Le mardi 27
février 1945.
288> 119.1 - Aujourd'hui l'assistance
d'hier a presque doublé. Il y a aussi des personnes qui ne sont pas de milieu
populaire, Certains sont venus à dos d'âne et prennent leur repas sous le
hangar. En attendant le Maître, ils ont attaché leurs montures aux poteaux.
La journée est froide, mais sereine. Les gens parlent entre eux, et ceux qui
sont les mieux informés expliquent qui Il est et pourquoi le Maître parle à
cet endroit. Quelqu'un dit :
"Mais est-il plus que Jean ?"
"Non. Il est différent. J'appartenais à Jean : lui est le Précurseur et la
voix de la justice. Celui-ci, c'est le Messie : c'est la voix de la sagesse
et de la miséricorde."
"Comment le sais-tu ?" demandent plusieurs.
"Ce sont trois disciples
attachés à Jean le Baptiste qui me l'ont dit. Si vous saviez ! Ils l'ont
vu naître. Pensez : il est né de la lumière. C'était une lumière tellement
forte, qu'eux qui étaient bergers, se sont sauvés hors du bercail au milieu
des animaux affolés et terrorisés. Ils ont vu Bethléem tout en feu et puis du
ciel sont venus ici-bas des anges. Avec leurs ailes, ils ont éteint le feu.
Par terre, il y avait Lui, l'Enfant né de la lumière. Tout le feu est devenu
une étoile..."
"Mais non, ce n'est pas ça."
"Oui, c'est comme ça. C'est ce que m'a dit, quand j'étais enfant un
homme qui était palefrenier à Bethléem.
Maintenant que le Messie est devenu homme, il s'en vante."
"Non, ce n'est pas non plus cela. L'étoile est venue plus tard. Elle est
venue avec les Mages d'Orient. L'un d'eux était parent de Salomon et par
conséquent du Messie, car Lui est de la race de David et David était le père
de Salomon. Salomon s'éprit de la reine de Saba parce qu’elle était belle et
à cause des présents qu'elle lui avait apportés. Elle en eut un fils qui est
de Judée, tout en étant d'au-delà du Nil."
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289> "Mais, qu'est-ce que tu racontes. Tu es
fou ?!"
"Non. Tu veux dire que ce n'est pas vrai qu'il lui apporta, lui le
parent, des aromates, comme c'est l'usage entre rois de cette
lignée ?"
"Moi, je sais ce qu'il en est, dit un autre. C'est ainsi, Je sais car
j'ai pour ami Isaac, l'un
des bergers, Donc l'Enfant est né dans une étable de la maison de David.
C'était la prophétie."
"Mais, n'est-il pas de Nazareth ?"
"Laissez-moi parler. Il est né à Bethléem parce qu'il est de la race de David, et c'était au
temps de l'édit. Les bergers ont vu une lumière, la plus belle qui ait
existé. Le
plus jeune, parce qu’il était innocent,
fut le premier à voir l'ange du
Seigneur. Sa voix harmonieuse comme une harpe, disait : "Le Sauveur est
né. Allez et adorez", et puis des anges, et encore des anges chantaient
"Gloire à Dieu et paix aux hommes bons". Et les bergers
allèrent et virent un tout petit enfant dans une mangeoire entre un bœuf et
un âne, la Mère et le père. Et ils l'adorèrent et puis ils l'amenèrent dans
la maison d'une brave femme.
Et l'Enfant grandissait, comme tous les enfants, beau, gentil, tout amour. Et
puis il vint des Mages d'au-delà de l'Euphrate et du Nil, parce qu'il avaient
vu une étoile et reconnu en elle l'étoile de Balaam . Mais l'Enfant était déjà capable de marcher. Le roi
Hérode ordonna l'extermination par jalousie à l'égard du futur roi. Mais l'ange
du Seigneur avait annoncé le danger.
