Le mercredi 19 septembre 1945
412> 280.1 – Au
cours du long crépuscule d'une sereine journée d'octobre, les soixante-douze disciples
reviennent avec Élie, Joseph et Lévi. Fatigués, couverts de poussière, mais
si heureux ! Les trois bergers heureux d'être désormais libres de servir
le Maître. Heureux aussi d'être, après tant d'années de séparation, réunis à
leurs compagnons d'autrefois. Heureux les soixante-douze d'avoir bien exercé
leur première mission. Les visages brillent davantage que les petites lampes
qui éclairent les cabanes construites pour ce nombreux groupe de pèlerins.
Au milieu se trouve celle de Jésus et dessous Marie avec Marziam qui l'aide à
préparer le souper. Autour, les cabanes des apôtres. Marie d'Alphée est dans
celle de Jacques et Jude, dans celle de Jean. et de Jacques, Marie Salomé,
avec son mari; dans celle d'à côté, il y a Suzanne avec son mari qui n'est
pas apôtre, ni... officiellement disciple mais qui doit avoir fait valoir son
droit d'y rester, étant donné qu'il a permis à sa femme d'appartenir toute
entière à Jésus. Puis, autour, les cabanes des disciples, de ceux qui ont une
famille et de ceux qui n'en ont pas. Et ceux qui sont seuls, et ce sont les
plus nombreux, se réunissent avec un ou plusieurs compagnons. Jean d'Endor
est avec le solitaire Hermastée, mais il a cherché d'être le plus près
possible de la cabane de Jésus, de sorte que Marziam va souvent le trouver,
lui apportant une chose ou une autre, ou le réjouissant par ses réflexions
d'enfant intelligent qui est heureux d'être avec Jésus, Marie et Pierre, et à
une fête.
280.2 – Après le souper, Jésus se
dirige vers les pentes de l'oliveraie et les disciples le suivent en masse.
Isolés du bruit et de la foule, après avoir prié en
commun, ils font à Jésus une relation plus développée que celle qu'ils
avaient pu faire auparavant, au milieu des allants et venants.
Ils sont étonnés et joyeux lorsqu'ils disent :
"Sais-tu, Maître, que non seulement les
malades, mais les démons aussi nous ont été soumis par la force de ton Nom ?
Quelle affaire, Maître ! Nous, nous, pauvres hommes, seulement parce que
tu nous a envoyés, nous pouvions délivrer l'homme de la puissance redoutable
d'un démon ! ..."
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413> Et ils racontent les nombreux faits
arrivés ici et là. C'est d'un seul qu'ils disent :
"Les parents, ou plutôt la mère et les voisins, nous l'ont amené de
force, mais le démon s'est moqué de nous en disant : "Je suis
revenu ici, par sa volonté, après que Jésus de Nazareth m'avait chassé et je
ne le lâche plus parce qu'il m'aime plus que votre Maître et qu'il m'a
recherché" et d'un seul coup, avec une force indomptable, il arracha
l'homme à celui qui le tenait et le jeta en bas d'un escarpement. Nous sommes
accourus pour voir s'il s'était cassé quelque chose. Mais non ! Il
courait comme une jeune gazelle en disant des blasphèmes et des moqueries qui
ne sont vraiment pas de cette terre... La mère nous fit pitié. Mais
lui ! Mais lui ! Oh ! le démon peut-il agir ainsi ?"
"Il peut faire cela, et même davantage" dit Jésus attristé.
"Peut-être, si tu avais été là ..."
"Non. Je le lui avais dit : "Va et n'aie pas la volonté de
retomber dans ton péché". Il l'a voulu. Il savait qu'il voulait le Mal
et il l'a voulu. Il est perdu. Différent est celui qui devient possédé par
suite de son ignorance primitive et celui qui se livre à la possession,
sachant qu'en agissant ainsi il se vend de nouveau au démon. Mais ne parlez
pas de lui. C'est un membre retranché, sans espoir. C'est un volontaire du Mal.
