Le jeudi 1er février
1945.
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94.1 – Jésus sort de la
maison de la belle-mère de
Pierre en même temps que ses disciples,
à l'exception de Jude Thaddée.
C'est d'abord un garçon qui le voit et le fait savoir, même à ceux qui ne
veulent pas le savoir. Jésus est sur la rive du lac, assis sur le bord de la
barque de Pierre et il est tout de suite entouré de citadins qui fêtent
son retour. Ils Lui font mille demandes. Jésus leur répond avec son infinie patience, souriant et tranquille, comme si
tout ce bavardage était une harmonie céleste.
Le chef de la synagogue vient aussi. Jésus se lève pour le saluer. Leur salut
réciproque est plein de la solennité orientale.
"Maître, puis-je compter sur Toi pour l'instruction au
peuple ?"
"Certainement, si tu le désires et le peuple aussi."
"Nous l'avons désiré tous ces derniers temps. Eux peuvent le dire".
Le peuple, en effet, le confirme avec un nouveau cri.
"Et alors, au milieu de la soirée, je serai chez toi. Pour l'instant, partez
tous. Je dois aller trouver quelqu'un qui me désire."
Les gens s'éloignent à contrecœur, pendant que Jésus avec Pierre et André s'en vont
sur le lac avec la barque. Les autres disciples restent à terre.
94.2 – La barque fait un court trajet
à la voile et puis les deux pêcheurs la poussent dans une crique entre deux collines
peu élevées. Ces collines paraissent n'en avoir été, à l'origine, qu'une
seule qui s'est creusée au milieu, par l'érosion ou un tremblement de terre,
formant un fjord minuscule qui, n'étant pas norvégien, n'est pas peuplé de
sapins, mais seulement d'oliviers ébouriffés qui ont poussé on ne sait
comment, sur les pentes escarpées entre des rochers éboulés et d’autres qui
affleurent. Ils entrelacent leurs frondaisons tordues par les vents qui
viennent du lac et, qui ici doivent souffler fort. Elles forment une sorte de
toit sous lequel écume un petit torrent capricieux, tout bruyant parce que
tout en cascades tout écumant avec ses chutes d'un mètre à l'autre, mais en
réalité comme un nain parmi les cours d'eau.
André saute à l'eau pour accoster la barque au plus près et l'attacher à un
tronc d'olivier, pendant que Pierre cargue la voile et installe une planche
pour faire un pont à Jésus.
"Pourtant, dit-il, je te conseillerais de te déchausser, de quitter le
vêtement et de faire comme nous. Ce fou (et il indique le petit torrent) fait
tournoyer l'eau du lac et le pont n'est pas sûr avec ce roulis."
Jésus obéit sans discuter. Une fois à terre, on reprend les sandales et Jésus
reprend aussi son long vêtement. Les autres restent avec leurs sous-vêtements
foncés.
94.3 – "Où est-elle ?"
demande Jésus.
"Elle se sera sauvée, en entendant des voix. Tu sais... avec ce qu'elle
a sur elle..."
"Appelle-la."
Pierre crie à haute voix :
"Je suis le disciple du Rabbi de Capharnaüm et le Rabbi est ici.
Sors."
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108> Personne ne donne signe de vie.
"Elle est méfiante, explique André. Un jour il y eut quelqu'un qui
l'appela en disant : "Viens, voilà de la nourriture", et puis
il la reçut à coups de pierres. Nous l'avons vue alors pour la première fois,
parce que, moi du moins, je ne me souvenais pas du temps où elle était la Belle de
Chorazeïn."
"Et qu'avez-vous fait, alors ?"
"Nous lui avons jeté un pain et des poissons et un lambeau de toile, un
morceau de voile déchirée que nous avions pour nous essuyer, parce qu'elle était
nue. Puis nous nous sommes enfuis pour ne pas nous contaminer."
"Comment êtes-vous revenus, alors ?"
