Le lundi 8 juillet 1946.
173> 455.1 – L'aube se lève tout juste
lorsque Jésus s'éveille et se dresse pour s'asseoir sur son lit rustique fait
de terre et d'herbe. Puis il se lève, prend ses sandales et son manteau qu'il
avait étendu sur Lui pour se défendre de la rosée et de la fraîcheur de la
nuit et, avec précaution, il passe dans l'enchevêtrement de jambes et de bras
et de torses et de têtes des apôtres endormis autour de Lui. Il s'éloigne de
quelques mètres regardant de près pour voir où il pose les pieds, dans la
vague lueur de l'aube, qui sous le feuillage des arbres est à peine un
semblant de lumière. Il rejoint un pré découvert. Par une éclaircie entre les
arbres, on aperçoit un coin du lac qui se réveille et une large partie du
ciel qui s'éclaircit en passant du gris bleu, particulier au firmament qui
sort de la nuit, au bleu clair, alors qu'à l'orient il s'estompe déjà en une
teinte jaune claire qui, de plus en plus soutenue, passe du jaune clair à un
jaune rosé, puis à une pâle couleur de corail, extrêmement gracieuse.
L'aube promet une belle journée malgré une très légère brume qui n'en finit pas de céder à la lumière le champ du
ciel là-bas à l'orient, et elle se présente en voiles si légers que l'azur du
ciel n'en souffre pas, mais au contraire s'en trouve embelli comme si c'était
une mousseline très blanche frangée d'or et de corail, toujours changeante,
toujours plus belle, comme si elle s'efforçait d'atteindre la perfection de
son éphémère beauté avant que le jour la détruise par le triomphe du soleil.
À l'occident, au contraire, quelques astres résistent encore bien qu'ayant
perdu déjà leur éclat nocturne, à la lumière qui croît, et la lune, tout près
de disparaître derrière la crête des monts, parcourt le ciel, pâle, sans
éclat, comme une planète morte.
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174> 455.2 – Jésus, debout, les pieds nus dans
l'herbe humide de rosée, les bras croisés sur la
poitrine, la tête levée pour regarder le jour qui se lève, réfléchit... ou
parle avec le Père dans un colloque d'esprits. Le silence est absolu, au
point que l'on entend tomber par terre les
gouttelettes de la rosée très abondante.
Jésus abaisse son visage, en restant debout les bras croisés, et il se plonge dans une méditation encore plus intense. Il
est totalement concentré en Lui-même. Ses magnifiques yeux bien ouverts
fixent le sol comme pour arracher à l'herbe une réponse, mais je crois qu'ils
ne voient même pas le lent mouvement des herbes qui, sous le vent frais de
l'aube, ont une sorte de frémissement, un frisson pareil à celui de quelqu'un
qui sort du sommeil et qui s'étire, se retourne, se secoue pour se réveiller
tout à fait et redevenir agile en ses nerfs et en ses muscles. Il regarde et
ne voit pas ce réveil de l'herbe et des fleurs sauvages qui passe des
rameaux, des feuilles, des corolles en ombrelles ou en grappes, en épis, en
trochets. Certaines fleurs sont isolées en calices, d'autres disposées en
éventails ou ont la forme de gueule-de-loup, ou de corne d'abondance, de
plumet, de baie. Certaines sont droites sur leurs tiges, d'autres molles et
pendantes d'une tige qui n'est pas la leur où elles se sont enroulées, d'autres
sont abandonnées et rampantes sur le sol ; certaines sont groupées en
familles de nombreuses plantes petites et humbles, d'autres sont solitaires,
larges, d'une couleur et d'une allure violentes. Toutes sont occupées à
secouer de leurs pétales les gouttes de rosée, désireuses maintenant non plus
de rosée mais de soleil, capricieuses dans leurs désirs comme dans leurs
dispositions...
En cela, elles sont très semblables aux hommes qui ne sont jamais satisfaits
de ce qu'ils possèdent.
Jésus semble écouter. Mais il n'entend certainement pas le bruissement du
vent qui augmente et s'amuse à faire tomber la rosée en secouant les branches, ni non plus les chuchotements de
plus en plus forts des oiseaux qui s'éveillent et se racontent les rêves de
la nuit, ou échangent leurs impressions sur le nid douillet et mélodieux où,
dans les brins de laine et de foin, les oisillons hier encore nus mettent
leurs premières plumes ou bien ouvrent démesurément leurs becs en montrant
avides leurs gosiers rouges et manifestent bruyamment leur première exigence
de nourriture. Jésus semble écouter.
