"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 7.449 - Il piccolo Alfeo disamato dalla madre.

 4.447 - Little Alphaeus of Meroba.

 4.449 - El pequeño Alfeo desamado de su madre.

 8.498 - Episode in Kapharnaum; Jesus Beschützer der Kinder.


Dimanche 5 août 29
(9 Ab 3789)
Capharnaüm.


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 L'amour maternel. L'indignité de mère. L'enfance maltraitée.


 

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Ancienne édition : Tome 6, chapitre 141.
Nouvelle édition : Tome 7, chapitre 449.

449
Le petit Alphée mal aimé par sa mère.

Le mardi 25 juin 1946.

123/124>  449.1 – "Prenez des provisions et des vêtements pour plusieurs jours. Nous allons à Hippos et de là à Gamla et à Aphéqa pour descendre à Guerguesa et revenir ici avant le sabbat" ordonne Jésus debout sur le seuil de la maison et caressant machinalement des enfants de Capharnaüm, venus saluer leur grand Ami dès que le soleil, à son couchant, n'est plus ardent au point d'être meurtrier et permet de quitter les maisons. Et Jésus est l'un des premiers à le faire de la ville qui sort de la torpeur asphyxiante des heures ensoleillées.   

Les apôtres ne semblent pas très enthousiastes de l'ordre qu'ils
ont reçu. Ils se regardent entre eux et ils regardent le soleil encore si impitoyable, ils touchent les murs de la maison encore brûlants et, avec le pied nu, ils tâtent le sol et ils disent : "Il est chaud comme une brique mise au feu..." en sous-entendant par toute cette pantomime qu'il faut être fou pour se mettre en route...        

Jésus se détache de l'huisserie à laquelle il s'appuyait un peu et
il dit :    

"Que celui qui n'a pas envie de venir reste simplement. Je n'oblige personne, mais je ne veux pas quitter cette région sans parler."          

"Maître... te semble-t-il ?! Nous venons tous... Seulement... il
nous paraissait encore tôt pour voyager..."        

"Avant les Tabernacles, je veux aller vers le septentrion, beaucoup plus loin par conséquent et par des chemins où on ne peut profiter de la barque. Aussi, on doit maintenant faire cette région où
le lac nous épargne beaucoup de chemin."        

"Tu as raison. Je vais préparer les barques..." et
Simon de Jonas s'en va avec son frère et les deux fils de Zébédée[1] et en plus quelques disciples pour préparer le départ.       

Jésus reste avec le
Zélote, ses cousins[2], Matthieu, l'Iscariote, Thomas et les deux inséparables Philippe et Barthélemy, qui préparent leurs sacs, emplissent les gourdes, apportent du pain, des fruits, tout ce qu'il faut.   

 449.2 – Un petit garçon pleure contre les genoux de Jésus.

"Pourquoi pleures-tu, Alphée ?" lui dit Jésus en se penchant pour l'embrasser...        

Rien... et il pleure plus fort.      

"Il a vu les fruits, et il en veut" dit l'Iscariote ennuyé.         

"Oh ! pauvre petit ! Il a raison ! Il ne faut pas faire passer certaines choses sous les yeux des enfants, sans leur en donner un peu. Tiens, fils. Ne pleure pas !" dit Marie d'Alphée.   

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125> Ce disant, elle détache une grappe dorée d'un rameau mis dans un panier avec toutes ses feuilles et des grappes qui y sont encore attachées.          

"Je ne veux pas de raisin..." et il pleure plus fort.     

"Il veut sûrement de l'eau emmiellée, dit Thomas et il lui offre sa gourde en disant : Cela plaît aux enfants et leur fait du bien. Mes neveux aussi..."  

"Je ne veux pas de ton eau..." et il pousse des cris plus aigus et plus forts.         

"Mais que veux-tu alors ?" demande Jude d'Alphée, mi-sérieux, mi-fâché.       

"Deux claques, voilà ce qu'il veut !" dit l'Iscariote.   

"Pourquoi ? Pauvre enfant !" demande Matthieu.    

"Parce qu'il est ennuyeux."       

"Oh ! S'il fallait donner des gifles à tous les gens ennuyeux, on passerait sa vie à se les donner" dit Thomas avec beaucoup de calme.

