"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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 3.196. - Il sabato al Getsemani. Gesù parla della Madre e degli amori di diverse potenze.     

 2.196. - The Sabbath at Gethsemane.         

 3.196 - El sábado en Getsemaní. Jesús habla de su Madre y de los amores de distintas potencias.

 4.236 - Der Sabbath in Gethsemane.


Samedi 25 mars 28
(12 Nisan 3788)
Gethsémani.

NB : le 25 mars est le jour où l'Église commémore l'Annonciation.


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 Virginité précoce de Marie.

 Sa chasteté.

 Les différents degrés dans l’amour
de Dieu,
de parent,
d’époux,

du prochain, de la science, du travail. 

 Différence entre amours et faims.


Accueil >> Plan du Site >> Sommaire du Tome.

Ancienne édition : Tome 3, chapitre 57.
Nouvelle édition : Tome 3, chapitre 196.

196
Le sabbat à Gethsémani. Jésus évoque l’enfance de sa Mère et classe les différents amours selon leur puissance.

Le jeudi 21 juin 1945.

279>  196.1 - La matinée du sabbat a été occupée en majeure partie à reposer les corps fatigués et à remettre en état les vêtements empoussiérés et froissés par le voyage. Dans les grandes citernes de Gethsémani, que l'eau de pluie a remplies, et dans le Cédron qui chante sur les pierres de son lit, écumeux et rempli par les eaux des jours précédents, il y a tant d'eau que c'est une véritable invitation. L'un après l'autre les pèlerins, défiant la fraîcheur, s'y plongent, et puis, revêtus à nouveau de pied en cap, avec les cheveux encore plaqués par les embruns du torrent, ils puisent de l'eau dans les citernes pour la reverser dans des bassins où l'on a mis les vêtements, couleur par couleur.          

"Oh ! bien ! dit Pierre content. Là, ils vont tremper et Marie se fatiguera moins à les laver"

(je suppose que c'est la femme de Gethsémani).      

"Toi seul, petit, tu ne peux te changer. Mais demain..."      

En effet l'enfant a un petit vêtement propre qu'il a tiré de son petit sac, un sac qui pourrait suffire à une poupée tant il est petit. Mais le petit vêtement est encore plus délavé et plus déchiré que l'autre et Pierre le regarde avec appréhension en murmurant : 

"Comment vais-je faire pour le conduire à la ville ? Plié en deux, mon manteau ferait à peu près l'affaire, car, avec un manteau... il serait couvert tout entier."        

Jésus, qui entend ce soliloque paternel, lui dit :       

"Il vaut mieux le faire reposer maintenant. Ce soir nous irons à Béthanie..."        

"Mais je veux lui acheter un vêtement. Je le lui ai promis..."         

"Certainement tu le feras, mais il vaut mieux prendre conseil de la Mère. Tu sais… les femmes... elles sont plus capables que nous pour les achats... et elle sera heureuse de s'occuper d'un enfant... Vous irez ensemble !"   

La pensée d'aller avec Marie faire les achats transporte l'apôtre au septième ciel. Je ne sais pas si Jésus dit toute sa pensée ou s'il n'en garde pas pour Lui une partie, à savoir qu'il aurait pu dire que sa Mère a un goût plus fin pour éviter un bariolage de couleurs de mauvais goût. En fait il atteint le but en évitant de mortifier son Pierre.

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280>  196.2 - Ils se répandent dans l'oliveraie, si belle en ce jour serein d'avril. La pluie des jours précédents semble avoir argenté les oliviers et semé des fleurs, tant les frondaisons resplendissent au soleil et tant sont nombreuses les fleurettes aux pieds des oliviers. Les oiseaux chantent et volent de tous côtés. La ville s'étend là-bas, à l'ouest de Gethsémani.


