Le dimanche 7 janvier 1945.
466> 72.1 – Je vois, de très bon matin Jésus qui,
toujours à la même Porte, se joint aux disciples Simon et Judas. Jésus, est
déjà avec Jean. Et je l'entends qui dit : "Amis, je vous demande
de venir avec Moi à travers la Judée, si cela ne vous est pas trop pénible,
spécialement pour toi, Simon."
"Pourquoi ? Maître."
"Il est pénible de cheminer sur les montagnes de Judée... et peut-être
il te sera plus pénible de rencontrer certains qui t'on fait du mal."
"Pour la marche, je t'assure, encore
une fois que depuis que tu m'as guéri, je suis plus résistant qu'un jeune
homme et qu'aucune fatigue ne me pèse, surtout quand c'est pour Toi, et à
présent avec Toi. Pour les rencontres avec ceux qui m'ont nui, je n'éprouve
plus de ressentiment pénible; il n'y a pas pour eux la moindre aversion dans
le cœur de Simon depuis qu'il est à Toi. La haine est tombée,
en même temps que les écailles du mal. Et je ne sais, crois-le bien, si je
dois te dire que tu as fait un plus grand miracle en guérissant ma chair
rongée par le mal ou bien l'âme brûlée par la rancœur.
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467> Je pense ne pas me
tromper en disant que le miracle plus grand fut ce dernier. Il est moins
facile de guérir une plaie de l'esprit... Et tu m'as guéri d'un seul coup.
Voilà le miracle. C'est qu'un homme ne guérit pas d'un seul coup, même s'il y
emploie toutes ses forces, il ne guérit pas ainsi d'un habitus moral, si tu
ne l'anéantis pas par ta volonté sainte."
"Tu ne te trompes pas dans ton jugement."
72.2 – "Pourquoi n'agis-tu pas
ainsi avec tous ?" demande Judas, la voix contrariée.
"Mais il le fait, Judas. Pourquoi parles-tu ainsi au Maître ? Ne te
sens-tu pas différent depuis le jour que tu l'as approché ? Moi, j'étais
déjà disciple de Jean le Baptiste, mais je me suis trouvé tout changé à partir du moment
où il m'a dit : "Viens".
Jean, qui généralement n'intervient jamais et spécialement s'il s'agit de se
produire devant le Maître ne le fait jamais, cette fois il ne peut se taire.
Doux et affectueux, il a posé une main sur le bras de Judas comme pour le
calmer et il lui parle d'un air essoufflé et persuasif. Puis, s'apercevant qu'il a parlé avant Jésus, il rougit et dit :
"Pardon, Maître. J'ai parlé à ta place... mais, je voulais... je voulais
que Judas ne te contriste pas."
"Oui, Jean. Mais il ne m'a pas contristé comme disciple. Quand il
le sera, alors, s'il persiste dans sa manière de penser, alors il me
chagrinera.
72.3 – La seule chose qui m'attriste,
c'est de constater à quel point l'homme est corrompu par Satan qui lui
dévie sa pensée. Sachez-le, tous. Tous vous avez votre pensée troublée par
lui ! Mais, il viendra, oh ! il viendra le jour où tous aurez en
vous la Force de Dieu, la Grâce. Vous aurez la Sagesse, avec son Esprit...
Alors, vous aurez tout pour juger avec justice."
"Et nous jugerons tous avec justice ?"
"Non, Judas."
"Mais, parles-tu pour nous disciples ou pour tous les
hommes ?"
"Je parle d'abord pour vous, puis pour tous les autres. Quand ce sera
l'heure le Maître créera ses ouvriers et les enverra par le monde..."
"Ne le fais-tu pas déjà ?"
"Pour l'heure, je ne me sers de vous
que pour dire : "Il y a le Messie, venez à Lui". Alors je
vous rendrai capables de prêcher mon nom, d'accomplir des miracles en mon nom..."
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468> "Oh ! même
des miracles ?"
"Oui, sur les corps et sur les âmes."
"Oh! comme on nous admirera alors !"
À cette idée, Judas est dans la jubilation.
72.4 – "Nous ne serons plus avec
le Maître alors, cependant... pour moi, j'aurai toujours peur d'accomplir
quelque chose de divin avec mes moyens humains" dit Jean, et il regarde
Jésus d'un air pensif et un peu triste aussi.
"Jean, si le Maître le permet, je voudrais te dire ma pensée" dit
Simon.
"Dis-la à Jean; je désire que vous vous conseillez mutuellement."
"Tu sais déjà que c'est un conseil ?"
Jésus sourit et se tait.
