Vision du jeudi 28
juin 1945
369> Jésus sort avec les siens d’une maison qui est près des murs.
Je crois que c’est toujours dans le quartier de Bézéta
car, pour sortir des murs, on doit encore passer devant la maison de Joseph qui est près de la Porte que j’ai entendu nommer la
Porte d’Hérode. La ville est à moitié déserte dans la soirée tranquille au
clair de lune. Je me rends compte qu’on a consommé la Pâque dans une des
maisons de Lazare. Ce n’est
pas la maison du Cénacle. Celle-ci est à l’opposé. L’une est au nord, l’autre
au sud de Jérusalem.
Sur le seuil de la maison, Jésus, avec sa grâce gentille, fait ses adieux à Jean
d’Endor qu’il laisse à la garde des
femmes et qu’il remercie pour cette garde. Il baise Margziam qui est venu lui aussi sur le seuil et puis s’éloigne
par la porte dite d’Hérode.
370> "Où allons-nous, Seigneur ?"
"Venez avec Moi. Je vous emmène couronner la Pâque avec une perle rare
et désirée. C’est pour cela que j’ai voulu être avec vous seuls. Mes
apôtres ! Merci, mes amis, de votre grand amour pour Moi. Si vous
pouviez voir comme il me console, vous en resteriez étonnés. Voyez : je
marche à travers des obstacles et des déceptions continuels. Déceptions pour
vous. Pour Moi, soyez-en persuadés, je n’ai pas de déceptions, car il ne m’a
pas été accordé le don d’ignorer... Même pour cela, je vous conseille de vous
laisser conduire par Moi. Si je permets ceci ou cela, n’y apportez pas
d’obstacles. Si je n’interviens pas pour mettre fin à quelque chose, ne
songez pas à le faire, vous. Chaque chose en son temps. Ayez confiance en
Moi, par-dessus tout."
Ils sont à l’angle nord-est de l’enceinte des murs. Ils tournent et côtoient
le mont Moriah jusqu’à l’endroit où ils peuvent
franchir le Cédron par un petit pont.
"Nous allons à Gethsémani ?" demande Jacques
d’Alphée.
"Non, plus haut. Sur le mont des Oliviers."
"Oh ! ce sera beau !" dit Jean.
"Cela aurait fait plaisir au petit aussi" murmure Pierre.
"Oh ! Il y viendra bien d’autres fois ! Il était fatigué. Et
c’est un enfant. Je veux vous donner une grande chose, parce que
désormais il est juste que vous l’ayez."
Ils montent à travers les oliviers, laissant Gethsémani sur leur droite et
s’élèvent encore sur le mont jusqu’à atteindre la crête où bruissent les
oliviers.
Jésus s’arrête et dit : "Faisons une pause... Mes chers, si chers
disciples et mes continuateurs dans l’avenir, venez près de Moi. Un jour, et
pas seulement un jour, vous m’avez dit : "Apprends-nous à prier
comme tu pries. Apprends-nous comme Jean l’a fait pour les siens afin que
nous, disciples, nous puissions prier avec les paroles mêmes du Maître".
Et je vous ai toujours répondu : "Je le ferai quand je verrai en
vous un minimum de préparation suffisant pour que la prière ne soit pas une
vaine formule de paroles humaines, mais une vraie conversation avec le
Père". Nous y sommes. Vous êtes en possession de ce qui suffit pour
pouvoir connaître les paroles qu’il convient de dire à Dieu. Et je veux vous
les enseigner ce soir, dans la paix et l’amour qui existent entre nous, dans
la paix et dans l’amour de Dieu et avec Dieu.
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371> Nous avons, en effet, obéi au
précepte pascal en véritables israélites, et au commandement divin de la
charité envers Dieu et envers le prochain. L'un d'entre vous a beaucoup
souffert, ces jours-ci. Souffert pour un acte immérité, et souffert par
l'effort qu'il a fait sur lui-même pour contenir l'indignation que cet acte
avait provoqué. Oui, Simon de Jonas, viens ici. Il n'y a pas eu un
frémissement de ton cœur honnête qui m'ait été inconnu, et il n'y a pas eu
une peine que Moi je n'ai partagée avec toi. Tes compagnons et Moi..."
"Mais Toi, Seigneur, tu as été bien plus offensé que moi ! Et
c'était pour moi une souffrance plus... plus grande, non, plus sensible... et
pas pourtant... plus... plus. Voilà : que Judas ait été dégoûté de participer à ma fête j'en ai
souffert comme homme. Mais de voir que tu étais affligé et offensé, cela m'a
fait mal d'une autre façon et j'en ai souffert le double... Moi... je ne veux
pas me vanter et me faire valoir en me servant de tes paroles... Mais je dois
dire, et si c'est de l'orgueil dis-le-moi, que j'ai souffert en mon âme... et
cela fait plus mal."
