"L'Évangile tel qu'il m'a été révélé"
de Maria Valtorta

© Fondation héritière de Maria Valtorta.

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Qui sommes-nous ?



 3.172. - Quarto discorso della Montagna: il giuramento, la preghiera, il digiuno. Il vecchio Ismaele e Sara.

 2.172. - The Sermon of the Mount. The Beatitudes (Part Three).

 3.172 - Cuarto discurso de la Montaña: el juramento, la oración, el ayuno. El anciano Ismael y Sara.

 3.211 - Die Bergpredigt: Die Seligpreisungen (Dritter Teil).

 Évangile :          
- Matthieu 5, 33-37.
- Matthieu 6, 7-15.
- Matthieu 7, 7-12.
- Luc 11,9-13.


Mercredi 16 février 28
(5 Adar I 3788)
Mont des Béatitudes.




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 Eh bien, moi je vous dis de ne faire aucun serment.

 Pourquoi faire appel aux morts ?

 Que votre oui soit oui.

 La prière en secret.

 Demandez et vous recevrez.

 Être exaucé ou pas.

 Le jeûne.

 La prière est un acte d’amour.


 Les références de l'Ancien Testament sont de David Amos.

 Les commentaires de bas de page sont de Jean-François Lavère.

 Voir aussi l'infographie de Carlos Martinez.

Accueil >> Plan du Site >> Sommaire du Tome.

Ancienne édition : Tome 3, chapitre 32.
Nouvelle édition : Tome 3, chapitre 172.
Le Sermon sur la Montagne.

172
Quatrième sermon sur la Montagne : le serment, la prière, le jeûne. Le vieil Ismaël et Sarah.

Le samedi 26 mai 1945.

104>  172.1 – Le sermon sur la montagne continue. 

Au même endroit et à la même heure. La foule est la même, sauf le romain
[1], peut-être encore plus nombreuse car il y en a jusqu'au commencement des sentiers qui vont vers la vallée[2].          

Jésus parle :         

"Une des erreurs fréquente chez l'homme c'est le manque d'honnêteté même envers lui-même. Comme l'homme a du mal à être sincère et honnête, il s'est façonné un mors pour s'obliger à suivre la voie qu'il a dite. C'est un mors que du reste, lui, comme un cheval indompté, change facilement de place pour modifier à son gré sa marche, ou qu'il enlève complètement, agissant à sa fantaisie sans plus se soucier des reproches qu'il peut recevoir de Dieu, des hommes et de sa propre conscience.
 Ce mors, c'est le serment. Mais le serment n'est pas nécessaire entre gens honnêtes, et Dieu, en ce qui le concerne, ne vous l'a pas enseigné, au contraire Il vous a fait dire : "Ne dites pas de faux témoignages"[3] sans rien ajouter d'autre. Parce que l'homme devrait être franc sans qu'il ait besoin d'autre chose que de la fidélité à sa parole.       

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105>
Quand dans le Deutéronome on parle des vœux, même des vœux qui sont une chose venant d'un cœur qui se croit lié à Dieu ou par sentiment de besoin ou par sentiment de reconnaissance, il est dit : "Tu dois garder la parole une fois sortie de tes lèvres, en faisant ce que tu as promis au Seigneur ton Dieu, ce que tu as prononcé volontairement de ta bouche"[4]. On parle toujours de parole donnée, sans autre chose que la parole.         

Celui qui sent le besoin de faire un serment, c'est que déjà il n'est pas sûr de lui-même ni de l'opinion du prochain à son égard. Et celui qui exige le serment c'est qu'il se défie de la sincérité et de l'honnêteté de celui qui le prononce. Comme vous le voyez, cette habitude du serment est une conséquence de la malhonnêteté de l'homme. Et c'est une honte pour l'homme. Double honte car l'homme n'est même pas fidèle à cette chose honteuse qu'est le serment et, se moquant de Dieu avec la même facilité qu'il se moque du prochain, il arrive à se parjurer avec la plus grande facilité et la plus grande tranquillité.       

