Le mercredi 21 novembre 1945.
293> 337.1 – Jésus est dans la synagogue de Chorazeïn
qui se remplit de gens. Les notables de l'endroit doivent avoir insisté pour
que Jésus y enseigne ce jour de sabbat. Je le comprends d'après leurs
raisonnements et les réponses de Jésus.
"Nous ne sommes pas plus arrogants que les juifs ou que ceux de la
Décapole" disent-ils "et pourtant tu y vas et y retournes maintes
fois."
"Ici aussi, c'est la même chose. Ici, par les paroles et les œuvres, par
le silence et l'action, je vous ai donné l'enseignement."
"Mais si nous sommes plus durs que les autres, raison de plus pour
insister..."
"C'est bien, c'est bien."
"Certainement que cela va bien ! Nous t'accordons l'usage de la
synagogue pour que tu y donnes l'enseignement justement parce que nous
jugeons qu'il est bien de faire ainsi. Accepte donc l'invitation et
parle."
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294> 337.2 – Jésus ouvre les bras, signe de
silence pour ceux qui sont là, et il commence son discours et il dit sur un
ton de psalmodie, un récit lent, chantant et emphatique :
"Aréuna répondit à David : 'Que le roi,
mon seigneur, prenne et offre comme il lui plaît. Voici les bœufs pour
l'holocauste, le char et les jougs des bœufs pour le bois
; c'est tout, ô roi, ce qu'Aréuna donne au roi '.
Et il ajouta : 'Que le Seigneur Dieu accepte ton vœu !'.
Mais le roi répondit : 'Ce ne Sera pas comme tu voudrais. Non. Je veux
acheter comptant et je ne veux pas offrir au Seigneur mon Dieu des
holocaustes qui m'ont été donnés en cadeau"
Jésus abaisse son regard, car il parlait le visage presque tourné vers le
plafond, et il fixe intensément le chef de la synagogue et les quatre
notables qui étaient avec Lui, et il leur demande :
"Avez- vous compris le sens ?"
"Ceci se trouve dans le second livre des Rois,
quand le saint roi acheta l'aire d'Aréuna... Mais
nous ne comprenons pas pourquoi tu l'as dit.
Ici, il n'est pas question de peste et il n'y a pas de sacrifice à offrir.
Toi, tu n'es pas roi... Nous voulons dire : tu ne l'es pas encore."
"En vérité votre pensée est lente à comprendre les symboles, et votre
foi est incertaine. Si elle était assurée, vous verriez que déjà je suis Roi
comme je l'ai dit, et si vous aviez une prompte intuition, vous comprendriez
qu'il y a ici une peste très grave, plus que celle qui tourmentait David.
Vous avez celle de l'incrédulité qui vous fait périr."
"Eh bien ! Si nous sommes lents et incrédules, donne-nous
l'intelligence et la foi, et explique-nous ce que tu as voulu dire."
"Je dis : je n'offre pas à Dieu des holocaustes
que l'on m'impose, ceux qu'on offre pour un intérêt mesquin. Je n'accepte pas
de parler seulement si on l'accorde à Celui qui est venu pour parler. C'est
mon droit et j'en use. Sous le soleil ou entre quatre murs, sur la cime des
monts ou au fond des vallées, sur la mer ou assis sur les bords du Jourdain,
partout j'ai le droit et le devoir d'enseigner et d'acquérir les seuls
holocaustes qui soient agréables à Dieu : les cœurs convertis et rendus
fidèles par ma Parole.
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295> Ici, vous de Chorazeïn, vous avez
accordé au Verbe la parole non par respect ou par foi, mais parce que vous
avez dans le cœur une voix qui vous torture comme le ver qui ronge le
bois : "Cette punition de la gelée, c'est à cause de la dureté de
notre cœur". Et vous voulez réparer pour la bourse, non pour l'âme.
Oh ! Chorazeïn païenne et entêtée ! Mais ce n'est pas Chorazeïn
toute entière qui est ainsi. C'est pour ceux qui ne sont pas tels que je vais
parler, par une parabole.
