9.600 - L'ultima Cena pasquale.
5.598 - The Passover Supper.
5.600 - La Última Cena pascual.
11.660 - Das Passahmahl.
Évangile :
- Matthieu 26,19-30.
- Marc 14,17-26.
- Luc 22,13-38.
- Jean 13,1 jusqu'à 17, 26.
- 1Corinthiens 11,23-25.
Le Grand Miracle de l'Eucharistie.
Quand Judas eut pris la bouchée, Satan entra en lui, d'après Benoît Molin.
Je vous enverrai le Consolateur.
Jeudi 4
avril 30
(15
Nissan 3790)
Jérusalem, le
Cénacle.
Le rituel de la Pâque.
J'ai ardemment désiré de manger avec vous cette Pâque.
Quand tu sera
repenti, affermis tes frères.
Le lavement des pieds.
L'institution de l'Eucharistie.
Vous n'êtes pas
tous purs.
Jésus
désigne le traître à Jean.
Le
grand miracle contenu dans l'Eucharistie.
C'est pour peu de temps que je suis encore avec vous.
Je
vous donne un commandement nouveau.
Avant que le coq ne chante, tu m'auras renié trois fois.
Que
votre cœur ne se trouble pas.
Je
suis le chemin, la Vérité et la Vie.
Qui me voit,
voit le Père.
Je vous laisse Ma paix, Je vous donne Ma paix.
Je suis la vraie vigne, vous êtes les sarments.
S'ils m'ont persécuté, ils vous persécuteront.
Je vous
enverrai le Consolateur.
Les faveurs divines n'exemptent pas de la sainteté.
Mon agonie avait déjà commencé.
Malheur à qui reçoit le sacrement sans en être digne.
La mort
du juste et la mort du damné.
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Sommaire du Tome.
Ancienne édition : Tome 9, chapitre 19.
Nouvelle édition : Tome 9, chapitre 600.
600
La dernière Cène.
2ème partie.
1ère partie.
600.1
: Les apôtres préparent le Cénacle. 600.2 : Tous
semblent mal à l'aise. 600.3 : Judas soulève la colère de Jude en accusant
Jésus de démence. 600.4 : À son arrivée, Jésus note que Judas a la joue
enflée et rouge. 600.5 : Judas, nerveux, soulève l'agressivité du
Zélote. 600.6 : Jésus répartit les apôtres autour de la
table. 600.7
: Il préside le rite pascal qui commence. 600.8 : Le plus grand d'entre vous est celui qui sert.
600.9 : Satan a demandé à vous éprouver, mais toi,
quand tu seras repenti, affermis tes frères. 600.10
: Les épées de Pierre et du Zélote. 600.11 : Le
lavement des pieds. 600.12 : Préparation du vin et du pain. Judas troublé,
chante faux. 600.13 : Fin du rite pascal. Le serviteur n'est pas
plus que le Maître. 600.14 :
L'institution de l'Eucharistie.
2ème partie.
600.15 :
Jésus va communier sa mère. 600.16 :
L'un de vous me trahira. 600.17 :
Jean demande à Jésus qui est le traître. 600.18 :
Assoyons-nous les uns près des autres. 600.19 :
Le grand miracle de l'Eucharistie. 600.20 :
Allusion à la mort-résurrection. 600.21 : Le rôle de Marie. 600.22 : Le commandement nouveau.
600.23 :
Tu m'auras renié trois fois. 600.24 :
Je vais vous préparer une place. 600.25 :
Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. 600.26 :
Montre-nous le Père. 600.27 :
Promesse d'un autre Consolateur. 600.28 : Je vous laisse ma paix, je vous donne ma
paix. 600.29 :
Le prince de ce monde vient. 600.30 :
Je suis la Vigne et vous les sarments. 600.31 : Il n’est pas de plus grand amour que de
donner sa vie pour ses amis. 600.32 :
Le traître, l'incarnation de Satan. 600.33 : Le serviteur n’est pas plus grand que son
maître. 600.34 : Le
rôle du Consolateur. 600.35 :
Parabole de la parturiente : Votre tristesse se changera en joie. 600.36 :
Le Pain de la déification. 600.37 :
La prière sacerdotale de Jésus (Jean 17). 600.38 :
Mettons nos manteaux et partons.
Commentaires.
600.39 : Obéissance
à la Loi. 600.40
: Puissance de la prière de Marie. 600.41 :
La charité d'endurer l'offense. 600.42
: Effets bénéfiques de l'Eucharistie.
Le
vendredi 9 mars 1945.
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509> Jésus est extrêmement
triste. Tout sourire, toute trace de lumière, de couleur l’ont quitté. Il a
déjà un visage d’agonie. Les apôtres le regardent anxieusement.
600.15 - Puis il se lève en disant :
«Ne bougez pas, je reviens tout de suite.»
Il prend le treizième morceau de pain et la coupe, et sort du Cénacle.
«Il va trouver sa Mère» murmure Jean.
Et Jude soupire :
«Pauvre femme !»
Pierre demande tout bas :
«Tu crois qu’elle sait ?
– Elle sait tout. Elle a toujours tout su.»
Ils chuchotent tous comme devant un mort.
«Croyez‑vous
donc que, vraiment… demande Thomas, qui ne veut pas encore y croire.
– Tu en doutes ? C’est son heure, répond Jacques, fils de Zébédée.
– Que Dieu nous donne la force de rester fidèles, soupire Simon le Zélote.
– Oh ! moi…» commence Pierre.
Mais Jean, qui est aux aguets, murmure :
«Chut ! Le voici.»
Jésus rentre. Il a dans les mains la coupe vide. C’est à peine s’il reste, au
fond, une trace de vin et, sous la lumière du lampadaire, elle ressemble
vraiment à du sang.
