"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 4.290 - L'uomo dagli occhi ulcerati. La sosta alla "fonte del Cammelliere". Ancora sul ricordo delle anime.

 3.289 - From Gerasa to the Fountain of the Cameleer.    

 3.290 - El hombre de los ojos ulcerosos. El alto en la "fuente del Camellero". Más sobre el recuerdo de las almas.

 5.333. Der Aufbruch von Gerasa.


Dim. 22 octobre 28
(16 Marheswän ou  Boul 3789)
Gérasa.


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 Le repentir et la guérison.    

 La conversion.   

 Angoisse de la conversion.

 L’âme et sa naissance.  

 Ne pas croire à la réincarnation.        

 La religion des vertus.


Accueil >> Plan du site >> Sommaire du Tome.

Ancienne édition : Tome 4, chapitre 154
Nouvelle édition : Tome 4, chapitre 290.

290
L’homme aux yeux atteints d’ulcères. Halte à la "source du chamelier". Précisions sur le souvenir des âmes.

Le samedi 29 septembre 1945.

486>  290.1 - La caravane sort de la cour d'Alexandre, rangée comme pour une parade militaire. En queue, Jésus avec tous les siens. Les chameaux, avec leur lourde charge, s'avancent en se dodelinant d'un pas rythmé, et leurs têtes semblent demander à chaque pas : "Pourquoi ? Pourquoi ?" en un mouvement muet mais typique comme celui des colombes qui à chaque instant semblent dire : "Oui, oui" à tout ce qu'elles voient. La caravane doit traverser la ville. Elle défile dans la claire atmosphère du matin. Tous les hommes sont emmitouflés parce qu'il fait froid. Les sonnailles des chameaux, les crrr, crrr des chameliers, la plainte d'un chameau qui regrette l'étable tranquille, préviennent les géraséniens du départ de Jésus.      

La nouvelle se répand, rapide comme l'éclair, et des géraséniens viennent le saluer et Lui apporter des cadeaux de fruits et autres nourritures. Voici qu'un homme accourt avec un petit malade :

"Bénis-le pour qu'il guérisse. Aie pitié !"        

Jésus lève la main et bénit en ajoutant :        

"Va tranquille. Aie foi."  

Et l'homme répond un oui si plein de confiance qu'une femme demande :        

"Mon homme malade d'ulcères aux yeux, le guérirais-tu ?"

"Si vous êtes capables de croire, oui." 

"Alors, je vais le chercher. Attends-moi, Seigneur"  

Et elle vole, rapide comme une hirondelle. Mais attendre, c'est vite dit ! Les chameaux avancent. Alexandre, en tête de la colonne, ne sait ce qui se passe en queue. Il n'y a qu'à prévenir l'homme.      

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487> "Cours, Marziam. Va dire au marchand qu'il s'arrête avant de sortir des murs" dit Jésus.  

Et Marziam file pour accomplir sa mission.  

La caravane s'arrête pendant que le marchand vient vers Jésus.  

"Qu'est-ce qui arrive ?"  

"Reste et tu verras."        

 290.2 - La femme de Gerasa est vite de retour avec son mari qui a les yeux malades. C'est autre chose que des ulcères ! Ce sont deux trous pleins de pourriture qui s'ouvrent au milieu du visage. L’œil est là au milieu, embué, rougi, à moitié aveugle, et il en sort un liquide répugnant. A peine l'homme enlève-t-il le bandeau sombre qui lui cache la lumière, que sa plainte augmente parce que la lumière avive la douleur de l’œil malade.        

L'homme gémit : 

"Pitié ! Je souffre tant !"

"Tu as aussi beaucoup péché. De cela, tu ne te lamentes pas ? Tu ne t'affliges que de pouvoir perdre cette pauvre vue du monde ? Ne sais-tu rien de Dieu ? N'as-tu pas peur des ténèbres éternelles ? Pourquoi as-tu péché ?"         

L'homme pleure et se baisse sans parler. Sa femme aussi pleure et gémit :        

"Moi, j'ai pardonné…"    

"Et Moi, je lui pardonnerai s'il me jure ici qu'il ne retombera plus dans son péché."      

"Oui, oui ! Pardonne-moi. Je sais maintenant ce qu'amène le péché avec lui. Pardonne-moi. Comme la femme, pardonne-moi. Tu es le Bon." 

"Moi, je te pardonne. Va à ce ruisseau et lave-toile visage dans l'eau et tu guériras."  

"L'eau froide lui est nuisible, Seigneur" gémit la femme.    

