Voir en complément :


Urbain VIII
(Maffeo Barberini)

Benoît XIV
(Prospero Lambertini)

Saint Pie X
(Giuseppe Sarto).
VOIR AUSSI












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Distinction entre la Révélation publique et
les révélations privées.
La révélation est l'action par
laquelle Dieu éclaire l'humanité. Elle est essentiellement contenue dans la
Bible. La Révélation, (en grec apocalypsis) évoque le dévoilement du plan de Dieu.
L'Ancien Testament, ou Bible avant Jésus, la prépare. Le Nouveau Testament l'achève : Jésus,
révélé dans l'Évangile, est en
effet la Parole même de Dieu.
Après la mort de Jean l'évangéliste, le dernier apôtre, la Révélation
publique est close et définitive.
Aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à
attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ.
Cependant, même si la Révélation est achevée, elle n’est pas complètement
explicitée ; il restera à la foi chrétienne d’en saisir graduellement toute
la portée au cours des siècles.
Après la Révélation publique, il y
eu d'autres révélations, telles les secrets de Fatima. Ces révélations sont
dites "privées" pour les distinguer de la Révélation publique, dont
une différence de nature et de degré les sépare.
L'une exige notre foi, les autres
nécessitent notre assentiment.
L'une fonde la foi, les autres nous aident à
en vivre.
Dans l'une, Dieu lui-même nous parle, dans
les autres il inspire "un appel
authentique à l’Église".
Révélation publique et révélations privées servent donc un même but, mais
subordonnées les unes par rapport à l'autre. C’est pourquoi elles sont
soumises à l’Église, gardienne du Dépôt sacré.
Le Ciel lui-même se soumet à cette règle : ce n’est pas la Vierge de
Lourdes qui révèle le Dogme de l’Immaculée Conception,
c’est l’Église. Mais que serait ce Dogme sans la puissance des apparitions de
Lourdes qui le confirme, l’amplifie et le répand ?
Pie XII rappelait ainsi que la dévotion du Sacré-Cœur, popularisée par Marguerite Marie Alacoque,
venait de l’enseignement traditionnel de l’Église et non de ces révélations
qui la confirmaient.
Pourtant que serait cette dévotion sans la puissance de
Paray-le-Monial ?
C’est pourquoi les révélations privées, initiatives du Ciel en notre époque, sont
utiles même si elles n’appartiennent pas au dépôt de la Foi. On
oublie trop qu’elles trouvent leur source dans l’Esprit saint, celui-là même
qui inspire notre prière.
La révélation privée.
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La révélation privée, renvoie
toujours à l'unique Révélation publique. Le cardinal Prospero
Lambertini (1675-1758), futur pape Benoît XIV, dit à leur sujet :
Un assentiment de foi catholique n'est pas dû à des
révélations privées; ce n'est même pas possible. Ces révélations requièrent
plutôt un assentiment de foi humaine conforme aux règles de la prudence, qui
nous les présentent comme probables et crédibles dans un esprit de piété.
Une révélation privée peut mettre de
nouveaux accents et faire apparaître de nouvelles formes de piété, sur la
base des anciennes ; cependant, elle n'ajoute rien au dépôt de la foi et aux
voies du Salut ; elle ne fait que les renforcer.
Les révélations privées peuvent concerner l’un ou l’autre des points
suivants :
1 - La vision d'événements à venir (cas des ''secrets'' de Fatima).
2 - La contemplation d'événements passés aux fins d’édification (cas des
épisodes de la Passion chez certains stigmatisés).
3 - L'explicitation de vérités théologiques particulières (cas du
message de Lourdes).
4 - L'exhortation, individuelle ou collective, à des comportements
conformes à la sainteté (cas général).
Il y a des "révélations" privées qui sont manifestement fausses,
soit que leur bénéficiaire authentique se soit égaré par la suite, soit qu’il
s’agisse d’un manipulateur mensonger. Pour éviter que les fidèles ne soient
dupés de la sorte, l'Église approuve formellement certaines révélations
privées, en précisant que :
le contenu de la révélation privée ne
contient rien qui s'oppose à la foi et à la morale chrétiennes ;
il est licite de les rendre publiques (ce
qui n'a pas été le cas, longtemps, pour le 3ème secret de Fatima) ;
les fidèles sont autorisés à lui donner leur
adhésion, de manière prudente.
Avec discernement précisait saint Paul.
Pie X rappelait ces points en concluant que de telles "apparitions ou révélations n'ont été ni
approuvées ni condamnées par le Saint-Siège, qui a simplement permis qu'on
les crût de foi purement humaine".