"Maître... Tu étais parti et nous ne pensions qu'à te
faire connaître toujours plus. Nous avons pensé à tous les malades, à tous les aveugles, aux
estropiés, aux muets... et aussi à elle. Nous avons dit :
"Essayons". Tu sais... beaucoup... oh ! par notre faute
certainement, nous ont traités de fous et n'ont pas voulu écouter. D'autres,
au contraire, nous ont cru. À elle, c'est moi qui ai
parlé. Je suis venu seul, avec la barque au clair de lune. Je l'appelais, je
lui disais : "Sur la pierre, au pied de l'olivier, il y a du pain
et des poissons. Viens sans crainte", et je m'en allais. Elle devait
attendre de me voir disparaître, car je ne la voyais jamais. La sixième fois,
je la vis debout sur la rive exactement où tu es. Elle m'attendait. Quelle
horreur ! Je ne m'enfuis pas car je pensais à Toi...
Elle me dit : "Qui es-tu ? Pourquoi as-tu pitié ?"
Je lui dis :
"Parce que je suis disciple de la Pitié".
"Qui est-il ?"
"C'est Jésus de Galilée".
"Et il vous enseigne à avoir pitié de nous ?".
"De tout le monde".
"Mais, tu sais qui je suis ?".
"Tu es la Belle de Chorazeïn, maintenant, la lépreuse ".
"Et même pour moi, il y a de la pitié ?"
"Lui dit que sa pitié s'adresse à tous, et nous, pour être comme Lui,
nous devons avoir de la pitié pour tous".
Ici, Maître, la lépreuse a blasphémé sans le vouloir. Elle a dit :
"Alors, Lui aussi doit avoir été un grand pécheur".
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109> Je voulais lui dire : "Sois maudite à cause
de ta langue, mais je lui ai dit : "Non, c'est le Messie, le saint
de Dieu". Je ne lui ai pas dit autre chose parce que j'ai pensé :
"Dans sa détresse, elle ne peut penser à la miséricorde divine".
Alors, elle s'est mise à pleurer et elle a dit :
"Oh ! s'il est le Saint, il ne peut, il ne peut avoir pitié de la
Belle. Pour la lépreuse il pourrait... mais pour la Belle, non. Et moi qui
espérais..."
J'ai demandé :
"Qu'espérais-tu, femme ?"
"La guérison... retourner dans le monde... parmi les hommes... mourir
mendiante, mais parmi les hommes... non comme une bête fauve, dans une
tanière de fauves à qui je fais horreur".
Je lui ai dit :
"Me jures-tu que si tu reviens au monde tu seras honnête ?"
Et elle :
"Oui, Dieu m'a punie justement pour mes péchés. Je me repens
profondément. Mon âme subit l'expiation, mais déteste le péché,
éternellement".
Il m'a semblé alors pouvoir lui promettre en ton nom le salut.
Elle m'a dit :
"Reviens, reviens encore... Parle-moi de Lui. Que mon âme le connaisse
avant que mon œil ne le voie... ".
Et je venais lui parler de Toi, comme je sais..."
"Et Moi, je viens apporter le salut à la première convertie de mon
André."
(C'est André, en effet qui a toujours parlé pendant que Pierre s'en est allé,
remontant le torrent en sautant de pierre en pierre, appelant la lépreuse).
94.4 – Enfin, elle montre son
horrible visage entre les branches d'un olivier. Elle voit et pousse un cri.
"Et descends donc, crie Pierre. Je ne veux pas te lapider. Là, tu le
vois, c'est le Rabbi Jésus."
La femme se laisse dévaler sur la pente. Je m'exprime ainsi tant elle descend
rapidement et elle arrive aux pieds de Jésus avant que Pierre revienne près
du Maître.
"Pitié, Seigneur !"
"Peux-tu croire que Moi je puis avoir pitié ?"
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110> "Oui, parce que tu es saint et que je suis repentie.
Je suis le Péché, mais tu es la Miséricorde. Ton disciple a été le premier à
avoir de la miséricorde pour moi. Il est venu me donner du pain et la foi.
Purifie-moi, Seigneur, mais l'âme avant la chair, Car je suis trois fois
impure, et si tu dois me donner une purification, une seule, voilà, je
te la demande pour mon âme pécheresse. Avant d'avoir entendu tes paroles que
lui me répétait, je disais : "Guérir pour retourner parmi les
hommes". Maintenant que je sais, je dis : "Guérir pour avoir
la vie éternelle"
"Et je te donne le pardon. Rien autre que cela, pourtant..."
