Le vendredi 20 juillet 1945.
509> 224.1 – La troupe des apôtres a eu un changement
dans sa suite animale. Il n'y a plus de bouc, mais en échange une brebis et
deux petits agneaux. Une brebis grasse avec des mamelles pleines, des
agnelets joyeux comme des gamins. Un troupeau minuscule qui, bien qu'ayant un
aspect moins magique que le bouc tout noir, plaît davantage à tout le monde.
"Je vous avais dit qu'il viendrait une chèvre pour faire de Marziam un
petit berger heureux. Au lieu de la chèvre, puisque du bouc vous ne voulez
rien savoir, voilà que sont venues les brebis, et blanches, comme Pierre les
rêvait."
"Mais certainement ! Il me semblait avoir par derrière Belzébuth !"
dit Pierre.
"En effet, depuis qu'il était avec nous, cela a été une succession
d'événements ennuyeux. C'était le sortilège à nos trousses" confirme
l'Iscariote irrité.
"Un bon sortilège, alors. Car qu'est-ce qui nous est arrivé de
mal ?" dit tranquillement Jean.
Tous crient comme pour lui reprocher son aveuglement.
"Mais, tu n'as vu comment à Modin on s'est moqué de nous ?"
"Et cela ne te paraît rien, cette chute qu'a faite mon frère ? Il
pouvait être grièvement blessé. Comment aurions-nous fait pour l'emmener s'il
s'était fracturé une jambe ou la colonne vertébrale ?"
Haut
de page.
510> "Et, la nuit dernière,
l'intermède t'a paru charmant ?"
"J'ai tout vu, tout considéré et j'ai béni le Seigneur parce qu'il ne
nous est rien arrivé de mal. Le mal est venu vers nous, et puis s'est enfui,
comme toujours, et certainement la rencontre a servi à laisser des semences
de bien tant à Modin qu'auprès des vignerons, accourus avec la certitude de
trouver au moins un blessé et le regret d'avoir manqué de charité de sorte
qu'ils ont voulu réparer ; comme auprès des voleurs de la nuit dernière.
Ils ne nous ont pas fait de mal et nous, c'est-à-dire Pierre, y a gagné les
brebis en échange du bouc et comme cadeau parce qu'ils avaient été sauvés. Et
les pauvres ont maintenant beaucoup d'argent grâce aux bourses données par
les marchands et ce qu'ont offert les femmes. Et tous, ce qui a plus de
valeur, ont reçu la parole de Jésus."
"Jean a raison" disent le Zélote et Jude Thaddée.
Et ce dernier conclut :
"Il
semble vraiment que tout survient d'après une nette connaissance de l'avenir.
Se trouver justement là, en retard, par suite de ma chute, en
même temps que ces femmes couvertes de bijoux, que ces bergers aux gras
troupeaux, que ces marchands chargés d'argent, proies magnifiques pour les
brigands !
224.2 – Frère, dis- moi la vérité.
Savais-tu ce qui serait arrivé ?" demande le Thaddée à Jésus.
"Je vous ai dit bien des fois que je lis dans les cœurs et que, quand
mon Père n'en dispose pas autrement, je n'ignore pas ce qui doit
arriver."
"Mais alors, pourquoi parfois fais-tu des erreurs, comme celle d'aller
vers des pharisiens hostiles ou dans des villes tout à fait
hostiles ?" demande Judas Iscariote.
Jésus le regarde fixement, fixement, et puis dit avec calme et
lentement :
"Ce ne sont pas des erreurs. Ce sont les nécessités de ma mission. Les
malades ont besoin du médecin et les ignorants du maître. Aussi bien ceux-ci
que ceux-là repoussent le médecin ou le maître. Mais eux, s'ils sont de bons
médecins et de bons maîtres, continuent d'aller vers ceux qui les repoussent,
car c'est leur devoir d'y aller. Moi, j'y vais. Vous voudriez que là où je me
présente tombe toute résistance. Je pourrais le faire, mais je ne fais
violence à personne.