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175> Et il n'entend certainement pas le
premier appel moqueur du merle, ni le doux chant de la fauvette à tête noire,
ni les trilles d'or de l'alouette qui montent joyeusement à la rencontre du
soleil qui se lève, ni le sifflement qui déchire l'air tranquille des bandes
d'hirondelles qui ont quitté les rochers où elles ont fait leurs nids et
commencent à tisser leurs toiles de vols infatigables entre terre et ciel. Et
il n'entend pas non plus le jacassement d'une pie qui se penche d'une branche
du rouvre auprès duquel se trouve Jésus et semble Lui demander :
"Qui es-tu ? Que penses-tu ?" et se moque. Cela non plus
n'interrompt pas sa méditation.
Mais qui ne sait pas que les pies sont taquines ? Celle-ci, lasse de voir un intrus dans le petit pré qui est peut-être son
endroit préféré, arrache au rouvre deux beaux glands jumelés et, avec la
précision d'un champion de tir, les fait tomber sur la tête de Jésus. Ce
n'est pas un lourd projectile, capable de blesser, mais de la hauteur d'où il
vient, il acquiert assez de force pour attirer l'attention du Méditatif qui
regarde en haut et il voit l'oiseau qui, les ailes étendues, avec des
inclinations moqueuses, se réjouit de son tir. Jésus a un léger sourire, il
secoue la tête, soupire comme pour conclure ses méditations et se déplace en
cheminant de côté et d'autre. La pie, avec un rire et un "gué-gué"
moqueur, descend pour jacasser, fouiller, creuser l'herbe libérée de
l'Intrus.
455.3 – Jésus cherche de l'eau, mais il
n'en trouve pas. Il se résigne à retourner vers les apôtres, mais les oiseaux
Lui apprennent où en trouver. Par bandes, ils descendent vers des fleurs de
très large calice, qui sont autant de petites coupes contenant de l'eau, ou
bien ils se posent sur de très larges feuilles veules dont chaque poil
retient une goutte de rosée, et là ils se désaltèrent ou font leurs
ablutions. Jésus les imite. Il recueille dans le creux de la main l'eau des
calices et s'en rafraîchit le visage, il cueille les larges feuilles velues
et avec elles il nettoie la poussière de ses pieds nus, il nettoie ses
sandales, se les lace. Avec d'autres il se lave les mains jusqu'à ce qu'il
les voie propres et il sourit en murmurant :
"Les divines perfections du Créateur !"
Maintenant il est rafraîchi, en ordre parce que, avec ses mains humides, il a coiffé ses cheveux et sa barbe, et pendant
que le premier rayon de soleil fait du pré une nappe toute diamantée, il va
réveiller les apôtres et les femmes.
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176> 455.4 – Les unes et les autres ont du
mal à se réveiller, fatigués comme ils le sont. Mais Marie
est éveillée, mais immobile à cause de l'enfant qui dort, recroquevillé sur
son sein, sa petite tête sous le menton de Marie. La Mère, voyant apparaître
sur le seuil de la caverne son Jésus, Lui sourit de ses doux yeux bleu clair
et ses joues se colorent de rosé par la joie de le voir. Elle se dégage de
l'enfant, qui pleurniche un peu d'être remué, et elle se lève et va vers
Jésus de son pas silencieux légèrement ondoyant, de colombe pudique.
"Que Dieu te bénisse, mon Fils, en ce jour."
"Que Dieu soit avec toi, Maman. La nuit a été dure pour toi ?"
"Du tout. Bienheureuse, au contraire. Il me semblait t'avoir tout
petit dans mes bras... Et j'ai rêvé qu'il te
sortait de la bouche une sorte de fleuve d'or résonnant avec une douceur que
l'on ne peut dire, et une voix qui disait... Oh ! quelle voix !
"C'est la Parole qui enrichit le monde et donne la béatitude à celui qui
l'écoute et lui obéit. Sans limite dans sa puissance, dans le temps, dans
l'espace, Elle sauvera". Oh ! mon Fils ! Et c'est Toi, mon
Fils, cette Parole ! Comment faire à tant vivre et tant faire pour
pouvoir remercier l'Éternel de m'avoir faite ta Mère ?"
"Ne t'en mets pas en peine, Maman ! Chaque battement de ton cœur
est pour Dieu une récompense. Tu es pour Dieu une vivante louange et toujours
tu le seras, Maman. Tu le remercies depuis que tu existes..."
"Il ne me semble pas le faire suffisamment, Jésus. C'est si grand,
si grand ce que Dieu a fait pour moi !
Qu'est-ce que je fais moi, enfin, de plus que
toutes ces femmes bonnes, qui sont tes disciples avec moi ? Dis-le-Lui,
Toi, mon Fils, à notre Père, qu'il me permette de le remercier comme le don
le mérite."
"Ma Mère ! Et crois-tu que le Père
ait besoin que je Lui demande cela pour toi ? Lui a déjà préparé pour
toi le sacrifice que tu devras consommer pour cette louange parfaite. Et tu
seras parfaite quand tu l'auras accompli..."
"Mon Jésus !... Je comprends ce que tu veux dire... Mais serai-je
capable de penser à cette heure-là ?... Ta pauvre Maman..."