Les enfants
de Bethléem moururent, mais pas Lui qui
s'était enfui plus loin que Matarea . Et puis, Il revint à Nazareth pour faire le menuisier.
Arrivé à son temps, après que le Baptiste, son cousin, l'eut annoncé, il a commencé sa mission et
d'abord il a cherché ses bergers. Il a guéri Isaac de la paralysie, après
trente années d'infirmité. Isaac est infatigable pour l'annoncer.
Voilà."
"Mais les trois disciples du Baptiste m'ont dit exactement ces
paroles !" dit le premier, mortifié...
"Et elles sont vraies. Ce qui ne l'est pas, c'est la description du
palefrenier. Il s'en vante ? Il ferait bien de dire aux Bethléemites
d'être bons. Il n'a pu prêcher ni à Bethléem ni à Jérusalem."
"Oui ! Mais penses-donc si les scribes et les pharisiens veulent de
ses paroles ! Ce sont des vipères et des hyènes, comme les appelle le
Baptiste."
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290> 119.2 - "Moi, je voudrais guérir.
Vois-tu ? J'ai une jambe gangrenée. J'ai souffert mortellement pour
venir ici à dos de bourrique, mais je l'avais cherché à Sion et il n'y était
plus..." dit quelqu'un.
"Ils l'ont menacé de mort..." dit un autre.
"Chiens !"
"Oui, d'où viens-tu ?"
"De Lidda."
"Longue route !"
"Moi... moi, je voudrais Lui dire mon erreur ... Je l'ai dite au
Baptiste, mais je me suis sauvé, tant il m'a adressé de reproches. Je pense
ne pouvoir plus être pardonné..." dit encore un autre.
"Qu'as-tu donc fait ?"
"Beaucoup de mal. Je le Lui dirai. Qu'en dites-vous ? Me
maudira-t-il ?"
"Non. Je l'ai entendu parler à Bethsaïda. Je m'y trouvais par hasard,
Quelles paroles !!! Il parlait d'une
pécheresse. Ah ! j'aurais presque
voulu être elle pour les mériter !..."dit un vieillard imposant.
119.3 - "Le voilà qui vient
" crient plusieurs voix.
"Miséricorde ! J'ai honte !" dit le coupable et il va
s'enfuir.
"Où fuis-tu, mon fils ? As-tu le cœur si noir pour haïr la Lumière
au point de devoir la fuir ? As-tu tellement péché que tu aies peur de
Moi : le Pardon ? Mais quel péché peux-tu avoir commis ? Même
si tu avais tué Dieu, tu ne devrais pas craindre, si tu as en toi un vrai repentir.
Ne pleure pas ! Ou plutôt, viens, pleurons ensemble." Jésus qui, en levant la main a arrêté sa fuite, le serre
maintenant contre Lui. Puis il se tourne vers ceux qui
attendent et leur dit : "Un moment seulement, pour soulager ce
cœur, et puis je viens à vous."
Il s'éloigne de la maison, se heurtant, en, tournant au coin, à la femme voilée qui est à son poste d'écoute. Jésus la regarde un
moment fixement, puis il fait encore une dizaine de pas et s'arrête.
"Qu'as-tu fait, fils ?"
L'homme tombe à genoux. C'est un homme d'une
cinquantaine d'années. Un visage brûlé par les passions et dévasté par
un tourment secret. Il tend les bras et crie :
"Pour dépenser avec les femmes tout l’héritage paternel, j'ai tué ma
mère et mon frère... Je n'ai plus eu de paix... Ma nourriture... du
sang ! Mon sommeil... un cauchemar ...Mon plaisir ...
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291> Ah ! sur le sein des femmes,
dans leur cri luxurieux, je sentais le cadavre glacé de ma mère morte, et le
râle de mon frère empoisonné. Maudites les femmes de plaisir : aspics,
méduses, murènes insatiables, ruine, ruine, ma ruine !"