Haut
de page.
511> Je persuade. La coercition
s'emploie dans des cas très exceptionnels et seulement quand l'esprit,
éclairé par Dieu, comprend qu'elle peut servir à persuader de l'existence de
Dieu et qu'Il est le plus fort ou encore quand il s'agit de sauver une
multitude."
"Comme hier soir, hein ?" demande Pierre.
"Hier soir les brigands eurent peur en nous voyant bien éveillés pour
les recevoir" dit avec un mépris visible l'Iscariote.
"Non, ils ont été persuadés par les paroles" dit Thomas.
"Oui ! Tu peux toujours attendre ! Ce sont vraiment des âmes
tendres qui ont été persuadés par deux paroles, fussent-elles de Jésus !
Je le sais, moi, cette fois que nous fûmes assaillis, toute ma famille et moi
et beaucoup de gens de Bethsaïde dans le défilé d'Adomin !" répond
Philippe.
"Maître, dis-moi un peu. Depuis hier je voulais te le demander. En somme
est-ce que ce sont tes paroles ou ta volonté qui font que rien de mal
n'arrive ?" demande Jacques de Zébédée.
Jésus sourit et se tait.
Matthieu répond :
"Je crois que c'est sa volonté qui a maîtrisé la dureté de leurs cœurs
qui l'a paralysée, pour ainsi dire, pour permettre de parler et de
sauver."
"Moi aussi, je crois qu'il en est ainsi. C'est pour cela qu'il est resté
là-bas, seul à regarder le bois. Il les tenait subjugués par son regard, par sa confiance en eux, par son calme sans défense. Il
n'avait même pas un bâton… !" dit André.
"Bien. Mais tout cela, c'est nous qui le disons. Ce sont nos idées. Je
veux savoir l'avis du Maître" dit Pierre.
Il s'ensuit une vive discussion que Jésus laisse faire. Les uns disent que
Jésus, ayant déclaré qu'il ne force personne, n'aura pas usé de violence même
avec ces brigands. C'est ce que dit Barthélemy. L'Iscariote au contraire,
quelque peu soutenu par Thomas, dit qu'il ne peut croire que le regard d'un
homme ait tant de puissance.
Matthieu réplique en disant :
"Cette puissance, et plus encore. J'ai été converti par son regard,
avant même de l'être par ses paroles."
Les oui et les non s'opposent violemment, chacun s'en tenant à son propre
point de vue. Jean se tait comme Jésus, et il sourit en baissant la tête pour
cacher son sourire.
Haut
de page.
512> Pierre revient à l'assaut parce que
les arguments de ses compagnons n'arrivent pas à le convaincre. Il pense et
il dit que le regard de Jésus est différent de celui d'un homme quelconque et
il veut savoir si c'est parce qu'il est Jésus : le Messie, ou si c'est
parce qu'il est toujours Dieu.
224.3 – Jésus parle :
"En vérité je vous dis que non seulement Moi, mais
quiconque sera fondu en Dieu par une sainteté, une pureté, une foi sans
faille pourra faire cela et encore davantage. Le regard d'un enfant, si son
esprit est uni à celui de Dieu, peut faire crouler les temples des idoles,
sans les secouer comme Samson, imposer la douceur aux fauves et aux
hommes-fauves, repousser la mort, vaincre les maladies de l'esprit, comme la
parole d'un enfant fondu dans le Seigneur et instrument du Seigneur peut
aussi guérir les maladies, enlever leur venin aux serpents, opérer toutes
sortes de miracles. Parce que c'est Dieu qui opère en lui."
"Ah ! J'ai compris !" dit Pierre.
Et il regarde, regarde, regarde Jean. Et il conclut ensuite tout un
raisonnement qu'il se faisait intérieurement en disant à haute voix :
"Voilà ! Toi, Maître, tu as eu ce pouvoir en tant que Dieu, et en
tant qu'homme uni à Dieu. Et il en arrive autant à celui qui arrive ou qui
est arrivé à l'union avec Dieu. J'ai compris ! J'ai bien
compris !"
