Vision du mardi 29
mai 1945
(édition de 1985).
124/125> 174.1 – Une
matinée splendide où la pureté de l'air est encore plus vive qu'à
l'ordinaire. Le lointain semble plus proche et on croit voir les choses à
travers une loupe qui en montre clairement les plus petits détails. La foule
se prépare à écouter le Maître. De jour en jour la nature se fait plus belle
en se revêtant du vêtement opulent du cœur du printemps, qui en Palestine me
semble être exactement entre mars et avril parce qu'après il prend déjà l'aspect estival avec les
moissons mûres et les frondaisons déjà touffues et fournies.
Maintenant ce n'est qu'une fleur. Du haut de la montagne qui
d'elle-même s'est revêtue de fleurs même aux endroits qui se prêtent le moins
à cette floraison, on voit la plaine avec la houle de ses blés encore souples
auxquels le vent donne un mouvement de flots verts-glauques à peine teintés
d'or pâle à la cime des épis qui forment leurs grains au milieu de leur
barbe. Au-dessus des moissons qui ondulent sous une brise légère, se dressent
les arbres fruitiers vêtus de pétales. On dirait de gigantesques houppes de
poudre ou encore des boules de gaze blanche, ou d'un rose très léger, ou
soutenu, ou d'un rouge vif. Recueillis dans leurs vêtements d'ascètes
pénitents, les oliviers prient, et leur prière se transforme en une neige,
encore incertaine maintenant, de fleurettes blanches.
L'Hermon a une cime d'albâtre rose que le soleil baise et d'où descendent
deux fils de diamant. D'ici, on dirait des fils d'où le soleil fait ressortir
un scintillement quasi irréel et puis ils disparaissent sous les galeries
vertes des bois et on ne les voit plus que dans les vallées où ils forment
des cours d'eau qui se dirigent sûrement vers le lac de Méron, invisible
d'ici , et puis en sortent avec les belles eaux du Jourdain
pour ensuite plonger de nouveau dans le saphir clair de la mer de Galilée qui
n'est qu'un scintillement d'éclats précieux dont le soleil tient lieu de
chatons et de flammes. On dirait que les voiles qui défilent sur ce miroir,
tranquille et resplendissant dans son cadre de jardins et de campagnes
merveilleuses, sont guidées par les nuages légers qui sillonnent l'autre mer
du ciel.
Vraiment la création rit en cette journée de printemps et à cette heure
matinale.
174.2 – Et les gens affluent, affluent sans arrêt. Il en monte de
tous les côtés : des vieillards, des gens bien portants, des malades, des
bébés, des époux qui veulent inaugurer leur vie avec la bénédiction de la
parole de Dieu, des mendiants, des gens aisés qui appellent les apôtres et
donnent leur offrande pour ceux qui n'ont rien, et qui semblent se confesser
tant ils se dissimulent pour le faire. Thomas a pris un
de leurs sacs de voyage et y verse tranquillement tout ce trésor de pièces de
monnaie comme si c'était de la pâtée pour les poulets et puis il porte le
tout près du rocher d'où Jésus parle, et rit joyeux en disant :
"Réjouis-toi, Maître ! Aujourd'hui il y en a pour tous !"
Jésus sourit et dit :
"Et nous allons commencer tout de suite pour que ceux qui sont tristes
soient tout de suite contents. Toi et tes compagnons, repérez les malades et
les pauvres et amenez-les devant."
Haut de page.
126>
Cela se fait en un temps relativement court car on
doit écouter le cas de tel ou tel et cela aurait duré beaucoup plus longtemps
sans l'organisation pratique de Thomas qui monte sur un rocher pour qu'on le
voie et crie de sa voix puissante :
"Que tous ceux qui souffrent en leur corps aillent à ma droite, là où il
y a de l'ombre."
L'Iscariote doué
lui aussi d'une voix d'une puissance et d'une beauté peu communes, l'imite et
crie, à son tour :
"Que tous ceux qui croient avoir droit à l'obole viennent ici, autour de
moi. Et faites bien attention à ne pas mentir car l’œil du Maître lit dans
les cœurs."
La foule s'agite et se sépare en trois groupes: les malades, les pauvres et
ceux qui attendent seulement l'enseignement.
174.3 – Mais,
parmi ces derniers, deux, puis trois semblent avoir besoin de quelque chose
qui n'est ni la santé, ni l'argent, mais qui est plus nécessaire que ces
choses. Une femme et deux hommes. Ils regardent, ils regardent les apôtres et
n'osent pas parler.
Simon le Zélote
passe, l'air sévère; puis c'est Pierre, affairé,
qui harangue une dizaine de diablotins auxquels il promet des olives s'ils
restent tranquilles jusqu'à la fin et des claques s'ils font du tapage
pendant que le Maître parle; Barthélemy
passe, âgé et sérieux; puis ce sont Matthieu et Philippe qui portent dans leurs bras un estropié qui aurait eu
trop de mal à se faire un passage dans la foule serrée; puis les cousins du
Seigneur qui donnent le bras à un mendiant presque aveugle et à une pauvre
femme, de je ne sais combien d'années, qui pleure en racontant à Jacques
tous ses malheurs; puis c'est Jacques de
Zébédée avec au bras une pauvre
fillette certainement malade qu'il a prise à sa mère, qui le suit toute
préoccupée, pour empêcher que la foule lui fasse du mal. Pour finir, viennent
à passer, je pourrais dire les deux inséparables, André et Jean, car si Jean avec sa tranquille nature de saint enfant
va également avec tous ses compagnons, André à cause de sa grande timidité
préfère aller avec son ancien compagnon de pêche et de foi en Baptiste. Eux étaient restés au croisement des deux sentiers
principaux pour diriger encore la foule vers leurs places, mais
maintenant la montagne ne présente plus d'autres pèlerins sur ses voies
pierreuses et les deux se réunissent pour aller vers le Maître avec les
offrandes qu'ils ont reçues.
Haut de page.
127> Jésus est déjà penché sur les malades, et l'hosanna de
la foule ponctue chaque miracle.
La femme, qui paraît toute en peine, ose tirer le vêtement de Jean qui parle
avec André et sourit. Il se penche et lui demande: "Que veux-tu,
femme ?"
"Je voudrais parler au Maître..."
"Es-tu malade ? Tu n'es pas pauvre..."
"Je ne suis pas malade et je ne suis
pas pauvre, mais j'ai besoin de Lui... car il y a des maux sans fièvre et des
misères sans pauvreté et la mienne... et la mienne..." et elle pleure.
"Tu vois, André, cette femme a un chagrin et elle voudrait le dire au
Maître. Comment allons-nous faire ?"
André regarde la femme et dit :
"Certainement c'est une chose qu'elle souffre de faire
connaître..."
La femme avec la tête fait signe que oui.
André reprend:
"Ne pleure pas... Jean, amène-la à notre tente. J'y amènerai le
Maître."