Maria Valtorta a tracé le croquis au crayon noir, parfois recouvert de rouge et de bleu. Certains noms ont été tracés à la plume. Au centre se trouve le “Temple ”, avec “Maisons très serrées”, et, en demi-cercle à gauche : “Faubourgs et maisons plus clairsemées”, le tout ceint d’un double cercle dont l’explication est en bas de page : “(Le cercle rouge et bleu indique les murs).” Sur ces “murs”, on lit une “porte” à côté de l’indication “nord”, et une autre “porte” au sud-est. Hors des “murs” : “Cédron” et “Gethsémani” à l’est, deux fois “Maisons” au sud, “torrent” et “Golgotha” à l’ouest.

On ne voit pas le fourmillement de la foule à l'intérieur, mais on voit les caravanes qui se dirigent vers la Porte des Poissons[1] et d'autres Portes à l'est, dont je ne sais pas le nom, et puis la ville les engloutit comme un ventre famélique.

Jésus se promène en observant Yabeç qui joue joyeusement avec Jean et les plus jeunes. Même, l'Iscariote, une fois passé son dépit d'hier, est joyeux et joue. Les plus âgés les regardent et sourient.

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281> "Que dira ta Mère, de cet enfant ?" demande Barthélemy.   

"Moi, je dis qu'elle dira : "Il est bien chétif" dit Thomas.    

"Oh ! non ! Elle dira : "Pauvre enfant !" répond Pierre.      

"Elle te dira, au contraire : "Je suis contente que tu l'aimes" objecte Philippe.        

"La Mère n'en aurait jamais douté. Mais je crois qu'elle ne parlera pas. Elle le prendra sur son cœur" dit le Zélote.    

"Et Toi, Maître, que penses-tu qu'elle dira ?"

"Elle fera ce que vous dites. Mais beaucoup de choses, toutes même, elle les pensera et les dira en son cœur et, dans un baiser, elle lui dira seulement : "Que tu sois béni !" et elle le soignera comme si c'était un oiseau tombé du nid.        

 196.3 - Un jour, écoutez, elle me racontait un fait de quand elle était toute petite. Elle n'avait pas encore trois ans car elle n'était pas encore au Temple, et son cœur se brisait d'amour en donnant, comme des fleurs et des olives écrasées et pressurées sous le pressoir, toute son huile et tous ses parfums. Dans son délire d'amour, elle disait à sa mère qu'elle voulait être vierge pour plaire davantage au Sauveur, mais qu'elle aurait voulu être une pécheresse pour pouvoir être sauvée. Et elle pleurait presque, parce que sa mère ne la comprenait pas et ne savait lui dire comment on peut faire pour être en même temps la "pure" et la "pécheresse". Son père lui donna la paix, en lui apportant un petit moineau qu'il avait sauvé alors qu'il était en danger sur le bord de la fontaine. Il lui dit la parabole du petit oiseau[2] en expliquant que Dieu l'avait sauvée d'avance et que, pour ce motif, elle devait Le bénir deux fois. Et la petite Vierge de Dieu, la très grande Vierge Marie, exerça sa première maternité spirituelle envers cet oisillon qu'elle libéra quand il fut capable de voler. Mais il ne quitta jamais le jardin de Nazareth, consolant par ses vols et ses pépiements la triste maison et les tristes cœurs d'Anne et de Joachim après le départ de Marie au Temple. Il mourut peu de temps avant qu'Anne rendit le dernier soupir... Il avait terminé sa mission...

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282>  196.4 - Ma Mère s'était vouée à la virginité par amour. Mais, étant une créature parfaite, elle avait la maternité dans le sang et dans l'esprit. Car la femme est faite pour être mère, et c'est une aberration quand elle est sourde à ce sentiment qui est un amour de seconde puissance..."     

Les autres aussi se sont approchés tout doucement.

"Que veux-tu dire, Maître, en parlant d'amour de seconde puissance ?" demande Jude Thaddée.

 "Mon frère, il y a plusieurs amours et de puissances différentes. Il y a l'amour de première puissance : celui que l'on donne à Dieu.  Puis l'amour de seconde puissance : l'amour maternel ou paternel, parce que si le premier est entièrement spirituel, celui-ci est pour deux parts spirituel et pour une seule charnel. Il s'y mêle, oui, le sentiment d'affection humaine, mais l'amour supérieur prédomine. En effet un père et une mère qui sont sainement et saintement tels ne se contentent pas de donner aliments et caresses à la chair de leur enfant, mais aussi nourriture et amour à l'âme et à l'esprit de leur enfant. Et c'est si vrai ce que je dis, que celui qui se voue à l'enfance ne serait-ce que pour l'instruire, finit par l'aimer comme si c'était sa propre chair."        

