Le mercredi 13 juin
1945.
509/510> 77.1 – "Vers quelle heure
arriverons-nous ?" demande Jésus,
qui marche au centre du groupe que précèdent les brebis qui broutent l'herbe
des talus.
"Vers trois heures. Il y a environ dix milles"
répond Élie.
"Et puis nous allons à Kérioth ?"
demande Judas.
"Oui. Nous y allons."
"Et n'était-il pas plus court d'aller de Yutta à Kérioth ? Il ne
doit pas être loin. Est-ce vrai, berger ?"
"Deux milles de plus, plus ou moins."
"Ainsi, nous en faisons plus de vingt pour rien."
"Judas, pourquoi cette inquiétude ?" dit Jésus.
"Je ne suis pas inquiet, Maître, mais tu m'avais promis de venir à ma
maison..."
"Et j'y irai. Je tiens toujours mes promesses."
"J'ai envoyé prévenir ma
mère... et Toi, du reste, tu l'as dit : avec les morts, on
est encore présent par l'esprit."
"Je l'ai dit. Mais, Judas, réfléchis : tu n'as pas encore souffert
pour Moi. Ceux-ci, cela fait trente années qu'ils souffrent et ils n'ont
jamais trahi, pas même le souvenir de Moi. Pas même le souvenir. Ils
ne savaient pas si j'étais vivant ou mort... et pourtant ils sont restés
fidèles. Ils se souvenaient de Moi, nouveau-né, enfant qui ne leur
manifestait que mes pleurs et mon appétit au lait maternel, et pourtant, ils
m'ont vénéré comme Dieu. À cause de Moi, ils ont été frappés, maudits,
persécutés, comme la honte de la Judée, et pourtant leur foi à chaque coup ne
vacillait pas, ne se desséchait pas, mais poussait des racines plus profondes
et en devenait plus vigoureuse."
77.2 – "À propos. Cela fait
quelques jours que la question me brûle les lèvres. Ce sont tes amis, et ceux
de Dieu, n'est-ce pas ? Les anges
les ont bénis avec la paix du Ciel, n'est-il pas vrai ? Ils sont restés
justes malgré toutes les tentations, n'est-ce pas ? Explique-moi, alors
pourquoi ils ont été malheureux ? Et Anne ?
Elle a été tuée pour t'avoir aimé..."
"Tu en conclus, par conséquent, que mon amour et celui qu'on me donne
portent malchance."
"Non... mais..."
"Mais, c'est cela. Il me déplaît de te voir tellement
fermé à la Lumière, tellement possédé par le sens humain. Non, laisse-le
tranquille, Jean
et toi aussi, Simon. Je préfère qu'il parle. Je ne lui
en ferai jamais de reproches. Seulement je veux que les âmes s'ouvrent pour y
faire entrer la lumière. Viens ici, Judas, écoute : Tu pars d'un
jugement qui est commun à tant d'hommes qui vivent, à tant qui vivront. J'ai
dit : jugement. Je devrais dire : erreur.
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Mais étant donné que vous le faites sans malice, par ignorance de ce qu'est
la vérité, ce n'est pas une erreur, mais seulement un jugement imparfait
comme le peut être le jugement d'un enfant. Et enfants, vous l'êtes, pauvres
hommes. Et je suis ici Maître, pour faire de vous des adultes capables de
discerner le vrai du faux, le bon du mauvais, le meilleur du bon. Écoutez
donc.
Qu'est-ce que la vie ?
C'est un temps d'attente, je dirais les limbes :
des Limbes que vous donne le Dieu Père, pour prouver votre nature de bons
fils ou de bâtards et pour vous réserver, d'après vos œuvres, un avenir qui
ne connaîtra plus ni attentes ni épreuves. Maintenant, vous, dites-moi :
serait-il juste que quelqu'un parce qu'il a eu le rare avantage d'avoir la
possibilité de servir Dieu d'une manière particulière, jouisse aussi d'un
privilège spécial pendant toute sa vie ? Ne vous semble-t-il pas qu'il a
déjà beaucoup reçu et que pour ce motif il puisse se dire heureux même s'il
ne l'est pas humainement ? Ne serait-il pas injuste que celui qui
possède déjà en son cœur la lumière d'une manifestation divine et le sourire
approbatif de sa conscience, possède encore des honneurs et des biens
terrestres ? Ne serait-ce pas aussi, imprudent ?"