Et Jean, souriant, demande qu'on le laisse passer pendant qu'André va en
direction opposée vers Jésus. Mais les deux hommes affligés observent la
manœuvre et l'un d'eux arrête Jean et l'autre arrête André et voilà que peu
après les deux se trouvent avec Jean et la femme derrière l'abri de feuillage
qui sert de mur à la tente.
174.4 – André rejoint Jésus au moment où il guérit l'estropié qui
lève ses béquilles comme deux trophées, agile comme un danseur en criant sa
bénédiction. André dit à voix basse :
"Maître, derrière notre tente il y en a trois qui pleurent. Mais ce sont
des peines de cœur qui ne peuvent être rendues publiques..."
"C'est bien. J'ai encore cette fillette et cette femme et puis je viens.
Va leur dire qu'ils aient foi."
André s'en va pendant que Jésus se penche sur la fillette que la mère a
reprise sur son sein: "Comment t'appelles-tu ?" lui demande
Jésus.
"Marie."
Haut de page.
128> "Et Moi, comment je m'appelle ?"
"Jésus" répond la fillette.
"Et qui suis-je ?"
"Le Messie du Seigneur qui est venu pour faire du bien aux corps et aux
âmes."
"Qui te l'a dit ?"
"Maman et papa qui espèrent en Toi pour ma vie."
"Vis et sois bonne."
La fillette, je pense, souffrait de l'épine dorsale car, bien qu'elle eût
sept ans et davantage, elle ne remuait que les mains, et elle était serrée
des aisselles aux hanches avec des grosses bandes très dures. On les voit car
la mère a ouvert le petit vêtement pour les montrer.
La fillette reste immobile pendant quelques minutes, puis elle sursaute,
glisse du sein maternel par terre et court vers Jésus qui est en train de
guérir la malade dont je ne comprends pas le cas.
Les malades sont tous exaucés et ce sont eux qui crient le plus fort dans la
foule nombreuse qui applaudit le "Fils de David, gloire de Dieu et notre
gloire."
174.5 – Jésus va vers la tente.
Judas de Kérioth crie :
"Maître ! Et eux ?"
Jésus se retourne et dit :
"Qu'ils attendent où ils sont. Eux aussi seront consolés"
Et il s'en va rapidement derrière les feuillages là où sont, avec André et
Jean, les trois personnes en peine.
"D'abord la femme. Viens avec Moi dans ces buissons. Parle sans
crainte."
"Seigneur,
mon mari m'a abandonnée pour une prostituée. J'ai cinq enfants et le dernier
a deux ans… Ma douleur est grande... et je pense à mes enfants... Je ne sais
s'il les voudra ou s'il me les laissera. Les garçons, l'aîné au moins, il le
voudra... Et moi qui l'ai mis au monde ne dois-je plus avoir la joie de le
voir ? Et que penseront-ils du père ou de moi ? Ils doivent penser du
mal de l'un de nous. Et moi, je ne voudrais pas qu'ils jugent leur
père..."
"Ne pleure pas. Je suis le Maître de la vie et de la mort. Ton mari n'épousera
pas cette femme. Va en paix et sois toujours bonne."
"Mais... tu ne le tueras pas ? Oh ! Seigneur, je
l'aime !"
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129> Jésus sourit :
"Je ne tuerai personne. Mais il y aura quelqu'un qui fera son métier.
Sache que le démon n'est pas au-dessus de Dieu. En retournant dans ta ville,
tu sauras que la créature malfaisante a été tuée et de telle façon que ton
mari comprendra ce qu'il allait faire et il t'aimera d'un amour
renouvelé."
La femme baise la main que Jésus lui avait mise sur la tête, et s'en va.
174.6 – Un
des deux hommes vient :
"J'ai une fille, Seigneur. Malheureusement, elle est allée à Tibériade
avec des amies et c'est comme si elle avait absorbé du poison. Elle m'est
revenue comme ivre. Elle voulait s'en aller avec un grec... et puis... Mais
pourquoi m'est-elle née ? Sa mère est malade de chagrin et peut-être
elle en mourra... Moi... il n'y a que tes paroles que j'ai entendues l'hiver
dernier qui me retiennent de la tuer. Mais, je te l'avoue, mon
cœur l'a déjà maudite."
"Non. Dieu qui est Père ne maudit que pour le péché accompli et obstiné.
Que veux-tu de Moi ?"
"Que tu la ramènes au repentir."
"Je ne la connais pas, et elle certainement ne vient pas vers Moi."
"Mais Toi, tu peux, même de loin, changer le cœur ! Sais-tu qui
m'envoie vers Toi ? Jeanne de Kouza. Elle allait partir pour Jérusalem quand je suis allé à son palais lui demander si elle
connaissait ce grec infâme. Je pensais qu'elle ne le connaissait pas parce
qu'elle est bonne tout en vivant à Tibériade, mais puisque Kouza
fréquente les gentils... Elle ne le connaît pas. Mais elle m'a dit :
"Va trouver Jésus. Lui a rappelé mon esprit de si loin, et il m'a guérie
de ma phtisie par ce rappel . Il guérira aussi le cœur de ta fille. Je vais prier, et
toi, aie foi". J'ai foi. Tu le vois. Aie pitié, Maître."
"Ta fille, d'ici ce soir, pleurera sur les genoux de sa mère en lui
demandant pardon. Toi aussi, sois bon comme sa mère : pardonne. Le passé
est mort."
"Oui, Maître. Comme tu veux et que tu sois béni."
Il se retourne
pour s'en aller... puis revient sur ses pas :
"Pardon, Maître... mais j'ai si peur... La luxure, c'est un tel
démon ! Donne-moi un fil de ton vêtement. Je le mettrai au chevet de ma
fille. Pendant son sommeil, le démon ne la tentera pas."
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130> Jésus sourit et secoue la tête... mais il contente
l'homme en lui disant :
"Pour que tu sois plus tranquille. Mais crois bien que quand Dieu
dit : "Je veux" le diable s'en va sans qu'il y ait besoin
d'autre chose. Je veux que tu gardes cela en souvenir de Moi"
Et il lui donne une petite touffe de ses franges.
174.7 – Le
troisième se présente :
"Maître, mon père est mort. Nous croyions qu'il avait beaucoup d'argent.
Nous n'en avons pas trouvé. Et ce ne serait que demi-mal car entre frères
nous ne manquons pas de pain. Mais, étant l'aîné, je vivais avec mon père.
Mes deux frères m'accusent d'avoir fait disparaître l'argent et ils veulent
me faire un procès pour vol. Tu vois mon cœur. Je n'ai pas volé la plus
petite pièce de monnaie. Mon père gardait ses deniers dans un coffret, dans
une cassette de fer. À sa mort nous avons ouvert le coffret et la cassette
n'y était plus. Eux disent: "C'est toi qui l'as prise cette nuit pendant
que nous dormions". Ce n'est pas vrai. Aide-moi à rétablir la paix et
l'estime entre nous."
Jésus le regarde fixement et sourit.
"Pourquoi souris-tu, Maître ?"
