Le vendredi 9 mars 1945.
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600.1 - C'est
le commencement de la souffrance du Jeudi Saint.
Les apôtres - ils sont dix - s'occupent activement de préparer le Cénacle.
Judas,
grimpé sur la table, regarde s'il y a de l'huile dans tous les lampions du
grand lampadaire qui ressemble à une corolle de fuchsia double, car la tige
de suspension est entourée de cinq ampoules qui ressemblent à des pétales,
puis un second tour, plus bas, qui est une vraie couronne de petites flammes;
puis il y a enfin trois petits lampions suspendus à des chaînettes qui
semblent les pistils de la fleur lumineuse.
Ne riez pas de mon dessin !
Puis il saute par
terre et aide André
à disposer avec art la vaisselle sur la table sur laquelle on a étendu une
nappe très fine.
J'entends André qui dit :
"Quel lin splendide !"
Et l'Iscariote :
"Un des meilleurs de Lazare.
Marthe
a voulu absolument l'apporter."
"Et ces calices ? et ces amphores, alors ?" observe Thomas.
Il qui a versé le vin dans les
amphores précieuses et les regarde avec admiration en se regardant dans leurs
fines panses et il en caresse les poignées ciselées d'un œil de connaisseur.
"Qui sait quelle valeur, hein ?" demande Judas Iscariote.
"C'est travaillé au marteau. Mon père en serait fou. L'argent et l'or en
feuilles se plient facilement à la chaleur. Mais traité ainsi... Un moment
peut tout abîmer. Il suffit d'un coup mal donné. Il faut en même temps de la
force et de la légèreté. Tu vois les poignées ? Elles sont tirées de la masse
et ne sont pas soudées. Choses de riches... Pense que toute la limaille et le
dégrossissement se perdent. Je ne sais pas si tu me comprends."
"Hé ! si je comprends ! C'est comme fait un sculpteur."
"Tout à fait cela."
Tous admirent, puis retournent à leur travail. Tel dispose les sièges et tel
autre prépare les crédences.
600.2 - Pierre et Simon
entrent ensemble.
"Oh ! vous êtes venus finalement ! Où êtes-vous allés de nouveau ? Après
être arrivés avec le Maître et nous, vous vous êtes enfuis de nouveau"
dit l'Iscariote.
"Encore une tâche avant l'heure" répond brièvement Simon.
"Tu es mélancolique ?"
"Je crois qu'avec ce qu'on a entendu en ces jours et de ces lèvres que
jamais on ne trouve mensongères, il y en a bien une raison."
"Et avec cette puanteur de... Bon ! tais-toi, Pierre" murmure
Pierre entre ses dents.
"Toi aussi !... Tu me sembles fou depuis quelques jours. Tu as la figure
d'un lapin sauvage qui sent derrière lui le chacal" répond Judas
l'Iscariote.
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494> "Et toi, tu as le museau de la
fouine. Toi aussi, tu n'es pas très beau depuis quelques jours. Tu regardes
d'une façon... Tu as même l'œil de travers... Qui attends-tu ou qu'espères-tu
voir ? Tu sembles plein d'assurance, tu veux le faire paraître, mais tu as
l'air de quelqu'un qui a peur" réplique Pierre.
"Oh ! Quant à la peur !... Tu n'es certainement pas un héros, toi non plus
!"
"Personne de nous ne l'est, Judas. Tu portes le nom du Macchabée,
mais tu ne l'es pas. Moi, je dis avec mon nom : "Dieu fait grâce" ,
mais je te jure que j'ai en moi le tremblement de qui sait porter malheur et
d'être surtout dans la disgrâce de Dieu. Simon de Jonas, rebaptisé
"la pierre", est mou maintenant comme de la cire près du feu. Il ne
se cramponne plus par sa volonté. Lui, que je n'ai jamais vu trembler dans
les plus violentes tempêtes ! Matthieu, Barthélemy
et Philippe
semblent des somnambules. Mon frère
et André ne font que soupirer. Les deux
cousins, qui ont la douleur de la parenté
avec celle de l'amour pour le Maître, regarde-les. Ils semblent déjà des
vieillards. Thomas
a perdu son entrain, et Simon
semble redevenu le lépreux épuisé d'il y a maintenant trois ans tant il est
creusé par la douleur, je dirais corrodé, livide, avili" lui répond Jean.
600.3 - "Oui.
Il nous a tous suggestionnés par sa mélancolie" observe l'Iscariote.
"Mon cousin Jésus, mon Maître et Seigneur et le vôtre, est et n'est pas
mélancolique. Si tu veux dire par ce nom qu'il est triste à cause de la
douleur excessive que tout Israël est en train de Lui donner, et que nous
voyons, et l'autre douleur cachée que Lui seul voit, je te dis : "Tu as
raison". Mais si tu uses de ce terme pour dire qu'il est fou, je te
l'interdis" dit Jacques d'Alphée.
"Et n'est-ce pas de la folie qu'une idée fixe de mélancolie ? J'ai fait
aussi des études profanes, et je sais. Il a trop donné de Lui-même.