77.3 – "Maître, je dis que ce
serait encore de la profanation. Pourquoi mettre des joies humaines, là où Tu
es, Toi ? Quand quelqu'un te possède - et ils t'ont possédé, eux seuls
riches en Israël pour t'avoir eu depuis trente ans - il ne lui faut avoir
rien d'autre. On ne pose pas d’objet humain sur le Propitiatoire... et un
vase consacré ne
sert que pour des usages saints. Eux sont des consacrés, du jour qu'ils ont
vu ton sourire... et rien, non, rien qui ne soit pas Toi ne doit entrer dans
leur cœur qui te possède. Si je pouvais être comme eux !" dit
Simon.
"Cependant, tu t'es empressé, après avoir vu le Maître et après ta
guérison, de reprendre possession de tes biens" répond ironiquement
Judas.
"C'est vrai. Je l'ai dit et je l'ai fait; Mais sais-tu
pourquoi ? Comment peux-tu juger si tu ne sais pas tout ? Mon homme
d'affaires a reçu des ordres précis. Maintenant, Simon le Zélote est guéri -
ses ennemis ne peuvent plus lui nuire, ni l'isoler, ni le faire poursuivre
car il n'appartient plus à aucune secte, mais seulement à Jésus - il peut
disposer de ses biens qu'un homme honnête et fidèle lui a gardés.
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512> Et moi, propriétaire encore pour
une heure, j'ai fixé la destination de leur prix pour en tirer plus d'argent
de leur vente et pouvoir dire... non, cela, je ne le dis pas. "
"Ce sont les anges qui le disent pour toi, Simon et l'inscrivent dans le
livre éternel." dit Jésus.
Simon regarde Jésus. Les deux regards se rencontrent l'un étonné, l'autre
bénissant.
"Comme toujours, j'ai tort."
"Non, Judas, tu as le sens pratique. Toi-même tu le dis."
"Oh ! mais, avec Jésus ! ...Même Simon Pierre était attaché au sens pratique
et maintenant au contraire !... Toi aussi Judas, tu deviendras comme
lui. Il y a peu de temps que tu es avec le Maître, nous, il y a plus
longtemps et nous sommes déjà meilleurs." dit Jean, toujours doux et
conciliant.
"Il n'a pas voulu de moi. Autrement, j'aurais été à Lui depuis la
Pâque." Judas est vraiment nerveux, aujourd'hui.
Jésus coupe court en disant à Lévi :
"As-tu jamais été en Galilée ?"
"Oui, Seigneur."
"Tu viendras avec Moi, pour me conduire près de Jonas.
Tu le connais ?"
"Oui, à Pâques, on se voyait toujours, j'allais vers lui alors."
Joseph
baisse la tête, mortifié. Jésus le voit.
"Vous ne pouvez pas venir ensemble. Élie
resterait seul avec le troupeau, mais tu viendras avec Moi jusqu'au passage
de Jéricho, où nous nous séparerons pour
quelque temps. Je te dirai ensuite ce que tu dois faire."
"Nous, plus rien ?"
"Vous aussi, Judas, vous aussi."
77.4 – "On aperçoit des
maisons." dit Jean qui précède les autres de quelques pas.
"C'est Hébron, à cheval sur deux rivières, avec sa crête. Tu vois,
Maître, cette grande construction là-bas, un peu plus haute que les autres,
dans cette verdure ? C'est la maison de Zacharie."
"Pressons le pas."
Ils parcourent rapidement les derniers mètres de route et
entrent dans le pays. Les sonnailles des troupeaux font un bruit de
castagnettes quand ils avancent sur les pierres irrégulières du chemin dont
le pavage est très rudimentaire.
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513> Ils arrivent à la maison. Les gens
regardent ce groupe d'hommes différents d'aspects, d'âges, de vêtements, au
milieu de la blancheur du troupeau.