 172.2 – Peut-il y avoir une créature plus abjecte que le parjure ? Celui-ci use souvent d'une formule sacrée en demandant par conséquent la complicité et la garantie de Dieu ou bien il invoque les affections les plus chères : le père, la mère, l'épouse, les enfants, ses morts, sa vie elle-même et ses organes les plus précieux, qu'il appelle à l'appui de ses dires mensongers, il amène ainsi son prochain à se fier à lui. Il le trompe donc. C'est un sacrilège, un voleur, un traître, un homicide. De qui ? Mais de Dieu, puisqu'il mélange la Vérité à l'infamie de ses mensonges et le bafoue en le bravant : "Frappe-moi, démens-moi si Tu peux. Tu es là-bas, moi je suis ici et je m'en ris". Oui !   

Riez, riez bien, ô menteurs et railleurs ! Mais viendra le moment où vous ne rirez pas et ce sera quand Celui à qui est remis tout pouvoir vous apparaîtra terrible dans sa majesté et par son seul aspect vous rendra attentifs et vous foudroiera de son seul regard, avant, avant encore que sa voix ne vous précipite vers votre destin éternel en vous marquant de sa malédiction.     

C'est un voleur, car il s'approprie une estime qu'il ne mérite pas. Le prochain frappé par son serment la lui accorde et le serpent s'en fait un ornement en se montrant pour ce qu'il n'est pas. C'est un traître, car par son serment il promet une chose qu'il ne veut pas tenir.         

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C'est un homicide parce que soit il tue l'honneur de son semblable en lui enlevant par son faux serment l'estime du prochain, soit il tue sa propre âme, car le parjure est un abject pécheur aux yeux de Dieu qui voient même si personne d'autre ne la voit, la vérité. On ne trompe pas Dieu ni avec des paroles menteuses ni par une conduite hypocrite. Lui voit. Pas un seul instant Il ne perd de vue chacun des hommes. Il n'y a pas de forteresse ni de souterrain où ne puisse pénétrer son regard. Même en votre intérieur, la forteresse que chaque homme a autour de son cœur, Dieu pénètre. Et Il ne vous juge pas sur vos serments mais sur vos actions.      

 172.3 – Voilà pourquoi Moi, à l'ordre qui vous a été donné, quand fut mis en usage le serment pour mettre un frein au mensonge et à la facilité de manquer à la parole donnée, je substitue un autre ordre. Je ne dis pas comme les anciens : "Ne vous parjurez pas, mais soyez fidèles à vos serments" [5], mais je vous dis: "Ne faites jamais de serments". Ni au nom du Ciel qui est le trône de Dieu, ni par la terre qui est l'escabeau de ses pieds, ni par Jérusalem et son Temple qui sont la cité du grand Roi et la maison du Seigneur notre Dieu. [6]        

Ne jurez pas sur les tombes des trépassés ni sur leurs esprits. Les tombes sont pleines des restes de ce qui est inférieur dans l'homme et de ce qui est commun avec les brutes. Les esprits, laissez-les dans leurs demeures. Faites qu'ils ne souffrent pas et ne soient pas horrifiés s'il s'agit des esprits de justes qui sont déjà dans une préconnaissance de Dieu. Et parce qu'il s'agit d'une préconnaissance, c'est-à-dire une connaissance partielle car jusqu'au moment de la Rédemption ils ne posséderont pas Dieu dans la plénitude de sa splendeur, ils ne peuvent pas ne pas souffrir de vous voir pécheurs. Et, s'ils ne sont pas justes, n'augmentez pas leur tourment en leur rappelant leur péché par le vôtre. Laissez, laissez les morts saints dans la paix et ceux qui ne sont pas saints dans leur peine. N'enlevez rien aux premiers, n'ajoutez rien aux seconds.
 Pourquoi faire appel aux morts ? Ils ne peuvent parler. Les saints parce que la charité le leur défend : ils devraient trop souvent vous démentir. Les damnés parce que l'Enfer n'ouvre pas ses portes et que les damnés n'ouvrent la bouche que pour maudire et parce que toute voix est étouffée par la haine de Satan et des satans car les damnés sont des satans.    