Maintenant il a l'esprit épuisé."
"Ce qui signifie de la démence. N'est-ce pas ?" demande l'autre
cousin Jude, apparemment calme.
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495> "Exactement ! Il avait bien vu ton père,
juste de sainte mémoire, à qui tu ressembles pour la justice et la sagesse !
Jésus, triste destin d'une illustre maison trop vieille et frappée de
sénilité psychique, a toujours eu une tendance à cette maladie, d'abord
douce, puis toujours de plus en plus agressive. Tu as vu comme il a attaqué
pharisiens et scribes, sadducéens et hérodiens. Il s'est rendu la vie
impossible comme un chemin couvert d'éclats de quartz. Et c'est Lui qui les a
semés. Nous... nous l'aimions tant que l'amour nous l'a caché. Mais ceux qui
l'ont aimé sans l'idolâtrer : ton père, ton frère Joseph, et Simon au début,
ont vu juste... nous devions ouvrir les yeux en les écoutant. Au contraire,
nous avons été tous séduits par sa douce fascination de malade. Et
maintenant... Hélas !"
Jude Thaddée qui, aussi grand que l'Iscariote, est justement en face de lui
et paraît l'écouter paisiblement, a un déclic violent et d'un puissant revers
de main il couche Judas sur un des sièges et avec une colère contenue, sans
éclat de voix, se penchant, siffle sur son visage de lâche, et Judas ne
réagit pas, craignant peut-être que le Thaddée soit au courant de son
crime :
"Voilà pour la démence, reptile ! Et c'est seulement parce que Lui est à
côté et que c'est le soir de Pâque que je ne t'étrangle pas. Mais réfléchis,
réfléchis bien ! S'il Lui arrive du mal et qu'il n'est plus là pour arrêter
ma force, personne ne te sauve. C'est comme si déjà tu avais la corde au cou
et ce seront ces mains honnêtes et fortes d'artisan galiléen et de descendant
du frondeur de Goliath
qui feront ton affaire. Lève-toi, mollasson libertin ! Et surveille ta
conduite."
Judas se lève, livide, sans la moindre réaction. Et, ce qui me surprend, personne
ne réagit au nouveau geste du Thaddée. Au contraire !... Il est clair que
tous approuvent.
600.4 - L'ambiance
est à peine redevenue tranquille que Jésus entre. Il se présente au seuil de
la petite porte par laquelle sa grande taille passe difficilement, met le
pied sur le petit palier et, avec son sourire doux et triste, dit en ouvrant
les bras :
"La paix soit avec vous."
Sa voix est lasse comme celle de quelqu'un qui souffre physiquement et
moralement.
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496> Il descend, caresse la tête blonde de Jean qui est
accouru près de Lui. Comme s'il ignorait tout, il sourit à son cousin Jude et
il dit à l'autre cousin :
"Ta mère te prie d'être doux avec Joseph. Tout à l'heure il a demandé
aux femmes de mes nouvelles et des tiennes. Je regrette de ne l'avoir pas
salué."
"Tu le feras demain."
"Demain ?... Mais j'aurai toujours le temps de le voir... Oh ! Pierre !
Nous allons rester finalement un peu ensemble ! Depuis hier, tu sembles pour
Moi un feu follet. Je te vois, puis je ne te vois plus. Aujourd'hui je puis
presque dire que je t'ai perdu. Toi aussi, Simon."
"Nos cheveux plutôt blancs que noirs peuvent t'assurer que nous ne nous
sommes pas absentés par désir de la chair" dit Simon avec sérieux.
"Bien que... à tout âge on peut avoir cette faim... Les vieux ! Pires
que les jeunes..." dit l'Iscariote offensif.
Simon le regarde et il va répliquer. Mais Jésus le regarde aussi et dit :
"Tu as mal aux dents ? Tu as la joue droite enflée et rouge."
"Oui, j'ai mal. Mais ce n'est pas la peine de s'en occuper."
Les autres ne disent rien, et l'affaire se termine ainsi.
600.5 - "Avez-vous
fait tout ce qu'il fallait faire ? Toi, Matthieu ? Et toi, André ? Et
toi, Judas, as-tu pensé à l'offrande au Temple ?"
Les deux premiers, aussi bien que l'Iscariote, disent :
"Tout est fait de ce que tu avais dit de faire pour aujourd'hui. Sois
tranquille."
"Moi, j'ai apporté les primeurs de Lazare à Jeanne de Kouza, pour les
enfants. Ils m'ont dit : "Elles étaient meilleurs ces pommes !"
Elles avaient la saveur de la faim, celles-là ! Et c'était tes pommes"
dit Jean souriant et rêvant.
Jésus aussi sourit à un souvenir...
"J'ai vu Nicodème et Joseph" dit Thomas.
"Tu les as vus ? Tu as parlé avec eux ?" demande l'Iscariote avec
un intérêt exagéré.
"Oui. Qu'y a-t-il d'étrange ? Joseph est un bon client de mon
père."
"Tu ne l'avais pas dit avant... C'est pour cela que j'ai été étonné
!..."