"Ne maudis pas. Moi je ne te maudis pas..."
"Tu ne me maudis pas ?"
"Non. Je pleure et je prends sur Moi ton péché !...
Comme il est lourd ! Il me brise les membres, mais je le serre
étroitement, pour le consumer à ta place... et à toi, je donne le pardon.
Oui. Je te remets ton grand péché." Il étend les mains sur la
tête de l'homme qui sanglote et le prie : "Père, pour lui aussi mon
sang sera versé. En attendant voici mes larmes et ma prière. Père, pardonne
car il s'est repenti. Ton Fils, au jugement duquel tout est remis le
veut !..." Il reste encore quelques minutes ainsi, puis il se
penche, relève l'homme et lui dit : "La faute est remise, À toi,
maintenant d'expier par une vie de pénitence ce qui reste de ton délit."
"Est-ce que Dieu m'a pardonné ? Et ma mère ? et mon
frère ?"
"Ce que Dieu pardonne, tous le pardonnent. Va et ne pèche jamais
plus."
L'homme pleure plus fort et Lui baise la main, Jésus le laisse à ses larmes.
Il revient à la maison. La femme voilée semble vouloir aller à sa rencontre,
mais ensuite, elle baisse la tête et ne bouge pas. Jésus passe devant elle
sans la regarder.
119.4 - Il a gagné sa place, Il
parle :
"Une âme est revenue au Seigneur Bénie soit sa toute puissance qui
arrache à l'enlacement du démon les âmes qu'Il a créées et les remet sur le
chemin du Ciel Pourquoi cette âme s'était-elle perdue, Parce qu'elle avait
perdu de vue la Loi.
Il est dit dans le Livre que le Seigneur se manifesta sur le Sinaï dans toute
sa terrible puissance
pour dire aussi par elle : "Je suis Dieu. Voici ma volonté. Voilà
les foudres toutes prêtes pour ceux qui seront rebelles au vouloir de
Dieu".
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292> Et avant de parler, Il prescrivit
que personne du peuple ne montât pour contempler Celui qui est, et que même
les prêtres se purifiassent
avant de s'approcher de la limite fixée par Dieu, pour n'être pas frappés.
Cela, parce que c'était le temps de la justice et de l'épreuve. Les Cieux
étaient fermés comme par la pierre sur le mystère du Ciel et sur le courroux
de Dieu, et seules les flèches de la justice tombaient du Ciel sur les fils
coupables. Mais maintenant, non. Maintenant le Juste est venu accomplir toute
justice. Il est arrivé le temps où, sans foudre et sans limites, la Parole
Divine parle à l'homme, pour donner à l'homme la Grâce et la Vie.
119.5 - La première parole du Père et
Seigneur est celle-ci : "Je
suis le Seigneur ton Dieu" .
Il n'est pas un instant du jour où cette parole ne résonne et ne soit
manifestée par la voix et le doigt de Dieu. Où ? Partout... Tout ne
cesse de le dire. Depuis l'herbe jusqu'à l'étoile, de l'eau au feu, de la
laine à la nourriture, de la lumière aux ténèbres, de la santé à la maladie,
de la richesse à la pauvreté. Tout
le dit : "Je suis le Seigneur.
C'est par Moi que tu as ceci. Une de mes pensées te le donne, une
autre te l'enlève. Il n'est pas d'armée puissante ni de défense qui puisse te
faire échapper à ma volonté". Elle crie dans la voix du vent,
elle chante dans le murmure de l'eau, elle se répand dans le parfum des
fleurs. Elle se grave sur le sommet des monts. Elle murmure, elle parle, elle
appelle, elle crie dans les consciences : "Je suis le Seigneur ton
Dieu".