Haut de page.
510> Judas, qui a la coupe devant lui, la regarde, comme
fasciné, puis il détourne les yeux. Jésus l’observe, et il a un frisson que
ressent Jean, appuyé comme il l’est sur sa poitrine.
«Dis‑moi,
mais tu trembles ! s’écrie‑t‑il.
– Non. Je ne tremble pas de fièvre…
600.16 - Je vous ai tout dit et je vous ai tout donné. Je ne
pouvais vous donner davantage. C’est moi‑même que je vous ai donné.»
Il a son doux geste des mains qui, jointes au‑début, se séparent et
s’écartent tandis qu’il baisse la tête comme pour dire : “Excusez‑moi si je ne puis
davantage. C’est ainsi.”
«Je vous ai tout dit, et je vous ai tout donné. Je le répète, le nouveau rite
est accompli. Faites ceci en mémoire de moi. Je vous ai lavé les pieds pour
vous apprendre à être humbles et purs comme votre Maître. Car je vous dis
qu’en vérité les disciples doivent être comme leur Maître. Souvenez‑vous‑en bien. Même quand
vous serez haut placés, souvenez‑vous‑en. Le disciple n’est pas plus grand que son Maître.
De même que je vous ai lavé les pieds, faites‑le entre vous. En
d’autres termes, aimez‑vous
comme des frères, en vous aidant et en vous vénérant mutuellement, et en
étant un exemple les uns pour les autres.
Et soyez purs, pour être dignes de manger le Pain vivant descendu du Ciel et
pour avoir en vous et par lui la force d’être mes disciples, dans un monde
ennemi qui vous haïra à cause de mon nom. Mais l’un de vous
n’est pas pur. L’un de vous me trahira. Mon esprit en est fortement troublé…
La main de celui qui me trahit est avec moi sur cette table, et ni mon amour,
ni mon corps, ni mon sang, ni ma parole ne le font se raviser et se repentir.
Je lui aurais pardonné, en allant à la rencontre de la mort pour lui aussi.»
Terrifiés, les disciples se regardent. Ils se scrutent, se suspectant l’un
l’autre. Pierre fixe Judas, tous ses doutes sont réveillés.
Jude se lève brusquement pour dévisager Judas au-dessus de Matthieu.
Mais Judas montre une telle assurance ! À son tour, il observe
attentivement Matthieu comme s’il le suspectait, puis il regarde Jésus et sourit
en demandant :
«Serait‑ce
moi ?»
Il paraît être le plus sûr de son honnêteté. Il me semble qu’il dit cela pour
ne pas laisser tomber la conversation.
Jésus réitère son geste en disant :
Haut de page.
511> «Tu le dis, Judas,
fils de Simon. Ce n’est pas moi, c’est toi qui le dis. Je ne t’ai pas nommé.
Pourquoi t’accuses‑tu ?
Interroge ton conseiller intérieur, ta conscience d’homme, la conscience que
Dieu le Père t’a donnée pour te conduire en homme, et vois si elle t’accuse.
Tu le sauras avant tous les autres. Mais si elle te rassure, pourquoi parler,
et pourquoi y penser ? En parler ou y penser est anathème, même pour
plaisanter.»
Jésus s’exprime tranquillement. Il semble soutenir la thèse proposée comme
peut le faire un savant à ses élèves. L’émoi est grand, mais le calme de
Jésus l’apaise.
600.17 - Cependant, Pierre, qui soupçonne le plus Judas —
peut‑être
Jude aussi, mais il paraît moins suspicieux, désarmé comme il l’est par la
désinvolture de Judas —, tire Jean par la manche. Quand Jean, qui s’est tout
serré contre Jésus en entendant parler de trahison, se retourne, il lui
murmure :
«Demande‑lui
qui c’est.»
Jean reprend sa position et lève seulement la tête comme pour embrasser
Jésus, et en même temps il lui murmure à l’oreille :
«Maître, qui est‑ce ?»
Et Jésus, très doucement, en lui rendant le baiser dans les cheveux :
«Celui à qui je vais donner un morceau de pain trempé.»
Il prend alors un pain encore entier, pas le reste de celui qui a servi pour
l’Eucharistie, en détache une grosse bouchée, la trempe dans la sauce de
l’agneau dans le plateau, étend le bras par-dessus la table, et dit :
«Prends, Judas. Tu aimes cela.
– Merci, Maître. Oui, j’aime cela.»
Ne sachant pas ce qu’est cette bouchée, il mange à pleines dents le pain
accusateur, tandis que Jean, horrifié, va jusqu’à fermer les yeux pour ne pas
voir l’horrible rire de Judas.
«Bon ! Va, maintenant que je t’ai fait plaisir» dit Jésus à Judas.
« Tout est accompli, ici (il souligne fortement ce mot). Ce qu’il te reste à
faire ailleurs, fais‑le
vite, Judas, fils de Simon.
– Je t’obéis aussitôt, Maître. Je te rejoindrai plus tard, à Gethsémani.
C’est bien là que tu vas, comme toujours, n’est-ce pas ?
– J’y vais… comme toujours… oui.
– Qu’est‑ce
qu’il doit faire ?» demande Pierre. «Il part seul ?
– Je ne suis pas un enfant, plaisante Judas tout en mettant son manteau.
Haut de page.
512> – Laisse‑le aller. Lui et moi
savons ce qu’il doit faire, répond Jésus.
– Bien, Maître.»
Pierre se tait. Peut‑être
pense‑t‑il avoir péché en
soupçonnant son compagnon. La main sur le front, il réfléchit.
