Le mercredi 10 avril 1946.
397> 413.1 – Jésus entre dans la maison de son hôte,
peu éloignée du Temple mais dans la
direction du quartier qui est aux pieds de Tophet.
C'est une maison pleine de dignité, un peu austère, de
strict pratiquant, et même de pratiquant exagéré. Je crois que les
clous eux-mêmes
sont placés pour leur nombre et leur position comme le prescrit quelques-uns
des six cent treize préceptes. Pas un dessin dans les étoffes, pas un
ornement sur les murs, pas un bibelot... rien de ces petites choses qui, même
dans les maisons de Joseph
et de Nicodème et des
pharisiens de Capharnaüm eux-mêmes, sont là pour embellir la maison. Cette
maison transpire de toutes parts l'esprit de son propre maître. Glaciale,
tellement elle est dépouillée de tout ornement. Austère dans les meubles
sombres et lourds, équarris comme autant de sarcophages. Repoussante. Une
maison qui n'accueille pas mais enserre hostilement celui qui y pénètre.
Et Elchias le fait
remarquer et s'en vante.
"Tu vois, ô Maître, comme je suis respectueux? Tout le dit. Regarde: des
rideaux sans dessins, des meubles sans ornements, rien comme vases sculptés
ou comme lampadaires qui imitent les fleurs. Il y a tout, mais tout est réglé
suivant le précepte: "Tu ne te feras pas de sculptures, ni de
représentations de ce qui est là-haut au ciel, ni en bas sur la terre, ou
dans les eaux au-dessous de la terre". Ainsi en est-il dans ma maison comme dans mes
vêtements et ceux de ma maison. Moi, par exemple, je n'approuve pas en ton
disciple (l'Iscariote) ces
travaux sur le vêtement ou sur le manteau. Tu me diras: "Il y en a
beaucoup qui en portent". Tu diras: "Ce n'est qu'une grecque" . Bon ! Mais avec ces angles, avec ces formes, cela
rappelle trop les signes de l'Égypte. Horreur ! Chiffres
démoniaques ! Signes de nécromancie ! Sigles de Belzébuth !
Cela ne te fait pas honneur, ô Judas de Simon, de les porter, ni à Toi, Maître, de le lui permettre."
Judas répond par un petit rire sarcastique. Jésus répond humblement :
"Plus que les signes des vêtements, je veille à ce qu'il n'y ait pas de
signes d'horreur dans les cœurs.
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398> Mais je vais prier et même je prie dès maintenant mon
disciple de porter des habits moins ornés pour ne scandaliser personne."
Judas a un bon mouvement :
"Vraiment mon Maître m'a dit plusieurs fois qu'il aurait préféré plus de
simplicité dans mes vêtements. Mais moi... j'ai fait ce que je voulais parce
qu'il me plaît d'être habillé ainsi."
"C'est mal, très mal. Qu'un galiléen fasse la leçon à un juif c'est très
mal pour toi qui étais du Temple... oh !" Elchias se montre tout à
fait scandalisé et ses amis font chorus.
Judas est déjà las d'être bon. Et il réplique :
"Oh ! alors il y aurait tant de choses pompeuses à enlever même
pour vous du Sanhédrin ! S'il vous fallait
enlever tous les dessins mis pour couvrir la physionomie de vos âmes, vous
feriez bien triste figure."
"Comment parles-tu ?"
"Comme quelqu'un qui vous connaît."
"Maître ! Mais tu l'entends ?"
"J'entends et je dis qu'il faut de l'humilité de part et d'autre, et
dans les deux la vérité, et une compassion réciproque. Dieu seul est
parfait."
"Bien dit, ô Rabbi !" dit l'un des amis... Une voix timide,
solitaire, dans le groupe pharisaïque et doctoral.
"Mal dit, au contraire, réplique Elchias. Le Deutéronome est clair dans
ses malédictions. Il dit : "Maudit celui qui fait des images
sculptées ou fondues, choses abominables, œuvres de mains d'artisans et..."
"Mais ce sont des vêtements, ce ne sont pas des sculptures" répond
Judas.