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Ne jurez ni sur la tête de votre père, ni sur celle de votre mère, ni sur celle de votre épouse ou de vos enfants innocents. Vous n'en avez pas le droit. Sont-ils par hasard de l'argent ou une marchandise ? Sont-ils une signature sur un papier ? Ils sont plus et moins que ces choses. Ils sont le sang et la chair de ton sang, homme, mais ils sont aussi des créatures libres et tu ne peux t'en servir comme esclaves pour garantir un faux que tu as fait. Et ils sont moins que ta propre signature car tu es intelligent, libre et adulte et non pas un interdit ou un enfant qui n'est pas au courant et qui, pour cette raison, doit être représenté par ses parents. Tu es ce que tu es : un homme doué de raison et par conséquent tu es responsable de tes actions et tu dois agir par toi-même, en garantissant tes actions et tes paroles par ton honnêteté et ta sincérité, l'estime que tu as su faire naître chez le prochain, non pas l'honnêteté, la sincérité des parents et l'estime qu'eux ont su faire naître. Les pères sont-ils responsables de leurs enfants ? Oui, mais tant qu'ils sont mineurs. Ensuite chacun est responsable de lui-même. Les enfants des justes ne sont pas toujours des justes, et une femme sainte n'est pas toujours mariée à un homme saint. Pourquoi alors baser votre garantie sur la justice de votre conjoint ? Pareillement d'un pécheur peuvent naître des enfants saints et tant qu'ils sont innocents, ils sont tous des saints. Pourquoi alors prendre un être pur pour garantir cet acte impur qui est le serment auquel on veut ensuite manquer ?        

Ne jurez pas non plus par votre tête, vos yeux, votre langue et vos mains. Vous n'en avez pas le droit. Tout ce que vous avez appartient à Dieu. Vous n'êtes que les gardiens temporaires des trésors moraux ou matériels que Dieu vous a accordés. Pourquoi alors disposer de ce qui n'est pas à vous ? Pouvez-vous ajouter un cheveu à votre tête ou en changer la couleur ? Et, si vous ne pouvez le faire, pourquoi garantir un serment que vous faites par votre vue, votre parole, la liberté de vos membres ? Ne bravez pas Dieu. Il pourrait vous prendre au mot et assécher vos yeux, comme Il peut sécher les arbres de vos vergers, ou vous enlever vos enfants comme Il peut vous arracher vos maisons, pour vous rappeler que Lui est le Seigneur et vous ses sujets et que maudit est celui qui s'idolâtre au point de se considérer supérieur à Dieu en le bravant par le mensonge.        

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 172.4 – Que votre parler soit : oui si c'est oui, non si c'est non [7]. Rien de plus. Ce que vous dites de plus, c'est le Malin qui vous le suggère, pour rire ensuite de vous parce que ne pouvant tout retenir, vous tombez dans le mensonge et on vous bafoue et vous vous faites une réputation de menteurs.        

Sincérité, fils. Dans la parole et dans la prière. Ne faites pas comme les hypocrites. Quand ils prient, ils aiment à rester debout dans les synagogues ou aux coins des places pour que les hommes les voient et les louent comme hommes pieux et justes, mais quand ils sont dans leurs familles, ils offensent Dieu et le prochain. Ne voyez-vous pas, à la réflexion, que c'est une sorte de parjure
[8] ? Pourquoi vouloir soutenir ce qui n'est pas vrai dans le but de conquérir une estime que vous ne méritez pas ? La prière hypocrite se propose de dire : "En vérité moi, je suis un saint. Je le jure aux yeux de ceux qui me voient prier et qui ne peuvent démentir de me voir prier". C'est un voile dont on couvre une méchanceté réelle. La prière faite dans cette Intention devient un blasphème.     

Laissez à Dieu le soin de vous proclamer saints. Et faites que toute votre vie crie pour vous : "Voici un serviteur de Dieu". Mais vous, vous, par charité pour vous-mêmes, gardez le silence. Ne faites pas de votre langue, poussée par votre orgueil, un objet de scandale aux yeux des anges. Il vaudrait mieux devenir muets à l'instant, si vous n'avez pas la force de commander à votre orgueil et à votre langue qui vous poussent à vous proclamer vous-mêmes justes et agréables à Dieu. Laissez aux hommes orgueilleux et faux cette pauvre gloire ! Laissez-leur, à eux cette récompense éphémère. Pauvre récompense ! Mais c'est celle qu'ils veulent et ils n'en auront pas d'autre car ils ne peuvent en avoir qu'une. Ou la vraie récompense qui vient du Ciel et est éternelle et juste ou cette fausse récompense qui vient de la terre et qui dure autant que la vie de l'homme et encore moins, et il faut ensuite la payer, étant injuste, après la vie par une très mortifiante punition.       

