Le jeudi 5 septembre 1946.
468/469> 488.1 - Sans se préoccuper aucunement des
mauvais sentiments d'autrui, Jésus revient
au Temple pour la troisième journée. Pourtant il ne doit pas avoir dormi dans
Jérusalem car on voit ses sandales bien empoussiérées. Peut-être a-t-il passé
la nuit sur les collines qui entourent Jérusalem et, avec Lui, doivent être
restés ses frères Jacques et Jude
avec Joseph
(le berger) et Salomon. Il se rencontre avec les autres
apôtres et disciples près du mur oriental du Temple.
"Ils sont venus, tu sais ? Aussi bien chez nous que chez les disciples
les plus connus. Il s'est bien trouvé que tu n'y étais pas !"
"Nous devons toujours agir ainsi."
"Bon, mais nous en parlerons après. Allons."
"Une grande foule t'a et nous a précédés, qui exaltait tes miracles. Combien y en a-t-il qui sont convaincus et qui croient en Toi ! Tes
frères avaient raison sur ce point" dit Jean l'apôtre.
Ils sont allés te chercher jusque chez Annalia, tu sais"?"
"Et au palais de Jeanne.
Mais ils n'ont trouvé que Kouza...
et d'une humeur ! Il les a chassés comme des chiens en disant que dans sa
maison il ne voulait pas d'espions et qu'il en avait assez d'eux. Jonathas, qui est avec le
maître, nous l'a dit". dit Daniel
(le berger).
"Tu sais ? Les scribes voulaient
disperser ceux qui t'attendaient, en les persuadant que tu n'es pas le
Christ. Mais eux ont répliqué : "Ce n'est pas le Christ ? Et qui
voulez-vous alors qu'il soit ? Est-ce qu'un autre homme
pourra jamais faire les miracles qu'il fait, Lui ? Est-ce que, par
hasard, ils les ont faits ceux qui se disaient le Christ ? Non, non. Il
pourra se lever cent et mille imposteurs, soudoyés par vous et prétendant
être le Christ, mais aucun qui puisse venir ne fera jamais plus de miracles
comme ceux que Lui fait, et aussi nombreux que ceux qu'il fait". Et
comme les scribes et les pharisiens soutenaient que tu les fais parce que tu
es un Belzébuth, eux ont répliqué : "Oh ! alors, vous devriez en
faire de fracassants car certes que vous êtes des Belzébuth, si on vous
compare au Saint" raconte Pierre et il rit.
Et tous se mettent à rire en rappelant la réplique de la foule et le scandale
des scribes et des pharisiens qui s'en étaient allés indignés.
488.2 - Ils sont désormais à l'intérieur du
Temple et se trouvent vite entourés par une foule encore plus nombreuse que
les jours précédents.
"Paix à Toi, Seigneur ! Paix ! Paix !" crient les Israélites.
"Salut, Maître !" disent les gentils pour le saluer.
"Que la paix et la lumière viennent à vous" répond Jésus en un
unique salut.
Haut
de page.
470> "Nous craignions qu'ils
t'aient pris ou que tu ne venais pas par prudence et par dégoût. Et nous nous
serions dispersés pour te chercher partout" disent plusieurs.
Jésus a un pâle sourire, et il demande :
"Alors vous ne voulez pas me perdre ?"
"Et si nous te perdons, Maître, qui nous donnera les instructions et les
grâces que tu nous donnes ?"
"Mes instructions resteront en vous et
vous les comprendrez encore davantage quand je m'en serai allé... Et mon
absence de parmi les hommes n'empêchera pas les grâces de descendre sur ceux
qui prieront avec foi."
"Oh ! Maître ! Mais tu veux vraiment t'en aller ? Dis où tu vas et nous
te suivrons. Nous avons tant besoin de Toi !"
"Le Maître le dit pour voir si nous l'aimons. Mais où voulez-vous
qu'aille le Rabbi d'Israël sinon en Israël, ici ?"
"En vérité je vous dis que c'est pour peu encore que je suis avec vous et je vais vers ceux auxquels le Père m'a
envoyé. Ensuite vous me chercherez et vous ne me trouverez pas. Et où je
suis, vous, vous ne pourrez pas venir.
488.3 - Mais maintenant, laissez-moi aller.
Aujourd'hui je ne vais pas parler ici à l'intérieur. J'ai des pauvres qui
m'attendent autre part et qui ne peuvent venir parce qu'ils sont très
malades. Après la prière, j'irai chez eux."
Et avec l'aide de ses disciples, il se fraye un chemin en allant vers la Cour
des Israélites. Ceux qui restent se regardent entre eux.