"Fais silence, toi. Ton Maître parle. Elchias, sois juste et fait la
distinction. Maudit celui qui fait des idoles, mais pas celui qui fait des
dessins en copiant ce que le Créateur a mis de beau dans la création. Nous
cueillons aussi des fleurs pour orner..."
"Moi, je n'en cueille pas et je ne veux pas en voir ornées les pièces.
Malheur aux femmes de ma maison si elles font ce péché même dans leurs
pièces. Il n'y a que Dieu qu'il faut admirer."
"Juste pensée. Dieu seul. Mais on peut admirer Dieu même dans une fleur,
en reconnaissant que c'est Lui l'Artisan de la fleur."
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399> "Non ! non ! Paganisme !
Paganisme !"
"Judith s'est parée et aussi Esther dans un but qui était saint..."
"Des femmes ! Et la femme est toujours un être
méprisable.
413.2 – Mais je te prie, Maître, d'entrer
dans la salle du banquet pendant que je me retire un moment car je dois
parler avec mes amis."
Jésus accepte sans discuter.
"Maître... je respire mal… !" s'exclame Pierre.
"Pourquoi ? Tu te sens mal ?" demandent certains.
"Non. Mais mal à l'aise... comme quelqu'un qui est tombé dans un
piège."
"Ne t'agite pas et soyez tous très prudents" conseille Jésus.
Ils restent en groupe et debout jusqu'à ce que rentrent les pharisiens suivis
des serviteurs.
"Aux tables, sans tarder. Nous avons une réunion et nous ne pouvons nous
attarder" ordonne Elchias et il assigne les places alors que déjà les
serviteurs découpent les viandes.
Jésus est à côté d'Elchias et près de Lui se trouve Pierre. Elchias offre les
mets, et le repas commence dans un silence terrifiant... Mais ensuite
s'échangent les premiers mots, adressés naturellement à Jésus car on délaisse
les douze autres comme s'ils n'étaient pas là.
413.3 – Le premier qui interroge est un
docteur de la Loi.
"Maître, tu es donc sûr d'être ce que tu dis ?"
"Ce n'est pas Moi qui le dis de ma bouche. Les prophètes l'ont dit avant
que je sois parmi vous."
"Les prophètes !... Toi qui nies que nous soyons saints, peux-tu
aussi considérer comme bonne ma parole si je dis que nos prophètes peuvent
être des exaltés ?"
"Les prophètes sont saints."
"Et pas nous, n'est-ce pas ? Mais regarde que Sophonie joint les
prophètes aux prêtres dans sa condamnation de Jérusalem : "Ses
prophètes sont des exaltés, des hommes sans foi, et ses prêtres profanent les
choses saintes et violent la Loi".
Toi, tu nous reproches cela continuellement. Mais si tu acceptes le prophète
dans la seconde partie de ce qu'il dit, tu dois l'accepter aussi dans la
première et reconnaître que l'on ne peut s'appuyer sur des paroles qui sont
dites par des exaltés."
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400> "Rabbi d'Israël, réponds-moi.
Quand quelques lignes plus loin, Sophonie dit : "Chante et
réjouis-toi, ô fille de Sion...
Le Seigneur a retiré le décret contre toi... le Roi d'Israël est au milieu de
toi",
ton cœur accepte-t-il ces paroles ?"
"C'est ma gloire de me les répéter en songeant à ce jour."
"Mais ce sont des paroles d'un prophète, d'un exalté, par
conséquent..."
Le docteur de la Loi reste un moment interdit. Un ami vient à son secours.
"Personne ne peut mettre en doute qu'Israël régnera. Ce n'est pas un,
mais tous les prophètes et les pré-prophètes, c'est-à-dire les patriarches,
qui ont dit cette promesse de Dieu."
"Et pas un des pré-prophètes et des prophètes n'a manqué de m'indiquer
pour ce que je suis."
"Oh ! bien ! Mais nous n'avons pas les preuves ! Tu peux
être, Toi aussi, un exalté. Quelles preuves nous donnes-tu que tu es le
Messie, le Fils de Dieu ? Donne-moi un délai pour que je puisse le
juger."
"Je ne te parle pas de ma mort décrite par David
et par Isaïe,
mais je te parle de ma Résurrection."
"Toi ? Toi ? Toi ressusciter ? Et qui te fera
ressusciter ?"
