199> Une fraîche vallée, que remplit le bruit
des eaux qui coulent vers le sud en bondissant et écumant dans un petit
torrent d'argent qui fait jaillir sa riante fraîcheur sur les petits
pâturages de ses rives, mais il semble que son humidité remonte aussi sur les
pentes. C'est une émeraude, aux teintes variées qui monte du sol à travers
les buissons et les arbustes du sous-bois, jusqu'à la cime des arbres de
haute futaie, parmi lesquels des noyers nombreux, du bois proprement dit
entrecoupé de clairières qui sont de verts plateaux d'herbe grasse, pâturages
sains où les troupeaux refont leurs forces.
Jésus descend avec les siens et les trois bergers vers le
torrent. Patiemment il s'arrête quand il faut attendre une brebis qui
s'attarde ou l’un des bergers qui doit courir après un agneau qui a perdu son
chemin. C'est exactement le Bon Berger, maintenant. Lui aussi s'est muni
d'une longue branche pour écarter les tiges des ronces et des aubépines et
des clématites qui surgissent de tous côtés et cherchent à s'agriffer aux
vêtements. Et cela complète sa physionomie pastorale.
"Tu vois, Jutta est là-haut. Nous allons passer le torrent. Il y a un
gué utilisable en été sans aller jusqu'au pont. Il aurait été plus court de
venir par Hébron, mais tu ne l'as pas voulu."
Haut de page
200> "Non,
à Hébron après. Toujours d'abord vers ceux qui souffrent. Les
morts ne souffrent plus, quand ce sont des justes. Et Samuel était un juste. Pour les morts, ensuite, qui ont besoin
de prières, il n'est pas nécessaire d'être auprès de leurs ossements pour les leur donner.
Les ossements ? Qu'est-ce ? La preuve de la puissance de Dieu qui a
tiré l'homme de la poussière. Pas autre chose. Même l'animal a des ossements.
Un squelette moins parfait que celui de l'homme, pour tout animal. Seul
l'homme, le roi de la création, a la position droite du roi qui domine ses
sujets, avec un visage qui regarde en face et en haut, sans avoir besoin de
tordre le cou. En haut, là où se trouve la Demeure du Père. Mais, ce sont
toujours des ossements : poussière qui retourne à la poussière.
L'Éternelle Bonté a décidé de la reconstruire au Jour éternel pour donner aux
bienheureux une joie encore plus vive. Pensez-y : non seulement les
esprits seront réunis et
s'aimeront comme sur la terre et beaucoup plus, mais ils jouiront de
se revoir avec l'aspect qu'ils eurent sur la terre : les chers bébés aux
cheveux bouclés comme l'étaient ceux des tiens, Élie, les pères et les mères aux cœurs et aux visages
resplendissants d'amour comme les vôtres, Lévi et Joseph. Et même
pour toi, Joseph, ce sera enfin la vision de ces visages dont tu as la
nostalgie. Plus d'orphelins, plus de veufs, parmi les justes, là-haut...
Les suffrages pour les morts, on peut les donner partout. C'est la prière
d'un esprit, pour un esprit qui nous était uni, à l'Esprit Parfait qui est
Dieu et qui est partout. Oh ! sainte liberté de tout ce qui est spirituel ! Pas de distances, pas d'exils, pas de prisons,
pas de tombeaux... Rien qui divise et enchaîne à une impuissance pénible ce
qui est en dehors et au-dessus des liens charnels. Vous allez, avec ce qu'il
y a de meilleur en vous, vers vos bien-aimés. Eux vous rejoignent avec ce
qu'ils ont de meilleur. Et tout, dans ces effusions d'esprits qui s'aiment,
évolue autour du Feu Éternel de Dieu : Esprit absolument Parfait,
Créateur de tout ce qui fut, est et sera, Amour qui vous aime et vous apprend
à aimer ...
Mais, nous voici, au gué, je crois. Je vois une rangée de pierres qui
affleurent au peu d'eau qu'il y a sur le fond."
"Oui, c'est celui-là, Maître. En temps de crue, c'est une bruyante
cascade, maintenant, ce n'est plus que sept ruisselets qui rient en passant
dans les intervalles des six grosses pierres du gué."
