Le dimanche 16
septembre 1945
397> […]
277.1 - Jésus n'est plus dans le même
endroit qu'à la dernière vision, mais il se trouve dans un vaste jardin qui
se prolonge jusqu'au lac. Au-delà du jardin, ou plutôt en son milieu, se
trouve la maison, précédée et entourée de ce jardin qui en arrière se
prolonge au moins trois fois plus que sur les côtés et en avant de la maison.
Il y a des fleurs, mais surtout des arbres et des bosquets et de tranquilles
coins de verdure, fermés autour de vasques de marbre précieux, comme des
pavillons autour de tables et de sièges de pierre.
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398> Et il devait y avoir des statues çà
et là, le long des sentiers et au centre des vasques mais, à présent, il ne reste
que les piédestaux des statues pour rappeler leur souvenir près des lauriers
et des buis, ou se contempler dans les vasques remplies d'eau limpide.
La présence de Jésus avec les siens et celle de gens de Magdala, parmi
lesquels le petit Benjamin qui avait osé dire à l'Iscariote qu'il était
méchant ,
me fait penser que ce sont les jardins de la maison de Marie-Madeleine...
revus et corrigés en vue de leur nouvelle fonction par la suppression de ce
qui aurait pu produire le dégoût et le scandale et rappeler le passé.
Le lac est tout entier un crêpe soyeux gris azuré qui reflète le ciel sur
lequel courent les nuages chargés des premières pluies de l'automne. Et
pourtant il est beau aussi sous cette lumière tranquille et paisible d'un
jour qui, pour n'être pas serein, n'est pas tout à fait pluvieux. Ses rives
n'ont plus beaucoup de fleurs mais, en revanche, sont colorées par ce grand
peintre qu'est l'automne et présentent des coups de pinceaux d'ocre et de
pourpre, et la pâleur exténuée des feuilles mourantes pour les arbres et les
vignes qui changent de couleur avant de céder à la terre leur vêtement
vivant.
Il y a tout un coin, dans le jardin d'une villa qui est sur le lac comme
celle-ci, qui rougit comme si dans les eaux il avait débordé du sang par la
présence d'une haie aux branches flexibles auxquelles l'automne a donné une
teinte de cuivre qui reflète un brasier alors que, dans les saules répandus
sur la rive à peu de distance, tremble leur feuillage glauque-argenté, fin et
encore plus pâle que d'ordinaire avant de mourir.
277.2 - Jésus ne regarde pas ce que je
regarde. il regarde de pauvres malades qu'il gratifie de la guérison. Il
regarde des vieux mendiants auxquels il donne de l'argent. Il regarde des
enfants que les mères Lui présentent pour qu'il les bénisse. Il regarde avec
pitié un groupe de sœurs qui Lui parlent de la conduite de leur frère unique
qui a fait mourir leur mère de chagrin et les a ruinées. Elles le prient, ces
pauvres femmes, de les conseiller et de prier pour elles.
"Bien sûr que je prierai. Je prierai Dieu qu'il vous donne la paix et
que votre frère se convertisse et qu'il se souvienne de vous en vous rendant
ce qu'il vous doit et surtout en revenant vous aimer. Car, s'il fait cela, il
fera tout le reste.
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399> Mais vous, l'aimez-vous ou y a-t-il
en vous de la rancœur ? Est-ce que vous le pardonnez du fond du cœur ou
bien est-ce que votre chagrin est du dédain ? Car lui aussi est malheureux,
plus que vous. Et malgré ses richesses, il est plus pauvre que vous, et il
faut en avoir pitié. il ne possède plus l'amour et il est sans l'amour de
Dieu. Voyez-vous combien il est malheureux ? Vous, à commencer par votre
mère, par la mort vous terminerez dans. la joie la
vie triste qu'il vous a fait mener, mais lui, non. Au contraire, il passerait
d'une fausse jouissance d'une heure à un tourment éternel et atroce. Venez
près de Moi.
