Le jeudi 24 mai 1945.
(édition de 1985).
85> 170.1 – Jésus parle aux apôtres en leur assignant
à chacun une place pour diriger et surveiller la foule qui monte dès les
premières heures de la matinée ,
avec des malades portés sur les bras ou sur des brancards ou qui se traînent
avec des béquilles. Dans la foule, il y a Étienne
et Hermas.
L'air est pur et un peu frais mais le soleil a vite fait de tempérer cet air
de montagne un peu vif. C'est tout avantage, car le soleil donne à l'air une
fraîcheur qui n'est pas désagréable. Les gens s'assoient sur des pierres ou
des rochers épars dans la vallée entre les deux cimes.
Certains attendent que le soleil ait séché l'herbe humide de rosée pour
s'asseoir à même le sol. Il y a une foule nombreuse venue de toutes les régions
de Palestine, et de toutes conditions.
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86> Les apôtres sont
perdus dans la foule, mais comme des abeilles qui vont et viennent du pré au
rucher, ils reviennent de temps à autre auprès du Maître, pour le renseigner,
pour le questionner, pour avoir le plaisir que le Maître les regarde de près.
Jésus monte un peu plus haut que le pré qui est au fond de la vallée,
s'adosse à la paroi d'un rocher et commence à parler .
170.2 – "Plusieurs m'ont demandé
pendant une année de prédication : "Mais, Toi, qui te dis le Fils
de Dieu, dis-nous ce qu'est le Ciel, ce qu'est le Royaume, ce qu'est Dieu,
car nous avons des idées confuses. Nous savons que le Ciel existe avec Dieu
et les anges. Mais personne n'est jamais venu nous dire comment il est, puisque
il est fermé aux justes".
On m'a même demandé ce qu'est le Royaume et ce qu'est Dieu. Et je me suis
efforcé de vous expliquer ce qu'est le Royaume et ce qu'est Dieu. Efforcé,
non parce qu'il m'était difficile de m'expliquer, mais parce qu'il m'est difficile,
pour un ensemble de circonstances, de vous faire accepter une vérité qui se
heurte, en ce qui concerne le Royaume, contre tout un édifice d'idées qui se
sont accumulées au cours des siècles, et en ce qui concerne Dieu contre la
sublimité de sa Nature.
D'autres encore m'ont demandé: "C'est bien pour ce qui est du Royaume et
ce qui est de Dieu. Mais comment conquiert-on celui-ci et
celui-là ?" Ici aussi j'ai cherché à vous expliquer patiemment
l'âme véritable de la Loi du Sinaï. Celui qui fait sienne cette âme
s'approprie le Ciel. Mais pour vous expliquer la Loi de Sinaï il faut aussi
faire entendre le ton sévère du Législateur et de son Prophète .
S'ils promettent des bénédictions à ceux qui l'observent, ils menacent de
peines terribles et de malédictions ceux qui désobéissent. La manifestation
du Sinaï fut terrible et cette terreur se reflète dans toute la Loi, se
reflète dans tous les siècles et dans toutes les âmes .
Mais Dieu n'est pas seulement Législateur. Il est Père. Et
un Père d'une immense bonté.
Peut-être, et sans aucun doute, vos âmes affaiblies par le péché d'origine,
par les passions, par les péchés, par des égoïsmes de toutes sortes les
vôtres et ceux d'autrui, ces derniers vous faisant une âme irritée, les
vôtres une âme fermée, ne peuvent s'élever à la contemplation des infinies
perfections de Dieu et de la bonté, encore moins que de toute autre, parce
que c'est la vertu qui avec l'amour est le moins le partage des mortels. La
bonté! Oh! la douceur d'être bons, sans haine, sans envie, sans orgueil.
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87> Avoir des yeux qui ne regardent que pour aimer, des
mains qui ne se tendent que pour des gestes d'amour, des lèvres qui ne
profèrent que des paroles d'amour, et un cœur, un cœur surtout qui uniquement
rempli d'amour force les yeux, les mains, et les lèvres à des actes
d'amour !
170.3 – Les
plus savants d'entre vous savent de quels dons Dieu avait enrichi Adam, pour
lui et pour ses descendants. Même les plus ignorants parmi les fils d'Israël
savent qu'il y a, en nous, un esprit. Seuls les pauvres païens l'ignorent,
cet hôte royal, ce souffle vital, cette lumière céleste qui sanctifie et
vivifie notre corps. Mais les plus savants savent quels dons avaient été
donnés à l'homme, à l'esprit de l'homme.