"Ce n'est pas de l'orgueil, Simon. Tu as souffert spirituellement car Simon de
Jonas, pêcheur de Galilée, est en train
de se transformer en Pierre de Jésus Maître de l'esprit, grâce auquel aussi
ses disciples deviennent spirituellement actifs et sages. Et c'est pour te
faire progresser dans la vie de l'esprit, pour vous faire progresser que je
veux ce soir vous apprendre à prier. Combien vous êtes changés, depuis la
retraite solitaire !"
"Tous, Seigneur ?" demande Barthélemy un peu incrédule.
"Je comprends ce que tu veux dire... mais je parle à vous les onze, pas
à d'autres..."
"Mais qu'a-t-il Judas de Simon, Maître ? Nous ne le comprenons
plus. ..il paraissait tellement changé, et maintenant, depuis que nous avons
quitté le lac..." dit André désolé.
"Tais-toi, frère. La clef du mystère, c'est moi qui l'ai ! Il s'est
attaché un brin à Belzébuth. Il est
allé le chercher dans la caverne d'Endor
pour étonner les gens et... et il a été servi ! Le Maître le lui a dit
ce jour-là. À Gamala les
diables sont entrés dans les porcs. À Endor les diables, sortis de ce
malheureux de Jean, sont entrés en lui... On comprend que... on comprend...
Laisse-moi le dire, Maître ! Je l'ai ici, dans la gorge et, si je ne le
dis pas, cela y reste et m'empoisonne..."
"Simon, sois bon !"
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372> "Oui, Maître... et je
t'assure que je ne lui ferai pas d'impolitesses. Mais je dis et je pense que
Judas étant vicieux - nous l'avons tous compris - il
est un peu parent du porc... et on comprend que
les démons choisissent volontiers les porcs pour leur... changement de
domicile. Voilà, c'est dit."
"Tu dis que c'est ainsi ?" demande Jacques
de Zébédée.
"Et que veux-tu qu'il y ait d'autre ? Il n'y a pas eu de raison pour
qu'il devienne aussi intraitable. C'est pire qu'à "La Belle Eau" !
Et là, on pouvait penser que c'était l'endroit et la saison qui l'énervaient.
Mais maintenant..."
"Il y a une autre raison, Simon..."
"Dis-le, Maître. Je suis content de changer d'avis sur mon
compagnon."
"Judas est jaloux et agité à cause de sa jalousie."
"Jaloux ? De qui ? Il n'a pas de femme et même s'il en avait
une et était avec les femmes, je crois que personne de nous ne montrerait de
mépris pour lui, notre condisciple..."
"Il est jaloux de Moi. Réfléchis : Judas a changé après Endor et
après Esdrelon. C'est-à-dire quand il a vu que je
m'occupais de Jean et de Jabé. Mais maintenant que Jean, que
Jean surtout, s'éloignera en passant de Moi à Isaac,
tu verras qu'il redeviendra allègre et bon."
"Eh... bien ! Tu ne me diras pas qu'il n'est pas possédé par un
petit démon. Et surtout... Non, je le dis ! Et surtout tu ne me diras
pas qu'il est devenu meilleur ces derniers mois. J'étais jaloux, moi aussi
l'an dernier... Je n'aurais pas voulu quelqu'un en plus de nous six, les six
premiers, tu t'en souviens ? Maintenant, maintenant... laisse-moi, pour
une fois, prendre Dieu à témoin de ma pensée. Maintenant je dis que je suis
heureux de voir augmenter le nombre des disciples autour de Toi. Oh ! je
voudrais avoir tous les hommes et les amener à Toi et tous les moyens pour
pouvoir subvenir à ceux qui sont dans le besoin afin que la misère ne soit
pour personne un obstacle pour arriver jusqu'à Toi. Dieu voit si je dis vrai.
Mais pourquoi suis-je ainsi maintenant ? Parce que je me suis laissé
changer par Toi. Lui... n'a pas changé. Au contraire... Voilà, Maître...
C'est un petit démon qui l'a pris..."
"Ne le dis pas. Ne le pense pas. Prie pour qu'il guérisse. La jalousie
est une maladie..."
"Qu'à tes côtés, on guérit si on le veut. Ah ! Je le supporterai, à
cause de Toi... Mais quel travail !..."