Mais l'homme ne pense qu'à y aller et s'y rend à tâtons jusqu'à ce que l'apôtre Jean, pris de pitié, le prenne par la main et le conduise seul, mais ensuite la femme le prend par l'autre main. L'homme descend jusqu'au bord de l'eau glacée qui barbote sur les cailloux, il se penche, prend de l'eau dans le creux de ses mains, se lave et se relave le visage. Il ne donne pas de signe de souffrance et paraît au contraire éprouver du soulagement.      

Puis, le visage encore mouillé, il remonte la berge, revient vers Jésus qui lui demande : 

"Eh ! bien ? Tu es guéri ?"         

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488> "Non Seigneur, pas pour l'instant. Mais tu l'as dit et je guérirai."

"Alors garde ton espérance. Adieu."    

La femme s'affaisse en pleurant... Elle est déçue. Jésus fait signe au marchand qu'il peut repartir, et le marchand, déçu lui aussi, fait passer l'ordre. Les chameaux se remettent en marche avec leur mouvement de barque qui tangue, et ils sortent des murs, Ils prennent la route des caravanes qui s'en va, large et poussiéreuse, vers le sud-ouest.

Les deux derniers du groupe apostolique, c'est-à-dire Jean d'En-Dor et Simon le Zélote, ont dépassé les murs d'une vingtaine de mètres quand un cri retentit dans l'air silencieux. Il paraît remplir le monde, il se répète toujours plus haut, plus joyeux, plus triomphal :    

"Je vois ! Jésus ! Jésus béni ! Je vois ! Je vois ! J'ai cru ! Je vois ! Jésus, Jésus ! Jésus béni !"         

Et l'homme, dont le visage est redevenu complètement sain, les yeux redevenus beaux, deux escarboucles lumineuses et vivantes, fend les rangs des apôtres et tombe aux pieds de Jésus presque sous les pieds du chameau du marchand qu'il a juste le temps d'écarter de l'homme prosterné. 

L'homme baise le vêtement de Jésus en répétant :  

"J'ai cru ! J'ai cru et je vois. Jésus béni !"       

"Lève-toi et sois heureux, et surtout bon. Dis à ta femme qu'elle sache croire complètement. Adieu."  

Et Jésus se dégage de l'étreinte du miraculé et reprend sa marche.         

 290.3 - Le marchand caresse sa barbe, pensif... Finalement il demande :

"Et s'il n'avait pas su continuer de croire après la déception du lavage ?"

"Il serait resté tel qu'il était avant."     

"Pourquoi exiges-tu tant de foi pour faire un miracle ?"  

"Parce que la foi témoigne de la présence de l'espérance et de l'amour pour Dieu."        

"Et pourquoi as-tu voulu d'abord le repentir ?"        

"Parce que le repentir rend ami de Dieu."     

"Moi, qui n'ai pas de maladies, que devrais-je faire pour témoigner que j'ai la foi ?"          

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489>
 "Venir à la Vérité."       

"Et pourrais-je venir sans l'amitié de Dieu ?"

"Tu ne pourrais y venir sans la bonté de Dieu. Le Seigneur permet que celui qui, encore sans repentir, le cherche, arrive à le trouver. Car le repentir vient généralement lorsque l'homme, consciemment ou avec un peu de conscience de ce que veut son âme, connaît Dieu. Auparavant il est comme hébété, guidé par son seul instinct. Tu n'as jamais éprouvé le besoin de croire ?"         

"Bien des fois. Je n'étais pas satisfait, voilà, de ce que j'avais. Je sentais qu'il y avait autre chose de plus fort que l'argent, que mes enfants, mes espérances... Mais je ne me donnais pas ensuite la peine de chercher à savoir ce qu’inconsciemment je cherchais."       

"Ton âme cherchait Dieu. La bonté de Dieu a permis que tu trouves Dieu. Le repentir pour ton stérile passé loin de Dieu te donnera l'amitié de Dieu."        

"Alors, pour... pour avoir le miracle de voir par l'âme la Vérité, je devrais me repentir du passé ?"        

"Certainement. Te repentir et te décider à un complet changement de vie..."        

L'homme se remet à caresser sa barbe et il semble être en train d'étudier et de compter les poils du cou du chameau tant il reste le regard fixe. Sans le vouloir, il heurte la bête avec le talon et celle-ci y voit une invitation à accélérer le pas et elle le fait en amenant le marchand en tête de la caravane.       

