Vision du samedi
3 juin 1944
475> 641.1 - C’est
une des toutes premières réunions de chrétiens, dans les jours qui ont suivi
immédiatement la Pentecôte.
Les douze apôtres sont de nouveau douze car Mathias,
déjà élu à la place du traître, est parmi eux. Et le fait que tous les douze
sont là, montre qu’ils ne s’étaient pas encore séparés pour aller évangéliser
selon l’ordre du Maître. La Pentecôte doit donc être arrivée depuis peu et le
Sanhédrin ne doit pas encore avoir commencé
ses persécutions contre les serviteurs de Jésus Christ. En effet, autrement,
ils ne célébreraient pas avec tant de calme et sans prendre aucunes
précautions, dans une maison qui n’est que trop connue à ceux du Temple,
c’est-à-dire dans la maison du Cénacle, et précisément dans la pièce où fut
consommée la dernière Cène, où fut instituée l’Eucharistie, et commencée la
trahison vraie et totale, et la Rédemption.
La vaste pièce a pourtant subi une modification, nécessaire pour sa nouvelle
destination d’église, et imposée par le nombre des fidèles.
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476>
La table n’est plus près du mur de l’escalier, mais près, ou plutôt contre,
celui qui est en face, de façon que ceux qui ne peuvent entrer dans le
Cénacle déjà comble — dans le Cénacle, première église du monde chrétien —
puissent voir ce qui y arrive, en se mettant, en s’entassant dans le corridor
d’entrée, près de la petite porte, complètement ouverte, qui donne accès à la
pièce.
Dans la pièce il y a des hommes et des femmes de tout âge. Dans un groupe de femmes, près de la table, mais dans un coin, se
trouve Marie, la Mère, entourée de Marthe
et Marie de Lazare, de Nikê,
Élise,
Marie d'Alphée,
Salomé,
Jeanne de Kouza, en somme de
beaucoup de femmes disciples, hébraïques et
aussi non hébraïques, que Jésus avait guéries, consolées, évangélisées et
devenues brebis de son troupeau. Parmi les hommes il y a Nicodème, Lazare, Joseph d'Arimathie,
des disciples très nombreux parmi lesquels se trouvent Étienne,
Hermas, les bergers, Élisée,
fils du chef de la synagogue d’Engaddi, et d’autres très nombreux. Et il y a
aussi Longin
qui n’a pas sa tenue militaire mais un long et simple
vêtements bis comme un habitant quelconque. Puis d’autres qui certainement
sont entrés dans le troupeau du Christ depuis la Pentecôte et les premières
évangélisations des Douze.
641.2 - Pierre
parle aussi maintenant, pour évangéliser et instruire
ceux qui sont présents. Il parle encore une fois de la dernière Cène. Encore,
car on comprend d’après ses paroles qu’il en a déjà parlé d’autres fois.
Il dit :
"Je vous parle encore une fois" et il appuie fortement sur
ces mots "de cette Cène dans laquelle, avant d’être immolé par les
hommes, Jésus Nazaréen, comme on l’appelait, Jésus Christ, Fils de Dieu et notre
Sauveur, comme il faut le dire et le croire de tout notre cœur et de tout
notre esprit, car en cette croyance réside notre salut, s’immola de sa
propre volonté et par excès d’amour, en se donnant en Nourriture et en
Boisson aux hommes et en nous disant, à nous ses serviteurs et ses
continuateurs: "Faites ceci en mémoire de Moi". Et c’est ce que
nous faisons. Mais, ô hommes, de même que nous, ses témoins, nous croyons
qu’il y a dans le Pain et dans le Vin, offerts et bénits comme il l’a fait,
en souvenir de Lui et pour obéir à son divin commandement, son Corps très
Saint et son Sang très Saint, ce Corps et ce Sang qui appartiennent à un
Dieu, Fils du Dieu Très-Haut, et qui ont été répandus et crucifiés pour
l’amour et la vie des hommes.
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477> De la même façon, vous aussi, vous
tous, entrés à faire partie de la véritable, nouvelle, immortelle Église
prédite par les prophètes et fondée par le Christ, vous devez le croire.
Croyez et bénissez le Seigneur qui à nous — qui l’avons crucifié sinon
matériellement certainement moralement et spirituellement à cause de notre
faiblesse en le servant, de notre manque d’ouverture pour le comprendre, de
notre lâcheté en l’abandonnant par la fuite à son heure suprême, dans notre,
non, dans ma trahison personnelle d’homme peureux et lâche au
point de le renier, de ne pas le reconnaître et de nier que je suis son
disciple, moi le premier même de ses serviteurs (et deux grosses larmes
descendent le long du visage de Pierre) peu avant l’heure de prime, là, dans
la cour du Temple — croyez et bénissez, disais-je, le Seigneur qui nous
laisse ce signe éternel de son pardon.
Croyez et bénissez le Seigneur, qui à ceux qui ne l’ont pas connu quand il
était le Nazaréen, permet qu’ils le connaissent maintenant qu’il est le Verbe
Incarné revenu au Père. Venez et prenez. Lui l’a dit : "Celui qui mange
ma Chair et qui boit mon Sang aura la Vie éternelle". Nous alors nous n’avons pas compris (et
Pierre pleure de nouveau). Nous n’avons pas compris car nous étions
lents pour comprendre. Mais maintenant l’Esprit-Saint a enflammé notre
intelligence, fortifié notre foi, infusé la charité, et nous comprenons. Et
au nom du Dieu Très-Haut, du Dieu d’Abraham, de Jacob, de Moïse, au nom très
haut du Dieu qui a parlé à Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel, et aux autres
Prophètes, nous vous jurons que c’est la vérité et nous vous conjurons de
croire pour que vous puissiez avoir la Vie éternelle."