"Je t'ai pour cela donné la récompense : l'enfant. Et maintenant je
t'apprends à prier..."
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373> "Oh ! oui,
frère" dit Jude
Thaddée. "Parlons de cela... et
que l'on ne se souvienne de mon homonyme qu'à cause du besoin qu'il en a. Mais il me semble qu'il a déjà son châtiment. Il n'est pas avec nous
à cette heure !"
"Écoutez.
Quand vous priez dites ainsi : "Notre Père qui es aux Cieux, que
soit sanctifié ton Nom, que vienne ton Royaume sur la terre comme il l’est
dans le Ciel, et que sur la terre comme au Ciel soit faite ta volonté.
Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, remets-nous nos dettes comme
nous les remettons à nos débiteurs. Ne nous induis pas en tentation, mais
délivre-nous du Malin."
Jésus s’est levé pour dire la prière et tous l’ont imité, attentifs, émus.
"Il ne faut pas autre chose, mes amis. Dans ces mots est renfermé comme
en un cercle d’or tout ce qu’il faut à l’homme pour l’esprit, pour la chair
et le sang. Avec cela demandez ce qui est utile à celui-là ou à ceux-ci. Et
si vous faites ce que vous demandez, vous acquerrez la vie éternelle. C’est
une prière si parfaite que les vagues des hérésies et le cours des siècles ne
l’entameront pas. Le christianisme sera morcelé par la morsure de Satan et
beaucoup de parties de ma chair mystique seront détachées, séparées, formant
des cellules dans le vain désir de se créer un corps parfait comme le sera le
Corps mystique du Christ, c’est-à-dire formé de tous les fidèles unis dans
l’Église apostolique qui sera, tant que la terre existera, l’unique véritable
Église. Mais ces petits groupes séparés, privés par conséquent des dons que
je laisserai à l’Église Mère pour nourrir mes enfants, garderont toujours le
titre d’églises chrétiennes à cause de leur culte pour le Christ et, au sein
de leur erreur, elles se souviendront toujours qu’elles sont venues du Christ.
Eh bien, elles aussi prieront avec cette prière universelle.
Rappelez-vous-en. Méditez-la continuellement. Appliquez-la à votre action. Il
ne faut pas autre chose pour se sanctifier. Si quelqu’un était seul, dans un
milieu païen, sans églises, sans livres, il aurait déjà tout ce que l’on peut
savoir en méditant cette prière et dans son cœur une église ouverte pour la
dire. Il aurait une règle de vie et une sanctification assurée.
"Notre
Père".
Je l’appelle "Père". C’est le Père du Verbe, c’est le Père de Celui
qui s’est incarné. C’est ainsi que je veux que vous, vous l’appeliez parce
que vous êtes un avec Moi, si vous demeurez en Moi. Il fut
un temps où l’homme devait se prosterner pour soupirer au milieu des craintes
de l’épouvante : "Dieu !" Celui qui ne croit pas en Moi
ni dans ma parole est encore dans cette crainte paralysante...
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374> Observez l’intérieur du
Temple. Non seulement Dieu, mais aussi le souvenir
de Dieu est caché aux yeux des fidèles par un triple voile. Séparation par la
distance, séparation par les voiles, tout a été pris et appliqué pour dire à
celui qui prie: "Tu es fange. Lui est Lumière. Tu es abject. Lui est
Saint. Tu es esclave. Lui est Roi".
Mais maintenant !... Relevez-vous ! Approchez-vous ! Je suis
le Prêtre Éternel. Je puis vous prendre par la main et vous dire :
"Venez". Je puis saisir les rideaux du vélarium et les ouvrir,
ouvrant tout grand l’inaccessible lieu fermé jusqu’à maintenant.
Fermé ? Pourquoi ? Fermé à cause de la Faute, oui, mais encore plus
étroitement fermé par la pensée avilie des hommes. Pourquoi fermé si Dieu est
Amour, si Dieu est Père ? Je peux, je dois, je veux vous conduire non
pas dans la poussière mais dans l’azur; non pas au loin, mais tout près; non
pas comme esclaves, mais comme fils sur le cœur de Dieu. "Père !
Père !" dites cette parole et ne vous lassez pas de la dire. Ne
savez-vous pas que chaque fois que vous la dites, le Ciel rayonne de la joie
de Dieu ? Ne diriez-vous que ce mot, avec un amour véritable, vous
feriez déjà une prière agréable au Seigneur. "Père ! Mon
père !" disent les petits à leur père.
