Mardi 22 mai 1945
142> Jésus va seul et à grands pas
sur une route principale. Il se dirige vers une montagne qui s'élève près de la route principale et qui, partant
du lac, se dirige vers l'ouest. Après quelque temps elle s'engage sur un
terrain en pente douce qui s'étend sur un long espace, formant un plateau d'où l'on voit tout le lac avec la cité de Tibériade
vers le sud et les autres cités moins belles qui remontent vers le nord. Puis la montagne s'élève plus rapidement jusqu'à un
pic et elle s'abaisse, puis remonte encore pour former un second pic
semblable au premier, l'ensemble des deux formant une sorte de selle.
Jésus entreprend la montée vers le plateau par un chemin muletier encore
suffisamment beau et il rejoint un petit pays dont les habitants cultivent ce plateau surélevé où le
blé commence à former des épis. Il traverse le pays et s'avance au travers
des champs et des prés tout parsemés de fleurs ou tout bruissants
de moissons.
Le jour est serein et met en valeur toute la beauté de la nature
environnante. au-delà de la petite montagne solitaire vers laquelle se dirige
Jésus, on voit au nord la cime imposante de l'Hermon dont le sommet semble
être une perle gigantesque reposant sur une base d'émeraude tant est blanche
la cime toute enneigée contrastant avec la teinte verte des pentes couvertes
de bosquets. Au-delà du lac, mais entre celui-ci et l'Hermon, la plaine verdoyante
où se trouve le lac de Méron que l'on n'aperçoit
pourtant pas de cet endroit, et puis d'autres montagnes qui vont vers le lac
de Tibériade du côté nord-ouest et, au-delà du lac, des montagnes encore dans
le lointain qui l'adoucissent, et d'autres plaines. Au sud, au-delà de la
route principale, les collines qui, je crois, cachent Nazareth. Plus l'on monte et plus l'horizon s'élargit. Je ne
vois pas ce qu'il y a à l'ouest parce que la montagne cache la vue.
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143> Jésus rencontre en premier l'apôtre Philippe qui
semble mis en sentinelle à cette place. "Comment, Maître ? Toi
ici ? Nous t'attendions sur la route. Moi j'attends les compagnons qui sont allés chercher
du lait auprès des bergers qui font paître leurs troupeaux sur les cimes. En
bas, sur la route, il y a Simon et Judas de Simon
et avec eux il y a Isaac et...
Oh ! voilà. Venez ! Venez ! Le Maître est ici !"
Les apôtres qui descendent avec des gourdes se mettent à courir et
naturellement les plus jeunes arrivent les premiers. Ils font fête au Maître,
c'est émouvant. Enfin ils sont réunis et pendant que Jésus sourit, ils
veulent tous parler, raconter... "Mais, nous t'attendions sur la
grand-route !"
"Nous avions pensé que même aujourd'hui tu ne serais pas venu."
"Il y a tant de gens, sais-tu ?"
"Oh! nous étions gênés, car il y avait des scribes et même des disciples
de Gamaliel... "
"Mais oui, Seigneur ! Tu nous as quittés vraiment au bon
moment ! Je n'ai jamais eu aussi peur qu'à ce moment-là. Ne me joue plus
un tour comme celui-ci !"
Pierre se lamente et Jésus sourit et demande: "Mais vous est-il arrivé
malheur?"
"Oh ! non ! Au contraire... Oh ! mon Maître ! Mais
tu ne sais pas que Jean a
parlé ? ...Il semblait que c'était Toi qui parlais en lui. Moi... nous étions abasourdis... Ce garçon qui, il y a
un an, était seulement capable de jeter le filet ... oh !" Pierre est encore sous le coup de l'admiration et il secoue
Jean tout riant qui se tait. "Regardez s'il semble possible que cet
enfant, avec sa bouche rieuse, ait dit ces paroles-là ! On aurait dit
Salomon."
"Simon aussi a bien parlé, mon Seigneur. Il a été vraiment le
"chef" dit Jean.
"Je n'en sais rien ! Il m'a mis au pied du mur ! Mais... Ils
disent que j'ai bien parlé. C'est possible. Moi, je ne sais... car à cause de
la stupeur que m'ont donnée les paroles de Jean et la peur de parler au
milieu de tant de gens et de te faire faire piètre figure, j'étais
bouleversé..."
"De me faire faire piètre figure ? À Moi Mais c'était toi qui
parlais et la piètre figure c'était toi qui l'aurais faite, Simon" lui
dit Jésus pour le taquiner.
