Commentaires du chapitre précédent
(même date).
504> 645.9 -
[Jésus dit :]
"Je me suis manifesté bien des fois, et à plusieurs, même dans des
manifestations extraordinaires. Mais mes manifestations n’ont pas agi en tous
de la même façon. Nous pouvons voir comment à chacune de mes manifestations
correspond une sanctification de ceux qui possédaient la bonne volonté
demandée aux hommes pour avoir Paix, Vie, Justice.
Ainsi chez les bergers la Grâce a travaillé pendant les
trente années de ma vie cachée, et puis elle a fleuri en donnant un saint épi
quand ce fut le temps où les bons se séparèrent des mauvais pour suivre le
Fils de Dieu qui passait par les chemins du monde en jetant son cri d’amour
pour appeler à se rassembler les brebis du Troupeau éternel, disséminées et
égarées par Satan.
Présents parmi les foules qui me suivaient, ils étaient mes messagers, car
par leurs récits simples et convaincus, ils faisaient connaître le Christ en
disant : "C’est Lui, nous le reconnaissons. Sur ses premiers
vagissements descendirent les berceuses des anges. Et les anges nous ont dit,
à nous, que les hommes de bonne volonté auront la paix. La bonne volonté
c’est le désir du Bien et de la Vérité. Suivons-le ! Suivez-le ! Nous aurons
tous la paix promise par le Seigneur".
Haut
de page.
505>
Humbles, ignorants, pauvres, mes premiers messagers parmi les hommes
s’échelonnèrent comme des sentinelles le long des routes du Roi d’Israël, du
Roi du monde. Yeux fidèles, bouches honnêtes, cœurs affectueux, encensoirs
qui exhalaient le parfum de leurs vertus pour rendre moins corrompu l’air de
la Terre autour de ma Divine Personne qui s’était incarnée pour eux et pour
tous les hommes, je les ai trouvés jusqu’au pied de la Croix, après les avoir
bénis de mon regard le long de la voie sanglante du Golgotha, les seuls avec
quelques autres, qui ne m’ont pas maudits au milieu de la foule déchaînée,
mais qui m’ont aimé, ont cru, espéré encore, et qui ont porté sur Moi un
regard de compassion en pensant à la nuit lointaine du jour de ma Naissance,
et en pleurant sur l’Innocent qui avait dormi son premier sommeil sur un bois
inconfortable et son dernier sur un bois encore plus douloureux. Cela parce
qu’en me manifestant à eux, qui avaient l’âme droite, je les avais
sanctifiés.
Et il en fut ainsi pour les trois Sages d’Orient,
pour Siméon
et Anne
dans le Temple,
pour André et Jean
au Jourdain, et pour Pierre, Jacques et Jean au
Thabor,
pour Marie de Magdala à l’aube
de Pâque, aux onze, pardonnés sur l’Oliveraie,
et encore avant
à Béthanie, de leur égarement... Non, Jean, le
pur, n’eut pas besoin de pardon. Il fut le fidèle, le héros, toujours aimant.
L’amour très pur qu’il avait en lui et sa pureté d’esprit, de cœur, de chair,
l’a préservé de toute faiblesse.
645.10 -
Gamaliel, et Hillel, n’étaient pas simples comme les bergers, saints comme
Siméon, sages comme les trois Sages. Chez lui, et chez son maître et parent,
s’étaient développées des lianes pharisaïques pour étouffer la lumière et le
libre développement de l’arbre de la foi. Mais dans leur être pharisien ils
avaient la pureté d’intention. Ils croyaient être dans le juste, et ils
désiraient de l’être. Ils le désiraient par instinct, parce
que c’étaient des justes; et par intelligence, car leur esprit s’écriait
mécontent : "Ce pain est mêlé à trop de cendre. Donnez-nous le pain de
la vraie Vérité".
Gamaliel pourtant n’avait pas assez de force pour
avoir le courage de briser ces lianes pharisaïques. Son humanité le tenait
encore trop esclave, et avec elle les considérations de l’estime humaine, du danger
personnel, du bien-être familial. Pour toutes ces choses Gamaliel n’avait pas
su comprendre “le Dieu qui passait parmi son peuple”, ni user de “cette
intelligence et de cette liberté” que Dieu a données à tout homme pour qu’il
en use pour son bien.
Haut de page.