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497> Judas essaie d’édulcorer l'impression, qu'il avait
donnée d'abord, de son inquiétude pour la rencontre de Joseph et de Nicodème
avec Thomas.
"Il me semble étrange qu'ils ne soient pas venus ici pour te vénérer. Ni
eux, ni Kouza, ni Manahen... Aucun des..."
Mais l'Iscariote, avec un faux rire, interrompt Barthélemy et il dit :
"Le crocodile se terre quand il le faut."
"Que veux-tu dire ? Qu'insinues-tu ?" demande Simon, agressif comme
il ne l'a jamais été.
"Paix, paix ! Mais qu'avez-vous ? C'est la soirée pascale ! Jamais nous
n'avons eu un si digne apparat pour consommer l'agneau. Consommons donc la
cène dans un esprit de paix. Je vois que je vous ai beaucoup troublés par mes
instructions de ces derniers soirs. Mais, vous voyez ? J'ai fini ! Maintenant
je ne vous troublerai plus. Tout n'est pas dit de ce qui se rapporte à Moi.
Seulement l'essentiel. Le reste... vous le comprendrez par la suite. Il vous
sera dit... Oui. Il viendra Celui qui vous le dira !
600.6 - Jean,
va avec Judas et un autre, prendre les coupes pour la purification. Et puis
assoyons-nous à table."
Jésus est d'une douceur déchirante.
Jean avec André, Jude Thaddée avec Jacques, apportent la vaste coupe, y
versent l'eau et offrent l'essuie-mains à Jésus et à leurs compagnons qui
font la même chose avec eux. La coupe (qui est un bassin de métal) est mise
dans un coin.
"Et maintenant à vos places. Moi ici, et ici (à droite) Jean et de
l'autre côté mon fidèle Jacques. Les deux premiers disciples. Après
Jean ma Pierre forte et après Jacques celui qui est comme l'air. On ne le
remarque pas, mais il est toujours présent et réconforte : André. Près de
lui, mon cousin Jacques. Tu ne te plains pas, doux frère, si je donne la
première place aux premiers ? Tu es le neveu du Juste dont l'esprit palpite
et plane sur Moi en cette soirée plus que jamais. Aie la paix, père de ma
faiblesse enfantine, chêne à l'ombre duquel se restaurèrent la Mère et le
Fils ! Aie la paix !... Après Pierre: Simon... Simon, viens ici un moment. Je
veux fixer ton visage loyal. Après, je ne te verrai plus que mal car les
autres me couvriront ta figure honnête. Merci, Simon. De tout"
Et il l'embrasse.
Simon, quand il le laisse, va à sa place portant ses mains à son visage en
marquant son affliction.
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498>
"En face de Simon, mon Barthélemy, deux honnêtetés et deux sagesses qui
se reflètent. Ils sont bien ensemble. Et tout près, toi, Jude mon frère.
Ainsi je te vois... et il me semble être à Nazareth... quand quelque fête
nous réunissait tous à une table... Et aussi à Cana... Tu te souviens ? Nous
étions ensemble. Une fête... une fête de noces... le premier miracle... l'eau
changée en vin... Aujourd'hui aussi une fête... et aujourd'hui aussi il y
aura un miracle... le vin changera de nature... et il sera..."
Jésus se plonge dans ses pensées, la tête inclinée, et comme isolé dans son
monde secret. Les autres le regardent et ne parlent pas.
Il relève la tête et fixe Judas Iscariote
auquel il dit :
"Tu seras en face de Moi."
"Tu m'aimes à ce point ? Plus que Simon, que tu veux toujours
m'avoir en face de Toi ?"
"Tellement. Tu l'as dit."
"Pourquoi, Maître ?"
"Parce que tu es celui qui a fait plus que tous pour cette heure."
Judas jette un regard changé sur le Maître et sur ses compagnons. Sur le
premier avec un air de compassion, sur les autres avec un air de triomphe.
"Et à côté de toi, d'une part Matthieu, de l'autre Thomas."
"Alors Matthieu à ma gauche et Thomas à ma droite."
"Comme tu veux, comme tu veux, dit Matthieu. Il me suffît d'avoir bien
en face de moi mon Sauveur."
"Le dernier, Philippe. Voilà, vous voyez ? Qui n'est pas à côté de Moi
du côté d'honneur, a l'honneur d'être en face de Moi."
600.7 - Jésus,
debout à sa place, verse dans le grand calice placé devant Lui (tous ont de
hauts calices, mais Lui en a un beaucoup plus grand en plus de celui des
autres. Ce doit être le calice rituel). Il verse le vin. Il l'élève, l'offre,
le repose.
Puis tous ensemble demandent sur le ton du psaume :
"Pourquoi cette cérémonie ?"
Question de pure forme, on la comprend rituelle.
Jésus, en chef de famille, y répond :
"Ce jour rappelle notre libération de l'Égypte. Que soit béni Jéovah
qui a créé le fruit de la vigne"
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499> Il boit une gorgée de ce vin qu'il
a offert et passe le calice aux autres. Puis il offre le pain, en fait des
morceaux, le distribue, ensuite les légumes trempés dans la sauce rougeâtre
qui est dans quatre saucières.