"Moi, en effet, j'aimais beaucoup mes élèves" dit Jean d'En-Dor. 

"J'ai compris que tu devais être un bon maître, en voyant comment tu te comportes avec Yabeç."  

L'homme d'En-Dor s'incline et baise la main de Jésus sans parler.          

"Continue, je t'en prie, ta classification des amours" demande le Zélote.

"Il y a l'amour pour la compagne. C'est un amour de troisième puissance parce qu'il est fait par moitié - je parle des amours qui sont sains et saints - d'esprit et par moitié de chair. L'homme, pour son épouse, est un maître et un père en plus d'être époux. Et la femme, pour son époux, est un ange et une mère, en plus d'être épouse. Ce sont les trois amours les plus élevés."         

 196.5 - "Et l'amour du prochain ? Ne te trompes-tu pas ? Ou l'as-tu oublié ?" demande l'Iscariote.       

Les autres le regardent étonnés et... indisposés par son observation.      

Mais Jésus répond tranquillement :    

"Non, Judas. Mais regarde de près : Dieu, on l'aime, parce qu'Il est Dieu et aucune explication n'est nécessaire pour encourager cet amour. Il est Celui qui est, c'est-à-dire le Tout : et l'homme c'est le Rien qui devient une partie du Tout
[3] par l'âme que lui infuse l'Éternel.        

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283> Sans elle, l'homme serait un des animaux sauvages qui vivent sur la terre ou dans les eaux ou dans l'air. Il doit aimer Dieu par devoir et pour mériter de survivre dans le Tout, c'est-à-dire pour mériter de devenir une partie du Peuple saint de Dieu au Ciel, citoyen de la Jérusalem qui ne connaîtra éternellement ni profanation ni destruction.

L'amour de l'homme, et spécialement de la femme, pour ses enfants, a valeur de commandement. Dans les paroles de Dieu à Adam et à Ève, après les avoir bénis, voyant qu'il avait fait une "chose bonne" dans un lointain sixième jour, le premier sixième jour de la création, Il leur dit : "Croissez et multipliez-vous et remplissez la terre...
[4]".          

Je vois l'objection que tu n'exprimes pas et je te réponds tout de suite ainsi : dans la création, avant la faute, tout était réglé et basé sur l'amour. Cette multiplication des enfants aurait été amour saint, pur, puissant, parfait. Et Dieu l'avait donnée à l'homme comme premier commandement : "Croissez, multipliez-vous". Aimez, par conséquent, après Moi, vos enfants. L'amour, tel qu'il existe maintenant : celui qui actuellement engendre des enfants, alors n'existait pas. La malice n'existait pas, et n'existait pas avec elle l'exécrable faim des sens. L'homme aimait la femme et la femme aimait l'homme, naturellement, non pas naturellement selon la nature telle que nous l'entendons, ou plutôt telle que vous, hommes, l'entendez, mais selon la nature de fils de Dieu : surnaturellement
[5].   

Doux premiers jours d'amour entre les deux qui étaient frères, parce que nés d'un Père unique et qui pourtant étaient époux et qui, dans leur amour, se regardaient avec les yeux innocents de deux jumeaux au berceau. Et l'homme éprouvait l'amour d'un père pour sa compagne "os de ses os et chair de sa chair[6]", comme l'est un fils pour un père.      

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284> Et la femme connaissait la joie d'être fille, c'est-à-dire protégée par un amour très haut car elle sentait qu'elle possédait en elle quelque chose de cet homme magnifique qui l'aimait avec innocence et avec une angélique ardeur dans les belles prairies de l'Eden !       