"Où donc va-t-il aller ?"
"Chez son ami Lazare,
certainement. Il est si malade."
"Moi, je disais : où il ira, pas aujourd'hui, mais quand il nous
quittera pour toujours. N'avez-vous pas entendu qu'il a dit que nous ne
pourrons pas le trouver ?"
"Peut-être il ira rassembler Israël en évangélisant ceux de nous qui
sont dispersés dans les nations. La Diaspora espère comme nous dans le
Messie."
"Ou bien il ira instruire les païens pour les attirer à son
Royaume."
"Non, ce ne doit pas être ainsi. Nous pourrions toujours le trouver même
s'il était dans la lointaine Asie, ou au centre de l'Afrique, ou à Rome, ou
en Gaule, ou en Ibérie, ou en Thrace
ou chez les Sarmates.
S'il dit que nous ne le trouverons pas, même en le cherchant, cela signifie
qu'il ne sera dans aucun de ces lieux."
Haut
de page.
471> "Mais oui ! Que voudra dire ce
qu'il dit : "Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et où
je suis, vous, vous ne pouvez pas venir" ? "Je suis..."
et non pas : "Je serai..." Où est-il donc ? N'est-il pas ici
parmi nous ?"
"Moi, je te le dis, Jude ! Il semble un homme, mais c'est un esprit
!"
"Mais non ! Parmi les disciples il y en a qui l'ont vu nouveau-né. Et
même il y a encore davantage ! Ils ont vu sa Mère qui était enceinte de Lui,
quelques heures avant sa naissance."
"Mais est-ce que ce sera vraiment ce bébé, maintenant devenu homme ? Qui
nous assure que ce n'est pas un autre être ?"
"Eh ! non. Lui pourrait être un autre et les bergers pourraient se
tromper. Mais sa Mère ! Mais ses frères ! Mais tout un village !"
"Les bergers ont-ils reconnu la Mère ?"
"Bien sûr que oui..."
"Alors... Mais pourquoi alors dit-il : "Où je suis, vous ne pourrez
venir ?" Pour nous, c'est le futur : vous ne pourrez. Pour Lui cela
reste le présent : je suis. Il n'a donc pas de futur cet Homme ?"
"Je ne sais que te dire. C'est ainsi."
*Moi, je vous le dis : c'est un fou."
"C'est toi qui dois l'être, espion du Sanhédrin."
"Moi, un espion ? Je suis un juif qui l'admire. Et n'avez-vous pas dit
qu'il va chez Lazare ?"
"Nous n'avons rien dit, vieil espion. Nous ne savons rien. Et si nous le
savions, nous ne te le dirions pas. Va dire à ceux qui t'envoient qu'ils le
cherchent eux-mêmes. Espion ! Espion ! Vendu … !"
L'homme se rend compte que cela tourne mal et il s'éclipse.
"Mais nous restons ici ! Si nous étions sortis, nous l'aurions vu. Cours
d'un côté ! Cours de l'autre !... Dites-nous quel chemin il a pris.
Dites-lui qu'il n'aille pas chez Lazare."
Ceux qui ont de bonnes jambes s'en vont en vitesse... Et ils reviennent...
"Il n'y est plus... Il s'est mêlé à la foule, et personne ne sait
dire..."
La foule, déçue, se sépare lentement...
488.4 - ...Mais Jésus est bien plus près
qu'ils ne le pensent. Sorti par quelque porte, il a fait le tour de l'Antonia
et il est sorti de la Cité par la Porte du Troupeau pour descendre dans la
vallée du Cédron, qui a très peu d'eau au milieu de son lit.
Haut
de page.
472> Jésus le passe en sautant sur les pierres
qui émergent de l'eau et se dirige vers le Mont des Oliviers. En cet endroit
ils sont touffus et encore mélangés aux maquis qui rendent sombre, je dirais
funèbre, cette partie de Jérusalem, resserrée entre les murailles grises du
Temple qui domine de ce côté par toute sa montagne et le Mont des Oliviers de
l'autre côté. Plus au sud, la vallée s'éclaircit et s'élargit, mais ici elle
est vraiment étroite, un coup d'ongle d'une griffe gigantesque qui a creusé
un sillon profond entre le Moriah et le Mont des Oliviers.