Dieu n'a pas été moins généreux pour l'esprit, que pour la chair et le sang
de la créature qu'Il avait faite avec un peu de boue et avec son souffle.
Comme Il avait donné les dons naturels de beauté et d'intégrité,
d'intelligence et de volonté, le don de s'aimer soi-même et d'aimer les
autres, de la même façon Il avait donné les dons moraux avec la soumission
des sens à la raison. Ainsi dans la liberté et la maîtrise de soi et de la
propre volonté, dont Dieu avait doté Adam, ne s'insinuait pas le pervers
esclavage des sens et des passions, mais libre était l'amour de soi, libre la
volonté, libre une juste jouissance, qui ne vous fait pas esclaves en vous
faisant sentir ce poison que Satan a répandu et qui déborde, en vous
amenant hors du lit limpide sur des terrains fangeux, dans des marais
malsains où fermentent les fièvres des sens charnels et des sens moraux. Pour
que vous sachiez que le désir de la pensée vient aussi du sens. Et ils eurent
des dons surnaturels, à savoir la Grâce sanctifiante, le destin supérieur, la
vision de Dieu.
170.4 – La Grâce sanctifiante :
la vie de l'âme. Cette chose extrêmement spirituelle déposée dans notre âme
spirituelle. La Grâce qui nous fait fils de Dieu car elle nous préserve de la
mort du péché, et celui qui n'est pas mort "vit" dans la maison du
Père: le Paradis; dans mon Royaume: le Ciel. Qu'est-ce que cette Grâce qui
sanctifie et qui donne Vie et Royaume ? Oh ! n'employez pas des
flots de paroles ! La Grâce c'est l'amour. La Grâce, par conséquent,
c'est Dieu. C'est Dieu qui en s'admirant dans la créature qu'Il a créée
parfaite s'y aime, s'y contemple, s'y désire, se donne ce qui est sien pour
multiplier son avoir, pour jouir de cette multiplication, pour s'aimer en
tant d'êtres qui sont d'autres Lui-Même.
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88> Oh ! fils ! Ne frustrez
pas Dieu de ce qui est son droit! Ne dépouillez pas Dieu de ce qui est son avoir !
Ne décevez pas Dieu en ce qui est son désir ! Pensez qu'Il agit par
amour. Même si vous n'existiez pas, Lui serait toujours l'Infini et sa
puissance n'en serait pas diminuée. Mais Lui, bien qu'étant complet dans sa
mesure infinie, sans mesure, veut non pas pour Lui ni en Lui - Il ne le
pourrait pas puisque Il est déjà l'Infini - mais pour le Créé, sa créature,
Lui veut augmenter l'amour bien que ce Créé contienne déjà ce qui permet de
donner la Grâce: l'Amour, pour que vous le portiez en vous à la perfection
des saints et pour que vous reversiez ce trésor, tiré du trésor que Dieu vous
a donné avec sa Grâce et augmenté de toutes vos œuvres saintes, de toute
votre vie héroïque de saints, dans l'Océan infini où Dieu se trouve: dans le
Ciel.
Divines, divines, divines citernes de L'Amour ! C'est ce que vous êtes, et à votre être n'est pas donnée la mort, car vous êtes
éternels comme Dieu, étant dieu .
Vous existerez et votre être ne connaîtra pas de fin, parce qu'immortels
comme les esprits saints qui vous ont suralimentés, en revenant en vous
enrichis de vos propres mérites. Vous vivez et nourrissez, vous vivez et
enrichissez, vous vivez et formez cette très sainte chose qui est la
Communion des esprits, depuis Dieu, Esprit Très Parfait, jusqu'à ce tout
petit qui vient de naître qui prend pour la première fois le sein maternel.
Ne me jugez pas mal au fond de votre cœur, vous qui êtes savants ! Ne
dites pas: "C'est un fou! C'est un menteur ! Il faut qu'il soit fou
pour parler de la Grâce en nous, puisque la Faute nous en a privés, il ment
en nous disant déjà unis à Dieu". Oui, la Faute existe; oui, la
séparation existe. Mais devant la puissance du Rédempteur, la Faute,
séparation cruelle survenue entre le Père et les fils, croulera comme une
muraille secouée par le nouveau Samson. Déjà je l'ai saisie et je la secoue
et elle vacille, et Satan tremble de colère et d'impuissance ne pouvant rien
contre mon pouvoir et se voyant arracher tant de proies et devenir plus
difficile l'entraînement de l'homme au péché.