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144> "Oh ! pour
moi... Peu m'importait. Je ne voulais pas qu'ils se moquent de Toi pour avoir
pris pour apôtre un imbécile." Jésus étincelle de joie pour l'humilité
et l'amour de Pierre. Mais il demande seulement : "Et les
autres ?"
"Le Zélote aussi a bien parlé, mais lui... on le sait. Mais celui-ci a
été une surprise ! Mais depuis que nous avons été en oraison le garçon semble avoir toujours l'âme au Ciel."
"C'est vrai ! c'est vrai !" Tous confirment les paroles
de Pierre. Et puis on continue à parler.
"Et sais-tu ? Parmi les disciples il y en a maintenant deux qui, au dire
de Judas de Simon, sont très importants. Judas s'affaire beaucoup. Hé ! c'est vrai !
Lui connaît beaucoup ces gens-là... de la haute, et il sait leur parler. Et
il aime parler... Il parle bien. Mais les gens préfèrent entendre Simon, tes
frères, et surtout ce garçon. Hier un homme m'a dit : "Il parle
bien ce jeune - c'était de Judas qu'il parlait - mais je te préfère à
lui". Oh ! mon pauvre ! Me préférer moi qui ne sais dire que
quatre mots !... Mais pourquoi es-tu venu ici ? Le rendez-vous
était sur la route et c'était là que nous étions."
"Parce que je savais que je vous trouverais ici. Maintenant écoutez.
Descendez et dites aux autres de venir, aux disciples connus aussi. Que les
gens ne viennent pas pour aujourd'hui. Je veux parler à vous seuls."
"Alors il est mieux d'attendre le soir. Au coucher les gens s'éparpillent
dans les bourgades voisines et reviennent le matin t'attendre. Sinon... qui
les retiendra ?"
"C'est bien. Faites ainsi. Je vous attends là-haut, sur la cime.
Maintenant la nuit est tiède. Nous pouvons même dormir à la belle
étoile."
"Où tu veux, Maître. Il suffit que tu sois avec nous." Les
disciples s'en vont et Jésus reprend l'ascension jusqu'en haut de la cime.
C'est celle que j'ai déjà vue dans la vision de l'an passé pour la fin du discours sur la montagne et la première
rencontre avec Marie de Magdala.
Encore plus étendu est le panorama qui s'éclaire au coucher du soleil. Jésus s'assied
sur un rocher et se recueille pour la méditation. Et il reste ainsi jusqu'à
ce que le bruit des pas sur le sentier l'avertisse que les apôtres sont de
retour. On arrive au soir. Mais à cette altitude le soleil continue de faire
exhaler un parfum aux plantes et aux fleurs. Des muguets sauvages dégagent
une forte odeur et les grandes tiges des narcisses secouent leurs étoiles et leurs boutons comme pour
appeler la rosée. Jésus se lève et salue en disant : "La paix soit
avec vous."
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145> Nombreux sont les disciples qui montent avec les
apôtres. Isaac les conduit avec son sourire d'ascète sur son fin visage. Tous
se groupent autour de Jésus qui salue en particulier Judas l'Iscariote et
Simon le Zélote.
"J'ai voulu vous avoir tous avec Moi pour rester quelques heures avec
vous seuls et pour vous parler, à vous seuls. J'ai quelque chose à vous dire
pour vous préparer toujours plus à la mission. Nous prendrons la nourriture
et puis nous parlerons et, pendant le sommeil, l'âme continuera de savourer
la doctrine."
Ils consomment le repas frugal et puis se pressent en cercle autour de Jésus
qui est assis sur un rocher. Ils sont une centaine environ, peut-être plus,
entre disciples et apôtres. Une couronne de visages attentifs que la flamme
de deux feux éclaire d'une façon bizarre. Jésus parle doucement avec des
gestes paisibles. Son visage paraît plus blanc, se détachant sur son habit
bleu foncé, éclairé par un rayon de la nouvelle lune qui descend justement à
son niveau, une petite virgule dans le ciel, une lame de lumière qui caresse le Maître du ciel et
de la terre.
"J'ai voulu vous avoir ici, en particulier, parce que vous êtes mes
amis. Je vous ai appelés après la première épreuve à laquelle les douze ont
été soumis, et pour élargir le cercle de mes disciples au travail et pour
entendre de vous les premières réactions sur ceux qui vous dirigent et que je
vous donne comme mes continuateurs. Je sais que tout s'est bien passé. Je
soutenais de ma prière les âmes des apôtres, sortis de l'oraison avec une
force nouvelle dans l'esprit et dans le cœur. Une force qui ne vient pas de
l'étude mais du complet abandon à Dieu.