Une fois terminée cette partie du repas, ils chantent des psaumes tous en chœur.
On apporte de la crédence sur la table et on place en face de Jésus le grand
plateau de l'agneau rôti.
Pierre qui a le rôle de... première partie
du chœur, si vous voulez, demande: "Pourquoi cet agneau ainsi présenté
?"
"En souvenir de quand Israël fut sauvé par l'agneau immolé.
Le premier-né ne mourut pas là où le sang brillait sur les montants de la
porte et sur l'architrave.
Et ensuite, alors que l'Égypte pleurait ses fils premiers-nés qui étaient
morts, depuis le palais royal jusqu'aux taudis,
les hébreux, commandés par Moïse, se mirent en marche vers la terre de la
libération et de la promesse.
Les côtés déjà ceints, les sandales aux pieds, le bourdon en main, le peuple
d'Abraham s'empressa de se mettre en marche en chantant les hymnes de la joie"
Tous se lèvent debout et entonnent :
"Quand Israël sortit d'Égypte et la maison de Jacob du milieu d'un
peuple barbare,
la Judée devint son sanctuaire"
et cætera
(si ma recherche est correcte, il s’agit du Psaume 113).
Maintenant Jésus découpe l'agneau, verse un nouveau calice, le passe après en
avoir bu. Puis ils chantent encore: "Enfants, louez le Seigneur. Que
soit béni le Nom de l'Éternel maintenant et toujours dans les siècles. De
l'orient à l'occident Il doit être loué"
et cætera.
Jésus donne les parts en faisant attention que chacun soit bien servi,
exactement comme un père de famille parmi ses fils qui lui sont tous chers.
Il est solennel, un peu triste, alors qu'il dit : "J'ai ardemment désiré de manger avec
vous cette Pâque. Cela a été mon désir des désirs depuis qu'éternellement
j'ai été le "Sauveur". Je savais que cette heure précéderait cette
autre, et la joie de me donner mettait à l'avance ce soulagement à
mon martyre...
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500>
J'ai ardemment désiré de manger avec vous cette Pâque car jamais plus je ne
goûterai du fruit de la vigne jusqu'à ce que soit venu le Royaume de Dieu.
Alors je m'assiérai de nouveau avec les élus au Banquet de l'Agneau, pour les
noces des Vivants avec le Vivant. Mais y viendront seulement ceux qui auront
été humbles et purs de cœur comme je le suis."
600.8 - "Maître,
tout à l'heure tu as dit que qui n'a pas l'honneur de la place, a celui
d'être en face de Toi. Comment alors pouvons-nous savoir qui est le premier
d'entre nous ?" demande Barthélemy.
"Tous et personne. Une fois... nous revenions
fatigués... avec la nausée de la rancœur des pharisiens. Mais vous n'étiez
pas las de discuter entre vous qui était le plus grand... Un enfant accourut
près de Moi... un de mes petits amis... Et son innocence adoucit mon dégoût
de tant de choses. Ce n'était pas pour dernière votre humanité opiniâtre. Où
es-tu maintenant, petit Benjamin
à la réponse sage,
venue à toi du Ciel car, ange comme tu l'étais, l'Esprit te parlait ? Je vous
ai dit alors : "Si quelqu'un veut être le premier qu'il soit le dernier
et le serviteur de tous". Et je vous ai donné en exemple l'enfant sage.
Maintenant je vous dis : "Les rois des nations les dominent. Et les
peuples opprimés, tout en les haïssant, les acclament et on les appelle les
rois 'Bienfaiteurs', 'Pères de la Patrie', mais la haine couve sous le
respect menteur". Mais parmi vous qu'il n'en soit pas ainsi. Que le plus
grand soit comme le plus petit, le chef comme celui qui sert. Qui, en fait,
est le plus grand ? Celui qui est à table ou celui qui sert ? C'est celui qui
est à table. Et pourtant, Moi je vous sers, et d'ici peu, je vous servirai
davantage. Vous êtes ceux qui ont été avec Moi dans les épreuves, et Moi je
dispose pour vous d'une place dans mon Royaume, de même que j'y serai Roi
selon la volonté du Père, afin que vous mangiez et buviez à ma table
éternelle et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus
d'Israël. Vous êtes restés avec Moi dans les épreuves... Il n'y a que cela
qui vous donne de la grandeur aux yeux du Père."
"Et ceux qui viendront ? Ils n'auront pas de place dans le Royaume ?
Nous seuls ?"
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501> "Ah ! que de princes dans ma
Maison ! Tous ceux qui auront été fidèles au Christ dans les épreuves de la
vie seront des princes dans mon Royaume, car ceux qui auront persévéré
jusqu'à la fin dans le martyre de l'existence seront pareils à vous qui êtes
restés avec Moi dans mes épreuves. Je m'identifie avec ceux qui croient en
Moi.