"La bienheureuse Épouse de l'Amour éternel ! Maman, tu es cela. Et l'Amour pensera en toi."
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177> "Tu le dis, mon Fils, et moi,
je me repose sur ta Parole. Mais, Toi... prie pour moi,
à cette heure qu'aucun d'entre eux ne comprend... et qui est déjà
imminente... N'est-ce pas vrai ? N'est-ce pas vrai
peut-être ?"
Dire l'expression du visage de Marie pendant ce dialogue, est chose impossible. Il n'y a pas d'écrivain qui puisse la
traduire en langage humain sans l'abîmer par des mièvreries ou des teintes
imprécises. Seul celui qui a le cœur, le cœur bon, tout en étant viril, peut
donner mentalement au visage de Marie l'expression réelle qu'il a en ce
moment.
Jésus la regarde... Autre expression intraduisible en notre pauvre langage,
et il lui répond :
455.5 – "Et toi, prie pour Moi à
l'heure de la mort...
Oui. Aucun d'entre eux ne comprend... Ce n'est
pas leur faute. C'est Satan qui crée les fumées pour qu'ils ne voient pas et
qu'ils soient comme ivres et sourds et donc non préparés... et plus faciles à
fléchir... Mais toi et Moi, nous les sauverons malgré les embûches de Satan. Dès maintenant je te les confie, ma Mère.
Souviens-toi de ces paroles : je te les confie. Je te donne mon
héritage. Je n'ai rien sur la Terre qu'une Mère et elle je l'offre à
Dieu : Hostie avec l'Hostie ; et mon Église, et elle je la confie à
toi. Sois pour elle une Nourrice. Il y a peu de temps, je pensais aux
nombreux hommes en lesquels, au cours des siècles, revivrait l'homme de
Kérioth avec toutes ses tares. Et je pensais que quelqu'un qui ne serait pas
Jésus le repousserait, cet être taré. Mais Moi, je ne le repousserai pas. Je
suis Jésus. Toi, pendant le temps que tu resteras sur la terre, venant après
Pierre dans la hiérarchie ecclésiastique,
lui Chef et toi fidèle, mais la première avant tous comme Mère de l'Église
puisque tu m'as enfanté Moi, Chef de ce Corps mystique, toi ne repousse pas
les nombreux Judas, mais secours-les et apprends à Pierre, aux frères, à
Jean, Jacques, Simon, Philippe, Barthélemy, André, Thomas et Matthieu à ne
pas repousser mais à secourir. Défends-moi dans ceux qui me suivent, et
défends-moi contre ceux qui voudront disperser et démembrer l'Église
naissante.
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178> Et au cours des siècles, ô Mère,
sois toujours Celle qui intercède et protège, défend, aide mon Église, mes
Prêtres et mes fidèles, du Mal, et du Châtiment, d'eux-mêmes... Que de Judas,
ô Mère, au cours des siècles ! Et combien qui ressemblent à des
déficients incapables de comprendre, ou à des aveugles qui ne savent pas voir et à des sourds qui ne savent pas entendre, ou à des
estropiés et des paralytiques qui ne savent pas venir... Mère, tous sous ton
manteau ! Toi seule peux et pourras changer les décrets de châtiments de
l'Éternel pour un ou pour plusieurs. Car la Triade ne pourra jamais rien
refuser à sa Fleur."
"J'agirai ainsi, Fils. Pour ce qui dépend de moi, va en paix vers
ton but. Ta Mère est ici pour te défendre dans ton
Église, toujours."
455.6 – "Que Dieu te bénisse,
Maman... Viens ! Je vais te cueillir des calices de fleurs pleins d'une
rosée parfumée, et tu t'en rafraîchiras le visage
comme Moi je l'ai fait. Ils nous ont été préparés par notre Père très Saint,
et les oiseaux me les ont indiqués. Regarde comme tout sert dans la Création
ordonnée de Dieu ! Ce plateau surélevé et près du lac, si fertile à
cause des nuées qui montent de la Mer de Galilée et des grands arbres qui
attirent la rosée, permettant cette luxuriance d'herbes et de fleurs, même
pendant la sécheresse de l'été. Cette pluie abondante de rosée pour emplir
ces calices pour que ses enfants bien-aimés puissent se laver le visage...
Voilà ce que le Père a préparé pour ceux qui l'aiment. Tiens. L'eau de Dieu
dans le calice de Dieu pour rafraîchir l'Ève du nouveau Paradis."
Et Jésus cueille ces fleurs très larges, dont je ne sais pas le nom, et il
verse dans les mains de Marie l'eau qui s'est rassemblée au fond...
455.7 – Les autres, pendant ce temps,
ont fait leur toilette et ils viennent chercher Jésus qui
s'est éloigné de quelques mètres de l'endroit de la halte.