 172.5 – Écoutez comment vous devez prier par vos lèvres, par votre travail, par tout vous-mêmes, par l'impulsion d'un cœur qui aime Dieu, oui, en voyant en Lui un Père, mais [d’un cœur] qui se souvient aussi qui est le Créateur, et qui est la créature et qui se tient avec un respectueux amour en présence de Dieu, toujours, soit que vous priez ou vous occupiez d'affaires, soit que vous marchiez ou vous reposez, soit que vous receviez un salaire ou en fassiez bénéficier un autre.        

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109> Par l'impulsion du cœur, ai-je dit. C'est la qualité première et essentielle, car tout vient du cœur. Tel est le cœur, telle la pensée, la parole, le regard, l'action. C'est de son cœur que le juste tire le bien, et plus il en tire plus il en trouve, car le bien que l'on fait donne naissance à un bien nouveau. C'est comme le sang qui se renouvelle dans le circuit des veines et revient au cœur toujours enrichi d'éléments nouveaux venant de l'oxygène qu'il a absorbé ou des sucs des aliments qu'il a assimilés[9]. L'homme pervers, au contraire, ne peut tirer de son cœur ténébreux et rempli de mensonge et de poison que mensonge et poison qui se développent toujours plus, fortifiés qu'ils sont par les fautes qu'ils accumulent comme s'accumulent sur celui qui est bon les bénédictions de Dieu. Croyez en effet que c'est le trop plein du cœur qui déborde des lèvres et se manifeste dans les actions.

Faites-vous un cœur humble et pur, aimant, confiant, sincère. Aimez Dieu avec l'amour pudique d'une vierge pour son époux. En vérité je vous dis que toute âme est une vierge, mariée à l'Éternel Aimant, à Dieu Notre Seigneur. Cette terre est le temps des fiançailles dont
l'ange donné à tout homme comme gardien [10] est le spirituel paranymphe, et toutes les heures, toutes les contingences de la vie sont autant de servantes qui préparent le trousseau nuptial. L'heure de la mort, c'est l'heure de l'accomplissement des noces et alors viennent : la connaissance, l'embrassement, la fusion et, parée de son vêtement de définitive épousée, l'âme peut enlever son voile et se jeter dans les bras de son Dieu sans que cet amour de l'Époux puisse scandaliser les autres.        

 Mais, pour le moment, vous êtes encore des âmes sacrifiées dans les liens des fiançailles avec Dieu. Quand vous voulez parler à l'Époux, entrez dans la paix de votre demeure et surtout dans la paix de votre demeure intérieure et parlez, ange de chair assisté par votre ange gardien, parlez au Roi des anges. Parlez à votre Père dans le secret de votre cœur et de votre demeure intérieure. Laissez dehors tout ce qui appartient au monde : et la manie de vous faire remarquer et celle d'édifier, et les scrupules des longues prières pleines de paroles, de paroles, de paroles, monotones, tièdes et sans amour.

 172.6 – Pour l'amour de Dieu ! Débarrassez-vous de l’habitude de mesurer votre temps de prière. En vérité, il y a certaines personnes qui dépensent tant et tant d'heures en un monologue que répètent les lèvres seules. C'est un vrai soliloque car l'ange gardien lui-même ne l'écoute pas, tant c'est une rumeur vaine à laquelle il essaye de remédier en se plongeant dans une ardente oraison pour le sot dont il a la garde.     

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En vérité, il y a des personnes qui n'emploieraient pas ces heures d'une autre manière même si Dieu leur apparaissait pour leur dire : "Le salut du monde exige que vous abandonniez ce bavardage sans âme pour aller en toute simplicité puiser de l'eau à un puits et arroser le sol par amour pour Moi et pour vos semblables." En vérité il y a des personnes qui croient leur monologue plus important que l'accueil courtois d'un visiteur ou le secours charitable apporté à qui en a besoin. Ces âmes sont tombées dans l'idolâtrie de la prière.        