Ceux qui ont le plus donné, ce
sont ceux qui se sont le plus oubliés. S'oublier soi-même est chose ardue.
L'homme est fait de souvenirs, et ceux qui élèvent le plus haut la voix sont
les souvenirs du propre moi. Il faut distinguer entre le moi et le
moi. Il y a le moi spirituel qui vient de
l'âme qui se souvient de Dieu et de son origine divine. Il y a le moi inférieur
de la chair, qui se replie sur ses mille exigences et ses passions. Il en
sort tant de voix qui font un chœur qui domine, si l'esprit n'est pas très
robuste, la voix solitaire de l'esprit qui se souvient de sa noblesse de fils
de Dieu. Il faudrait donc - sauf pour ce souvenir saint qu'il faudrait
toujours plus exciter, raviver et fortifier - il
faudrait pour être parfaits comme disciples savoir s'oublier soi-même pour
tous les souvenirs, les exigences et les réflexions craintives du moi humain.
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146> Dans cette première épreuve
de mes douze, ceux qui ont le plus donné sont ceux qui se sont le plus
oubliés. Oubliant non seulement leur passé, mais aussi leur personnalité
limitée. Ce sont ceux qui ne se sont plus souvenus de ce qu'ils étaient et
qui se sont tellement fondus en Dieu qu'ils n'ont plus peur, de rien.
Pourquoi les réserves de certains ? Parce qu'ils se sont souvenus de
leurs scrupules habituels, de leurs habituelles considérations, de leurs
habituelles préventions. Pourquoi le laconisme des autres ? Parce qu'ils
se sont souvenus de leur incapacité doctrinale et parce qu'ils ont craint de
faire ou de me faire faire piètre figure. Pourquoi les exhibitions trop
visibles d'autres encore ? Parce que ces derniers se sont souvenus de
leur orgueil habituel, de leurs désirs de se mettre en vedette, d'être
applaudis, de sortir du commun, d'être "quelque chose". Enfin,
pourquoi la révélation imprévue des autres dans un discours magistral, sûr de
lui-même, persuasif, triomphal ? Parce que ceux-ci, et ceux-ci seuls,
ont su se souvenir de Dieu. Il en a été de même de ceux qui étaient humbles
et cherchaient à passer inaperçus et qui, au bon moment, ont su assumer d'un
coup la primauté qu'on leur conférait et qu'ils ne voulaient pas exercer par
crainte d'être présomptueux. Les trois premières catégories se sont souvenues
de l’être inférieur. La quatrième de l’être supérieur et ils
n'ont pas craint. Oh ! Sainte hardiesse qui vient de l'union avec Dieu !
Or donc, écoutez, et vous, et vous : apôtres et disciples.
Vous, apôtres, avez déjà entendu ces idées. Mais
maintenant, vous les comprendrez plus profondément. Vous, disciples, vous ne
les avez pas entendues, ou d'une manière fragmentaire. Il faut les graver
dans vos cœurs, car je vais me servir toujours plus de vous puisque le
troupeau du Christ ne cesse d'augmenter, car le monde vous assaillira
toujours plus, le nombre des loups allant
croissant contre Moi, le Pasteur, et contre mon troupeau. Je veux vous mettre
entre les mains les armes qu'il faut pour défendre la Doctrine et mon
troupeau. Ce qui suffit au troupeau ne suffit pas à vous, petits bergers.
S'il est permis aux brebis de faire des erreurs en broutant des herbes qui
rendent le sang amer et exaspèrent les désirs, il ne vous est pas permis à
vous de commettre les mêmes erreurs en amenant un troupeau nombreux à sa
ruine. Réfléchissez que là où se trouve un berger idolâtre, les brebis
périssent empoisonnées ou assaillies par les loups.