"Mais tu ne demandes pas la clef de cette union, ni le secret de cette
puissance ? Mais ce ne sont pas tous, parmi les hommes, qui y arrivent
alors qu'ils ont pourtant les mêmes chances de réussite."
"C'est juste ! Où se trouve la clef de cette force qui unit à Dieu
et domine les choses ? Une prière, ou bien des paroles secrètes..."
"Tout à l'heure, Judas de Simon accusait le bouc de toutes les
mésaventures qui nous sont arrivées. Il n'y a pas de sortilèges attachés aux animaux. Chassez les superstitions qui sont encore de
l'idolâtrie et qui peuvent provoquer des malheurs. Et de même qu'il n'y a pas
de formules pour réaliser des sorcelleries, il n'y a pas de paroles secrètes
pour accomplir des miracles. Il n'y a que l'amour.
Comme je l'ai dit hier soir, l'amour calme les violents et rassasie ceux qui
sont avides. L'Amour : Dieu.
Haut
de page.
513> Avec Dieu en vous, possédé
pleinement par le mérite d'un amour parfait, l’œil devient un feu qui brûle
toutes les idoles et jette par terre les statues, la parole devient
puissance. Et encore : l’œil devient une arme qui désarme. On ne résiste
pas à Dieu, à l'Amour. Seul le démon y résiste parce qu'il est la Haine
parfaite et, avec lui, y résistent ses fils. Les autres, les faibles possédés
par une passion mais qui ne se sont pas vendus volontairement au démon, n'y
résistent pas. Quelle que soit leur religion, ou leur absence de foi, quel
que soit le niveau de leur bassesse spirituelle, ils sont atteints par
l'Amour qui est le grand Victorieux. Cherche à arriver à cela et vite, et tu
feras ce que font les fils de Dieu et ceux qui portent Dieu."
224.4 – Pierre ne quitte pas Jean des
yeux ; le Zélote aussi, les fils d'Alphée et Jacques avec André ont
l'intelligence éveillée et en recherche.
"Mais alors, Seigneur, dit Jacques de Zébédée, qu'est-il arrivé à mon
frère ? Tu parles de lui. C'est lui, l'enfant qui fait des
miracles ! Est-ce cela ? Est-ce ainsi ?"
"Qu'a-t-il
fait ? Il a tourné une page du livre de la Vie, et il a lu et connu de
nouveaux mystères. Rien de plus. Il vous a précédés, car il ne s'arrête pas à
considérer les obstacles, à peser les difficultés, à calculer ce qui
rapporte. Mais il ne voit pas la terre. Il ne la voit plus. Il voit la
Lumière et se dirige vers elle. Sans arrêt. Mais laissez-le tranquille. Les
âmes que consume davantage la flamme ne doivent pas être troublées dans
l'ardeur qui les remplit de joie et qui les consume. Il faut les laisser
brûler. C'est la suprême joie et la plus grande fatigue. Dieu leur accorde
des instants de nuit parce qu'il sait que l'ardeur tue les âmes-fleurs si
elles sont continuellement exposées au soleil. Dieu accorde du silence et des
rosées mystiques à ces âmes-fleurs, comme aux fleurs des champs. Laissez
reposer l'athlète de l'amour quand Dieu l'y laisse. Imitez les professeurs de
gymnastique qui accordent à leurs élèves les détentes normales... Quand vous
serez arrivés, vous aussi là où lui est déjà arrivé, et plus loin, car vous
irez plus loin, aussi bien vous que lui, vous comprendrez le besoin de
respect, de silence, de pénombre qu'éprouvent les âmes dont l'Amour a fait sa
proie et son instrument. N'allez pas penser :
"Moi, alors, j'aurai un plaisir qui sera connu, et Jean est un sot,
parce que l'âme du prochain, comme celle des enfants demande à être attirée
par le merveilleux". Non. Quand vous serez arrivés là, vous aurez le
même désir de silence et de pénombre que Jean a maintenant.