Haut de page
201> En fait, six grosses
pierres, à peu près taillées, sont posées à un bon empan l'une de l'autre sur le fond du torrent, et l'eau qui formait
d'abord un unique ruban brillant se sépare en sept petits rubans, pressée,
dans sa course riante, de se réunir au-delà du gué en une fraîcheur unique
qui s'éloigne en courant, tout en bavardant avec le gravier du fond.
Les bergers surveillent le passage des brebis, qui en partie passent sur les
pierres, et en partie préfèrent descendre dans l’eau qui n'a pas plus d'un
empan de profondeur et boire cette onde diamantine qui écume et qui rit.
Jésus passe sur les pierres, et derrière lui les disciples. Ils reprennent la
marche sur l'autre rive.
"Tu m'as dit que tu veux faire savoir à Isaac que tu es ici mais sans entrer dans le
pays ?"
"Oui, c'est ce que je veux. "
"Alors, ce serait bien de se séparer. Moi, j’irai le trouver. Lévi et
Joseph resteront avec le troupeau et avec vous. Je monte d'ici ce sera plus
rapide."
Et Élie se met à gravir la pente vers un groupe de maisons toutes blanches
qui resplendissent au soleil, tout là-haut.
J'ai l'impression de le suivre. Le voilà aux premières maisons. Il prend un
sentier entre les maisons et les jardins. Il fait quelques dizaines de
mètres, puis tourne sur un chemin plus large d'où il entre sur une place. Je
n'ai pas dit que tout cela se passait aux premières heures de la matinée. Je
le dis maintenant pour expliquer que sur la place, il y a encore le marché.
Ménagères et vendeurs parlent à voix haute sous les arbres qui donnent de
l’ombre à la place.
Élie va, sans hésiter, jusqu'au point où la place se continue par une route,
une route assez belle. C'est la plus belle, peut-être du pays. À l'angle, il
y a une masure, ou mieux une pièce. avec la porte ouverte. Presque sur le
seuil, Un pauvre lit avec un infirme squelettique qui demande lamentablement
une obole aux passants.
Élie entre en trombe. "Isaac... c'est moi."
"Toi ? Je ne t'attendais pas. Tu es venu à la dernière lune."
"Isaac... Isaac... Sais-tu. pourquoi je suis venu ?"
"Je ne sais... tu es ému... qu'est-ce qui arrive ?"
"J'ai vu Jésus de Nazareth ! C'est un homme, maintenant, un rabbi.
Il est venu me chercher... et il veut nous voir. Oh ! Isaac tu te
trouves mal ?"
Haut de page
202> En fait Isaac s'est laissé aller comme s’il mourait.
Mais il se ressaisit : "Non. La nouvelle... Où est-Il ? Comment
est-Il ? Oh ! si je pouvais le voir !"
"Il est en bas, dans la
vallée. Il m'envoie te dire ceci, exactement ceci : "Viens, Isaac,
car je veux te voir et te bénir". Je m'en vais appeler quelqu'un qui
m'aide à te descendre."
"C'est ainsi qu'il a parlé ?"
"C'est ainsi, mais que fais-tu ?"
"J'y
vais."
Isaac rejette les couvertures, remue les jambes inertes, les jette hors du
grabat, les appuie au sol. Il se lève, encore un peu incertain et titubant.
Tout cela instantanément, pendant qu'Élie le regarde, les yeux écarquillés...
Finalement il comprend et crie... Une petite vieille s'amène, curieuse. Elle
voit l'infirme debout, qui se drape, n'ayant rien d'autre, dans une des
couvertures. Elle s'en va en criant, comme une poule effrayée.
"Allons... partons d'ici pour faire plus vite et échapper à la foule...
Vite, Élie."
Les voilà qui sortent en courant par la porte du jardin de derrière. Ils
poussent la fermeture de branches sèches. Ils sont dehors. Ils filent par un
sentier misérable, puis par une ruelle à travers les jardins et de là descendent
à travers les prés et les bosquets jusqu'au torrent.
"Voilà Jésus, dit Élie en le montrant du doigt. Ce grand et bel homme,
blond, vêtu de blanc avec son manteau rouge..."
Isaac court à travers le troupeau qui broute et avec un cri de triomphe, de joie,
d'adoration se jette aux pieds de Jésus.
