Le vendredi 1er juin 1945.
153> 176.1 – Jésus, pendant la nuit, s'est
un peu éloigné en remontant plus haut sur la montagne, de sorte que l'aurore
le fait voir debout sur un escarpement. Pierre qui le voit le montre à ses
compagnons et ils montent vers Lui.
"Maître, pourquoi n'es-tu pas venu avec nous ?" demandent
plusieurs.
"J'avais besoin de prier."
"Mais tu as aussi tant besoin de te reposer."
"Amis, pendant la nuit, une voix m'est venue du Ciel me demandant de
prier pour les bons et les mauvais et aussi pour Moi-même."
"Pourquoi ? Tu en as besoin, Toi ?"
"Comme les autres. Ma force se nourrit
de prière et ma joie de faire ce que veut mon Père. Le Père m'a indiqué deux
noms de personnes, et une douleur pour Moi. Ces trois choses qu'il m'a dites
réclament tant la prière."
Jésus est très triste et regarde les siens d'un œil qui paraît supplier en
demandant quelque chose, ou bien qui interroge. il se pose sur celui-ci et
sur celui-là et en dernier lieu se pose sur Judas Iscariote en s'y arrêtant.
L'apôtre le remarque et demande :
"Pourquoi me regardes-tu ainsi ?"
"Je ne te voyais pas. Mon œil contemplait une autre chose..."
"Et quoi ?"
"La nature du disciple. Tout le bien et tout le mal qu'un disciple peut
donner, il peut le faire pour son Maître. Je pensais aux disciples des
Prophètes et à ceux de Jean.
Et je pensais à mes propres disciples. Et je priais pour Jean,
pour les disciples et pour Moi..."
"Tu es triste et fatigué, ce matin, Maître. Dis à ceux qui t'aiment ton
chagrin." sollicite Jacques de
Zébédée.
"Oui, dis-le, et s'il y a quelque chose qui puisse te soulager, nous le
ferons" dit le cousin Jude.
Pierre parle avec Barthélemy
et Philippe,
mais je ne comprends pas ce qu'ils disent.
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154> Jésus répond :
"Être bons. Efforcez-vous d'être bons et fidèles. Voilà ce qui me
soulage. Il n'y a rien d'autre, Pierre. Tu as entendu ? Laisse de côté
les soupçons. Aimez-moi et aimez-vous. Ne vous laissez pas séduire par ceux
qui me haïssent. Aimez surtout la volonté de Dieu."
"Hé ! mais si tout vient d'elle, même nos erreurs en
viendront !" s'exclame Thomas avec un air de philosophe.
"Tu le crois ? Il n'en est pas ainsi .
176.2 – Mais beaucoup de gens se sont éveillés
et regardent ici. Descendons. Et sanctifions le jour saint par la parole de
Dieu."
Ils descendent pendant que les dormeurs s'éveillent toujours plus nombreux.
Les enfants, joyeux comme des moineaux, déjà babillent courant et sautant au
milieu des prés. Ils se mouillent avec la rosée et on entend quelques claques
suivies de pleurs. Mais ensuite, les enfants courent vers Jésus qui les
caresse, retrouvant son sourire, comme s'il reflétait en Lui-même cette
gaieté innocente.
Une fillette veut Lui mettre à la ceinture un petit bouquet de fleurs
cueillies dans les prés, car "l'habit est plus beau ainsi"
dit-elle, et Jésus la laisse faire, laissant aussi grommeler les apôtres, et
même Jésus leur dit :
"Mais soyez contents qu'eux m'aiment ! La rosée enlève la poussière
des fleurs. L'amour des enfants enlève la tristesse de mon cœur."
Arrivent en même temps, au milieu des pèlerins, Jésus qui vient de la
montagne et le scribe
Jean qui vient de sa maison avec une troupe de serviteurs
chargés de paniers de pain. D'autres apportent des olives, des fromages et un
petit agneau ou un chevreau rôti pour le Maître. On dépose tout à
ses pieds et il organise la distribution, donnant à chacun un pain et un
morceau de fromage avec une poignée d'olives, mais il donne un morceau de
l'agneau rôti à une mère qui a sur son sein un amour d'enfant qui rit de ses
premières dents. Il agit ainsi avec deux ou trois personnes qui ont particulièrement
besoin de se restaurer.
"Mais c'est pour Toi, Maître" dit le scribe.