Parfois, des révélations privées ont un tel degré de reconnaissance par
l'Église qu'elles fondent des évènements liturgiques comme le dimanche de la
Miséricorde (sœur Faustine Kowalska), mais l’Église
les rattache toujours à la Tradition issue de la Révélation publique.
Cela ne va pas de soi cependant : si les révélations privées irriguent
la vie de l’Église, ce ne le fut jamais spontanément : sœur Faustine,
canonisée par Jean-Paul II, eut ses écrits condamnés par le Saint-Office,
pratiquement à la même date et par les mêmes personnes qui condamnèrent un
moment l’œuvre de Maria Valtorta. Elles rejoignent la longue cohorte de
saints, voire de docteurs de l’Église, qui furent méprisés, combattus,
condamnés, voire persécutés.
Cette réticence est de longue date : au matin de Pâques, les apôtres ne
crurent pas d’emblée ce que leur dirent les saintes femmes sur la Résurrection.
Jésus reproche à ses apôtres ce manque de foi et leur dureté de cœur, nous
dit l’Évangile.
De même, Thomas ne croit pas ce que les apôtres attestent pourtant
unanimement.
Mais ce sont ces mêmes apôtres que Jésus confirme comme colonnes de l’Église.
Toutes les révélations privées, et même la majorité, ne sont pas soumises à
une étiquette : «reconnue» ou «non-reconnue (= condamnée)».
Le Bienheureux Gabrielle Allegra, traducteur de la Bible en chinois définissait ainsi
la place de l’œuvre de Maria Valtorta qu’il affectionnait :
L'Église peut tacitement ou publiquement reconnaître que
certaines révélations privées peuvent
être utiles pour la connaissance et la pratique de l'Évangile et pour la
compréhension de ses mystères et, par conséquent, elle peut les approuver
dans une forme négative en déclarant que les révélations ne sont pas, dans
leurs termes, contraire à la foi. Ou elle
peut les ignorer officiellement, laissant à ses enfants la pleine liberté de
former leur propre jugement.
Dans cette forme négative, les révélations de Sainte-Brigitte, de Sainte
Mathilde, de Sainte Gertrude, de la Vénérable Marie de Agreda, de Saint-Jean
Bosco et de nombreux autres saints ont été approuvées.
Rappel historique.
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Le Nouveau Testament rapporte déjà
plusieurs révélations postérieures à l'Ascension : la conversion de Paul par
exemple
ou son envoi en mission avec Barnabé.
Paul lui-même, dans sa deuxième Lettre aux corinthiens
affirme qu'il fut ravi "jusqu'au
troisième ciel" où il entendit "des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un homme de redire".
Dans son épître aux Galates, il va plus loin en affirmant que l’Évangile
qu’il annonce est issu d’une révélation de Jésus-Christ, sans la médiation
d’un homme.
Mais en même temps il n’instaure pas un cinquième évangile et menace
d’anathème qui ferait ainsi. Il avait pris cependant la précaution de
soumettre son évangile révélé à l’autorité de l’Église
qui n’y ajoute rien.
Une tradition des temps apostoliques (attestée cependant, au plus tôt, que
par un manuscrit du XIIIème siècle)
mentionne la visite céleste de la Vierge Marie à Jacques le majeur parti évangéliser l'Espagne. Cela
fonderait le premier sanctuaire marial : la Vierge
del Pilar à Saragosse (Cesareaugusta).
Au fil des siècles une longue liste de saints et de saintes ont bénéficié de
visions et de révélations privées. Pour ne retenir que les voyants canonisés
ou béatifiés, auteurs d'ouvrages, on peut citer :
Sainte Hildegarde
de Bingen (1098-1179)
Sainte Angèle de Foligno
(1248-1309)
Sainte Gertrude
de Helfta, dite Gertrude la Grande
(1256-1302)
Sainte Brigitte de Suède
(1302-1373)
Sainte Thérèse
d'Avila (1515-1582)
Sainte Marie-Madeleine de Pazzi
(1568-1607)
Vénérable Marie d'Agréda (1602-1665)
Bienheureuse Anne-Catherine
Emmerich (1774-1824)
Sainte Faustine Kowalska (1905-1938)
À l'époque contemporaine le Père Gilles Berceville (o.p.)
note à la suite d'Yves Congar
et de Pierre Adnès,
la recrudescence d'intérêt pour les révélations privées à l'époque du Concile
Vatican II. Sur les 56 ouvrages de références sur la période 1866-1988, que
recense Pierre Adnès, les deux-tiers datent de la
période 1937-1965. C'est aussi à cette dernière époque que la polémique sur
l'œuvre de Maria Valtorta est à son amplitude et que l'on débat sur le cas de
Thérèse
Neumann. la stigmatisée de Bavière.
La perception du surnaturel.