Jésus serre Jean sur son cœur et se tourne pour lui murmurer dans les
cheveux :
«Ne dis rien à Pierre pour le moment. Ce serait un scandale inutile.
– Adieu, Maître. Adieu, mes amis.»
Judas salue.
«Adieu» dit Jésus.
Et Pierre :
«Je te salue, mon garçon.»
Jean, la tête posée presque sur le cœur de Jésus, murmure :
«Satan !»
Jésus seul l’entend, et il soupire.
À ce moment, tout s’arrête, mais Jésus explique :
«Je suspends cette vision par pitié pour toi. Je te montrerai la fin de la
Cène à un autre moment.»
600.18 - (La vision de la Cène reprend)
Il y a quelques minutes de silence absolu. Jésus, la tête penchée, caresse machinalement
les cheveux blonds de Jean.
Puis il se secoue, lève la tête, tourne les yeux, a un sourire qui réconforte
les disciples. Il déclare :
«Levons‑nous
de table et asseyons‑nous
tous les uns près des autres, comme des fils autour de leur père.»
Ils prennent les lits‑sièges
qui étaient derrière la table (ceux de Jésus, Jean, Jacques, Pierre, Simon,
André et de Jacques, le cousin de Jésus) et ils les portent de l’autre côté.
Jésus prend place sur le sien, toujours entre Jacques et Jean.
Mais quand il voit qu’André s’apprête à s’asseoir à la place laissée par
Judas, il s’écrie :
«Non, pas là !»
C’est un cri impulsif que son extrême prudence ne parvient pas à retenir.
Puis il se reprend :
«Nous n’avons pas besoin de tant de place. En restant assis, on peut tenir
sur ces seuls sièges. Ils suffisent. Je vous veux très proches de moi.»
Haut de page.
513> Par rapport à la
table, ils sont maintenant placés comme suit :
Autrement dit, ils
sont assis en U. Jésus est au centre et a devant lui la table — débarrassée
de nourriture désormais —, et la place de Judas.
Jacques, fils de Zébédée, appelle Pierre :
«Mets‑toi
ici. Moi, je m’assieds sur ce petit tabouret, aux pieds de Jésus.
– Que Dieu te bénisse, Jacques ! J’en avais tellement envie !» dit
Pierre,
Et il se presse contre son Maître, qui est ainsi serré de près par Jean et
Pierre, avec Jacques à ses pieds.
Jésus sourit :
«Je vois que mes paroles de tout à l’heure commencent à opérer : les
bons frères s’aiment. Moi aussi, je te dis, Jacques : “Que Dieu te
bénisse.” Même ce geste, l’Éternel ne l’oubliera pas, et tu le trouveras là‑haut.
600.19 - Moi, je puis tout ce que je demande. Vous l’avez vu.
Il m’a suffi d’un désir pour que le
Père accorde au Fils de se donner en nourriture à l’homme. Avec ce qui vient
d’arriver, le Fils de l’homme a été glorifié, car pouvoir opérer un tel
miracle — qui n’est possible qu’aux amis de Dieu — est un témoignage. Plus
grand est le miracle, plus sûre et plus profonde est cette amitié divine.
C’est un miracle qui, par sa forme, sa durée et sa nature, par son étendue et
les limites qu’il atteint, est le plus fort qui puisse exister. Je vous le
dis : il est si puissant, surnaturel, inconcevable pour l’homme
orgueilleux, que bien peu le comprendront comme il doit être compris, et que
beaucoup le négligeront. Que dirai‑je alors ? Qu’ils doivent être condamnés ?
Non. Bien plutôt : pitié pour eux !
Haut de page.
514> Mais plus grand est
le miracle, plus grande est la gloire qui en revient à son auteur. C’est Dieu
lui‑même
qui dit : “Mon bien‑aimé l’a voulu, il l’a obtenu, et c’est moi qui le
lui ai accordé, parce qu’il possède une grande grâce à mes yeux.” Il dit
encore ici : “Il a une grâce infinie, comme est infini le miracle qu’il
a accompli.”
La gloire que Dieu rend à l’auteur du miracle est égale à la gloire que son
auteur rend au Père. Car toute gloire spirituelle, venant de Dieu, remonte à
sa source. Et la gloire de Dieu, bien qu’elle soit infinie, s’accroît
toujours plus et brille par la gloire de ses saints.
C’est pourquoi je vous dis : de même que le Fils de l’homme a été
glorifié par Dieu, Dieu a été glorifié par le Fils de l’homme. J’ai glorifié
Dieu en moi‑même.
À son tour, Dieu glorifiera son Fils en lui… et dans bien peu de temps !
600.20 - Exulte, toi qui reviens à ton Siège, ô essence
spirituelle de la seconde Personne ! Exulte, ô chair qui vas remonter après un si long exil dans la fange ! Et
ce n’est pas le paradis d’Adam, mais le Paradis sublime du Père qui va t’être
donné pour demeure. S’il a été dit que, sous l’effet de
la stupéfaction devant un commandement de Dieu transmis par la bouche d’un
homme, le soleil s’est arrêté, que n’arrivera‑t‑il pas aux astres
quand ils verront le prodige de la chair de l’Homme monter prendre place à la
droite du Père dans sa perfection de matière glorifiée ?
Mes petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je
reste avec vous. Vous me chercherez comme des orphelins leur père mort. En
larmes, vous marcherez en parlant de lui ; vous frapperez en vain à son
tombeau muet, vous frapperez aux portes azurs du Ciel, de toute votre âme
lancée dans une suppliante recherche d’amour. Et vous direz : “Où est
notre Jésus ? Nous voulons le retrouver. Sans lui, il n’est plus de
lumière dans le monde, ni de joie, ni d’amour. Rendez‑le‑nous, ou bien laissez‑nous entrer. Nous voulons être là où il se trouve.” Mais, pour
le moment, vous ne pouvez venir où je vais. Ce que j’ai dit aux juifs : “Vous me
chercherez, mais là où je vais, vous ne pouvez venir”, à vous aussi je le dis
maintenant.