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89> Parce que quand, par mon
intermédiaire je vous aurai amené à mon Père, et que par l'effusion de mon
sang et par ma douleur vous serez devenus purs et forts, la Grâce reviendra
en vous vivante, éveillée, puissante et vous serez des triomphateurs, si vous
le voulez.
Dieu ne vous fait pas violence dans votre pensée ni non plus dans votre
sanctification. Vous êtes libres. Mais Il vous rend la force. Il vous délivre
de la domination de Satan. À vous de reprendre le joug infernal, ou de mettre
à votre âme des ailes d'ange. Tout dépend de vous pour me prendre comme frère
pour que je vous guide et vous nourrisse d'une nourriture immortelle.
170.5 – "Comment conquérir Dieu
et son Royaume en suivant une autre voie plus douce que la voie sévère du
Sinaï ?" dites-vous.
Il n'y a pas d'autre chemin, il y a celui-ci. Mais cependant ne le regardons
pas sous le jour de la menace, mais sous le jour de l'amour. Ne disons pas:
"Malheur si je ne fais pas ceci!" en restant tremblants dans
l'attente du péché, de n'être pas capable de ne pas pécher. Mais disons: "Bienheureux serai-je si je fais ceci"
et avec un élan de joie surnaturelle, joyeux, élançons-nous vers ces
béatitudes, qui naissent de l'observation de la Loi comme les roses naissent
dans un buisson épineux.
Bienheureux si je suis pauvre en esprit,
car alors le Royaume des Cieux est à moi !
Bienheureux si je suis doux, parce que j'aurai la Terre en
héritage !
Bienheureux si je suis capable de pleurer
sans me révolter, car je serai consolé!
Bienheureux si plus que du pain et du vin qui rassasient la chair, j'ai faim
de justice. La Justice me rassasiera !
Bienheureux si je suis miséricordieux, car je profiterai de la
divine miséricorde !
Bienheureux si je suis pur de cœur, car Dieu se penchera sur mon
cœur pur, et moi je Le verrai !
Bienheureux si j'ai l'esprit de paix, car Dieu m'appellera son
fils, car je serai dans la paix et dans l'amour, et Dieu est l'Amour qui aime
celui qui est semblable à Lui !
Bienheureux si, par fidélité à la justice, je suis persécuté
parce que pour me dédommager des persécutions de la terre, Dieu me donnera le
Royaume des Cieux !
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90> Bienheureux si on m'outrage et si
on m'accuse à tort pour savoir être ton fils, ô
Dieu! Ce n'est pas la désolation mais la joie que cela doit m'apporter, car
cela me mettra au niveau de tes meilleurs serviteurs, les Prophètes, qui
furent persécutés pour la même raison et avec lesquels je crois fermement que
je partagerai la même récompense, grande, éternelle, dans le Ciel qui
m'appartient !"
Regardons ainsi le chemin du salut à travers la joie des saints.
170.6 – "Bienheureux serai-je si
je suis pauvre en esprit".
Oh ! fièvre satanique des richesses à quels délires tu conduis les
hommes! Les riches, les pauvres. Le riche qui vit pour son or, idole infâme
de son esprit en ruines. Le pauvre qui vit de la haine qu'il a pour le riche
qui possède l'or, et même s'il ne se rend pas matériellement homicide, il
proclame ses anathèmes contre les riches, leur souhaitant toutes sortes de
maux. Il ne suffit pas de ne pas commettre le mal, il faut encore ne pas
désirer le faire .
Celui qui maudit en souhaitant malheurs et mort ne diffère pas beaucoup de
celui qui tue matériellement, car il a en lui le désir de voir périr celui
qu'il hait. En vérité je vous dis que le désir n'est qu'un acte que l'on
retient, comme le fruit d'une conception déjà formé mais non expulsé. Le
désir mauvais empoisonne et corrompt, car il dure davantage que l'acte
violent. Il s'enracine plus profondément que l'acte lui-même.
Celui qui est pauvre en esprit, s'il est matériellement riche ne pèche pas à cause
de l'or, mais avec son or il réalise sa sanctification parce qu'il en fait de
l’amour.