Haut
de page.
514> Et quand je ne serai plus parmi
vous souvenez-vous, qu'ayant à porter un jugement sur une conversion et sur
un degré de sainteté, vous devez toujours vous baser sur l'humilité.
Si chez quelqu'un persiste l'orgueil, ne vous illusionnez pas sur sa
conversion. Et si quelqu'un que l'on dit "saint" est dominé par
l'orgueil, soyez certains qu'il n'est pas saint. Il pourra faire le saint,
comme un charlatan et un hypocrite ; simuler des prodiges, mais il n'est
pas saint. Son apparence est hypocrisie, ses prodiges du satanisme. Avez-vous
compris ?"
"Oui, Maître."
Tous se taisent et restent pensifs. Et si les bouches restent closes, on
devine clairement leurs pensées dans leurs regards, dans l'expression de leur
physionomie. Un grand désir de savoir tremble comme l'éther autour d'eux, se
dégageant d'eux...
224.5 – Le Zélote s'ingénie à
distraire ses compagnons pour avoir l'occasion de leur parler en particulier
et certainement de leur conseiller encore le silence. J'ai l'impression que
le Zélote exerce beaucoup ce rôle dans le groupe apostolique. C'est le
modérateur, le conciliateur, le conseiller de ses compagnons sans compter
qu'il est celui qui comprend si bien le Maître. Il dit maintenant :
"Nous voilà déjà sur les terres de Jeanne. Le pays qui est dans ce
berceau, c'est Béther. Ce palais, sur la crête, c'est son château natal.
Sentez-vous dans l'air ce parfum ? Ce sont les rosiers qui commencent à
le répandre au soleil matinal. Au soir, c'est un parfum puissant. Mais
maintenant ils sont si beaux à voir, dans cette fraîcheur du matin, encore
couverts de la rosée qui brille sur les corolles comme des millions de
diamants pendant qu'elles s'ouvrent au soleil. Au coucher du soleil, on
cueille toutes les fleurs arrivées à leur complet développement. Venez. Je
veux vous montrer d'un point de vue l'ensemble des roseraies qui de la cime
débordent en cascade sur les pentes de l'autre versant. C'est une cascade de
fleurs qui, ensuite, remonte comme une marée sur deux autres collines. C'est
un amphithéâtre, un lac de fleurs. C'est magnifique. La pente du chemin est
plus raide, mais cela vaut la peine de le suivre car on domine de là tout ce
paradis. Et nous serons vite arrivés au château. Jeanne y vit libre, au
milieu de ses paysans qui gardent seuls toute cette richesse. Mais eux aiment
tant leur maîtresse, qui fait de ces vallées un éden de beauté et de paix,
qu'ils valent mieux que tous les gardes d'Hérode. Voici, regarde,
Maître. Regardez, mes amis."
Haut
de page.
515> Et de la main, il montre un
hémicycle de collines envahies par les roses.
De quelque côté que l’œil se tourne sous des arbres très hauts, chargés
d'abriter des vents et des rayons trop chauds du soleil et de la grêle, des
rosiers et encore des rosiers. Le soleil se répand, et aussi l'air sous ces
abris légers qui voilent légèrement les plantes mais ne les oppriment pas, et
que les jardiniers maintiennent en état et sous lesquels vivent heureux les
plus beaux rosiers du monde. Il y a par milliers et milliers des rosiers de
toutes espèces : rosiers nains, bas, grands, très grands. Disposés en
touffes, comme des coussins brodés de fleurs aux pieds des arbres, sur les
prés d'herbes verdoyantes, ou formant des haies le long des sentiers, aux
bords des ruisseaux, en cercle autour des bassins d'irrigation, disséminés à
travers un parc qui englobe des collines, ou bien enroulés autour des arbres,
avec des chevelures fleuries qui d'un arbre à l'autre forment des festons et
des guirlandes. Un vrai jardin de rêve. Toutes les tailles, toutes les nuances
s'y trouvent et s'entremêlent, disposant les couleurs
ivoire des roses-thé auprès des couleurs rouge-sang d'autres corolles
et, régnant comme des souveraines grâce à leur nombre, les vraies roses de la
couleur des joues d'un enfant qui se dégrade sur les bords en blanc teinté de
rose.