600.21 - Pensez à ma Mère… Elle non plus ne pourra venir là
où je vais. Pourtant, j’ai quitté le Père pour venir à elle et devenir Jésus
dans son sein sans tache. Pourtant, c’est de l’Inviolée que je suis venu dans
l’extase lumineuse de ma nativité ; et c’est de son amour, devenu lait, que
je me suis nourri ; je suis fait de pureté et d’amour, car Marie m’a nourri
de sa virginité, fécondée par l’Amour parfait qui vit au Ciel. Pourtant,
c’est grâce à elle que j’ai grandi, en lui coûtant fatigues et larmes…
Haut de page.
515> Quoi qu’il en soit,
je lui demande un héroïsme tel que jamais il n’en fut, et auprès duquel celui
de Judith et de Yaël apparaît comme le courage de bonnes femmes se disputant
avec leur rivale près de la fontaine de leur village. Pourtant, nul ne
saurait l’égaler quand il s’agit de m’aimer. Et, malgré cela, je la quitte et
je pars là où elle ne viendra que beaucoup plus tard.
Je n’adresse pas à ma Mère le commandement que je vous laisse :
“Sanctifiez‑vous
année après année, mois après mois, jour après jour, heure après heure, pour
pouvoir venir à moi quand votre heure viendra” : d’ores et déjà, elle
est toute grâce et toute sainteté. Elle est la créature qui a tout eu et qui
a tout donné. Il n’y a rien à ajouter ni à enlever. Elle est le très saint
témoignage de ce que peut Dieu.
600.22 - Mais, pour être certain que vous avez en vous la
capacité de me rejoindre, et d’oublier la douleur du deuil de la séparation
de votre Jésus, je vous donne un commandement nouveau : que vous vous
aimiez les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez‑vous les uns les
autres. C’est ainsi que l’on saura que vous êtes mes disciples. Quand un père
a de nombreux enfants, à quoi reconnaît‑on qu’ils le sont ? C’est moins l’aspect
physique qui le montre — car il y a des hommes qui ressemblent à un autre
homme avec lequel ils n’ont aucun lien commun de sang ou de nation —, que
leur amour commun pour leur famille, pour leur père, et entre eux. Après la
mort du père, une bonne famille ne se désagrège pas : c’est le même sang —
provenant de la semence du père — qui coule dans les veines de tous, et cela
tisse des liens que la mort elle‑même ne dénoue pas, parce que l’amour est plus fort
que la mort. Or, si vous vous aimez même après mon départ, tous reconnaîtront
que vous êtes mes fils et par conséquent mes disciples, et que vous êtes
frères, ayant eu un seul père.
600.23 – Seigneur Jésus, où vas‑tu ? demande Pierre.
– Là où je vais, tu ne peux me suivre pour le moment. Plus tard, tu me
suivras.
– Pourquoi pas dès maintenant ? Je t’ai toujours suivi depuis que tu
m’as dit : “Suis‑moi.”
J’ai tout abandonné sans regret…
Haut de page.
516> Or, si tu t’en allais
sans ton pauvre Simon, en me laissant sans toi, mon Tout, alors que pour toi
j’ai quitté le peu de bien que je possédais, ce ne serait ni juste ni beau de
ta part. Tu vas à la mort ? C’est bien. Je viens moi aussi. Partons ensemble dans
l’autre monde. Mais auparavant, je t’aurai défendu. Je suis prêt à donner ma
vie pour toi.
– Tu donnerais ta vie pour moi ? Maintenant ? Non, pas maintenant. En vérité, je te
l’affirme : le coq ne chantera pas que tu ne m’aies renié trois fois.
Nous en sommes encore à la première veille. Puis viendra la seconde… et puis
la troisième. Avant que résonne le chant du coq, tu auras par trois fois
renié ton Seigneur.
– Impossible, Maître ! Je crois à tout ce que tu dis, mais pas à cela.
Je suis sûr de moi.
– Tu en es sûr pour l’instant, parce que tu m’as encore. Tu as Dieu avec toi.
D’ici peu, le Dieu incarné sera pris, et vous ne l’aurez plus. Et Satan,
après vous avoir déjà appesantis — ton assurance elle‑même est une ruse de
Satan, un poids pour t’appesantir —, vous effraiera. Il vous insinuera :
“Dieu n’existe pas. Moi, j’existe.” Et malgré l’aveuglement de votre esprit
causé par l’épouvante, vous raisonnerez encore, et vous comprendrez que,
lorsque Satan est le maître du moment, le Bien est mort et le Mal est à
l’œuvre, l’esprit est abattu et l’humain triomphe. Alors vous resterez comme
des guerriers sans chef, poursuivis par l’ennemi ; dans votre frayeur de
vaincus, vous courberez l’échine devant le vainqueur et, pour n’être pas
tués, vous renierez le héros tombé.
600.24 - Mais, je vous en prie, que votre cœur ne se trouble
pas. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi, en dépit des apparences. Que
tous croient en ma miséricorde et en celle du Père, celui qui reste comme
celui qui prend la fuite, celui qui se tait comme celui qui dira : “Je
ne le connais pas.” Croyez également en mon pardon. Et sachez que, quels que
soient vos actes futurs, dans le bien et dans ma doctrine, dans mon Eglise
par conséquent, ils vous vaudront une même place au Ciel.
Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures. S’il n’en était
pas ainsi, je vous l’aurais dit. Je pars en avant pour vous préparer une
place. Les bons pères n’agissent‑ils pas ainsi quand ils doivent emmener leur petite
famille ailleurs ? Ils partent à l’avance préparer la maison, le
mobilier, les provisions, puis ils viennent chercher leurs enfants les plus
chers. C’est par amour qu’ils font cela, pour que rien ne manque aux petits
et qu’ils ne souffrent pas dans le nouveau village. J’agis de même, et pour
le même motif.
Haut de page.
517> Maintenant, je m’en
vais. Et quand j’aurai préparé une place pour chacun dans la Jérusalem
céleste, je reviendrai vous prendre pour que vous soyez avec moi là où je
suis, là où il n’y aura ni mort, ni deuil, ni larmes, ni cris, ni faim, ni
douleur, ni ténèbres, ni feu, mais seulement lumière, paix, béatitude et
chant.
Oh ! chant des Cieux très hauts quand les douze élus siègeront sur les
trônes aux côtés des douze patriarches des douze tribus d’Israël… Dressés sur
la mer des béatitudes, ils chanteront, dans l’ardeur du feu de l’amour
spirituel, le cantique éternel qui aura pour arpège l’éternel alléluia de
l’armée angélique…
600.25 - Je veux que, là où je serai, vous soyez vous aussi.
Et vous savez où je vais, vous en connaissez le chemin.
– Seigneur, nous ne savons rien ! Tu ne nous dis pas où tu vas. Comment
donc pouvons‑nous
connaître le chemin à prendre pour venir vers toi et pour abréger
l’attente ? demande Thomas.
– Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Vous me l’avez entendu dire et
expliquer plusieurs fois et, en vérité, certains qui ignoraient jusqu’à
l’existence d’un Dieu, ont progressé sur ce chemin — sur mon chemin — et ont déjà
de l’avance sur vous. Oh ! où es‑tu, brebis perdue de Dieu que j’ai ramenée au bercail
? Où es‑tu,
toi dont l’âme est ressuscitée ?
– De qui parles‑tu ?
De Marie, sœur de Lazare ? Elle est à côté, avec ta Mère. Tu veux la
voir ? Ou bien Jeanne ? Elle est sûrement dans son palais, mais si
tu veux, nous allons l’appeler…
– Non. Non, je ne parle pas d’elles… Je pense à celle qui ne sera dévoilée
qu’au Ciel… et à Photinaï… Elles m’ont trouvé
et n’ont plus quitté mon chemin. À l’une, j’ai indiqué le Père comme vrai Dieu
et l’Esprit comme lévite dans cette adoration individuelle. À l’autre, qui
ignorait même qu’elle avait une âme, j’ai dit : “Mon nom est Sauveur. Je
sauve celui qui a la volonté d’être sauvé. Je suis celui qui vais à la
recherche des égarés pour leur donner la vie, la vérité et la pureté. Qui me
cherche me trouve.” Et toutes deux ont trouvé Dieu… Je vous bénis, Éves faibles devenues plus fortes que Judith… Je viens,
je viens là où vous êtes … Vous me consolez… Soyez bénies !
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518> 600.26 – Seigneur, montre‑nous le Père, et nous serons semblables à elles,
demande Philippe.
– Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas,
Philippe ? Qui me voit, voit le Père. Comment peux‑tu dire : “Montre‑nous le Père” ?
Tu n’arrives pas à croire que je suis dans le Père et que le Père est en
moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi‑même ; mais c’est le
Père qui demeure en moi, et qui accomplit toutes mes œuvres. Vous ne croyez
pas que je suis dans le Père et lui en moi ? Que dois‑je dire pour vous
faire croire ? Si vous ne croyez pas à mes paroles, croyez au moins à
cause des œuvres.
Oui, vraiment, je vous l’affirme : celui qui croit en moi accomplira les
mêmes œuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars
vers le Père. Tout ce que vous demanderez en invoquant mon nom, je le ferai,
afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque
chose en invoquant mon nom, je le ferai. Mon nom est connu, pour ce qu’il est
réellement, de moi seul, du Père qui m’a engendré et de l’Esprit qui procède
de notre amour. Et par ce nom tout est possible. Qui pense à mon nom avec
amour m’aime, et obtient.
Mais il ne suffit pas de m’aimer. Il faut observer mes commandements pour
avoir le véritable amour. Ce sont les œuvres qui témoignent des sentiments
et, au nom de cet amour, je prierai le Père, et lui vous donnera un autre
Consolateur pour rester à jamais avec vous. C’est l’Esprit de vérité que
Satan et le monde ne peuvent atteindre, que le monde ne peut recevoir et ne
peut frapper, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Il s’en
moquera.
Mais lui est si élevé que le mépris ne pourra l’atteindre. Infiniment
compatissant, il demeurera toujours avec celui qui l’aime, même s’il est
pauvre et faible. Vous le connaîtrez, car il demeure déjà avec vous et sera bientôt en vous.
600.27 - Je ne vous laisserai pas orphelins. Je vous l’ai
déjà dit : “Je reviendrai à vous.” Mais je viendrai avant l’heure de
venir vous prendre pour aller dans mon Royaume. Je viendrai à vous. Encore un
peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais vous, vous me voyez et vous
me verrez, parce que je vis et que vous vivez, parce que je vivrai et que,
vous aussi, vous vivrez. Ce jour‑là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, et
vous en moi, et moi en vous.
Haut de page.