"Parce que le coupable, c'est ton père. Une faute d'enfant qui cache son
jouet pour qu'on ne le lui prenne pas."
"Mais il n'était pas avare. Crois-le. Il faisait du bien."
"Je le sais, mais il était très âgé... Ce sont les maladies des
vieillards... Il voulait mettre son argent à l'abri dans votre intérêt et il
vous a désunis par excès d'affection. Mais la cassette est enterrée au pied
de l'escalier de la cave. Je te le dis pour que tu saches que je le sais.
Pendant que je te parle, par pur hasard, ton frère cadet en frappant le sol
avec colère l'a fait vibrer et ils l'ont découverte. Ils sont confus et
regrettent de t'avoir accusé. Retourne tranquillement chez toi et sois gentil
avec eux. Ne leur reproche pas leur manque d'estime."
"Non, Seigneur. Je n'y vais même pas. Je reste à t'écouter. J'irai
demain."
"Et s'ils t'enlèvent de l'argent ?"
"Tu dis qu'il ne faut pas être avide. Je ne veux pas l'être. Il me
suffit qu'il y ait la paix entre nous. Du reste... je ne savais pas ce qu'il
y avait dans la cassette et je ne me mettrai pas en peine pour une
déclaration inexacte. Je pense que cet argent aurait pu être perdu... S'ils
me le refusent, je vivrai maintenant comme je vivais auparavant. Il me suffit
qu'ils ne m'appellent pas : voleur."
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131> "Tu es très avancé sur le chemin de Dieu. Continue
et que la paix soit avec toi."
Et lui aussi s'en va content.
174.8 – Jésus
retourne vers la foule, vers les pauvres et il distribue les oboles comme il
le juge bon. Maintenant tout le monde est satisfait et Jésus peut parler.
"La paix soit avec vous.
Quand je vous explique les chemins du
Seigneur, c'est pour que vous les suiviez. Pourriez-vous suivre en même temps
le sentier qui descend à droite et celui qui descend à gauche ? Vous ne
pourriez pas, car si vous prenez l'un, vous devez laisser l'autre. Même si
les deux sentiers étaient voisins vous ne pourriez continuer à marcher un
pied dans l'un et l'autre pied dans l'autre. Vous finiriez par vous fatiguer
et par vous tromper même si vous aviez engagé un pari. Mais entre le sentier
de Dieu et celui de Satan, il y a
une grande distance et qui ne cesse d'augmenter, exactement comme ces deux
sentiers qui se rejoignent ici, mais qui, à mesure qu'ils descendent dans la
vallée s'écartent toujours plus l'un de l'autre, l'un allant vers Capharnaüm, l'autre vers Ptolémaïs. La vie est ainsi. Elle s'écoule entre le passé et l'avenir,
entre le mal et le bien. Au milieu se trouve l'homme avec sa volonté et son
libre arbitre; aux extrémités, d'une part Dieu et son Ciel, d'autre part
Satan et son Enfer. L'homme peut choisir. Personne ne le force.
Qu'on ne me dise pas : "Mais Satan nous tente" pour s'excuser
de descendre par le sentier du bas. Dieu aussi nous tente par son amour et
cette tentation est bien forte; par ses paroles, et elles sont bien saintes;
par ses promesses, et elles sont bien séduisantes ! Pourquoi alors se
laisser tenter par un seul des deux et par celui qui mérite le moins qu'on
l'écoute ? Les paroles, les promesses, l'amour de Dieu ne suffisent-ils
pas à neutraliser le poison de Satan ?
Attention que cela ne tourne pas mal pour vous. Quand quelqu'un est physiquement
très sain, il n'est pas à l'abri des contagions, mais il les surmonte
facilement. Si au contraire il est déjà malade et par conséquent affaibli, il
périt presque certainement avec une nouvelle infection, et s'il survit il est
plus malade que la première fois, car il n'a pas dans le sang la force de
détruire complètement les germes infectieux.
Haut de page.
132> C'est la même chose pour la partie supérieure. Si
quelqu'un est moralement et spirituellement sain et fort, croyez bien qu'il
n'est pas exempt de la tentation, mais le mal ne s'enracine pas en lui.
Quand j'entends quelqu'un me dire : "J'ai fréquenté celui-ci et
celui-là, j'ai lu ceci et cela, j'ai essayé d'amener au bien celui-ci et
celui-là, mais en réalité le mal qui était dans leur esprit et dans leur
cœur, le mal qui était dans le livre est entré en moi", je conclu :
"Cela prouve que tu avais déjà créé le terrain favorable à la
pénétration. Cela prouve que tu es un faible qui manque de nerf moral et
spirituel. Car même de nos ennemis nous devons faire sortir du bien. En
observant leurs erreurs, nous devons apprendre à n'y pas tomber. L'homme
intelligent ne se laisse pas séduire par la première doctrine qu'il écoute.
L'homme qui est tout imprégné d'une doctrine ne peut faire en lui une place
pour les autres. Ceci explique les difficultés que l'on rencontre pour
essayer de persuader ceux qui sont convaincus par d'autres enseignements de
suivre la vraie Doctrine. Mais si tu m'avoues que tu changes de pensée au
moindre souffle de vent, je vois que tu es plein de vides, ta force
spirituelle est fissurée de partout, les digues qui retiennent ta pensée sont
défoncées en mille endroits par où fuient les eaux saines et entrent les eaux
corrompues, et tu es tellement sot et apathique que tu ne t'en aperçois même
pas et n'y portes aucun remède. Tu es un malheureux;".
Sachez donc, entre les deux sentiers, choisir le bon et le suivre, en
résistant, en résistant, en résistant aux attraits de la sensualité, du
monde, de la science et du démon. Les fois mélangées, les compromis, les
pactes qui s'opposent l'un à l’autre, laissez-les aux gens du monde. Ils ne
devraient pas non plus exister parmi eux si les hommes étaient honnêtes. Mais
vous, vous au moins, hommes de Dieu, ne les ayez pas. Vous ne pouvez faire des arrangements ni
avec Dieu ni avec Mammon. Ne les ayez pas en vous-mêmes, car ils seraient
sans valeur. Vos actions, mélangées de ce qui est bon et de ce qui ne l'est
pas, n'auraient aucune valeur. Celles qui sont complètement bonnes seraient
annulées par celles qui ne le sont pas. Celles qui sont mauvaises vous
feraient tomber directement aux mains de l'Ennemi. Ne les faites donc pas.
Mais servez loyalement.
Personne ne peut servir deux maîtres dont la pensée est différente. S'il aime
l'un, il haïra l'autre et réciproquement. Vous ne pouvez appartenir également
à Dieu et à Mammon . L'esprit de Dieu ne peut se concilier avec l'esprit du
monde.
Haut de page.
133/134> L'un monte, l'autre descend. L'un
sanctifie, l'autre corrompt. Si vous êtes corrompus, comment pouvez-vous agir
avec pureté ? La sensualité s'enflamme chez ceux qui sont corrompus et,
à la suite de la sensualité, les autres désirs malsains.