"Lève-toi, Isaac. Je suis venu t'apporter paix et bénédiction. Lève-toi,
que je voie ton visage."
Mais Isaac ne peut se lever. C'est trop d'émotions à la fois et il reste avec
ses larmes de bonheur, contre le sol.
"Tu es venu tout de suite. Tu ne t'es pas demandé si tu le
pouvais..."
"Tu m'as dit de venir... et je suis venu."
"Il n'a pas même fermé sa porte ni ramassé son argent, Maître."
"N'importe, les anges veilleront sur sa demeure. Es-tu content,
Isaac ?"
"Oh ! Seigneur !"
"Appelle-moi : Maître."
Haut de page
203> "Oui, Seigneur, mon Maître. Même sans être guéri,
j'aurais été bien
heureux de Te voir. Comment ai-je pu trouver tant de grâce près de
Toi ?"
"À cause de ta foi et de ta patience, Isaac. Je sais combien tu as
souffert !"
"Ce n'est rien, rien, plus rien ! Je t'ai trouvé vivant ! Tu
es ici. Cela, c'est tout... Le reste, tout le reste est passé. Mais,
Seigneur Maître, maintenant, tu ne t'en vas plus, n'est-ce pas ?"
"Isaac, j'ai tout Israël à évangéliser. Je pars... Mais, si je ne puis
rester, tu peux me servir et me suivre. Veux-tu être mon disciple,
Isaac ?"
"Oh ! mais, je ne serai pas bon !"
"Tu sauras confesser que Je suis ? Confesser en face des mépris et
des menaces ? Et dire que c'est Moi qui t'ai appelé et que tu es
venu ?"
"Même si tu ne le voulais pas, je dirais tout cela. En cela, je te
désobéirais, Maître. Pardonne-moi si je le dis."
Jésus sourit. "Et alors tu vois que tu es bon pour faire le
disciple ?"
"Oh ! s'il ne s'agit que de faire cela ! Je croyais que ce
serai plus difficile. Qu’il faudrait aller a
l'école des rabbis pour Te servir, Toi, le Rabbi des rabbis... et aller à
l'école si vieux !…" En fait, l'homme a au moins cinquante ans.
"L'école, tu l'as déjà suivie, Isaac."
"Moi ? non."
"Oui, toi. N'as-tu pas continué à croire et à aimer, à respecter et
bénir Dieu et le prochain, à ne pas être envieux, à ne pas désirer ce qui est
à autrui et même ce que tu avais possédé et que tu n'avais plus, à ne dire
que la vérité même si cela te nuisait, à ne pas commettre l'adultère avec Satan en faisant des péchés ? N'as-tu pas fait tout
cela, pendant ces trente années de malheurs !"
"Oui, Maître."
"Tu vois, l'école, tu l'as déjà faite, Continue ainsi et ajoute la
révélation de mon existence dans le monde. Il n'y a rien d'autre à
faire."
"Je t'ai déjà prêché, Seigneur Jésus. Aux enfants qui venaient quand,
bancal, je suis arrivé dans ce pays, mendiant mon pain et faisant encore
quelques travaux de tonte ou de traite et puis quand le mal s'est aggravé
au-dessous de la taille lorsqu'ils venaient autour de mon lit. Je parlais de
toi aux enfants d'alors, et aux enfants de maintenant, fils de ces
derniers... Les enfants sont bons et croient toujours. Je
parlais du temps de ta naissance... des anges... de l'Étoile et
des Mages...
et de ta Mère...
Oh ! dis-moi. Elle est vivante ?"
Haut de page
204> "Elle est vivante
et te salue. Toujours Elle parlait de vous..."
"Oh ! La voir !"
"Tu la verras. Tu viendras dans ma maison, un jour. Marie te saluera,
ami."
"Marie... Oui. Son nom, dans ma bouche est doux comme le miel. Il y a
une femme à Jutta, oui, maintenant une femme, qui vient d'avoir son quatrième
enfant. C'était autrefois une bambine, une de mes petites amies. À ses
enfants elle a donné comme noms : Marie et Joseph aux deux premiers et,
n'osant appeler le troisième Jésus, elle l'a nommé Emmanuel, nom de bénédiction
pour elle-même, sa maison et Israël. Et elle cherche quel nom donner au
quatrième, né depuis six jours. Oh ! quand elle saura que je suis
guéri ! Et que tu es ici ! Elle est bonne comme le pain de la
maman, Sara, et bon
aussi Joachim son
époux. Et leurs parents ? C'est grâce à eux que je suis vivant. Ils
m'ont toujours abrité et aidé."