519> Car celui qui fait
bon accueil à mes commandements et les observe, celui‑là m’aime ; or celui
qui m’aime sera aimé de mon Père et il possédera Dieu, car Dieu est charité
et celui qui aime a Dieu en lui. Et moi aussi je
l’aimerai, car en lui je verrai Dieu, et je me manifesterai à lui en lui
faisant connaître les secrets de mon amour, de ma sagesse, de ma Divinité
incarnée. Tels seront mes retours parmi les fils des hommes, car je les aime,
bien qu’ils soient faibles, sinon même ennemis. Mais ceux‑ci seront seulement
faibles. Je les fortifierai et je leur dirai : “Lève‑toi !”, “Viens
dehors !”, “Suis‑moi”,
“Écoute”, “Écris”… et vous êtes de ceux‑ci.
– Pourquoi, Seigneur, te manifestes‑tu à nous et pas au monde ? demande Jude.
– Parce que vous m’aimez et observez mes paroles. Celui qui agira ainsi sera
aimé de mon Père, nous viendrons à lui et nous établirons notre demeure chez
lui, en lui. En revanche, celui qui ne m’aime pas n’observe pas mes paroles
et agit selon la chair et le monde. Maintenant, sachez que ce que je vous ai
dit n’est pas parole de Jésus de Nazareth, mais parole du Père, car je suis
le Verbe du Père qui m’a envoyé. Je vous ai dit cela en parlant ainsi, avec
vous, parce que je veux vous préparer moi‑même à la possession complète de la vérité et de la
sagesse. Mais vous ne pouvez encore comprendre et vous souvenir. Quand le
Consolateur viendra sur vous, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom,
alors vous pourrez comprendre. Il vous enseignera tout et vous rappellera ce
que je vous ai dit.
600.28 - Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix. Je
vous la donne, non comme la donne le monde, ni même comme je vous l’ai donnée
jusqu’à présent : la salutation bénie du Béni à ceux qui sont bénis.
Plus profonde est la paix que je vous donne maintenant. Au moment de ces
adieux, je me communique moi‑même à vous, avec mon Esprit de paix, comme je vous
ai communiqué mon corps et mon sang, pour qu’il reste en vous une force dans
la bataille imminente.
Satan et le monde vont déchaîner la guerre contre votre Jésus. C’est leur
heure. Ayez en vous la paix, mon Esprit qui est un esprit de paix, car je
suis le Roi de la paix. Gardez‑la pour ne pas vous sentir trop abandonnés. Souffrir
avec la paix de Dieu en soi permet d’éviter tout blasphème et tout désespoir.
Ne pleurez pas. Vous m’avez entendu dire : “Je vais au Père, puis je
reviendrai.” Si vous m’aimiez au‑delà de la chair, vous vous réjouiriez, car je vais
au Père après un si long exil… Je vais vers celui qui est plus grand que moi
et qui m’aime.
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520> Je vous le dis
maintenant, avant l’événement, comme je vous ai annoncé toutes les
souffrances du Rédempteur avant d’aller vers elles afin que, lorsque tout sera
accompli, vous croyiez toujours plus en moi. Ne vous troublez pas
ainsi ! Ne vous effrayez pas. Votre cœur a besoin d’équilibre…
600.29 - Je n’ai plus beaucoup à m’entretenir avec vous… et
j’ai encore tant à dire ! Arrivé au terme de mon évangélisation, il me
semble n’avoir encore rien dit, et il reste tant à faire ! Votre état
augmente cette sensation. Que dirai‑je, alors ? Que j’ai manqué à mon devoir ?
Ou que vous êtes si durs de cœur que cela n’a servi à rien ? Vais‑je douter ?
Non. Je me fie à Dieu et je vous confie à lui, vous, mes bien‑aimés. C’est lui qui
accomplira l’œuvre de son Verbe. Je ne suis pas un père qui meurt et n’a
d’autre lumière que l’humaine. Moi, j’espère en Dieu. Je m’avance donc vers
mon sort sereinement, malgré mon envie pressante de vous donner les conseils
dont je me rends compte que vous avez besoin… mais
je vois fuir le temps. Je sais que sur les semences tombées en vous, une
rosée va descendre qui les fera toutes germer ; puis viendra le soleil du Paraclet, et
elles deviendront un arbre puissant. Le prince de ce monde vient, et je n’ai
rien à faire avec lui. D’ailleurs, si ce n’avait été dans un but de
rédemption, il n’aurait rien pu sur moi. Mais cela arrive afin que le monde
sache que j’aime le Père, que je l’aime jusqu’à l’obéissance qui me soumet à
la mort, et que j’agis comme il me l’a ordonné.
600.30 - C’est l’heure de partir. Levez‑vous, et écoutez mes
ultimes paroles.
Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui ne porte
pas de fruit, il le retranche ; tout sarment qui donne du fruit, il l’émonde,
pour qu’il en donne davantage. Vous êtes déjà purifiés, grâce à ma parole.
Demeurez en moi, et moi en vous pour le rester. De même que le sarment coupé
de la vigne ne peut donner du fruit, ainsi vous non plus, si vous ne demeurez
en moi. Je suis la vigne, et vous les sarments. Celui qui reste uni à moi
porte beaucoup de fruit. Mais si l’un se détache, il devient un rameau sec
que l’on jette au feu et que l’on brûle : car si vous ne m’êtes pas uni, vous
ne pouvez rien faire. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent
en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Ce qui
glorifie mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit, et qu’ainsi vous
deveniez mes disciples.
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521> 600.31 - Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour, qui sauve. Si vous m’aimez, vous serez obéissants,
et l’obéissance fait croître l’amour réciproque. Ne dites pas que je me
répète. Je connais votre faiblesse, et je veux que vous soyez sauvés. Je vous
ai dit cela afin que la joie que j’ai voulu vous donner soit en vous et soit
parfaite. Aimez‑vous,
aimez‑vous !