"Certainement pas vous, ni le Pontife, ni le monarque, ni les castes, ni
le peuple. C'est par Moi-même que je ressusciterai."
"Ne blasphème pas, ô Galiléen, et ne mens pas !"
"Je ne fais que rendre honneur à Dieu et dire la vérité. Et avec
Sophonie je te dis : "Attends-moi à ma résurrection".
Jusqu'alors tu pourras avoir des doutes, vous pourrez tous en avoir et vous
pourrez travailler à les inoculer au peuple. Mais vous ne le pourrez plus
quand l'Éternel Vivant, après avoir racheté, ressuscitera par Lui-même pour
ne plus mourir. Juge intangible, Roi parfait avec son sceptre et sa justice
il gouvernera et jugera jusqu'à la fin des siècles et il continuera de régner
dans le Ciel pour toujours."
413.4 – "Mais tu ne sais pas que tu
parles à des docteurs et à des sanhédristes ?" dit Elchias.
"Et par conséquent ? Vous m'interrogez, Moi je vous réponds. Vous
montrez le désir de savoir. Moi, je vous illustre la vérité.
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401> Toi qui pour un dessin sur un
vêtement as rappelé la malédiction du Deutéronome,
tu ne voudras pas me faire venir à l'esprit son autre malédiction :
"Maudit celui qui frappe en cachette son prochain".
"Moi, je ne te frappe pas. Je te donne de la nourriture."
"Non. Mais les questions insidieuses sont des coups donnés dans le dos.
Attention, Elchias, car les malédictions de Dieu se suivent et celle que j'ai
citée est suivie de cette autre : "Maudit celui qui accepte des
cadeaux pour condamner à mort un innocent."
"En ce cas les cadeaux c'est Toi qui les acceptes, Toi, mon hôte."
"Moi, je ne condamne pas, pas même les coupables s'ils se sont
convertis."
"Tu n'es pas juste, alors."
"Non, il est juste. Car il compte que le repentir mérite le pardon, et
c'est pour cela qu'il ne condamne pas" dit cet homme qui dans l'atrium
de la maison a déjà approuvé Jésus.
"Tais-toi donc, Daniel ! Tu veux en savoir plus que nous ? Ou bien
tu es séduit par quelqu'un sur qui il y a encore beaucoup à décider, et qui
ne fait rien pour nous aider à décider en sa faveur?" dit un docteur.
"Je sais que vous êtes les sages et moi un simple juif qui ne sais même
pas pourquoi vous me voulez si souvent parmi vous..."
"Mais parce que tu es un parent ! C'est facile à comprendre !
Et moi, je veux que soient saints et sages ceux qui entrent dans ma
parenté ! Je ne puis permettre l'ignorance en ce qui concerne
l'Écriture, la Loi, les Halachah, Midrashim et l'Hagadah. Et je ne la supporte pas. Il faut tout
connaître, tout observer..."
"Et je te suis reconnaissant pour tant de soin. Mais moi, simple
cultivateur, devenu indignement ton parent, je ne me suis préoccupé de
connaître l'Écriture et les Prophètes que pour avoir du réconfort dans ma
vie. Et avec la simplicité de quelqu'un qui n'est pas savant, je t'avoue que
je reconnais dans le Rabbi le Messie précédé de son Précurseur qui nous l'a
indiqué... Et Jean, tu ne peux le nier, était possédé par
l'Esprit de Dieu."
Un silence. Nier que le Baptiste fût infaillible, ils ne le veulent pas. Le
reconnaître infaillible, non plus.
Et alors un autre dit :
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402> "Allons... Disons que le Précurseur est le
précurseur de cet ange que Dieu envoie pour préparer la voie au Christ. Et... admettons que dans le Galiléen, il y a une
sainteté suffisante pour juger que c'est Lui cet ange. Après Lui viendra le
temps du Messie. Est-ce que ma pensée ne vous paraît pas conciliante pour
tous ? L'acceptes-tu, Elchias ? Et vous, mes amis ? Et Toi,
Nazaréen ?"
"Non."
"Non."
"Non."
Les trois non sont pleins d'assurance.
"Comment ? Pourquoi n'approuvez-vous pas ?"
