Le mardi 3 octobre 1944.
24> 503.1 – C'est encore Jésus qui va inlassablement par les
routes de Palestine.
Le fleuve est encore à sa droite et il avance dans le même sens que la belle
eau, bleue et qui scintille là où elle reçoit le baiser du soleil, bleu-vert
près des rives où l'ombre des arbres se reflète avec son vert foncé.
Jésus est au milieu de ses disciples. J'entends Barthélemy
qui Lui demande :
"Alors, nous allons vraiment vers Jéricho ? Tu ne crains pas quelque
embûche ?"
"Je ne crains pas. Je suis arrivé à Jérusalem pour la Pâque par un autre
chemin et eux, déçus, ne savent plus où me prendre sans trop attirer
l'attention des foules. Crois-moi, Barthélemy, que pour Moi, il y a moins de
danger dans une ville populeuse que dans ses sentiers écartés. Le peuple est
bon et sincère, mais il est impétueux aussi, et il se soulèverait si on me
prenait quand je suis avec lui pour évangéliser et guérir. Les serpents
travaillent dans la solitude et l'ombre. Et puis... J'ai encore aujourd'hui
et aujourd'hui et aujourd'hui pour travailler... Puis... viendra l'heure du Démon
et vous me perdrez. Pour me retrouver ensuite. Croyez-y. Et sachez le croire
quand les événements sembleront plus que jamais me démentir."
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25> Les apôtres soupirent, affligés, et
le regardent avec amour et douleur, et Jean pousse un gémissement :
"Non !"
Et Pierre, de ses bras courts et robustes,
l'entoure comme pour le défendre et il dit :
"O mon Seigneur et Maître !"
Il ne dit rien de plus, mais il y a tant dans ces mots.
"C'est ainsi, amis. C'est pour cela que
je suis venu. Soyez forts. Voyez comme j'avance avec assurance vers mon but,
comme quelqu'un qui va vers le soleil et sourit au soleil qui le baise au
front. Mon Sacrifice sera un soleil pour le monde. La lumière de la Grâce
descendra dans les cœurs, la paix avec Dieu les rendra féconds, les mérites
de mon martyre rendront les hommes capables de gagner le Ciel. Et qu'est-ce
que je veux sinon cela ? Mettre vos mains dans les mains de l'Éternel, mon
Père et le vôtre, et dire : "Voilà, je te ramène ces fils. Regarde, ô
Père, ils sont purs. Ils peuvent revenir vers Toi". Vous voir serrés sur
son sein et dire : "Aimez-vous enfin, puisque l'Un et les autres, vous
étiez anxieux de cela, et que vous souffriez de n'avoir pas pu vous aimer
profondément". Voilà ma joie et chaque jour qui me rapproche de
l'accomplissement de ce retour, de ce pardon, de cette union, augmente mon
anxiété de consommer l'holocauste pour vous donner Dieu et son Royaume."
Jésus est solennel et presque extatique en disant cela. Il marche, tout droit
dans son vêtement bleu et dans son manteau plus foncé, la tête découverte à
cette heure encore fraîche du matin, et il paraît sourire à je ne sais quelle
vision que ses yeux voient sur l'azur d'un ciel serein. Le
soleil qui baise sa joue gauche enflamme encore davantage son regard
rayonnant et met des étincelles d'or dans sa chevelure soulevée par un vent
léger et sa démarche vive. Il fait ressortir le rouge des lèvres qui
s'ouvrent pour sourire et il semble éclairer le visage tout entier par une
joie qui en réalité vient de l'intérieur adorable de son Cœur enflammé de
charité pour nous.
503.2 – "Maître, puis-je te dire
un mot ?" demande Thomas.
"Lequel ?"
"Avant-hier,
tu as dit que le Rédempteur, Toi, aurait un traître. Comment un homme
pourra-t-il te trahir Toi, Fils de Dieu ?"