La Douleur que j'embrasse pour vous et pour tous les hommes, je la donne
comme enseigne à ceux qui sont particulièrement élus. Celui qui me sera
fidèle dans la Douleur sera un de mes bienheureux, pareil à vous, ô mes
aimés."
600.9 - "Nous
avons persévéré jusqu'à la fin."
"Tu le crois, Pierre ? Et Moi, je te dis que l'heure de
l'épreuve n'est pas encore venue. Simon, Simon de Jonas, voilà que Satan a
demandé de vous vanner comme le grain. J'ai prié pour toi, pour que ta foi ne
vacille pas. Toi, quand tu te seras repenti, confirme tes frères."
"Je sais que je suis un pécheur. Mais je serai fidèle à Toi jusqu'à la mort.
Je n'ai pas ce péché. Je ne l'aurai jamais."
"Ne sois pas orgueilleux, mon Pierre. Cette heure changera une infinité
de choses qui avant étaient ainsi et qui maintenant seront différentes.
Combien !... Elles apportent et imposent des nécessités nouvelles. Vous le
savez. Je vous l'ai toujours dit, même quand nous allions par des chemins
écartés, parcourus par des bandits : "Ne craignez pas, il ne vous
arrivera aucun mal parce que les anges du Seigneur sont avec nous. Ne vous
préoccupez de rien". Vous rappelez-vous quand je vous disais :
"N'ayez pas d'inquiétudes pour ce que vous devez manger et pour le
vêtement. Le Père sait de quoi nous avons besoin" ? Je vous disais aussi
: "L'homme est beaucoup plus qu'un passereau et que la fleur qui
aujourd'hui est de l'herbe et demain est du foin. Et pourtant le Père a soin
aussi de la fleur et du petit oiseau. Pouvez-vous alors douter qu'il n'ait
pas soin de vous ?" Je vous disais encore : "Donnez à qui vous
demande, à celui qui vous offense présentez l'autre joue". Je vous
disais : "N'ayez pas de bourse ni de bâton". Parce que je vous ai
enseigné l'amour et la confiance.
Mais maintenant... Maintenant ce n'est plus ce temps. Maintenant je vous dis
: "Vous est-il rien manqué jusqu'à maintenant ? Avez-vous jamais été
offensés ?"
"Rien, Maître, Et Toi seul as été offensé."
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502> "Vous voyez donc que ma parole
était vraie. Mais maintenant les anges ont tous été rappelés par leur
Seigneur. C'est l'heure des démons... Avec leurs ailes d'or, eux, les anges
du Seigneur, se couvrent les yeux, s'enveloppent et souffrent de ce que leurs
ailes ne soient pas couleur du chagrin, car c'est une heure de deuil, de
deuil cruel, sacrilège... Il n'y a pas d'anges sur la Terre ce soir. Ils sont
près du trône de Dieu pour couvrir de leur chant les blasphèmes du monde
déicide et les pleurs de l'Innocent. Et nous sommes seuls... Vous et Moi :
seuls. Et les démons sont les maîtres de l'heure. Aussi maintenant nous
allons prendre les apparences et les mesures des pauvres hommes qui se
défient et n'aiment pas.
Maintenant que celui qui a une bourse prenne aussi une besace, que celui qui
n'a pas d'épée vende son manteau et en achète une, car cela aussi est dit de
Moi dans l'Écriture et doit s'accomplir : "Il a été compté parmi les
malfaiteurs".
En vérité tout ce qui me concerne a son but."
600.10 - Simon,
qui s'est levé pour aller au coffre où il a déposé son riche manteau — c'est
en effet que ce soir tous ont pris leurs meilleurs habits, et ont par
conséquent leurs poignards, damasquinés mais très courts, plutôt couteaux que
poignards, à leurs riches ceintures — prend deux épées, deux épées
véritables, longues, légèrement courbes, et les porte à Jésus :
"Pierre et moi, nous sommes armés ce soir. Nous avons celles-ci, mais
les autres n'ont que le court poignard".
Jésus prend les épées, les observe, en dégaine une et essaie le tranchant sur
l'ongle. C'est une vue étrange et cela fait une impression encore plus
étrange de voir cette arme féroce dans les mains de Jésus.
"Qui vous les a données ?" demande l'Iscariote alors que Jésus
observe en silence. Et Judas paraît sur les épines...
"Qui ? Je te rappelle que mon père était noble et puissant."
"Mais Pierre..."
"Eh bien ? Depuis quand dois-je rendre compte des cadeaux que je veux
faire à mes amis ?"
Jésus lève la tête après avoir rengainé l'arme et la rend au Zélote.
