Le mardi 20 novembre
1945.
288> 336.1 – Ismaël ben Fabi. Jésus dit : "Vous placerez ici
la vision
reçue le 11 septembre 1944."
336.2 – Jésus se trouve de nouveau avec les
siens sur la route qui va de la plaine d'Esdrelon à Nazareth. Ils doivent
avoir passé la nuit dans quelque endroit car, de nouveau, c'est le matin. Ils
marchent quelque temps en silence, Jésus seul en avant, puis Jésus avec
Pierre et Simon qu'il a appelés à Lui et puis, tous ensemble, jusqu'à un
carrefour où la route de Nazareth coupe une route qui va vers le nord-est.
Maintenant les montagnes sont proches des deux côtés.
289> Jésus fait signe de rester
silencieux à ceux qui parlent et il dit :
"Maintenant, nous allons nous séparer. Moi, je vais à Nazareth avec mes
frères,
avec Pierre et Thomas.
Vous, sous la conduite de Simon le Zélote
allez, par le chemin du Thabor et des caravanes, à Débaret, à Tibériade, Magdala, Capharnaüm, et de là vous
irez vers le lac de Mérom, en restant chez Jacob
pour voir s'il s'est converti et en apportant ma bénédiction à
Jude et Anne.
Vous habiterez là où l'on vous donnera l'hospitalité avec plus d'insistance,
et une nuit seulement à chaque endroit car le soir du sabbat nous nous
retrouverons sur la route de Séphet,
336.3 – Je ferai le sabbat à Corozaïn, dans
la maison de la veuve.
Passez l'avertir. De cette façon nous achèverons de donner la paix à l'âme de
Judas
qui se persuadera que Jean
n'est pas non plus dans ces demeures hospitalières..."
"Maître ! Mais je crois… !"
"Mais il est bien que tu t'en assures, pour pouvoir ne pas rougir devant
Caïphe
et Hanne, comme Moi je ne rougis pas devant
toi ni devant aucun homme en affirmant que Jean n'est plus avec nous. Thomas,
je l'emmène avec Moi à Nazareth. Ainsi il pourra se tranquilliser même pour
cet endroit en voyant de ses propres yeux..."
"Mais moi, Maître ! Que veux-tu que cela m'importe ? Au
contraire je regrette de n'avoir plus cet homme. Il aura été ce qu'il a été,
mais depuis le moment où nous l'avons connu il a été toujours meilleur que
tant d'illustres pharisiens. Il me suffirait de savoir qu'il ne t'a pas renié
ni causé de douleur et puis... qu'il soit sur la terre ou qu'il soit dans le
sein d'Abraham, à moi cela ne m'importe pas. Crois-le. Même s'il était dans
ma maison... je n'aurais vraiment pas pour lui de répulsion. J'espère que tu
ne penseras pas que ton Thomas ait dans le cœur plus qu'une curiosité
naturelle, et qu'il n'a aucune animosité, aucun désir d'enquêter plus ou
moins droit, aucun penchant pour l'espionnage volontaire, ou involontaire, ou
autorisé, aucun désir de nuire..."
"Tu m'offenses ! Tu fais des insinuations ! Tu mens ! Tu
as vu que je n'ai jamais eu qu'une conduite sainte pendant ce temps. Et
pourquoi alors dis-tu cela ? Que peux-tu dire de moi ?
Parle !" Judas est furieux, féroce.
"Silence ! C'est à Moi que Thomas répond. À Moi seul qui lui ai
parlé. Je crois aux paroles de Thomas, mais c'est ma volonté et qu'il
en soit ainsi, et personne n'a le droit parmi vous de me reprocher ma manière
d'agir."
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290> "Je ne te fais pas de
reproches... C'est que m’a blessé l'insinuation et..."
"Vous êtes douze. Pourquoi il n 'y a eu que toi de blessé par ce que
j’ai dit à tous ?" demande Thomas.
"Parce que c'est moi qui ai recherché Jean."
Jésus dit :
"D'autres de tes compagnons l'ont fait aussi et d'autres disciples le
feront, et pour cela personne ne se jugera offensé par les paroles de Thomas.
Ce n'est pas un péché que de demander honnêtement d'un condisciple. Ce n'est
pas une souffrance d'entendre des paroles telles que celles qui ont été
dites, quand en nous il n'y a qu'amour et honnêteté, quand il n'y a pas de
remords dans le cœur et le rende ultra-sensible parce qu'il est déjà blessé
par la dent du remords. Pourquoi veux-tu, en présence de tes compagnons,
faire ce reproche ? Veux-tu que l'on te soupçonne de péché ? La colère et l'orgueil sont deux mauvaises compagnes,
Judas. Elles amènent au délire, et celui qui délire voit des choses qui
n'existent pas, dit ce qu'il ne devrait pas dire... de même que la cupidité
et la luxure entraînent à des actions coupables pour être satisfaites...
Libère- toi de ces mauvaises servantes... Et sache en-plus que pendant ces
jours nombreux et très nombreux de ton absence il y a eu une bonne entente
entre nous, toujours, et qu'il y a eu obéissance et respect, toujours.
Nous nous sommes aimés, comprends-tu ?
336.4 – Adieu, chers amis. Allez et aimez.
Comprenez-vous ? Aimez-vous, ayez de la compassion les uns pour les
autres, parlez peu et agissez bien. La paix soit avec vous."
Il les bénit, et alors qu'eux s'en vont à droite, Jésus continue son chemin
avec ses cousins, Pierre et Thomas. Il le fait en grand silence.