"Bénis sois-tu ! Je vivrai en paix avec Dieu dans ma tanière...
libre... oh ! délivrée des remords et des peurs. Plus peur de la mort,
maintenant que je suis pardonnée ! Plus peur de Dieu, maintenant que tu
m'as absoute !"
94.5 – "Va au lac, lave-toi et
restes-y jusqu'à ce que je t'appelle".
La femme, misérable fantôme de femme squelettique, rongée par la lèpre, à la
chevelure en désordre, raide, toute blanche, se lève et descend dans l'eau du
lac, elle s'y plonge avec son vêtement en loques qui la couvre bien peu.
"Pourquoi l'as-tu envoyée se laver ? Il est vrai que sa puanteur
rendrait malade, mais... je ne comprends pas" dit Pierre.
"Femme : sors et viens ici. Prends le linge qui est sur la branche"
(c'est le linge avec lequel Jésus s'est essuyé après le passage à gué de la
barque à la terre) .
La femme obéit et sort, toute nue, car elle a laissé ses
loques dans l'eau, pour prendre le linge sec. Le premier à s'écrier, c'est Pierre
qui la regarde, pendant qu'André, plus réservé, lui tourne le dos. Mais en
entendant son frère, il se retourne et crie à son tour. La femme avait les
yeux tellement fixés sur Jésus, qu'elle ne s'occupait de rien d'autre. En
entendant ces cris, en voyant ces mains qui attirent sur elle l'attention,
elle se regarde... Elle constate qu'en même temps que ses loques, elle a
laissé sa lèpre dans le lac. Elle ne court pas, comme on pourrait le penser.
Elle se laisse tomber sur la rive, se pelotonne sur elle même, honteuse de sa
nudité, émue au point qu'elle demeure incapable d'autre chose que de pleurer
en une lamentation longue, interminable, plus déchirante que des cris.
Jésus s'approche... arrive près d'elle... jette sur elle le linge, lui fait
sur la tête une légère caresse et lui dit :
"Adieu. Sois bonne. Tu as mérité la grâce par la sincérité de ton
repentir. Grandis dans la foi au Christ. Et obéis à la loi de la
purification."
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111> La femme pleure, toujours,
toujours, toujours... C'est seulement quand elle entend le bruit de la
planche que Pierre retire sur la barque, qu'elle lève la tête, tend les bras
et crie :
"Merci, Seigneur. Merci, béni. Oh ! béni, béni !..."
Jésus lui fait un geste d'adieu avant que la barque contourne l'éperon du
petit fjord et disparaît...
94.6 – ... Jésus, qui est maintenant
avec tous ses disciples, entre dans la synagogue de Capharnaüm, après avoir
traversé la place et le chemin qui y conduit. La nouvelle du nouveau miracle
doit déjà s'être répandue car il y a beaucoup de chuchotements et beaucoup de
commentaires.
Voilà que sur le seuil de la porte de la synagogue, je vois le futur apôtre Matthieu. Il est
là, on dirait qu'il se demande s'il doit entrer ou sortir, je ne sais s'il
est honteux ou ennuyé par tous les clins d’œil qui le désignent et même de quelque
épithète peu agréable qu'on lui adresse. Deux pharisiens, drapés dans leurs
manteaux les serrent soigneusement contre eux, comme s'ils avaient peur
d'attraper la peste en effleurant le vêtement de Matthieu.
Jésus, en entrant le fixe un instant, et pour un instant il s'arrête. Mais
Matthieu baisse la tête. C'est tout.
À peine l'a-t-on dépassé que Pierre dit à Jésus :
"Sais-tu qui est cet homme frisé, parfumé plus qu'une femme ? C'est
Matthieu, notre percepteur ... Que vient-il faire ici ? C'est la
première fois. Il n'a peut-être pas trouvé les compagnons, les compagnes
surtout, avec lesquels il passe le sabbat, dépensant en orgies ce qu'il nous
extorque en taxes doublées et triplées pour avoir de l'argent pour le fisc et
pour sa conduite vicieuse."
Jésus regarde Pierre si sévèrement que Pierre rougit comme
un coquelicot et baisse la tête, en s'arrêtant, de sorte qu'il passe du
premier rang au dernier du groupe des apôtres.
