Le mercredi 27 février 1946.
253> 394.1 – Jésus parle
à l'intérieur de la synagogue de Kérioth, invraisemblablement bondée. Il est
en train de répondre à tels ou tels qui Lui demandent conseil sur des
questions personnelles, en particulier. Puis, après les avoir satisfaits, il
commence à parler à haute voix.
"Gens de Kérioth, écoutez ma parabole d'adieu. Nous lui donnerons ce
nom : "Les deux volontés".
Un père parfait avait deux fils, aimés tous
les deux d'un même et sage amour, tous les deux engagés sur de bons chemins.
Aucune différence dans la manière de les aimer et de les diriger. Et pourtant
il y avait une différence sensible entre les deux fils.
L'un, l'aîné, était humble, obéissant, il faisait sans
discuter la volonté paternelle, toujours gai et content
de son travail.
L'autre, bien que moins âgé, était souvent mécontent, et il avait des
discussions avec son père et avec son propre moi. Il ne cessait de réfléchir,
de faire des réflexions très humaines sur les conseils et les ordres qu'il
recevait. Au lieu de les exécuter comme ils lui étaient donnés, il se
permettait de les modifier en tout ou en partie comme si celui qui commandait
était un imbécile. L'aîné lui disait :
"N'agis pas ainsi. Tu peines le père !"
Mais lui répondait :
"Tu es un sot. Grand et gros comme tu es, et en plus l'aîné, adulte
désormais, oh ! moi, je ne voudrais pas en rester au rang où le père t'a
mis. Mais je voudrais faire davantage : m'imposer aux serviteurs. Qu'ils
comprennent que c'est moi le maître.
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254> Tu sembles un serviteur toi aussi, avec ta perpétuelle
douceur. Tu ne vois pas comme, au fond, tu passes inaperçu, malgré ta qualité
d'aîné ? Certains vont jusqu'à se moquer de toi..."
Le cadet, tenté, plus que tenté : disciple de
Satan dont il mettait attentivement en pratique toutes les insinuations,
tentait l'aîné. Mais celui-ci, fidèle au Seigneur dans l'observation de la
Loi, restait fidèle même à son père, qu'il honorait par sa conduite parfaite.
Les années passèrent et le cadet, irrité de ne pouvoir régner comme il le
rêvait, après avoir prié plusieurs fois son père :
"Donne-moi l'ordre d'agir en ton nom, pour ton honneur, au lieu de le
laisser à cet imbécile qui est plus doux qu'une brebis"
Après avoir essayé de pousser son frère à en faire plus que le père ne
commandait pour s'imposer aux serviteurs, aux concitoyens, aux voisins, il se
dit à lui-même :
"Oh ! cela suffit ! C'est notre réputation qui est en
jeu ! Puisque personne ne veut agir, moi, j'agirai".
Et il se mit à n'en faire qu'à sa tête, s'abandonnant à l'orgueil et au
mensonge et désobéissant sans scrupule.
Le père lui disait :
"Mon fils, reste soumis à ton aîné, lui sait ce qu'il fait".
Il disait :
"On m'a dit que tu as fait ceci, est-ce vrai ?"
Et le cadet répondait en haussant les épaules, à l'une et l'autre parole de
son père :
"Il sait, il sait ! Il est trop timide, hésitant. Il manque les occasions
de triompher". Il disait :
"Moi, je n'ai pas agi ainsi".
Le père disait :
"Ne recherche pas l'aide d'un tel et un tel. Qui veux-tu qu'il t'aide
mieux que nous, pour donner de l'éclat à notre nom? Ce sont de faux amis qui
t'excitent pour rire ensuite à tes dépens".
Et le cadet disait :
"Tu es jaloux que se soit moi qui aie
l'initiative ? Du reste je sais que j'agis bien".
Il se passa encore du temps. Le premier grandissait toujours plus en justice, l'autre nourrissait de mauvaises passions. À la fin, le
père dit :
"Il est temps d'en finir. Ou bien tu te soumets à ce que je dis ou bien
tu perds mon amour".