Jésus ne va pas vers le Gethsémani, mais au contraire tout à l'opposé, en
direction du nord, en marchant toujours sur la montagne qui ensuite s'élargit
en une vallée sauvage où, davantage adossé à un autre cirque de collines
basses et elles aussi sauvages et pierreuses, court le torrent qui dessine
une courbe au nord de la ville. Aux oliviers succèdent les arbres stériles,
épineux, tordus, ébouriffés, mêlés à des ronces qui envoient leurs tentacules
de tous côtés. Un lieu très triste, très solitaire. Il a
quelque chose d'infernal, d'apocalyptique. Quelques tombeaux, et rien de
plus. Pas même des lépreux. Elle est étrange cette solitude qui contraste
avec la foule de la ville si proche et si remplie de gens et de bruit. Ici, à
part le gargouillement de l'eau sur les pierres et le bruissement du vent
dans les arbres poussés entre les pierres, on n'entend aucun bruit. Il manque
même la note joyeuse des oiseaux si nombreux dans les oliviers du Gethsémani
et de l'Oliveraie. Le vent plutôt fort qui vient du nord-est et soulève des
petits tourbillons de poussière, repousse la rumeur de la ville, et le
silence, le silence d'un lieu de mort, règne dans l'endroit, oppressant,
presque effrayant.
488.5 - "Mais on y va vraiment par là
?" demande Pierre à Isaac.
"Oui, oui. On y va aussi par d'autres routes, en sortant par la Porte
d'Hérode, et de préférence par celle de Damas. Mais il est bon que vous
connaissiez les sentiers moins connus. Nous avons fait le tour de tous les
environs pour les connaître et vous les enseigner. Vous pourrez aller ainsi
où vous voudrez dans les environs, sans passer par les chemins
habituels."
"Et... peut-on se fier à ceux de Nobé ?"
demande encore Pierre.
Haut
de page.
473> "Comme à ceux de ta propre
maison. Thomas, l'hiver dernier, Nicodème
toujours, le prêtre Jean son disciple, et
d'autres ont fait du petit village un endroit qui Lui appartient."
"Et toi, tu as fait plus que tous" dit Benjamin (le berger).
"Oh ! moi !! Alors tout le monde s'y est mis, si moi j'ai agi. Mais
crois-moi, Maître, que tout autour de la ville, tu as des endroits
sûrs..."
"Rama aussi... dit Thomas, qui tient à sa ville. Mon père et mon
beau-frère ont pensé à Toi avec Nicodème."
"Alors Emmaüs aussi" dit un homme qui ne m'est pas inconnu, mais je
ne sais pas dire au juste qui il est, et aussi parce que j'ai trouvé plus
d'un Emmaüs en Judée, sans parler de cette
localité près de Tarichée.
"C'est loin pour aller et venir comme je fais maintenant. Mais je ne
manquerai pas d'y venir quelquefois."
"Et chez moi" dit Salomon.
"Là certainement au moins une fois pour saluer le vieil homme."
"Il y a aussi Béther."
"Et Bet-Çur."
"Je n'irai pas chez les femmes
disciples, mais quand ce sera nécessaire, je
les ferai venir."
"J'ai un ami sincère près de En Rogel.
Sa maison t'est ouverte et personne de ceux qui te haïssent ne pensera que tu
es si près d'eux" dit Étienne.
"Le jardinier des jardins du roi peut te donner l'hospitalité. Il est
intime avec Manahen
qui lui a obtenu cette place... et puis... tu l'as guéri
un jour..."
"Moi ? Je ne le connais pas..."
"Il était, à Pâque, parmi les
pauvres que tu as guéris chez Kouza.
Un coup de faux souillée de fumier lui faisait pourrir la jambe et son
premier maître l'avait renvoyé pour ce motif. Il mendiait pour ses enfants et
tu l'as guéri. Manahen l'a placé aux jardins, lui ayant obtenu la place dans
un bon moment de l'Antipas.
Maintenant cet homme fait tout ce que Manahen lui dit. Et pour Toi
ensuite..." dit Mathias (le
berger).
488.6 - "Je n'ai jamais vu Manahen avec
vous... dit Jésus en fixant longuement Mathias qui change de couleur et se
trouble. Viens en avant avec moi."
Le disciple le suit.
Haut
de page.
474> "Parle !"
"Seigneur... Manahen s'est trompé...
et il souffre beaucoup comme Timon et quelques autres encore. Ils n'ont
pas de paix car tu..."
"Ils ne vont pas croire que j'ai de la haine pour eux..."
"Oh ! non ! Mais... ils ont peur de tes paroles et de ton visage."
"Oh ! quelle erreur ! C'est justement parce qu'ils se sont trompés
qu'ils doivent venir au Remède. Sais-tu où ils sont ?"
"Oui, Maître."
"Alors va les trouver et dis-leur que je les attends à Nobé."
Mathias s'en va sans perdre de temps.
|