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26> "Un homme, en effet, ne pourrait trahir
le Fils de Dieu, Dieu comme le Père. Mais le traître ne sera pas un homme. Ce
sera un démon dans un corps d'homme, le plus possédé, le plus obsédé des
hommes. Marie de Magdala
avait sept démons, et le possédé des jours derniers était dominé par
Belzébuth. Mais en lui sera Belzébuth
et toute sa cour démoniaque... Oh ! comme il est vrai que l'Enfer sera dans ce
cœur pour lui donner l'audace de vendre, comme on vend un agneau au boucher,
le Fils de Dieu à ses ennemis !"
"Maître, à présent, cet homme est-il déjà possédé par Satan
?"
"Non, Judas.
Mais il penche vers Satan, et pencher vers Satan, cela veut dire se mettre
dans les conditions de tomber en lui" (Jésus parle à l'Iscariote).
[André :]"Et pourquoi ne vient-il pas à Toi pour guérir de son
penchant ? Sait-il qu'il l'a ou bien l'ignore-t-il ?"
"S'il l'ignorait, il ne serait pas coupable comme il l'est, car il sait
qu'il tend au mal, et qu'il ne persiste pas dans la résolution d'en sortir.
S'il persistait, il viendrait à Moi... mais il ne vient pas... Le poison
pénètre et mon voisinage ne le purifie pas, car au lieu de le désirer, il le
fuit... Votre erreur, Ô hommes. Vous me fuyez quand vous avez davantage
besoin de Moi" (c'est à André que Jésus a répondu).
"Mais est-il venu vers Toi quelquefois ? Le connais-tu, et nous, le
connaissons-nous ?"
"Matthieu,
je connais les hommes même avant qu'eux me connaissent. Et tu le sais, et eux
le savent. C'est Moi qui vous ai appelés parce que je vous connaissais."
"Mais le connaissons-nous ?" insiste Matthieu.
"Et pouvez-vous ne pas connaître ceux qui viennent vers votre Maître ?
Vous êtes mes amis et vous partagez avec Moi la nourriture, le repos et les
fatigues. C'est jusqu'à ma maison que je vous ai ouverte, la
maison de ma sainte Mère. Je vous amène à
elle pour que cet air qui s'y dégage vous rende capable de
comprendre le Ciel avec ses voix et ses commandements. Je vous amène à elle
comme un médecin amène ses malades, à peine sortis des séquelles d'une
maladie, à des sources salutaires qui les fortifient en vainquant les restes
de maladie qui peuvent redevenir nocifs. Vous n'ignorez donc aucun de ceux
qui viennent vers Moi."
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27> "En quelle ville l'as-tu
rencontré ?"
"Pierre, Pierre !"
"C'est vrai, Maître, je suis pire qu'une femme cancanière. Pardonne-moi.
Mais c'est l'amour, tu sais..."
"Je le sais, et ainsi je te dis que ton défaut ne me rebute pas, mais il
faut t'en débarrasser."
"Oui, mon Seigneur."
503.3 – Le sentier se resserre, pris
entre une rangée d'arbres et une rigole, et le groupe se disperse. Jésus
parle justement avec l'Iscariote auquel il donne des ordres pour les dépenses
et les aumônes. Les autres sont derrière deux par deux. Pierre est en
arrière, tout seul. Il réfléchit. Il marche, la tête inclinée, tellement pris
par ses pensées, qu'il ne s'aperçoit même pas qu'il reste à grande distance
des autres.
"Hé ! toi, l'homme ! l'interpelle un cavalier qui vient à passer. Es-tu
avec le Nazaréen ?"
"Oui, pourquoi ?"
"Vous
allez à Jéricho
?"
"Tu tiens à le savoir ? Moi, je n'en sais rien. Je suis le Maître et je
ne demande rien. Où qu'il aille, c'est bien. Le chemin est celui de Jéricho,
mais nous pourrions aussi revenir dans la Décapole. Qui sait ! Si tu veux en
savoir davantage, le Maître est là-bas."