Puis Pierre explose en un tonnant et solitaire :
"Mais !" qui sert de conclusion à je ne sais quelle longue
méditation. Les autres le regardent...
Jésus, tout de suite, coupe court à d'autres questions en disant :
"Êtes-vous, vous deux, heureux de venir à Nazareth avec Moi?" et il met ses bras autour des épaules de Pierre
et de Thomas.
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291> "Et-tu le
demandes ?" dit Pierre, exubérant comme toujours. Thomas, plus
calme, mais avec son visage grassouillet qui resplendit de joie ajoute :
"Ne sais-tu pas que pour moi, être près de ta Mère, c'est une telle
douceur que je ne trouve pas de mots pour te l'exprimer ? Marie est mon amour. Je ne suis pas vierge,
et je ne voyais pas d'inconvénient à avoir une famille. J'avais
déjà regardé quelques jeunes filles, ne sachant laquelle prendre pour épouse.
Mais maintenant ! Mais maintenant ! Hé ! allons ! Mon
amour, c'est Marie. L'imprenable amour pour les sens. Mais les sens meurent,
rien qu'à penser à Elle ! Le béatifiant amour pour l'esprit. Oh !
Tout ce que j'ai vu chez les femmes, même les plus chères comme ma mère et ma
jumelle, tout ce que j'ai connu de bon en elles, je le compare avec ce qu'on
connaît en ta Mère, et je me dis : "En Elle se trouve toute
justice, toute grâce et toute beauté. C'est un parterre de fleurs
paradisiaques que son aimable esprit... son aspect est un poème..."
Oh ! que nous d'Israël nous n'osions penser aux anges et avec un respect
craintif sont regardés les chérubins du Saint des Saints !...
Quels sots ! Et que nous n'ayons pas dix fois autant de crainte
respectueuse en la regardant Elle ! Elle qui, j'en suis sûr, surpasse
aux yeux de Dieu toutes les beautés angéliques..."
Jésus regarde l'énamouré de sa Mère, qui semble pour ainsi dire se
spiritualiser, tant ses sentiments envers Marie changent l'expression
débonnaire de son visage.
"Eh bien, nous resterons quelques heures avec Elle. Nous y resterons
jusqu'à après-demain. Ensuite nous irons à Tibériade voir les deux enfants et
prendre une barque pour Capharnaüm."
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292> "Et à Bethsaïde ?"
demande Pierre.
"Au retour, Simon. Au retour nous irons prendre Marziam pour le
pèlerinage de Pâque."
336.5 – …Et c'est le soir du même jour, à
Nazareth, dans la petite maison tranquille où Pierre et Thomas dorment déjà.
Et c'est la suave conversation entre la Mère et le Fils.
"Tout s’est bien passé, ma Mère. Ils sont maintenant en paix. Tes
prières ont aidé les pèlerins et maintenant, comme la rosée sur des fleurs
brûlées, ils sont en train de guérir leur douleur."
"Je voudrais guérir la tienne, mon Fils ! Comme tu dois avoir
souffert ! Regarde, ici aux tempes ta chair se creuse, et ici aux joues ;
et une ride te barre le front comme une cicatrice d'épée. Qui t'a ainsi
blessé, mon cœur ?"
"La souffrance de devoir faire souffrir, Maman."
"Cela seulement, mon Jésus ? Les disciples ne t'ont pas causé de
peine ?"
"Non, Maman. Ils ont été d'une bonté de saints."
"Ceux qui étaient avec Toi... Mais je parle de tous..."
"Tu vois que j'ai amené Thomas pour le récompenser, et j'aurais voulu
amener ceux qui n'étaient pas ici l'autre fois. Mais je devais les envoyer
ailleurs..."
"Et Judas de Kérioth ?"
"Judas est avec eux."
Marie embrasse son Fils et pose sa tête sur son épaule, en pleurant.
"Pourquoi pleures-tu, Maman ?" demande Jésus en caressant ses
cheveux.
Marie se tait et pleure. Ce n'est qu'à la troisième question qu'elle
murmure :
"À cause de ma terreur... Je voudrais toujours qu'il t'abandonne... Je
pèche, n'est-ce pas, d'avoir ce désir ? Mais elle est si forte, si forte
la peur que j'ai de lui à cause de Toi…"
"Seule sa disparition dans la mort changerait les choses. Mais pourquoi
devrait-il mourir ?"
"Je ne suis pas mauvaise au point de le désirer... Il a une mère lui
aussi ! Et il a une âme... Une âme qui peut encore se sauver. Mais...
oh ! mon Fils ! Ne serait-ce pas pour lui un bien que la
mort ?"
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293> Jésus soupire et murmure :
"Il y en a tant pour qui la mort serait un bien..."
Et puis à haute voix :
"N'as-tu rien su de la vieille Jeanne ? Ses champs ? ..."
"J'y suis allée avec Marie d'Alphée et Salomé de Simon après les chutes
de grêle. Mais son grain, ayant été semé en retard, n'était pas encore sorti
et n'a pas subi de dommage. Il y a trois jours, Marie est retournée voir.
Elle dit que cela semble un tapis. Les plus beaux champs de la région. Rachel
va bien et la petite vieille est heureuse. Marie d'Alphée est contente à
présent que Simon est tout à fait pour Toi. Demain certainement tu le verras.
Il vient chaque jour. Aujourd'hui il était à peine parti quand tu es arrivé.
Tu sais ? Personne ne n'est aperçu de rien. Quelqu'un aurait parlé s'il
s'était aperçu qu'ils étaient ici. Mais, si tu n'es pas vraiment fatigué,
dis-moi leur voyage..."
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