Aimé et béni, il est semblable à ces sources qui
sauvent les voyageurs dans les déserts et qui se donnent sans avarice,
heureuses de pouvoir se donner pour soulager ceux qui désespèrent. S'il est
réellement pauvre, il est joyeux dans sa pauvreté et trouve son pain
agréable. Il est joyeux car il échappe à la fièvre de l'or, son sommeil
ignore les cauchemars et il se lève bien reposé pour se mettre tranquillement
à son travail qui lui est léger parce qu'il le fait sans avidité et sans
envie.
Ce qui enrichit l’homme, c’est matériellement son or, moralement ses
affections. Sous le nom d'or, on comprend non seulement les ressources
pécuniaires, mais les maisons, les champs, les bijoux, les meubles, les
troupeaux, tout ce qui en somme donne l'aisance à la vie. Les richesses
morales consistent dans: les liens de parenté ou de mariage, les amitiés, les
richesses intellectuelles, les charges publiques.
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91> Comme vous le voyez, pour la
première catégorie le pauvre peut dire: "Oh! pour moi, il me suffit de
ne pas envier celui qui possède et je me contente de la situation qui m'est
imposée"; pour la seconde, celui qui est pauvre doit encore se
surveiller car le plus misérable des hommes peut devenir coupable si son
esprit n'est pas détaché. Celui qui s'attache immodérément à quelque chose,
celui-là pèche.
Vous direz: "Mais alors, nous devons haïr le bien que Dieu nous a
accordé ? Mais alors, pourquoi commande-t-Il d'aimer le père, la mère,
l'épouse, les enfants et pourquoi dit-Il: 'Tu aimeras ton prochain comme
toi-même' ? ". Il faut distinguer. Nous devons aimer le père, la
mère, l'épouse et le prochain, mais dans la mesure que Dieu nous a fixée:
"comme nous-mêmes". Tandis que Dieu doit être aimé par-dessus tout
et avec tout nous-mêmes. Nous ne devons pas aimer Dieu comme nous aimons ceux
qui nous sont les plus chers: celle-ci parce qu'elle nous a allaités, cette
autre parce qu'elle dort sur notre poitrine et qu'elle nous donne des
enfants, mais nous devons l'aimer avec tout nous-mêmes: c'est-à-dire avec
toute la capacité d'aimer qui existe dans l'homme: amour de fils, amour
d'époux, amour d'ami et oh! ne vous scandalisez pas! amour de père. Oui, pour
les intérêts de Dieu, nous devons avoir le même soin qu'un père a pour ses
enfants pour lesquels il veille avec amour sur ses biens et les développe, et
s'occupe et se préoccupe de sa croissance physique et culturelle et de sa
réussite dans le monde.
L'amour n'est pas un mal et ne doit pas devenir un mal. Les grâces que Dieu
nous accorde ne sont pas un mal et ne doivent pas devenir un mal. Elles sont
amour. C'est par amour qu'elles sont données. C'est avec amour qu'il faut
user de ces richesses d'affections et de biens que
Dieu nous accorde.
Et seul celui qui ne s'en fait pas des idoles, mais des moyens pour servir
Dieu dans la sainteté, montre qu'il n'a pas d'attachement coupable pour ces
biens. Il pratique alors la sainte pauvreté d'esprit qui se dépouille de tout
pour être plus libre de conquérir le Dieu Saint, Suprême Richesse. Conquérir
Dieu, c'est-à-dire posséder le Royaume des Cieux.
170.7 – "Bienheureux serai-je si
je suis doux".
Cela peut sembler contraster avec les exemples de la vie journalière. Ceux
qui manquent de douceur semblent triompher dans les familles, dans les villes
et les nations. Mais est-ce un vrai triomphe ?
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92> Non. C'est la peur qui en apparence
tient soumis ceux qui sont accablés par un despote, mais en réalité, ce n'est
qu'un voile qui cache le bouillonnement de la révolte contre le tyran. Ils ne
possèdent pas les cœurs de leurs familiers, ni de leurs concitoyens, ni de
leurs sujets ceux qui sont coléreux et dominateurs. Ils ne soumettent pas les
intelligences et les esprits à leurs enseignements ces maîtres du "je
l'ai dit et je l'ai dit". Mais ils ne forment que des autodidactes, des
gens qui recherchent une clef qui puisse ouvrir les portes closes d'une
sagesse ou d'une science dont ils soupçonnent l'existence et qui est opposée
à celle qu'on leur impose.
