Le vendredi 25 février 1944.
317> 47.1 - Je vois Jésus cheminer le
long de la bande verte qui borde le Jourdain. Il est revenu à peu près à
l’endroit qui a vu son baptême, près du gué qui paraît être très connu
et fréquenté pour passer sur l’autre rive, vers la Pérée. Mais alors qu’il y avait
foule, l’endroit paraît maintenant désert. Seuls quelques voyageurs le
parcourent, à pied, à cheval ou à dos d’âne. Jésus paraît ne leur prêter
aucune attention. Il avance en direction du nord comme absorbé dans ses
pensées.
Quand il arrive à la hauteur du gué, il croise un groupe d’hommes d’âges
divers qui discutent avec animation puis se séparent, une partie allant vers
le sud, l’autre remontant vers le nord. Parmi ces derniers, je vois qu’il y a
Jean et Jacques.
47.2 - Jean, le premier, voit Jésus
et le montre à son frère et à ses compagnons. Ils parlent un peu entre eux
puis Jean se met à marcher rapidement pour rejoindre Jésus. Jacques le suit moins vite. Les autres ne s’en soucient guère. Ils
marchent lentement en discutant.
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318> Quand Jean
arrive près de Jésus, à peine à deux ou trois mètres derrière lui, il
crie :
«Agneau de Dieu, qui enlèves les péchés du monde !»
Jésus se retourne et le regarde. Ils sont à quelques pas l’un de l’autre.
Ils s’observent, Jésus de son regard sérieux et pénétrant, Jean de son regard
pur et rieur dans son charmant visage juvénile qui pourrait être celui d’une
jeune fille. On lui donne plus ou moins vingt ans et sur ses joues roses, on
ne remarque rien qu’un duvet blond qui ressemble à un voile d’or.
«Qui cherches-tu ? demande Jésus.
– Toi, Maître.
– Comment sais-tu que je suis maître ?
– C’est Jean-Baptiste qui me l’a dit.
– Et alors, pourquoi m’appelles-tu Agneau ?
– Parce que je l’ai entendu t’appeler comme cela, un jour où tu es passé, il
y a plus d’un mois.
– Qu’attends-tu de moi ?
– Que tu nous dises les paroles de vie éternelle et que tu nous consoles.
– Mais qui es-tu ?
– Je suis Jean, fils de Zébédée, et lui, c’est mon frère Jacques. Nous sommes
de Galilée, nous sommes pêcheurs et nous sommes aussi disciples
de Jean. Lui, il nous disait des paroles de vie et
nous l’écoutions, car nous voulons suivre Dieu, et par la pénitence mériter
son pardon en préparant les chemins du cœur à la venue du Messie. C’est toi.
Jean l’a dit, car il a vu le signe de la Colombe se poser sur toi, et nous a
dit : “Voici l’Agneau de Dieu.” Moi, je te dis : Agneau de Dieu,
qui enlèves les péchés du monde, donne-nous la paix, parce que nous n’avons
plus de guide, et notre âme est troublée.
– Où est Jean ?
– Hérode l’a fait arrêter. Il est
en prison à Machéronte. Ses plus fidèles parmi nous ont bien essayé de le délivrer,
mais c’était impossible. Nous revenons de là.
47.3 - Laisse-nous venir avec
toi, Maître. Montre-nous où tu habites.
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319> – Venez,
mais savez-vous ce que vous cherchez ? Celui qui me
suit devra tout abandonner : maison, parents, façon de penser, et
même la vie. Je ferai de vous mes disciples et mes amis si vous le voulez.
Mais moi, je n’ai ni richesses ni protections. Je suis pauvre, et le serai
davantage au point de ne pas avoir où reposer ma tête, et je serai persécuté
plus qu’une brebis perdue n’est poursuivie par les loups. Mon
enseignement est encore
plus sévère que celui de Jean, car il interdit le ressentiment. Il concerne
moins l’extérieur que l’âme. Vous devrez renaître si vous voulez être mes
disciples. Le voulez-vous ?
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