C’est la parole qu’ils disent la première : "Mère, père". Vous
êtes les petits enfants de Dieu. Je vous ai engendrés du vieil homme que vous
étiez. Ce vieil homme, je l’ai détruit par mon amour, pour faire naître
l’homme nouveau, le chrétien. Appelez donc du nom que les petits connaissent
le premier le Père Très Saint qui est aux Cieux.
"Que
soit sanctifié ton Nom".
Oh ! Nom, plus que tout autre, saint et suave, Nom que la terreur du
coupable vous a appris à voiler sous un autre nom. Non, plus Adonaï, plus.
C’est Dieu. C’est le Dieu qui dans un excès d’amour a créé l’humanité. Que
l’Humanité de l’avenir, avec les lèvres purifiées par le bain que je prépare,
l’appelle de son Nom, se réservant de comprendre avec la plénitude de la
sagesse le sens de cet Incompréhensible lorsque, fondue avec Lui, l’Humanité
avec les meilleurs de ses enfants, sera élevée jusqu’au Royaume que je suis
venu fonder.
"Que
vienne ton Règne sur la terre comme au Ciel".
Désirez de toutes vos forces cet avènement. Ce serait la joie sur la terre, s’il
venait.
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375> Le Règne de Dieu dans
les cœurs, dans les familles, entre les citoyens, entre les nations.
Souffrez, prenez de la peine, sacrifiez-vous pour ce Règne. Que la terre soit
un miroir qui reflète en chacun la vie des Cieux. Il viendra. Un jour tout
cela viendra. Des siècles et des siècles de larmes et de
sang, d’erreurs, de persécutions, de brouillard traversé d’éclairs de lumière
qu’irradiera le Phare mystique de mon Église - si elle est une barque qui ne
sombrera pas, elle est aussi un rocher qui résistera aux vagues et elle
tiendra bien haut la Lumière, ma Lumière, la Lumière de Dieu - tout cela
précédera le moment où la terre possèdera le Royaume de Dieu. Ce sera alors
comme le flamboiement d’un astre qui, après avoir atteint la perfection de
son existence, se désagrège, fleur démesurée des jardins éthérés pour exhaler
dans une rutilante palpitation son existence et son amour aux pieds de son
Créateur. Mais cela viendra. Et ensuite, ce sera le Royaume parfait,
bienheureux, éternel du Ciel.
"Et
que sur la terre comme au Ciel soit faite ta volonté".
L’anéantissement de la volonté propre au profit de celle d’un autre ne peut se
produire que lorsqu’on a atteint le parfait amour pour cette créature.
L’anéantissement de la volonté propre au profit de celle de Dieu ne peut se
produire que quand on a atteint la perfection des vertus théologales à un
degré héroïque. Au Ciel, où tout est sans défauts, s’accomplit la volonté de
Dieu. Sachez, vous, fils du Ciel, faire ce que l’on fait au Ciel.
"Donne-nous
notre pain quotidien".
Quand vous serez au Ciel, vous ne vous nourrirez que de Dieu. La béatitude
sera votre nourriture. Mais, ici-bas, vous avez encore besoin de pain. Et
vous êtes les petits enfants de Dieu. Il est donc juste de dire: "Père,
donne-nous le pain". Avez-vous peur qu’Il ne vous écoute pas ?
Oh ! non ! Réfléchissez: supposez que l’un de vous ait un ami et
qu’il s’aperçoive qu’il manque de pain pour rassasier un autre ami ou un
parent arrivé chez lui à la fin de la seconde veille. Il va trouver l’ami son
voisin et lui dit: "Ami, prête-moi trois pains, car il m’est arrivé un
hôte et je n’ai rien à lui donner à manger".
Peut-il s’entendre répondre de l’intérieur de la maison: "Ne m’ennuie
pas car j’ai déjà fermé la porte et bloqué les battants, et mes enfants
dorment déjà à mes côtés. Je ne peux me lever et te donner ce que tu
veux" ? Non. S’il s’est adressé à un véritable ami et qu’il
insiste, il aura ce qu’il demande. Il l’aurait même s’il s’était adressé à un
ami pas très bon. Il l’aurait à cause de son insistance car celui auquel il
demande ce service, pour n’être plus importuné, se hâterait de lui en donner
autant qu’il en veut.