"Nous sommes prêts, Maître."
"C'est bien. Allons de ce côté."
"Mais est-ce le bon chemin ? Les bois cessent ici et nous étions
sous les bois l'autre fois..." objecte
Jacques de Zébédée.
"Parce que nous montions du lac. Mais maintenant nous pouvons prendre le
chemin direct. Vous voyez ? Gamla est ici, entre l'orient et le midi, et
il n'y a pas d'autre route car les trois autres côtés sont impraticables pour
qui n'est pas une chèvre sauvage."
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179> "Tu as raison. Nous éviterons
le vallon aride d'où nous vîmes arriver les
possédés" dit Philippe.
Ils marchent rapidement, laissant bientôt le bois sous lequel ils ont dormi,
pour un chemin caillouteux situé au-delà d'un petit vallon et qui s'accentue
de plus en plus en se rapprochant du mont bizarre sur lequel s'accroche Gamla
d'où descendent de trois côtés, à l'est, au nord et à l'ouest, des pentes
rapides, et reliée au reste de la région par une route directe unique
allant du sud au nord, qui s'élève entre deux vallées rocheuses et sauvages
qui la séparent des campagnes de l'orient et des bois de chênes de
l'occident.
455.8 – Beaucoup de gardiens de porcs
passent au milieu de leurs troupeaux qui se dirigent vers les bois de chênes.
Des chars qui transportent des pierres équarries passent en grinçant, tirés
par des attelages de bœufs à la lente démarche. Quelques cavaliers passent au
trot, en soulevant des nuages de poussière. Des équipes de terrassiers,
esclaves je crois ou purgeant quelque peine, passent déguenillés et hâves, se
dirigeant vers leurs travaux sous la dure surveillance de leurs gardiens.
À mesure que le mont se rapproche et que la route monte, on voit des fossés
fortifiés qui entourent le mont comme autant d'anneaux qui protègent ses
flancs. Il ne doit pas être facile de creuser ces fossés, surtout dans
certains endroits presque en surplomb. Et pourtant des hommes nombreux
travaillent pour remettre en état des fortifications déjà existantes ou pour
en préparer d'autres, pour apporter sur leurs épaules nues des cubes de
pierre qui font courber les malheureux et laissent des traces sanglantes sur
leurs épaules nues.
"Mais que font-ils ? Est-ce par hasard un temps de guerre pour
travailler ainsi ? Ils sont fous !" disent entre eux les
disciples.
Les femmes, elles, plaignent les malheureux demi-nus, mal nourris, obligés de
subir des fatigues qui dépassent leurs forces.
"Mais qui les fait travailler ? Le Tétrarque ou les
romains ?" demandent encore les apôtres.
Ils discutent entre eux, car il semble que Gamla est, dirai-je, indépendante
de la Tétrarchie de Philippe et de la Tétrarchie d'Hérode, et parce qu'il
paraît impossible à divers apôtres que les romains s'occupent de faire
construire chez les autres des fortifications qui demain pourraient servir
contre eux. Et l'éternelle idée, l'idée fixe comme celle d'un maniaque, du
royaume temporel du Messie s'agite comme l'enseigne d'une victoire déjà
assurée et de la gloire et de l'indépendance nationale.
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180> 455.9 – Ils crient si fort que des surveillants
s'approchent et écoutent. Ce sont des hommes grossiers, d'une race qui
visiblement n'est pas hébraïque, plusieurs sont âgés, certains ont des
cicatrices sur le corps. Mais ce qu'ils sont, le dit la sortie méprisante de
l'un d'eux :
"Notre royaume" ! Tu as entendu, Titus ? O gros
nez ! Votre royaume est déjà écrasé sous ces pierres. Celui qui se sert
de l'ennemi pour construire contre l'ennemi sert l'ennemi. Paroles de Publius Corfinius. Et si vous ne
comprenez pas, vivez ! et les pierres vous expliqueront l'énigme."
Et il rit en levant son fouet parce qu'il voit un travailleur épuisé qui
vacille et s'assoit, et il le frapperait si Jésus ne l'arrêtait pas en
s'avançant et en lui disant :
"Il ne t'est pas permis. C'est un homme, ton égal."
"Qui es-tu pour te mêler et défendre un esclave ?"
"Je suis la Miséricorde. Mon
nom d'homme ne te dirait rien. Mais mon attribut te
rappelle d'être miséricordieux. Tu as dit : "Celui qui se sert de
l'ennemi pour construire contre l'ennemi sert l'ennemi". Tu as dit une
vérité douloureuse. Mais Moi, je t'en dis une lumineuse : "Celui
qui n'use pas de miséricorde ne trouvera pas la miséricorde"
"Tu es un rhéteur ?"
"Je suis la Miséricorde. Je te l'ai dit."
