Jésus décrit l’Enfer : un tourment de feu, de gel, de ténèbres.
Saint Jean vient réconforter Maria Valtorta.
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60> Jésus dit :
"Une fois, je t’ai fait voir le Monstre des abîmes.
Je vais aujourd’hui te parler de son royaume. Je ne peux pas toujours te
garder au paradis. Souviens-toi que tu as pour mission de rappeler certaines
vérités à tes frères qui les ont trop oubliées. Ce sont ces oublis, qui sont
en réalité du mépris pour les vérités éternelles, qui sont la cause de tant
de maux pour les hommes.
61> Écris donc cette page pénible.
Ensuite, tu seras réconfortée. C’est la nuit du vendredi. Écris en regardant
ton Jésus, qui est mort sur la croix dans des tourments tels qu’ils sont comparables
à ceux de l’enfer, et qui a voulu cette mort pour sauver les hommes de la
Mort.
Les hommes d’aujourd’hui ne croient plus à
l’existence de l’enfer. Ils se sont échafaudé un au-delà à leur convenance et
tel qu’il soit moins terrorisant pour leur conscience, qui mérite bien des
châtiments. Disciples plus ou moins fidèles de l’Esprit du Mal, ils savent
bien que leur conscience reculerait devant certains méfaits, s’ils croyaient
réellement à l’enfer comme la foi l’enseigne. Ils savent que leur conscience,
une fois leur méfait commis, ferait retour sur elle-même et trouverait le
repentir dans le remords ou dans la peur et, grâce au repentir, la voie pour
revenir à moi.
Leur malice, instruite pas Satan dont ils sont les serviteurs ou les esclaves
(suivant leur adhésion aux volontés et aux suggestions du Malin) ne veut pas
de tels reculs et de tels retours sur soi. Par conséquent, l’homme abandonne
la foi à l’enfer tel qu’il est réellement et s’en fabrique un autre — si du
moins il s’en fabrique un —, qui n’est en fait qu’une pause pour prendre son
élan vers d’autres élévations futures.
Il va si loin dans
cette opinion qu’il croit de façon sacrilège que le plus grand de tous
les pécheurs de l’humanité, le fils bien-aimé de Satan, celui qui était
voleur comme le dit l’Évangile, concupiscent et avide de gloire humaine comme
je le dis, moi : Judas Iscariote,
a pu être sauvé et parvenir jusqu'à moi en passant par des phases
successives, alors que, poussé par la triple concupiscence, il est devenu
marchand du Fils de Dieu et que, moyennant trente pièces et un baiser comme
signe — une valeur monétaire dérisoire et une valeur affective infinie —, il
m’a livré aux mains des bourreaux.
Non. S’il fut le sacrilège par excellence, moi je ne le suis pas. S’il fut
l’injuste par excellence, moi je ne le suis pas. S’il fut celui qui a répandu
dédaigneusement mon Sang, moi je ne le suis pas. Pardonner à Judas serait un
sacrilège envers ma divinité qu’il a trahie, ce serait une injustice envers
tous les autres hommes, toujours moins coupables que lui et qui sont pourtant
punis pour leurs péchés, ce serait mépriser mon sang, enfin ce serait ne pas
tenir compte de mes lois.
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de page
62>
J’ai dit,
moi qui suis le Dieu un et trine, que celui qui est destiné à l’enfer
l’endure pour l’éternité car aucune nouvelle résurrection ne provient
de cette mort-là. J’ai dit que ce feu est éternel et que tous les
artisans de scandales et d’iniquités s’y retrouveront. Ne croyez pas non plus
que ce sera au moment de la fin du monde. Non, car au contraire, la terrible
révision de vie sera suivie de cette demeure, plus impitoyable, de larmes et
de tourments : en effet, ce qui est encore permis à ses hôtes comme
divertissement infernal - le pouvoir de nuire aux vivants et la vue de
nouveaux damnés être précipités dans l’abîme - n’existera plus. La porte du
royaume infâme de Satan sera fermée, boulonnée par mes anges pour toujours,
pour toujours, pour toujours, un toujours dont le nombre d’années est sans
nombre. En comparaison, si les grains de sable de tous les océans de la terre
devenaient des années, ils formeraient moins d’une journée de mon éternité
impossible à mesurer, faite de lumière et de gloire en haut pour les
bienheureux, mais de ténèbres et d’horreur pour les maudits dans les
profondeurs.
Je t’ai déjà dit
que le purgatoire est un feu d’amour. Mais l’enfer est un feu de sévérité.
