Le lundi 1
janvier 1945.
442> 68.1 – Je vois Jésus, qui avec Judas qui l'accompagne pénètre dans l'enceinte du Temple, et,
après avoir franchi la première terrasse ou la première plate-forme, si on
préfère l'appeler ainsi, s'arrête dans un endroit entouré de portiques et
proche d'une grande cour, pavé de marbres de couleurs variées. L'endroit est
très beau et fréquenté.
Jésus regarde autour de lui et voit une place qui lui plaît. Mais avant de
s'y rendre, il dit à Judas : "Appelle-moi le magistrat responsable.
Je dois me faire reconnaître pour qu'on ne dise pas que je manque aux
coutumes et au respect."
"Maître, tu es au-dessus des coutumes, et personne plus que Toi n'a le
droit de parler dans la Maison de Dieu, Toi, son Messie."
"Je le sais, tu le sais, mais eux ils ne le
savent pas. Je ne suis pas venu pour scandaliser ni
pour enseigner à violer non seulement la Loi, mais aussi les coutumes. Au
contraire, je suis venu justement pour enseigner le respect, l'humilité et
l'obéissance et pour supprimer les scandales. Aussi je veux demander de
pouvoir parler au Nom de Dieu, en me faisant reconnaître par le magistrat
responsable que je suis digne de le faire."
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443> "L'autre fois, tu ne l'as pas fait."
"L'autre fois j'étais brûlé par le zèle de la Maison de Dieu profanée
par trop de choses. L'autre fois, j'étais le Fils du Père, l'Héritier qui, au
Nom du Père et par amour de ma Maison, agissait avec sa majesté à laquelle
sont inférieurs les magistrats et les prêtres. Maintenant, je suis le Maître
d'Israël et à Israël, j'enseigne aussi cette chose. Et puis, Judas, crois-tu
que le disciple soit au-dessus du Maître ?"
"Non, Jésus."
"Et toi qui es-tu ? Et qui suis-Je ?"
"Tu es le Maître, moi le disciple."
"Alors, si tu reconnais qu'il en est ainsi, pourquoi veux-tu faire la
leçon au Maître ? Va et obéis. Moi, j'obéis à mon Père. Toi, obéi à ton Maître. C'est
la condition première pour être fils de Dieu obéir sans discuter, en pensant
que le Père ne peut que donner des ordres saints. C'est la condition première
du disciple : obéir au Maître en pensant que le Maître sait et ne peut
donner que des ordres justes."
"C'est vrai. Pardon. J'obéis."
"Je pardonne. Va. Et, Judas, prends bien conscience encore d'une chose,
rappelle-toi ceci. Rappelle-toi-le toujours dans l'avenir..."
"D'obéir ? Oui."
"Non, rappelle-toi que
Moi j'ai été à l'égard du Temple respectueux et humble. À l'égard du Temple :
c'est-à-dire à l'égard des castes dominantes, Va."
Judas a le regard pensif, interrogateur ...mais il n'ose pas demander autre
chose. Et, il s'en va, méditatif.
68.2 – ...Il revient avec un
personnage richement vêtu.
"Voici Maître, le Magistrat."
"La paix soit avec Toi. Je demande la permission d'enseigner à Israël
parmi les rabbins d'Israël."
"Tu es rabbin ?"
"Je le suis."
"Qui a été ton maître ?"
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444> "L'Esprit de Dieu, qui me
parle avec sagesse et qui éclaire toute parole des Textes Sacrés."
"Tu es plus qu'Hillel, Toi qui sans maître dis connaître toute
doctrine ? Comment quelqu'un peut-il se former s'il n'y a personne qui
le forme ?"
"Comme s'est formé David, pastoureau inconnu, devenu roi puissant et
sage par la volonté du Seigneur."
"Ton nom."
"Jésus de Joseph de Nazareth de Jacob de la race de David, et de Marie de Joachim de la race de David et de Anne d'Aaron,
Marie, la Vierge dont le mariage a été célébré au Temple, parce qu'elle était orpheline,
par le Grand Prêtre, selon la Loi d'Israël."
"Qu'est-ce qui le prouve ?"
"Il doit y avoir encore des lévites qui se souviennent du fait et qui
étaient contemporains de Zacharie, de la classe d'Abia, mon parent. Interroge-les, si tu
doutes de ma sincérité."
"Je te fais confiance. Mais qu'est-ce qui me prouve que tu es capable
d'enseigner ?"
"Écoute-moi, et tu jugeras par toi-même."
"Tu es libre de le faire, mais... n'es-tu pas Nazaréen ?"
"Je suis né à Bethléem
du Juda, à l'époque du recensement
ordonné par César. Proscrits par des ordres injustes les descendants de David
se trouvent partout. Mais la race est de Juda."
"Tu sais... les pharisiens... toute la Judée... à l'égard de la
Galilée..."
"Je le sais, mais rassure-toi. C'est à Bethléem que j'ai vu le jour, à
Bethléem Ephrata d'où vient ma race. Si maintenant je vis en Galilée ce n'est
que pour s'accomplisse ce qui a été annoncé."