 290.4 - Jésus ne le retient pas. Au contraire, il s'arrête en se laissant dépasser par les femmes et les apôtres jusqu'à ce que le rejoignent Simon le Zélote et Jean d'En-Dor. Jésus se joint à eux.    

"De quoi parlez-vous ?" demande-t-il.

 "Nous parlions du découragement que doit éprouver celui qui ne croit à rien ou qui a perdu la foi qu'il avait. Hier Syntica était réellement angoissée, bien qu'elle soit passée à une foi parfaite" répond le Zélote.       

"Moi, je disais à Simon que s'il est pénible de passer du Bien au Mal il est déconcertant aussi de passer du Mal au Bien. Dans le premier cas, on est torturé par la conscience qui vous réprimande. Dans le second, on est...
déchiré... Comme doit l'être quelqu'un qui se trouve amené dans un pays étranger absolument inconnu... Ou bien c'est l'effroi d'un homme misérable et inculte qui se trouve amené au milieu d'une cour de roi, parmi des savants et des riches.

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490> C'est une souffrance... Moi, je la connais... Une si grande souffrance... On ne peut croire que ce soit vrai, que cela puisse durer... qu'on puisse le mériter... surtout quand on a l'âme souillée... comme l'était la mienne..."        

"Et maintenant, Jean ?" demande Jésus.      

Le visage exténué de Jean d'En-Dor, exténué et triste, s'illumine d'un sourire qui le fait paraître moins émacié. Il dit :         

"Maintenant cela n'est plus. Il reste la reconnaissance, et même elle croît, pour le Seigneur qui a voulu cela. Il reste le souvenir du passé pour me garder humble. Mais il y a la sécurité. Je me sens acclimaté, non plus étranger dans ce monde de douceur qu'est le tien, de pardon et d'amour. Et je suis pacifié, serein, heureux." 

"Juges-tu bonne ton expérience ?"      

"Oui. S'il n'y avait pas ma souffrance d'avoir péché, parce que par ce péché j'ai affligé Dieu, je dirais qu'il a été un bien, ce passé, qui est le mien. Il peut me servir beaucoup à soutenir les âmes de bonne volonté mais égarées dans les premiers moments de leur nouvelle croyance."        

"Simon, va dire au garçon de ne pas tant sauter. Ce soir il sera épuisé."  

Simon regarde Jésus, mais comprend la vérité du commandement. Il a un sourire d'intelligence et il laisse les deux seuls.        

 290.5 - "Maintenant que nous sommes seuls, Jean, écoute mon désir. Toi, pour beaucoup de raisons, tu as la largeur de jugement et de pensée qu'aucun autre ne possède parmi ceux qui me suivent. Et tu as une culture plus vaste que le commun des israélites : Aussi je te prie de m'aider..."         

"Moi, t'aider ? En quoi ?"          

"Pour Syntica. Tu es un si brave pédagogue ! Marziam apprend vite et bien avec toi. Si bien que je compte vous laisser ensemble pour quelques mois, parce que je veux pour Marziam une connaissance plus vaste que celle du petit monde d'Israël. Pour toi c'est une joie de t'occuper de lui. Pour Moi aussi c'est une joie de vous voir unis, toi pour l'instruire, lui pour apprendre ; toi pour rajeunir, lui pour mûrir en s'occupant. Mais tu devrais t'occuper aussi de Syntica. Comme une sœur égarée. Tu l'as dit : c'est un égarement... Aide-la à s'acclimater dans mon atmosphère. Me fais-tu cette faveur ?"      

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491> "Mais c'est une grâce pour moi de le faire, mon Seigneur ! Je ne l'approchais pas parce que cela me paraissait superflu. Mais si tu veux. Elle lit mes rouleaux ; il y en a de sacrés et d'autres qui sont uniquement pour la culture : de Rome et d'Athènes. Je vois qu'elle réfléchit et les compulse, mais je ne m'étais jamais entremis pour l'aider. Si tu le veux..." 

"Oui, je le veux, je veux vous voir amis. Elle aussi, comme Marziam et comme toi, vous resterez quelque temps à Nazareth. Ce sera beau. Ma Mère et toi, maîtres de deux âmes qui s'ouvrent à Dieu. Ma Mère : l'angélique Maîtresse de la science de Dieu ; toi : le maître expert du savoir humain que pourtant maintenant tu peux expliquer avec des applications surnaturelles. Ce sera beau et bon."     