"Allons chez eux leur demander abri pour les heures de soleil et leur apporter
la bénédiction pour leur charité."
"De cet endroit, Maître. Ce sera plus commode pour le troupeau et pour
échapper aux gens, certainement excités. La vieille qui m'a vu me dresser
debout a certainement parlé."
Ils suivent le torrent, le laissent plus au sud pour prendre un sentier qui
monte, plutôt rapide, en suivant un éperon de la montagne qui est fait comme
la proue d'un navire. Maintenant le torrent est en direction opposée de la
montée et court dans le fond entre deux rangées de montagnes qui se coupent
en formant une belle vallée accidentée. Je reconnais l'endroit... C'est
impossible de confondre, c'est celui de la vision de Jésus et des enfants que
j'ai eue le printemps dernier. Le muret bien connu
en pierres sèches limite la propriété qui coupe la vallée. Voici les prés,
avec les pommiers, les figuiers, les noyers. Voici la maison blanche sur un
fond de verdure, avec son aile en saillie qui protège l'escalier, qui fait
portique et abri. Voici la petite coupole, tout en haut. Voici le potager
avec le puits, la tonnelle et les parterres...
Grands bruits de voix dans la maison. Isaac s'avance. Il entre et demande à
grands cris : " Marie, Joseph,
Emmanuel, où êtes- vous ? Venez vers Jésus."
Haut de page
205> Les trois petits accourent : une fillette de cinq
ans environ et deux garçons de quatre et deux ans, le dernier au pas encore
incertain. Ils restent bouche bée en présence du... ressuscité. Puis la
bambine crie : " Isaac ! Maman ! Isaac est ici ! Judith a bien vu !"
D'une pièce où l'on mène grand bruit, sort une femme, la mère, florissante,
brune, grande, belle, de la vision lointaine, toute belle en ses vêtements de
fête : un habit de lin blanc c'est comme une riche
chemise qui descend avec des plis jusqu'aux chevilles, serrée à ses flancs
plutôt forts par un châle de plusieurs couleurs qui modèle des hanches
puissantes, en retombant avec des franges à la hauteur des genoux en arrière
et qui reste ouvert par devant après s'être croisé à la hauteur de la
ceinture sous une boucle de filigrane. Un voile léger avec des branches de
roses de couleur sur un fond havane est fixé sur les tresses noires comme un
petit turban et puis descend de la nuque, avec des ondulations et des plis
sur les épaules et la poitrine. Une couronne de petites médailles reliées par
des anneaux la fixe sur la tête. Des boucles d'oreilles descendent avec des
anneaux pesants. La tunique est tenue serrée par un collier d'argent qui
passe par les œillets du vêtement. Aux bras, des lourds bracelets d'argent.
"Isaac : mais comment ? Judith... je croyais que le soleil
l'avait rendue folle... Tu marches ! Mais qu'y a-t-il eu ?"
"Le Sauveur, oh ! Sara ! C'est Lui ! Il est venu."
"Qui ? Jésus de Nazareth ? Où est-Il ?"
"Là, derrière le noyer qui demande si on le reçoit !"
"Joachim ! Mère ! Vous tous, venez ! C'est le
Messie !" Femmes, hommes, garçons, bébés sortent en criant... mais
quand ils voient Jésus, grand et majestueux, ils restent intimidés et comme
pétrifiés.
"La paix à cette maison et à vous tous. La paix et la bénédiction de
Dieu." Jésus marche lentement, souriant vers le groupe. "Amis
voulez-vous donner asile au Voyageur ?!" et il sourit plus encore.
Son sourire triomphe des craintes. L'époux a le courage de parler :
"Entre, Messie. Nous t'avons aimé sans te connaître. Nous t'aimerons
davantage après avoir fait ta connaissance. La maison est en fête pour trois
choses aujourd'hui : pour Toi, pour Isaac et pour la circoncision de mon troisième garçon. Bénis-le, Maître Femme, apporte
le bébé! Entre, Seigneur."