Ensuite, dans l'ordre des commandements que Dieu a donné avec un sourire à ses petits enfants bien aimés, se présente celui qu'Adam lui-même doué par la Grâce d'une intelligence qui n'avait au-dessus d'elle que celle de Dieu, exprime, en parlant de sa compagne et en elle de toutes les femmes, le décret de la pensée de Dieu qui se réfléchissait avec netteté dans le pur miroir de l'esprit d'Adam où naissait une fleur de pensée et de parole: "L'homme quittera son père et sa mère et s'unira à sa femme; les deux seront une seule chair
[7]'        

Si les trois piliers des trois amours dont je viens de parler n'avaient pas existé, l'amour du prochain aurait-il pu exister ? Non, il n'aurait pas pu exister. L'amour de Dieu nous donne Dieu pour ami et enseigne l'amour. Celui qui n'aime pas Dieu qui est bon, ne peut certainement pas aimer le prochain qui le plus souvent a des défauts. S'il n'y avait pas eu l'amour conjugal et la paternité dans le monde, il n'aurait pas pu y avoir de prochain car le prochain est fait de l'ensemble des fils nés des hommes. En es-tu persuadé ?"       

"Oui, Maître. Je n'avais pas réfléchi." 

"En fait, il est difficile de remonter aux sources. L'homme est désormais enfoncé depuis des siècles et des millénaires dans la boue, et ces sources sont si haut sur les cimes ! Puis la première est une source qui vient d'une hauteur abyssale : Dieu... Mais je vous prends par la main et je vous conduis aux sources. Je sais où elles sont..."

 196.6 - "Et les autres amours ?" demandent en même temps Simon le Zélote et l'homme d'En-Dor.         

"Le premier de la seconde série est celui du prochain. En réalité, c'est le quatrième en puissance. Puis vient l'amour de la science et puis l'amour du travail."     

"Et c'est tout ?"    

"C'est tout."          

"Mais il y a beaucoup d'autres amours !" s'exclame Judas Iscariote.        

 "Non, il y a d'autres faims, mais ce ne sont pas des amours. Ce sont des "absences d'amour". Elles nient Dieu, elles nient l'homme. Pour cette raison elles ne peuvent être des amours car ce sont des négations, et la Négation c'est la Haine."  

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285> "Si je refuse de consentir au mal, est-ce encore de la Haine ?" demande encore Judas Iscariote.  

"Pauvres de nous ! Mais tu es plus ergoteur qu'un scribe ! Dis-moi ce que tu as ? Est-ce l'air vif de la Judée qui t'excite les nerfs, comme une crampe ?" s'exclame Pierre. 

"Non. J'aime m'instruire et avoir beaucoup d'idées et qui soient claires. Ici, il est facile de parler justement avec les scribes. Je ne veux pas rester à court d'arguments."      

"Et crois-tu pouvoir au bon moment sortir l'effilochure de la couleur réclamée du sac où tu conserves tous ces chiffons ?" demande Pierre.         

"Chiffons, les paroles du Maître ? Tu blasphèmes !"

"Ne fais pas le scandalisé. Dans sa bouche à Lui, ce ne sont pas des chiffons. Mais, une fois que nous avons déformé ses paroles, c'est ce qu'elles deviennent... Essaie de mettre du
byssus précieux dans les mains d'un enfant... Après peu de temps, c'est une loque sale et déchirée. C'est ce qui nous arrive à nous... Maintenant, si tu prétends pêcher au bon moment la loque qu'il te faut qui n'est qu'une loque et qui est sale... hum ! je ne sais pas ce que tu en feras."        

"N'y pense pas. Ce sont mes affaires." 

"Oh ! sois bien tranquille que je n'y pense pas ! J'en ai assez des miennes. Et puis !... Je me contente que tu ne fasses pas subir de dommage au Maître car, dans ce cas, je penserais aussi à tes affaires..."          

"Quand j'agirai mal, tu le feras : Mais cela n'arrivera pas car je sais y faire... Je ne suis pas un ignorant, moi..."

"Je le suis, moi, je le sais. Mais c'est parce que je le sais que je ne fais pas de réserves, pour les sortir ensuite au bon moment. Je me recommande à Dieu, et Dieu m'aidera pour l'amour de son Messie dont je suis le serviteur le plus insignifiant et le plus fidèle."    