"Oui, mon béni Seigneur ! Trop beau pour le pauvre Jean !..." et l'homme sourit à la pensée de ces jours prochains de paix auprès de Marie, dans la maison de Jésus...           

 290.6 - Et la route se déroule dans une tiédeur du soleil de plus en plus sensible, dans une campagne charmante désormais toute plane, après avoir côtoyé ces petites hauteurs qui se trouvent après Gérasa. Une route en bon état aussi sur laquelle la marche est facile, Et on reprend la marche après la pause du midi.    

C'est presque le soir quand j'entends pour la première fois Syntica rire de bon cœur lorsque Marziam lui a raconté, je ne sais quoi, qui fait rire toutes les femmes. Je vois la grecque se pencher pour caresser l'enfant et effleurer son front par un baiser, après quoi l'enfant se remet à sauter comme s'il ne sentait pas la fatigue.       

Mais tous les autres sont fatigués, et c'est avec joie qu'ils apprennent la décision de passer la nuit à la "Fontaine des Chameliers". Le marchand dit :        

"J'y passe toujours la nuit. Trop longue est l'étape de Gérasa à Bozra pour les hommes et pour les bêtes."       

"Il est humain ce marchand" observent entre eux les apôtres, en le comparant à Doras...   

La "Fontaine des Chameliers" n'est qu'une poignée de maisons autour de puits nombreux. Une sorte d'oasis, non pas dans le désert aride, parce qu'ici il n'y a pas d'aridité, mais c'est une oasis dans l'immensité inhabitée des champs et des vergers qui se succèdent sur des milles et des milles et qui, dans l'arrivée de la soirée d'octobre, exhalent la même tristesse que la mer au crépuscule. Aussi, de voir les maisons, d'entendre le bruit des voix, les pleurs des bébés, de sentir l'odeur des cheminées qui fument et de voir les premières lampes allumées, c'est doux comme d'arriver à son propre foyer.   

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492> Alors que les chameliers s'arrêtent pour abreuver une première fois les chameaux, les apôtres et les femmes suivent Jésus qui, avec le marchand, entre dans... la très préhistorique hôtellerie qui les abritera pour la nuit...       

 290.7 -...Dans la pièce enfumée où ils ont pris le repas, où dormiront les hommes et, pendant que déjà les serviteurs préparent les couchettes de foin amoncelé sur des treillis, tout le monde se réunit près d'un large foyer qui occupe tout le fond étroit de la pièce. On a allumé le feu, car le soir a amené l'humidité et le froid.      

"Pourvu que le temps ne se mette pas à l'eau" soupire Pierre.       

Le marchand le rassure :

"Il faut encore attendre la fin de cette lune pour que le mauvais temps arrive. C'est le temps qu'il fait ici le soir, mais demain nous aurons le soleil."    

"C'est pour les femmes, tu sais ? Ce n'est pas pour moi. Je suis pêcheur et je vis dans l'eau. Et je t'assure que je préfère l'eau à la montagne et à la poussière."        

Jésus parle avec les femmes et avec ses deux cousins. Jean d'En-Dor et le Zélote l'écoutent aussi. De leur côté Timon et Hermastée et Matthieu lisent un des rouleaux de Jean et les deux israélites expliquent à Hermastée les passages bibliques les plus obscurs pour lui.     

Marziam les écoute, enchanté, mais avec un visage somnolent. Marie d'Alphée le voit et dit :        

"Cet enfant est fatigué. Viens, mon chéri, nous allons dormir nous. Viens, Élise. Viens, Salomé. Les vieillards et les enfants sont mieux au lit. Et vous feriez bien d'y aller tous. Vous êtes fatigués."       

Mais en dehors des femmes âgées, à l'exception de Marcelle et de Jeanne de Kouza, personne ne bouge.       

Quand après avoir été bénies, elles s'en sont allées, Matthieu murmure :        

"Qui aurait dit à ces femmes qu’il leur faudrait dormir sur la paille loin de leurs maisons, il y a seulement peu de temps !"      

"Je n'ai jamais aussi bien dormi" affirme avec décision Marie de Magdala, et Marthe affirme la même chose.

Cependant Pierre donne raison à son compagnon : 

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493> "Matthieu a raison. Et je me demande, sans comprendre, pourquoi le Maître vous a amenées ici."      

"Mais parce que nous sommes les femmes disciples !"        

"Alors s'il allait où il y a des lions, vous y iriez ?"      

"Mais bien sûr, Simon Pierre ! La belle affaire de faire quelques pas ! Et avec Lui tout près !"     

