Le dimanche 26
août 1945
274/275> 263.1 – Jésus entre dans la synagogue
de Capharnaüm qui se remplit lentement de fidèles, car c'est le sabbat. On
est grandement étonné de le voir. Tous se le montrent du doigt en chuchotant,
et quelqu'un tire le vêtement de tel ou tel apôtre pour demander quand ils
sont revenus, car personne ne savait qu'ils étaient de retour.
"Nous venons juste de débarquer au "Puits du figuier" venant
de Bethsaïde, pour ne pas faire un pas de plus qu'il n'est permis, ami"
répond Pierre à Urie le pharisien, et celui-ci,
blessé de s'entendre appeler ami par un pêcheur, s'en va, dédaigneux,
rejoindre les siens au premier rang.
"Ne les excite pas, Simon !" avertit André.
"Les exciter ? Il m'a interrogé et j'ai répondu en disant aussi que nous
avions évité de marcher, par respect pour le sabbat."
"Ils diront que nous avons fatigué avec la barque..."
"Ils en arriveront à dire que nous avons fatigué en respirant !
Imbécile ! C'est la barque qui fatigue, c'est le vent et l'eau, pas nous
quand nous allons en barque."
André encaisse la réprimande et se tait.
263.2 – Après les prières
préliminaires, vient le moment de la lecture d'un passage et son explication.
Le chef de la synagogue demande à Jésus de le faire, mais Jésus montre les
pharisiens en disant :
"Qu'ils le fassent eux."
Mais, comme ils ne veulent pas le faire, il Lui faut parler.
Jésus lit le passage du premier livre des Rois où on raconte comment David,
trahi par les Ziphéens,
fut signalé à Saül qui était à Gabaa.
Il rend le rouleau et commence à parler.
"Violer le commandement de la charité, de l'hospitalité, de l'honnêteté,
est toujours mal. Mais l'homme n'hésite pas à le faire avec la plus grande
indifférence. Nous avons ici un double récit de cette violation et la
punition de Dieu qui la sanctionna. La conduite des Ziphéens était fourbe. Celle
de Saül ne l'était pas moins. Les premiers, lâches dans l'intention de se
concilier le plus fort et d'en tirer profit. Le second, lâche dans
l'intention de se débarrasser de l'oint du Seigneur. L'égoïsme, par
conséquent, les associait. Et à l'indigne proposition, le faux et pécheur roi
d'Israël ose donner une réponse où se trouve nommé le Seigneur :
"Soyez bénis par le Seigneur".
Dérision à l'égard de la justice de Dieu ! Dérision habituelle !
Sur les méchancetés de l'homme, trop souvent on invoque à titre de récompense
ou de garantie le Nom du Seigneur et sa bénédiction. Il est dit : "Ne
nomme pas en vain le Nom de Dieu" .
Et peut-il y avoir chose plus vaine, pire : plus mauvaise que celle de
le nommer pour accomplir un crime contre le prochain ?
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276> Et pourtant c'est
un péché plus commun que tout autre, accompli avec indifférence même par ceux
qui sont toujours les premiers dans les assemblées du Seigneur, dans les
cérémonies et dans l'enseignement. Rappelez-vous que c'est un péché de
chercher, de noter, de préparer tout ce qui peut nuire au prochain. C'est
aussi un péché de faire chercher, noter, préparer par d'autres tout ce qui
peut nuire au prochain. C'est amener les autres au péché en les tentant par
des récompenses ou des menaces de représailles.
Je vous préviens que c'est un péché. Je vous préviens qu'une semblable
conduite est égoïsme et haine. Et vous savez que la haine et l'égoïsme sont
les ennemis de l'amour. Je vous le fais remarquer parce que je me préoccupe
de vos âmes. Parce que je vous aime. Parce que je ne vous veux pas pécheurs.
Parce que je ne veux pas que Dieu vous punisse, comme il advint à Saül qui,
pendant qu'il poursuivait David pour le prendre et le tuer, eut son pays
détruit par les Philistins. En vérité, cela arrivera toujours à qui nuit au
prochain. Sa victoire durera autant que l'herbe dans le pré. Elle aura vite
fait de pousser, mais aussi de sécher et d'être écrasée par les pieds
indifférents des passants. Alors que la bonne conduite, une vie honnête,
peine à naître et à s'affermir, mais une fois formée comme vie habituelle,
devient un arbre puissant et feuillu que les tourbillons eux-mêmes ne
sauraient arracher et que la canicule ne brûle pas. En vérité, celui qui est
fidèle à la Loi, mais réellement fidèle, devient un arbre puissant que les
passions ne plient pas, et qui n'est pas brûlé par le feu de Satan. J'ai
parlé.