Je m'adresserai à tous, en vous parlant à vous." Et Jésus se dirige au
milieu d'une pelouse parsemée de buissons de fleurs, au milieu de laquelle il
devait y avoir auparavant une statue. Maintenant il reste la base, entourée
d'une haie basse de myrtes et de petites roses.
277.3 - Jésus tourne le dos à cette haie
et commence à parler. Tous se taisent et se groupent autour de Lui.
"La paix soit à vous. Écoutez.
Il est dit : "Aime ton prochain comme
toi-même" .
Mais, sous ce nom, de qui s'agit-il ? Tout le genre humain pris dans son
ensemble. Ensuite, plus particulièrement, tous les hommes de la même nation;
plus particulièrement encore, tous les concitoyens; puis, en resserrant
toujours plus le cercle, tous les parents; enfin, dernier cercle de cette
couronne d'amour resserrée comme les pétales d'une rose autour du cœur de la
fleur, l'amour pour les frères de sang; les premiers des prochains. Le centre
du cœur de la fleur d'amour, c'est Dieu, l'amour pour Lui est le premier
qu'il faut avoir. Autour de son centre, voici l'amour pour les parents, le
second qu'il faut avoir parce que les parents sont les petits 'Dieu', de la
terre, parce qu'ils nous créent et coopèrent avec Dieu pour nous créer, sans
compter qu'ils s'occupent de nous avec un amour inlassable. Autour de cet
ovaire qui flamboie de pistils et exhale les parfums les plus choisis des
amours, voici que se serrent les cercles des différents amours. Le premier
est celui des frères nés du même sein et du même sang duquel nous naissons.
Mais, comment faut-il aimer le frère ? Seulement parce que sa chair et
son sang sont les mêmes que les nôtres ? C'est ce que savent faire aussi
les oisillons rassemblés dans un nid.
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400> Eux, en fait, n'ont que cela de
commun : d'être nés d'une même couvée et d'avoir en commun sur la langue
la saveur de la salive paternelle et maternelle. Nous, hommes, nous sommes
plus que des oiseaux, nous avons plus que la chair et le sang. Nous avons le
Père, en plus d'un père et d'une mère. Nous avons l'âme et nous avons Dieu
qui est le Père de tous. Et voilà qu'il faut savoir aimer le frère comme
frère, à cause du père et de la mère qui nous ont engendrés, et comme frère à
cause de Dieu qui est le Père universel.
L'aimer par conséquent d'un amour spirituel en plus de l'amour charnel.
L'aimer non seulement à cause de la chair et du sang, mais à cause de
l'esprit que nous avons en commun. Aimer, comme il se doit, l'esprit plus que
la chair de notre frère, car l'esprit est plus que la chair. Parce que le
Dieu Père est plus que l'homme père. Parce que la valeur de l'esprit est
au-dessus de la valeur de la chair. Parce que notre frère serait beaucoup
plus malheureux de perdre le Dieu Père que l'homme père.
La privation du père homme est déchirante,
mais ne rend qu'à moitié orphelin. Elle ne blesse que ce qui est terrestre,
notre besoin d'aide et de caresses. Mais l'esprit, s'il sait croire, n'est
pas blessé par la mort du père. Au contraire, pour le suivre là où le juste
se trouve, l'esprit du fils monte, comme attiré par la force de l'amour. Et
en vérité, je vous dis que cela est amour, amour de Dieu et du père, monté
par son esprit au lieu où réside la sagesse. Il monte vers ces lieux où Dieu
est plus proche, et agit avec une plus grande droiture parce que ne lui
manque pas l'aide véritable que sont les prières du père qui maintenant sait
aimer complètement, le frein que lui donne la certitude que maintenant son
père voit, mieux que pendant sa vie, les œuvres de son fils, le désir
de pouvoir le retrouver moyennant une vie sainte.