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On distingue trois formes de perception
surnaturelle ou de "vision"
:
1 - La vision des sens, (visio sensibilis).
Les évènements vus se trouvent extérieurement dans l'espace. Toutes les
personnes présentes les voient (soleil de Fatima par exemple). Cependant, ces
visions ne sont pas purement objectives car l'objet est connu à travers le
filtre des sens, qui le traduisent.
2 - La perception intérieure (visio
imaginativa). Cette vision fait appel aux
"sens internes". L'âme est rendue capable de voir le non-sensible,
le non-visible par les sens, mais les objets sont réels, bien qu'ils
n'appartiennent pas à notre monde sensible habituel.
3 - La vision spirituelle (visio intellectualis). Cette vision intellectuelle est sans
images, comme on le trouve dans les hauts degrés de la mystique.
Maria Valtorta a bénéficié de visions principalement du type intermédiaire.
Une vision qui sollicite les sens internes ouverts sur une réalité qui ne
nous est pas directement accessible. Bernadette Soubirous voit et entend
réellement la Vierge Marie, mais il faut passer par l’intermédiaire de sa
narration – et de notre libre foi – pour la rejoindre.
Cette articulation peut poser problème car la narration fait intervenir
l’humain qui relate et se souvient. C’est pourquoi Jésus nomme
"instrument" les personnes qui, comme Maria Valtorta, se
dépouillent d’elles-mêmes pour laisser le Christ vivre en elles.
Thérèse Neumann a vu réellement les scènes de la Passion et quelques autres.
Dans ses extases, elle parlait araméen, allant jusqu’à corriger un professeur.
Elle demandait à ce qu’un spectateur s’écarte pour mieux voir une scène, mais
elle n’eut pas pour vocation de raconter ce qu’elle voyait : seulement
témoigner de la réalité de la Passion.
Maria d’Ágreda
et Anne-Catherine
Emmerich ont eu des visions authentiques,
mais l’intervention humaine malencontreuse les a déformées : les hommes
ont voulus "perfectionner la perfection", selon le commentaire de
Jésus à Maria Valtorta.
La valeur unique des visions de Maria Valtorta tient à ce qu’elles sont complètes et consignées par écrit immédiatement et par la voyante elle-même : le
lecteur est donc au plus proche de la source ou de ce qu’elle appelle
"l’Auteur divin".
Les différents degrés de reconnaissance par
l'Église.
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Quel qu'en soit la forme de la
révélation privée, l'interprétation en revient à l'Église qui peut se prononcer
de trois façons sur son authenticité :
1 – par un constat explicite de
surnaturalité : l'autorité ecclésiastique compétente constate la
composante surnaturelle de la révélation privée. Elle est alors
officiellement reconnue, dans le cadre rappelé ci-dessus (foi humaine et non
certitude divine).
2 – par un constat explicite de
non-surnaturalité. L'autorité ecclésiastique compétente constate qu'il
n'y a pas de composante surnaturelle de la révélation privée Elle est alors
officiellement non reconnue au regard de sa surnaturalité.
3 – par un non-constat de surnaturalité.
L'autorité ecclésiastique compétente ne se prononce pas alors soit parce
qu'elle choisit de ne pas le faire soit parce qu'elle ne le juge pas opportun
pour le moment. C’est le cas très majoritaire des révélations privées.
Ainsi donc, ce n'est pas parce qu'une révélation privée n'est pas reconnue,
qu'elle n'est pas authentique. On joue parfois, sciemment et dans un but
polémique, sur l’ambiguïté du terme : "n'est pas reconnue" qui
peut se comprendre comme "n'est pas (encore)
reconnue" ou "n’est pas reconnue (donc condamnée)".
Dans son livre sur les révélations privées
, Mgr Laurentin notait :
Les commissions qui ont à juger de l’authenticité des
voyants, concluent généralement : "ce n’est pas surnaturel". Cette
conclusion serait diffamatoire dans la mesure où elle semble dire que ces
voyants ne sont pas surnaturels, car surnaturel signifie "riche de la
grâce du baptême et fidèle à cette grâce". Hors la plupart le sont au
plus haut point…
L'erreur courante en ce domaine, est qu'on entend "surnaturel" au
sens de "miraculeux", extra-ordinaire,
hors du commun : ce qui n’est pas le cas de la grâce : "Les apparitions
et révélations de tel voyant ne sont pas miraculeuses !". Il n'y a aucune
exception aux lois de la nature, il n'y a rien de préternaturel, mais leur
vie dans l'Esprit n'en est pas moins surnaturelle. Elle les élève, les
éclaire, les transfigure à bien des titres.
