Vision du vendredi 1er juin
1945
211> Jésus,
pendant la nuit, s'est un peu éloigné en remontant plus haut sur la montagne,
de sorte que l'aurore le
fait voir debout sur un escarpement. Pierre qui
le voit le montre à ses compagnons et ils montent vers Lui.
"Maître, pourquoi n'es-tu pas venu avec nous ?" demandent
plusieurs.
"J'avais besoin de prier."
"Mais tu as aussi tant besoin de te reposer."
"Amis, pendant la nuit, une voix m'est venue du Ciel me demandant de
prier pour les bons et les mauvais et aussi pour Moi-même."
"Pourquoi ? Tu en as besoin, Toi ?"
"Comme les autres. Ma force se nourrit
de prière et ma joie de faire ce que veut mon Père. Le Père m'a indiqué deux
noms de personnes, et une douleur pour Moi. Ces trois choses qu'il m'a dites
réclament tant la prière." Jésus est très triste et regarde les siens
d'un œil qui paraît supplier en demandant quelque chose, ou bien qui
interroge. il se pose sur celui-ci et sur celui-là et en dernier lieu se pose
sur Judas Iscariote en s'y arrêtant.
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212> L'apôtre le remarque et
demande: "Pourquoi me regardes-tu ainsi ?"
"Je ne te voyais pas. Mon œil contemplait une autre chose..."
"Et quoi ?"
"La nature du disciple. Tout le bien et tout le mal qu'un disciple peut
donner et faire pour son Maître. Je pensais aux disciples des Prophètes et à
ceux de Jean. Et je pensais à mes propres
disciples. Et je priais pour Jean, pour
les disciples et pour Moi..."
"Tu es triste et fatigué, ce matin, Maître. Dis à ceux qui t'aiment ton
chagrin." sollicite Jacques
de Zébédée.
"Oui, dis-le, et s'il y a quelque chose qui puisse te soulager, nous le
ferons" dit le cousin Jude.
Pierre parle avec Barthélemy et Philippe, mais
je ne comprends pas ce qu'ils disent.
Jésus répond : "Être bons. Efforcez-vous d'être bons et fidèles.
Voilà ce qui me soulage. Il n'y a rien d'autre, Pierre. Tu as entendu ?
Laisse de côté les soupçons. Aimez-moi et aimez-vous. Ne vous laissez pas
séduire par ceux qui me haïssent. Aimez surtout la volonté de Dieu."
"Hé ! mais si tout vient d'elle, même nos erreurs en
viendront !" s'exclame Thomas avec
un air de philosophe.
"Tu le crois ? Il n'en est pas ainsi. Mais
beaucoup de gens se sont éveillés et regardent ici. Descendons. Et sanctifions
le jour saint par la parole de Dieu."
Ils descendent pendant que les dormeurs s'éveillent toujours plus nombreux.
Les enfants, joyeux comme des moineaux, déjà babillent courant et sautant au
milieu des prés. Ils se mouillent avec la rosée et on entend quelques claques
suivies de pleurs. Mais ensuite, les enfants courent vers Jésus qui les
caresse, retrouvant son sourire, comme s'il reflétait en Lui-même cette
gaieté innocente. Une fillette veut Lui mettre à la ceinture un petit bouquet
de fleurs cueillies dans les prés, car "l'habit est plus beau
ainsi" dit-elle, et Jésus la laisse faire, laissant aussi grommeler les
apôtres, et même Jésus leur dit : "Mais soyez contents qu'eux
m'aiment ! La rosée enlève la poussière des fleurs. L'amour des enfants
enlève la tristesse de mon cœur."
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213> Arrivent en même temps, au
milieu des pèlerins, Jésus qui vient de la montagne et le scribe
Jean qui vient de sa maison avec une troupe de serviteurs chargés
de paniers de pain. D'autres apportent des olives, des fromages et un petit
agneau ou un chevreau rôti pour le Maître. On dépose tout à
ses pieds et il organise la distribution, donnant à chacun un pain et un
morceau de fromage avec une poignée d'olives, mais il donne un morceau de
l'agneau rôti à une mère qui a sur son sein un amour d'enfant qui rit de ses
premières dents. Il agit ainsi avec deux ou trois personnes qui ont
particulièrement besoin de se restaurer.
"Mais c'est pour Toi, Maître" dit le scribe.