Elchias se tait, ses amis se taisent. Seul Jésus, sincère, répond :
"Parce que je ne puis approuver une erreur. Je suis plus qu'un ange.
L'ange c'était le Baptiste, Précurseur du Christ, et le Christ, c'est
Moi."
413.5 – Un silence glacial, prolongé.
Elchias, le coude appuyé sur le lit de table, la joue appuyée à la main,
réfléchit, dur, fermé, comme tous ceux de sa maison.
Jésus se tourne et le regarde, et puis il dit :
"Elchias, Elchias, ne confonds pas la Loi et les Prophètes avec des
bagatelles !"
"Je vois que tu as lu ma pensée. Mais tu ne peux nier que tu as péché en
transgressant le précepte."
"Comme toi, et par ruse, par conséquent en faisant une faute plus
grande, tu as transgressé le devoir de l'hospitalité, et tu l'as fait avec la
volonté de le faire. Tu m'as distrait et puis tu m'as envoyé ici, pendant que
tu te purifiais avec tes amis et, à ton retour, tu nous as prié d'être
expéditifs, à cause d'une réunion que tu avais, et tout cela pour pouvoir me
dire : "Tu as péché".
"Tu pouvais me rappeler mon devoir de te donner de quoi te
purifier."
"Il y a tant de choses que je pourrais te rappeler, mais cela ne
servirait qu'à te rendre plus intransigeant et plus hostile."
"Non. Dis-les, dis-les. Nous voulons t'écouter et..."
"Et m'accuser auprès du Prince des Prêtres. C'est pour cela que je t'ai
rappelé la dernière et l'avant-dernière malédiction.
Je le sais. Je vous connais. Je suis ici, désarmé, parmi vous. Je suis ici,
isolé du peuple qui m'aime et devant lequel vous n'osez pas m'attaquer.
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403> Mais je n'ai pas peur. Mais je ne
me plierai pas à des compromissions et je ne commettrai pas de lâchetés. Et
je vous dis votre péché, et celui de toute votre caste et le vôtre, ô
pharisiens, faux purs observateurs de la Loi, ô docteurs, faux sages, qui confondez
et mélangez volontairement le vrai et le faux bien, qui imposez aux autres et
exigez d'eux la perfection jusque dans les choses extérieures et de vous
n'exigez rien. Vous me reprochez, d'accord avec votre hôte et le mien, de ne
pas m'être lavé avant le déjeuner. Vous savez que je viens du Temple auquel
on ne peut accéder qu'après s'être purifié des impuretés de la poussière et
de la route. Voulez-vous alors avouer que le Lieu Saint est
contamination ?"
"Nous nous sommes purifiés avant d'être allés à table."
"Et à nous, on nous a imposé : "Allez-y, attendez". Et
ensuite : "Aux tables sans tarder". Entre tes murs vierges de
dessins il y avait donc un dessein : celui de me tromper. Quelle main
l'a écrit sur les murs, le motif d'une accusation possible ?
Ton esprit ou une autre puissance qui le conduit et que tu écoutes ?
Eh bien, écoutez tous."
413.6 – Jésus se dresse debout, et tenant
ses mains appuyées sur le bord de la table, il commence ses invectives :
"Vous autres pharisiens, vous lavez
l'extérieur de la coupe et du plat, et vous vous lavez
les mains et les pieds, comme si le plat et la coupe, les mains et les pieds
devaient entrer dans votre esprit que vous aimez proclamer pur et parfait.
Mais ce n'est pas vous, mais Dieu qui doit le proclamer. Eh bien sachez ce
que Dieu pense de votre esprit. Lui pense qu'il est rempli de mensonge, de
souillure et de violence, il est plein de méchanceté et rien de ce qui vient
de l'extérieur ne peut corrompre ce qui est déjà corruption."
Il détache sa main droite de la table et involontairement commence à faire
des gestes alors qu'il continue :
"Mais Celui qui a fait votre esprit comme Il a fait votre corps, ne
peut-Il pas exiger, au moins dans une égale mesure, pour l'intérieur le
respect que vous avez pour l'extérieur ?