"J'y goûterai, n'en doute pas. Mais vois-tu... le fait que plusieurs
profitent de ta bonté me le rend plus délicieux."
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155> La distribution se termine, et les
gens grignotent leur pain, en en réservant pour les autres heures. Jésus
aussi boit un peu de lait que le scribe tient à Lui verser dans une tasse
précieuse d'une petite fiasque, semblable à une cruche, que porte un
serviteur.
"Cependant tu dois me faire plaisir en me donnant la joie de
t'entendre" dit le scribe Jean, salué par Hermas avec respect et plus
respectueusement encore par Étienne.
"Je ne vais pas te le refuser. Viens ici"
176.3 – Et Jésus s'appuyant à la
montagne commence à parler.
"La volonté de Dieu nous a retenus en ce lieu,
car aller plus loin après le chemin déjà fait, aurait été violer les
préceptes et scandaliser .
Et il faut éviter cela jusqu'à ce que le Nouveau Pacte ne soit écrit.
Il est juste de sanctifier les fêtes et de louer le Seigneur dans les lieux
de prière. Mais toute la création peut être lieu de prière si la créature sait
le rendre tel en élevant son esprit vers le Père. Elle fut un lieu de prière
l'arche de Noé à la dérive sur les flots .
Il fut lieu de prière le ventre de la baleine de Jonas .
Elle fut lieu de prière la maison du pharaon quand Joseph y vécut
et aussi la tente d'Holopherne pour la chaste Judith .
Et n'était-il pas tellement sacré au Seigneur le lieu
corrompu où vivait esclave le prophète Daniel, sacré par la sainteté de son
serviteur qui sanctifiait le lieu au point de mériter les prophéties élevées
du Christ et de l'Antéchrist,
clefs des temps actuels et des temps derniers ?
À plus forte raison, est saint ce lieu qui par ses couleurs, ses parfums, la
pureté de l'air, la richesse des moissons, les perles de la rosée parle de
Dieu Père et Créateur, et dit : "Je crois. Et vous, veuillez croire
parce que nous sommes les témoins de Dieu". Qu'il soit donc la synagogue
de ce sabbat et lisons en ce lieu les pages éternelles sur les corolles et
les épis, éclairés par la lampe sacrée du soleil.
Je vous ai nommé Daniel. Je vous ai dit : "Que ce lieu soit notre
synagogue". Il nous rappelle le joyeux "Bénissez" des trois
saints enfants au milieu des flammes de la fournaise :
Cieux et eaux, rosées et givres, glaces et neiges, feux et couleurs,
lumières et ténèbres, foudres et nuages, montagnes et collines, tout ce qui
germe, oiseaux, poissons et bêtes sauvages, louez et bénissez le Seigneur
avec les hommes qui ont un cœur humble et saint.
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156> C'est le résumé du cantique saint
qui enseigne tant aux humbles et aux saints. Nous pouvons prier et pouvons
mériter le Ciel en tout lieu. Nous le méritons quand nous faisons la volonté
du Père.
176.4 – Au commencement de cette journée,
on m'a fait observer que si tout vient d'une volonté divine, les erreurs des
hommes sont voulues par elle. C'est une erreur, et une erreur très répandue .
Un père peut-il jamais vouloir que son enfant se rende répréhensible ?
Il ne le peut pas. Et pourtant nous voyons que, même dans les familles,
certains enfants se rendent répréhensibles alors qu'ils ont un père juste qui
leur montre le bien à faire et le mal à fuir. Et aucun homme droit n'accuse
le père d'avoir poussé son enfant au mal.
Dieu, c'est le Père. Les hommes sont ses enfants. Dieu leur indique le bien
et dit : "Voici, Je te mets dans cette situation pour ton
bien", ou encore lorsque le Malin et les hommes ses serviteurs procurent
des malheurs aux hommes, Dieu dit : "Voilà, dans cette heure
pénible, agis ainsi et alors ce mal servira à un bien éternel". Il vous
conseille, mais Il ne vous force pas. Et alors si quelqu'un, tout en sachant
quelle est la volonté de Dieu, préfère faire tout l'opposé, peut-on dire que
ce soit la volonté de Dieu ? C'est impossible.