Ils n'amènent pas à Dieu ces prêtres qui ne vont pas à la conquête des
esprits avec une douceur patiente, humble, aimante, mais qui semblent des
guerriers armés qui se lancent à l'attaque, tant ils marchent avec violence
et intransigeance contre les âmes... Oh! pauvres âmes ! Si elles étaient
saintes, elles n'auraient pas besoin de vous, prêtres ,
pour rejoindre la Lumière. Elles l'auraient déjà en elles. Si elles étaient
justes, elles n'auraient pas besoin de vous, juges, pour être retenues par le
frein de la justice. Elles l'auraient déjà en elles. Si elles étaient saines,
elles n'auraient besoin de personne pour les soigner. Soyez donc doux. Ne
mettez pas les âmes en fuite. Attirez-les par l'amour, car la douceur c'est
de l'amour tout comme la pauvreté d'esprit.
Si vous êtes doux vous aurez la Terre en héritage. Vous amènerez à Dieu ce
domaine qui appartenait à Satan. En effet votre douceur, qui est aussi amour
et humilité, aura vaincu la Haine et l'Orgueil en tuant dans les âmes le roi
abject de l'orgueil et de la haine, et le monde vous appartiendra et donc
appartiendra à Dieu, car vous serez les justes qui reconnaissent Dieu comme
le Maître absolu de la création, à qui on doit donner louange et bénédiction
et rendre tout ce qui Lui appartient.
170.8 – "Bienheureux serai-je si
je sais pleurer sans me révolter".
La douleur existe sur la terre, et la douleur arrache des larmes à l'homme.
La douleur n'existait pas. Mais l'homme l'a apportée sur la terre, et par la
dépravation de son intelligence s'efforce de la faire croître, de toutes les
façons. Il y a les maladies, les malheurs qu'amènent la foudre, la tempête,
les avalanches, les tremblements de terre, mais voilà que l'homme pour
souffrir et surtout pour faire souffrir - car nous voudrions que ce soit non
pas nous, mais les autres qui pâtissent des moyens étudiés pour faire
souffrir - voilà que l'homme invente des armes meurtrières toujours plus
terribles et des tortures morales toujours plus astucieuses.
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93> Que de larmes l'homme arrache à
l'homme à l'instigation de son roi secret, Satan! Et pourtant, en vérité je
vous dis que ces larmes n'amoindrissent pas l'homme mais le perfectionnent.
L'homme est un enfant distrait, un étourdi superficiel, un être
d'intelligence tardive jusqu'à ce que les larmes en fassent un adulte,
réfléchi, intelligent. Seuls ceux qui pleurent ou qui ont pleuré savent aimer
et comprendre. Aimer les frères qui pleurent comme lui, les comprendre dans
leurs douleurs, les aider avec une bonté qui a éprouvé comme cela fait mal
d'être seul quand on pleure. Et ils savent aimer Dieu, car ils ont compris
que tout est douleur excepté Dieu, parce qu'ils ont compris que la douleur
s'apaise si on pleure sur le cœur de Dieu, parce qu'ils ont compris que les
larmes résignées qui ne brisent pas la foi, qui ne rendent pas la prière
aride, qui ne connaissent pas la révolte, changent de nature, et de douleur
deviennent consolation.
Oui. Ceux qui pleurent en aimant le Seigneur seront consolés.
170.9 – "Bienheureux serai-je si
j'ai faim et soif de justice".
Du moment où il naît jusqu'au moment où il meurt, l'homme est avide de
nourriture. Il ouvre la bouche à sa naissance pour saisir le tétin, il ouvre
les lèvres pour absorber de quoi se restaurer dans les étreintes de l'agonie.
Il travaille pour se nourrir. La terre est pour lui comme un sein gigantesque
auquel il demande incessamment sa nourriture pour ce qui meurt. Mais, qu'est
l'homme ? Un animal ? Non, c'est un fils de Dieu. En exil pendant
des années plus ou moins nombreuses, mais sa vie n'est pas finie quand il
change de demeure.
Il y a une vie à l'intérieur de la vie comme dans une noix il y a le cerneau.
Ce n'est pas la coque qui est la noix, mais c'est le cerneau intérieur qui
est la noix. Si vous semez une coque de noix, rien ne pousse, mais si vous
semez la coque avec la pulpe, il naît un grand arbre. Il en est
ainsi de l'homme. Ce n'est pas la chair qui devient immortelle, c'est l'âme.