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404> O sots qui changez
les deux valeurs et en intervertissez l'importance, mais est-ce que le
Très-Haut ne voudra pas pour l'esprit un soin plus grand, lui qu'il a fait à
sa ressemblance et qui par la corruption perd la vie éternelle, que pour la
main ou le pied dont la saleté peut être lavée facilement et qui, même s'ils
restaient sales n'auraient pas d'influence sur la pureté intérieure ? Et
est-ce que Dieu peut se préoccuper de la propreté d'une coupe ou d'un plateau
alors que ce sont des choses sans âmes et qui ne peuvent avoir de l'influence
sur votre âme ?
Je lis ta pensée, Simon Boetos. Non. Elle
ne s'impose pas. Ce n'est pas par souci de
santé, pour protéger la chair, la vie, que vous prenez ces soins, que vous
pratiquez ces purifications. Le péché charnel, et aussi les péchés de
gourmandise, d'intempérance, de luxure, sont plus nuisibles à la chair qu'un
peu de poussière sur les mains ou sur un plat. Et pourtant vous les pratiquez
sans vous préoccuper de protéger votre existence et de sauvegarder votre
famille. Et vous faites des péchés de plusieurs espèces car, outre la
contamination de l'esprit et de votre corps, le gaspillage de substance, le
manque de respect pour les vôtres, vous offensez le Seigneur par la
profanation de votre corps, temple de votre esprit, où devrait se trouver le
trône de l'Esprit Saint; et vous offensez aussi le Seigneur par le péché que
vous faites en estimant qu'il vous revient de vous protéger des maladies qui
viendraient d'un peu de poussière, comme si Dieu ne pouvait intervenir pour
vous protéger des maux physiques si vous recourez à Lui avec un esprit pur.
413.7 – Mais Celui qui a créé l'intérieur
n'a-t-Il pas peut-être créé l'extérieur et réciproquement ? Et n'est-ce
pas l'intérieur qui est le plus noble et qui porte davantage l'empreinte de
la divine ressemblance ?
Faites alors des œuvres qui soient dignes de Dieu et non pas des mesquineries
qui ne s'élèvent pas au-dessus de la poussière pour laquelle et de laquelle
elles sont faites, de la pauvre poussière qu'est l'homme considéré comme
créature animale, fange qui a reçu une forme et qui redevient poussière que
disperse le vent des siècles. Faites des œuvres qui demeurent, qui soient des
œuvres royales et saintes, des œuvres couronnées par la divine bénédiction.
Faites des œuvres de charité et faites l'aumône, soyez honnêtes, soyez purs
dans vos œuvres et dans vos intentions et, sans recourir à l'eau des
ablutions, tout sera pur en vous.
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405> Mais que vous croyez-vous ? Que vous
êtes en règle parce que vous payez les dîmes sur les épices ? Non.
Malheur à vous, ô pharisiens, qui payez les dîmes de la menthe et de la rue,
de la moutarde et
du cumin, du fenouil et des autres herbes, et qui négligez ensuite la justice
et l'amour de Dieu. Payer les dîmes est un devoir
et il faut le faire, mais il y a des devoirs plus élevés et eux aussi il faut
les accomplir. Malheur à celui qui observe les choses extérieures et néglige
celles intérieures basées sur l'amour de Dieu et du prochain. Malheur à vous,
pharisiens, qui aimez les premières places dans les synagogues et dans les
assemblées et qui aimez à être honorés sur les places publiques et qui ne
pensez pas à faire des œuvres qui vous donnent une place au Ciel et qui vous
méritent le respect des anges. Vous êtes semblables à des tombeaux cachés qui
passent inaperçus pour celui qui les frôle et n'en éprouve pas de dégoût,
mais qui serait dégoûté s'il pouvait voir ce qu'ils renferment. Dieu pourtant
voit les choses les plus secrètes et ne se trompe pas quand Il vous
juge."
413.8 – Il est interrompu par un docteur de
la Loi, qui lui aussi se lève pour le contredire :
"Maître, en parlant ainsi, tu nous offenses nous aussi;
et cela ne te convient pas parce que nous ensuite nous devons te juger."