Pierre est plein de majesté quand il parle. Il n’a plus rien du pêcheur un
peu rustre d’il y a seulement quelque temps. Il est monté sur un tabouret
pour parler et être mieux vu et entendu, car, avec sa petite taille, s’il
était resté debout sur le sol de la pièce, il n’aurait pas pu être vu des
plus éloignés et lui, au contraire, veut dominer la foule. Il parle avec
mesure, une voix appropriée, et les gestes d’un véritable orateur. Ses yeux,
toujours expressifs, sont maintenant plus éloquents que jamais. Amour, foi,
autorité, contrition, tout transparaît par ce regard, annonce et renforce ses
paroles.
641.3 - Il
a maintenant fini de parler. Il descend du tabouret et il passe derrière la
table entre celle-ci et le mur, et il attend.
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478> Jacques et Jude, c’est-à-dire les deux fils
d’Alphée et cousins du Christ, étendent maintenant sur la table une nappe
très blanche. Pour y arriver, ils soulèvent le coffre large et bas qui se
trouve au milieu de la table, et étendent aussi sur son couvercle un linge
très fin.
L’apôtre Jean
va maintenant trouver Marie et lui demande quelque chose. Marie enlève de son
cou une sorte de petite clef et la donne à Jean. Jean la prend, revient au
coffre, l’ouvre, en rabattant la partie antérieure qui vient se coucher sur
la nappe et que l’on recouvre d’un troisième linge.
À l’intérieur du coffre il y a une
séparation horizontale qui le divise en deux compartiments. Dans le compartiment inférieur il y a un calice et un plat de métal.
Dans le compartiment le plus élevé, au milieu, le calice qui a servi à Jésus
à la Dernière Cène et pour la première Eucharistie, les restes du pain
partagé par Lui, déposés sur un petit plat précieux comme le calice. À côté
du calice et du petit plat qui est posé dessus, il y a d’un côté la couronne
d’épines, les clous et l’éponge. De l’autre côté un des Linceuls enroulé, le
voile avec lequel Nikê avait essuyé le visage de Jésus, et celui que Marie
avait donné à son Fils pour qu’il s’enveloppe les reins. Au fond il y a
d’autres choses, mais comme elles restent plutôt cachées et que personne n’en
parle ni ne les montre, on ne sait pas ce que c’est. Les autres, par contre,
qui sont visibles, Jean et Jude d’Alphée les montrent à ceux qui sont
présents et la foule s’agenouille devant elles. Cependant on ne les touche
pas et on ne montre pas le calice et le petit plat qui contient le pain, et
on ne déplie pas le Linceul, mais on montre le rouleau en disant ce que
c’est. Peut-être Jean et Jude ne le déplient pas pour ne pas réveiller en
Marie le souvenir douloureux des sévices atroces subits par son Fils.
Une fois terminée cette partie de la cérémonie les apôtres, en chœur,
entonnent des prières, je dirais des psaumes, car elles sont chantées comme
les hébreux le faisaient dans leurs synagogues ou dans leurs pèlerinages à
Jérusalem, pour les solennités prescrites par la Loi. La foule s’unit au
chœur des apôtres qui de cette façon devient de plus en plus imposant.
641.4 - Enfin
on apporte des pains et on les place sur le petit plat de métal qui était
dans le compartiment inférieur du coffre, et aussi des petites amphores de
métal elles aussi.
Pierre reçoit de Jean, qui est agenouillé de l’autre côté de la table —
pendant que Pierre est toujours entre la table et le mur, donc tourné vers la
foule — le plateau avec des pains, l’élève et l’offre. Puis il le bénit et le
pose sur le coffre.
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479> Jude d’Alphée, qui se tient aussi à
genoux à côté de Jean, présente à son tour à Pierre le calice du compartiment
inférieur et les deux amphores qui étaient d’abord près du petit plat des
pains, et Pierre verse leur contenu dans le calice qu’il élève ensuite et
offre comme il a fait pour le pain. Il bénit aussi le calice et le pose sur
le coffre à côté des pains.
Ils prient encore. Pierre fragmente les pains en nombreuses bouchées pendant
que la foule se prosterne encore davantage, et il dit :
"Ceci est mon Corps. Faites ceci en mémoire de Moi."
Il sort de derrière la table, en portant avec lui le plateau chargé des
bouchées de pain, va d’abord vers Marie et lui donne une bouchée. Il passe ensuite sur le devant de la table et il distribue le Pain
consacré à tous ceux qui s’approchent pour le recevoir. Il reste quelques
bouchées toujours sur leur plateau que l’on dépose sur le coffre.
Maintenant il prend le calice et l’offre à ceux qui sont présents, en
commençant toujours par Marie. Jean et Jude le suivent avec les petites
amphores, et ajoutent des liquides quand le calice est vide, pendant que
Pierre répète l’élévation, l’offrande et la bénédiction pour consacrer le
liquide. Une fois que l’on a contenté tous ceux qui demandaient de se nourrir
de l’Eucharistie, les apôtres consomment le pain et le vin qui restent.
Ensuite on chante un autre psaume ou un hymne et, après cela, Pierre bénit la
foule qui, après sa bénédiction, s’en va peu à peu.
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