 La prière est un acte d'amour. On peut aimer aussi bien en faisant le pain qu'en priant, en assistant un infirme qu'en méditant, en vaquant aux tâches familiales qu'en faisant un pèlerinage au Temple, en sacrifiant même nos justes désirs de nous recueillir dans le Seigneur qu'en sacrifiant un agneau. Il suffit d'imprégner d'amour tout son être et toute son activité. N'ayez pas peur ! Le Père voit. Le Père comprend. Le Père écoute. Le Père accorde ce qu'il faut. Que de grâces n'accorde-t-il pas pour un seul soupir d'amour, vrai, parfait ! Quelle abondance de grâces pour un sacrifice intime fait avec amour ! Ne ressemblez pas aux gentils. Dieu n'a pas besoin que vous Lui disiez ce qu'il doit faire parce que vous en avez besoin. Cela, les païens peuvent le dire à leurs idoles qui ne peuvent l'entendre. Mais n'agissez pas ainsi avec Dieu, avec le Dieu Vrai, Spirituel, qui n'est pas seulement Dieu et Roi, mais qui est aussi votre Père et qui sait, avant que vous ne le Lui demandiez, ce dont vous avez besoin.       

 172.7 – Demandez et l'on vous donnera. Cherchez et vous trouverez. Frappez et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve et qui frappe à la porte la voit s'ouvrir. Quand un enfant vous tend sa petite main en disant : "Père, j'ai faim" lui donnez-vous une pierre, par hasard ? Lui donnez-vous un serpent s'il demande un poisson ? Non, bien sûr, mais en donnant pain et poisson, vous ajoutez une caresse et une bénédiction car il est doux à un père de nourrir son enfant et de voir son sourire heureux. Si donc vous, dont le cœur est imparfait, savez donner de bonnes choses à vos enfants par le seul amour naturel que l'animal aussi a pour ses petits, bien plus votre Père qui est dans les Cieux accordera à ceux qui le Lui demandent ce qui est bon et nécessaire pour leur bien. N'ayez pas peur de demander et n'ayez pas peur de ne pas obtenir !    

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111>  Cependant, je vous mets en garde contre une erreur où l'on tombe facilement. Cependant ne faites pas comme ceux qui sont faibles dans leur foi et leur amour, les païens de la vraie religion. En effet, parmi les croyants il y a des païens dont la pauvre religion est un grouillement de superstitions et de foi, un édifice chancelant, envahi par des plantes parasites de toutes espèces, de sorte qu'il s'effrite et tombe en ruines. Ces gens faibles et païens sentent mourir leur foi s'ils ne se voient pas exaucés.

Vous, vous demandez. Et il vous paraît juste de demander. En effet, à ce moment-là cette grâce ne serait pas inutile. Mais la vie ne se termine pas avec ce moment. Et ce qui est bien aujourd'hui pourrait ne pas l'être demain. Cela vous ne le savez pas parce que vous ne connaissez que le moment présent et c'est encore une grâce de Dieu. Mais Dieu connaît aussi l'avenir, et souvent pour vous épargner une peine plus grande Il laisse une prière non exaucée.        

En mon année de vie publique, plus d'une fois j'ai entendu des cœurs qui gémissaient : "Combien j'ai souffert alors, quand Dieu ne m'a pas écouté. Mais maintenant je dis : 'Ce fut bien ainsi, car cette grâce m'aurait empêché d'arriver à cette heure de Dieu' ". J'en ai entendu d'autres qui disaient et me disaient : "Pourquoi, Seigneur, ne m'exauces-tu pas ? Tu l'accordes aux autres et pas à moi ?" Et pourtant, souffrant de voir souffrir, j'ai dû dire: "Je ne puis pas" car les exaucer aurait signifié entraver leur vol vers la vie parfaite. Le Père aussi certaines fois dit : "Je ne puis pas". Ce n'est pas qu'il ne puisse accomplir l'acte immédiat. Mais il s'y refuse parce qu'il connaît les conséquences futures.        

Écoutez. Un jeune enfant souffre des intestins. La mère appelle le médecin et le médecin dit : "Pour qu'il guérisse, il faut une diète absolue". L'enfant pleure, crie, supplie, paraît languir. La mère, toujours pleine de pitié, unit ses lamentations à celles de son fils. Cette défense absolue lui paraît dureté de la part du médecin. il lui semble que ce jeûne et ces larmes peuvent nuire à son enfant. Mais le médecin reste inexorable. A la fin, il dit : "Femme, moi je sais, toi tu ne sais pas. Veux- tu perdre ton enfant ou veux-tu que je le sauve ?" La mère crie : "Je veux qu'il vive !" "Et alors" dit le médecin "je ne puis permettre la nourriture. Ce serait la mort". C'est ainsi, que parfois parle le Père.    