Le magistrat s'éloigne de quelques mètres, accourant où on l'appelle.
68.3 – Judas demande :
"Pourquoi ne lui as-tu pas dit que tu étais le Messie ?"
"Mes paroles le diront."
"Quelle est la chose annoncée qui doit
s'accomplir ?"
"La réunion d'Israël tout entier sous l'enseignement de la parole du Christ.
Je suis le Pasteur dont ont parlé les Prophètes et je viens rassembler les
brebis de tout le pays. Je viens guérir les malades et ramener les égarées au
bon pâturage.
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445> Il n'y a pas, pour Moi,
Judée ou Galilée, Décapole ou Idumée. Il n'y a qu'une seule chose :
l'Amour qui embrasse d'un seul regard et unit dans un embrassement unique
pour sauver ..." Jésus est inspiré. Il semble émettre des rayons tant il
sourit à son rêve. Judas le regarde avec admiration.
Des gens curieux s'approchent des deux qui attirent et frappent par une
allure bien différente.
Jésus abaisse son regard et sourit à cette petite foule. Un sourire dont
jamais aucun peintre ne pourra rendre la douceur et que nul croyant ne peut
imaginer s'il ne l'a pas vu. Et il dit :
"Venez, si vous y pousse le désir d'une parole éternelle."
68.4 – Il se dirige sous un arc du
portique et, adossé à une colonne, il commence à parler. Il emprunte son
sujet à l'évènement de la matinée.
"Ce matin, en entrant dans Sion, j'ai vu que pour quelques deniers, deux
fils d'Abraham étaient
prêts à se tuer. Au Nom de Dieu, j'aurais pu les maudire, car Dieu dit : "Tu
ne tueras point" et dit aussi que qui n'obéit pas à la Loi sera maudit.
Mais j'eu pitié de leur ignorance de l'esprit de la Loi et je me suis borné à
empêcher l'homicide pour leur donner la possibilité de se repentir, de
connaître Dieu, de le servir dans l'obéissance, en aimant non seulement ceux
qui les aiment mais même ceux qui sont leur ennemis.
Oui, Israël. Un jour nouveau se lève pour toi et encore
plus lumineux devient le précepte de l'amour. L'année commence
peut être avec le pluvieux mois d'Etanim ou bien avec le triste mois de Casleu aux journées plus courtes qu'un rêve, aux nuits
longues comme un jour sans pain ? Non, elle commence avec le mois de
Nisan fleuri, ensoleillé, joyeux où tout est riant, où le cœur de l'homme,
même le plus pauvre et le plus triste, s'ouvre à l'espérance parce que vient
l'été. C'est le temps des moissons, les jours de soleil, les fruits, la
douceur même du sommeil sur un pré de fleurs sous la clarté des étoiles. Il
est facile de se nourrir, car tout lopin de terre porte légumes et fruits
pour apaiser la faim de l'homme.
Voici, ô Israël. Il est terminé l'hiver, le temps de l'attente. Maintenant
c'est la joie de la promesse qui s'accomplit. Le Pain et le Vin sont là, tout
prêts à calmer la faim. Le Soleil est parmi vous.
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446> Tout sous ce Soleil rend la
respiration plus profonde et plus douce. Même le précepte de notre Loi :
le premier, le plus saint de saints préceptes : "Aime ton Dieu et aime
ton prochain".
Dans la lumière relative qui jusqu'ici t'a été
accordée, il t'a été dit - tu n'aurais pas pu faire davantage, parce que
pesait encore sur toi la colère de Dieu par la faute du manque d'amour d'Adam
- il t'a été dit : "Aime ceux qui t'aiment et hais ton ennemi". Et
l'ennemi était pour toi, non seulement celui qui violait tes frontières, mais
aussi celui qui t'avait manqué dans la vie privée ou qui paraissait t'avoir
manqué. Il en résultait que la haine couvait dans tous les cœurs, car peut-on
jamais trouver un homme qui, le voulant ou non, n'offense pas son
frère ? Ou quelqu'un qui arrive à la vieillesse sans avoir été
offensé ? Moi, je vous dis : aimez aussi celui qui vous offense.
Faites-le en pensant que Adam, et tout homme par lui, est prévaricateur à
l'égard de Dieu et qu'il n'y a personne qui puisse dire : "Je n'ai pas
offensé Dieu".
Et pourtant, Dieu pardonne non pas
une fois, mais dix et dix fois, mais mille et dix mille fois. Il pardonne, et
le fait le prouve qu'il y a encore des hommes sur la terre. Pardonnez donc
comme Dieu pardonne. Et si vous ne pouvez le faire par amour du prochain qui
vous a nui, faites-le pour l'amour de Dieu qui vous donne le pain et la vie,
qui vous protège dans les besoins que vous avez sur cette terre et qui a
disposé tous les évènements pour vous procurer la paix éternelle sur son
sein, C'est la Loi nouvelle, la Loi du printemps de Dieu, de l'époque fleurie
de là Grâce venue parmi les hommes, du temps qui vous donnera le Fruit sans
pareil et qui vous ouvrira la Porte du Ciel.