L'homme éperonne son cheval et Pierre lui fait par derrière une curieuse
grimace et il bougonne :
"Je n'ai pas confiance, mon beau seigneur. Vous êtes tout une bande de
chiens ! Moi je ne veux pas être le traître. Je me le jure à moi-même :
"Cette bouche sera scellée". Voilà" et il fait un signe sur
ses lèvres comme pour les cadenasser.
Le cavalier a rejoint Jésus. Il l'interpelle. Cela donne à Pierre la
possibilité de rejoindre les autres. Quand l'homme repart, il salue de la
main l'Iscariote. Personne ne le remarque, sauf Pierre qui arrive le dernier,
et il paraît ne pas applaudir à ce salut. Il prend Judas par une manche et il
lui demande :
"Qui est-ce ? Tu le connais ? Comment donc ?"
"De vue. C'est un riche de Jérusalem."
"Tu as des amitiés en haut lieu, toi ! Bien... pourvu que ce soit bien.
Dis-moi un peu : c'est cette figure de renard qui te dit tant de
choses ?..."
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28> "Quelles choses ?"
"Mais, celles que tu dis savoir sur le Maître !"
"Moi ?"
"Oui, toi. Tu ne te souviens pas de cette soirée d'eau et de boue
? Au temps de la crue ?"
"Ah ! Non ! Non ! Mais tu penses encore à des paroles dites dans un
moment de mauvaise humeur ?"
"Je pense à tout ce qui peut faire du mal à Jésus : choses, personnes,
amis, ennemis... Et je suis toujours prêt à tenir les promesses que je fais à
celui qui veut faire du mal à Jésus. Adieu."
Judas le regarde s'en aller avec une attitude curieuse. Il y a de la stupeur,
de la souffrance, du dépit, et je dirais même plus : de la haine.
503.4 – Pierre rejoint Jésus et
l'appelle.
"Oh ! Pierre ! Viens !"
Et il lui met le bras sur l'épaule.
"Qui était-ce, ce judéen hirsute ?"
"Hirsute, Pierre ? Il était tout pomponné et parfumé !"
"C'est sa conscience qui est hirsute. Défie-toi, Jésus."
"Je t'ai dit que ce n'est pas le temps pour Moi. Et quand ce sera le
temps, aucune défiance ne me sauvera... si je voulais me sauver. Les pierres
elles-mêmes crieraient et m'enchaîneraient si je voulais me sauver."
"C'est possible... Mais défie-toi... Maître ?"
"Pierre, qu'as-tu ?"
"Maître... j'ai une chose à te dire et un poids sur le cœur."
"Une chose ? Un poids ?"
"Oui. Le poids est un péché. La chose est un conseil."
"Commence par le péché."
"Maître... je... je hais... j'ai du dégoût, voilà, si je ne hais pas
puisque tu ne veux pas que l'on haïsse, pour l'un de nous. Il me semble être
près d'une tanière d'où sort une puanteur de serpents en chaleur... et je ne
voudrais pas qu'ils en sortent pour te nuire. Cet homme est une tanière de
serpents et lui-même est en chaleur avec le démon."
"D'où le déduis-tu ?"
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29> "Bah !... Je ne sais pas. Je
suis rustre et ignorant, mais je ne suis pas stupide. Je suis habitué à lire
dans les vents et les nuages... et il m'arrive aussi de déchiffrer les cœurs.
Jésus... j'ai peur."
"Ne juge pas Pierre. Pas de soupçons.
Le soupçon
crée des chimères. On voit des choses qui n'existent pas."
"Que le Dieu éternel veuille qu'il n'y ait rien, mais moi je n'en suis
pas sûr."
"Qui est-ce, Pierre ?"
"Judas
de Kérioth. Il se vante d'avoir des amitiés en
haut lieu, et même, tout à l'heure, cet individu louche l'a salué comme on
salue quelqu'un de connaissance. Auparavant il ne les avait pas."
"Judas est celui qui reçoit et distribue. Il a l'occasion de fréquenter
les riches. Il sait y faire."
"Oui ! Il sait y faire... Maître, dis-moi la vérité. Tu n'as pas
de soupçons ?"
