Vision du mercredi 1er août 1945.
88> 240.1 – Le
beau temps est revenu sur la mer de Galilée. Et même tout est plus beau
qu'avant la tempête car tout a été débarrassé de la poussière. L'atmosphère
est d'une transparence totale et l'œil, en regardant le firmament, a
l'impression qu'il s'est relevé, et devenu plus léger... c'est un voile
presque transparent qui s'étend entre la terre et les splendeurs du Paradis.
Le lac reflète cet azur parfait et rit tranquille avec ses eaux d'une couleur
bleue turquoise.
C'est le commencement de l'aurore. Jésus avec Marie, Marthe
et Marie-Madeleine,
monte dans la barque de Pierre. Avec Lui, en plus de Pierre et André, il y a
aussi le Zélote, Philippe, Barthélemy. Mathieu, Thomas,
les cousins
de Jésus, l'Iscariote sont au contraire dans la barque de Jacques
et Jean. Ils mettent le cap sur Bethsaïde.
Un bref trajet que le vent favorise. Le parcours demande quelques minutes.
Quand ils sont sur le point d'arriver, Jésus dit à Barthélemy et à son
inséparable compagnon Philippe :
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89> "Vous irez prévenir vos femmes. Aujourd'hui je
viendrai chez vous."
Et il regarde les deux d'une manière expressive.
"Ce sera fait, Maître. Tu ne m'accordes pas à moi ni à Philippe de
t'avoir avec nous ?"
"Nous ne restons ici que jusqu'au coucher du soleil et je ne veux pas
priver Simon Pierre de la joie d'être avec Marziam."
La barque parvient au rivage et s'arrête. On débarque et Philippe se détache
avec Barthélemy de ses compagnons pour aller dans le pays.
"Où vont ces deux-là ?" demande Pierre au Maître qui est
descendu le premier et se trouve à ses côtés.
"Ils vont prévenir leurs femmes"
"Je vais, moi aussi, prévenir Porphyrée alors ?"
"Pas besoin. Porphyrée est si bonne qu'il n'est pas nécessaire de la
préparer. Son cœur ne sait donner que douceur."
Le visage de Simon Pierre s'illumine quand il entend louer son épouse, et il
n'ajoute rien. Entre temps, les femmes sont descendues de la barque à l'aide
d'une table qui a servi de débarcadère et elles se dirigent vers la maison de
Simon.
240.2 – Le
premier qui les voit c'est Marziam qui est en train de sortir avec ses brebis
pour les mener brouter l'herbe fraîche sur les premières pentes de Bethsaïde
et, avec un cri de joie, il en donne la nouvelle en courant se réfugier sur
la poitrine de Jésus qui s'est incliné pour l'embrasser, Puis il va vers
Pierre. Porphyrée accourt, les mains enfarinées, et s'incline pour saluer.
"Paix à toi, Porphyrée. Tu ne nous attendais pas si tôt, n'est-ce
pas ? Mais j'ai voulu t'amener ma Mère et deux disciples, en plus de ma
bénédiction. Ma Mère désirait revoir l'enfant... Le voici dans ses bras. Et
les femmes
disciples désiraient te connaître... C'est l'épouse de Simon. Une disciple, bonne et silencieuse, active dans son
obéissance plus que beaucoup d'autres. Elles, ce sont Marthe et Marie de
Béthanie. Deux sœurs. Aimez-vous bien."
"Ceux que tu m'amènes me sont plus chers que mon sang, Maître. Viens. La
maison se fait plus belle chaque fois que tu y mets les pieds."
Marie s'approche, souriante, et embrasse Porphyrée en lui disant :
"Je vois qu'en toi est vraiment vivante la mère. L'enfant a déjà une
meilleure mine et il est heureux. Merci."
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90> "Oh ! Femme, plus que toute autre
bénie ! Je sais que c'est grâce à toi que j'ai eu la joie de m'entendre
appeler : maman. Et sache que je ne te donnerai pas la douleur de ne pas
l'être avec tout ce qu'il y a de meilleur en moi. Entre, entre avec les
sœurs..."
240.3 – Marziam
regarde Marie-Madeleine avec curiosité. Il se fait dans sa tête tout un
travail de réflexion. À la fin, il dit :
"Pourtant ... à Béthanie tu n'y étais pas..."
"Je n'y étais pas, mais maintenant j'y serai toujours" dit Marie- Madeleine
en rougissant et en ébauchant un sourire.
Et elle caresse l'enfant, en lui disant :
"Même si nous ne nous connaissons que maintenant, m'aimes-tu
bien ?"
"Oui, parce que tu es bonne. Tu as pleuré, n'est-ce pas ? Et c'est
pour cela que tu es bonne. Et tu t'appelles Marie, n'est-ce pas ? Ma
mère aussi s'appelait ainsi et elle était bonne. Toutes les femmes qui
s'appellent Marie sont bonnes. Cependant" finit-il, pour ne pas blesser
Porphyrée et Marthe, "cependant il y en a de bonnes parmi celles qui
portent un autre nom. Ta mère, comment s'appelait-elle ?"
"Euchérie ...et
elle était si bonne" et deux grosses larmes tombent des yeux de Marie de
Magdala.
"Tu pleures,
parce qu'elle est morte ?" demande l'enfant et il caresse ses très
belles mains jointes sur son vêtement foncé, sûrement un de ceux de Marthe
mis à ses mesures, car on voit que l'ourlet a été descendu.
Et il ajoute :
"Mais tu ne dois pas pleurer. Nous ne sommes pas seuls, sais-tu ?
Nos mères sont toujours près de nous. C'est Jésus qui le dit. Et elles sont
comme des anges gardiens. Cela aussi, Jésus le dit. Et si on est bon, elles
viennent à notre rencontre quand on meurt et on monte vers Dieu dans les bras
de la mère. Mais c'est vrai, tu sais ? C'est Lui qui l'a
dit !"
Marie de Magdala embrasse bien fort le petit consolateur et le baise en
disant :
"Prie alors pour que je devienne bonne ainsi."
"Mais, ne l'es-tu pas ? Avec Jésus ne vont que ceux qui sont
bons... Et, si on ne l'est pas tout à fait, on le devient pour pouvoir être
les disciples de Jésus, car on ne peut enseigner si l'on ne sait pas. On ne
peut dire : "Pardonne" si d'abord nous ne pardonnons pas,
nous.
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91> On ne peut pas dire : "Tu dois aimer ton
prochain" si d'abord nous ne l'aimons pas nous.
240.4 – La
sais-tu, la prière de Jésus ?"
"Non."
"Ah ! c'est vrai ! tu es depuis peu avec Lui. Elle est si
belle, sais-tu ? Elle dit toutes ces choses. Écoute comme elle est
belle." Et Marziam dit lentement le "Pater Noster" avec
sentiment et foi.
"Comme tu la sais bien !" dit Marie de Magdala
saisie d'admiration.
"C'est ma mère qui me l'a enseignée la nuit, et la Mère de Jésus le
jour. Mais, si tu veux, je vais te l'apprendre. Veux-tu venir avec moi ?
Les brebis bêlent, elles ont faim. Je vais les mener au pâturage. Viens avec
moi. Je t'apprendrai à prier et tu deviendras tout à fait bonne" et il
lui prend la main.
"Mais je ne sais pas si le Maître veut..."
"Va, va, Marie. Tu as un innocent pour ami, et des agneaux... Vas-y. En
toute sérénité..."
Marie de Magdala sort avec l'enfant et on la voit qui s'éloigne, précédée des
trois brebis. Jésus regarde... les autres regardent aussi.
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