Et il faut la nourrir pour l'amener à l'immortalité à laquelle, par amour,
elle peut amener la chair dans la résurrection bienheureuse. La nourriture de
l'âme, c'est la Sagesse et la Justice. On les absorbe comme un liquide et une
nourriture fortifiants. Et plus on s'en nourrit, plus augmente la sainte
avidité de posséder la Sagesse et de connaître la Justice.
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94> Mais il viendra un jour où l'âme
insatiable de cette sainte faim sera rassasiée. Ce jour viendra. Dieu se
donnera à son enfant, il l'attachera directement à son sein, et l'enfant au
Paradis se rassasiera de la Mère admirable qui est Dieu Lui-même et ne
connaîtra jamais plus la faim mais se reposera bienheureux sur le sein divin.
Aucune science humaine n'atteint cette science divine. La curiosité de
l'intelligence peut être satisfaite, mais pas les besoins de l'esprit. Et
même à cause de la différence de saveur, l'esprit éprouve du dégoût et
détourne sa bouche du tétin amer, préférant souffrir de faim qu'absorber une
nourriture qui n'est pas venue de Dieu.
N'ayez aucune crainte, vous qui êtes assoiffés ou affamés de Dieu! Restez
fidèles et vous serez rassasiés par Celui qui vous aime.
170.10 – "Bienheureux serai-je si
je suis miséricordieux".
Qui, d'entre les hommes, peut dire: "Je n'ai pas besoin de
miséricorde"? Personne. Or si dans l'ancienne Loi il est dit: "Œil
pour œil et dent pour dent"
pourquoi ne devrait-on pas dire dans la nouvelle: "Qui aura été
miséricordieux trouvera miséricorde" ? Tous ont besoin de pardon.
Eh bien ! ce n'est pas la formule et la forme d'un rite, qui ne sont que
des symboles extérieurs accordés à l'opaque esprit humain, qui obtiennent le
pardon. Mais c'est le rite intérieur de l'amour, ou encore de la miséricorde.
Que si on a imposé le sacrifice d'un bouc ou d'un agneau et l'offrande de
quelques pièces de monnaie,
cela fut fait parce qu'à la base de tout mal on trouve encore toujours deux
racines: la cupidité et l'orgueil. La cupidité est punie par la dépense qu'il
faut faire pour l'offrande, l'orgueil par la confession publique du rite:
"Je célèbre ce sacrifice parce que j'ai péché". Et cela se fait
aussi pour annoncer les temps et les signes des temps, et le sang répandu est
la figure du Sang qui sera répandu pour effacer les péchés des hommes.
Bienheureux donc celui qui sait être miséricordieux pour ceux qui sont
affamés, nus, sans toit, pour ceux encore plus misérables qui sont ceux qui
ont un mauvais caractère qui fait souffrir ceux qui le possèdent et
ceux qui vivent avec eux. Ayez de la miséricorde. Pardonnez,
compatissez, secourez, instruisez, soutenez.
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95> Ne vous enfermez pas dans une tour
de cristal en disant: "Moi, je suis pur, et je ne descends pas parmi les
pécheurs". Ne dites pas: "Je suis riche et heureux et je ne veux
pas entendre parler des misères d'autrui". Pensez que plus vite que la
fumée que disperse un grand vent votre richesse peut se dissiper et aussi
votre santé, votre aisance familiale. Et rappelez-vous que le cristal fait
office de loupe et que ce qui serait passé inaperçu en vous mêlant à la
foule, vous ne pourrez plus le tenir caché si vous vous établissez dans une
tour de cristal, seuls, séparés, éclairés de tous côtés.
Miséricorde pour accomplir un sacrifice secret, continuel, saint d'expiation
et obtenir miséricorde.
170.11 – "Bienheureux serai-je si
j'ai le cœur pur".