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Vous, mères pleines de pitié pour votre moi, vous ne voulez pas l'entendre pleurer parce qu'on lui refuse une grâce. Mais Dieu dit : “Je ne le peux pas. Ce serait ton malheur.” Un jour viendra – si ce n’est l’éternité – où on dira : “Merci, mon Dieu, de ne pas avoir écouté ma sotte demande !”    

 172.8 – Ce que j’ai dit pour la prière, je le dis pour le jeûne. Quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme le font les hypocrites qui artificieusement exténuent leurs visages pour que le monde sache et croie, même si ce n’est pas vrai, qu’ils jeûnent. Eux aussi ont déjà eu, par la louange du monde, leur récompense et n’en auront pas d’autre. Mais vous, quand vous jeûnez prenez un air gai, lavez-vous à plusieurs eaux le visage pour qu’il paraisse frais et lisse, oignez-vous la barbe[11] et parfumez votre chevelure, ayez sur les lèvres le sourire de quelqu’un qui a bien déjeuné. Oh ! qu’en vérité ce ne soit pas tant la nourriture que l’amour qui vous soutienne ! Et celui qui jeûne par amour se nourrit de l’amour. En vérité je vous dis que même si le monde vous traite de "vaniteux" et de "publicains", votre Père verra votre héroïque secret et vous en donnera double récompense, pour le jeûne et pour le sacrifice de la louange que vous pourriez recevoir.      

Et maintenant que votre âme a été nourrie, allez donner la nourriture à votre corps.         

 172.9 – Que ces deux pauvres restent avec nous. Ils seront les hôtes bénis qui donneront de la saveur à notre pain. La paix soit avec vous."        

Et les deux pauvres restent. C’est une femme très amaigrie et un homme vieux, très vieux. Mais ils ne sont pas ensemble. Le hasard les a réunis et ils étaient restés dans un coin, humiliés, tendant inutilement la main à ceux qui passaient devant eux.

Jésus va directement vers eux car ils n’osent pas avancer et les prend par la main en les amenant au centre du groupe des disciples sous une espèce de tente que Pierre a dressée dans un coin et sous laquelle peut-être ils s’abritent la nuit ou se réunissent pendant les heures les plus chaudes de la journée. C’est une tente de branchages et... de manteaux. Mais elle est utile bien qu’elle soit si basse que Jésus et l’Iscariote, les deux plus grands, doivent se courber pour entrer.       

"Voici le père et voici une sœur. Apportez ce que nous avons et pendant que nous prendrons notre nourriture, nous écouterons leur histoire."

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Et Jésus sert personnellement les deux pauvres honteux et en écoute la lamentable histoire. Le vieillard est seul depuis que sa fille s’en est allée au loin avec son mari et a oublié son père. La femme aussi est seule depuis que la fièvre a tué son mari, et par surcroît elle est malade.         

"Le monde nous méprise parce que nous sommes pauvres, dit le vieillard. Je vais en demandant l’aumône pour recueillir de quoi accomplir la Pâque. J’ai quatre-vingts ans. J’ai toujours fait la Pâque et celle-ci est peut-être la dernière. Mais je veux aller sans aucun remords dans le sein d’Abraham. De la même façon que je pardonne à ma fille, j’espère être pardonné. Et je veux faire ma Pâque."

"Mais le chemin est long, père."

"Plus long est le chemin du Ciel si on n’accomplit pas le rite."       

"Tu chemines seul ? Et si tu te sens mal en route ?"

"L’ange de Dieu me fermera les yeux."

Jésus caresse sa tête tremblante et blanche et il demande à la femme :   

"Et toi ?"    

"Je vais à la recherche de travail. Si j’étais mieux nourrie, je guérirais des fièvres et si j‘étais guérie, je pourrais travailler aux grains."          

"Tu crois que la nourriture seule te guérirait ?"        