"Voilà : cela fait vraiment beaucoup de pas, et pour des femmes qui n'y sont pas habituées..."  

Mais les femmes protestent tant que Pierre hausse les épaules et se tait.

Jacques d'Alphée, en levant la tête, voit un sourire si lumineux sur le visage de Jésus qu'il Lui demande :          

"Veux-tu nous dire le vrai but de ce voyage, entre nous, avec les femmes et... avec si peu de fruit par rapport à la fatigue ?"

"Pourrais-tu prétendre voir maintenant le fruit des semences ensevelies dans les champs que nous avons traversés ?"         

"Moi, non. Je le verrai au printemps" 

"Moi aussi, je te le dis : "Tu le verras en son temps".

Les apôtres ne répliquent rien.

 290.8 - Voici que s'élève la voix argentine de Marie :

"Mon Fils, aujourd'hui nous parlions entre nous de ce que tu as dit à Ramoth. Et chacune de nous avait des impressions et des réflexions différentes. Voudrais-tu nous dire ta pensée ? Moi, je disais qu'il valait mieux t'appeler tout de suite, mais tu parlais avec Jean d'En-Dor."          

"Vraiment, c’était moi qui avais provoqué la question. Car je suis une pauvre païenne, moi, et je n'ai pas les lumières splendides de votre foi. Il faut me plaindre." confesse Syntica       

"Mais moi, je voudrais avoir ton âme, ma sœur !" dit vivement Marie de Magdala.   

Et, toujours exubérante, elle l'embrasse en la tenant étroitement serrée contre elle par un bras. Splendide dans sa beauté, elle semble éclairer à elle seule le misérable taudis et y apporter l'opulence de sa demeure somptueuse. Serrée contre elle la grecque, tout à fait différente et pourtant personnelle, apporte une note de pensée auprès du cri d'amour qui semble toujours se dégager de Marie, la passionnée, alors que, assise avec son doux visage levé vers son Fils, les mains jointes comme si elle priait, son profil très pur ressortant sur le mur sombre, la Vierge est l'Adorante perpétuelle.

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494> Suzanne se tient dans la pénombre d'un coin et somnole, pendant que Marthe profite de la lumière du foyer pour fixer des boucles au petit vêtement de Marziam, active, elle aussi malgré la lassitude et l'insistance d'autrui.        

Jésus dit à Syntica :        

"Mais ce n'était pas une pensée pénible. Je t'ai entendu rire."      

"Oui, à cause de l'enfant qui tranchait vivement la question en disant :  

"Moi, je ne veux revenir que si Jésus revient. Mais si tu veux tout savoir, éloigne-toi d'ici et reviens nous dire si tu te souviens"...     

Toutes en rient encore et disent que Syntica demandait à Marie qu'on lui expliquât ce qu'elle n'avait pas bien compris à propos du souvenir que les âmes conservent et qui explique certaines possibilités chez les païens d'avoir des souvenirs vagues de la Vérité.  

"Moi, je disais : ''Peut-être que cela confirme la théorie de la réincarnation à laquelle croient beaucoup de païens ?" et ta Mère, Maître, m'expliquait que ce que tu dis c'est autre chose. Maintenant, veuille m'expliquer ceci aussi, mon Seigneur."

 290.9 - "Écoute. Tu ne dois pas croire, du fait que les esprits ont des souvenirs spontanés de la Vérité, que cela prouve que nous vivons plusieurs vies. Désormais tu es déjà suffisamment instruite pour savoir comment l'homme a été créé, comment l'homme a péché, comment il a été puni. On t'a expliqué comment dans l'homme-animal a été incorporée par Dieu une âme unique. Cette dernière est créée à chaque fois et n'est jamais utilisée pour des incarnations successives. Cette certitude devrait annuler ce que j'affirme sur les souvenirs des âmes. Elle le devrait pour tout être autre que l'homme, doué d'une âme faite par Dieu. L'animal ne peut se souvenir de rien parce qu'il naît une seule fois.  L'homme peut se souvenir bien que ne naissant qu'une seule fois. Se rappeler avec ce qu'il y a de meilleur en lui : l'âme. D'où vient l'âme ? Toute âme humaine ? De Dieu. Qui est Dieu ? L'Esprit très intelligent, très puissant, parfait. Cette chose admirable qu'est l'âme, chose créée par Dieu pour donner à l'homme son image et sa ressemblance comme signe indiscutable de sa Paternité très Sainte, résulte des qualités propres de Celui qui l'a créée. Elle est donc intelligente, spirituelle, libre, immortelle comme le Père qui l'a créée.