"Oh ! C'est changé ! Ici il y avait une grille" dit Élie.
Maintenant à sa place, il y a un portail de fer qui coupe la vue et aussi un
mur de clôture plus haut qu'un homme et ainsi, on ne voit rien. Peut-être y
aura-t-il une ouverture par derrière. Allons voir."
Ils font le tour d'un vaste quadrilatère, d'un rectangle plutôt, mais le mur
s'élève partout à la même hauteur.
"Le mur est construit depuis peu, dit Jean en l'observant. Il n'y a pas
d'interruption et par terre il reste encore de la chaux et des pierres."
"Je ne vois pas non plus le tombeau... Il était du côté du bosquet.
Maintenant le bosquet est en dehors du mur et... et l'on dirait un terrain
communal. On y fait du bois..."
Élie est perplexe.
77.5 – Un homme, un vieux bûcheron,
de petite taille, mais robuste qui observe le groupe cesse de scier un tronc
abattu et vient vers le groupe.
"Qui cherchez-vous ?"
"Nous voulions entrer dans la maison pour prier au tombeau de
Zacharie."
"Il n'y a plus de tombeau. Vous n'êtes pas au courant ? Qui
êtes-vous ?"
"Je suis un ami de Samuel, le berger. Lui..."
"Il ne faut pas Élie..." dit Jésus, Élie se tait.
"Ah ! Samuel !... Oui, mais depuis que Jean, le
fils de Zacharie est en prison, la maison n'est plus à lui. C'est un malheur,
parce que lui faisait distribuer tous les revenus de sa propriété aux pauvres
d'Hébron. Un matin il est venu un
individu de la cour d'Hérode, il a jeté Joël dehors, a mis les scellés, puis est
revenu avec des maçons pour faire construire le mur ...Le tombeau était là,
au coin. Il n'en a pas voulu... et un matin, nous l'avons trouvé endommagé,
déjà à moitié démoli... les pauvres ossements tous mélangés... Nous les avons
ramassés comme nous avons pu... Ils sont maintenant dans un seul cercueil...
Et, dans la maison du prêtre Zacharie, ce dégoûtant loge ses maîtresses.
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514> Maintenant c'est une mime de Rome.
C'est pour cela qu'il a élevé le mur. Il ne veut pas que l'on voie... La
maison du prêtre, une maison close. La maison du miracle et du
Précurseur ! Car c'est certainement lui,
même si lui n'est pas le Messie. Et que d'ennuis nous avons eu pour le Baptiste !
Mais c'est notre grand ! Notre vraiment grand ! Déjà sa naissance
était un miracle. Élisabeth,
vieille comme un chardon sec, devint féconde comme un pommier d'Adar, premier
miracle. Puis, arriva une cousine, une sainte, pour l'aider et délier
la langue du prêtre. Elle s'appelait Marie.
Je me souviens d'Elle bien qu'on ne la voyait que très rarement. Comment cela
arriva-t-il, je ne sais. On dit que pour faire plaisir à Élise elle lui fit
poser la bouche muette de Zacharie sur son sein qui avait conçu, ou qu'on lut
fit mettre ses doigts dans la bouche. Je ne sais pas bien, Ce qui est sûr,
c'est qu'après neuf mois de silence, Zacharie parla en louant le Seigneur et
en disant qu'il y avait le Messie. Je n'ai pas d'autres renseignements. Mais
ma femme assure, elle qui y était ce jour, que Zacharie dit, en louant le
Seigneur, que son fils serait allé en avant. Maintenant, moi, je dis :
ce n'est pas comme les gens croient. Jean est le Messie et il va devant le
Seigneur, comme Abraham allait devant Dieu. Voilà. N'ai-je pas raison ?"
"Tu as raison pour ce qui concerne l'esprit du Baptiste qui marche
toujours devant Dieu, mais tu n'as pas raison en ce qui concerne le
Messie."
"Alors celle dont on disait qu'Elle était la mère du Fils de Dieu - au
dire de Samuel - Elle ne l'était pas réellement ? Elle ne l'est pas
encore ?"