263.3 – Si quelqu'un veut ajouter
quelque chose, qu'il le fasse."
"Nous te demandons si c'est pour nous, les pharisiens, que tu as
parlé."
"La synagogue serait-elle pleine de pharisiens ? Vous êtes quatre.
La foule comprend des centaines de personnes. La parole est pour tout le
monde."
"L'allusion pourtant était claire."
"En vérité, on n'a jamais vu que quelqu'un, seulement indiqué par une
comparaison, s'accuse de lui-même ! Et c'est ce que vous faites, Mais
pourquoi vous accusez-vous si Moi je ne vous accuse pas ? Vous savez
peut-être que vous agissez comme je l'ai dit ? Moi, je ne le sais pas.
Mais, s'il en est ainsi, repentez-vous-en. Car l'homme est faible et peut
pécher.
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277> Mais Dieu lui
pardonne s'il s'élève en lui un repentir sincère et le désir de ne plus pécher.
Mais certainement persévérer dans le mal est un double péché et sur lui ne
descend pas le pardon."
"Nous, nous n'avons pas ce péché."
"Et alors ne vous affligez pas de mes paroles."
L'incident est clos et la synagogue se remplit du chant des hymnes. Puis il
semble que l'assemblée va se séparer sans autres incidents.
263.4 – Mais le pharisien Joachim découvre
un homme dans la foule et lui indique par des signes et le regard de venir au
premier rang. C'est un homme d'environ cinquante ans et il a un bras atrophié
devenu, même pour la main, beaucoup plus petit que l'autre, car l'atrophie a
détruit les muscles.
Jésus le voit et voit tout ce qu'on a combiné pour le Lui faire voir. Il a
sur le visage une expression de dégoût et de compassion qui passe comme un
éclair mais qui est très visible. Pourtant il ne dévie pas le coup. Au
contraire, il fait face à la situation avec fermeté.
"Viens ici, au milieu"
commande-t-il à l'homme.
Et, quand il l'a devant Lui, il se tourne vers les pharisiens et leur
dit :
"Pourquoi me tentez-vous ? N'ai-je pas à peine cessé de parler
contre les pièges et la haine ? Et vous, ne venez-vous pas de
dire : "Nous n'avons pas ce péché" ? Vous ne répondez
pas ? Répondez au moins à ceci : est-il permis de faire du bien ou
du mal le jour du sabbat ? Est-il permis de sauver ou d'enlever la
vie ? Vous ne répondez pas ? Moi, je répondrai pour vous, et en
présence de tout le peuple qui jugera mieux que vous, parce qu'il est simple
et sans haine ni orgueil. Il n'est pas permis le sabbat de faire un travail.
Mais, comme il est permis de prier, de même il est permis de faire du bien,
car le bien est une prière plus grande encore que les hymnes et les psaumes
que nous avons chantés. Alors que ni le sabbat, ni un autre jour, il n'est
permis de faire le mal. Et vous, vous l'avez fait, en manœuvrant pour avoir
ici cet homme qui n'est même pas de Capharnaüm et que vous avez fait venir
depuis deux jours, sachant que j'étais à Bethsaïde et pensant que je serais
venu dans ma ville. Et vous l'avez fait pour essayer de me mettre en
accusation. Et vous commettez ainsi le péché de tuer votre âme au lieu de la
sauver. Mais pour ce qui me concerne, je vous pardonne et je ne décevrai pas
la foi de cet homme que vous avez fait venir en disant que je le guérirais
alors que vous vouliez me tendre un piège. Lui n'est pas coupable, car il est
venu sans autre intention que celle de guérir. Et que cela soit. Homme,
étends ta main et va en paix."
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278> L'homme obéit et sa
main devient saine, comme l'autre. Il s'en sert tout de suite pour prendre un
pan du manteau de Jésus pour le baiser en Lui disant :
"Tu sais que je ne connaissais pas leur véritable intention. Si je
l'avais sue, je ne serai pas venu, préférant garder ma main morte plutôt que
de m'en servir contre Toi. Ne m'en veux donc pas."
"Va en paix, homme. Je sais la vérité, et à ton égard je n'ai que
bienveillance."
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