337.3 – Écoutez. À un artisan fut apporté
par un riche, qui était sot, un gros bloc d'une matière blonde comme le miel
le plus fin, et on lui ordonna de le travailler pour en faire une fiole
ornée.
"Cette matière ne se prête pas au travail, dit l'artisan au riche. Tu
vois ? Elle est molle, élastique. Comment puis-je la sculpter et la
modeler ?"
"Comment ? Elle n'est pas bonne ? C'est une résine précieuse
et un de mes amis en a une petite amphore dans laquelle son vin acquiert une
précieuse saveur. Je l'ai payée au poids de l'or pour avoir une amphore plus
grande et mortifier ainsi mon ami qui vante la sienne, Fais-la-moi, et tout
de suite, ou bien je dirai que tu es un artisan incapable".
"Mais celle de ton ami ne serait-elle pas d'albâtre blond ?"
"Non, elle est de cette matière".
"Ne serait-elle pas d'ambre fin ?"
"Non. Elle est de cette matière".
"Elle est peut-être, admettons-le, de la même matière, mais rendue
compacte, durcie, par l'effet des siècles ou le mélange avec d'autres
matières qui l'ont solidifiée. Demande-le-lui et reviens me dire comment la
sienne a été faite".
"Non. Il me l'a vendue lui-même en me certifiant que c'est ainsi qu'il
faut l'employer".
"Et alors il t'a escroqué, pour te punir de l'envie que tu avais de sa
belle amphore".
"Attention à tes paroles ! Travaille ou je te punirai en t'enlevant
l'atelier qui n'a pas une valeur comparable avec celle de cette résine
extraordinaire".
L'artisan, désolé, se mit au travail. Il en faisait de la
pâte... Mais la pâte lui collait aux mains. Il essayait d'en solidifier un
morceau avec des mastics et des poudres... Mais la résine perdait sa
transparence dorée.
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296> Il la portait près du creuset
espérant que la chaleur la durcirait, mais en s'arrachant les cheveux, il
devait l'enlever parce qu'elle se liquéfiait. Il envoya prendre de la neige
gelée sur la cime de l'Hermon, et l'y plongea... Elle se durcissait, elle était
belle, mais elle ne se modelait plus. "Je vais la modeler avec le
ciseau" dit-il. Mais au premier coup de ciseau, la résine vola en
éclats.
L'artisan, tout à fait désespéré, déjà convaincu que rien ne pouvait
permettre de travailler cette matière, tenta un dernier essai. Il ramassa les
morceaux, les rendit de nouveau liquides à la chaleur du fourneau, les
congela de nouveau avec la neige, mais légèrement, et dans la masse à peine
ramollie, il essaya de travailler avec le ciseau et la spatule. Elle se
modelait, oh ! oui ! mais à peine enlevés le ciseau et la spatule
elle revenait à sa forme première, comme si cela avait été la pâte du pain
gonflée dans le pétrin.
L'homme s'avoua vaincu. Et pour fuir les représailles du riche et échapper à
la ruine, pendant la nuit il mit sur un char sa femme, ses enfants, ses
objets, ses instruments de travail, et il laissa au milieu de son atelier,
qu'il laissait vide, la masse blonde de la résine avec dessus un écriteau et
l'inscription : ''Impossible à travailler", et il s'enfuit hors des
frontières...
337.4 – J'ai été envoyé pour travailler les
cœurs, pour y faire entrer la Vérité et le Salut. Il m'est venu dans les
mains des cœurs de fer, de plomb, d'étain, d'albâtre, de marbre, d'argent,
d'or, de jaspe, de gemmes. Des cœurs durs, des cœurs sauvages, des cœurs trop
tendres, des cœurs changeants, des cœurs endurcis par la souffrance, des
cœurs précieux, toutes sortes de cœurs. Je les ai tous travaillés. Et j'en ai
modelé beaucoup, suivant le désir de Celui qui m'a envoyé. Certains m'ont
blessé pendant que je les travaillais, d'autres ont préféré se briser que de
se laisser travailler à fond. Mais, peut-être qu'avec la haine, ils garderont
toujours un souvenir de Moi.