174.9 – Vous
savez déjà comment Ève fut corrompue, et Adam par son intermédiaire.
Satan embrassa l’œil de la femme et l'ensorcela de telle façon que toute vision
jusqu'alors pure prit pour elle un aspect impur et éveilla des curiosités
étranges. Puis Satan lui baisa les oreilles et les ouvrit aux paroles d'une
science inconnue : la sienne. Même la pensée d'Ève voulut connaître ce
qui n'était pas nécessaire. Puis Satan montra à l’œil et à la pensée éveillés
au Mal ce que tout d'abord ils n'avaient pas vu ni compris, et tout en Ève
s'éveilla et se corrompit. Et la Femme, allant vers l'Homme, révéla son
secret et persuada Adam de goûter le nouveau fruit si beau à voir et interdit
jusqu'alors. Et elle le baisa et le regarda avec une bouche et des yeux où
était déjà le trouble satanique. Et la corruption pénétra en Adam qui vit, et
dont l’œil désira le fruit défendu. Il y mordit avec sa compagne, tombant
d'une telle hauteur dans la boue.
Quand quelqu'un est corrompu, il entraîne l'autre dans la corruption à moins
que ce ne soit un saint au vrai sens du mot.
Attention à votre regard, hommes, au regard de l’œil et à celui de l'esprit.
S'ils sont corrompus, ils ne peuvent que corrompre le reste. L’œil est la
lumière du corps, ta pensée est la lumière du cœur . Mais si ton œil n'est pas pur, tout en toi deviendra
trouble et les nuées de la séduction créeront en toi des imaginations
impures, car par suite de la soumission des organes à la pensée, une pensée
corrompue corrompt les sens. Tout est pur en celui qui a une pensée pure qui
lui donne un regard pur, et la lumière de Dieu descend en maîtresse là où les
sens ne font pas obstacle. Mais si par une mauvaise volonté tu as habitué l’œil à des visions
troubles, tout en toi deviendra ténèbres. Inutilement tu regarderas même les
choses les plus saintes. Dans la nuit il n'y aura que ténèbres et tu feras
des œuvres de ténèbres.
174.10 – Aussi, fils de Dieu, protégez-vous contre vous-mêmes.
Surveillez-vous attentivement contre toutes les tentations. Être tenté n'est
pas un mal. C'est par la lutte que l'athlète prépare la victoire. Mais le mal
c'est d'être vaincus faute d'entraînement et d'attention. Je sais que tout
sert à la tentation. Je sais que la défense énerve. Je sais que la lutte
épuise. Mais, allons, pensez à ce que vous procurent ces choses. Et
voudriez-vous pour une heure de plaisir, de n'importe quelle espèce, perdre
une éternité de paix ?
Haut de page.
135> Que vous laisse le plaisir de la chair, de l'or et de la
pensée ? Rien. Qu'acquérez-vous en les repoussant ? Tout. Je parle
à des pécheurs parce que l'homme est pécheur. Eh bien, dites-moi, en
vérité : après avoir satisfait les sens, ou l'orgueil, ou la cupidité,
vous êtes-vous sentis plus frais, plus contents, plus tranquilles ? Dans
l'heure qui suit la satisfaction et qui est toujours une heure de réflexion,
vous êtes-vous en réalité sentis sincèrement heureux ? Moi, je n'ai pas
goûté ce pain de la sensualité. Mais je réponds pour vous : "Non.
Flétrissure, mécontentement, incertitude, nausée, peur, agitation. Voilà ce
qu'a été le suc que vous a procuré cette heure de plaisir".
Cependant, je vous
en prie. Lorsque je vous dis : "Ne faites jamais cela", je
vous dis aussi : "Ne soyez pas inexorables à ceux qui se
trompent". Rappelez-vous que vous êtes tous frères, faits d'une même
chair et ayant une même âme. Pensez que nombreuses sont les causes qui
amènent quelqu'un à pécher. Soyez miséricordieux envers les pécheurs, relevez-les
avec bonté et amenez-les à Dieu en leur montrant que le sentier qu'ils ont
suivi est hérissé de dangers pour la chair, pour la pensée et l'esprit.
Faites cela et vous en serez grandement récompensés. Parce que le Père qui
est aux Cieux est miséricordieux avec les bons et sait rendre au centuple.
Je vous dis donc..."
(À ce moment, Jésus me dit que vous devez me copier la vision-dictée du 12
août 1944, B 961, de la 35e ligne jusqu’à la fin, c’est-à-dire jusqu’au
départ de Marie-Madeleine, aux mots "et elle eut un rire de rage et de
mépris". Puis vous continuerez par ce qui suit, naturellement en
omettant cette parenthèse) .
Vision du samedi 12 août 1944
174.11 – Jésus me dit:
"Regarde et écris. C'est l'évangile de la Miséricorde que je donne à tous et spécialement à ceux qui se
reconnaîtront dans la pécheresse et que j'invite à suivre dans sa rédemption.
Haut de page.
136> Jésus, debout sur un rocher, parle à une foule
nombreuse. C'est un endroit alpestre. Une colline solitaire entre deux
vallées. Le sommet de la colline est en forme de joug ou plutôt en forme de
bosse de chameau , de sorte qu'à peu de mètres de la cime elle offre un
amphithéâtre naturel où la voix résonne avec netteté comme dans une salle de
concert très bien construite.
La colline n'est qu'une fleur. Ce doit être la belle saison. Les moissons des
plaines commencent à prendre une couleur blonde et seront bientôt prêtes pour
la faux. Au nord une montagne élevée resplendit avec son névé au soleil . Immédiatement au-dessous, à l'orient, la mer de Galilée
paraît un miroir brisé dont les innombrables éclats semblent des saphirs
embrasés par le soleil. Elle éblouit avec son scintillement azur et or sur
lequel ne se reflète que quelques nuages floconneux qui traversent un ciel
très pur et les ombres mobiles de quelques voiles. Ce doit être encore les
premières heures de la matinée car l'herbe de la montagne a encore quelques
diamants de rosée disséminés parmi les tiges. Au-delà du lac de Génésareth il
y a des plaines éloignées qui par l'effet d'un léger brouillard, peut-être la
rosée qui s'évapore, semblent prolonger le lac mais avec des teintes d'opale
veinée de vert, et plus loin encore une chaîne de montagnes dont la côte très
capricieuse fait penser à un dessin de nuages sur un ciel serein.
Certains sont assis sur l'herbe ou sur des pierres, d'autres sont debout. Le
collège apostolique n'est pas au complet. Je vois Pierre et André, Jean et
Jacques, et j'entends qu'on appelle les deux autres Nathanaël et Philippe.
Puis, il y en a un autre qui est ou qui n'est pas dans le groupe. C'est
peut-être le dernier arrivé : ils l'appellent Simon . Les autres ne sont pas là, à moins que je ne les
distingue pas au milieu de la foule nombreuse.
Haut de page.