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147> Vous
êtes le sel de la terre et la
lumière du monde. Mais si vous manquez à votre mission, vous deviendrez un
sel insipide et inutile. Rien ne pourra plus vous rendre la saveur si Dieu
n'a pu vous la donner si, en ayant reçu le don, vous lui avez fait perdre sa
saveur en le diluant dans les eaux fades et souillées de l'humanité, en
l'adoucissant avec la douceur corrompue des sens, en mêlant au sel pur de
Dieu des déchets et des déchets d'orgueil, de convoitise, de gourmandise, de
luxure, de colère, de paresse, de sorte que l'on a un grain de sel pour sept
fois sept grains de chaque vice. Votre sel alors n'est qu'un mélange de
pierraille où se trouve perdu le pauvre grain de sel, de pierraille qui
grince sous les dents, qui laisse dans la bouche un goût de terre et rend la
nourriture répugnante et désagréable. Il n'est même plus bon pour des usages
inférieurs car un savoir pétri des sept vices nuirait même aux missions
humaines. Et alors le sel n'est bon qu'à être jeté et à être foulé aux pieds
insouciants des hommes. Que de peuple, que de peuple pourra ainsi piétiner
les hommes de Dieu ! Car ces appelés auront permis au peuple insouciant
de les piétiner, car ils ne sont plus la substance vers laquelle on accourt
pour trouver la saveur de choses nobles, célestes, mais ils seront uniquement:
des déchets.
Vous êtes la lumière du
monde. Vous êtes comme ce sommet qui a été le dernier à perdre le soleil
et le premier à recevoir la lumière argentée de la lune. Celui qui se trouve
en haut brille, et on le voit car l’œil, même le plus distrait, se pose
parfois sur les hauteurs. Je dirais que l’œil matériel, dont on dit qu'il est
le miroir de l'âme, reflète le désir de l'âme, le désir souvent inaperçu,
mais toujours vivant tant que l'homme n'est pas un démon, le désir des
hauteurs, des hauteurs où la raison place instinctivement le Très-Haut. Et en
cherchant les Cieux il lève, au moins quelquefois dans le courant de la vie,
l’œil vers les hauteurs.
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Je vous prie de vous rappeler ce que tous nous faisons, depuis la plus tendre
enfance, en entrant à Jérusalem. Où se précipitent les regards ? Vers le
mont Moriah que
couronne le triomphe de marbre et d'or du Temple. Et quand nous sommes dans
son enceinte ? Nous regardons les coupoles précieuses qui resplendissent
au soleil. Que
de beautés il y a dans l'enceinte sacrée, répandues dans ses atriums, dans
ses portiques et ses cours ! Mais l’œil s'élance vers le haut. Je vous
prie encore de vous souvenir de nos voyages. Où va notre œil, comme pour
oublier la longueur du chemin, la monotonie, la fatigue, la chaleur, ou la
boue ? Vers les cimes, même si elles sont peu élevées, même si elles
sont lointaines. Et comme nous sommes soulagés de les voir apparaître, quand
nous sommes dans une plaine uniformément plate ! Y a-t-il de la boue en
bas ? En haut c'est la pureté. Y a-t-il une chaleur étouffante en
bas ? En haut c'est la fraîcheur. L'horizon est-il limité en bas ?
Là-haut il s'étend sans limites. Et, rien qu'à les regarder, il semble que le
jour soit moins chaud, la boue moins gluante, la marche moins triste.
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148> Et puis, si une cité brille
au sommet d'une montagne,
voilà qu'alors il n'est pas d'yeux qui ne l'admirent. On dirait même qu'une
localité sans importance s'embellit si on la place, presque aérienne, au
sommet d'une montagne. Et c'est pour cela que dans la religion vraie et
celles qui sont fausses, toutes les fois qu'on l'a pu, on a construit les
temples sur un lieu élevé et, s'il n'y avait pas de colline ou de montagne,
on leur a fait un piédestal de pierre en construisant à force de bras la
plate-forme sur laquelle on placerait le temple. Pourquoi agit-on
ainsi ? Parce qu'on veut que l'on voie le temple pour qu'il rappelle par
sa vue la pensée vers Dieu.
J'ai dit également que vous étiez une lumière. Celui qui le soir allume une lampe
dans la maison, où la met-il ? Dans un trou, sous le four ? Dans la
grotte qui sert de cave ? Ou renfermée dans un coffre ? Ou encore
simplement et seulement la cache-t-il sous un boisseau ?
Non, parce qu'alors il serait inutile de l'allumer. Mais il place la lampe
sur le haut d'une console ou bien il l'accroche à son porte-lampe pour
qu'étant placée en haut elle éclaire toute la pièce et illumine tous les
habitants qui s'y trouvent. Mais cela, précisément parce que ce que l'on
place en hauteur est chargé de rappeler Dieu et de donner la lumière, doit
être à la hauteur de son devoir.
Vous qui devez rappeler le Vrai Dieu, faites alors en sorte de ne pas avoir
en vous le paganisme aux sept éléments.
