Le dimanche 5
novembre 1944.
416> 62.1 – Je vois Jésus
qui sort, en faisant le moins de bruit possible de la
maison de Pierre à Capharnaüm. On comprend qu'il y
passé la nuit pour faire plaisir à son Pierre.
C'est encore la nuit profonde. Le ciel est tout constellé
d'étoiles. Le lac reflète à peine leur éclat, on devine plutôt qu'on ne
distingue ce lac tranquille qui dort sous la lueur des étoiles, que par le
léger bruissement de l'eau sur la grève.
Jésus repousse la porte, regarde le ciel, le lac, la route. Il réfléchit puis
s'achemine non le long du lac, mais vers le pays. Il suit quelque temps cette
direction puis va vers la campagne. Il y entre, marche, s'enfonce, prend un
sentier qui se dirige vers les premières ondulations d'un terrain planté
d'oliviers, il entre dans cette paix verte et silencieuse, et là, se
prosterne en prière.
Ardente prière ! Il prie à genoux, et puis, comme fortifié, se lève et
prie encore, le visage levé en haut, un visage encore plus spiritualisé par
la lumière naissante qui vient d'une sereine aube estivale. Il prie,
maintenant, en souriant alors qu'auparavant il poussait de profonds soupirs
comme sous l'influence d'une peine morale. Il prie les bras ouverts. Il
semble une croix vivante, élevée, angélique, tellement la suavité en émane.
Il paraît bénir toute la campagne, le jour qui naît, les étoiles qui disparaissent,
le lac qui se découvre.
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417> 62.2 – "Maître ! Nous
t'avons tant cherché ! Nous avons vu la porte poussée du dehors quand
nous sommes revenus avec le poisson, et nous avons pensé que tu étais sorti.
Mais nous ne te trouvions pas. Finalement nous avons été informés par un
paysan qui chargeait ses paniers pour les porter à la ville. Nous t'appelions
: "Jésus, Jésus !".et il nous a dit : "Vous cherchez
le Rabbi qui parle aux foules ? Il est allé par ce sentier,
là-haut vers la colline. Il doit être dans l'oliveraie de Michée
car il y va souvent. Je l'ai vu d'autres fois". Il avait raison.
Pourquoi es-tu sorti si tôt, Maître ? Pourquoi ne t'es-tu pas
reposé ? Peut-être le lit n'était commode... "
"Non Pierre. Le lit était très bien et la chambre gaie, mais j'ai
l'habitude de sortir souvent de bonne heure, pour élever mon esprit et m'unir
au Père. La prière est
une force, pour soi et pour les autres. On obtient tout par la prière. Le
Père n'accorde pas toujours la grâce qu'on Lui demande. Il ne faut pas penser
que cela soit de sa part un manque d'amour, il faut croire que ce refus
correspond à un plan qui organise au mieux la destinée de chaque personne.
Mais la prière apporte, à coup sûr, la paix et l'équilibre qui permettent de
résister à tant de choses qui nous heurtent, sans quitter le sentier de la
sainteté. Il est facile, Pierre, tu le sais, que tout ce qui nous entoure
obscurcisse notre esprit et agite notre cœur ?! Et dans
l'obscurcissement de notre pensée et l'agitation du cœur comment Dieu
pourrait-il se faire écouter ?"
"C'est vrai, mais nous, nous ne savons pas prier ! Nous ne savons
pas dire les belles paroles que Toi tu dis."
"Dites ce que vous savez, comme vous le savez. Ce ne sont pas les
paroles, mais les sentiments qui les accompagnent qui rendent les prières
agréables au Père."
"Nous voudrions prier comme Toi tu pries."
"Je vous apprendrai aussi à prier.
Je vous enseignerai la plus sainte des prières,
mais, pour qu'elle ne soit pas une vaine formule sur vos lèvres, je veux que
votre cœur possède déjà en lui-même un minimum de sainteté, de lumière, de
sagesse... C'est dans ce but que je vous instruis. Plus tard, je vous
enseignerai la sainte prière.
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418> 62.3 – Vous m’avez recherché parce
que vous attendez quelque chose de ma part ?
"Non, Maître. Mais il y en a tant qui attendent beaucoup de Toi !
Il y avait déjà des gens qui allaient vers Capharnaüm, c'était des pauvres,
des malades, des personnes affligées, des hommes de bonne volonté qui
désiraient s'instruire, Nous leur avons dit, puisqu'ils demandaient après Toi
: " Le Maître est fatigué et il dort. Allez-vous-en, venez au prochain
sabbat ".
"Non, Simon. Il ne faut pas dire cela. Il n'y a pas qu'un seul jour pour
la pitié. Je suis l'Amour, la Lumière, le Salut, tous les jours de la
semaine."
"Mais... mais, jusqu'à présent, tu n'as parlé que le sabbat. "
"Parce que j'étais encore inconnu. Mais peu à peu, à mesure que l'on me
connaîtra, chaque jour, il y aura effusion de grâce et de la Grâce. En
vérité, je te dis qu'il viendra un temps où même l'espace de temps accordé au
passereau pour se reposer sur un branche et se rassasier de graines, ne sera
pas laissé au Fils de l'homme pour prendre son repos et son repas."
"Mais alors tu tomberas malade ! Nous ne le permettrons pas Il ne
faut pas que ta bonté te rende malheureux."
"Et tu penses que cela puisse me rendre malheureux, Moi ? Oh mais
si le monde entier venait à Moi pour m'écouter, pour pleurer ses péchés et
reposer ses souffrances sur mon cœur, pour être guéri, dans son âme et dans
son corps, si je m'épuisais à leur parler, à leur pardonner, à répandre ma
bienfaisante puissance c'est alors que je serais si heureux, Pierre, que je
ne regretterai pas même le Ciel où j'étais dans le Père !...
62.4 – D'où étaient ces gens qui
venaient à Moi ?"
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"De Chorazeïn
,
de Bethsaïde,
de Capharnaüm
et il en était venu jusque de Tibériade
et de Gerghesa
,
et de centaines, et de centaines de petits pays disséminés entre l'une ou
l'autre ville."
"Allez leur dire que je serai à Chorazeïn, à Bethsaïda et dans les
bourgades entre telle et telle autre."
"Pourquoi pas à Capharnaüm ?"
"Parce que je suis pour tous et que tous doivent m'avoir, et puis... il
y a le vieil
Isaac qui m'attend... Il ne faut pas qu'il soit déçu dans son
espoir."
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419> "Tu nous attends ici,
alors ?"
"Non. Je m'en vais et vous, vous restez à Capharnaüm pour m'envoyer les
foules, puis je reviendrai."
"Nous restons seuls ?" Pierre est tout triste.
"Il ne faut pas t'attrister. L'obéissance te rende gai et qu'avec
elle tu sois persuadé d'être un disciple utile. Et les autres aussi avec toi
et comme toi."
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