"Il ne se sent pas bien, peut-être" déclare Marie Salomé qui est parmi les disciples.   

"Des fruits et de l'eau, de l'eau et des fruits... Le corps en souffre."          

"Et lui, c'est déjà beaucoup s'il mange du pain, de l'eau et des fruits... Ils sont tellement pauvres !" dit Matthieu qui par son expérience de percepteur connaît toutes les finances de Capharnaüm.   

"Qu'as-tu, petit ? Tu souffres ici ?... Et pourtant tu n'as pas de fièvre..." dit Marie de Cléophas, à genoux près de l'enfant.          

"Oh ! Maman ! Mais c'est un caprice !... Tu ne vois pas ? Tu les gâterais tous." 

"Je ne t'ai pas gâté, mon Jude, mais je t'ai aimé. Et tu ne te rendais pas compte que je t'aimais jusqu'à te protéger contre les rigueurs d'Alphée ?..."        

"C'est vrai, maman... J'ai eu tort de te faire des reproches."           

"Il n'y a pas de mal, fils. Mais si tu veux être apôtre, sache avoir des entrailles de mère pour les fidèles. Ils sont comme des enfants, tu sais... et il faut pour eux une patience affectueuse..."      

"Bien parlé, Marie !" approuve Jésus. 

 449.3 – "Nous allons finir par être instruits par les femmes" bougonne Judas Iscariote. "Et, peut-être, même par des païennes..."

"Sans aucun doute. Elles vous dépasseront de beaucoup, si vous resterez ce que vous êtes, et toi plus que tous, Judas. Sûrement tous te dépasseront : les petits, les mendiants, les ignorants, les femmes, les gentils..."      

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126> "Autant dire que je serai l'avorton du monde, et ce serait plus vite fait" répond Judas, et il rit jaune.     

"Les autres sont en train de revenir... et ce sera l'heure de partir, n'est-ce pas ?" dit Barthélemy pour couper court à la scène dont souffrent plusieurs, chacun à sa manière.          

Les pleurs de l'enfant atteignent leur maximum.     

"Mais, en somme !! Que veux-tu ? Qu'as-tu ?" s'adresse à lui l'Iscariote en le secouant rudement pour le détacher des genoux de Jésus auxquels l'enfant s'est agrippé et surtout pour passer son dépit sur l'innocent.     

"Avec Toi ! Avec Toi !... Tu t'en vas... et les coups pleuvent drus..."          

 449.4 – "Ah !... Oh, le pauvre petit ! C'est vrai ! Depuis qu'elle s'est remariée, ceux du premier mari... sont comme des mendiants... comme s'ils n'étaient pas nés d'elle... Elle les envoie comme des mendiants et... oh ! pas de pain pour eux..." dit la femme du propriétaire de la maison qui semble bien connaître la situation et les responsables. Et elle dit pour finir : "Il faudrait bien que quelqu'un les adopte, ces trois abandonnés..."         

"N'en parle pas à Simon de Jonas, femme. Tu te ferais haïr à mort par sa belle-mère qui est plus que jamais butée contre lui et nous tous. Ce matin même elle a couvert d'insolences Simon et Margziam, et moi qui étais avec eux..." dit Matthieu. 

"Je n'en parlerai pas à Simon... Mais c'est ainsi..."   

"Et toi, tu ne les prendrais pas ? Tu n'as pas d'enfants..." dit Jésus en la regardant fixement...     

"Moi... Oh ! cela me plairait... Mais nous sommes pauvres... et puis... Thomas... C'est qu'il a des neveux... et moi aussi... et... et"        

"Et surtout tu n'es pas disposée à faire du bien à tes semblables... Femme, hier tu critiquais les pharisiens d'ici comme durs de cœur, les gens de la ville comme revêches à ma parole... Mais toi, que fais-tu de différent, toi qui me connais depuis plus de deux ans ?..."     

La femme baisse la tête en chiffonnant son vêtement, mais elle ne dit pas un mot en faveur de l'enfant qui pleure toujours.          

 449.5 – "Nous sommes prêts, Maître" crie Pierre qui arrive.          

"Oh ! être pauvre !... et persécuté !..." soupire Jésus en levant les bras et en faisant ainsi un geste de découragement...    