Louons plutôt le Seigneur pour les victoires qu'Il vous a données. Je connais
le nom du coupable et je connais les noms de ceux qui sont sauvés. Je voyais Satan tomber du Ciel, comme la
foudre, grâce à vous et à mon Nom. Parce que j'ai vu aussi vos sacrifices,
vos prières, l'amour avec lequel vous alliez vers les malheureux pour faire
ce que je vous avais dit de faire. Vous avez agi avec amour, et Dieu vous a
bénis. D'autres feront ce que vous faites, mais le feront sans amour. Et ils
n'obtiendront pas de conversions... Cependant, ne vous réjouissez pas d'avoir
assujettis les esprits, mais réjouissez-vous de ce que vos noms soit écrits
au Ciel. Ne les enlevez jamais de là ..."
280.3 – "Maître" dit un
disciple dont je ne connais pas le nom "quand viendront ceux qui
n'obtiendront pas de conversions ? Peut-être quand tu ne seras plus avec
nous ?"
"Non, Agapo,
en tout temps."
"Comment ? Même pendant que tu nous instruis et nous
aimes ?"
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414> "Même alors. Et, pour ce qui est
d'aimer, je vous aimerai toujours, même si vous êtes loin de Moi. Mon amour
viendra toujours à vous et vous le sentirez".
"Oh ! C'est vrai, Je l'ai éprouvé un soir que j'étais affligé parce
que je ne savais que dire à quelqu'un qui m'interrogeait. J'allais m'enfuir
honteusement, mais je me suis souvenu de tes paroles : "N'ayez pas
peur, Elles vous seront données au bon moment les paroles qu'il faut
dire" et je t'ai invoqué avec mon esprit. J'ai dit :
"Certainement Jésus m'aime. J'appelle son amour à mon secours" et
l'amour m'est venu, comme un feu, une lumière... une force... L'homme qui
était en face de moi m'observait et ricanait, ironique, en faisant des clins
d’œil à ses amis. Il était sûr de triompher dans la discussion. J'ai ouvert la
bouche, et c'était comme un flot de paroles qui sortait joyeusement de ma
bouche imbécile. Maître, es-tu réellement venu ou était-ce une
illusion ? Moi, je ne sais pas. Je sais qu'à la fin l'homme et c'était
un jeune scribe, m'a jeté les bras au cou, en me disant : "Tu es
bienheureux et bienheureux celui qui t'a conduit à cette sagesse" et il
me semblait désireux de te chercher. Viendra-t-il ?"
"La pensée de l'homme est instable comme un mot écrit sur l'eau, et sa
volonté est agitée comme l'aile de l'hirondelle qui volette pour le dernier
repas de la journée. Mais toi, prie pour lui... Et, oui. C'est Moi qui suis
venu à toi. Et avec toi m'ont eu Mathias et Timon, et Jean d'Endor et Simon
et Samuel et Jonas. Les uns m'ont remarqué, les autres pas. Mais j'ai été
avec vous. Et je serai avec celui qui me sert dans l'amour et la vérité,
jusqu'à la fin des siècles."
280.4 – "Maître, tu ne nous as
pas encore dit si parmi ceux qui sont présents il y aura des personnes sans
amour ..."
"Il n'est pas nécessaire de le savoir. Ce serait un manque d'amour de ma
part de manifester du dédain envers un compagnon qui ne sait pas aimer."
"Mais, y en a-t-il ? Cela, tu peux le dire ..."
"Il y en a. L'amour est la chose la plus simple, la plus douce et la
plus rare qui soit. Et ce n'est pas toujours, même si elle est semée, qu'elle
pousse.
"Mais, si nous ne t'aimons pas, nous, qui peut t'aimer ?" Il y
a, pour ainsi dire, de l’indignation parmi les apôtres et les disciples
qu'agitent le soupçon et la douleur.