Dieu est Pureté. Le Paradis est le Royaume de la Pureté. Rien d'impur ne peut
entrer au Ciel où est Dieu. Par conséquent, si vous êtes impurs, vous ne
pourrez entrer dans le Royaume de Dieu. Mais, oh ! joie ! Joie
anticipée que Dieu accorde à ses fils ! Celui qui est pur possède dès
cette terre un commencement de Ciel, car Dieu se penche sur celui qui est
pur, et l'homme qui vit sur la terre voit son Dieu. Il ne connaît pas la
saveur des amours humaines mais il goûte, jusqu'à l'extase, la saveur de
l'amour divin. Il peut dire: "Je suis avec Toi et Tu es en moi. Je te
possède donc et je te connais comme l'époux très aimable de mon âme". Et
croyez que celui qui possède Dieu subit, inexplicables à lui-même, des
changements substantiels qui le rendent saint, sage, fort. Sur ses lèvres
s'épanouissent des paroles, et ses actes possèdent une puissance qui n'est
pas de la créature, mais de Dieu qui vit en elle.
Qu'est la vie de celui qui voit Dieu ? Béatitude. Et vous voudriez vous
priver d'un pareil don par une fétide impureté ?
170.12 – "Bienheureux serai-je si
j'ai un esprit pacifique".
La paix est une des caractéristiques de Dieu. Dieu n'est que dans la paix.
Car la paix est amour alors que la guerre est haine. Satan, c'est la Haine.
Dieu, c'est la Paix. Personne ne peut se dire fils de Dieu et Dieu ne peut
reconnaître pour son fils un homme qui a un esprit irascible et toujours prêt
à déchaîner des tempêtes. Non seulement, mais de même ne peut se dire fils de
Dieu celui qui, ne déchaînant pas personnellement des tempêtes, ne contribue
pas par sa grande paix à calmer les tempêtes suscitées par d'autres.
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96> Le pacifique répand la paix même
s'il se tait. Maître de lui-même et J'ose dire maître de Dieu , il la porte
comme une lampe porte sa lumière, comme un encensoir répand son parfum,
comme une outre porte son liquide, et il produit la lumière parmi les nuées
fumantes des rancœurs. Il purifie l'air des miasmes des aigreurs, il calme
les flots furieux des procès par cette huile suave qu'est l'esprit de paix
qui émane des fils de Dieu.
Faites que Dieu et les hommes puissent vous appeler ainsi.
170.13 – "Bienheureux serai-je si
je suis persécuté pour mon amour de la Justice".
L'homme est tellement satanisé qu'il hait le bien partout où il se trouve,
qu'il hait celui qui est bon, comme si celui qui est bon, jusque par son
silence, l'accusait et lui faisait des reproches. En effet la bonté de
quelqu'un fait paraître encore plus noire la méchanceté du méchant. En effet
la foi du vrai croyant fait ressortir encore plus vivement l'hypocrisie du
faux croyant. En effet, il ne peut pas ne pas être détesté par ceux qui sont
injustes, celui qui par sa manière de vivre témoigne sans cesse en faveur de
la justice. Et alors, voilà qu'on se déchaîne contre ceux qui aiment la
justice.
Ici, aussi, c'est comme pour les guerres. L'homme progresse dans l'art
satanique de persécuter plus qu'il ne progresse dans l'art saint de l'amour.
Mais il ne peut que persécuter ce dont la vie est brève. L'éternel qui est
dans l'homme échappe aux pièges et acquiert ainsi une vitalité plus
vigoureuse du fait de la persécution. La vie s'enfuit par les blessures qui
saignent ou pour les privations qui épuisent celui qui est persécuté, mais le
sang fait la pourpre du futur roi et les privations sont autant d'échelons
pour s'élever jusqu'aux trônes que le Père a préparés pour ses martyrs,
auxquels sont réservés les sièges royaux du Royaume des Cieux.
170.14 – "Bienheureux serai-je si
on m'outrage et me calomnie".
Ne faites que ce qui peut mériter que votre nom soit inscrit dans les livres
célestes, là où ne sont pas notés les noms d'après les mensonges des hommes
et les louanges décernées à ceux qui les méritent le moins. Mais où, par
contre, sont inscrites avec justice et amour les œuvres des bons pour qu'ils
puissent recevoir la récompense promise à ceux qui sont bénis de Dieu.
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97> Jusqu'à présent on a calomnié et
outragé les Prophètes. Mais quand s'ouvriront les portes des Cieux, comme des
rois imposants, ils entreront dans la Cité de Dieu et ils seront salués par
les anges, chantant de joie. Vous aussi, vous aussi, outragés et calomniés
pour avoir appartenu à Dieu, aurez le triomphe céleste et quand le temps sera
fini et le Paradis rempli, alors toute larme vous sera chère parce que par
elle vous aurez conquis cette gloire éternelle qu'au nom du Père je vous
promets.
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