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503> 600.11 - "C'est
bien, elles suffisent. Tu as bien fait de les prendre. Mais maintenant, avant
que l'on boive le troisième calice, attendez un moment. Je vous ai dit que le
plus grand est pareil au plus petit et que Moi je suis le serviteur à cette
table, et que je vous servirai davantage. Jusqu'à présent je vous ai donné de
la nourriture, service pour le corps. Maintenant je veux vous donner une
nourriture pour l'esprit. Ce n'est pas un plat du rituel ancien. Il
appartient au nouveau rite. J'ai voulu me baptiser avant d'être le
"Maître". Pour répandre la Parole, ce baptême suffisait. Maintenant
le Sang sera répandu. Il faut un nouveau baptême même pour vous qui pourtant
avez été purifiés, par le Baptiste en son temps, et même aujourd'hui au
Temple. Mais cela ne suffit pas encore. Venez que je vous purifie. Suspendez
le repas. Il y a quelque chose de plus élevé et de plus nécessaire que la
nourriture donnée au ventre pour le remplir, même si c'est une nourriture
sainte comme celle du rite pascal. Et c'est un esprit pur, disposé à recevoir
le don du Ciel qui déjà descend pour se faire un trône en vous et vous donner
la Vie. Donner la Vie à qui est pur."
Jésus se lève, fait lever Jean pour sortir plus facilement de sa place, va à
un coffre et quitte son vêtement rouge pour le plier et le déposer sur le
manteau déjà plié, se ceint la taille d'un grand essuie-mains, puis va à un
autre bassin encore vide et propre. Il y verse de l'eau, le porte au milieu
de la pièce près de la table, et le met sur un tabouret. Les apôtres le
regardent étonnés.
"Vous ne me demandez pas ce que je fais ?"
"Nous ne savons pas. Je te dis que nous sommes déjà purifiés"
répond Pierre.
"Et je te répète que cela n'a pas importance. Ma purification servira à
celui qui est déjà pur à être plus pur."
Il s'agenouille, délace les sandales de l'Iscariote et lui lave les pieds
l'un après l'autre. Il est facile de le faire car les lits-sièges sont
tournés de façon que les pieds sont vers
l'extérieur. Judas est stupéfait et ne dit rien. Seulement quand Jésus, avant
de chausser le pied gauche et de se lever, fait le geste de lui baiser le
pied droit déjà chaussé, Judas retire vivement son pied et frappe avec la
semelle la bouche divine. Il le fait sans le vouloir. Ce n'est pas un coup
fort, mais il me donne tant de douleur. Jésus sourit et à l'apôtre qui Lui
demande : "T'ai-je fait mal ? Je ne voulais pas... Pardon", il dit
: "Non, ami. Tu l'as fait sans malice et cela ne me fait pas
mal."
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504> Judas le regarde. Un regard
troublé, fuyant...
Jésus passe à Thomas, puis à Philippe... il suit le côté étroit de la table
et arrive à son cousin Jacques. Il le lave, et en se levant le baise au
front. Il passe à André qui rougit de honte et fait des efforts pour ne pas
pleurer, il le lave, le caresse comme un enfant.
Puis c'est Jacques de Zébédée qui ne cesse de murmurer : "Oh ! Maître !
Maître ! Maître ! Tu t'anéantis, mon sublime Maître !" Jean a déjà
délacé ses sandales et alors que Jésus se penche pour lui essuyer les pieds,
il s'incline pour baiser ses cheveux. Mais Pierre !... Il n'est pas facile de
le persuader de se prêter à ce rite !
"Toi, me laver les pieds ? N'y pense pas ! Tant que je suis en vie, je
ne le permettrai pas. Je suis un ver, tu es Dieu. Chacun à sa place."
"Ce que je fais, tu ne peux le comprendre maintenant, mais par la suite,
tu le comprendras. Laisse-moi faire."
"Tout ce que tu veux, Maître. Veux-tu me couper le cou ? Fais-le. Mais
me laver les pieds, tu ne le feras pas."
"Oh ! mon Simon ! Tu ne sais pas que si je ne te lave pas tu n'auras pas
part à mon Royaume ? Simon, Simon ! Tu as besoin de cette eau pour ton âme et
pour le tant de chemin que tu dois faire. Tu ne veux pas venir avec Moi ? Si
je ne te lave pas, tu ne viens pas dans mon Royaume."
"Oh ! mon Seigneur béni Mais
alors lave-moi tout entier ! Pieds, mains et tête
!"
"Celui qui, comme vous, a pris un bain n'a besoin que de se laver les
pieds, puisqu'il est entièrement pur. Les pieds... L'homme avec ses pieds va
dans les ordures. Et ce serait encore peu car, je vous l'ai dit, ce n'est pas ce
qui entre et sort avec la nourriture qui souille, et ce n'est pas ce qui va
sur les pieds, en route, qui contamine l'homme. Mais c'est ce qui couve et
mûrit dans son cœur et sort de là pour contaminer ses actions et ses membres.
Et les pieds de l'homme à l'âme impure vont aux orgies, à la luxure, aux
commerces illicites, aux crimes... Ce sont donc parmi les membres du corps,
ceux qui ont une grande partie à purifier... avec les yeux, avec la bouche...
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505> Oh ! homme ! homme ! Créature
parfaite un jour, le premier ! Et ensuite tellement corrompu par le Séducteur
! Et il n'y avait pas de malice en toi, ô homme, et pas de péché !... Et
maintenant ? Tu es tout entier malice et péché, et il n'y a pas de parties de
toi qui ne pèche pas !"