Des gens de Gamla, ou qui s'y rendent, disent :
"C'est le Rabbi de Galilée. Celui qui
commande aux maladies, aux vents, aux eaux et aux démons et change les
pierres en pain, et rien ne Lui résiste. Courons le dire à la ville. Que
viennent les malades ! Que l'on ait sa Parole ! Nous sommes
d'Israël, nous aussi !"
Et pendant qu'une partie d'entre eux s'en vont en courant, les autres se
serrent autour du Maître.
Le surveillant de tout à l'heure dit :
"Est-ce vrai ce que ces gens disent de
Toi ?"
"C'est vrai."
"Fais un miracle et je croirai."
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181> "On ne demande pas des miracles pour
croire. On demande la foi pour croire et obtenir ainsi le miracle. La foi et
la pitié pour le prochain."
"Je suis païen, moi..."
"Ce n'est pas une raison valable. Tu vis en Israël qui te paie..."
"Parce que je travaille."
"Non. Parce que tu fais travailler."
"Moi, je sais faire travailler."
"Oui, sans pitié. Mais tu n'as jamais réfléchi que si, au lieu d'être romain, tu avais appartenu à Israël, tu aurais pu être à
la place de l'un d'eux ?"
"Hé !... Certainement... Mais je ne le suis pas, grâce à la
protection des dieux."
"Elles ne pourraient te défendre, tes vaines idoles, si le vrai Dieu
voulait te frapper. Tu n'es pas mort encore. Sois
donc miséricordieux pour obtenir miséricorde..."
L'homme voudrait répliquer, discuter, mais ensuite il hausse les épaules,
méprisant, tourne le dos et s'en va frapper quelqu'un qui a cessé de
travailler au pic un filon tenace de roche.
Jésus regarde le malheureux qui a été frappé et celui qui l'a frappé. Deux regards d'une même mais différente pitié.
Et d'une tristesse si profonde qu'elle me rappelle certains regards du Christ
pendant la Passion. Mais que peut-il faire ? Impuissant à intervenir, il
reprend son chemin avec le poids des malheurs qu'il a vus, pour Lui alourdir
le cœur.
455.10 – Mais de Gamla descendent
vivement des habitants, des notables certainement, et ils rejoignent Jésus
qu'ils saluent profondément en l'invitant à entrer dans la ville pour parler
aux habitants qui pour leur compte sont en train
d'arriver par bandes.
"Vous, vous pouvez aller où vous voulez. Eux (et il indique les
travailleurs) ne le peuvent pas. L'heure est encore fraîche et la position
nous garantit du soleil. Allons près de ces malheureux pour qu'eux aussi ils
aient la Parole de Vie" répond Jésus.
Et il s'y dirige le premier en revenant sur ses pas, et puis il prend un
sentier accidenté qui va exactement en dessous de la montagne, là où le
travail est le plus pénible. Il se tourne alors vers les notables et il leur
dit :
"S'il est en votre pouvoir de le faire, commandez que le travail soit
suspendu."
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182> "Certainement que nous le
pouvons ! C'est nous qui payons et, si nous
payons des heures creuses, personne ne pourra se plaindre" disent les
gens de Gamla.
Et ils vont parlementer avec ceux qui dirigent les travaux. Je vois ces
derniers qui après un moment haussent les épaules comme pour dire :
"Si la chose vous plaît, à nous elle ne nous importe pas."
Et puis ils sifflent pour les équipes un signal de repos.
Jésus, pendant ce temps, a parlé avec d'autres de Gamla. Je les vois faire un signe d'assentiment et retourner
rapidement vers la ville.
Les travailleurs accourent craintifs autour des surveillants.
"Cessez le travail. Le bruit gêne le
philosophe" ordonne l'un d'eux, peut-être leur chef.
Les travailleurs regardent avec des yeux fatigués celui qu'on nomme le "philosophe" et qui leur fait cadeau
d'un arrêt de travail. Et ce "philosophe", en les regardant avec
pitié, répond à leurs regards et aux paroles du surveillant en disant :
"Le bruit ne me dérange pas, mais je souffre de leur misère. Venez,
fils. Reposez vos membres et surtout votre cœur près du Christ de Dieu."
Peuple, esclaves, condamnés, apôtres, disciples se pressent dans l'espace
libre entre le mont et les tranchées, et ceux qui ne trouvent pas de place
grimpent en haut des plus hautes tranchées ou s'installent sur des rochers
renversés sur le sol, et les moins chanceux se résignent à aller sur la route
où déjà arrivent les rayons du soleil. Et toujours d'autres gens arrivent de
Gamla, ou s'arrêtent d'autres qui venant d'ailleurs se dirigeaient vers
Gamla.
Une foule nombreuse, et au milieu d'elle se fraient un passage ceux qui étaient partis un peu auparavant. Ils portent
des paniers et de lourds récipients. Ils se fraient un chemin jusqu'à Jésus
qui a ordonné aux apôtres d'amener les travailleurs au premier rang. Ils
déposent paniers et amphores aux pieds de Jésus.