"Non. Il y a aussi Toi.., mais je suis une pauvre chose, une trop pauvre chose pour pouvoir demander la pitié."         

"Et si je te guérissais que voudrais-tu après ?"          

"Rien de plus. J’aurais eu déjà bien plus que je ne puis espérer."  

Jésus sourit et lui donne un morceau de pain humecté d’un peu d’eau vinaigrée qui sert de boisson. La femme le mange sans parler et Jésus continue de sourire.     

 172.10 – Le repas est vite fini. Il était tellement frugal ! Apôtres et disciples vont chercher de l’ombre sur les pentes, parmi les buissons. Jésus reste sous la tente. Le vieillard s’est allongé sur l’herbe et s’endort de fatigue. 

Peu après la femme, qui pourtant s’était éloignée pour se reposer à l’ombre, vient vers Jésus qui lui sourit pour l’encourager. Elle avance, timide et pourtant joyeuse, jusqu’à ce qu’elle arrive près de la tente et puis, vaincue par la joie, elle fait rapidement les derniers pas et tombe prosternée avec un cri étouffé :     

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"Tu m’as guérie ! Béni ! C’est l’heure du grand frisson, et je ne l’ai plus... Oh !" et elle baise les pieds de Jésus.   

"Es-tu sûre d’être guérie ? Je ne te l’ai pas dit. Ce pourrait être un hasard..."        

"Oh ! non ! Maintenant j’ai compris ton sourire quand tu m’as donné ce pain. Ta puissance est entrée en moi avec cette bouchée. Je n’ai rien à te donner en échange, rien d’autre que mon cœur. Commande à ta servante, Seigneur, et elle t’obéira jusqu’à la mort."   

"Oui. Tu vois ce vieil homme ? Il est seul et c’est un juste. Tu avais un mari et la mort te l’a enlevé. Lui avait une fille et l’égoïsme la lui a enlevée. C’est pire. Et pourtant, il ne maugrée pas. Mais il n’est pas juste qu’il s’en aille seul vers sa dernière heure. Sois une fille pour lui."     

"Oui, mon Seigneur."     

"Mais cela veut dire travailler pour deux."     

"Je suis forte, maintenant, et je le ferai."       

 172.11 – "Alors, va là-bas sur cette pente et dis à l’homme qui s’y repose, à celui-là qui est vêtu de toile bise, qu’il vienne me trouver."         

La femme s’en va promptement et revient avec Simon le Zélote.  

"Viens, Simon. J’ai à te parler. Attends, femme."     

Jésus s’éloigne de quelques mètres.    

"Penses-tu que Lazare aurait difficulté à accueillir une travailleuse de plus ?"        

"Lazare ? Mais je crois qu’il ne sait même pas combien il a de serviteurs. Un de plus, un de moins !... Mais, qui est-ce ?"        

"Cette femme. Je l’ai guérie et..."         

"Ça suffit, Maître. Si tu l’as guérie, c’est signe que tu l’aimes. Ce que tu aimes est sacré pour Lazare. Je m’engage pour lui."

"C’est vrai, ce que j’aime est sacré pour Lazare. Tu as bien dit. Et pour cette raison Lazare deviendra saint, car aimant ce que j’aime, il aimera la perfection. Je veux unir ce vieil homme à cette femme et faire faire joyeusement à ce patriarche sa dernière Pâque. J’aime beaucoup les vieillards qui sont saints et si je peux leur donner un crépuscule serein, je suis heureux."       

"Tu aimes aussi les enfants..."  

"Oui, et les malades..."   

"Et ceux qui pleurent..."

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"Et ceux qui sont seuls..." 

"Oh ! mon Maître ! mais tu ne te rends pas compte que tu aimes tout le monde ? Même tes ennemis ?"

"Je ne m’en aperçois pas, Simon. Aimer, c’est ma nature. Voilà que le patriarche s’éveille. Allons lui dire qu’il fera la Pâque avec une fille auprès de lui et qu’il ne manquera plus de pain."

Ils reviennent à la tente où la femme, les attend et ils s’en vont tous les trois près du vieillard qui est assis et relace ses sandales.

"Que fais-tu, père?"        

"Je redescends vers la vallée et j’espère trouver un abri pour la nuit, et demain je mendierai sur la route et puis... peu à peu... d’ici un mois, si je ne meurs pas, je serai au Temple."        