Le purgatoire est un lieu dans lequel vous expiez vos manques d’amour
pour votre Seigneur Dieu en pensant à lui, dont l’Essence a brillé devant
vous au moment de votre jugement particulier et vous a remplis du désir de la
posséder. Par l’amour, vous conquérez l’Amour et, en passant par des degrés
croissants de charité enflammée, vous lavez vos vêtements jusqu’à les rendre
purs et lumineux pour entrer dans le royaume de la Lumière, dont je t’ai
montré les splendeurs il y a quelques jours.
L’enfer est un lieu où la pensée de Dieu, le souvenir de Dieu
entrevu lors du jugement particulier n’est pas, comme pour l’âme du
purgatoire, un saint désir, une nostalgie déchirante mais pleine d’espoir,
une espérance faite d’attente tranquille, de paix assurée qui atteindra la
perfection quand elle sera devenue conquête de Dieu, mais qui donne déjà à
l’âme du purgatoire une joyeuse activité purifiante, puisque chaque
souffrance, chaque instant de souffrance l’approche de Dieu, son amour. En
enfer la pensée de Dieu est remords, ressentiment, damnation, haine. Haine
contre Satan, haine contre les
hommes, haine contre soi-même.
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63> Après avoir,
pendant leur vie, adoré Satan à ma place, maintenant qu’ils le possèdent et
en voient le véritable aspect, qui n’est plus caché sous le sourire
ensorcelant de la chair, sous l’éclat lumineux de l’or, sous le signe
puissant de la suprématie, ils le haïssent pour avoir causé leurs
tourments.
Après avoir oublié leur dignité d’enfants de Dieu au point d’adorer les
hommes jusqu’à devenir des assassins, des voleurs, des escrocs, des marchands
d’immondices pour eux-mêmes, maintenant qu’ils retrouvent les patrons pour
lesquels ils ont tué, volé, escroqué, vendu leur propre honneur comme celui
de tant de créatures malheureuses, faibles, sans défense, en se faisant
l’instrument d’un vice que les animaux n’en connaissent pas — la luxure, cet
attribut de l’homme empoisonné par Satan —, maintenant donc ils les
haïssent pour avoir provoqué leurs tourments.
Après s’être adorés eux-mêmes en accordant toute satisfaction à la chair,
au sang ainsi qu’aux sept appétits de leur chair et de leur sang, foulant
ainsi aux pieds la Loi de Dieu et celle de la moralité, ils se haïssent
maintenant parce qu’ils se rendent compte qu’ils se sont eux-mêmes causé
leurs tourments.
Le mot "Haine" recouvre ce royaume
immense; il rugit au milieu de ces flammes; il hurle sous les ricanements des
démons; il sanglote et crie au milieu des lamentations des damnés; il
résonne, résonne, résonne, comme une cloche qui sonne éternellement le
tocsin; il retentit comme un buccin éternel; il remplit chaque recoin de
cette prison; il est en lui-même un tourment car, chaque fois qu’on l’entend,
il ranime le souvenir de l’Amour perdu à jamais, le remords d’avoir voulu le
perdre et la rage de ne plus jamais pouvoir le revoir.
Au milieu de ces flammes, l’âme morte, à l’instar de ces corps jetés au bûcher ou dans les fours
crématoires, se tord et crie comme
si elle était de nouveau animée par un mouvement de vie, elle se réveille
pour comprendre son erreur puis meurt et renaît à chaque instant dans
d’atroces douleurs, car le remords la tue sous un blasphème et ce meurtre la
ramène à vivre un nouveau tourment. Le crime d’avoir trahi Dieu dans le temps
reste devant l’âme pour l’éternité; l’erreur d’avoir refusé Dieu dans le temps
lui est éternellement présente, pour son tourment.
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64>
Dans le feu, les flammes singent les
spectres de ce qu’ils ont adoré pendant leur vie, les passions se peignent en
ardents coups de pinceau sous leurs aspects les plus appétissants et elles
crient, crient leur mémento : "Tu as voulu le feu des
passions. Reçois maintenant le feu allumé par Dieu, dont tu as tourné en
dérision le saint Feu."
Le feu répond au feu. Au paradis, il est feu d’amour parfait. Au
purgatoire, il est feu d’amour purificateur. En enfer, il est feu d’amour
offensé. Puisque les élus ont aimé à la perfection, l’Amour se donne à eux
avec toute sa perfection. Puisque les âmes du purgatoire ont aimé tièdement,
l’Amour devient flamme pour les amener à la perfection. Puisque les maudits
ont brûlé de tous les feux, sauf du Feu de Dieu, le Feu de la colère de Dieu
les brûle pour l’éternité. Or au sein de ce feu se trouve aussi un froid
glacé.
Oh ! Vous ne pouvez vous imaginer ce qu’est l’enfer. Prenez tout ce qui tourmente
l’homme sur terre : le feu, les flammes, le gel, les eaux qui submergent, la
faim, le sommeil, la soif, les blessures, les maladies, les plaies, la
mort... Additionnez-les et multipliez ce total des millions de fois : vous
n’aurez qu’une pâle image de cette terrible vérité.