C’est mon commandement nouveau. Aimez‑vous les uns les autres plus que chacun
de vous ne s’aime lui‑même. Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa
vie pour ses amis. Vous êtes mes amis et moi, je donne ma vie pour vous.
Faites ce que je vous enseigne et commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait
son maître, alors que vous, vous savez ce que je fais. Vous savez tout de
moi. Je vous ai manifesté non seulement moi‑même, mais aussi le
Père et le Paraclet, et tout ce que j’ai entendu de Dieu.
Ce n’est pas vous qui vous êtes choisis. C’est moi qui vous ai choisis, et je
vous ai élus afin que vous alliez parmi les peuples, que vous portiez du
fruit en vous et dans le cœur des personnes qui seront évangélisées, et que
votre fruit demeure. Et tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il
vous le donnera.
600.32 - Ne dites pas : “Si tu nous as choisis, pourquoi
avoir aussi choisi un traître ? Si tu connais tout, pourquoi avoir fait
cela ? ”Ne vous demandez pas non plus qui est cet homme. Ce n’est pas un
homme, c’est Satan. Je l’ai dit à mon ami fidèle, et je l’ai laissé dire par
mon enfant bien‑aimé.
C’est Satan. Si Satan, l’éternel singe de Dieu, ne s’était pas incarné en une
chair mortelle, ce possédé n’aurait pu se soustraire à mon pouvoir de Jésus.
J’ai dit : “possédé”, mais non, il est bien davantage. Il est anéanti en
Satan.
– Pourquoi, toi qui as chassé les démons, ne l’as‑tu pas délivré ? demande Jacques, fils d’Alphée.
– Demandes‑tu
cela par amour pour toi, par peur de l’être ? Ne crains rien.
– Moi alors ?
– Moi ?
– Moi ?
– Taisez‑vous.
Je ne révèlerai pas ce nom. Je fais preuve de miséricorde. Faites‑en autant.
– Mais pourquoi ne l’as‑tu
pas vaincu ? Tu ne le pouvais pas ?
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522> – Si, je le pouvais.
Mais pour empêcher Satan de s’incarner pour me tuer, j’aurais dû exterminer
l’espèce humaine avant la Rédemption. Qu’aurais‑je racheté, dans ce
cas ?
– Dis‑le‑moi, Seigneur, dis‑le‑moi !»
Pierre s’est laissé glisser à genoux, et il secoue frénétiquement Jésus,
comme s’il était en proie au délire.
«Est‑ce
moi ? Est‑ce
moi ? Je m’examine… Il ne me semble pas. Mais… tu as dit que je te
renierai… Et j’en tremble… Quelle horreur si c’était moi !…
– Non, Simon, fils de Jonas, pas toi.
– Pourquoi m’as‑tu
enlevé mon nom de “Pierre” ? Je suis donc redevenu Simon ? Tu
vois ? Tu le dis toi‑même ! C’est moi ! Mais comment ai‑je pu ? Dites‑le… dites‑le, vous… Quand ai‑je pu devenir
traître ?… Simon ?… Jean ?… Mais parlez !
– Pierre, Pierre, Pierre ! Je t’appelle Simon parce que je pense à notre
première rencontre, lorsque tu étais Simon. Et je pense combien tu as
toujours été loyal dès le premier moment. Ce n’est pas toi. C’est moi qui te
l’affirme, or je suis la Vérité.
– Qui, alors ?
– Mais c’est Judas ! Tu ne l’as pas encore compris ? crie Jude, qui
n’arrive plus à se contenir.
– Pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ? Pourquoi ? crie aussi
Pierre.
– Silence ! C’est Satan. Il n’a pas d’autre nom. Où vas‑tu, Pierre ?
– Le chercher.
– Dépose immédiatement ce manteau et cette arme. Ou bien devrais‑je te chasser et te
maudire ?
– Non, non ! Oh ! mon Seigneur ! Mais moi… mais moi… Je suis
peut‑être
malade de délire, moi ? Oh !»
Pierre se jette à terre aux pieds de Jésus et pleure.
600.33 – Ce que je vous commande, c’est de vous aimer et de pardonner. Avez‑vous compris ? Si le
monde connaît la haine, n’ayez en vous que de l’amour. Pour tous. Combien de traîtres
trouverez‑vous
sur votre route ! Mais vous ne devez pas haïr et rendre le mal pour le
mal. Autrement, le Père ne vous pardonnera pas. J’ai été haï et trahi avant
vous. Et pourtant, vous le voyez, je ne hais personne.
Le monde ne peut aimer ce qui n’est pas comme lui. Il ne vous aimera donc
pas. Si vous lui apparteniez, il vous aimerait ; mais vous n’êtes pas du
monde, car je vous ai pris du milieu du monde, et c’est pour cela que vous
êtes détestés.
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523> Je vous ai dit : le
serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils
vous persécuteront vous aussi. S’ils m’ont écouté, ils vous écouteront vous aussi.
Mais ils feront tout à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas, ne veulent pas
connaître Celui
qui m’a envoyé. Si je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils ne
seraient pas coupables, mais maintenant leur péché est sans excuse. Ils ont
vu mes œuvres, entendu mes paroles, et pourtant ils m’ont haï, et avec moi le
Père, parce que le Père et moi, nous sommes une seule Unité avec l’Amour.
Mais il était écrit : “Tu m’as haï
sans raison.” Cependant, quand viendra le Consolateur, l’Esprit de vérité qui
procède du Père, ce sera lui qui rendra témoignage en ma faveur, et vous
aussi, vous me rendrez témoignage parce que vous êtes avec moi depuis le
commencement.
