Le mercredi 7 mars 1945.
417> 595.1 – "Aujourd'hui
vous avez entendu parler des gentils et des juifs, et vous avez vu comment
les premiers se sont inclinés devant Moi et comment les seconds pour un peu
m'auraient frappé. Toi, Pierre, tu allais en venir aux mains en
voyant qu'exprès ils envoyaient contre Moi des agneaux, des béliers et des
bouvillons pour me faire tomber par terre parmi les excréments. Toi, Simon, prudent pourtant comme tu l'es, tu
as ouvert la bouche pour insulter les membres les plus haineux du Sanhédrin
qui grossièrement me poussaient en me disant : "Écarte-toi, démon, pour
que passent les envoyés de Dieu". Toi, Jude, mon cousin, et toi, Jean, mon préféré, avez crié, et
vivement m'avez empêché le premier d'être heurté en prenant le cheval par la
bride, l'autre en se mettant devant Moi et en recevant le choc de la barre
dirigée contre Moi quand, avec un rire méprisant, Sadoq a marché contre Moi en lançant au
galop son lourd char contre Moi, intentionnellement.
418> Je vous remercie de votre amour qui
vous fait vous lever
contre ceux qui offensent Celui qui est désarmé. Mais vous verrez bien
d'autres offenses et d'autres actes de cruauté. Quand cette lune reviendra
dans le ciel pour la seconde fois après ce soir, les offenses, qui pour le
moment sont verbales, ou à peines ébauchées quand elles sont matérielles,
deviendront concrètes et plus nombreuses que les fleurs qui sont maintenant
sur les arbres fruitiers et qui ne cessent de se multiplier dans leur hâte de
fleurir.
595.2 – Vous avez vu — et vous avez
été stupéfaits — un figuier desséché et toute une pommeraie sans fleurs. Le
figuier, comme Israël, a refusé de restaurer le Fils de l'homme et il est
mort dans son péché. La pommeraie ,
comme les gentils, attend l'heure que j'ai dite aujourd'hui pour fleurir et
faire disparaître le dernier souvenir de la férocité des hommes par la
douceur des fleurs qu'ils répandront sur la tête et sous les pieds du
Vainqueur."
"Quelle heure, Maître ?" demande Matthieu. "Tu as tant
parlé et de tant de choses aujourd'hui ! Je ne me rappelle pas bien, et je
voudrais me rappeler tout. Peut-être l'heure du retour du Christ ? Ici aussi
tu as parlé de branches qui deviennent tendres et mettent des feuilles."
"Mais non !" s'écrie Thomas. "Le Maître parle comme si
cette conjuration qui l'attend était imminente. Comment alors, en si peu de
temps, peut arriver tout ce que Lui dit précéder son retour ?
Guerres, destructions, esclavage, persécutions, l'Évangile prêché dans le
monde entier, désolation et abomination dans la maison de Dieu, et puis des
tremblements de terre, des pestes, de faux prophètes, des signes dans le
soleil et dans les étoiles... Eh ! il faut des siècles pour faire tout cela !
Il serait frais le maître de la pommeraie si son jardin devait attendre cette
heure pour fleurir !"
"Il ne mangerait plus de ses pommes parce que je dis qu'alors ce sera la
fin du monde" commente Barthélemy.
Alors, Jésus
explique :
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419> "Pour accomplir la fin du monde il ne
faudrait qu'une pensée de Dieu, et tout retournerait au néant. Par conséquent
cette pommeraie pourrait avoir peu de temps à attendre. Mais comme je l'ai
dit, cela arrivera. Et de l'un à l'autre il se passera donc des siècles. Je
veux dire jusqu'au triomphe et au retour du Christ..
"Et alors ? Quelle heure ?"
"Oh ! moi, je la connais l'heure !" dit Jean en pleurant. "Je
la connais. Et ce sera après ta mort et ta résurrection !..." et Jean
l'embrasse fortement.
"Et tu pleures s'il ressuscite ?" plaisante Judas Iscariote.
595.3 – "Je pleure parce
qu'auparavant il doit mourir. Ne te moque pas de moi, démon. Je comprends et
je ne puis penser à cette heure."
"Maître, il m'a appelé démon. Il a péché contre son compagnon."
"Judas, as-tu conscience de ne pas le mériter ? Et alors ne te fâche pas
pour sa faute. Moi aussi on m'a appelé "démon" et on m'appellera
encore ainsi."
"Mais tu as dit que celui qui insulte son frère est coup..."
"Silence. Que devant la mort finissent enfin ces accusations odieuses,
ces disputes et ces mensonges. Ne troublez pas celui qui meurt."
"Pardonne-moi, Jésus, murmure Jean. "J'ai senti quelque chose qui
se révoltait en moi, en entendant son rire... et je n'ai pu me retenir."
Jean est tout embrassé, poitrine contre poitrine, et pleure
sur son cœur.
"Ne pleure pas. Je te comprends. Laisse-moi parler."