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127> "Mon Fils !..." dit pour le réconforter Marie qui jusqu'alors s'était tue. Et il suffit de cette parole pour consoler Jésus.     

"Vous, allez en avant avec les provisions. Moi, je vais avec ma Mère jusqu'à la maison de l'enfant" commande Jésus à ceux qui arrivent et à ceux qui étaient déjà avec Lui, et il s'éloigne avec sa Mère qui a pris l'enfant à son cou...  

Ils vont vers la campagne.         

"Que vas-tu lui dire, mon Fils?"

"Maman, que veux-tu que je dise à une femme qui n'a pas d'amour dans ses entrailles de mère même pour ceux qui sont nés de son sein?"     

"Tu as raison... Et alors?"          

"Et alors... Prions, ma Mère."   

Ils marchent en priant.  

Une vieille les interpelle :          

 449.6 – "Vous portez Alphée à Méroba ? Dites-lui qu'il est temps qu'elle s'en occupe. Il leur faudra forcément devenir voleurs... et ils sont comme des sauterelles là où ils tombent... Mais c'est à elle que j'en veux, pas à ces trois malheureux... Oh ! la mort comme elle est injuste! Jacob n'aurait-il pas pu vivre et elle mourir ? Tu devrais la faire mourir, ainsi..."  

"Femme, vieille comme tu l'es, tu n'es pas encore sage ? Et tu dis ces paroles alors que tu peux mourir à chaque minute ? En vérité tu es injuste autant que Méroba. Repens-toi et ne pèche plus."

"Pardon, Maître... C'est que sa faute-me fait déraisonner..."         

"Oui. Je te pardonne. Mais ne dis jamais plus, pas même en toi-même, ces paroles. Ce n'est pas par la malédiction que l'on répare les erreurs. C'est par l'amour. Si Méroba mourait, le sort des enfants changerait-il ? Peut-être le veuf prendrait une autre femme et il aurait des enfants d'un troisième lit, et eux une marâtre... Plus pénible par conséquent serait leur sort."    

"C'est vrai. Je suis vieille et sotte. Voici Méroba. Elle maugrée déjà... Je te quitte, Maître. Je ne veux pas qu'elle pense que je t'ai parlé d'elle. C'est une vipère..." 

Mais la curiosité est plus forte que la peur de la "vipère", et la petite vieille, tout en se tenant à distance de Jésus et de Marie, ne s'en écarte pas tellement et elle se penche pour arracher au bord du chemin de l'herbe, rendue humide par le voisinage d'une fontaine, pour écouter sans se faire remarquer.  

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128>  449.7 – "Te voilà ? Qu'as-tu fait ? À la maison ! Toujours en route comme une bête errante, comme un chien sans maître, comme..."

"Comme un enfant sans mère. Femme, tu sais que c'est un mauvais témoignage pour une mère, les enfants qui ne restent pas près de ses vêtements ?"  

"C'est parce qu'ils sont méchants..."   

"Non. Je viens ici depuis trente mois. Auparavant, du vivant de Jacob et les premiers mois de ton veuvage, il n'en était pas ainsi. Puis tu as repris un mari... et avec le souvenir du premier mariage, tu as perdu aussi celui de tes enfants. Mais quelle différence en eux avec celui qui mûrit dans ton sein ? Ne les as-tu pas portés ainsi ces enfants ? Tu ne les as pas allaités, peut-être ? Regarde là cette colombe... Quel soin elle a de son petit... Et pourtant elle couve déjà d'autres œufs... Regarde cette brebis. Elle n'allaite plus l'agneau de la portée précédente parce qu'elle en porte déjà un autre. Et pourtant, vois comme elle lui lèche le museau et se laisse heurter le flanc par son agnelet plein de vie ? Tu ne me réponds pas ? Femme, pries-tu le Seigneur ?"          

"Certainement. Je ne suis pas païenne..."      

"Et comment peux-tu parler au Seigneur qui est juste, si tu es
injuste ? Et comment peux-tu aller à la synagogue et écouter les rouleaux quand ils parlent de l'amour de Dieu pour ses enfants, sans sentir le remords dans ton cœur ? Pourquoi gardes-tu le silence dans cette attitude arrogante ?"      