"Pierre, tu m'es si cher à cause de ton cœur. Mais je te veux parfait.
N'est pas parfait celui qui n'obéit pas. Je t'ai dit : ne juge et ne
soupçonne pas."
"Mais en attendant, tu ne me dis pas..."
"Nous allons bientôt être près de Jéricho et nous nous y arrêterons pour
attendre une femme qui ne peut nous recevoir dans sa maison..."
"Pourquoi ? Est-ce une pécheresse ?"
"Non, c'est une malheureuse. Ce cavalier qui t'a tant tracassé est venu
me dire de l'attendre. Et je l'attendrai, bien que je sache ne pouvoir rien
faire pour elle. Et sais-tu qui l'a mise, et aussi le cavalier, sur mes
traces ? Judas. Tu vois qu'il a une raison honnête de connaître ce
juif."
Pierre baisse la tête et se tait confus, peut-être pas convaincu, et encore
curieux. Mais il se tait.
503.5 – Jésus s'arrête en dehors des
murs de la ville et, fatigué, il s'assoit à l'ombre d'un bosquet qui abrite du
soleil une fontaine près de laquelle il y a des quadrupèdes à l'abreuvoir.
Les disciples
s'assoient eux aussi en attendant. Ce doit être un quartier très secondaire
de la ville, car à part les chevaux et les ânes qui appartiennent
certainement à des marchands en voyage, il y a peu de monde.
Une femme s'avance toute enveloppée dans un manteau foncé et le visage
presque couvert. Le voile épais et foncé descend à la moitié du visage. Il y
a avec elle le cavalier de tout à l'heure, maintenant à pied et trois autres
hommes somptueusement vêtus.
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30> "Nous te saluons,
Maître."
"Paix à vous."
"C'est la femme. Écoute-la et exauce son désir."
"Si je puis."
"Tu peux tout."
"Tu le crois, toi, sadducéen ?"
Le sadducéen
c'est celui qui était à cheval.
"Je crois à ce que je vois."
"Et tu as vu que je puis ?"
"J'ai vu."
"Et pourquoi le puis-je, tu le sais ?"
Silence.
"Puis-je savoir, Moi, comment tu juges que je le puis ?"
Silence.
Jésus ne s'occupe plus de lui ni des autres. Il parle à la femme :
"Que veux-tu ?"
"Maître... Maître..."
"Parle
donc, sans crainte."
La femme jette un coup d'œil oblique à ceux qui l'accompagnent et qu'ils
interprètent à leur manière.
"La femme a son mari malade et te demande sa guérison. C'est une
personne influente de la cour d'Hérode.
Tu as intérêt à l'exaucer."
"Non parce qu'elle est influente, mais parce qu'elle est malheureuse je
l'exaucerai, si je peux. Je l'ai déjà dit. Qu'a ton mari ? Pourquoi n'est-il
pas venu ? Et pourquoi ne veux-tu pas que j'aille le trouver ?"
Autre silence, et autre regard oblique.
"Veux-tu me parler sans témoins ? Viens."
503.6 – Ils s'écartent de quelques
pas.
"Parle."
"Maître... je crois en Toi. Je crois tellement
que je suis certaine que tu sais tout de lui, de moi, de notre vie
malheureuse... Mais lui ne croit pas... Mais lui te hait... Mais lui..."
"Mais lui ne peut pas guérir car il n'a pas la foi. Non seulement
il n'a pas la foi en Moi, mais pas même dans le vrai Dieu."
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31> "Ah ! Tu sais ?"
La femme pleure désespérément.
"C'est un enfer, ma maison ! Un enfer ! Tu délivres les possédés. Tu
sais donc ce qu'est le démon. Mais ce démon subtil, intelligent, faux et
instruit, le connais-tu ? Sais-tu à quelles perversions il amène ? Sais-tu à
quels péchés ? Sais-tu quelles ruines il cause autour de lui ? Ma maison ?
