Le vendredi 27 avril
1945.
483> 148.1 – Une nuit avec un clair de lune
si limpide qu'il révèle tous les détails du terrain et, avec le jeune blé en
herbe, les champs semblent des tapis de peluche vert-argenté traversés
par les rubans sombres des sentiers et gardés par les arbres tout éclairés du
côté de la lune, tout noirs à l'opposé.
Jésus
chemine, tranquille et seul. Il suit très rapidement son chemin jusqu'à ce
qu'il trouve un cours d'eau qui descend en bouillonnant vers la plaine en
direction nord-est .
Il le remonte jusqu'à un endroit solitaire près d'une pente boisée. Il tourne
encore, grimpe un sentier et arrive à un abri naturel au flanc de la colline.
Il entre et se penche sur un être couché qu'on distingue à peine au clair de
la lune qui éclaire le sentier mais ne pénètre pas dans la grotte. Il
l'appelle :
"Jean"
L'homme se réveille et s'assoit, encore pris par le sommeil. Mais vite, il
comprend quel est Celui qui l'appelle et se lève vivement, pour ensuite se
prosterner à terre en disant :
"Comment se fait-il que mon Seigneur soit venu jusqu'à moi ?"
"Pour réjouir ton cœur et le mien. Tu m'as désiré, Jean. Me voici.
Lève-toi. Sortons au clair de lune et assoyons-nous, pour parler, sur ce
rocher près de la grotte."
Jean obéit, se lève et sort. Mais, quand Jésus est assis, lui, dans sa peau
de brebis qui couvre mal son corps amaigri, se met à genoux en face du
Christ, renvoie en arrière ses cheveux longs et en désordre, qui lui
retombent sur les yeux, pour mieux voir le Fils de Dieu.
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484> Cela fait un très
grand contraste. Jésus, pâle et blond, aux cheveux soyeux et peignés, avec
une barbe courte au bas du visage. L'autre qui n'est qu'un buisson de poils
très noirs d'où émergent seulement deux yeux enfoncés, je dirais fiévreux,
tant ils brillent de leur couleur noir de jais.
148.2 – "Je suis venu te dire
"merci". Tu as accompli et tu accomplis, avec toute la perfection
de la Grâce qui est en toi, ta mission d'être mon Précurseur. Quand l'heure
viendra, tu entreras au Ciel à mes côtés, car tu auras tout mérité de Dieu.
Mais, en attendant, tu seras déjà dans la paix du Seigneur, mon ami bien
aimé"
"Bientôt j'entrerai dans la paix. Mon Maître et mon Dieu, bénis ton
serviteur pour le fortifier dans la dernière épreuve. Je n'ignore pas qu'elle
est désormais très proche et que je dois encore donner un témoignage:
celui du sang .
Et à Toi, plus encore qu'à moi, ce n'est pas chose inconnue que mon heure va
arriver. Ta venue, C'est la miséricordieuse bonté de ton cœur de Dieu qui l'a
voulue pour fortifier le dernier martyr d'Israël et le premier martyr des
temps nouveaux. Mais dis-moi seulement: aurai-je à attendre beaucoup ta
venue ?"
"Non, Jean, pas beaucoup plus qu'il ne s'est écoulé de temps de ta
naissance à la mienne"
"Que le Très-Haut en soit béni. Jésus... puis-je t'appeler
ainsi ?"
"Tu le peux, à cause des liens du sang et de ta sainteté. Ce nom, que
disent même les pécheurs, peut être dit par le saint d'Israël. Pour eux c'est
le salut, pour toi la douceur. Que veux-tu de Jésus, ton Maître et ton
cousin ?"
"Je vais mourir. Mais comme un père se préoccupe de ses enfants, je me préoccupe de mes disciples. Mes disciples... Tu es Maître et tu
sais combien vif est en nous l'amour pour eux. L'unique peine de ma mort,
c'est la crainte qu’ils se perdent comme des brebis sans berger.
Recueille-les Toi. Je te rends les trois qui sont à Toi et qui furent pour
moi de parfaits disciples, en t'attendant ,
Toi. En eux et spécialement en Matthias,
la Sagesse est réellement présente. J'en ai d'autres, et ils viendront à Toi.
Mais ceux-ci, permets que je te les confie nommément. Ce sont les trois qui
me sont les plus chers."
"Et ils me sont chers; à Moi aussi. Pars tranquille, Jean. Ils ne
périront pas. Ni ceux-ci, ni les autres qui sont tes vrais disciples.
Je recueille ton héritage et je veillerai sur lui comme sur le trésor le plus
cher qui me vient de mon parfait ami et du serviteur du Seigneur. "
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485> 148.3 – Jean s'abaisse jusqu'à terre et,
chose qui paraît impossible chez un personnage si austère, il pleure secoué
par de forts sanglots de joie spirituelle.
Jésus lui met la main sur la tête:
"Tes pleurs, qui sont joie et humilité, se rencontrent avec un chant
lointain au son duquel ton petit cœur a tressailli de joie. Ce chant et ces
pleurs sont le même hymne de louange à l'Éternel qui a fait de grandes
choses, Lui qui est puissant chez les esprits humbles. Ma Mère aussi, va de
nouveau entonner son cantique qu'elle chanta alors. Mais ensuite, pour Elle
aussi viendra la plus grande gloire, comme pour toi, après le martyre. Je
t'apporte aussi son salut. Tous les souhaits et tous les réconforts. Tu les
mérites. Ici ce n'est que la main du Fils de l'homme qui se tient sur ta
tête, mais du Ciel ouvert descend la Lumière et l'Amour pour te bénir,
Jean."
"Je ne mérite pas tant. Je suis ton serviteur."
"Tu es mon Jean. Ce jour-là, au Jourdain, je fus le Messie qui se
manifestait; ici, maintenant, c'est le cousin et le Dieu qui veut te donner
le viatique de son amour de Dieu et de parent. Lève-toi, Jean. Donnons-nous
le baiser d'adieu."
"Je ne mérite pas tant... Je l'ai toujours désiré, pendant toute ma vie,
mais je n'ose faire cet acte sur Toi. Tu es mon Dieu."
"Je suis ton Jésus. Adieu. Mon âme sera proche de la tienne, jusqu'à la
paix. Vis et meurs en paix pour tes disciples. Je ne puis te donner que cela,
à présent. Mais au Ciel je te donnerai le centuple, car tu as trouvé toute
grâce aux yeux de Dieu."
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