137>
Le discours est déjà commencé depuis un moment. Je comprends qu'il s'agit du
sermon sur la montagne. Mais les béatitudes sont déjà énoncées. Je dirais
même que le discours approche de sa fin car Jésus dit : "Faites
ceci et vous en serez grandement récompensés, car le Père qui est aux Cieux
est miséricordieux avec les bons et sait rendre au centuple. Je vous dis donc..."
174.12 – Un grand mouvement se produit dans la foule qui se trouve
vers le sentier conduisant au plateau. Les gens les plus proches de Jésus se
retournent. L'attention se détourne. Jésus cesse de parler et tourne son
regard dans la même direction que les autres. Il est sérieux et beau dans son
habit bleu foncé , avec les bras croisés sur la poitrine et le soleil qui effleure
son visage avec le premier rayon qui passe au-dessus du pic oriental de la
colline.
"Faites place, plébéiens" crie une coléreuse voix d'homme.
"Faites place à la beauté qui passe"... quatre jolis-cœurs tout
pomponnés s'avancent et l'un est certainement un romain car il porte la toge.
Ils portent en triomphe sur leurs mains croisées pour faire un siège Marie
de Magdala, encore grande pécheresse.
Elle rit de sa bouche très belle, elle rejette en arrière sa tête à la
chevelure d'or toute en tresses et boucles retenues par des épingles
précieuses et par une lame d'or parsemée de perles qui enserre le sommet du
front comme un diadème et d'où descendent de légères boucles pour voiler ses
yeux splendides rendus encore plus grands et plus séduisants par un savant
artifice. Le diadème, ensuite, disparaît derrière les oreilles sous la masse
des tresses qui retombent sur le cou très blanc et découvert. Et même... le découvert
va bien au-delà du cou. Les épaules sont découvertes jusqu'aux omoplates et
la poitrine beaucoup plus encore. Son vêtement est retenu aux épaules par
deux chaînettes d'or. Les manches sont inexistantes. Le tout est recouvert,
si l'on peut dire, par un voile qui sert uniquement à mettre la peau à l'abri
du bronzage. Le vêtement est très léger et la femme se jetant, comme elle
fait, par cajolerie, sur l'un ou l'autre de ses adorateurs, semble se jeter
nue sur eux. J'ai l'impression que le romain est le préféré, car c'est à lui
que s'adressent de préférence les sourires et les coups d’œil et il reçoit
plus souvent la tête sur son épaule .
"Voilà, la déesse est satisfaite" dit le romain. "Rome a donné
une monture à la nouvelle Vénus et là se trouve l'Apollon que tu as voulu
voir. Charme-le donc... mais laisse-nous aussi quelques bribes de tes
charmes."
Haut de page.
138>
Marie rit et d'un mouvement agile et provocant se jette à terre découvrant
ses pieds chaussés de sandales blanches avec des boucles d'or et une partie
de la jambe. Puis couvrant le tout, son vêtement très ample, fait de laine
fine comme le voile et très blanc, est retenu à la taille, mais très bas à la
hauteur des hanches, par une ceinture à boucles d'or dénouées. Et la femme se
dresse comme une fleur de chair, une fleur impure, éclose par un sortilège
sur le plateau vert où se trouvent quantité de muguets et de narcisses
sauvages.
Elle est belle plus que jamais. La bouche petite et pourpre semble un œillet
qui se détache sur la blancheur d'une dentition parfaite. Le visage et le
corps pourraient satisfaire le peintre ou le sculpteur le plus difficile tant
pour les teintes que pour les formes. Large de poitrine avec des hanches bien
proportionnées, avec une taille naturellement souple et fine en comparaison de la
poitrine et des hanches, elle semble une déesse comme l'a dit le romain, une
déesse sculptée dans un marbre légèrement rosé sur lequel l'étoffe légère se
tend sur les côtés pour retomber ensuite en plis nombreux sur le devant. Tout
est étudié pour plaire.
Jésus la regarde fixement, et elle soutient effrontément son regard en riant
et en se tournant légèrement à cause des chatouilles que le romain, lui fait
en passant sur ses épaules et sur son sein découverts un brin de muguet
cueilli dans l'herbe. Marie, avec un courroux étudié et faux, relève son
voile en disant : "Respecte ma candeur" ce qui fait éclater
les quatre en un bruyant éclat de rire.
Jésus continue de la fixer. Quand le bruit des éclats de rire s'atténue,
comme si l'apparition de la femme avait rallumé la flamme du discours qui
tombait, Jésus reprend la parole et ne la regarde plus. Mais il
regarde ses auditeurs qui paraissent agités et scandalisés par cette
aventure.
174.13 – Jésus reprend :
"J'ai dit d'être fidèles à la Loi, humbles, miséricordieux, d'aimer non
seulement les frères nés des mêmes parents mais tous ceux qui sont pour vous
des frères parce qu'ils ont la même origine humaine. Je vous ai dit que le
pardon est plus utile que la rancœur, qu'il vaut mieux compatir que d'être
inexorables .
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139>
Mais maintenant je vous dis qu'on ne doit pas condamner si on n'est pas
exempt du péché qui nous porterait à condamner. Ne faites pas comme les
scribes et les pharisiens qui sont sévères avec tout le monde, mais pas avec
eux-mêmes. Ils appellent impur ce qui est extérieur et peut ne souiller que
l'extérieur, et ils accueillent l'impureté au plus profond de leur sein, dans
leur cœur.
Dieu n'est pas
avec ceux qui sont impurs, car l'impureté corrompt ce qui est la propriété de
Dieu : les âmes, et surtout les âmes des petits qui sont les anges
répandus sur la terre. Malheur à ceux qui leur arrachent les ailes avec la
cruauté de fauves démoniaques et qui jettent dans la boue ces fleurs du Ciel
en leur faisant connaître le goût de la matière ! Malheur !... Il
vaudrait mieux qu'ils meurent brûlés par la foudre plutôt que d'arriver à un
tel péché !
Malheur à vous, riches et jouisseurs ! Car c'est justement parmi vous que
fermente la plus grande impureté à laquelle l'oisiveté et l'argent servent de
lit et d'oreiller ! Maintenant, vous êtes repus. La nourriture des
concupiscences vous arrive jusqu'à la gorge et vous étrangle. Mais vous aurez
faim, une faim redoutable et que rien ne rassasiera ni n'adoucira pendant
l'éternité. Maintenant vous êtes riches. Que de bien vous pourriez faire avec
votre richesse !
Mais vous en faites un mal pour vous et pour les autres. Vous connaîtrez une
pauvreté atroce un jour, lequel n'aura pas de fin. Maintenant vous riez. Vous
vous prenez pour des triomphateurs. Mais vos larmes rempliront les étangs de
la Géhenne et elles ne s'arrêteront plus.