"Elle l'était. Le Messie est né, précédé de celui qui au désert éleva la
voix, comme l'a dit le Prophète."
"Tu es le premier qui l'affirme. Jean, la dernière fois que Joël lui
porta une peau de mouton, comme il le faisait tous les ans, à l'entrée de
l'hiver, ne dit pas quand on l'interrogea sur le Messie: "Il
existe". Quand lui le dira..."
"Homme, j'ai été disciple de Jean et je lui ai entendu dire :
"Voici l'Agneau de Dieu" en le montrant du doigt..." dit Jean.
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515> "Non, non, l'Agneau c'est lui.
Véritable Agneau qui s'est développé tout seul, sans l'aide de sa mère et de
son père, pour ainsi dire. À peine fils de la Loi, il s'est retiré dans les
cavernes des montagnes en face du désert, et là il a grandi, s'entretenant
avec Dieu. Élise et Zacharie sont morts et lui n'est pas venu. Père et mère,
pour lui, c'était Dieu. Il n'y a pas de saint plus grand que lui. Demandez à
tout Hébron, Samuel le disait, mais ce sont les Bethléemites qui doivent
avoir eu raison. Le saint de Dieu, c'est Jean."
"Si quelqu'un te disait : "Je suis le Messie"
que lui dirais-tu ?" demande Jésus.
"Je l'appellerais "blasphémateur" et je le chasserais à coup
de pierres."
"Et s'il faisait un miracle pour prouver qu'il l'est ?"
"Je l'appellerais "possédé du démon". Le Messie viendra quand
Jean se fera connaître dans sa véritable identité. La haine même d'Hérode en
est la preuve. Lui, le rusé, sait que Jean est le Messie."
"Il n'est pas né à Bethléem."
"Mais, quand il sera libéré, après avoir annoncé lui-même son prochain
avènement, il se manifestera à Bethléem. Bethléem aussi l'attend. Tandis
que... oh ! vas-y, si tu n'as pas peur parler au Bethléemites d'un autre
Messie... et tu verras."
"Vous avez une synagogue ?"
"Oui, tout droit, à deux cent pas, par ce chemin. Tu ne peux tromper.
Tout près est la sépulture des restes violés."
"Adieu et que le Seigneur t'éclaire."
Ils s'en vont. Ils reviennent sur le devant.
77.6 – Au portail, il y a une femme, jeune, à la tenue provocante.
Très belle. "Seigneur, tu veux entrer dans la maison ? Entre."
Jésus la regarde, sévère comme un juge et ne parle pas. C'est Judas qui s'en
charge, approuvé par tous.
"Rentre, effrontée, ne nous profane pas de ta respiration, chienne
famélique."
La femme rougit vivement et baisse la tête. Elle s'empresse de disparaître,
confuse, insultée par les gamins et les passants.
"Qui est assez pur, pour dire : Je n'ai jamais désiré la pomme
offerte par Ève ? dit Jésus, sévère, et il ajoute : Indiquez-le
moi, celui-là et j'irai le saluer : saint.
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516> Personne ? Et alors si, non
pas par mépris, mais par faiblesse, vous vous sentez incapable de
l'approcher, retirez-vous. Je n'oblige pas les faibles à une lutte inégale.
Femme, je voudrais entrer. Cette maison appartenait à quelqu'un qui m'était
parent. Elle m'est chère."
"Entre, Seigneur, si tu n'éprouves pas de dégoût pour moi."
"Laisse la porte ouverte, pour que les gens voient et ne jasent
pas..."
Jésus passe, sérieux, solennel. La femme le salue, subjuguée et n'ose bouger.
Mais les insultes de la foule la piquent jusqu'a sang. Elle s'enfuit en
courant au fond du jardin pendant que Jésus va jusqu'au pied de l'escalier,
jette un coup d’œil par la porte entr'ouverte mais ne rentre pas. Puis il va vers l'emplacement du tombeau, là où maintenant se trouve
une espèce de petit temple païen.