68.5 – On n'entend plus la voix qui
parlait dans le désert. Mais elle n'est pas muette. Elle parle encore à Dieu
pour Israël. Elle parle encore au cœur de tout Israélite à la conscience
droite. Elle dit - après avoir enseigné à faire pénitence pour préparer les
voies au Seigneur qui vient, et avoir la charité de donner le superflu à qui
n'a même pas le nécessaire et avoir l'honnêteté de ne pas extorquer, ni
blesser - elle vous dit : "L'Agneau de Dieu, Celui qui enlève les péchés du monde, Celui qui vous
baptisera dans le feu de l'Esprit Saint est parmi vous. Il nettoiera son
aire, amassera son froment".
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447> Sachez reconnaître Celui que le
Précurseur vous indique. Ses souffrances travaillent auprès de Dieu pour vous
donner la Lumière. Voyez. Si les yeux de votre esprit s'ouvrent, vous
connaîtrez la Lumière qui vient. Je relaie la voix du Prophète qui annonce le
Messie, et avec la puissance qui me vient du Père je l'amplifie et y unis ma
propre puissance, et je vous appelle à la vérité de la Loi. Préparez vos
cœurs à la grâce de la Rédemption qui est proche. Le Rédempteur est parmi
vous. Bienheureux ceux qui seront dignes d'être rachetés parce qu'ils auront
eu une bonne volonté.
La paix soit avec vous."
Un des assistants demande :
" Es-tu disciple du Baptiste, que tu en parles avec tant de vénération ?"
"J'ai reçu de lui le baptême sur les rives du Jourdain, avant son
emprisonnement. Je le vénère parce qu'il est saint aux yeux de Dieu. En
vérité je vous le dis que parmi les fils d'Abraham il n'en est pas de plus
élevé en grâce que lui. De sa venue au monde à sa mort, les yeux de Dieu se
seront posés sans marque de dédain sur cet homme béni."
"Lui t'a donné l'assurance de la venue du Messie ?"
"Sa parole qui ignore le mensonge a indiqué à ceux qui étaient près de
lui le Messie déjà vivant."
"Où ? Quand ?"
"Quand ce fut l'heure de l'indiquer."
68.6 – Mais Judas éprouve le besoin
de dire à droite et à gauche :
" Le Messie, c'est Celui qui vous parle. J'en témoigne, moi qui le connais
et suis son premier disciple."
"Lui !... Oh !..." Les gens s'écartent effrayées. Mais
Jésus est si doux qu'ils reviennent vers Lui.
"Demandez-lui quelque miracle. Il est puissant. Il guérit. Il lit dans
les cœurs. Il répond à tout pourquoi."
"Dis-lui, toi, pour moi que je suis
malade. Mon œil droit est mort, le gauche se dessèche."
"Maître."
"Judas." Jésus qui caressait une bambine se retourne.
"Maître, cet homme est presque aveugle et veut voir. Je lui a dit que tu
peux."
"Je le peux pour qui a la foi. As-tu foi, homme ?"
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448> "Je crois dans le Dieu d'Israël. Je viens ici pour
me jeter dans la piscine de Bethsaïde .
Mais il y a toujours quelqu'un qui me précède."
"Peux-tu croire en Moi ?"
"Si je crois à l'ange de la piscine, ne dois-je pas croire en Toi dont
le disciple affirme que tu es le Messie ?"
Jésus sourit. Il se mouille le doigt avec la salive et effleure l’œil malade.
"Que vois-tu ?"
"Je vois les objets, sans le brouillard qui les couvrait auparavant. Et
l'autre ne le guéris-tu pas ?"
Jésus sourit de nouveau. Il refait le geste sur l’œil aveugle "Que
vois-tu maintenant ?" demande-t-il en enlevant le doigt de la
paupière tombée.
"Ah ! Seigneur Dieu d'Israël ! J'y vois comme quand je courais
enfant, sur les prés. Que Tu sois béni pour l'éternité ! " L'homme
pleure, prostré aux pieds de Jésus.
"Va. Sois bon maintenant par reconnaissance pour Dieu."
68.7 – Un lévite qui est arrivé sur
la fin du miracle, demande :
"Par quel pouvoir fais-tu ces choses ?"
"Tu me le demandes ? Je vais te le dire si tu réponds à ma
question. D'après toi quel est le plus grand, le prophète qui annonce le
Messie, ou le Messie lui-même ?"
"Quelle demande ! Le Messie est plus grand : c'est le
Rédempteur promis par le Très-Haut !"
"Alors, pourquoi les Prophètes ont-ils fait des miracles ? Par quel
pouvoir ?"
"Avec le pouvoir que Dieu leur donnait
pour prouver aux foules que Dieu était avec eux."
"Eh bien, c'est par le même pouvoir que j'accomplis les miracles : Dieu
est avec Moi. Je suis avec Lui. Je prouve aux foules qu'il en est ainsi et
que le Messie peut bien, à plus forte raison et dans une plus large mesure,
faire ce que les Prophètes ont pu faire."
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