Est-ce une maison ? Non. C'est le seuil de l'Enfer. Mon mari ? Est-ce mon
mari ? Maintenant il est malade et ne s'occupe pas de moi. Mais quand il
était encore fort et désireux d'amour, était-ce un homme celui qui m'embrassait,
qui me tenait, qui me possédait ? Non ! J'étais dans les spires d'un démon,
je sentais la respiration et la glu d'un démon. Je l'ai tant aimé, je l'aime.
Je suis sa femme et il m'a pris ma virginité quand j'étais seulement un peu plus qu'une enfant : j'avais à peine quatorze ans. Mais quand je me
rappelais cette première heure, et qu'avec elle je repensais aux
sensations intactes du premier embrassement qui m'a rendue femme, moi, avec
d'abord ce qu'il y a de meilleur en moi, puis avec la chair et le sang, je
reculais d'horreur quand je me ressouvenais que lui est souillé par la nécromancie.
Il me semblait que ce n'était pas mon homme, mais les morts qu'il évoquait,
qui étaient sur moi pour se rassasier de moi... Et même maintenant,
maintenant, même rien qu'à le regarder mourant et encore plongé dans cette
magie, j'en éprouve du dégoût. Ce n'est pas lui que je vois... C'est Satan.
Oh ! quelle douleur est la mienne ! Même dans la mort, je ne serai pas avec
lui car la Loi l'interdit. Sauve-le, Maître. Je te demande de le guérir pour
lui donner le temps de se guérir."
La femme pleure avec angoisse.
"Pauvre femme ! Moi, je ne puis le guérir."
"Pourquoi, Seigneur ?"
"Parce que lui ne le veut pas."
"Si, il a peur de la mort. Si, il le veut."
"Il ne le veut pas. Ce n'est pas un fou,
ce n'est pas un possédé qui ne connaît pas son état et qui ne demande pas
d'être délivré parce qu'il ne peut penser librement. Ce n'est pas quelqu'un
dont la volonté
est inhibée. C'est quelqu'un qui veut être tel. Il sait que ce qu'il
fait est défendu. Il sait qu'il est maudit par le Dieu d'Israël, mais il
persiste. Même si je le guérissais, en commençant par son âme, il reviendrait
à sa jouissance satanique. Sa volonté est corrompue. C'est un rebelle. Je ne
puis."
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32> 503.7 – La femme pleure plus fort.
Ceux qui l'ont accompagnée s'en approchent.
"Tu ne la contentes pas, Maître ?"
"Je ne puis."
"Je vous l'avais dit, moi. Et la raison ?"
"C'est toi, sadducéen, qui le demandes ? Je te renvoie au livre des
Rois. Lis ce que disait Samuel à Saül
et ce que disait Élie à Ochozias.
L'esprit du prophète reproche au roi de l'avoir dérangé en l'évoquant du
royaume des morts. Il n'est pas permis de le faire. Lis le Lévitique, si tu
ne te souviens plus de la parole de Dieu, Créateur et Seigneur de tout ce qui
existe, Gardien de la vie et de ceux qui sont morts. Morts et vivants sont
dans les mains de Dieu
et il ne vous est pas permis de les arracher à elles. Ni par vaine curiosité,
ni par une violence sacrilège, ni par une incrédulité maudite. Que
voulez-vous savoir ? S'il existe un avenir éternel ? Et vous dites que vous
croyez en Dieu. S'il y a un Dieu, il aura Lui aussi une cour. Et que
sera-t-elle si elle n'est pas éternelle comme Lui, faite d'esprits éternels ?
Si vous dites que vous croyez en Dieu, pourquoi ne croyez-vous pas à sa
parole ? Sa parole ne dit-elle pas : "Vous ne pratiquerez pas la
divination, vous n'observerez pas les songes"
? Ne dit-il pas : "Si quelqu'un s'adresse aux mages et aux devins, et
fornique avec eux, Je retournerai contre lui ma face et l'exterminerai du
milieu de son peuple" .
Ne dit-il pas : "Ne vous faites pas des dieux à votre convenance" ?