Un froid sidéral se mêlera à une chaleur insoutenable. Les damnés ont brûlé
de tous les feux humains mais n’auront eu qu’une vie spirituelle glacée pour
leur Seigneur Dieu. C’est donc le gel qui les attend pour les congeler après
que le feu les aura salés comme du poisson mis à rôtir sur une flamme. Le
fait de passer de la chaleur brûlante qui fait fondre au froid glacé qui
condense est un tourment de plus.
Oh ! Ce n’est pas là un langage métaphorique, car Dieu peut faire en sorte
que les âmes, lourdes des fautes qu’elles ont commises, aient une sensibilité
égale à celle de la chair, même avant qu’elles ne revêtent cette chair. Vous
ne savez pas et ne croyez pas. Mais je vous dis, en vérité, que mieux
vaudrait pour vous subir tous les tourments de mes martyrs plutôt
que passer une seule heure dans les tortures de l’enfer.
Le troisième tourment, ce sera
l’obscurité. Une obscurité matérielle et spirituelle. Se trouver pour
toujours dans les ténèbres après avoir vu la lumière du paradis, être étreint
par la Ténèbre après avoir vu la Lumière qui est
Dieu ! Se débattre dans l’horreur noire où seul s’illumine, au réverbère
de l’esprit brûlant, le nom du péché qui leur a valu d’être plongés dans une
telle horreur !
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65> Ne trouver
aucun appui dans ce remue-ménage d’âmes qui se haïssent et se nuisent
mutuellement, si ce n’est dans le désespoir qui les rend fous et toujours
plus maudits. S’en nourrir, s’appuyer sur lui, se tuer avec lui. La mort nourrira
la mort, est-il dit.
Le désespoir est mort et nourrira ces morts pour l’éternité.
Je vous le dis, moi qui pourtant ai créé cet endroit : quand j’y suis
descendu pour tirer des limbes ceux qui attendaient ma venue, j’ai eu
horreur, moi qui suis Dieu, de cette horreur, et, si une chose
faite par Dieu n’était immuable parce que parfaite, j’aurais voulu le rendre
moins atroce, car je suis l’Amour et j'ai souffert de cette horreur.
Or vous, vous voulez y aller !
Mes enfants, méditez ce que je vous dis. On donne aux malades des médicaments
amers, les endroits atteints par le cancer sont cautérisés et le mal excisé.
Pour vous, qui êtes malades et cancéreux, ma parole est médicaments et
cautère chirurgical. Ne la refusez pas. Servez-vous-en pour vous guérir.
La durée de la vie n’est pas ces quelques jours passés sur la terre. La vie
commence quand elle vous semble finir, et elle ne finit pas.
Faites en sorte qu’elle se déroule là où la lumière et la joie de Dieu
rendent l’éternité belle, et non pas là où Satan est le bourreau
éternel."
Jean dit :
"C’est moi qui vais être ton réconfort, ma petite sœur.
Hier matin, tu as formulé une petite plainte à notre bon Jésus.
Tu avais l’impression qu’il te mettait à la place de l’ouvrière de la
dernière heure,
à celle de la victime immolée immédiatement, alors que toi, qui es sur
l’autel depuis des années et qui as été la première à dire la prière donnée
par le Maître, tu ne vois jamais venir la consommation de ton sacrifice.
Tu es une sœur pour moi, Maria. J’ai été le premier disciple de Jésus, celui
qui, plus que tous, lui a ressemblé. Ses paroles, ses affections, ses désirs,
je les ai faits miens. J’ai eu la même envie ardente que lui de mourir pour
sauver. Or j’ai vu les autres me précéder auprès de Dieu. Paul lui-même,
l’apôtre qui était arrivé après l’heure, m’a précédé. Étienne est tombé en
premier, il a suivi le Maître. Mais moi je suis resté.
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66> J’ai connu la douleur de la
séparation du Maître, l’anxiété de l’attente, les persécutions, le martyre,
l’exil, mais pas la prompte consommation du sacrifice. Moi qui étais affamé
de mon Jésus, j'ai dû voir les années s’écouler jusqu’à ma plus grande
vieillesse avant de pouvoir le rejoindre.
Or qu’en est-il ? Mon martyre d’amour et de désir serait-il un moindre
martyre que celui des autres ? Est-il moins fécond ? Non, ma petite sœur. Il
y en a qui sont accueillis immédiatement et d’autres qui "doivent
demeurer le temps qu’il veut qu’ils restent",
pour accomplir leur tâche d’être porte-parole de Dieu pour leurs frères.
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