Jésus lave les pieds à Pierre, les baise,
et Pierre pleure et il prend dans ses grosses mains les mains de Jésus, les
passe sur ses yeux et les baise ensuite.
Simon aussi a quitté ses sandales et se laisse laver. Mais ensuite, quand
Jésus va passer à Barthélemy, Simon s'agenouille et Lui baise les pieds en
disant : "Purifie-moi de la lèpre du péché comme tu m'as purifié de la
lèpre du corps, pour que je ne sois pas confondu à l'heure du jugement, mon
Sauveur !"
"Ne crains pas, Simon. Tu viendras dans la Cité céleste blanc comme la
neige."
"Et moi, Seigneur ? À ton vieux Bartholmaï que
dis-tu ? Tu m'as vu sous l'ombre du figuier et tu as lu dans mon cœur . Et maintenant que vois-tu, et où me vois-tu ?
Rassure un pauvre vieux qui craint de ne pas avoir la force et le temps pour
arriver à ce que tu veux qu'il soit." Barthélemy est très ému.
"Toi aussi, ne crains pas. J'ai dit alors : "Voici un vrai
Israélite en qui il n'y a pas de fraude". Maintenant je dis: "Voilà
un vrai chrétien, digne du Christ''. Où je te vois ? Sur un trône éternel,
vêtu de pourpre. Je serai toujours avec toi."
C'est le tour de Jude Thaddée. Celui-ci, quand il voit Jésus à ses pieds, ne
sait pas se contenir, il penche la tête sur son bras appuyé à la table et il
pleure.
"Ne pleure pas, doux frère. Tu es maintenant comme quelqu'un qui doit
supporter qu'on lui enlève un nerf et il te paraît ne pas pouvoir le supporter.
Mais ce sera une brève douleur. Puis... oh ! tu seras heureux parce que tu
m'aimes. Tu t'appelles Jude, et tu es comme notre grand Juda:
comme un géant. Tu es celui qui protège. Tes actions sont du lion et du
lionceau qui rugit.
Tu découvriras les impies qui reculeront devant toi, et les gens iniques
seront terrifiés. Moi, je sais. Sois courageux. Une éternelle union
resserrera et rendra parfaite notre parenté dans le Ciel."
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de page.
506> Il le baise lui aussi sur le front
comme l'autre cousin.
"Je suis pécheur, Maître. Pas à moi..."
"Tu étais pécheur, Matthieu. Maintenant tu es l'Apôtre. Tu es une de mes
"voix". Je te bénis. Ces pieds, que de chemin ils ont fait pour
avancer toujours, vers Dieu... L'âme les excitait et ils ont quitté tout
chemin qui n'était pas mon chemin. Avance. Sais-tu où finit le sentier
? Sur le sein du Père qui est le mien et le tien"
Jésus a fini. Il enlève la serviette, se lave les mains dans de l'eau propre,
reprend son vêtement, retourne à sa place et dit alors qu'il s'assied à sa
place : "Maintenant vous êtes purs, mais pas tous. Seulement ceux qui
ont eu la volonté de l'être."
Il fixe Judas de Kérioth qui fait semblant de ne pas entendre, occupé à
expliquer à son compagnon Matthieu comment son père se décida à l'envoyer à
Jérusalem, conversation inutile dont le seul but est de donner une contenance
à Judas qui, malgré son audace, doit se sentir mal à l'aise.
600.12 - Jésus
pour la troisième fois verse du vin dans le calice commun. Il boit, fait
boire. Puis il entonne et les autres font un chœur :
"J'aime parce que le Seigneur écoute la voix de ma prière,
parce qu'il tend son oreille vers moi. Je l'invoquerai toute ma vie.
J'étais entouré des douleurs de mort"
et cætera.
Un moment d'arrêt, puis il recommence à chanter :
"J'ai eu foi, c'est pour cela que j'ai parlé. Mais j'ai été fortement
humilié.
Et je disais dans mon trouble : "Tout homme est menteur".
Il regarde fixement Judas. La voix de mon Jésus, fatiguée ce soir, reprend sa
force quand il s'écrie :
"Elle est précieuse devant Dieu la mort des saints"
et "Tu as brisé mes chaînes.
Je te sacrifierai une hostie de louange en invoquant le nom du Seigneur"
et cætera.
Un autre bref arrêt dans le chant et puis il reprend :
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de page.
507> "Louez tous le Seigneur, ô
nations; louez-le tous les peuples. Car elle s'est
affermie sur nous sa miséricorde et la vérité du Seigneur dure éternellement".
Un autre arrêt bref et puis un long hymne:
"Célébrez le Seigneur car Il est bon, car sa miséricorde dure
éternellement
... "
Judas de Kérioth chante tellement faux que par deux fois Thomas lui redonne
le ton de sa puissante voix de baryton et le regarde fixement. Les autres
aussi le regardent car généralement il est bien dans le ton de sa voix, j'ai
compris, qu'il en est orgueilleux comme du reste. Mais ce soir ! Certaines
phrases le troublent au point qu'il chante faux et de même des regards de
Jésus qui soulignent certaines phrases. L'une d'elles : "Il vaut mieux
avoir confiance en Dieu que d'avoir confiance en l'homme."