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376> Mais vous, quand vous priez
le Père, vous ne vous adressez pas à un ami de la terre, mais vous vous
tournez vers l’Ami Parfait qui est le Père du Ciel. Aussi, je vous dis:
"Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et
l’on vous ouvrira". En effet, à qui
demande on donne, qui cherche finit par trouver, à qui frappe on ouvre la
porte. Qui, parmi les enfants des hommes, se voit présenter une pierre, s’il
demande du pain à son propre père? Qui se voit donner un serpent à la place
d’un poisson grillé? Il serait un criminel le père qui agirait ainsi à
l’égard de ses enfants. Je l’ai déjà dit et je le répète pour vous encourager
à des sentiments de bonté et de confiance. De même donc que quelqu’un dont
l’esprit est sain ne donnerait pas un scorpion à la place d’un oeuf, avec quelle plus grande bonté Dieu ne vous
donnera-t-Il pas ce que vous demandez ! Puisque Il est bon, alors que
vous, plus ou moins, vous êtes mauvais. Demandez donc avec un amour humble et
filial votre pain au Père.
"Remets-nous nos dettes comme
nous les remettons à nos débiteurs".
Il y a les dettes matérielles et les dettes spirituelles. Il y a encore les
dettes morales. C’est une dette matérielle, l’argent ou la marchandise qu’on
vous a prêtés et qu’on doit rendre. C’est une dette morale, l’estime que l’on
exige sans réciprocité, et l’amour que l’on veut mais que l’on ne donne pas.
C’est une dette spirituelle, l’obéissance à Dieu, de qui on exigerait
beaucoup, quitte à Lui donner bien peu, et l’amour qu’on doit avoir pour Lui.
Mais Il nous aime et doit être aimé comme on aime une mère, une épouse, un
fils de qui on exige tant de choses. L’égoïste veut avoir et ne donne pas.
Mais l’égoïste est aux antipodes du Ciel. Nous avons des dettes envers
tout le monde. De Dieu au parent, de celui-ci à l’ami, de l’ami au prochain,
du prochain au serviteur et à l’esclave, car tous sont des êtres comme nous.
Malheur à qui ne pardonne pas ! Il ne sera pas pardonné. Dieu ne peut
pas, par justice, remettre ce que l’homme Lui doit à Lui Très Saint si
l’homme ne pardonne pas à son semblable.
"Ne nous induis pas en tentation,
mais délivre-nous du Malin".
L’homme qui n’a pas éprouvé le besoin de partager avec nous le souper de la
Pâque m’a demandé, il y a moins d’un an : "Comment ? Tu as
demandé de ne pas être tenté et d’être aidé dans la tentation contre
elle-même ?" Nous étions nous deux, seuls... et j’ai répondu .
Une autre fois, nous étions quatre dans un endroit isolé, et j’ai répondu de
nouveau. Mais il n’était pas encore satisfait, car dans un esprit compliqué,
il faut d’abord ouvrir une brèche en démolissant la forteresse perverse de sa
suffisance. Et, pour cette raison, je le dirai encore une fois, dix, cent
fois jusqu’à ce que tout soit accompli.
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377> Mais vous qui n’êtes pas
cuirassés par des doctrines malheureuses et des passions plus malheureuses
encore, veuillez prier ainsi. Priez avec humilité pour que Dieu empêche les
tentations. Oh ! l’humilité ! Se connaître pour ce que l’on
est ! Sans s’avilir, mais se connaître. Dire : "Je pourrais
céder même s’il me semble que je ne le puisse pas car je suis, pour moi-même,
un juge imparfait. Par conséquent, mon Père, délivre-moi, si possible, des
tentations en me tenant tellement proche de Toi afin de ne pas permettre au
Malin de me nuire". Car, souvenez-vous-en, ce n’est pas Dieu qui porte
au Mal, mais c’est le Mal qui tente. Priez le Père pour qu’Il soutienne votre
faiblesse au point qu’elle ne puisse être induite en tentation par le Malin.
J’ai dit, mes bien-aimés. C’est ma seconde Pâque au milieu de vous. L’an
dernier nous avons seulement ensemble rompu le pain et partagé l’agneau.
Cette année, je vous donne la prière. J’aurai d’autres dons pour mes autres
Pâques parmi vous afin que, quand je serais allé là où me veut le Père, vous
ayez un souvenir de Moi, l’Agneau, dans toute fête de l’agneau mosaïque.
Levez-vous et partons. Nous rentrerons en ville à l’aurore. Ou plutôt :
demain, toi Simon, et toi mon frère (il indique Jude), vous irez prendre les
femmes et l’enfant. Toi, Simon de Jonas, et vous autres, resterez avec Moi
jusqu’à ce qu’ils reviennent. Ensuite nous irons ensemble à Béthanie."
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