Dans son commentaire du secret de
Fatima, le Cardinal Ratzinger concluait :
Le critère pour la vérité et pour la valeur d'une
révélation privée est donc son orientation vers le Christ lui-même. Saint
Paul écrit : "N'éteignez pas l'Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais
discernez la valeur de toute chose, ce qui est bien, gardez-le". À toutes les époques est donné à l'Église le charisme
de prophétie, qui doit être examiné,
mais ne peut être déprécié.
Le piège dans lequel on tombe
souvent, convaincu de constituer à soi tout seul un rempart pour la défense
de l’Église, est que l’on examine une révélation privée, non en cherchant le
bien, comme le demande saint Paul et l’Église, mais en y cherchant le mal, ce
qui ne procède pas du regard du Christ sur l’humanité.
Le cas de Maria Valtorta.
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L’opprobre de la mise à l’Index qui
a frappé l’œuvre de Maria Valtorta il y a plus de 50 ans, a été juridiquement
balayé. La liste des cautions morales
sur laquelle figure désormais des Papes, des théologiens, des biblistes, des saints
et des bienheureux, etc. écarte tout soupçon qui pourrait peser sur l’œuvre.
Elle échappe désormais à deux attitudes également répréhensibles :
"interdire" la lecture des œuvres
de Maria Valtorta au nom d’une proscription dépassée,
"imposer" cette lecture comme
substitutive des Évangiles.
Elle demeure sous la coupe de la décision fondatrice de Pie XII :
Publiez l’œuvre tel quelle. Il n’y a pas lieu de donner
une opinion quant à son origine, qu’elle soit extraordinaire ou non. Ceux qui
liront comprendront.
Le pape encourageait ainsi la
publication d’une œuvre qu’il estimait importante, en invitant chacun à se
forger intuitivement son jugement.
Que peut attendre un lecteur d’une telle
œuvre ?
Pour répondre à cela, il convient de se tourner vers les témoignages de
lecteurs :
Ce qui frappe tout d’abord est le sentiment
d’être transporté, à travers le temps et l’espace, dans un pèlerinage à la
suite de Jésus : Jésus se fait présent.
Cette lecture captivante peut se transformer
en rencontre bouleversante : les lettres qui témoignent d’un retour à
Dieu, voire d’une conversion, ne sont pas rares. Certains y ont trouvés leur
vocation.
Comme toute œuvre inspirée, elle se lit et
relit avec une profondeur et une amplitude renouvelée à chaque fois.
Elle explicite des détails de l’Évangile
mentionnées expressément mais souvent inaperçus : la présence de
disciples au calvaire avec les saintes femmes, la retraite préparatoire à la
Passion en Samarie, etc.
Elle confirme l’authenticité d’épisodes que
certains croient plus symboliques que réels, comme le jeune Jésus
tenant tête aux docteurs du Temple.
Elle restaure la signification d’épisodes
oubliés comme le sabbat "second-premier" de Luc 6, 1 que beaucoup
de Bibles passent sous silence ou mentionnent sans expliquer.
Elle révèle la profonde signification de
certains épisodes qu’on explique mal comme celui de la mère cananéenne
éplorée que Jésus ignore puis traite de "petit chien", à l’opposé
complet du Christ doux et humble de cœur que l’on connaît par ailleurs.
Elle permet de comprendre l’itinéraire trop
humain de Judas entraîné
vers sa trahison et son déicide ou celui de la rédemption qu’empreinte Marie de Magdala
Elle éclaire le fait que Jésus, condamné par
le Sanhédrin, ait pu séjourner à Béthanie tout proche du Temple, sans être
inquiété, ou qu’il célèbre la Pâque en plein Jérusalem, au Cénacle sans qu’on
l’arrête.
Elle apporte une réponse pertinente à
certaines questions que les historiens de tous temps se sont posés :
Comment Rome a-t-il pu être évangélisé en si peu de temps par un pêcheur galiléen ?
Comment la Gaule a-t-elle pu être si vite christianisée sans référence à un
apôtre comme tous les autres pays ?
Elle offre enfin une mine inépuisable à
l’étude théologique et scientifique que les études parues récemment ont
commencées à explorer.
Etc.
Dans une dictée à Maria Valtorta, Jésus avait précisé la place de l'œuvre par
rapport à l''Evangile:
L’ouvrage livré aux hommes par l’intermédiaire de Maria
Valtorta n’est pas un livre canonique disait Jésus. Néanmoins, c’est un livre
inspiré que je vous accorde pour vous
aider à comprendre certains passages des livres canoniques, et en
particulier ce que fut mon temps de Maître, pour que vous me connaissiez par mes paroles, moi qui suis la Parole.
Autant de découvertes auxquelles
invite la phrase de Pie XII : Qui lira, comprendra.
François-Michel
Debroise.
3 mars 2012.
Mis à jour le 23
juin 2021.

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