Où se niche l'adultère ? Où se niche la
corruption des jeunes filles ? Qui a deux ou trois lits de débauche, en
plus de son lit d'époux, et sur lesquels il répand son argent et la vigueur
d'un corps que Dieu lui a donné sain pour qu'il travaille pour sa famille
et non pour qu'il s'épuise en débauches dégoûtantes qui le mettent au-dessous
d'une bête immonde ?
Vous avez appris qu'il a été dit : "Ne commets pas l'adultère"
. Mais Moi, je vous dis que celui qui aura regardé une
femme avec un désir impur, que celle qui est allée vers un homme avec un
désir impur, avec cela seulement, a déjà commis l'adultère en son
cœur. Aucune raison ne justifie la fornication, Aucune. Ni
l'abandon et la répudiation d'un mari. Ni la pitié envers une femme répudiée.
Vous n'avez qu'une seule âme. Quand elle est engagée avec une autre
par un pacte de fidélité, qu'elle ne mente pas, autrement ce beau corps avec
lequel vous péchez ira avec vous, âmes impures, dans des flammes qui ne
s'éteindront pas.
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140> Mutilez-le
plutôt, mais ne le tuez pas pour toujours par la damnation. Redevenez hommes,
vous, les riches, sentines vermineuses du vice, redevenez hommes pour ne pas
inspirer le dégoût au Ciel..."
174.14 – Marie, au commencement, a écouté avec un visage qui était
un poème de séduction et d'ironie, éclatant de temps à autre en rires
méprisants. Sur la fin du discours elle devient rouge de colère. Elle
comprend que, sans la regarder, c'est à elle que Jésus parle. Sa
colère s'enflamme toujours plus. Elle se révolte et à la fin elle n'y résiste
plus. Elle s'enveloppe méprisante dans son voile et, suivie par les regards
de la foule qui la méprise et par la voix de Jésus qui la poursuit, elle se
sauve à toutes jambes sur la pente en laissant des morceaux de vêtements aux
chardons et aux églantiers qui sont aux bords du sentier. Elle rit de rage et
de mépris.
Je ne vois rien d'autre. Mais Jésus me dit :
"Tu vas encore voir."
Vision du
mardi 29 mai 1945 (suite)
174.15 – Jésus reprend :
"Vous êtes indignés de cet événement. Cela fait deux jours que notre
refuge, bien au-dessus de la boue, est troublé par le sifflement de Satan . Ce n'est donc plus un refuge, et nous allons le
quitter. Mais je veux terminer pour vous ce code du "plus parfait"
dans cette ampleur de lumière et d'horizon.
Ici, réellement, Dieu apparaît dans sa majesté de Créateur et, en voyant ses
merveilles, nous pouvons croire fermement que le Maître c'est Lui et non pas
Satan. Le Malin ne pourrait même pas créer un brin d'herbe. Mais Dieu peut
tout. Que cela nous réconforte. Mais vous êtes maintenant tous au soleil. Et
cela vous gêne. Dispersez-vous alors sur les pentes. Il y a de l'ombre et de
la fraîcheur . Prenez votre repas, si vous voulez. Je vous parlerai du
même sujet. Plusieurs raisons nous ont retardés. Mais ne le regrettez pas.
Ici, vous êtes avec Dieu."
La foule crie :
"Oui, oui, avec Toi" et les gens s'en vont sous les bosquets épars
du côté de l'orient de façon que le versant de la colline et les branches les
abritent du soleil déjà trop chaud.
Entre temps, Jésus dit à Pierre de démonter la tente.
"Mais... nous partons réellement ?"
"Oui."
"Parce qu'elle est venue, elle ? ..."
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141>
"Oui, mais ne le dis à personne et surtout pas au Zélote. Il en
resterait affligé à cause de Lazare. Je ne
puis permettre que la parole de Dieu soit exposée au mépris des
païens..."
"Je comprends, je comprends..."
"Alors, comprends aussi une autre chose."
"Laquelle, Maître ?"
"La nécessité de se taire en certains cas. Je me fie à toi. Tu m'es si
cher mais tu es aussi d'une impulsivité qui te fait faire des observations
blessantes."
"Je comprends... tu ne veux pas à cause de Lazare et de Simon..."
"Et pour d'autres encore."
"Tu penses qu'il y en aura aujourd'hui ?"
"Aujourd'hui, demain et après-demain et toujours. Et il sera toujours
nécessaire de surveiller l'impulsivité de mon Simon de Jonas. Va, va faire ce
que je t'ai dit."
Pierre s'en va, en appelant à son aide ses compagnons.
174.16 – L'Iscariote est resté pensif dans un coin. Jésus l'appelle
par trois fois parce qu'il n'entend pas. À la fin, il se retourne :
"Tu me veux, Maître ?" demande-t-il.
"Oui, va toi aussi prendre ta nourriture et aider tes compagnons."
"Je n'ai pas faim. Ni Toi non plus."
"Moi non plus, mais pour des motifs opposés. Tu es troublé,
Judas ?"
"Non, Maître. Fatigué..."
"Maintenant nous allons sur le lac, et puis en Judée, Judas. Et chez ta
mère. Je te l'ai promis..."
Judas se sent mieux.
"Tu viens bien avec moi seul ?"
"Mais certainement. Aime-moi bien, Judas. Je voudrais que mon amour fût
en toi au point de te préserver de tout mal."
"Maître... je suis un homme. Je ne suis pas un ange. J'ai des moments de
fatigue. Est-ce un péché d'avoir besoin de dormir ?"
"Non, si tu dors sur ma poitrine. Regarde là les gens, comme ils sont
heureux et comme il est gai d'ici, le paysage. Cependant la Judée aussi doit
être très belle au printemps."
"Très belle, Maître. Seulement, là-bas sur les montagnes qui sont plus
élevées qu'ici, le printemps est plus tardif . Mais les fleurs sont très belles. Les pommeraies sont
une splendeur.
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142> La
mienne, grâce aux soins de maman, est une des plus belles. Et quand elle s'y
promène avec des colombes qui lui Courent après pour avoir du grain, crois
bien que c'est une vue apaisante pour le cœur."
"Je le crois. Si ma Mère n'est pas trop fatiguée, j'aurais plaisir à
l'amener chez la tienne. Elles s'aimeraient, car elles sont bonnes toutes les
deux."
Judas, séduit par cette idée, redevient tranquille. Il oublie son manque
d'appétit et sa fatigue et court vers ses compagnons en riant joyeusement. Grand
comme il est, il défait sans fatigue les nœuds les plus élevés et il mange
son pain et ses olives, joyeux comme un enfant. Jésus le regarde avec
compassion et puis se dirige vers ses apôtres.
174.17 – "Voici du pain, Maître, et un œuf. Je me le suis
fait donner par ce riche habillé de rouge. Je lui ai dit : "Tu es
heureux d'écouter. Lui parle et il est épuisé. Donne-moi un de tes œufs. Cela
fera plus de bien à Lui qu'à toi".
"Mais, Pierre !"
"Non, Maître ! Tu es pâle comme un bébé qui suce un sein épuisé, et
tu es en train de devenir maigre comme un poisson après les amours.