"Fidèles, nous le sommes tous !" réplique Judas avec arrogance. 

"Oh ! méchant !" dit Yabeç avec sévérité, rompant le silence qu'il gardait attentivement. "Pourquoi offenses-tu mon père ? Il est âgé, il est bon. Tu ne dois pas. Tu es un homme méchant, et tu me fais peur."    

"Et de deux !" dit à voix basse Jacques de Zébédée en donnant un coup de coude à André      

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286> Il a parlé doucement, mais l'Iscariote a entendu.      

"Tu vois, Maître, si les paroles de cet imbécile d'enfant de Magdala ont laissé un souvenir ?
[8]" dit Judas, rouge de dépit.     

 196.7 - "Mais ne vaudrait-il pas mieux continuer la leçon du Maître, au lieu de sembler être des petits boucs coléreux ?" demande le pacifique Thomas.

"Mais oui : Maître" s'exclame Matthieu. "Parle-nous encore de ta Mère. Elle est si lumineuse son enfance ! Son reflet nous rend l'âme vierge et moi, pauvre pécheur, j'en ai tant besoin !"   

"Que dois-je dire ? Il y a tant d'épisodes, tous plus doux l'un que l'autre..."        

"C'est elle qui te les a racontés ?"         

"Quelques-uns. Mais Joseph beaucoup plus. C'est lui qui m'a fait les plus beaux récits quand j'étais un petit enfant. Et aussi Alphée de Sara qui, étant de quelques années plus âgé que ma Mère, fut son ami pendant les quelques années qu'elle fut à Nazareth." 

"Oh ! raconte ..." demande instamment Jean.          

Ils sont tous en cercle, assis à l'ombre des oliviers avec au milieu Yabeç qui regarde fixement Jésus, comme s'il entendait un conte paradisiaque.     

 "Je vais vous dire la leçon de chasteté que donna ma Mère, peu de jours avant son entrée au Temple, à son petit ami et à beaucoup d'autres.       

Ce jour-là s'était mariée une jeune fille de Nazareth, parente de Sara. Joachim et Anne avaient été invités aussi aux noces. Avec eux la petite Marie qui, avec d'autres enfants, était chargée de jeter des pétales effeuillés sur le chemin de l'épouse. On dit qu'elle était très belle, quand elle était petite et tout le monde se la disputait, après la joyeuse entrée de l'épouse. Il était très difficile de voir Marie parce qu'elle vivait beaucoup à la maison, affectionnant une petite grotte plus qu'un autre lieu et qu'elle appelle toujours la grotte "de ses fiançailles". Aussi, quand on la voyait blonde, rose, gracieuse, on l'accablait de caresses. On l'appelait : "La Fleur de Nazareth" ou bien : "La Perle de la Galilée" ou encore : "La Paix de Dieu" en souvenir d'un énorme arc-en-ciel qui était survenu à l'improviste pour son premier vagissement. Elle était et elle est en effet tout cela et plus encore. C'est la Fleur du Ciel et de la création, c'est la Perle du Paradis et la Paix de Dieu... Oui, la Paix. Je suis le Pacifique car je suis le Fils du Père et le fils de Marie : la paix infinie et la Paix suave. 

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287> Ce jour-là, tous voulaient lui donner des baisers et la prendre sur leurs genoux. Et elle, écartant les baisers et les contacts, disait avec une gravité gentille : "Je vous en prie, ne me froissez pas". On croyait qu'elle parlait de son habit de lin ceint à la taille d'une bande bleue et aussi de ses petits poignets et de son cou... ou de la petite guirlande de fleurs bleues dont Anne l'avait couronnée pour tenir en place les boucles de ses cheveux. On l'assurait qu'on ne froisserait ni son vêtement ni sa guirlande. Mais elle, avec assurance, petite femme de trois ans debout au milieu d'un cercle de grandes personnes, dit avec sérieux : "Je ne pense pas à ce qui se répare. Je parle de mon âme. Elle appartient à Dieu et je veux que Dieu seul y touche". On lui objectait : "Mais c'est à toi que nous donnons des baisers, pas à ton âme". Et elle : "Mon corps est le temple de mon âme et le prêtre en est l'Esprit. On n'admet pas le peuple dans l'enceinte des prêtres. Je vous en prie. N'entrez pas dans l'enceinte de Dieu".        