"Eh bien, alors, je te dis, Jean, que
tu ne dois pas, et que nous ne devons pas craindre. Restons appuyés sur la
sagesse du Maître saint et sur sa promesse. Si Lui nous dit : "Je
vous enverrai" cela veut dire qu'il sait de pouvoir nous envoyer sans
que nous lui nuisions à Lui et à nous, c'est à dire à la cause de Dieu qui
nous est chère à tous, comme à une épouse à peine mariée. Si Lui nous promet de revêtir notre misère intellectuelle et spirituelle
de l'éclat de la puissance que le Père Lui a donné pour nous, nous devons
être certains qu'Il le fera et que nous serons rendus capables, non pas pour
nous, mais par sa miséricorde.
Certainement donc, tout cela arrivera si nous ne mettrons pas d'orgueil, de
désir humain dans notre action. Je pense que si nous gâtons notre mission,
qui est toute spirituelle, avec des éléments terrestres, alors même la
promesse du Christ ne s'accomplira pas. Ce ne sera pas par impuissance de sa
part, mais parce que nous étranglerons sa puissance avec le lacet de
l'orgueil.
72.5 – Je ne sais si je m'explique
bien."
"Tu t'expliques très bien. C'est moi qui ai tort. Mais, sais-tu... je
pense que, au fond désirer d'être admirés comme disciples du Messie devenus
tellement siens pour avoir mérité de faire ce que Lui fait, c'est un
désir de faire resplendir encore la puissante image du Christ dans le monde.
Louange au Maître qui a de tels disciples, voilà ce que je veux dire
moi." lui répond Judas.
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469> "Tout n'est pas
faux dans ce que tu dis. Mais... vois-tu, Judas, je viens d'une caste qui
est persécutée pour ... pour avoir mal compris ce qu'est et comment devait
être le Messie. Oui. Si nous l'avions attendu avec une vue exacte de son être,
nous n'aurions pu tomber dans des erreurs qui sont des blasphèmes contre la
Vérité et une rébellion contre la loi romaine, c'est pourquoi de la part de
Dieu et de Rome nous avons été punis. Nous avons voulu voir dans le Christ un
conquérant et un libérateur d'Israël, un nouveau Macchabée et plus grand que
le grand Judas ... Rien que cela. Et pourquoi ? Parce que plus que
des intérêts de Dieu nous avons eu le souci des nôtres, de ceux de la patrie
et des citoyens. Oh ! il est saint aussi, l'intérêt de la patrie.
Mais qu'est-ce devant le Ciel éternel ?
Combien les longues heures des persécutions d'abord, et de ségrégation
ensuite, lorsque fugitif je me cachais dans les tanières des bêtes sauvages,
partageant leur couche et leur nourriture, pour échapper à la police romaine
et surtout aux délations des faux amis; ou bien quand, attendant la mort, je
goûtais par avance l'odeur du tombeau dans ma caverne de lépreux - combien
j'ai réfléchi et vu : j'ai vu la vraie physionomie du Christ... la
tienne, Maître humble et bon, la tienne, Maître et Roi de l'esprit, la
tienne, ô Christ, fils du Père, qui nous conduis au Père et non pas à des
cours royales de poussière, ni à une divinité de boue. Toi... Oh ! il m'est facile de te suivre... Parce que, pardonne
mon hardiesse qui se proclame juste, parce que je te vois tel que je t'ai
pensé. Je te reconnais.
Tout de suite, je t'ai reconnu. Cela n'a pas été Te connaître, mais
reconnaître Quelqu'un que déjà mon âme avait connu."
"C'est pour cela que je t'ai appelé... et pour cela que je t'emmène avec
Moi, maintenant, dans ce premier voyage que je vais faire en Judée.
72.6 – Je veux que tu achèves de me
reconnaître... et je veux que ceux-ci aussi que l'âge rend moins capables
d'accéder au vrai par une méditation sévère, sachent comment leur Maître est
arrivé à cette heure-ci... Vous comprendrez par la suite. Nous voici pas loin
de la Tour de David. La Porte Orientale est proche."
"Nous sortons par-là ?"
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470> "Oui, Judas,
nous commençons par aller à Bethléem. Là où je suis né... Il est bon que vous le sachiez...
pour le dire aux autres. Cela aussi fait partie de la connaissance du Messie
et de l'Écriture. Vous trouverez les prophéties écrites dans les choses.
Elles vous parleront non par la voix de la prophétie mais par celle de
l'histoire. Faisons le tour du palais
d'Hérode..."
"Le vieux renard malfaisant et luxurieux."
"Ne jugez pas. C'est Dieu qui juge. Prenons ce sentier à travers les
jardins. Nous arrêterons à l'ombre d'un arbre, près de quelque maison
hospitalière, tant que le soleil est brûlant. Ensuite, nous continuerons
notre route."
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