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255> Le révolté alla le dire à ses faux amis.
"Tu t'en fais pour cela ? Mais non ! Il y a manière de mettre
le père dans l'impossibilité de préférer un fils à l'autre. Mets-le entre nos
mains et nous en ferons notre affaire. Tu seras exempt de faute matérielle et
la possession des biens refleurira car, après avoir fait disparaître le trop
indulgent, tu pourras leur donner un grand éclat. Ne sais-tu pas qu'il vaut
mieux un coup de force, même s'il fait souffrir, plutôt que l'inertie qui
gâte la possession ?" répondirent-ils.
Et le cadet, désormais saturé de perversité, adhéra à l'indigne complot.
Maintenant, dites-moi : peut-on peut-être blâmer le père d'avoir donné à
ses fils deux méthodes d'éducation ? Peut-on dire qu'il est
complice ? Non. Et comment donc, alors qu'un fils est saint, l'autre est
pervers ? La volonté de l'homme lui est-elle à l'avance donnée de deux
façons ? Non. Elle est donnée d'une façon unique. Mais l'homme la change
à sa guise : celui qui est bon rend sa volonté bonne, le mauvais la rend
mauvaise.
394.2 – Moi,
je vous exhorte, ô vous de Kérioth - et ce sera la dernière fois que je vous
exhorte à suivre les voies de la sagesse - à suivre uniquement la bonne
volonté. Presque à la fin de mon ministère, je vous dis les paroles chantées
à ma naissance : "La paix est pour les hommes de bonne
volonté". La paix !
C'est-à-dire la réussite, c'est-à-dire la victoire sur la Terre et au Ciel, parce
que Dieu est avec celui qui a la
bonne volonté de Lui obéir.
Dieu ne regarde pas tant les œuvres retentissantes que l'homme accomplit par
son initiative, que l'obéissance humble, prompte, fidèle aux œuvres que Lui
propose.
Je vous rappelle deux épisodes de l'histoire d'Israël. Deux preuves que Dieu
n'est pas là où l'homme veut agir par lui-même en piétinant l'ordre qu'il a
reçu.
Voyons les Macchabées. On y dit : pendant que Judas Maccabée allait avec
Jonathan combattre à Galaad, pendant que Simon allait libérer les autres de
Galilée, il avait été ordonné à Joseph de Zacharie et à Azarias, chefs du
peuple, de rester en Judée pour la défendre. Et Judas leur dit: "Ayez
soin de ce peuple, et ne livrez pas bataille aux nations jusqu'à notre
retour".
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256> Mais Joseph et Azarias, entendant
parler des grandes victoires des Macchabées, voulurent les imiter en disant :
"Nous aussi faisons-nous un nom et allons combattre les
nations qui nous entourent". Ils furent vaincus et poursuivis et
"grande fut la déroute du peuple parce qu'ils n'avaient pas obéi à Judas
et à ses frères, croyant agir en héros". L'orgueil et la désobéissance.
Et que lit-on dans les Rois? On lit que Saül fut réprouvé une première et une
seconde fois, et la seconde fois il fut réprouvé pour avoir désobéi au point
que David fut choisi pour le remplacer. Pour avoir désobéi! Rappelez-vous!
Rappelez-vous! "Le Seigneur veut-il peut-être
des holocaustes ou des victimes, ou pas plutôt que l'on obéisse à la voix du
Seigneur? L'obéissance a plus de valeur que les sacrifices, la soumission
plus que l'offrande de la graisse des moutons. Car la révolte est un délit de
magie et le refus de soumission est comme un crime d'idolâtrie. Maintenant,
puisque tu as rejeté la parole du Seigneur, le Seigneur t'a rejeté pour
t'enlever la royauté".