Laisse-moi faire; je ne veux pas avoir de reproches à me faire. Maintenant,
je vais le mettre dans cette cendre chaude. Ce sont les branchages que j'ai
brûlés. Tu vas le boire. Je ne sais combien de temps il y a... combien de
jours ? Des semaines certainement qu'on ne mange que du pain et des
olives et un peu de lait ... Hum ! On dirait qu'on se purge. Et Toi, tu
manges moins que tous et tu parles pour tous. Voici l’œuf. Bois-le tant qu'il
est tiède. Cela te fera du bien."
Jésus obéit et voyant que Pierre ne mange que du pain, il lui demande :
"Et toi ? Les olives ?"
"Chut ! Elles vont me servir après. Je les ai promises."
"À qui ?"
"À des enfants . Pourtant, s'ils ne se tiennent pas
tranquilles jusqu'à la fin, je mange les olives et je leur donne les noyaux,
c'est-à-dire des claques."
"Mais, très bien !"
"Hé ! je ne les donnerai jamais. Mais si on ne fait pas
ainsi ! J'en ai tant reçu, moi aussi, et si on avait dû me donner toutes
celles que je méritais pour mes gamineries, j'aurais dû en recevoir dix fois
plus ! Mais cela fait du bien. C'est parce que j'en ai reçu que je suis
ainsi."
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143>
Tout le monde rit de la sincérité de l'apôtre.
"Maître, je voudrais te dire qu'aujourd'hui c'est vendredi et que ces
gens... je ne sais s'ils pourront se procurer des vivres à temps pour demain
ou regagner leurs maisons" dit Barthélemy.
"C'est vrai ! C'est vendredi !" disent plusieurs.
"Peu importe. Dieu y pourvoira, mais nous le leur dirons."
Jésus se lève et va à sa nouvelle place au milieu de la foule éparse parmi
les bosquets.
"En premier lieu, je vous rappelle que c'est vendredi. Maintenant je
vous dis que ceux qui craignent de ne pouvoir regagner à temps leurs maisons
ou n'arrivent pas à croire que Dieu donnera demain la nourriture à ses fils,
peuvent se retirer tout de suite pour que la nuit ne les surprenne pas en
route."
Sur toute la foule, une cinquantaine de personnes se lèvent. Les autres
restent où elles sont.
174.18 – Jésus sourit et commence à parler.
"Vous avez appris qu'il a été dit autrefois : "Ne commets pas
l'adultère" . Ceux parmi vous, qui m'ont entendu dans d'autres
endroits, savent que plusieurs fois j'ai parlé de ce péché . Parce que, faites bien attention, ce péché n'intéresse
pas une seule personne, mais intéresse deux ou trois personnes. Et je
m'explique. Celui qui commet l'adultère pèche pour lui-même, il pèche pour sa
complice, il pèche en portant au péché la femme ou le mari trahi qui peuvent
en arriver au désespoir ou à pécher eux-mêmes. Ceci pour le péché consommé.
Mais je vous dis en plus. Je vous dis : "Non seulement le péché
consommé, mais le désir de le consommer est déjà péché".
Qu'est-ce que l'adultère ? C'est le désir fiévreux de celui ou de celle
qui n'est pas à nous. On commence à pécher par le désir, on continue par la
séduction, on complète par la persuasion, l'acte couronne le tout.
Comment commence-t-on ? Généralement par un regard impur. Et cela nous
ramène à ce que je disais auparavant. L’œil impur voit ce qui est caché à
celui qui est pur, et par l’œil, la soif entre dans le gosier, la faim dans
le corps, la fièvre dans le sang. Soif, faim, fièvre charnelle. C'est le
commencement du délire. Si l'autre, la personne regardée est honnête, celui
qui délire reste seul à se retourner sur des charbons ardents, ou bien il en
arrive à calomnier pour se venger.
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144>
Si elle est malhonnête, elle se fait complice du regard et alors commence la
descente vers le péché. Aussi je vous dis : "Celui qui regarde une
femme en la désirant, a déjà commis l'adultère car dans sa pensée il a déjà commis l'acte qu'il désire.
Plutôt que cela, si ton œil droit est pour
toi occasion de scandale, arrache-le et jette-le loin de toi. Mieux vaut pour
toi être borgne que de tomber pour toujours dans les ténèbres infernales. Et
si ta main droite a péché, coupe-la et jette-la. Il vaut mieux pour toi avoir
un membre de moins plutôt que de tomber tout entier dans l'enfer . Il est vrai qu'il est dit que ceux qui sont difformes
ne peuvent servir Dieu dans le Temple . Mais après la vie, ceux qui sont difformes de
naissance, s'ils sont saints ou ceux qui le sont par vertu, deviendront plus
beaux que des anges et serviront Dieu en l'aimant dans la joie du Ciel.
174.19 – Il a été dit aussi : "Que celui qui renvoie sa
femme lui donne un libellé de divorce" . Mais c'est une chose à réprouver. Elle ne vient pas de
Dieu. Dieu dit à Adam : "C'est la compagne que j'ai faite pour toi . Croissez et multipliez-vous sur la terre, remplissez-la
et soumettez-la à votre pouvoir" . Et Adam, rempli d'une intelligence supérieure car le
péché n'avait pas encore troublé sa raison sortie parfaite de Dieu,
s'écria : "Voilà enfin l'os de mes os et la chair de ma chair. On
l'appellera Virago , c'est-à-dire un autre moi-même parce qu'elle est tirée
de l'homme . Pour ce motif, l'homme laissera son père et sa mère et
les deux seront une seule chair" . Et avec l'éclat d'une splendeur accrue, l'éternelle
Lumière approuva avec un sourire ce qu'avait dit Adam et qui devint la loi
première, irréformable. Maintenant, si à cause de la dureté toujours
plus grande de l'homme, le législateur humain dut faire une nouvelle loi; si
à cause de l'inconstance croissante de l'homme, il dut mettre un frein et
dire : "Si pourtant tu l'as répudiée, tu ne peux la reprendre"
, cela n'efface pas la loi première, authentique, née au
Paradis Terrestre et approuvée par Dieu.
Moi, je vous dis: "Quiconque renvoie sa propre femme, excepté le cas de
l'adultère bien établi, l'expose à l'adultère" . Parce que, en effet, que fera dans quatre-vingt-dix
pour cent des cas la femme répudiée ? Elle fera un second mariage. Avec
quelles conséquences ? Oh! il y en aurait à dire sur ce sujet ! Ne
savez-vous pas que vous pouvez provoquer des incestes involontaires avec
cette manière d'agir ?
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145> Que
de larmes versées pour une luxure ! Oui. Une luxure. Cela n'a pas
d'autre nom. Soyez francs. On peut tout surmonter quand l'esprit est droit.