94.7 – Jésus a pris place. Après des
cantiques et des prières faites avec le peuple, il se retourne pour parler.
Le chef de la synagogue
Lui demande s'il veut un rouleau, mais Jésus répond :
"Je n'en ai pas besoin. J'ai déjà le sujet".
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112> Et il commence :
"Le grand roi d'Israël, David de Bethléem après avoir péché
pleura, le cœur contrit, criant à Dieu son repentir et
demandant à Dieu son pardon. David avait eu l'esprit obscurci par le
brouillard des sens, et cela l'avait empêché de voir le Visage de Dieu et de
comprendre ses paroles.
J'ai dit : le Visage. Dans le cœur de l'homme, il est un point qui garde le souvenir du Visage de Dieu, un point particulièrement choisi qui est notre
"Saint des Saints" d'où lui viennent les saintes inspirations et
les saintes résolutions, un endroit qui parfume comme un autel, qui brille
comme un bûcher, résonne de chant: comme la demeure des séraphins. Mais,
quand le péché répand en nous sa fumée, voici que ce point s'assombrit
tellement que disparaissent la lumière, le parfum, les chants, et il ne reste
que l'odeur suffocante d'une lourde fumée et un goût de cendre. Mais quand la
clarté revient, parce qu'un serviteur de Dieu la porte aux malheureux sans
lumière, voilà qu'alors il voit sa laideur, sa déchéance et, horrifié de
lui-même, s'écrie comme le roi David "Aie pitié de moi, Seigneur, selon
ta grande miséricorde et, à cause de ton infinie bonté, lave-moi
de mon péché". Il ne dit pas : "Je ne puis être pardonné,
et pour cela je reste dans mon péché", mail il dit : "Je suis
humilié, j'ai le cœur brisé, mais, je t'en prie, Toi qui sais comment je suis
né dans le péché, de m'asperger et de m'inonder pour que je redevienne semblable
à la neige des cimes" Mais, il dit encore : "Ce ne sera pas
pour moi un holocauste de béliers et de bœufs, mais un vrai brisement de mon
cœur, car je sais que c'est lui que Tu veux de nous et que Tu ne le méprises
pas".
Voilà ce que disait David après son péché et après que Nathan le serviteur du
Seigneur, l'eut amené à se repentir. C'est encore ça et à plus forte raison,
que doivent dire les pécheurs, maintenant que le Seigneur leur envoie non pas
un de ses serviteurs, mais le Rédempteur lui-même, son Verbe. C'est Lui le Juste, le Maître non seulement des hommes mais des êtres
célestes et des infernaux. Il est sorti du milieu de son peuple, comme
sort de l'aurore la lumière qui, au lever matinal du soleil, resplendit dans
un air sans nuages.
94.8 – Vous avez déjà lu comment
l'homme, proie de Mammon, est plus faible qu'un poitrinaire qui va mourir, même
si auparavant il était le fort. Vous savez comment Samson fut réduit à rien
après avoir cédé à la sensualité. Je veux que vous connaissiez la leçon que
nous donne Samson, fils de Manoah, destiné à vaincre les Philistins qui
opprimaient Israël.
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113> La première condition pour remplir sa mission était
que, dès sa conception, il fut tenu vierge de tout ce qui excite les sens, et
associe les viscères de l'homme à des chairs impures : c'est à dire le
vin et les viandes grasses qui allument dans les reins un feu impur. La
seconde condition, pour être le libérateur, était qu'il fût consacré au
Seigneur dès l'enfance et le restât dans un nazirat perpétuel. Consacré est
celui qui se garde non seulement dans une sainteté extérieure, mais dans une
sainteté intérieure.
Mais la chair, c'est la chair, et Satan c'est la
Tentation. Et la Tentation se sert pour combattre Dieu dans un cœur et dans
ses saints décrets, de la chair qui excite l'homme : de la femme. Voici
alors la force du "fort" tremble et il devient un faible qui gâche
les prérogatives que Dieu lui avait accordées. Et maintenant, écoutez :
Samson fut lié avec sept cordes de nerfs frais, avec sept cordes neuves, fixé
au sol avec sept tresses de ses cheveux. Et il avait toujours vaincu. Mais on
ne met pas en vain à l'épreuve le Seigneur, pas même en sa bonté. Ce n'est
pas permis. Lui pardonne, pardonne, pardonne. Mais Il exige la volonté de
sortir du péché pour continuer à pardonner. Sot est celui qui dit :
"Seigneur, pardon" et ensuite ne fuit pas ce qui le pousse
continuellement au péché ! Samson, victorieux trois fois, n'a pas fui
Dalila, la sensualité, le péché, et ennuyé jusqu'à la mort, dit le Livre, et
sa force d'âme une fois amoindrie, dit encore le Livre, il révéla le
secret : "Ma force réside dans mes sept tresses".