Et qu'êtes-vous ? Des samaritains et des perdus, ou des fils d'Israël ? Et
qu'êtes-vous : sots ou capables de raisonner ? Et si vous raisonnez pour nier
l'immortalité de l'âme, pourquoi évoquez-vous les morts ? Si elles ne sont
pas immortelles ces parties incorporelles qui animent l'homme, que reste-t-il
d'un homme après la mort ? De la pourriture et des ossements, des ossements
calcinés qui sortent de la vermine. Et si vous ne croyez pas à Dieu, au point
que vous recourez à des idoles et des signes pour obtenir la guérison, de
l'argent, des réponses, comme fait celui dont vous demandez la santé, car
vous vous faites des dieux à votre convenance et vous croyez qu'ils peuvent
vous dire des paroles plus vraies, plus saintes, plus divines que celles que
Dieu vous dit ? Maintenant je vous dis la même réponse d'Élie à Ochozias :
"Pourquoi as-tu envoyé des messagers pour consulter Belzébuth, dieu
d'Accaron, comme s'il n'y avait pas en Israël un Dieu que l'on puisse
consulter ? À cause de cela, tu ne descendras pas du lit sur lequel tu es
monté et certainement tu mourras dans ton péché"
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33> 503.8 – "C'est toujours Toi qui
nous insultes et nous attaques. Je te le fais remarquer. Nous venons vers Toi
pour..."
"Pour m'attirer dans un piège. Mais je vous lis
le cœur. Bas les masques, hérodiens vendus à l'ennemi d'Israël ! Bas les
masques, pharisiens faux et cruels ! Bas les masques, sadducéens, vrais
samaritains ! Bas les masques, scribes dont les paroles sont contraires aux
faits ! Bas les masques, vous tous, vous violateurs de la Loi de Dieu,
ennemis de la Vérité, concubins du Mal ! À bas, profanateurs de la Maison de
Dieu ! À bas, vous qui entraînez les consciences faibles ! À bas, chacals qui
flairez la victime dans le vent qui l'a effleurée et qui suivez cette piste
et qui guettez en attendant l'heure favorable pour tuer, et qui vous
pourléchez les lèvres sur lesquelles vous goûtez à l'avance le goût du sang
et qui rêvez à cette heure !... O brocanteurs et fornicateurs qui vendez pour
beaucoup moins qu'une poignée de lentilles votre droit d'aînesse parmi les
peuples et n'avez plus les bénédictions. Ce seront d'autres peuples qui se revêtiront de la toison de l'Agneau de Dieu et, comme de vrais
Christ, ils apparaîtront aux yeux du Très-Haut. Et quand Il sentira la
fragrance de son Christ qui émane d'eux, Il dira :
"Voici la fragrance de mon Fils ! Semblable à l'odeur d'un champ fleuri
béni par Dieu. Sur vous la rosée du Ciel : la Grâce. En vous la fécondité de
la Terre : les fruits de mon Sang. En vous l'abondance de froment et de vin :
mon Corps et mon Sang que je donnerai aux hommes pour qu'ils aient la vie et
le souvenir de Moi. Que les peuples vous servent, que les gens s'inclinent
devant vous, car là où sera le signe de mon Agneau, là sera le Ciel. Et la
Terre est soumise au Ciel. Soyez les maîtres de vos frères, car ceux qui
suivent mon Christ seront les rois de l'esprit car ils auront la Lumière, et
vers cette Lumière, les autres tourneront leurs regards en espérant en son
aide. Que s'inclinent devant eux les enfants de votre Mère : la Terre. Oui,
tous les enfants de la Terre s'inclineront un jour devant mon Signe. Que
maudit soit celui qui vous maudit et béni celui qui vous bénit, car les
malédictions et les bénédictions qui vous sont données viennent vers Moi,
votre Père et votre Dieu".
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34> C'est cela qu'il dira. Cela, ô
fornicateurs qui, pouvant avoir la vraie foi comme épouse aimée de vos âmes, forniquez
avec Satan et ses fausses doctrines. C'est cela qu'il vous dira, ô assassins.
