Vision du samedi 28
avril 1945
486> 149.1 – "Seigneur, pourquoi ne
prends-tu pas de repos pendant la, nuit ? Cette nuit, je me suis levé et
je ne t'ai pas trouvé: Ta place était vide."
"Pourquoi m'as-tu cherché, Simon ?"
"Pour te passer mon manteau. Je craignais que tu n'eusses froid dans
cette nuit sereine, mais très froide."
"Et toi, tu n'avais pas froid !"
"Je me suis habitué pendant de longues
années de misère à être mal couvert, mal nourri, mal logé... Cette vallée des
morts !... Quelle horreur ! En ce moment, ce n'était pas le cas,
mais une autre fois que nous descendrons à Jérusalem, car certainement nous y
irons, viens, mon Seigneur, vers ces lieux de mort, Il se trouve là tant de
malheureux... et la misère matérielle n'est pas la plus grave... Ce qui ronge
et consume davantage, c'est le désespoir... Ne trouves-tu pas, mon Seigneur,
qu'il y a trop de dureté à l'égard des lépreux ?"
C'est l'Iscariote
qui répond, avant même Jésus, au Zélote qui plaide en faveur de ses anciens
compagnons. L'Iscariote dit :
"Et voudrais-tu alors les laisser au milieu du peuple ? Tant pis pour
eux s’ils sont lépreux !"
"Il ne manquerait plus que cela pour faire des hébreux des
martyrs ! Même la lèpre se promenant à travers les rues avec les troupes
et le reste !..." s'exclame Pierre.
"Il me semble que c'est une mesure de juste prudence de les
reléguer" observe Jacques
d'Alphée.
"Oui, mais il faudrait le faire avec pitié, Tu ne sais pas ce que c’est
que d'être lépreux: Tu ne peux pas en parler. Pourquoi, s'il est juste
d'avoir soin de nos corps, n'avons-nous pas la même justice pour les âmes des
lépreux ? Qui leur parle de Dieu ? Et Dieu seul sait à quel point
ils ont besoin de penser à un Dieu et à une paix dans cette atroce
désolation qui est la leur !"
"Simon, tu as raison. J'irai les voir ,
parce que c'est juste et pour vous enseigner cette miséricorde. Jusqu'à
présent j'ai guéri les lépreux rencontrés par hasard. Jusqu'à ce moment,
c'est-à-dire jusqu'à ce que j'ai été chassé de Juda, je me suis tourné vers
les grands de Juda comme étant les plus éloignés et ayant le plus besoin
d'être rachetés pour aider le Rédempteur.
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Maintenant, convaincu de l'inutilité de cette tentative, je l'abandonne. Ce
n'est plus vers les grands, mais vers les plus petits, vers les misères
d'Israël que je vais. Et parmi elles, il y aura les lépreux de la vallée des
morts. Je ne décevrai pas La foi qu'ont en Moi ceux qui ont été évangélisés
par le lépreux reconnaissant."
"Comment sais-tu, Seigneur, que j'ai fait cela?"
"Comme je sais ce que pensent de Moi amis et ennemis dont je scrute le
cœur."
149.2 – "Miséricorde! Mais sais-tu
exactement tout ce qui nous concerne, Maître?" s'écrie Pierre.
"Oui. Même que toi, et pas toi seul, tu voulais éloigner Photinaï .
Mais, ne sais-tu pas qu'il ne t'est pas permis d'éloigner une âme du bien ?
Ne sais-tu pas que pour entrer dans un pays il faut avoir une pitié tout
empreinte de douceur, même pour ceux que la société, qui n'est pas sainte
parce qu'elle n'est pas intimement unie à Dieu, juge et déclare indignes de
pitié? Mais ne te trouble pas parce que je le sais. Sois seulement peiné que
ton cœur ait des mouvements que Dieu n'approuve pas et efforce-toi de ne plus
les avoir. Je vous l'ai dit. La première année est terminée .
Au cours de la nouvelle j'avancerai, et avec des formes nouvelles, sur ma
route. Vous aussi devez progresser au cours de cette seconde année. Autrement
il serait inutile que je me fatigue à vous évangéliser et à vous sur-
évangéliser, vous mes futurs prêtres."
149.3 – "Tu étais allé prier
...Maître ? Tu nous a promis de nous enseigner tes prières. Le feras-tu
cette année?"
"Je le ferai. Mais je veux vous enseigner à être bons. La bonté est déjà
prière. Mais je le ferai, Jean."
"Et est-ce que tu nous enseigneras aussi à faire des miracles, cette
année ?" demande l'Iscariote.
"Le miracle ne s'enseigne pas. Ce n'est
pas un jeu d'amuseurs. Le miracle vient de Dieu, l'obtient qui est en grâce
près de Dieu. Si vous apprenez à être bons, vous aurez la grâce et obtiendrez
le miracle."
149.4 – "Mais, tu ne réponds jamais
à notre question. Simon te l'a posée ainsi que Jean, et tu
ne nous as jamais dit où tu es allé cette nuit. Sortir ainsi, seul, en pays
païen, ce peut être dangereux."