"Donnez-leur les offrandes de la charité" commande Jésus.
"Ils ont déjà eu leur nourriture, il reste encore du pain et de l'eau
vinaigrée. S'ils mangent trop, ils sont alourdis pour le travail" crie
un surveillant.
Jésus le regarde et répète l'ordre :
"Donnez-leur une nourriture d'hommes,
et apportez-moi leur nourriture."
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183> Les apôtres, aidés de volontaires,
exécutent l'ordre.
Leur nourriture ! Une espèce de croûte noire, dure, dont les animaux ne
voudraient pas et un peu d'eau vinaigrée. Voilà la nourriture de ces
forçats ! Jésus regarde cette misérable nourriture et il la fait mettre de côté contre la montagne. Il regarde
ceux qui devaient la consommer : des corps sous-alimentés, dans lesquels
les muscles seulement, surdéveloppés par des fatigues anormales, résistent
avec leurs faisceaux de fibres en saillie sur la peau flasque, yeux fébriles
et apeurés, bouches avides jusqu'à montrer un appétit animal quand ils
mordent dans la nourriture excellente, abondante, inattendue, quand ils
boivent du vin, du vrai vin, fortifiant, frais...
Jésus attend patiemment qu'ils finissent leur repas et il n'a pas beaucoup à attendre car l'avidité est telle que tout est
bientôt fini.
455.11 – Jésus ouvre les bras avec son
geste habituel qui annonce qu'il va parler, pour attirer
l'attention et imposer le silence. Il dit :
"En cet endroit, quelle chose admirent les yeux de l'homme ? Des
vallées creusées plus profondément que la nature ne les avait faites, des
collines créées avec des massifs et des terre-pleins fabriqués par l'homme,
des routes sinueuses et qui pénètrent dans la montagne comme des tanières
d'animaux. Et tout cela, pourquoi ? Pour arrêter un danger dont on ne
sait d'où il peut venir, mais que l'on sent menaçant comme un nuage de grêle
dans un ciel orageux.
Ici, en vérité, on s'apprête humainement, avec des forces humaines et des
moyens humains, et même inhumains, à se défendre et à préparer des moyens
d'attaque, oublieux des paroles du Prophète
qui enseigne à son peuple comment on peut se défendre des malheurs humains
grâce à des moyens surhumains, les plus efficaces. Il crie :
"Consolez-vous... consolez Jérusalem car son esclavage est fini, son
iniquité est expiée, car elle a reçu de la main du Seigneur le double de ses
péchés" . Et après la promesse, il dit quel chemin il faut suivre
pour la traduire en réalité : "Préparez les chemins du Seigneur,
redressez dans la solitude les sentiers de Dieu . Toute vallée sera comblée, toute montagne abaissée,
les voies tortueuses deviendront droites, celles qui sont raboteuses
deviendront planes .
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184> Alors apparaîtra la gloire du
Seigneur et tous les hommes, sans exception, la verront, car la bouche du
Seigneur a parlé". Paroles reprises par l'homme de Dieu : Jean le
Baptiste, et que seule la mort a éteint sur ses lèvres.
Voilà, ô hommes, la véritable défense contre
les malheurs de l'homme. Non pas les armes contre les armes, la défense
contre l'attaque, non pas l'orgueil, non pas la férocité. Mais les armes
surnaturelles, les vertus conquises dans la solitude, c'est-à-dire à
l'intérieur de l'individu seul avec lui-même, qui travaille pour se
sanctifier en élevant des montagnes de charité, en abaissant des cimes
d'orgueil, en redressant les chemins tortueux de la concupiscence, en enlevant
du chemin l'obstacle de la sensualité. Alors apparaîtra la gloire du
Seigneur, et l'homme sera défendu par Dieu contre les embûches des ennemis
spirituels et matériels. Que voulez-vous que ce soit quelques tranchées,
quelques glacis, quelques fortifications, contre le châtiment de Dieu attiré
par l'iniquité ou même seulement par la tiédeur de l'homme ? Contre ces
châtiments qui s'appelleront : romains, comme ils se sont appelés
autrefois babyloniens, ou philistins, ou égyptiens, mais qui en réalité sont
une punition divine, et cela seulement, et punition attirée par trop
d'orgueil, de sensualités, de cupidité, de mensonges, d'égoïsmes, de
désobéissances à la Loi sainte du Décalogue. L'homme, même le plus fort, peut
être tué par une mouche. La ville, même la mieux fortifiée, peut être prise
quand pour l'un ou pour l'autre, il n'y a plus de protection de Dieu, quand
cette protection est en fuite, chassée, à cause des péchés de l'homme ou de
la ville.