Assassins des consciences et assassins des corps. Ici sont vos victimes. Mais
s'il y a deux cœurs assassinés, vous n'aurez un Corps que pour le temps de
Jonas. Et puis Lui, réuni à son immortelle Essence, vous jugera."
Jésus est terrible dans ce réquisitoire. Terrible ! Je crois qu'il sera ainsi
le Dernier Jour.
503.9 – "Et où sont ces
assassinés ? Tu délires ! Tu es un concubin de Belzébuth. Tu forniques avec
lui, et c'est en son nom que tu opères des miracles, et tu n'as pas de
pouvoir dans notre cas car c'est nous qui avons l'amitié de Dieu."
"Satan ne se chasse pas lui-même. Moi, je chasse les démons. Au nom de
qui, alors ?"
Silence.
"Répondez !"
"Mais ce n'est pas la peine de s'occuper de cet obsédé ! Je vous l'avais
dit. Vous ne l'avez pas cru. Entendez-le de Lui. Réponds, fou de Nazaréen.
Connais-tu le sciemanflorasc
?"
"Je n'en ai pas besoin !"
"Vous entendez ? Encore une question. N'as-tu pas été en Égypte ?"
"Si."
"Vous voyez ? Qui est le nécromancien, le satan ? Horreur ! Viens, femme. Ton mari est saint en comparaison de Lui. Viens !... Il faudra
que tu te purifies. Tu as touché
Satan !..." Et ils s'en vont en traînant la femme en pleurs, avec de
vifs gestes de répulsion.
Jésus, les bras croisés, les suit avec des éclairs dans ses yeux.
503.10 – "Maître...
Maître..."
Les apôtres sont terrorisés, à la fois par la violence de Jésus et par les
paroles des juifs.
Pierre demande, et il est tout courbé en le disant :
"Qu'ont-ils voulu dire par ces dernières questions ? Qu'est cette chose
?"
"Quoi ? Le sciemanflorasc ?"
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35> "Oui. Qu'est-ce ?"
"N'y pense pas. Ils confondent la Vérité avec le Mensonge, Dieu avec
Satan, et dans leur orgueil satanique ils pensent que Dieu pour se plier aux
volontés des hommes a besoin d'être conjuré par son tétragramme. Le Fils
parle avec le Père un langage vrai, et c'est avec lui, par amour réciproque
du Père et du Fils, que s'accomplissent les miracles."
"Mais pourquoi t'a-t-il demandé si tu avais été en Égypte ?"
"Parce que le Mal se sert des choses les plus
inoffensives pour en faire un acte d'accusation contre celui qu'il veut
frapper. Mon séjour d'enfance dans la terre d'Égypte sera un des chefs
d'accusation à l'heure où ils se vengeront .
Vous et vos successeurs, sachez qu'avec Satan plein d'astuce et ses
serviteurs fidèles, il faut avoir double astuce. C'est pour cela que je vous
ai dit : "Soyez rusés comme des serpents
et pas seulement simples comme des colombes" .
Cela pour ne pas mettre la plus petite arme aux mains des démons. Et cela ne
sert pas non plus. Allons."
"Où, Maître ? À Jéricho ?"
"Non. Nous allons prendre une barque et passer de nouveau dans la
Décapole. Nous remonterons le Jourdain jusqu'à la hauteur d'Enon et puis nous
débarquerons. Ensuite sur la rive de Génésareth, nous prendrons une autre
barque et nous passerons à Tibériade et de là à Cana et à Nazareth. J'ai
besoin de ma Mère, et vous aussi en avez besoin. Ce que le Christ ne fait pas
par sa parole. Marie le fait par son silence. Ce que ne fait pas ma
puissance, sa pureté le fait. Oh ! ma Mère !"
"Tu pleures, Maître ? Tu pleures ? Oh ! non ! Nous te défendrons ! Nous
t'aimons !"
"Je ne pleure pas et je ne crains pas ceux qui me veulent du mal. Je
pleure parce que les cœurs sont plus durs que du jaspe et je ne peux rien sur
beaucoup d'entre eux. Venez, amis."
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