"Les ossements
des justes, même desséchés et dispersés répandent un baume purifiant et des
semences de vie éternelle. Paix aux morts dont la vie a été bonne ! Paix
aux purs qui dorment dans le Seigneur ! Paix à ceux qui ont souffert
mais n'ont pas voulu connaître le vice ! Paix aux vrais grands du monde
et du Ciel ! Paix !"
77.7 – La femme, en suivant une haie
qui la dissimule l'a rejoint.
"Seigneur !"
"Femme."
"Ton nom, Seigneur."
"Jésus."
"Je ne l'ai jamais entendu. Je suis Romaine : mime et ballerine. Je
ne suis experte qu'en lasciveté. Que veut dire ce Nom ? Le mien, c'est Aglaé et... et il veut dire : vice."
"Le mien veut dire : Sauveur."
"Comment sauves-tu ? Qui ?"
"Celui qui veut sincèrement le salut. Je sauve en enseignant à être pur,
à vouloir la douleur ainsi que l'honneur, le bien à tout prix."
Jésus parle sans aigreur, mais aussi sans se tourner vers la femme.
"Je suis perdue..."
"Je suis Celui qui cherche ceux qui sont perdus."
"Je suis morte."
"Je suis Celui qui donne la Vie."
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517/518> "Je suis
saleté et mensonge."
"Je suis Pureté et Vérité."
"Tu es Bonté, aussi, Toi qui ne me regarde pas, ne me touche pas, et ne
me piétine pas. Pitié pour moi..."
"C'est à toi, d'abord d'avoir pitié de toi. De ton
âme."
"Qu'est-ce que c'est, l'âme ?"
"C'est ce qui, de l'homme fait un dieu et non un animal. Le vice, le
péché la tue, et, elle morte, l'homme devient un animal repoussant."
"Je pourrai te voir encore ?"
"Celui qui me cherche me trouve."
"Où résides-tu ?"
"Là où les cœurs ont besoin du médecin et des remèdes pour devenir
honnêtes."
"Alors... je ne te verrai plus... Où je reste, on ne
veut ni médecin, ni remède, ni honnêteté."
"Rien ne t'empêche de venir où je suis. Mon nom, on le criera dans les
rues et il arrivera jusqu'à toi. Adieu."
"Adieu, Seigneur. Laisse-moi t'appeler "Jésus". Oh ! non
pas par familiarité !... Pour que rentre un peu de salut en moi. Je suis
Aglaé. Souviens-toi de moi."
"Oui, adieu."
La femme reste au fond du jardin. Jésus sort, l'air sévère. Il regarde tout
le monde. Il remarque la perplexité chez les disciples, le mépris chez les
Hébronites. Un esclave ferme le portail.
77.8 – Jésus va droit par le chemin.
Il frappe à la synagogue. Un petit vieux s'avance, haineux. Il ne donne même
pas à Jésus le temps de parler. "La synagogue est interdite, pas
question de ce lieu saint, pour ceux qui parlent aux courtisanes. Va-t-en !"
Jésus se retourne sans parler et continue sa route, les siens derrière Lui.
Jusqu'à la sortie d'Hébron. Alors, ils parlent.
"Pourtant, tu l'as bien voulu. Maître, dit Judas. Une
courtisane !"
"Judas, en vérité je te le dis qu'elle s'élèvera au dessus de toi Et
maintenant, toi qui me blâmes, que me dis-tu des Juifs ? Dans les lieux
les plus saints de la Judée, nous avons été bafoués et chassés... Mais c'est
ainsi. Le temps vient où Samarie et les Gentils adoreront le vrai Dieu, et le
peuple du Seigneur sera souillé de sang et d'un crime... d'un crime au regard
duquel les fautes des courtisanes qui vendent leur chair et leur âme seront
peu de chose. Je n'ai pu prier sur les ossements de mes cousins et du juste
Samuel. Mais n'importe. Reposez, ossements saints, réjouissez-vous, ô esprits
qui les habitiez, La première résurrection est proche. Puis viendra le jour
où on vous montrera aux anges comme ceux des serviteurs du Seigneur."
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