"Non. Pas vous. Vous ne pouvez pas me
juger. Vous êtes ceux qu'on juge et non pas ceux qui jugent, et Celui qui vous
juge c'est Dieu. Vous pouvez parler, émettre des sons avec vos lèvres. Mais
même la voix la plus puissante n'arrive pas aux Cieux et ne parcourt pas
toute la terre. Après un peu d'espace, c'est le silence... et après un peu de
temps, c'est l'oubli. Mais le jugement de Dieu c'est une voix qui demeure et
n'est pas sujette à l'oubli. Des siècles et des siècles se sont écoulés
depuis que Dieu a jugé Lucifer et qu'il a jugé Adam, mais la voix de ce
jugement ne s'éteint pas, mais les conséquences de ce jugement existent.
Et si maintenant je suis venu rapporter la Grâce aux hommes, par
l'intermédiaire du Sacrifice parfait, le jugement sur l'acte d'Adam reste ce
qu'il est et il sera toujours appelé "Faute d'origine". Les hommes
seront rachetés, lavés par une purification supérieure à toute autre. Mais
ils naîtront avec cette marque, car Dieu a jugé que cette marque doit exister
sur tout être né de la femme, sauf pour Celui qui a été fait non par œuvre
d'homme mais par l'Esprit Saint, et pour la Préservée et le Présanctifié,
vierges pour l'éternité. La Première pour pouvoir être la Vierge Mère de
Dieu, le second pour pouvoir être le Précurseur de l'Innocent en naissant
déjà pur, par l'effet d'une jouissance anticipée des mérites infinis du
Sauveur Rédempteur.
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406> 413.9 – Et Moi, je vous dis que Dieu vous
juge, et il vous juge en disant : "Malheur
à vous, docteurs de la Loi, car vous chargez les gens de fardeaux qu'ils ne
peuvent porter, en faisant un châtiment du Décalogue paternel donné par le
Très-Haut à son Peuple". Lui c'est avec
amour et par amour qu'il l'avait donné, pour que fût aidé par un juste guide,
l'homme, l'éternel enfant, imprudent et ignorant. Et vous à la place des
lisières par lesquelles Dieu soutenait affectueusement ses créatures, pour
leur permettre d'avancer sur sa route et d'arriver à son cœur, vous avez
substitué des montagnes de pierres coupantes, lourdes, torturantes, un
labyrinthe de prescriptions, un cauchemar de scrupules, qui écrasent l'homme,
l’égarent, l'arrêtent, lui font craindre Dieu comme un ennemi. Vous semez
d'obstacles la marche des cœurs vers Dieu. Vous séparez le Père de ses fils.
Vous niez, par vos surcharges, cette douce, bénie, véritable Paternité. Mais vous, de votre côté, ces fardeaux que
vous imposez aux autres, vous ne les touchez pas, pas même du bout du doigt.
Vous vous croyez justifiés seulement pour les avoir imposés. Mais, ô sots,
vous ne savez pas que vous serez jugés sur ce que vous avez jugé être
nécessaire pour se sauver ? Vous ne savez pas que Dieu vous dira :
"Vous disiez que votre parole était sacrée, qu'elle était juste. Eh
bien, Moi aussi, Je la considère comme telle. Et puisque vous l'avez imposée
à tous et que vous avez jugé vos frères sur la façon dont ils l'ont
accueillie et pratiquée, voilà que Moi, Je vous juge sur votre parole et
puisque vous n'avez pas fait ce que vous avez dit de faire, soyez
condamnés" ?
Malheur à vous qui élevez des tombeaux aux prophètes que vos pères ont tués.
Et quoi ? Vous croyez diminuer avec cela la grandeur de la faute de vos
pères ? De la supprimer aux yeux de la postérité ? Non, au
contraire, vous témoignez que vos pères ont fait ces œuvres. Non seulement
cela, mais les approuvez, tout disposés à les imiter, en élevant ensuite un
tombeau au prophète persécuté, pour pouvoir dire : "Nous nous
l'avons honoré". Hypocrites ! C'est pour cela que la Sagesse de
Dieu a dit : "Je leur enverrai des prophètes et des apôtres, et eux
en tueront certains et persécuteront les autres, pour que l'on puisse
demander à cette génération le sang de tous les prophètes qui a été répandu
depuis la création du monde et par la suite, depuis le sang d'Abel jusqu'au
sang de Zacharie, tué entre l'Autel et le Sanctuaire".