Alphée
[9] qui avait alors plus de huit ans et qui l'aimait beaucoup fut frappé par cette réponse. Le lendemain, en la trouvant près de sa petite grotte occupée à cueillir des fleurs, il lui demanda : "Marie, quand tu seras femme, me voudrais-tu pour époux ?" En lui il y avait encore l'effervescence de la fête nuptiale à laquelle il avait assisté. Et elle ! "Je t'aime bien, mais je ne te vois pas comme homme. Je te dis un secret. Je vois seulement l'âme des vivants. Elle, je l'aime beaucoup, de tout mon cœur, mais je ne vois personne d'autre que Dieu comme 'Vrai Vivant' à qui je pourrai me donner moi-même". Voilà un épisode."         

"Vrai Vivant" !!! Mais tu sais que c'est une parole profonde !" s'exclame Barthélemy.         

Et Jésus, humblement, et avec un sourire :   

"Elle était la Mère de la Sagesse."        

"Elle était ? Mais elle n'avait pas trois ans ?" 

"Elle l'était. Je vivais déjà en elle. J'étais Dieu en elle
[10], dès sa conception dans son Unité et sa très parfaite Trinité."  

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288>  196.8 - "Mais, excuse-moi, si moi, coupable, j'ose parler, mais Joachim et Anne savaient-ils qu'elle était la Vierge élue ?" demande Judas Iscariote.        

"Ils ne le savaient pas."  

"Et alors comment Joachim pouvait-il dire que Dieu l'avait sauvée d'avance ? Cela ne fait-il pas allusion à son privilège par rapport à la faute ?"

"C'est une allusion. Mais Joachim parlait par la bouche de Dieu comme tous les prophètes. Lui aussi ne comprit pas la sublime vérité surnaturelle que l'Esprit-Saint mettait sur ses lèvres, car c'était un juste, Joachim, au point de mériter cette paternité et c'était un humble. En effet il n'y a pas de justice là où il y a l'orgueil. Lui était juste et humble. Il consola sa Fille par son amour de père. Il l'instruisit par sa science de prêtre, car il était tel comme tuteur de l'Arche de Dieu. Il la consacra comme Pontife par le titre le plus doux : "La Sans Tache". Un jour viendra où un autre Pontife aux cheveux blancs dira au monde : "Elle est la Conception sans Tache" et il donnera au monde des croyants cette vérité, comme un article de foi incontestable
[11], pour que dans le monde d'alors, en train de s'enfoncer toujours plus dans une grisaille nébuleuse d'hérésies et de vices, resplendisse tout à fait à découvert la Toute Belle de Dieu, couronnée d'étoiles, vêtue des rayons de la lune moins purs qu'Elle, et appuyée sur les astres, la Reine du Créé et de l'Incréé parce que Dieu-Roi a pour Reine, dans son Royaume, Marie[12]."       

"Alors Joachim était prophète ?"         

"C'était un juste. Son âme répétait comme un écho ce que Dieu disait à son âme aimée de Dieu."      

 196.9 - "Quand allons-nous voir cette Maman, Seigneur ?" demande Yabeç avec des yeux de convoitise.     

"Ce soir. Que lui diras-tu, en la voyant ?"       

"Je te salue, Mère du Sauveur". Cela va bien ainsi ?"

"Très bien" confirme Jésus en le caressant.   

"Mais ne devons-nous pas aller au Temple aujourd'hui ?" demande Philippe.        

"Nous irons avant de partir pour Béthanie. Et tu resteras tranquille ici, n'est-ce pas ?"    

"Oui, Seigneur."  

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289> L'épouse de Jonas, le régisseur de l'oliveraie, qui s'est approchée tout doucement, dit :  

"Pourquoi ne l'y conduis-tu pas? L'enfant le désire..."        