"Non."       

"Je ne dois pas ? Pourquoi ?"   

"Parce que le bon Dieu ne le veut pas. Tu n’iras pas seul. Cette femme viendra avec toi. Elle te conduira où je lui dirai et vous serez accueillis par amour pour Moi. Tu feras la Pâque, mais sans t’épuiser. Ta croix, tu l’as déjà portée, père. Dépose-la maintenant et recueille-toi en prière d’action de grâces pour le bon Dieu."        

"Mais pourquoi... mais pourquoi... moi.., moi, je ne mérite pas tant... Toi... une fille... C’est plus que si tu me donnais vingt ans... Et où, où m’envoies-tu ?..."        

Le vieil homme pleure dans le buisson de sa longue barbe.

"Chez Lazare de Théophile. Je ne sais pas si tu le connais."

"Oh !... Je suis des confins de la Syrie et je me souviens de Théophile... Mais.., mais... Oh ! Fils béni de Dieu, laisse-moi te bénir !"

Et Jésus, assis comme il l’est sur l’herbe en face du vieillard, se penche réellement pour lui permettre de Lui imposer solennellement les mains sur la tête. D’une voix de tonnerre, de sa voix caverneuse de vieillard, il prononce l’antique bénédiction [12] :          

"Que le Seigneur te bénisse et te garde. Que le Seigneur te montre sa face et ait pitié de Toi. Que le Seigneur tourne vers Toi son regard et te donne sa paix."



Jésus, Simon et la femme répondent ensemble :      

"Et qu’il en soit ainsi."   

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Fiche mise à jour le 04/11/2023.

 



[1] On apprend plus tard que ce romain en civil est en fait le centurion de Capharnaüm en mission de renseignement sur cet attroupement. Détail d’authenticité pour une force d’occupation et une administration romaine très centralisée. Mais qui a son importance dans la justification de l’Évangile : c’est parce que le centurion a écouté l’enseignement de Jésus qu’il a été touché et qu’il confessera sa foi dans son pouvoir.  

[2] Il s'agit des sentiers plus précisément décrits un peu plus loin, en EMV 174.3 et EMV 174.8.        

[3] Interdiction du Décalogue : Exode 20,16 et Deutéronome 5,20. L’enseignement sur le faux témoignage a déjà été donné par Jésus à ses apôtres, lors de la retraite commune à la Belle-Eau, deux mois auparavant : EMV 130.   

[4] Selon Deutéronome 23,23. Rappelé en Matthieu 5, 33 : Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne manqueras pas à tes serments, mais tu t’acquitteras de tes serments envers le Seigneur.

[5] Selon Lévitique 19,11-12.           

[6] Ainsi que le rapporte Matthieu 5,34-36 et Jacques 5,12.        

[7] Cette parole, rapportée par Matthieu et Jacques (voir ci-dessus), est également reprise par Paul en 2 Corinthiens 1,17b-18.   

[8] L'invective contre les hypocrites est rapportée par Matthieu 6,5, mais l'originalité de sa justification comme forme de parjure mérite attention.  

[9] Cette mention a été considérée comme anachronique puisque Le mot "oxygène" est d’origine récente (Lavoisier). Mais Jésus a déjà indiqué qu’il utilisait parfois des termes "modernes" pour adapter le langage à notre temps (un peu comme il utilise l’italien pour se faire comprendre de Maria Valtorta qui ne connaissait pas l’araméen NDLR). Quatre siècles avant J.-C., dans son livre « Du Cœur » (Περί Καρδίής, § 10 et 11) Hippocrate s’interrogeait déjà sur la circulation du sang dans les veines et sur le rôle présumé de l’air et des nutriments qu’il transporte. L’explication donnée par Jésus était donc "audible" par l’assistance (Source : note de Jean-François Lavère).   

[10] Cette affirmation de l'existence de l'ange gardien est une vérité sur laquelle le sentiment des Pères de l'Eglise est unanime, et qui est réaffirmée par le CEC n° 336 : "Chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie".     

[11] Le verbe original a le sens de graisser. Il s’agit donc probablement d’enduire la barbe d’huile d’olive, sans doute parfumée.       

[12] Bénédiction qui se trouve en Nombres 6,24-26.