N'y a-t-il personne parmi vous, qui las de la grande
lassitude du péché, ne sente s'affaiblir son âme, car rien n'accable autant
que la conscience du mal consenti, et ne se trouve sur le point de se livrer
vaincu à l'Ennemi ? Non, qui que tu sois, non, ne le fais pas. Samson livra à la tentation le secret de vaincre ses sept
vertus : les sept tresses symboliques, ses vertus, c'est à dire sa
fidélité au nazirat. Il
s'endormit fatigué sur le sein de la femme et fut vaincu. Aveugle, esclave,
impuissant pour avoir refusé de reste fidèle à son vœu. Il ne redevint le
"fort", le "libérateur" que lorsque, dans la douleur d'un
vrai repentir, il retrouva sa force.
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114/115> Repentir, patience, constance, héroïsme et puis, ô
pécheurs, je vous promets que vous serez vos propres libérateurs. En vérité
je vous dis qu'il n'est pas de baptême qui vaille, ni de rite qui serve, s'il
n'y a pas le repentir et la volonté de renoncer au péché. En vérité je vous
le dis qu'il n'y a pas pécheur si grand qu'il ne puisse faire renaître par
ses pleurs de repentir les vertus que le péché a arrachées de son cœur.
94.9 – Aujourd'hui une femme, une
pécheresse d'Israël, punie par Dieu de son péché, a obtenu miséricorde par
son repentir. J'ai dit : miséricorde. Ils en auront moins ceux qui n'en eurent
pas pour elle et sur la pauvre déjà punie s'acharnèrent sans pitié. Ces gens
là n'avaient-ils pas en eux la lèpre de leur faute ? Que chacun
s'examine... et aie pitié pour mériter, pour lui même, la pitié. Je vous
tends la main pour cette repentie qui revient parmi les vivants après avoir
été reléguée parmi les morts. C'est Simon de
Jonas pas Moi qui recueillera l'obole pour la repentie, qui sur le
point de quitter la vie, revient à la Vie véritable. Et ne murmurez pas vous,
les grands. Ne murmurez pas. Je n'étais pas au monde quand elle était la
Belle. Vous, vous y étiez. Et avec ça, je n'ajoute plus rien."
"Tu nous accuses d'avoir été ses amants ?" demande avec
rancœur un des deux anciens.
"Que chacun considère son cœur et sa conduite. Pour moi, je n'accuse
pas. Je parle au nom de la Justice. Partons."
Et Jésus sort avec les siens.
Mais Judas Iscariote
se trouve retenu par deux hommes qui semblent le connaître assez.
J’entends qu'ils disent :
"Même toi, tu es avec Lui ? Est-il saint, réellement ?"
L'Iscariote a une de ses répliques imprévues :
"Je vous souhaite d'arriver au moins à comprendre sa sainteté."
"Mais pourtant c'est le sabbat qu'il a guéri."
"Non. Il a pardonné le jour du sabbat. Quel jour est plus indiqué pour
le pardon que le sabbat ? Ne me donnez-vous rien pour celle qui a été
rachetée ?"
"Nous ne donnons pas notre argent aux prostituées.
C'est l'offrande pour le Temple saint."
Irrévérencieusement, Judas éclate de rire et les plante là
pour rejoindre le Maître. Jésus va rentrer dans la maison de Pierre qui est
en train de lui dire :
"Voilà, le petit
Jacques, au sortir de la synagogue, m'a donné aujourd'hui deux
bourses au lieu d'une, et toujours de la part de cet inconnu. Mais qui
est-il, Maître ?
Tu le sais... Dis-le-moi."
Jésus sourit :
"Je te le dirai quand tu auras appris à ne médire de personne."
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