Haut de page
206> Ils entrent dans une
pièce préparée pour la fête. Tables et mets tapis et branchages partout. Sara revient avec un beau nouveau-né entre les bras. Elle le présente
à Jésus.
"Dieu soit avec lui, toujours. Quel nom a-t-il ?"
"Aucun. Celle-ci, c'est Marie, celui-là Joseph, cet autre Emmanuel, pour
le dernier, il... n'a pas encore de nom."
Jésus regarde en face le groupe des deux époux et sourit : "Cherchez un
nom, s'il doit être circoncis aujourd'hui..."
Les deux se regardent, le regardent, ouvrent la bouche, la referment sans
rien dire. Tous sont attentifs.
Jésus insiste : "L'histoire d'Israël compte tant de grands noms, de
doux noms, des noms bénits. Les plus doux, les plus bénits sont déjà donnés,
mais peut-être y en a-t-il encore quel qu'autre."
Les deux époux s'écrient ensemble : "Le tien, Seigneur !"
et l'épouse ajoute : "Mais il est trop saint..."
Jésus sourit et demande : "Quand sera la circoncision ?"
"Nous attendons l'opérateur."
"Je serai présent à la cérémonie; En attendant, je vous remercie pour
mon Isaac. Maintenant, il n'a plus besoin des bons. Mais les bons ont encore
besoin de Dieu. Vous avez appelé le troisième : ‘’Dieu avec nous’’. Mais
Dieu vous l'avez depuis que vous avez eu de la charité pour mon serviteur.
Soyez bénis. Sur terre et au Ciel on se souviendra de votre acte."
"Isaac s'en va, maintenant ? Il nous laisse ?"
"Vous en souffrez, mais lui doit servir son Maître. Puis il reviendra,
et Moi aussi, je reviendrai. Vous, pendant ce temps, vous parlerez du
Messie... Il en faut tant dire pour convaincre le monde ! Mais voici
celui qu'on attend."
Un personnage solennel entre, avec un aide. Salut et inclinations. "Où
est le bébé ?" demande-t-il avec hauteur.
"Il est ici. Mais, salue le Messie. Il est ici."
"Le Messie ? ...Celui-là qui a guéri Isaac ? Je sais, mais...
nous en parlerons après. Je suis très pressé... Le bébé et son nom."
Les personnes présentes sont mortifiées des façons de l'homme. Mais Jésus
sourit comme si les impolitesses ne s'adressaient pas à Lui. Il prend le
petit, touche de ses beaux doigts le petit front, comme pour le consacrer et
dit : "Son nom est Jésaï" et il
le rend à son père, qui avec l'homme hautain et les autres va dans une pièce
voisine. Jésus reste où il est jusqu'au retour de l'enfant qui fait entendre
des cris désespérés.
Haut de page
207> "À Moi, le bébé,
femme. Il ne pleurera plus." dit-il pour réconforter la mère angoissée. Le
bébé, sur les genoux de Jésus se tait effectivement.
Jésus forme un groupe autour de lui, avec tous les petits autour, et puis les
bergers et les disciples. Dehors, ce sont les bêlements des brebis qu’Élie a
enfermées dans un enclos. Dans la maison, le bruit de la fête. On porte à
Jésus et aux siens de friandises et des boissons, mais Jésus les distribue
aux petits.
"Tu ne bois pas, Maître ? Tu n'acceptes pas. C'est de bon
cœur."
"Je le sais, Joachim, et je les accepte cordialement. Mais laisse-moi
faire plaisir aux petits. C'est ma joie..."
"Ne t'occupe pas de cet homme, Maître."
"Non, Isaac. Je prie pour qu'il voie la Lumière. Jean, conduis les deux
petits pour voir les brebis. Et toi, Marie, viens plus près et dis-moi : Qui
suis-Je ?"
"Tu es Jésus, Fils de Marie de Nazareth, né à Bethléem : Isaac t'a vu et
m'a donné le nom de ta Mère, pour que je sois bonne."
"Bonne comme l'ange de Dieu, pure plus qu'un lis éclos a sommet de la
montagne, pieuse comme le lévite le plus saint doit l'être, pour l'imiter.
Seras-tu cela ?"
"Oui, Jésus."
"Dis : Maître ou Seigneur, enfant."
|