Jésus la fixe avec insistance sans parler.        

La femme comprend et le dit :  

"J'ai compris ! Mais je dois avoir encore un petit manteau de Marc. Je vais le chercher" et elle part en courant.        

Yabeç tire Jean par la manche :

"Seront-ils sévères les maîtres ?"         

"Oh ! non. N'aie pas peur et puis ce n'est pas pour aujourd'hui.    

Dans quelques jours, avec la Mère, tu seras plus sage qu'un docteur" dit Jean pour le réconforter.        

Les autres entendent et sourient de l'appréhension de Yabeç.       

"Mais qui le présentera en qualité de père ?" demande Matthieu.

"Moi. C'est naturel ! À moins... que le Maître ne veuille le présenter" dit Pierre.        

"Non, Simon. Je ne le ferai pas. Je te laisse cet honneur." 

"Merci, Maître. Mais... tu y seras Toi aussi ?"

"Certainement. Nous y serons tous. C'est "notre" enfant..."

Marie de Jonas revient avec un manteau violet foncé encore en bon état. Mais quelle couleur ! Elle-même le dit :       

"Marc ne voulait pas le porter parce que la couleur ne lui plaisait pas."



Je crois bien ! C'est atroce ! Et le pauvre Yabeç, avec son teint olivâtre, semble un noyé avec cette couleur violente. Mais lui ne se voit pas... aussi il est heureux avec ce manteau où il peut se draper comme un homme...         

"Le repas est prêt, Maître. La servante a déjà enlevé l'agneau de la broche."        

"Allons-y alors."  

Et descendant de l'endroit Où ils se trouvent, ils entrent dans la vaste cuisine pour le repas.       

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Fiche mise à jour le
09/01/2024.

 



[1] Au nord de Jérusalem, à côté du Temple.         

[2] Voir le paradoxe de la "pécheresse par amour" exprimé par la Sans-péché et la parabole du petit oiseau : voir en EMV 7.5.      

[3] "partie" a été corrigé (selon l’explication apportée dans la note d’EMV 167.9) en “participant ” sur une copie dactylographiée ; elle ajoute en bas de page : “Si l’âme sait rester en état de grâce, donc déifiée, non pas par identité de substance, mais par élévation à l’ordre surnaturel. ”    

[4] Genèse 1,28.       

[5] "surnaturellement" : Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : sans que le désordre de la malice s’unisse ou même “se substitue” aux lois ordonnées de Dieu, inhérentes à la multiplication et à la population de la terre. Elle ajoute en marge : Tant que l’homme est resté dans cet ordre, le venin de la triple concupiscence qui le rendit délirant, puis rebelle, enfin déchu, ne naquit pas en lui.    

[6] Genèse 2,23.       

[7] Genèse 2,24.       

[8] Benjamin de Magdala (cf. EMV 184.7) qui n’a pas mâché ses mots pour dire ses sympathies et ses antipathies, dont le "Tu me fais peur" adressé à Judas.  

[9] Probablement Alphée de Sara.   

[10] Dieu en elle : Maria Valtorta note sur une copie dactylographiée : Marie, sanctuaire perpétuel et très pur en qui le Dieu un et trine fit sa perpétuelle demeure, ne fut jamais séparée de la Sagesse : le Verbe de Dieu fut toujours en elle, vraie Arche qui porte la Parole éternelle, et aucune créature n’a connu aussi bien qu’elle cette Parole qui est Sagesse divine, qui allait prendre chair en elle, et qui allait encore et toujours rester en elle.  

[11] Le Dogme de l'Immaculée conception a été proclamé par Pie IX le 8 décembre 1854 par la bulle Ineffabilis Deus. C’était un sujet séculaire de polémiques et ce fut un des motifs de la farouche opposition de la théologie établie à l’encontre de Maria de Ágreda qui l’exprimait, ayant reçue cette révélation dans ses visions.    

[12] Cf. Apocalypse 12,1-2 "Un grand signe apparut dans le ciel : une femme, vêtue du soleil, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et criait dans le travail et les douleurs de l’enfantement."