"Parce que je n'ai pas demandé tes paroles... et je ne sais pas pourquoi tu viens me troubler... L'état, où je suis, mérite le respect..."

"Et celui de ton âme, non ? Pourquoi ne respectes-tu pas les droits de ton âme ? Je sais ce que tu veux me dire : qu'une colère peut mettre en danger la vie de celui qui doit naître... Mais de la vie de ton âme, tu ne te soucies pas ? Elle est plus précieuse que celle de celui qui doit naître... Tu le sais... Ton état peut se terminer dans la mort. Est-ce que tu veux affronter cette heure avec l'âme troublée, malade, injuste ?"      

"Mon mari dit que tu es quelqu'un qu'il ne faut pas écouter. Je ne t'écoute pas. Viens, Alphée...". 

 449.8 – Et elle fait le geste de se retourner au milieu des cris de l'enfant qui sait déjà qu'il va au-devant des coups et qui ne veut pas lâcher le bras de Marie. Marie, en soupirant, cherche à persuader la femme et s'adresse à elle pour lui dire :          

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129>  "Je suis mère, moi aussi, et je peux comprendre tant de choses. Et je suis femme... Aussi je sais comprendre les femmes. Tu as une période qui n'est pas bonne, n'est-ce pas ? Tu souffres et tu ne sais pas souffrir... et ainsi tu t'aigris... Ma sœur, écoute. Si je te donnais maintenant le petit Alphée, tu serais injuste envers lui et envers toi. Laisse-le-moi pour quelques jours, oh ! quelques jours seulement. Tu verras quand tu ne l'auras plus, tu soupireras après lui... parce qu'un fils est chose si douce que quand il s'éloigne de nous, nous nous sentons pauvres, glacées, sans lumière..."        

"Mais prends-le ! Prends-le ! Si seulement tu pouvais prendre les deux autres ! Mais je ne sais pas où ils sont..."          

"Je le prends, oui. Adieu, femme. Viens, Jésus." Et Marie se
retourne rapidement et elle s'éloigne en sanglotant...  

"Ne pleure pas, Maman."          

"Ne la juge pas, Fils..."   

Les deux phrases se croisent toutes les deux pleines de pitié, et
puis dans une pensée unique, les lèvres s'ouvrent pour une même parole. "S'ils ne comprennent pas l'amour naturel, peuvent-ils jamais comprendre l'amour qui est dans la Bonne Nouvelle ?" et ils se regardent, ce fils et cette Mère, par-dessus la petite tête de l'innocent qui maintenant s'abandonne confiant et heureux dans les bras de Marie...

"Nous allons avoir un disciple de plus que prévu, Maman."          

"Et lui aura des journées de paix..."     

"Vous avez vu, hein ?" leur dit la petite vieille. "Elle est sourde,
sourde comme une cymbale défoncée... Je vous l'avais dit ! Et maintenant ? Et après?" 

"Et maintenant, c'est la paix. Et, après. Dieu veuille que quelque
cœur ait pitié... Pourquoi pas le tien, femme ? Une coupe d'eau donnée par amour est comptée au Ciel. Mais celui qui aide un innocent par amour pour Moi... oh ! quelle béatitude pour ceux qui aiment les petits et les sauvent du mal !..."



La petite vieille reste pensive... et Jésus avance par un raccourci qui conduit au lac. En arrivant, il prend l'enfant des bras de Marie pour qu'elle monte plus facilement dans la barque. Il soulevé l'enfant aussi haut qu'il peut pour le montrer, et avec un sourire lumineux, il dit à ceux qui sont déjà dans la barque :        

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130>
"Regardez ! Cette fois, certainement, nous allons avoir une prédication fructueuse car nous avons un innocent avec nous" et il monte avec assurance sur la passerelle qui se balance et il entre dans la barque et puis s'assoit près de sa Mère. pendant que la barque se détache du rivage en mettant de suite le cap sur le sud-est, en direction d'Hippos.  

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Fiche mise à jour le 06/03/2024.

 



[1] Jacques, dit le majeur et Jean l'évangéliste.    

[2] Jacques, dit le mineur et Jude dit le Thaddée.