Rappelez-vous! Rappelez-vous! Quand Samuel, obéissant, remplit sa corne
d'huile et alla chez Isaï de Bethléem, parce que le Seigneur avait choisi là un
autre roi, Isaï entra au banquet avec ses fils
après le sacrifice et alors ces fils furent présentés à Samuel. D'abord Eliab, l'aîné, grand et beau. Mais le Seigneur dit à
Samuel: "Ne fais pas attention à son visage ni à sa taille car Je l'ai
écarté. Moi, Je ne juge pas selon les vues humaines. Car l'homme admire les
choses que voient ses yeux, mais le Seigneur voit les cœurs". Et Samuel
ne voulut pas prendre pour roi Eliab. Il lui fut
présenté Abinadab, mais Samuel dit: "Le
Seigneur ne l'a pas non plus élu". Et Isaï lui
présenta Samma, mais Samuel dit: "Lui non plus
n'est pas l'élu du Seigneur". Et ainsi pour tous les sept fils d'Isaï présents au banquet. Mais Samuel dit: "Est-ce
que ce sont là tous tes fils?" "Non" répondit Isaï. "Il en reste un, encore enfant, qui fait
paître les brebis". "Fais-le venir, car nous ne nous mettrons à
table que quand il sera arrivé". Et David arriva, blond et beau, un
enfant. Et le Seigneur dit: "Oins-le. C'est lui le roi".
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257/258> Car, sachez-le pour toujours, Dieu
choisit qui Il veut et Il enlève à qui démérite ayant corrompu sa volonté par
l'orgueil et la désobéissance.
394.3 – Je
ne reviendrai plus parmi vous après cette fois. Le Maître est en train
d'accomplir son ministère. Après, il sera plus que Maître. Préparez votre esprit
pour cette heure. Rappelez-vous que, comme ma naissance a été salut pour ceux
qui eurent bonne volonté, de la même façon mon accession sera salut pour ceux
qui auront été de bonne volonté en me suivant comme Maître dans ma doctrine,
et pour ceux qui par la suite me suivront en elle, même après mon accession.
Adieu, hommes, femmes, enfants de Kérioth ! Adieu ! Regardons-nous
bien dans les yeux ! Faisons en sorte que les cœurs, le mien et les
vôtres, se fondent dans un embrassement d'amour et d'adieu, et que l'amour
reste toujours vivant, même quand je ne serai plus, jamais plus parmi vous...
Ici, la première fois que je suis venu, un juste a expiré dans le baiser de
son Sauveur , dans une vision de gloire... Ici, cette fois, la
dernière que je viens, je vous bénis avec l'amour...
Adieu !... Que le Seigneur vous donne la foi, l'espérance et la charité
dans une mesure parfaite. Qu'il vous donne l'amour, l'amour, l'amour. Pour
Lui, pour Moi, pour les bons, pour les malheureux, pour les coupables, pour
ceux qui portent le poids d'une faute qui n'est pas la leur...
Rappelez-vous ! Soyez bons. Ne soyez pas injustes. Rappelez-vous que non
seulement j'ai pardonné aux coupables, mais que j'ai enveloppé d'amour Israël
tout entier. Tout Israël, qui est composé de bons et de ceux qui ne le sont
pas, comme dans une famille il y a ceux qui sont bons et ceux qui ne le sont
pas, et ce serait une injustice de dire qu'une famille est mauvaise parce que
l'un de ses membres est mauvais.
394.4 – Je
m'en vais... Si encore quelqu'un de vous a besoin de me parler, qu'il vienne
dans la soirée à la maison de campagne de Marie de Simon."
Jésus lève
la main et bénit, puis il sort rapidement par une petite porte secondaire
suivi des siens.
Les gens murmurent :
"Il ne revient plus !"
"Qu'a-t-il voulu dire ?"
"Il avait des larmes aux yeux en disant adieu..."
"Vous avez entendu ? Il dit qu'il montera !"
"Alors il a vraiment raison Judas ! Certainement que plus tard,
comme roi, il ne sera plus parmi nous comme maintenant..."
"Mais moi, j'ai parlé avec ses frères. Eux disent qu'il ne sera pas roi
comme nous le pensons, mais Roi de rédemption comme disent les prophètes. Il
sera le Messie, voilà !"
"Le Roi Messie, certainement !".
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