"J'y goûterai, n'en doute pas. Mais vois-tu... le fait que plusieurs
profitent de ta bonté me le rend plus délicieux."
La distribution se termine, et les gens grignotent leur pain, en en réservant
pour les autres heures. Jésus aussi boit un peu de lait que le scribe tient à
Lui verser dans une tasse précieuse d'une petite fiasque, semblable à une
cruche, que porte un serviteur.
"Cependant tu dois me faire plaisir en me donnant la joie de
t'entendre" dit le scribe Jean, salué par Hermas avec
respect et plus respectueusement encore par Étienne.
"Je ne vais pas te le refuser. Viens ici" et Jésus s'appuyant à la
montagne commence à parler.
"La volonté de Dieu nous a retenus en
ce lieu, car aller plus loin après le chemin déjà fait, aurait été violer les
préceptes et scandaliser. Et
il faut éviter cela jusqu'à ce que le Nouveau Pacte ne soit écrit. Il est
juste de sanctifier les fêtes et de louer le Seigneur dans les lieux de
prière. Mais toute la création peut être lieu de prière si la créature sait le
rendre tel en élevant son esprit vers le Père. Elle fut un lieu de prière
l'arche de Noé à la dérive sur les flots . Il
fut lieu de prière le ventre de la baleine de Jonas . Elle
fut lieu de prière la maison du pharaon quand Joseph y vécut et
aussi la tente d'Holopherne pour la chaste Judith . Et n'était-il pas tellement sacré au Seigneur le lieu
corrompu où vivait esclave le prophète Daniel, sacré par la sainteté de son
serviteur qui sanctifiait le lieu au point de mériter les prophéties élevées
du Christ et de l'Antéchrist, clefs des temps
actuels et des temps derniers ? À
plus forte raison, est saint ce lieu qui par ses couleurs, ses parfums, la
pureté de l'air, la richesse des moissons, les perles de la rosée parle de
Dieu Père et Créateur, et dit : "Je crois. Et vous, veuillez croire
parce que nous sommes les témoins de Dieu". Qu'il soit donc la synagogue
de ce sabbat et lisons en ce lieu les pages éternelles sur les corolles et
les épis, éclairés par la lampe sacrée du soleil.
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214> Je vous ai nommé Daniel. Je
vous ai dit : "Que ce lieu soit notre synagogue". Il nous
rappelle le joyeux "Bénissez" des trois saints enfants au milieu
des flammes de la fournaise :
Cieux et eaux, rosées et givres, glaces et neiges, feux et couleurs,
lumières et ténèbres, foudres et nuages, montagnes et collines, tout ce qui
germe, oiseaux, poissons et bêtes sauvages, louez et bénissez le Seigneur
avec les hommes qui ont un cœur humble et saint. C'est le résumé du cantique
saint qui enseigne tant aux humbles et aux saints. Nous pouvons prier et
pouvons mériter le Ciel en tout lieu. Nous le méritons quand nous faisons la
volonté du Père. Au commencement de cette journée, on m'a fait observer que
si tout vient d'une volonté divine, les erreurs des hommes sont voulues par
elle. C'est une erreur, et une erreur très répandue. Un
père peut-il jamais vouloir que son enfant se rende répréhensible ? Il
ne le peut pas. Et pourtant nous voyons que, même dans les familles, certains
enfants se rendent répréhensibles alors qu'ils ont un père juste qui leur montre
le bien à faire et le mal à fuir. Et aucun homme droit n'accuse le père
d'avoir poussé son enfant au mal.
Dieu, c'est le Père. Les hommes sont ses enfants. Dieu leur indique le bien
et dit : "Voici, Je te mets dans cette situation pour ton
bien", ou encore lorsque le Malin et les hommes ses serviteurs procurent
des malheurs aux hommes, Dieu dit : "Voilà, dans cette heure
pénible, agis ainsi et alors ce mal servira à un bien éternel". Il vous
conseille, mais Il ne vous force pas. Et alors si quelqu'un, tout en sachant
quelle est la volonté de Dieu, préfère faire tout l'opposé, peut-on dire que
ce soit la volonté de Dieu ? C'est impossible.