C'est pour cela qu'il faut se préoccuper davantage de l'esprit que du corps
de son propre frère. Ce serait un bien pauvre amour celui qui s'adresse
seulement à ce qui périt en négligeant ce qui ne périt pas et qui, si on le
néglige, peut perdre la joie éternelle. Trop nombreux sont ceux qui se
fatiguent pour des choses inutiles, qui s'épuisent pour ce qui n'a qu'un
intérêt relatif, en perdant de vue ce qui est vraiment nécessaire. Les vraies
sœurs, les bons frères ne doivent pas seulement se préoccuper de garder en
ordre les vêtements, de tenir prêts les repas, ou d'aider leurs frères par
leur travail.
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401> Mais ils doivent se pencher sur leurs
esprits, en écouter les voix, en percevoir les défauts, et avec une
affectueuse patience, peiner pour leur donner un esprit qui respire la santé
et la sainteté, si en ces voix et en ces défauts ils voient un danger pour
leur vie éternelle. Et ils doivent, s'ils ont péché contre eux, s'appliquer à
pardonner et à obtenir pour eux le pardon de Dieu par leur retour à l'amour
sans lequel Dieu ne pardonne pas.
277.4 - Il est dit dans le
Lévitique : "N'aie pas de haine dans ton cœur pour ton frère, mais
reprends-le publiquement pour n'être pas chargé de péchés à cause de
lui".
Mais, de l'absence de haine à l'amour, il y a encore un abîme. Il peut vous
sembler que l'antipathie, l'absence de relations et l'indifférence ne sont
pas des péchés parce que ce n'est pas de la haine. Non. Je viens vous donner
de nouvelles lumières sur l'amour et nécessairement sur la haine, car ce qui
éclaire le premier en tous ses détails, sait éclairer en tous ses détails la
seconde. L'élévation même du premier vers les hautes sphères entraîne une
plus grande séparation d'avec la seconde, car plus le premier s'élève, plus
la seconde sombre en un abîme toujours plus profond.
Ma doctrine est perfection. Elle est finesse de sentiment et de jugement.
C'est la vérité sans métaphores ni périphrases. Et je vous dis que l'antipathie, l'absence
de relations et l'indifférence sont déjà de la haine. Simplement parce
qu'elles ne sont pas de l'amour. Le contraire de l'amour est la haine.
Pouvez-vous donner un autre nom à l'antipathie ? Au détachement d'un
être ? À l'indifférence ? Celui qui aime a de la sympathie pour
celui qu'il aime. Donc, celui qui a de l'antipathie, ne l'aime plus. Celui
qui aime, même si la vie l'éloigne matériellement de l'aimé, continue de lui
être proche par l'esprit. Donc si quelqu'un se sépare d'un autre par
l'esprit, il ne l'aime plus. Celui qui aime n'a jamais d'indifférence pour
l'aimé mais, au contraire, tout ce qui se rapporte à lui l'intéresse. Si donc
quelqu'un est indifférent pour un autre, c'est signe qu'il ne l'aime plus.
Vous voyez donc que ces trois choses sont des ramifications d'une même
plante : celle de la haine.
277.5 - Or, qu'arrive-t-il dès que
quelqu'un que nous aimons nous offense ? Quatre-vingt-dix fois sur cent,
si la haine n'arrive pas, c'est l'antipathie, l'éloignement ou l'indifférence
qui surviennent. Non. N'agissez pas ainsi. Ne glacez pas votre cœur par ces
trois formes de la haine. Aimez. Mais, vous vous demandez :
"Comment le pouvons-nous ?" Je vous réponds : "Comme
le peut Dieu qui aime même celui qui l'offense. Un amour douloureux, mais
toujours bon".
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402> Vous dites : "Et comment
allons-nous faire ?" Je donne la loi
nouvelle sur les rapports avec le frère coupable, et je dis : "Si
ton frère t'offense, ne l'humilie pas en public en le reprenant publiquement,
mais pousse ton amour à cacher la faute du frère aux yeux du monde". Car
tu en auras grand mérite aux yeux de Dieu, en coupant par amour toute
satisfaction à ton orgueil.