506> Seul le signe attendu pendant tant d’années, le signe qui
l’avait terrassé et torturé par des remords qui ne cessaient plus, aurait produit
en lui la reconnaissance du Christ et le changement de son ancienne pensée,
par laquelle, de rabbi de l’erreur il serait devenu, après une longue lutte
entre son ancien moi et son moi actuel, disciple de la Vérité
divine, car les scribes, les pharisiens et les docteurs avaient corrompu
l’essence et l’esprit de la Loi, en étouffant la simple et lumineuse vérité
venue de Dieu sous un tas de préceptes humains souvent erronés, mais toujours
avantageux pour eux.
645.11 -
Du reste, il
n’avait pas été le seul à rester dans l’indécision et à manquer de force pour
agir. Joseph d'Arimathie aussi, et plus
encore Nicodème, ne surent pas mettre tout de suite
sous leurs pieds les coutumes et les lianes judaïques et embrasser
ouvertement la nouvelle Doctrine, si bien qu’ils avaient l’habitude de venir
trouver le Christ “en secret” par crainte des juifs, ou bien de le rencontrer
comme par hasard, et tout au plus dans leurs maisons de campagne ou dans
celle de Béthanie, chez Lazare, parce qu’ils la savaient plus sûre et plus
redoutée par les ennemis du Christ qui connaissaient bien la protection de
Rome pour le fils de
Théophile. Pourtant ceux-ci furent
certainement toujours plus avancés dans le Bien et plus courageux que
Gamaliel, au point d’oser manifester leur pitié par leur attitude le Vendredi
Saint. Moins avancé était le rabbi Gamaliel.
645.12 -
Mais remarquez, vous qui lisez, la puissance de sa droiture d’intention.
Grâce à elle sa justice, très humaine, se teint de surhumain. Celle de Saül,
au contraire, se souille de démoniaque à l’heure où le déchaînement du mal
met lui et son maître Gamaliel au carrefour du choix entre le Bien et le Mal,
entre le juste et l’injuste.
L’arbre du Bien et du Mal se dresse devant tout homme pour lui présenter ses
fruits mauvais sous un aspect plus attirant et plus alléchant, alors que dans
le feuillage, avec une voix trompeuse de rossignol, siffle le Serpent
tentateur. Il appartient à l’homme, créature douée de raison et d’une âme que
Dieu lui a donnée, de savoir discerner et vouloir le fruit qui est bon parmi
ceux nombreux qui ne le sont pas et qui blessent et font mourir l’esprit. Et
il faut cueillir le bon fruit, même si on se pique et si on se fatigue à le
faire, même si le goût en est amer et l’aspect mesquin. Le changement qui le
rend tellement plus lisse et agréable au toucher, doux au palais, beau à
voir, arrive seulement quand, par justice d’esprit et par raison, on sait
choisir le bon fruit, et qu’on s’est nourri de son suc qui est amer mais
saint.
Haut
de page.
507>
Saül tend ses mains avides au fruit du Mal, de la haine, de l’injustice, du
crime, et il les tendra jusqu’à ce qu’il soit foudroyé, abattu, rendu aveugle
pour la vue humaine afin d’acquérir la vue surhumaine et de devenir non
seulement juste, mais apôtre et confesseur de Celui que d’abord il haïssait
et persécutait dans ses serviteurs.
Gamaliel, en rompant les lianes tenaces de son humanité et de l’hébraïsme,
pour faire naître et fleurir une lointaine semence de lumière et de justice,
non seulement humaine mais surhumaine aussi, que ma quatrième épiphanie, ou
manifestation, qui peut-être est une parole plus claire et plus compréhensible,
lui avait mise dans le cœur, dans son cœur aux intentions droites, semence
qu’il avait gardée et défendue avec une honnête affection et une noble soif
de la voir pousser et fleurir, tend les mains vers les fruits du Bien. Sa
volonté et mon Sang rompirent la dure écorce de cette lointaine semence qu’il
avait conservée dans son cœur pendant des dizaines d’années, dans ce cœur de
roche qui se fendit en même temps que le voile du Temple et que la terre de
Jérusalem, et qui cria son suprême désir vers Moi qui ne pouvais plus
l’entendre de mes oreilles mais qui l’entendais bien avec mon divin esprit
quand il était, allongé par terre, au pied de la Croix. Et sous le soleil de
feu des paroles apostoliques et des meilleurs disciples et la pluie de sang
d’Étienne,
premier martyr, cette semence poussa des racines, devint un arbre, fleurit et
fructifia. La plante nouvelle de son christianisme, poussée là où la tragédie
du Vendredi Saint avait abattu, déraciné, détruit toutes les plantes et
herbes anciennes.
|