455.12 – Le Prophète dit encore :
"Tout homme est comme de l'herbe et toute sa gloire comme
la fleur d'un champ . L'herbe sèche, la fleur tombe dès que la touche le
souffle du Seigneur".
Vous, de par ma volonté, regardez aujourd'hui avec pitié ces hommes que
jusqu'à hier vous aviez regardés comme des machines astreintes au travail par
vous. Aujourd'hui, parce que je les ai placés, frères parmi les frères,
pauvres au milieu de vous qui êtes riches et heureux, vous les voyez
aujourd'hui pour ce qu'ils sont : des hommes. Le mépris et
l'indifférence sont tombés de beaucoup de cœurs et la pitié y est entrée.
Mais allez plus au fond, au-delà de la chair accablée. En son intérieur, en
leur intérieur, il y a une âme, une pensée, des sentiments, comme en vous.
Autrefois ils ont été comme vous : sains, libres, heureux.
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185> Par la suite ils ne l'ont plus été,
car si la vie de l'homme est comme l'herbe qui sèche, encore plus fragile est
son bien-être. Ceux qui aujourd'hui sont sains peuvent demain être
malades ; ceux qui aujourd'hui sont libres peuvent demain être esclaves ;
ceux qui aujourd'hui sont heureux demain peuvent être malheureux.
Parmi eux, il y a certainement des coupables. Mais ne jugez pas leur faute et ne vous réjouissez pas de leur peine.
Demain, pour de multiples causes, vous pourriez vous aussi être coupables et
astreints à une dure expiation. Soyez donc miséricordieux, car vous ne
connaissez pas votre lendemain, qui pourrait avoir besoin de toute la
miséricorde divine et humaine tant il pourrait être différent du jour
présent. Soyez portés à l'amour et au pardon. Il n'y a pas d'homme sur la
Terre qui n'ait pas besoin du pardon de Dieu et de quelqu'un de ses
semblables. Pardonnez donc pour que l'on vous pardonne.
455.13 – Le Prophète dit encore :
"L'herbe sèche, la fleur tombe, mais la parole
du Seigneur reste éternellement". Voici l'arme et la défense : la
Parole éternelle devenue la loi de votre action.
Elevez ce rempart véritable contre le danger qui vous menace et vous serez sauvés. Accueillez par conséquent la Parole,
Celui qui vous parle, mais ne l'accueillez pas matériellement pour une heure
dans les murs de la ville, mais bien dans votre cœur, pour toujours, car je
suis Celui qui sait et qui agit, et dirige puissamment. Et je suis le bon
Berger qui fait paître le troupeau qui se fie à Lui , et ne néglige personne, ni celui qui est petit, ni
celui qui est las, ni celui qui est blessé ou frappé par le sort, ni celui
qui pleure ses erreurs, ni celui qui, riche et heureux, néglige tout pour la
vraie richesse et le vrai bonheur : celui de servir Dieu jusqu'à la
mort.
L'Esprit du Seigneur est sur Moi car le Seigneur m'a envoyé annoncer la Bonne
Nouvelle aux doux, guérir les cœurs brisés, prêcher la liberté aux esclaves,
la libération aux prisonniers . Et on ne peut dire de Moi
que je suis un fauteur de troubles, car je ne pousse pas à la révolte et je
ne conseille pas de s'évader aux esclaves et aux prisonniers, mais à l'homme
enchaîné, à l'homme asservi, j'enseigne la vraie liberté, la vraie
libération, celle qui ne peut être enlevée ni même limitée, celle qui grandit
d'autant plus que l'homme s'y abandonne davantage : la liberté
spirituelle, la libération du péché, la douceur dans la souffrance, de savoir
reconnaître Dieu au-delà des hommes qui enchaînent, de savoir que Dieu aime
celui qui l'aime et pardonne là où l'homme ne pardonne pas, de savoir espérer
en un lieu éternel de récompense pour celui qui sait être bon dans son
malheur, se repentir de ses péchés, être fidèle au Seigneur.
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186> Ne pleurez pas vous à qui je m'adresse
particulièrement. Je suis venu pour consoler, recueillir ceux qui sont
rejetés, pour apporter la lumière dans leurs ténèbres, la paix à leurs âmes,
pour promettre une demeure de joie à celui qui se repent comme à celui qui
n'est pas coupable. Et il n'est pas de passé qui empêche ce Présent qui
attend au Ciel ceux qui savent servir le Seigneur dans la situation où ils se
trouvent.