Haut
de page.
407> Oui, en vérité, en vérité je vous
dis que de tout ce sang des saints il en sera demandé compte à cette
génération qui ne sait reconnaître Dieu là où Il est, et persécute le juste
et lui perce le cœur parce que le juste est une. confrontation vivante avec
leur injustice.
413.10 – Malheur à vous, docteurs de la Loi, qui
vous vous êtes emparés de la clef de la science et avez fermé son temple pour
éviter d'y entrer et d'être jugés par elle, et qui n'avez pas permis aux
autres d'y entrer. En effet vous savez que si le peuple était
instruit de la vraie Science, c'est-à-dire de la Science sainte, il pourrait
vous juger. Et alors vous préférez qu'il soit ignorant pour qu'il ne vous
juge pas.
Et vous me haïssez parce que je suis la Parole de Sagesse, et vous voudriez
m'enfermer avant le temps dans une prison, dans un tombeau pour que je ne
parle plus.
Mais je parlerai tant qu'il plaira à mon Père que je parle. Et ensuite ce
seront mes œuvres qui parleront plus encore que mes paroles. Et ils parleront
mes mérites plus encore que les œuvres, et le monde sera instruit et il
saura, et il vous jugera. Le premier jugement sur vous. Et puis viendra le
second, le jugement particulier pour chacun de vous à sa mort, et
enfin le dernier : l'Universel. Et vous vous
souviendrez de ce jour, de ces jours et vous, vous seuls connaîtrez le Dieu
terrible que vous vous êtes efforcés d'agiter comme une vision de cauchemar
devant les esprits des simples, alors que vous, à l'intérieur de votre
tombeau, vous vous êtes moqués de Lui et du premier et principal
commandement : celui de l'amour, le dernier donné sur le Sinaï, que vous
n'avez pas respecté et auquel vous n'avez pas obéi.
C'est inutilement, ô Elchias, que tu n'as pas de représentations figurées
dans ta maison. C'est inutilement, ô vous tous, que vous n'avez pas d'objets
sculptés dans vos maisons. C'est à l'intérieur du cœur que vous avez l'idole,
plusieurs idoles. Celle de vous croire des dieux, celles de vos
concupiscences.
413.11 – Venez, vous autres. Partons."
Et, en se faisant précéder par les douze, il sort le dernier.
Un silence...
Puis ceux qui sont restés poussent un grand cri en disant tous
ensemble :
"Il faut le poursuivre, le prendre en défaut, trouver des objets
d'accusation ! Il faut le tuer !"
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408> Un autre silence.
Et puis deux s'en vont dégoûtés par la haine et les propos des
pharisiens : l'un est le parent d'Elchias
et l'autre celui qui. par
deux fois, a défendu le Maître. Alors que ceux qui
sont restés se demandent :
"Et comment ?"
Un autre silence.
Puis, avec un éclat de rire éraillé, Elchias dit :
"Il faut travailler Judas de Simon..."
"Bon ! C'est une bonne idée, mais tu l'as offensé… !"
"Moi, j'y pense, dit celui que Jésus a appelé Simon Boetos. Moi, et Éléazar d'Hanne...
Nous allons le circonvenir..."
"Un peu de promesses..."
"Un peu de peur..."
"Beaucoup d'argent..."
"Non. Pas beaucoup... Des promesses, des promesses de beaucoup
d'argent..."
"Et puis ?"
"Quoi : et puis ?"
"Hé ! Puis. Tout terminé, que lui donnerons-nous ?"
"Mais rien ! La mort. Ainsi... il ne parlera plus" dit
lentement et cruellement Elchias.
"Hou ! la mort..."
"Tu en as horreur ? Mais, allons ! Si nous tuons le Nazaréen
qui... est un juste... nous pourrons tuer aussi l'Iscariote qui est un
pécheur..."
Il y a des hésitations...
Mais Elchias, se levant, dit :
"Nous demanderons conseil aussi à Hanne...
Et vous verrez qu'il... dira que l'idée est bonne. Et vous y viendrez, vous
aussi... Oh ! vous y viendrez..."
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