Ne l'oubliez jamais ! Ne fermez pas vos yeux, vos oreilles, n'étranglez
pas votre conscience pour ne pas l'entendre, cette parole. Elle n'en existe
pas moins. Le moment vient où sur le mur de la salle du festin, ou sur les
flots déchaînés de la mer, sur les lèvres rieuses de l'enfant ou sur la
pâleur du vieillard qui va mourir, sur la rose parfumée ou dans le tombeau
fétide, elle arrive, écrite par le doigt de feu de Dieu . Il vient un moment où, dans l'ivresse du vin et des
plaisirs, dans le tourbillon des affaires, dans le repos de la nuit, dans une
promenade solitaire, elle élève la voix et dit : "Je suis le
Seigneur ton Dieu" et cette chair que tu baises avidement, cette
nourriture que tu avales goulûment, et cet or que ton avarice accumule, et ce
lit où tu restes paresseusement, et le silence, et la solitude et le sommeil,
rien ne peut la faire taire.
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293> "Je suis le Seigneur ton Dieu", le Compagnon
qui ne t'abandonne pas, l'Hôte que tu ne peux chasser. Es-tu bon ? Voici
que l'hôte et compagnon est le bon Ami. Es-tu pervers et coupable ?
Voilà que l'hôte et compagnon devient le Roi irrité et ne donne pas la paix.
Mais Il ne quitte pas, ne quitte pas, ne quitte pas. Il
n'est permis qu'aux damnés de se séparer de Dieu. Mais la séparation est le tourment inapaisable et
éternel.
119.6 - "Je suis le Seigneur ton
Dieu" et j’ajoute "qui t'a tiré de la terre d'Égypte, de la maison
de l'esclavage ".
Oh ! combien en vérité maintenant, je le dit avec justesse !
De quelle Égypte, de quelle Égypte te tire-t-Il pour t'amener à la terre promise
qui n'est pas ce lieu-ci, mais le Ciel !
L'éternel Royaume du Seigneur où il n'y aura plus de faim ni de soif, de
froid ni de mort, mais où tout ruissellera de joie et de paix, et où tout
esprit sera rassasié de paix et de joie.
C'est à la vraie servitude que maintenant Il vous arrache. Voici le
Libérateur. C'est Moi. Je viens briser vos chaînes. Tout dominateur
humain peut connaître la mort, et par sa mort les peuples esclaves recouvrer
leur liberté. Mais Satan ne meurt pas. Il est éternel. C'est le dominateur qui
vous a mis dans les fers pour vous traîner où il le veut. Le péché est en
vous et le péché est la chaîne par laquelle Satan vous tient. Je viens briser
la chaîne. C'est au nom du Père que je viens et c'est aussi mon désir. C'est
pour que s'accomplisse la promesse qui n'a pas été comprise : "Je
t'ai tiré de l'Égypte et de l'esclavage".
C'est maintenant qu'elle a son accomplissement spirituel. Le Seigneur votre
Dieu vous enlève à la terre de l'idole qui séduisit les Premiers Parents, Il
vous arrache à l'esclavage de la faute, Il vous revêt de la Grâce, Il vous
admet à son Royaume. En vérité je vous dis que ceux qui viendront à Moi
pourront, dans la douceur de la voix paternelle, entendre le Très-Haut dire
en leur cœur bienheureux: "Je suis le Seigneur ton Dieu qui t'attire à
Moi libre et heureux".
Venez, Tournez vers le Seigneur votre cœur et votre visage, votre prière et
votre volonté. L'heure de la Grâce est venue."
119.7 - Jésus a terminé. Il passe en
bénissant et en caressant une petite vieille et une enfant toute brune et
toute rieuse.
"Guéris-moi, Maître. J'ai si mal !" dit le malade qui a la
gangrène.
"L'âme d'abord. L'âme d'abord. Fais pénitence..."
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294> "Donne-moi le baptême comme
Jean. Je ne puis aller à lui. Je suis malade."
"Viens."