Une autre : "Bousculé, j'ai vacillé et j'allais tomber, mais le Seigneur
m'a soutenu."
Une autre c'est : "Je ne mourrai pas, mais je vivrai et je raconterai
les œuvres du Seigneur."
Et enfin ces deux, que je dis maintenant, étranglent la voix dans la gorge du
Traître : "La pierre rejetée par les constructeurs est devenue la pierre
d'angle"
et "Béni celui qui vient au nom du Seigneur !"
Le psaume fini, pendant que Jésus découpe des tranches de l'agneau et les
présente, Matthieu demande à Judas de Kérioth :
"Mais tu te sens mal ?"
"Non. Laisse-moi tranquille. Ne t'occupe pas de moi."
Matthieu hausse les épaules.
Jean, qui a entendu, dit :
"Le Maître aussi n'est pas bien. Qu'as-tu mon Jésus ? Ta voix est faible
comme celle d'un malade ou de quelqu'un qui a beaucoup pleuré" et il
l'embrasse en restant la tête sur la poitrine de Jésus.
"Il a seulement beaucoup parlé, comme moi j'ai beaucoup marché et pris
froid" dit Judas nerveux.
Et Jésus, sans lui répondre, dit à Jean :
"Tu me connais désormais... et tu sais ce qui me fatigue..."
600.13 - L'agneau
est presque consommé. Jésus, qui a très peu mangé en buvant seulement une gorgée
de vin à chaque calice et en buvant par contre beaucoup d'eau comme s'il
était fiévreux, recommence à parler :
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508> "Je veux que vous compreniez
mon geste de tout à l'heure. Je vous ai dit que le premier est comme le
dernier, et que je vous donnerai une nourriture qui n'est pas corporelle.
C'est une nourriture d'humilité que je vous ai donnée, pour votre esprit.
Vous m'appelez Maître et Seigneur. Vous dites bien car je le suis. Si donc je
vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez le faire l'un pour l'autre. Je
vous ai donné l'exemple afin que vous fassiez comme j'ai fait.
En vérité je vous dis : le serviteur n'est pas plus que le Maître, et
l'apôtre n'est pas plus que Celui qui l'a fait tel. Cherchez à comprendre ces
choses. Si ensuite, en les comprenant, vous les mettez en pratique vous serez
bienheureux. Mais vous ne serez pas tous bienheureux. Je vous connais. Je
sais qui j'ai choisi. Je ne parle pas de tous de la même manière, mais je dis
ce qui est vrai. D'autre part doit s'accomplir ce qui est écrit à mon sujet:
"Celui qui a mangé le pain avec Moi, a levé son talon sur Moi".
Je vous dis tout avant que cela n'arrive, pour que vous n'ayez pas de doutes
sur Moi. Quand tout sera accompli, vous croirez encore davantage que Je suis
Moi. Celui qui m'accueille, accueille Celui qui m'a envoyé: le Père Saint qui
est dans les Cieux, et celui qui accueillera ceux que je lui enverrai il
m'accueillera Moi-même. Car je suis avec le Père et vous êtes avec Moi...
Mais maintenant accomplissons le rite."
Il verse de nouveau du vin dans le calice commun et avant d'en boire et d'en
faire boire il se lève, et tous se lèvent avec Lui et il chante de nouveau un
des psaumes d'auparavant :
"J'ai eu foi, et c'est pour cela que j'ai parlé..." et puis un
autre qui n'en finit pas. Beau... mais sans fin ! Je crois le retrouver, pour
le commencement et la longueur, dans le psaume 118 .
Ils le chantent ainsi. Un morceau tous ensemble, puis à tour de rôle chacun
dit un verset et les autres un morceau ensemble, et ainsi jusqu'à la fin. Je
crois qu'à la fin ils ont soif !
600.14 - Jésus
s'assied, il ne s'allonge pas. Il reste assis, comme nous, et il parle :
"Maintenant que l'ancien rite est accompli, je célèbre le nouveau rite.
Je vous ai promis un miracle d'amour. C'est l'heure de le faire. C'est pour
cela que j'ai désiré cette Pâque. Dorénavant voilà l'Hostie qui sera
consommée dans un perpétuel rite d'amour. Je vous ai aimés pour toute la vie
de la Terre, mes chers amis. Je vous ai aimés pour toute l'éternité, mes
fils. Et je veux vous aimer jusqu'à la fin. Il n'y a pas de chose plus grande
que celle-là. Rappelez-vous-en. Je m'en vais, mais nous resterons unis pour
toujours grâce au miracle que maintenant j'accomplis."
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509> Jésus prend un pain encore entier,
le met sur le calice rempli. Il bénit et offre l'un et l'autre, puis il
partage le pain, en fait treize morceaux et en donne un à chacun des apôtres
en disant :
"Prenez et mangez. Ceci est mon Corps. Faites ceci en mémoire de Moi qui
m'en vais."
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