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495> Elle sort parfaite de la pensée divine et, à l'instant de sa création, elle est semblable, pour un millième d'instant, à celle du premier homme : une perfection qui comprend la Vérité par suite d'un don gratuitement donné. Un millième d'instant. Puis, une fois formée, elle est blessée par la faute d'origine[1]. Pour te faire mieux comprendre, je dirai que c'est comme si Dieu portait l'âme qu'il crée et que l'être créé, en naissant, soit blessé par un signe ineffaçable. Me comprends-tu ?" 

"Oui, tant qu'elle est pensée, elle est parfaite. Un millième d'instant, cette pensée créée. Puis, la pensée traduite dans le fait, le fait est sujet à la loi causée par la Faute."       

"Tu as bien répondu. L'âme s'incarne donc ainsi dans le corps humain en apportant avec elle cette gemme secrète dans le mystère de son être spirituel, le souvenir de l'Être Créateur, c'est-à-dire de la Vérité. Le bébé naît. Il peut être bon, excellent, aussi bien que perfide. Il peut tout devenir car il est libre de vouloir. Sur ses ''souvenirs" le ministère des anges jette ses lumières et le semeur de pièges ses ténèbres. À mesure que l'homme poursuit les lumières et par conséquent aussi des vertus de plus en plus grandes en rendant l'âme maîtresse de son être, voilà que se développe en elle la faculté de se souvenir comme si la vertu rendait de plus en plus mince la cloison qui s'interpose entre l'âme et Dieu. Voilà pour- quoi les hommes vertueux de tous pays sentent la Vérité, pas parfaitement parce que obnubilés par des doctrines contraires ou par des ignorances mortelles, mais suffisamment pour fournir des pages de formation morale aux peuples auxquels ils appartiennent. As-tu compris ? Es-tu convaincue ?"



 "Oui. Pour conclure : la religion des vertus pratiquées héroïquement prédispose l'âme à la Religion vraie et à la connaissance de Dieu."          

"C'est tout à fait cela. Et maintenant va te reposer et sois bénie. Et toi aussi, Maman, et vous, sœurs et disciples. Que la paix de Dieu soit sur votre repos."        

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Fiche mise à jour le 16/10/2023.

 



[1] "Elle [l’âme] sort parfaite de la pensée divine… Puis, une fois formée, elle est blessée par le péché originel" : cette affirmation est analogue à une autre, rencontrée plus haut, en EMV 275.12 : “Il y a eu au moins un moment où l’âme a été parfaite : pendant que Dieu la créait… ensuite le péché originel l’a souillée, en lui enlevant sa perfection.” Toutefois, le contexte actuel donne un nouvel éclairage : il ne s’agit pas de deux moments, mais de deux actes qui se succèdent “en un millième de seconde”, au même moment.   
Le second acte – celui où l’âme contracte la tache du péché originel et perd la perfection reçue par l’acte de la Création – doit être identifié à l’infusion de l’âme, comme cela est dit au début de la parabole de l’étoffe déchirée (en
EMV 567.3), et comme cela est expliqué dans un passage de la «dictée» du 28 janvier 1947 rapportée dans “Les Cahiers de 1945 à 1950” : elle ne sort pas impure de la Pensée créatrice. Le péché originel se trouve dans l’homme et dans les enfants de l’homme, pas en Dieu. C’est pourquoi ce n’est pas au moment où elle est créée par Dieu mais au moment de s’incarner dans l’homme conçu par l’homme que l’âme contracte l’héritage que se partagent les descendants d’Adam…        
Enfin, les deux actes (en un seul moment) de la création et de l’infusion de l’âme par l’œuvre de Dieu sont simultanés à l’acte de la conception du corps par l’œuvre de l’homme, comme on peut le lire en
EMV 204.6 : Il [Dieu] la crée chaque fois qu’un homme est engendré – ou plutôt chaque fois qu’il est conçu dans un sein – et il la greffe dans cette chair…,         
et en
EMV 550.5 : [l’âme], créée à chaque fois pour tout nouvel homme conçu.  
Dans l’œuvre de Maria Valtorta, l’embryon est considéré comme une personne (à tel point qu’il sera dit “innocent” en
EMV 381.6), car il a déjà une âme (comme ce sera dit explicitement en EMV 444.5).
Des notes se réfèrent à cette interprétation en
EMV 118.6 | EMV 127.5 | EMV 204.6 | EMV 348.10, et EMV 428.3.