Jésus descend vers le fleuve qui est au-delà de deux prés très grands et d'un
bois qui le cache. Il se déchausse, et de même l'homme qui s'est traîné là
avec ses béquilles. Ils descendent à la rive et Jésus, faisant une coupe de
ses deux mains réunies, répand l'eau sur la tête de l'homme qui est dans
l'eau jusqu'à mi-jambe.
"Maintenant, enlève les bandes" commande Jésus pendant qu'il
remonte sur le sentier.
L'homme obéit. La jambe est guérie. La foule crie de stupeur.
"Moi aussi !"
"Moi aussi."
"Moi aussi, le baptême de tes mains !" crient-ils, nombreux.
Jésus, qui est déjà à mi-chemin, se retourne :
"Demain. Maintenant partez et soyez bons. La paix soit avec vous."
Tout se termine et Jésus revient à la maison dans la cuisine déjà sombre bien
que ce ne soient encore que les premières heures de l'après-midi.
119.8 - Les disciples s'empressent
autour de Lui. Et Pierre demande :
"Cet homme que tu as emmené derrière la maison, qu'est-ce qu'il
avait ?"
"Besoin de purification."
"Il n'est pourtant pas revenu et n'a pas demandé le baptême."
"Il est allé où je l'ai envoyé."
"Où ?"
"À l'expiation, Pierre."
"En prison ?"
"Non, à la pénitence pour le reste de sa vie."
"Alors ce n'est pas avec l'eau qu'on purifie ?"
"Les larmes aussi, c'est de l'eau."
119.9 - "C'est vrai. Maintenant
que tu as fait un miracle, qui sait combien viendront !… Ils étaient
déjà le double aujourd'hui..."
"Oui. Si je devais tout faire, je ne le
pourrais pas. C'est vous qui baptiserez. D'abord un à la fois, puis vous
serez à deux, à trois, à plusieurs. Et Moi je prêcherai et je guérirai les
malades et les coupables."
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295> "Nous baptiser ?
Oh ! moi, je n'en suis pas digne ! Enlève-moi, Seigneur, cette
mission ! C'est moi qui ai besoin d'être baptisé !"
Pierre est à genoux et supplie.
Mais Jésus se penche et dit :
"C'est justement toi qui baptiseras, le premier. Dès demain."
"Non, Seigneur ! Comment ferai-je si je suis plus noir que cette
cheminée ?"
Jésus sourit de l'humble sincérité de l'apôtre qui est à genoux contre ses
genoux, sur lesquels il tient jointes ses deux grosses mains de pêcheur.
Ensuite, il le baise au front à la limite des cheveux grisonnants qui se
hérissent plutôt qu'ils ne frisent : "Voilà. Je te baptise d'un
baiser. Es-tu content ?"
"Je ferais tout de suite un autre péché pour avoir un autre
baiser !"
"Pour ça, non. On ne se moque pas de Dieu en abusant de ses dons."
"Et à moi, tu ne donnes pas un baiser ? J'ai bien encore quelque
péché." dit l'Iscariote.
Jésus le regarde fixement. Son regard si mobile passe de la lumière joyeuse
qui l'éclairait pendant qu'il parlait à Pierre, à une ombre sévère, je dirais
de lassitude, et il dit : "Oui... à toi aussi. Viens. Je ne suis
injuste avec personne. Sois bon, Judas. Si tu voulais !... Tu es jeune.
Toute une vie devant toi pour monter sans cesse jusqu'à la perfection de la
sainteté..." et il le baise.
"À ton tour, maintenant, Simon, mon
ami. Et toi, Matthieu, ma victoire. Et toi, sage Barthélemy. Et toi, fidèle Philippe. Et toi, Thomas, à la joyeuse volonté. Viens. André à
l'activité silencieuse. Et toi, Jacques de la première rencontre. Et maintenant toi, (Jean) joie de ton Maître. Et toi. Jude, compagnon d'enfance et de jeunesse. Et toi, Jacques, qui me rappelle le Juste dans ton physique et par ton
cœur. Voilà. tous, tous... Mais rappelez-vous que si mon amour est multiple,
il demande aussi votre bonne volonté. Un pas de plus en avant dans votre vie
de mes disciples vous le ferez à partir de demain. Mais pensez que chaque pas
en avant est un honneur, une obligation."