Mais tout se prête à motiver les satisfactions de la sensualité quand
l'esprit est luxurieux. Frigidité de la femme, lourdeur, inaptitude aux
affaires, humeur grincheuse, amour du luxe, on peut tout surmonter, même les
maladies, même l'irascibilité, si on s'aime saintement. Mais comme après
quelque temps on ne s'aime plus comme au premier jour, voilà qu'alors on regarde
comme impossible ce qui est plus que possible et l'on jette une pauvre femme
à la rue et on l'envoie à sa perdition. Commet l'adultère celui qui répudie
sa femme, et celui qui l'épouse après la répudiation.
Seule la mort rompt le mariage. Souvenez-vous-en. Et si vous avez fait un
choix malheureux, portez-en les conséquences comme une croix. Vous serez deux
malheureux mais saints, vous ne ferez pas de vos enfants des êtres plus
malheureux, ces innocents qui ont davantage à souffrir de ces situations
difficiles. L'amour de vos enfants devrait vous faire réfléchir cent et cent
fois, même dans le cas de la mort du conjoint. Oh ! si vous savez vous
contenter de ce que vous avez eu et auquel Dieu a dit: "Cela
suffit" ! Si vous saviez, vous veufs et vous veuves, voir dans la
mort non pas un amoindrissement mais une élévation à une perfection de
procréateurs ! Être mère, même pour la mère défunte. Être père, même
pour le père disparu. Avoir deux âmes en une, recueillir l'amour des enfants
sur les lèvres refroidies de la personne qui meurt et dire : "Pars
en paix, sans crainte pour ceux qui sont venus de toi. Je continuerai à les
aimer, pour toi et pour moi, de les aimer deux fois, je serai père et mère,
et l'infortune de l'orphelin ne pèsera pas sur eux. Ils ne connaîtront pas la
jalousie naturelle de l'enfant du conjoint remarié pour celui ou celle qui
prend la place sacrée d'une mère, d'un père appelés par Dieu à une autre
demeure".
174.20 – Fils, mon enseignement arrive à sa fin, comme va vers sa
fin le jour qui déjà décline, avec le soleil, vers l'occident . De cette rencontre sur la montagne, je veux que vous
vous rappeliez les paroles. Gravez-les dans vos cœurs. Relisez-les souvent.
Qu'elles soient pour vous un guide perpétuel. Et par-dessus tout soyez bons
avec ceux qui sont faibles. Ne jugez pas pour n'être pas jugés .
Haut de page.
146> Souvenez-vous
qu'il pourrait arriver le moment où Dieu vous rappellerait : "C'est
ainsi que tu as jugé. Tu savais donc que c'était mal. Tu as donc commis le
péché en sachant bien ce que tu faisais. Maintenant subis ta peine".
La charité est déjà une absolution. Ayez la charité en vous, pour tous et à
tout propos. Si Dieu vous donne tant de secours pour vous garder droits, ne
vous enorgueillissez pas. Mais cherchez à monter, si longue que soit
l'échelle de la perfection, et tendez la main à ceux qui sont fatigués,
ignorants, à ceux qui sont victimes de subites déceptions. Pourquoi regarder avec tant d'attention le
fétu dans l’œil de ton frère si tu ne te soucies pas d'abord d'enlever la poutre qui est dans le
tien? Comment peux-tu dire à ton prochain: "Laisse-moi enlever ce fétu
de ton œil" alors que t'aveugle la poutre qui est dans le tien? Ne sois
pas hypocrite, fils. Enlève d'abord la poutre que tu as dans le tien et alors
tu pourras enlever le fétu à ton frère sans l'abîmer complètement.
Évitez aussi l'imprudence comme le manque de charité. Je vous ai dit:
"Tendez la main à ceux qui sont fatigués, ignorants, victimes de déceptions
imprévues". Mais, si c'est charité d'instruire les ignorants,
d'encourager ceux qui n'en peuvent plus, de donner de nouvelles ailes à ceux
qui pour de multiples raisons ont brisé les leurs, c'est une imprudence de
dévoiler les vérités éternelles à ceux qui sont infectés par le satanisme.
Ils s'en empareront pour jouer aux prophètes, pour se glisser parmi les
simples, pour corrompre, détourner, souiller de manière sacrilège les choses
de Dieu. Respect absolu, savoir parler et savoir se taire, savoir réfléchir
et savoir agir, voilà les vertus du vrai disciple pour faire des prosélytes
et servir Dieu. Vous avez une raison et, si vous êtes justes, Dieu vous
donnera toutes ses lumières pour guider encore mieux votre raison. Pensez que les vérités éternelles
ressemblent à des perles. On n'a jamais vu jeter des perles aux pourceaux qui
préfèrent des glands et de puantes eaux de vaisselle aux perles précieuses.
Ils les piétineraient sans pitié et après, furieux d'avoir été trompés, ils
se retourneraient contre vous pour vous mettre en pièces. Ne donnez pas les
choses saintes aux chiens. Ceci pour maintenant et pour plus tard.
174.21 – Je vous ai parlé longuement, mes fils. Écoutez mes
paroles. Celui qui les écoute et les met en pratique est comparable à un
homme réfléchi qui, voulant construire une maison, choisit un terrain rocheux
. Certes il peinera pour faire les fondations.
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147>
Il lui faudra travailler avec le pic et le ciseau, se durcir les mains et se
fatiguer les reins. Mais ensuite il pourra couler la chaux dans les fentes de
la roche et y poser les briques serrées comme dans une muraille de forteresse
et la maison s'élèvera solide comme une montagne. Que viennent les
intempéries, les ouragans, que les pluies fassent déborder les fleuves, que
les vents soufflent, que les flots la frappent, la maison résistera à tout.
Ainsi en est-il de celui dont la foi a de solides fondations. Au contraire,
celui qui écoute sans se laisser pénétrer et ne s'efforce pas de graver mes
paroles dans son cœur parce qu'il sait que pour cela il devrait se donner de
la peine, éprouver de la souffrance, extirper trop de choses, celui-là est
semblable à celui qui par paresse et sottise construit sa maison sur le
sable. Sitôt que viennent les intempéries, la maison vite construite aussi
vite s'écroule et l'imbécile regarde désolé les décombres et l'anéantissement
de son capital. Et ici, il ne reste qu'une ruine qu'on peut réparer en
faisant des frais et en se donnant du mal. Mais pour l'édifice d'un esprit
qui s'est écroulé parce qu'il était mal bâti, il ne reste plus rien pour la
reconstruction. Dans l'autre vie, pas de construction. Malheur à celui qui n'a
que des décombres à présenter !
174.22 – J'ai fini. Maintenant je descends vers le lac et je vous
bénis au nom du Dieu Un et Trin. Que ma paix soit avec vous."
Mais la foule crie : "Nous venons avec Toi. Laisse-nous
venir ! Personne n'a des paroles comme les tiennes !"
Et ils se mettent à suivre Jésus qui descend non pas du côté par où il est
monté, mais par le côté opposé et s'en va directement vers Capharnaüm . La descente est plus abrupte, mais beaucoup plus
rapide, et ils ont vite fait d'arriver au pied de la montagne qui débouche
dans une plaine verte et fleurie.
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