Aimez la volonté de Dieu. Aimez-la bien plus
que la vôtre et suivez-la contre les séductions et la puissance des forces du
monde, de la chair et du démon. Même ces choses ont leur volonté. Mais en
vérité je vous le dis que bien malheureux est celui qui s'y soumet. Vous
m'appelez : Messie et Seigneur. Vous dites que vous m'aimez et vous
m'acclamez. Vous me suivez et cela vous semble de l'amour. Mais en vérité je
vous dis que parmi vous, tous n'entreront pas dans le Royaume des Cieux. Même
parmi mes plus anciens et mes plus proches disciples il y en aura qui n'y
entreront pas parce que beaucoup feront leur volonté ou la volonté de la
chair, du monde et du démon, mais pas celle de mon Père. Ce ne sont pas ceux qui me disent :
"Seigneur ! Seigneur !" qui entreront dans le Royaume des Cieux,
mais ceux qui font la volonté de mon Père.
Eux seuls entreront dans le Royaume de Dieu.
176.5 – Il viendra un jour où Moi qui
vous parle, après avoir été Pasteur, je serai Juge. Que mon aspect actuel ne vous
flatte pas. Aujourd'hui ma houlette rassemble toutes les âmes dispersées et elle est douce pour vous inviter à venir aux pâturages de la Vérité.
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157/158> Alors la houlette
fera place au sceptre du Roi Juge et ma puissance sera bien différente. Ce
n'est pas avec douceur, mais avec une justice inexorable que Moi, alors, je
séparerai les brebis nourries de la Vérité de celles qui mélangèrent Vérité
et Erreur ou se nourrirent seulement de l'Erreur. Une première fois et une
autre encore j'aurai ce rôle.
Et malheur à ceux qui entre la première et la seconde comparution devant le
Juge ne se seront pas purifiés, ne pourront pas se purifier du poison. La
troisième catégorie ne se purifiera pas. Aucune peine ne pourrait la
purifier. Elle n'a voulu que l'Erreur et restera dans l'Erreur.
Et pourtant, alors, parmi eux, il yen aura qui diront en gémissant :
"Mais, comment, Seigneur ? N'avons-nous pas prophétisé en ton nom,
et en ton nom chassé les démons, et fait en ton nom de nombreux prodiges ?"
Et Moi, alors, très clairement je leur dirai : "Oui, vous avez osé
vous revêtir de mon Nom, pour paraître tels que vous n'êtes pas. Votre
satanisme, vous avez voulu le faire passer pour la vie en Jésus. Mais le
fruit de vos œuvres vous accuse. Où sont ceux que vous avez sauvés ? Vos
prophéties, où se sont-elles accomplies ? Vos exorcismes, à quoi ont-ils
servi ? Vos prodiges, quel complice ont-ils eu ? Oh ! il est
bien puissant mon Ennemi ! Mais il ne l'est pas plus que Moi. Il vous a
aidé mais pour avoir une plus grande proie et par votre travail s'est élargi
le cercle de ceux qui sont tombés dans l'hérésie. Oui, vous avez fait des
prodiges, encore plus grands en apparence que ceux des vrais serviteurs de Dieu
qui ne sont pas des histrions qui stupéfient les foules, mais humilité et
obéissance qui étonnent les anges. Eux, mes vrais serviteurs, par leurs
immolations, ne créent pas des fantômes mais les chassent des cœurs; eux, mes
vrais serviteurs, ne s'imposent pas aux hommes, mais aux âmes des hommes ils
montrent Dieu. Eux ne font qu'accomplir la volonté du Père et amènent les
autres à la faire, comme le flot pousse le flot qui le précède et attire
celui qui le suit. Ils ne se hissent pas sur un trône pour dire :
'Regardez'. Eux, mes vrais serviteurs, font ce que je dis, ne pensant qu'à le
faire et leurs œuvres portent mon cachet de paix incomparable, de douceur,
d'ordre. Voilà pourquoi je puis vous dire: tels sont mes serviteurs; vous, je
ne vous connais pas. Allez loin de Moi, vous tous, artisans d'iniquité".
C'est cela qu'alors je vous dirai. Et elle sera une parole terrible. Cherchez
à ne pas la mériter et venez par le chemin sûr de l'obéissance, bien que
pénible, vers la gloire du Royaume des Cieux.
176.6 – Maintenant jouissez de votre
repos du sabbat en louant Dieu de tout cœur. La paix soit avec vous."
Jésus bénit la
foule avant qu'elle ne se disperse en quête d'ombre et qui parle de groupe à
groupe en commentant les paroles entendues. Près de Jésus restent les apôtres
et le scribe Jean qui ne parle pas mais médite profondément en étudiant les
actes de Jésus.
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