455.14 – Il n'est pas difficile, ô
pauvres enfants, de servir le Seigneur. Il vous
a donné une manière facile de le servir car Il veut vous avoir heureux au
Ciel. Servir le Seigneur, c'est aimer. Aimer la volonté de Dieu parce que
vous aimez Dieu. La volonté de Dieu se cache même sous les choses les plus
apparemment humaines. Car - je parle à vous qui peut-être avez versé le sang
de vos frères - car si ce n'était certainement pas la volonté de Dieu que
vous soyez violents, maintenant c'est sa volonté que dans l'expiation vous
vous acquittiez de vos dettes envers l'Amour. Car, si ce n'était pas la
volonté de Dieu que vous vous révoltiez contre les ennemis, c'est maintenant
sa volonté que vous soyez humbles, comme autrefois vous avez été orgueilleux
pour votre malheur. Car, si ce n'était pas la volonté de Dieu que
frauduleusement, en grand ou en petit, vous vous appropriez ce qui ne vous
appartenait pas, c'est maintenant la volonté de Dieu que vous soyez punis
pour ne pas arriver à Dieu avec votre péché sur le cœur.
Et ils ne doivent pas l'oublier ceux qui sont heureux maintenant, ceux qui se croient en sécurité, ceux qui, à cause de
cette sotte assurance, ne préparent pas en eux le Royaume de Dieu, et qui
seront à l'heure de l'épreuve comme des enfants éloignés de la maison du
Père, à la merci de la tempête, sous le fouet de la douleur.
455.15 – Tous, agissez avec justice et
levez les yeux vers la Maison paternelle, vers le Royaume des
Cieux. Quand il aura eu ses portes grandes ouvertes par Celui qui est venu
les ouvrir, il ne refusera pas d'accueillir quiconque aura atteint la
justice.
Mutilés dans votre chair, estropiés, eunuques ; ou mutilés en
votre esprit, estropiés, eunuques pour vos puissances spirituelles, exclus en
Israël,
ne craignez pas de ne pas avoir de place dans le Royaume des Cieux.
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187> Les mutilations, les déformations,
les infirmités de la chair cessent avec la chair. Ce qui atteint le moral,
comme la prison et l'esclavage, cesse aussi un jour ; ce qui atteint
l'esprit, le fruit des fautes passées, se répare par la bonne volonté. Les
mutilations matérielles ne comptent pas aux yeux de Dieu, les spirituelles
s'annulent à ses yeux quand elles sont couvertes par un repentir plein
d'amour.
Le fait d'être étranger au Peuple saint n'est plus un obstacle pour servir le
Seigneur car le temps est venu où les frontières de la Terre disparaissent
devant l'Unique Roi, le Roi de tous les rois et peuples, qui réunit tous les
peuples en un seul pour en faire son Peuple nouveau. Ce peuple duquel il n'y
aura d'exclus que ceux qui cherchent à tromper le Seigneur par une obéissance
mensongère à son Décalogue, que tous les hommes de bonne volonté peuvent
suivre, qu'ils soient hébreux, gentils ou idolâtres. Car là où il y a bonne
volonté, il y a tendance naturelle à la justice, et celui qui tend à la
justice ne trouve pas de difficulté à adorer le Dieu vrai, quand il arrive à
le connaître, à respecter son Nom, à sanctifier ses fêtes, à honorer ses
parents, à ne pas tuer, à ne pas voler, à ne pas faire de faux témoignages, à
n'être pas adultère ou fornicateur, à ne pas désirer ce qui ne lui appartient
pas. Et si jusqu'à présent il ne l'a pas fait, que désormais il le fasse pour
qu'il sauve son âme et conquière sa place au Ciel. Il est dit : "Je
leur donnerai une place dans ma Maison s'ils respectent mon Pacte, et Je les
rendrai heureux".
Et cela est dit à tous les hommes de volonté sainte, car le Saint des
Saints est le Père commun de tous les hommes.
455.16 – J'ai parlé. Je n'ai pas
d'argent pour eux et il ne leur serait pas utile. Mais je vous dis, à vous de
Gamla, qui avez tant progressé sur le chemin du Seigneur depuis la première
fois que nous nous sommes rencontrés, d'élever la défense la plus valable
pour votre ville : celle de l'amour entre vous, et pour eux, en les
secourant en mon Nom, pendant qu'ils peinent pour vous. Le
ferez-vous ?"
"Oui, ô Seigneur" crie la foule.
"Eh bien, allons. Je ne serais pas entré dans vos murs si la dureté de
vos cœurs avait répondu "non" à ma prière. Vous qui restez, soyez bénis... Allons..."
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188> Il revient sur la route maintenant
toute ensoleillée et monte à la ville construite pour ainsi dire en pleine
roche comme une cité troglodyte, dotée pourtant de maisons bien tenues et
d'un panorama splendide et varié suivant le point où l'on regarde, vers les
monts de l'Auranitide, ou vers la Mer de Galilée, ou au loin vers le grand
Hermon, ou du côté de la verte vallée du Jourdain. La ville est fraîche à
cause de la manière dont elle est construite, et en altitude, et avec des
rues abritées du grand soleil. Elle ressemble davantage à un immense
château-fort, une suite de forteresses, tant les maisons à demi-murées, à
demi-creusées dans la montagne, présentent cet aspect.
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