Autrement vous deviendriez des hauts lieux profanes avec des bois sacrés,
dédiés à tel ou tel dieu et vous entraîneriez dans votre paganisme ceux qui
vous regardent comme des temples de Dieu. Vous devez porter la lumière de
Dieu. Une lampe sale, une lampe qui n'est pas garnie d'huile, fume et ne
donne pas de lumière, elle sent mauvais et n'éclaire pas. Une lampe cachée
derrière un tube de quartz sale ne crée pas la gracieuse splendeur, ne crée
pas le brillant jeu de la lumière sur le minéral propre, mais elle languit
derrière le voile de fumée noire qui rend opaque son abri diamantin.
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149> La lumière de Dieu resplendit
là où se trouve une volonté diligente pour enlever chaque jour les scories
que produit le travail lui-même, avec les contacts inévitables, les
réactions, les déceptions. La lumière de Dieu resplendit quand la lampe est
garnie d'un liquide abondant d'oraison et de charité. La lumière de Dieu se
multiplie en d'infinies splendeurs quand s'y trouvent les perfections de Dieu
dont chacune suscite dans le saint une vertu qui s'exerce héroïquement si le
serviteur de Dieu tient le quartz inattaquable de son âme à l'abri de la
noire fumée de toutes les mauvaises passions fumeuses. Quartz inattaquable.
Inattaquable ! (Jésus parle d'une voix de tonnerre dans cette conclusion
et la voix résonne dans l'amphithéâtre naturel.) Dieu seul a le droit et le
pouvoir de rayer ce cristal, d'y écrire son Nom très saint avec le diamant de
sa volonté. Alors ce Nom devient un ornement qui multiplie les facettes de
surnaturelle beauté sur le quartz très pur.
Mais si l'imbécile serviteur du Seigneur, en perdant le contrôle de lui-même
et la vue de sa mission toute entière et uniquement surnaturelle, laisse
marquer sur ce cristal de faux ornements, des égratignures et non des
gravures, des chiffres mystérieux et sataniques tracés par la griffe de feu
de Satan, alors non, la lampe admirable n'a plus sa splendide et toujours
intacte beauté, mais elle se lézarde et se ruine, étouffant la flamme sous
les débris du cristal éclaté ou, si elle ne se lézarde pas, produit un amas
de signes d'une nature non équivoque sur lesquels sa suie se dépose,
s'insinue et corrompt.
Malheur ! Trois fois malheur aux pasteurs qui perdent la charité, qui se
refusent de monter jour après jour pour faire monter le troupeau qui attend
leur ascèse pour monter. Je les frapperai en les faisant tomber de leur place
et en éteignant toute leur fumée.
Malheur ! Trois fois malheur aux maîtres qui repoussent la Sagesse pour
se saturer d'une science souvent contraire, toujours orgueilleuse, parfois
satanique parce qu'elle les réduit à leur humanité car - écoutez bien et
retenez - alors que le destin de tout homme est de devenir semblable à Dieu
par la sanctification qui fait de l'homme un fils de Dieu, le maître, le
prêtre devrait dès cette terre en posséder déjà l'aspect, le seul, celui de
fils de Dieu. Il devrait avoir l'aspect d'une créature toute âme et toute
perfection. Il devrait avoir, pour aspirer vers Dieu ses disciples.
Anathème aux maîtres chargés d'assurer l'enseignement surhumain qui
deviennent des idoles de savoir humain.
Malheur ! Sept fois malheur à ceux, parmi mes prêtres, dont l'esprit est
mort, qui sont devenus insipides, dont la chair souffre d'une tiédeur
maladive, dont le sommeil est rempli d'apparitions hallucinantes de tout ce
qui existe, sauf le Dieu Un et Trin; plein de toutes sortes de calculs, sauf
le désir surnaturel d'augmenter les richesses des cœurs et de Dieu. Ils
vivent, ensevelis dans leur humanité, mesquins, engourdis, entraînant dans
leurs eaux mortes ceux qui les suivent croyant qu'ils sont la
"vie".
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150> Malédiction de Dieu sur ceux qui
corrompent mon petit troupeau, mon troupeau aimé. Ce n'est pas à ceux qui
périssent par suite de votre indolence, ô serviteurs défaillants du Seigneur,
mais à vous que je demanderai des comptes et que j'imposerai une punition,
pour toute heure et pour tout temps gâchés pour tout le mal qui a pu survenir
ou en résulter.
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