"Je suis allé faire plaisir à une âme droite, et puisqu'il doit mourir,
pour recueillir son héritage."
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488> "Oui ? il était si
important ?"
"Très important, Pierre, et de grande valeur. Le fruit du travail d'un
vrai juste."
"Mais... je n'ai rien vu de plus dans ton sac. Ce sont peut-être des
bijoux que tu as sur ton sein ?"
"Oui, ce sont des joyaux très chers à mon cœur."
"Montre-les-nous, Seigneur."
"Je les aurai après la mort de celui qui doit mourir. Pour l'heure, ils
servent à lui et à Moi, en les laissant où ils sont."
"Il les a placés à intérêt ?"
"Mais crois-tu que tout ce qui a de la valeur soit de l'argent ?
C'est la chose la plus inutile et dégoûtante qui existe sur la terre. il ne
sert que pour les choses matérielles, le péché et l'enfer. Rarement l'homme
s'en sert pour le bien."
"Alors... si ce n'est pas de l'argent, qu'est-ce ?"
"Trois disciples formés par un saint ."
"Tu as été près du Baptiste.
Oh ! Mais pourquoi ?"
"Pourquoi !... Vous, vous m'avez toujours. Et vous tous, vous valez
moins qu'un ongle du Prophète. N'était-il pas juste que j'aille vers le saint
d'Israël lui porter la bénédiction de Dieu pour le fortifier dans son
martyre ?"
"Mais s'il est saint... il n'a pas besoin de fortification. Il se
suffit !…"
"Un jour viendra où "mes" saints seront conduits devant les
juges et à la mort. Ils seront saints, ils seront en grâce avec Dieu, ils
seront fortifiés par la foi, l'espérance, et la charité. Et pourtant
j’entends déjà leur cri, le cri de leur esprit : "Seigneur,
aide-nous à cette heure !" ce n'est que par mon aide que mes saints
seront forts dans les persécutions."
149.5 – "Mais… nous ne serons pas
ceux-là, n'est-ce pas ? Parce que moi, je ne suis vraiment pas capable
de souffrir "
"C’est vrai, tu n'es pas capable de souffrir. Mais toi, Barthélemy,
tu n'es pas encore baptisé."
"Mais si je le suis."
"Dans l'eau. Mais il te manque encore
un autre baptême. Alors tu sauras souffrir."
"Je suis déjà âgé."
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489> "Et, si vieux
que tu seras, tu seras plus fort qu'un jeune."
"Mais tu nous aideras quand même, n'est-ce pas ?"
"Je serai avec vous, toujours."
"J'essaierai de m'habituer à souffrir" dit Barthélemy.
"Moi, je prierai sans relâche, dès maintenant, pour avoir cette grâce de
Toi" dit Jacques d'Alphée.
"Je suis âgé, et je ne demande que de te précéder et d'entrer avec Toi
dans la paix." dit Simon le Zélote.
"Moi, je ne sais ce que je voudrais : mourir avant Toi ou mourir en
même temps que Toi." dit Jude d'Alphée.
"Moi, j'aurai de la peine si je te survis, mais je me consolerai en te
prêchant aux peuples." professe l'Iscariote.
"Moi, je pense comme ton cousin." dit Thomas.
"Moi, au contraire, comme Simon le Zélote." dit Jacques de
Zébédée.
"Et toi, Philippe ?"
"Mais... je dis que je ne veux pas y penser. L'Éternel me donnera ce qui
est le mieux."
"Oh ! mais taisez-vous ! Il semble que le Maître doive mourir
bientôt ! Ne me faites pas penser à sa mort !" s'exclame André.
"Tu as bien parlé, mon frère. Tu es jeune et en bonne santé, Jésus. Tu
dois nous enterrer tous, nous plus âgés que Toi."
"Et s'ils me tuent ?"
"Que cela n'arrive jamais. Mais moi, je te vengerai."
"Comment ? Par des vengeances sanglantes?"
"Hé !... même ainsi si tu le permets, Mais autrement en enlevant
par ma profession de foi parmi les peuples les accusations qu'on jette
sur Toi. Le monde t'aimera parce que je serai infatigable à te prêcher."
"C'est vrai : Il en sera ainsi. Et toi, Jean. Et toi, Mathieu ?"
"Moi, je dois souffrir et attendre d'avoir avec beaucoup de peine lavé
mon esprit." dit Mathieu.
"Et moi, moi... je ne sais pas. Je voudrais mourir tout de suite pour ne
pas te voir souffrir. Je voudrais être à côté de Toi pour consoler ton
agonie. Je voudrais vivre longtemps pour te servir longtemps. Je voudrais
mourir avec Toi, pour entrer avec Toi au Ciel. Je voudrais tout, parce que je
t’aime. Et je pense que moi, le plus petit parmi mes frères, je pourrai tout
cela si je sais t'aimer à la perfection.
149.6 – Jésus, augmente ton
amour !" dit Jean.
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490> "Tu voudrais dire :
"Augmente mon amour" explique l'Iscariote. "Parce que c'est
nous qui devons aimer toujours plus..."
"Non, je dis : "Augmente ton amour" parce que nous
l'aimerons davantage s'il nous brûle de son amour."
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