Vous êtes impossibles à travailler. Chaleur
de l'amour, patience de l'instruction, froideur des reproches, fatigue du
ciseau, rien ne sert sur vous. A peine mes mains enlevées, vous redevenez ce
que vous étiez. Vous devriez faire une seule chose pour changer : vous
abandonner totalement à Moi. Vous ne le faites pas, vous ne le ferez jamais.
Le Travailleur, désolé, vous abandonne à votre destin. Mais, comme il est
juste, il ne vous abandonne pas tous de la même manière.
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297> Dans sa désolation il sait choisir
encore ceux qui méritent son amour, et il les réconforte et les bénit.
337.5 – Femme, viens ici !" dit-il
en montrant du doigt une femme qui se tient près du mur, courbée au point de
paraître un point d'interrogation.
Les gens regardent dans la direction qu'indique Jésus, mais
ne voit pas la femme qui, à cause de sa position, ne peut voir Jésus et sa
main.
"Va donc, Marthe ! Il
t'appelle" lui disent plusieurs.
Et la malheureuse s'en va en boitant avec son bâton, à la hauteur duquel se
trouve sa tête.
Elle est maintenant devant Jésus qui lui
dit :
"Femme, reçois un souvenir de mon passage et une récompense pour ta foi
silencieuse et humble. Sois délivrée de ton infirmité" s’écrie-t-il en
dernier lieu en lui mettant ses mains sur les épaules.
Tout à coup, la femme se lève, et droite comme un palmier, lève le bras en
criant :
"Hosanna ! Il m'a guérie ! Il a regardé sa servante fidèle et
lui a accordé son bienfait. Louange soit au Sauveur et Roi d'Israël !
Hosanna au Fils de David !"
Les gens répondent, avec les leurs, aux hosannas de la femme qui maintenant
est à genoux aux pieds de Jésus et qui baise le bord de son vêtement pendant
que Jésus lui dit :
"Va en paix et persévère dans la Foi."
337.6 – Le chef de la synagogue, que doivent
encore brûler les paroles dites par Jésus avant la parabole, veut jeter son
venin à cause du reproche et s'écrie avec indignation pendant que la foule
s'ouvre pour laisser passer la miraculée :
"Il y a six jours pour travailler, six jours pour demander et pour
donner. Venez donc ces jours-là, tant pour demander que pour donner. Venez
guérir ces jours-là, sans violer le sabbat, pécheurs et mécréants, corrompus
et corrupteurs de la Loi !"
Et il cherche à expulser tout le monde de la synagogue, comme pourchasser la
profanation du lieu de prière.
Mais Jésus, qui le voit aidé par les quatre notables déjà mentionnés et par
d'autres disséminés dans la foule qui manifestent ouvertement leur scandale
et la souffrance qu'ils éprouvent du... crime de Jésus, crie à son tour,
alors que les bras croisés, sévère, imposant, il le regarde :
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298> "Hypocrites ! Qui de
vous, en ce jour, n'a pas détaché son bœuf ou son âne de la mangeoire et ne
l'a pas mené boire ? Et qui n'a pas porté des bottes d'herbe aux brebis
du troupeau et n'a pas trait le lait des mamelles pleines ? Pourquoi
donc, puisque vous avez six jours pour le faire, l'avez-vous fait aujourd'hui
aussi pour quelques deniers de lait ou par crainte que votre bœuf ou votre
âne ne meure de soif ? Et Moi, je ne devais pas délier
cette femme des chaînes par lesquelles Satan l'a tenue pendant dix-huit ans,
uniquement parce que c'est le sabbat ? Allez. Moi, j'ai pu délier
celle-ci de son malheur involontaire. Mais je ne pourrai jamais vous détacher
des vôtres qui sont volontaires, ô ennemis de la Sagesse et de la
vérité !"
Les gens honnêtes de Chorazeïn, qui sont parmi ceux nombreux qui ne le sont
pas, approuvent et louent alors que les autres, livides de rage, s'en vont
laissant en plan le chef livide de la synagogue.
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