Mais Jean ne se détache pas de Jésus même pas quand il s'assoit sur une
grosse racine qui dépasse. Il reste un bras derrière son dos et l'autre
autour de sa poitrine, la tête appuyée sur son épaule et il pleure sans
bruit. Seules brillent au clair de lune ses larmes qui tombent sur l'habit
pourpre de Jésus et elles semblent des rubis, gouttes de sang pâle frappées
par la lumière.
595.4 – "Vous avez entendu parler
les juifs et les gentils, aujourd'hui. Vous ne devez donc pas vous étonner si
je vous dis : "De ma bouche est sortie une parole de justice, toujours.
Et elle ne sera pas révoquée".
Si je dis, toujours avec Isaïe, en parlant des gentils qui viendront à Moi
après que j'aurai été élevé de terre : "En ma présence tout genou
pliera, à cause de Moi et sur Moi jurera toute langue".
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420> Et encore vous ne douterez pas
lorsque vous aurez remarqué les manières des juifs, qu'il est facile de dire
sans crainte d'erreur que me seront amenés tous ceux qui, sans honte,
s'opposent à Moi.
Mon Père n'a pas fait de Moi son serviteur seulement pour faire revivre les
tribus de Jacob, pour convertir ce qui reste d'Israël : les restes, mais
Il m'a donné comme lumière des Nations afin que je sois le
"Sauveur" pour toute la Terre.
C'est pour cela qu'en ces trente-trois années d'exil du Ciel et du sein du
Père, j'ai continué à croître en Grâce et en Sagesse près de Dieu et près des
hommes, pour atteindre l'âge parfait, et en ces trois dernières années, après
avoir brûlé mon âme et mon esprit au feu de l'amour et l'avoir trempée au
froid de la pénitence, j'ai fait "de ma bouche une sorte d'épée
tranchante ".
595.5 – Le Père saint, qui est mon
Père et le vôtre, m'a jusqu'ici gardé sous l'ombre de sa main, car ce n'était
pas encore l'heure de l'Expiation.
Maintenant Il me laisse aller. La flèche choisie, la flèche de son divin
carquois,
après avoir blessé pour guérir, blessé les hommes pour faire dans leurs cœurs
une brèche pour la Parole et la Lumière de Dieu, s'en va rapide et sûre
d'elle blesser la Seconde Personne, l'Expiateur, l'Obéissant pour tout l'Adam
désobéissant... Et comme un guerrier qui est frappé je tombe, en disant pour
trop d'hommes : "C'est en vain que je me suis fatigué sans raison, sans
rien obtenir. J'ai consumé mes forces pour rien".
Mais non ! Non, pour le Seigneur Éternel qui ne fait jamais rien sans but !
Arrière Satan qui
veux me porter au découragement et essayer de me faire désobéir ! À l'alpha
et à l'oméga de mon ministère tu es venu et tu viens.
Eh bien, voici, je me lève (et réellement il
se dresse debout) pour la bataille. Je me mesure avec toi. Et, je me le jure
à Moi-même, je vaincrai. Ce n'est pas de l'orgueil de le dire. C'est la
vérité. Le Fils de l'homme sera dans sa chair vaincu par l'homme, le
misérable ver qui mord et empoisonne avec sa fange putride. Mais le Fils de
Dieu, la Seconde Personne de l'inexprimable Triade, ne sera pas vaincue par
Satan. Tu es la Haine. Et tu es puissant dans ta haine et dans ta tentation.
Mais avec Moi il y aura une force qui t'échappe, car tu ne peux l'atteindre
et tu ne peux l'arrêter. L'Amour est avec Moi !
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421> 595.6 – Je sais la torture inconnue
qui m'attend. Non celle dont je vous parlerai demain pour que vous sachiez
que rien de ce que l'on faisait ou entreprenait pour Moi, ou autour de Moi,
que rien de ce qui se formait en vos cœurs, ne m'était inconnu. Mais l'autre
torture... Celle qui n'est pas donnée au Fils de l'homme avec des lances ou
des bâtons, par des railleries et des coups, mais par Dieu même et qui ne
sera connue que par peu de personnes pour ce que réellement elle aura
d'atroce, et admise comme possible par encore moins. Mais dans cette torture
où il y aura deux principaux tortureurs : Dieu, par son absence, et toi,
démon, par ta présence, la Victime aura avec elle l'Amour. L'Amour vivant
dans la Victime, force première de sa résistance à l'épreuve et l'Amour dans
le consolateur spirituel qui déjà agite ses ailes d'or dans son anxiété de
descendre pour essuyer mes sueurs et recueillir toutes les larmes des anges
dans le céleste calice et y délaie le miel des noms de mes rachetés et de
ceux qui m'aiment pour adoucir par cette boisson la grande soif du Torturé et
son amertume sans mesure.
Et tu seras vaincu, démon. Un jour,
en sortant d'un obsédé, tu m'as dit :
"J'attends pour te vaincre que tu sois une loque de chair
sanglante". Mais Moi, je te réponds : "Tu ne m'auras pas. Je
vaincs. Ma fatigue était sainte, ma cause est auprès de mon Père. Lui défend
l'œuvre de son Fils et il ne permettra pas que mon esprit fléchisse".
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