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415> Jésus abaisse les paupières sur ses
yeux. Il cache même son regard pour ne pas donner une indication. Mais il
fait l'acte plein de résignation, de douceur et de tristesse des mains qui
s'ouvrent avec les paumes en dehors, son acte d'aveu résigné, de constatation
résignée, et il dit :
"Il devrait en être ainsi. Mais il n'en est pas ainsi. Beaucoup encore
ne se connaissent pas, mais Moi, je les connais et j'en ai pitié."
"Oh ! Maître, Maître ! Mais ce ne sera pas moi,
hein ?" demande Pierre en allant tout près de Jésus, écrasant le
pauvre Marziam entre lui et le Maître, et jetant ses bras courts et musclés
sur les épaules de Jésus, qu'il saisit et secoue, fou de terreur d'être
quelqu'un qui n'aime pas Jésus.
Jésus rouvre les yeux, lumineux et pourtant tristes, et regarde le visage
interrogateur et effrayé de Pierre et il lui dit :
"Non, Simon de Jonas. Ce n'est pas toi. Tu sais aimer et tu sauras
toujours plus aimer. Tu es ma Pierre, Simon de Jonas, une bonne pierre. C'est
sur elle que j'appuierai les choses qui me sont les plus chères, et je suis
certain que tu les soutiendras sans connaître le trouble."
"Moi, alors ?"
"Moi ?"
"Moi ?" Les questions se répètent comme un écho de bouche en
bouche.
"Paix ! Paix ! Restez tranquilles, et efforcez-vous de
posséder tous l'amour."
280.5 – "Mais qui de nous sait
aimer le plus ?"
Jésus tourne son regard successivement vers tous : une caresse
souriante... puis il abaisse son regard sur Marziam, toujours serré entre Lui
et Pierre, et écartant un peu Pierre, et tournant le visage de l'enfant vers
la petite foule, il dit :
"Voilà celui qui sait aimer le plus parmi vous, L'enfant. Mais ne
tremblez pas vous qui avez déjà de la barbe sur les joues et même des fils
d'argent dans les cheveux. Quiconque renaît en Moi devient "un
enfant". Oh ! allez en paix ! Dites les louanges de Dieu qui
vous a appelés car vous voyez réellement de vos yeux les prodiges du
Seigneur. Bienheureux ceux qui verront également ce
que vous voyez. Car je vous assure que beaucoup de prophètes et de rois ont
désiré ardemment voir ce que vous voyez et ne l'ont pas vu, et que beaucoup
de patriarches auraient voulu savoir ce que vous savez et ne l'ont pas su, et
que beaucoup de justes auraient voulu entendre ce que vous entendez et n'ont
pas pu l'entendre. Mais désormais ceux qui m'aimeront connaîtront toutes
choses."
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416> "Et ensuite ? Quand tu
t'en seras allé, comme tu dis ?"
"Ensuite vous parlerez pour Moi. Et puis... Oh ! les grandes
foules, pas pour le nombre, mais pour la grâce de ceux qui verront, sauront
et entendront, ce que maintenant vous voyez, savez, entendez ! Oh !
les grandes, les foules aimées de mes "petits-grands" ! Yeux
éternels, esprits éternels, oreilles éternelles ! Comment puis-je vous expliquer, à vous qui
m'entourez, ce que sera de vivre de manière éternelle, plus qu'éternelle,
sans mesure, de ceux qui m'aimeront et que j'aimerai jusqu'à abolir le temps,
et ils seront "les citoyens d'Israël" même s'ils vivent quand
Israël ne sera plus qu'un souvenir de nation et ils seront les contemporains
de Jésus vivant en Israël. Et ils seront avec Moi, en Moi, jusqu'à connaître
ce que le temps a effacé et ce que l'orgueil a confondu. Quel nom leur donnerai-je ? Vous
apôtres, vous disciples, les croyants seront appelés "chrétiens".
Et ceux-ci ? Quel nom auront-ils ? Un nom qui ne sera connu qu'au
Ciel. Quelle récompense auront-ils dès cette terre ? Mon baiser, ma
parole, la tiédeur de ma chair. Tout, tout, tout Moi-même. Moi, eux. Eux,
Moi. La communion totale...
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