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296> 119.10 - "Maître... dit Pierre, un
jour tu as dit à Jean, Jacques, André et moi, que tu nous aurais enseigné à
prier . Je pense que si
nous priions comme tu pries, nous pourrions être capables et dignes du
travail que tu nous demandes."
"Je t'ai
aussi répondu, alors : "Quand vous serez suffisamment formés, je
vous apprendrai la prière sublime.
Pour vous laisser ma prière. Mais elle aussi ne sera rien du tout si elle
n'est dite qu'avec les lèvres. Pour l'heure, élevez-vous, avec l'âme et la
volonté, vers Dieu. La prière est un don que Dieu concède à l'homme et que
l'homme donne à Dieu"
"Et comment ? Nous ne sommes pas encore dignes de prier ?
Israël tout entier prie..." dit l'Iscariote.
"Oui, Judas, mais tu vois, d'après ses œuvres comment prie Israël, Je ne
veux pas faire de vous des traîtres. Qui ne prie qu'extérieurement sans
dispositions intérieures, s'oppose au bien, c'est un traître."
119.11 - "Et les miracles, demande
toujours Judas, quand est-ce que tu nous les feras faire ?"
"Nous, des miracles, nous ? Miséricorde éternelle ! Nous
buvons pourtant de l'eau pure ! Nous, des miracles ? Mais, garçon,
tu divagues ?" Pierre est scandalisé, effrayé, hors de lui-même.
"Il nous l'a dit, en Judée . N'est-il pas
vrai, peut-être ?"
"Oui, que c'est vrai. Je l'ai dit et vous en
ferez. Mais tant que vous serez trop charnels,
vous n'aurez pas de miracles."
"Nous ferons des jeûnes." dit l’Iscariote.
"Inutile. Par la chair, j'entends les passions dépravées, la triple faim
et, dans le sillage de cette perfide trinité, la cohorte de ses vices...
Pareils aux enfants d'une déshonorante bigamie, l'orgueil de l'esprit
engendre, avec la convoitise de la chair et de la domination, tous les maux
qui se trouvent dans l'homme et dans le monde."
"Nous, pour Toi, nous avons quitté tout ce que nous avions."
réplique Judas.
"Mais pas vous-mêmes."
"Nous devons mourir, alors ? Pour être avec Toi, nous le ferons,
moi, du moins..."
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297> "Non. Je ne demande pas votre mort matérielle. Je
demande que meurent en vous les tendances animales et sataniques, et elles ne
meurent pas tant que la chair garde ses désirs, tant que le mensonge,
l'orgueil, la colère, la fierté, la gourmandise, l'avarice, la paresse
demeurent en vous. "
"Nous sommes tellement hommes à côté de Toi tellement saint !"
murmure Barthélemy.
"Et il a toujours été aussi saint. Nous pouvons le dire." affirme
le cousin Jacques.
"Lui sait comme nous sommes..., dit Jean. Nous ne devons pas être
abattus pour cela. Mais Lui dire seulement : donne-nous, jour après jour, la
force de te servir. Si nous disions : "Nous sommes sans péché"
nous serions trompés et trompeurs. De qui donc ? De nous-mêmes qui
savons ce que nous sommes, même si nous ne voulons pas le dire ? De Dieu
que l'on ne trompe pas ? Mais si nous disons : "Nous sommes
faibles et pécheurs. Viens à notre aide avec ta force et ton pardon"
Dieu, alors, ne nous décevra pas, et dans sa bonté et sa justice, Il nous
pardonnera et nous purifiera de l'iniquité de nos pauvres cœurs."
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