bafoué et ce n'est pas
utile quand on est de tes disciples. On y perd son autorité."
"Quand on a Dieu avec soi, on ne manque pas d'influence, même si tout le
monde vous raille, Judas de Simon."
"C'est bien. Mais pourtant Toi augmente la puissance, au moins en nous
les apôtres, pour que certains échecs ne se produisent plus."
"Il n'est pas juste et il ne serait pas
utile que j’augmente votre pouvoir. Vous devez agir par vous-mêmes, pour
réussir. C'est à cause de votre insuffisance que vous ne réussissez pas, et
aussi parce que vous avez diminué ce que je vous avais donné par des
dispositions qui ne sont pas saintes. Vous avez voulu les ajouter en espérant
des triomphes plus spectaculaires."
"C'est pour moi que tu le dis, Seigneur ?" demande
l'Iscariote.
"Tu dois savoir si tu le mérites. Moi, je parle pour
tous."
Barthélemy demande :
"Mais alors que faut-il avoir pour vaincre ces démons ?"
"La prière et le jeûne.
Il ne faut pas autre chose. Priez et jeûnez. Et non seulement pour la chair.
Car il convient que votre orgueil ait jeûné de satisfactions. L'orgueil,
quand on le satisfait, rend l'esprit et l'âme apathiques, et devient tiède,
inerte l'oraison, de même que le corps repu est somnolent et lourd.
350.4 – Et
maintenant allons, nous aussi, prendre un juste repos. Demain, à l'aube, que
tous, sauf Manahen et les disciples
bergers, soient sur la route de Cana. Allez. La paix soit avec vous."
Haut de page.
385> Mais ensuite il retient Isaac et Manaën et leur donne
des instructions particulières pour le lendemain, jour de départ pour les
femmes disciples et Marie, qui avec Simon
d'Alphée et Alphée de Sara commencent le
pèlerinage pascal : "Vous passerez par Esdrelon pour que Marziam voie le vieillard. Vous donnerez aux paysans la bourse que je vous ai
fait donner par Judas de Kérioth. Et pendant le voyage, vous secourrez les
pauvres que vous rencontrerez avec l'autre bourse que je vous ai donnée tout
à l'heure. Arrivés à Jérusalem, allez à Béthanie, et dites de m'attendre pour
la nouvelle lune de Nisan. Je pourrai tarder très peu à partir de cette date.
Je vous confie la personne qui m'est la plus chère et les femmes disciples.
Mais je suis tranquille, elles seront en sécurité. Allez. Nous nous reverrons
à Béthanie et nous resterons longtemps ensemble."
|