Tous les disciples restent éberlués par tant de beauté.
"Mais que fait-elle de tout cela ?" demande Philippe.
"Elle en jouit" répond Thomas.
"Non. Elle en extrait aussi l'essence, donnant du travail à des
centaines de serviteurs fleuristes et aux habitués à l'extraction des
essences. Les romains en sont avides. Jonathas me le disait en me montrant
les comptes de la dernière récolte.
224.6 – Mais voilà là-bas Marie
d'Alphée avec l'enfant. Ils nous ont vu et ils appellent les autres..."
En effet, voici Jeanne et les deux Marie que précède Marziam qui descend en
courant, les bras ouverts pour embrasser. Elles se dirigent rapidement vers
Jésus et Pierre, et se prosternent devant Jésus.
"La paix à vous toutes. Ma Mère, où est-elle ?"
"Au milieu des rosiers, Maître, avec Élise. Oh ! Elle est bien
guérie ! Elle peut affronter le monde et te suivre. Merci de t'être
servi de moi pour cela."
Haut
de page.
516> "Merci à toi, Jeanne. Tu vois
qu'il était utile de venir en Judée ? Marziam, voici
des cadeaux pour toi. Ce beau fantoche et ces belles brebis. Cela te
plaît ?"
De joie, l'enfant en perd son souffle. Il va vers Jésus qui s'est penché pour
lui donner la figurine et il est resté ainsi pour le regarder en face. Et
l'enfant se jette à son cou, le baisant avec véhémence, tant qu'il peut.
"Ainsi, tu vas te faire doux comme les brebis et tu deviendras plus tard
un bon berger pour ceux qui croient en Jésus. N'est-ce pas ?"
Marziam dit oui, oui, oui, tout essoufflé, les yeux illuminés par la joie.
"Maintenant va trouver Pierre et Moi, je vais vers ma Mère. Je vois
là-bas un pan de son voile qui court le long d'une haie de rosiers."
Il court vers Marie et la reçoit sur son cœur au détour du sentier. Marie,
après le premier baiser, explique, encore toute essoufflée :
"Élise vient derrière... J'ai couru pour te donner le baiser... car, ne
pas te baiser, Fils, je ne le pouvais pas... et je ne voulais pas le faire
devant elle... Elle est bien changée... Mais son cœur souffre toujours devant
les joies des autres, qui lui sont pour toujours refusées. La voilà qui
vient."
Élise fait vivement les derniers pas et s'agenouille pour baiser le vêtement
de Jésus. Ce n'est plus la femme tragique de Bet-Çur, mais une vieille femme,
austère, marquée par la souffrance et par la trace qu'elle a laissée sur son
visage et dans son regard.
"Béni sois-tu, Maître, maintenant et toujours, pour m'avoir rendu ce que
j'avais perdu."
"Toujours plus de paix pour toi, Élise. Je suis content de te trouver
ici. Lève-toi."
"Moi aussi, je suis contente. J'ai tant de choses à te dire et à te
demander, Seigneur."
"Nous en aurons tout le temps car je vais rester ici quelques jours.
Viens que je te fasse connaître tes condisciples."
"Oh ! Tu as donc déjà compris ce que je voulais te dire ?! Que
je veux renaître à une vie nouvelle : la tienne ;
me refaire une famille : la tienne ; retrouver des fils : les
tiens. Comme tu l'as dit en parlant de Noémi dans ma maison, à Bet-Çur.
Moi, je suis une nouvelle Noémi, par ta grâce, mon Seigneur. Que tu en sois
béni. Je ne suis plus amère et stérile. Je serai encore mère. Et, si Marie le
permet, encore un peu ta mère et en plus la mère des fils de ta
doctrine."
|