Je vous dis tout cela pour que, l’heure venue, vous ne succombiez pas et ne vous
scandalisiez pas. Le temps va venir où on vous chassera des synagogues et où
quiconque vous mettra à mort s’imaginera rendre un culte à Dieu. Ceux‑là n’ont connu ni le
Père ni moi. C’est là leur excuse. Je ne vous ai pas autant explicité ces
vérités auparavant, parce que vous étiez comme des enfants nouveau-nés.
Mais maintenant, votre mère vous quitte. Je m’en vais. Vous devez vous
accoutumer à une autre nourriture. Je veux que vous la connaissiez.
600.34 - Personne ne me demande plus : “Où vas‑tu ?” La
tristesse vous rend muets. Pourtant, c’est votre intérêt que je m’en aille,
sinon le Consolateur ne viendra pas. C’est moi qui vous l’enverrai. À sa
venue, par la sagesse et la parole, les œuvres et l’héroïsme qu’il déversera
en vous, il convaincra le monde de son péché déicide et de la justice de ma
sainteté. Et le monde sera nettement divisé en réprouvés, ennemis de Dieu, et
en croyants. Ces derniers seront plus ou moins saints, selon leur volonté.
Mais le prince du monde et ses serviteurs seront déjà condamnés. Je ne puis
vous en dire davantage, car vous ne pouvez encore comprendre. Mais lui, le
divin Paraclet, vous apprendra la vérité tout entière. Il ne parlera pas de
son propre chef, mais il dira tout ce qu’il aura entendu de l’Esprit de Dieu,
et il vous annoncera l’avenir. Il reprendra ce qui vient de moi, c’est‑à‑dire ce qui encore
appartient au Père, pour vous le faire connaître.
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524> Encore un peu de
temps, et vous ne me verrez plus. Puis encore un peu, et vous me reverrez.
600.35 - Vous murmurez entre vous et dans votre cœur. Écoutez
une parabole, la dernière de votre Maître.
Quand une femme a conçu et arrive à l’heure de l’enfantement, elle est dans
une grande affliction, car elle souffre et gémit. Mais une fois que son bébé
est né et qu’elle le serre sur son cœur, toute peine cesse, et sa douleur se
change en joie parce qu’un homme est venu au monde.
Vous de même, vous pleurerez et le monde se gaussera de vous. Mais ensuite
votre tristesse se changera en joie, une joie que le monde ne connaîtra
jamais. Vous êtes maintenant dans la tristesse, mais quand vous me reverrez,
votre cœur se réjouira et personne ne pourra vous ravir votre joie. Elle sera
si grande qu’elle estompera tout besoin de demander, que ce soit pour l’esprit,
pour le cœur ou pour la chair. Vous vous repaîtrez
seulement de ma vue, oubliant toute autre chose. Dès lors, quoi que vous
demandiez au Père en mon nom, il vous l’accordera, afin que votre joie soit
parfaite. Demandez, et vous recevrez.
L’heure vient où je pourrai vous entretenir ouvertement du Père. Ce sera
parce que vous aurez été fidèles dans l’épreuve et que tout sera surmonté.
Votre amour sera parfait, car il vous aura donné la force dans l’épreuve. Et
ce qui vous manquera, je vous l’ajouterai en puisant dans mon immense trésor.
Je dirai au Père : “Tu le vois : ils m’ont aimé et ils ont cru que je
suis venu de toi.” Je suis descendu dans le monde ; maintenant, je le
quitte, je vais vers le Père, et je prierai pour vous.
600.36 –Ah ! maintenant, tu t’expliques. Maintenant, nous
savons ce que tu veux dire et que tu connais tout, et que tu n’as pas besoin
qu’on t’interroge pour répondre. Vraiment, tu viens de Dieu !
– Vous croyez à présent ? À la dernière heure ? Cela fait trois ans
que je vous parle ! Mais déjà opèrent en vous le Pain, qui est Dieu, et
le Vin, qui est Sang, qui n’est pas venu de l’homme et vous donne le premier
frisson de la déification. Vous deviendrez des dieux si vous persévérez dans
mon amour et dans ma possession. Non pas comme Satan l’a dit à Adam et Ève,
mais comme je vous le dis, moi. C’est le véritable fruit de l’arbre du bien
et de la vie. Le mal est vaincu par qui s’en nourrit, et la mort est morte.
Qui en mange vivra éternellement et deviendra “dieu” dans le Royaume de Dieu.
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525> Vous serez des dieux
si vous demeurez en moi. Et pourtant … vous avez beau avoir en vous ce Pain et
ce Sang, l’heure vient où vous serez dispersés : vous vous en irez
chacun de votre côté et vous me laisserez seul… Mais je ne suis pas seul,
puisque le Père est avec moi. Père, Père ! Ne m’abandonne pas ! Je
vous ai tout dit… pour vous donner la paix, ma paix. Vous serez encore
opprimés. Mais ayez foi, j’ai vaincu le monde.»
600.37 - Jésus se lève, ouvre les bras en croix et dit avec
un visage lumineux la sublime prière au Père. Jean la rapporte intégralement.
Les apôtres pleurent plus ou moins ouvertement et bruyamment. Pour finir, ils
chantent un hymne.
600.38 Jésus les bénit, puis il ordonne :
«Mettons nos manteaux et partons. André, demande au maître de maison de tout
laisser en l’état, c’est ma volonté. Demain… cela vous fera plaisir de revoir
ce lieu.»
Jésus le regarde. Il paraît bénir les murs, le mobilier, tout. Puis il prend
son manteau et s’éloigne, suivi des disciples. Près de lui se trouve Jean,
auquel il s’appuie.
"Tu ne salues pas ta Mère ? lui demande le fils de Zébédée.
– Non, tout est déjà fait. Au contraire, ne faites pas de bruit."
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