Ah ! Comme il plaît à l'homme de faire savoir qu'il a été offensé et
qu'il en a souffert! Il s'en va comme un mendiant fou non pas pour demander
une obole d'or au roi, mais il s'en va vers d'autres sots et des gueux comme
lui demander des poignées de cendre et du fumier et des gorgées de poison
brûlant. C'est ce que le monde donne à celui qui a été offensé et qui s'en
va, se plaignant et quémandant du réconfort. Dieu, le Roi, donne de l'or pur
à celui qui, offensé, mais sans rancœur, ne va pleurer qu'à ses pieds sa
douleur et à Lui demander, à Lui, à l'Amour et à la Sagesse, un réconfort
d'amour et un enseignement pour une contingence pénible. Si donc vous voulez
du réconfort, allez à Dieu et agissez avec amour.
Moi, je vous le dis, en corrigeant la loi ancienne : "Si ton frère
a péché contre toi, va, reprends-le en particulier entre lui et toi seul.
S'il t'écoute, tu as de nouveau gagné ton frère et, en même temps, tu as
gagné tant de bénédictions de Dieu. Et si ton frère ne t'écoute pas mais te
repousse, entêté dans sa faute, toi, pour qu'on ne dise pas que tu es
complice de la faute ou indifférent au bien spirituel de ton frère, prends
avec toi deux ou trois témoins sérieux, bons, sûrs, et reviens avec eux vers
ton frère et, en leur présence, répète avec bienveillance tes observations
afin que les témoins puissent, de leur bouche, dire que tu as fait tout ce
que tu as pu pour corriger saintement ton frère ! Car c'est le devoir
d'un bon frère, puisque le péché, qu'il a commis à ton égard, est une
blessure pour son âme et que tu dois te préoccuper de son âme. Si cela aussi
ne sert à rien, fais-le savoir à la synagogue pour qu'elle le rappelle à
l'ordre au nom de Dieu; S'il ne se corrige même pas dans ce cas et s'il
repousse la synagogue ou le Temple comme il t'a repoussé, considère-le comme
un publicain et un païen".
277.6 - Agissez ainsi avec ceux qui
sont vos frères par le sang ou ceux qui vous sont liés par une fraternité
d'amour. Car, même avec votre prochain le plus éloigné, vous devez agir avec
sainteté sans avidité, sans être inexorables, sans haine.
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402> Et quand ce sont des différends pour
lesquels il est nécessaire de s'adresser aux juges et que tu y vas avec ton
adversaire, Moi, je te dis, ô homme, qui souvent te trouves par ta faute dans
une plus mauvaise situation, de t'efforcer, pendant que tu es en chemin, de
te réconcilier avec lui que tu aies tort ou raison. Car la justice humaine
est toujours imparfaite et généralement l'astuce l'emporte sur la justice et
le coupable pourrait passer pour innocent, et toi, innocent, pour coupable.
Et alors il t'arriverait non seulement de ne pas voir reconnu ton droit mais
de perdre aussi ton procès et, alors que tu es innocent, d'être considéré
comme coupable de diffamation et alors le juge t'enverrait à l'exécuteur de
justice qui ne te laisserait pas aller tant que tu n'aurais pas payé le
dernier centime.
Sois conciliant. Ton orgueil en souffre ! Très bien. Ta bourse se
vide ? Mieux encore. Il suffit que croisse ta sainteté. N'ayez pas un
amour nostalgique de l'or. Ne soyez pas avides de louanges. Faites que ce
soit Dieu qui vous loue. Faites en sorte de vous constituer un grand trésor
au Ciel. Et priez pour ceux qui vous offensent pour qu'ils se repentent. Si
cela arrive, eux-mêmes vous rendront honneur et vous restitueront vos biens.
S'ils ne le font pas, Dieu y pensera.
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