Aimez la volonté de Dieu. Aimez-la bien plus
que la vôtre et suivez-la contre les séductions et la puissance des forces du
monde, de la chair et du démon. Même ces choses ont leur volonté. Mais en
vérité je vous le dis que bien malheureux est celui qui s'y soumet. Vous
m'appelez: Messie et Seigneur. Vous dites que vous m'aimez et vous
m'acclamez. Vous me suivez et cela vous semble de l'amour. Mais en vérité je
vous dis que parmi vous, tous n'entreront pas dans le Royaume des Cieux. Même
parmi mes plus anciens et mes plus proches disciples il y en aura qui n'y
entreront pas parce que beaucoup feront leur volonté ou la volonté de la
chair, du monde et du démon, mais pas celle de mon Père.
Ce ne sont pas ceux qui me disent :
"Seigneur ! Seigneur !" qui entreront dans le Royaume des Cieux,
mais ceux qui font la volonté de mon Père. Eux seuls
entreront dans le Royaume de Dieu. Il viendra un jour où Moi qui vous parle,
après avoir été Pasteur, je serai Juge. Que mon aspect actuel ne vous flatte
pas.
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215> Aujourd'hui ma houlette rassemble
toutes les âmes dispersées et elle est douce pour
vous inviter à venir aux pâturages de la Vérité. Alors la houlette fera place
au sceptre du Roi Juge et ma puissance sera bien différente. Ce n'est pas
avec douceur, mais avec une justice inexorable que Moi, alors, je séparerai
les brebis nourries de la Vérité de celles qui mélangèrent Vérité et Erreur
ou se nourrirent seulement de l'Erreur.
Une première fois et une autre encore j'aurai ce rôle. Et
malheur à ceux qui entre la première et la seconde comparution devant le Juge
ne se seront pas purifiés, ne pourront pas se purifier du poison. La
troisième catégorie ne se purifiera pas. Aucune peine ne pourrait la
purifier. Elle n'a voulu que l'Erreur et restera dans l'Erreur. Et pourtant,
alors, parmi eux, il yen aura qui diront en gémissant : "Mais,
comment, Seigneur ? N'avons-nous pas prophétisé en ton nom, et en ton
nom chassé les démons, et fait en ton nom de nombreux prodiges ?"
Et Moi, alors, très clairement je leur dirai: "Oui, vous avez osé vous
revêtir de mon Nom, pour paraître tels que vous n'êtes pas. Votre satanisme,
vous avez voulu le faire passer pour la vie en Jésus. Mais le fruit de vos
œuvres vous accuse. Où sont ceux que vous avez sauvés ? Vos prophéties,
où se sont-elles accomplies ? Vos exorcismes, à quoi ont-ils
servi ? Vos prodiges, quel complice ont-ils eu ? Oh ! il est
bien puissant mon Ennemi ! Mais il ne l'est pas plus que Moi. Il vous a
aidé mais pour avoir une plus grande proie et par votre travail s'est élargi
le cercle de ceux qui sont tombés dans l'hérésie. Oui, vous avez fait des
prodiges, encore plus grands en apparence que ceux des vrais serviteurs de
Dieu qui ne sont pas des histrions qui stupéfient les foules, mais humilité
et obéissance qui étonnent les anges. Eux, mes vrais serviteurs, par leurs
immolations, ne créent pas des fantômes mais les chassent des cœurs; eux, mes
vrais serviteurs, ne s'imposent pas aux hommes, mais aux âmes des hommes ils
montrent Dieu. Eux ne font qu'accomplir la volonté du Père et amènent les
autres à la faire, comme le flot pousse le flot qui le précède et attire
celui qui le suit. Ils ne se hissent pas sur un trône pour dire :
'Regardez'. Eux, mes vrais serviteurs, font ce que je dis, ne pensant qu'à le
faire et leurs œuvres portent mon cachet de paix incomparable, de douceur,
d'ordre. Voilà pourquoi je puis vous dire: tels sont mes serviteurs; vous, je
ne vous connais pas. Allez loin de Moi, vous tous, artisans d'iniquité".
C'est cela qu'alors je vous dirai. Et elle sera une parole terrible. Cherchez
à ne pas la mériter et venez par le chemin sûr de l'obéissance, bien que
pénible, vers la gloire du Royaume des Cieux. Maintenant jouissez
de votre repos du sabbat en louant Dieu de tout cœur. La paix soit avec
vous."
216> Jésus bénit la foule avant qu'elle ne se disperse en quête
d'ombre et qui parle de groupe à groupe en commentant les paroles entendues.
Près de Jésus restent les apôtres et le scribe Jean qui ne parle pas mais
médite profondément en étudiant les actes de Jésus.
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