Vision du mardi 6 mars 1945
404> 593.1 – Jésus est encore, le soir, dans
l'oliveraie et il y est avec ses apôtres. Et de nouveau il parle.
"Et encore un autre jour est passé. Maintenant la nuit et puis demain,
et puis un autre demain, et puis la cène pascale."
"Où la ferons-nous, mon Seigneur ? Cette année il y a aussi les
femmes" demande Philippe.
"Et nous n'avons encore pourvu à rien, et la ville est pleine, bondée.
Il semble que cette année Israël tout entier, jusqu'aux plus lointains
prosélytes, soit accouru au rite" dit Barthélemy.
405> Jésus le regarde et comme s'il
récitait un psaume, il dit :
"Rassemblez-vous, hâtez-vous, accourez de tous côtés vers ma victime que
j'immole pour vous, vers la grande Victime immolée sur les monts
d'Israël, pour manger sa Chair et boire son Sang."
593.2 – "Mais quelle victime ?
Quelle victime ? Tu sembles quelqu'un qui est possédé par une folie fixe. Tu
ne parles que de mort... et tu nous affliges" dit avec véhémence
Barthélemy.
Jésus le regarde encore en quittant des yeux Simon
qui se penche sur Jacques d'Alphée
et sur Pierre et parle avec eux, et il dit :
"Comment ? Tu me le demandes ? Tu n'es pas un de ces petits qui pour
être instruits doivent recevoir la lumière septiforme. Tu étais déjà instruit
en l'Écriture avant que je t'appelle, par l'intermédiaire de Philippe, dans
cette douce matinée de printemps. De mon printemps. Et tu me demandes encore
quelle est la victime immolée sur les monts, celle vers laquelle viendront
tous les gens pour s'en nourrir ? Et tu m'appelles fou d'une folie fixe parce
que je parle de mort ? Oh ! Bartolmaï ! Comme le cri des sentinelles, dans
votre ténèbre, qui jamais ne s'est ouverte à la lumière, j'ai lancé une fois,
deux fois, trois fois le cri annonciateur. Mais vous n'avez jamais voulu le
comprendre. Vous en avez souffert sur le moment, et puis... Comme des
enfants, vous avez vite oublié les paroles de mort et vous êtes retournés
joyeux à votre travail, sûrs de vous et pleins de
l'espérance que mes paroles et les vôtres persuaderaient de plus en plus le
monde de suivre et d'aimer son Rédempteur.
Non.
593.3 – C'est seulement après que
cette Terre aura péché contre Moi, et rappelez-vous que ce sont des paroles
du Seigneur à son prophète, après seulement que le peuple et non
seulement celui-ci en particulier, mais le grand peuple d'Adam commencera
à gémir : "Allons vers le Seigneur. Lui qui nous
a blessés nous guérira" .
Et le monde des rachetés dira : "Après deux jours, c'est-à-dire deux temps de l'éternité, durant
lesquels il nous aura laissés à la merci de l'Ennemi, qui avec toutes ses armes
nous aura frappés et tués comme nous avons frappé et tué le Saint — et nous
le frappons et le tuons parce que toujours il y aura la race des Caïns qui tueront par leurs blasphèmes et leurs œuvres
mauvaises le Fils de Dieu, le Rédempteur, en décochant des flèches mortelles
non sur son éternelle Personne glorifiée, mais sur leur âme rachetée par Lui,
pour la tuer, et pour le tuer par
conséquent dans leurs âmes.
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406> C'est seulement après ces deux temps que viendra le
troisième jour et que nous ressusciterons en sa présence dans le Royaume
du Christ sur la Terre et que nous vivrons en sa présence dans le triomphe de
l'esprit. Nous le connaîtrons, nous apprendrons à connaître le Seigneur pour
être prêts à soutenir, grâce à cette vraie connaissance de Dieu, la
dernière bataille que Lucifer livrera à l'homme avant la sonnerie de l'ange
de la septième trompette qui ouvrira le chœur bienheureux des saints de Dieu,
au nombre parfait pour l'éternité — et ni le plus petit enfant, ni le
vieillard le plus âgé ne pourra jamais être ajouté au nombre — le chœur qui
chantera; "Il est fini le pauvre royaume de la Terre. Le monde est passé
en revue avec tous ses habitants devant le Juge victorieux. Et les élus sont
maintenant entre les mains de notre Seigneur et de son Christ, et Lui est
notre Roi pour toujours. Louange au Seigneur Dieu Tout Puissant qui est, qui
était et qui sera, parce qu'il a pris son grand pouvoir et qu'il est entré en
possession de son royaume".
Oh ! qui parmi vous saura rappeler les paroles de cette prophétie qui résonne
déjà dans les paroles de Daniel,
avec un son voilé, et qui maintenant retentit par la voix du Sage devant le
monde étonné et devant vous, plus étonnés que le monde ? !
"La venue du Roi — continuera le monde gémissant dans ses blessures et
enfermé dans son tombeau, après avoir mal vécu et être mal mort, enfermé par
son septuple vice et par ses hérésies sans fin, l'esprit agonisant du monde
enfermé, avec ses derniers essais, à l'intérieur de son organisme, mort
lépreux à cause de toutes ses erreurs —la venue du Roi est préparée comme
celle de l'aurore et elle viendra à nous comme la pluie du printemps et de
l'automne". L'aurore est précédée et préparée par la
nuit. C'est la nuit. Celle de maintenant. Et que dois-je te faire,
Ephraïm ? Et que dois-je te faire, Ô Juda ?...
593.4 – Simon, Bartolmaï, Judas,
et mes cousins, vous plus
instruits dans le Livre, reconnaissez-vous ces paroles ? Ce n'est pas d'un
esprit fou, mais de quelqu'un qui possède la Sagesse et la Science qu'elles
viennent.
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407> C'est comme un roi qui ouvre avec
assurance ses coffres forts, parce qu'il sait où est la gemme donnée qu'il
cherche, après l'avoir mise de sa main à l'intérieur, que je cite les
prophètes. Je suis la Parole.
Pendant des siècles, j'ai parlé par des lèvres humaines, et pendant des
siècles je parlerai par des lèvres humaines. Mais tout ce qui est dit de
surnaturel est ma parole. L'homme ne pourrait pas, même le plus docte et le
plus saint, monter avec une âme d'aigle au-delà des
limites du monde aveugle, pour saisir et dire les mystères éternels.
L'avenir n'est "présent" que dans la Pensée divine. C'est une sottise chez ceux qui ne
sont pas élevés par Notre Volonté, de prétendre faire des prophéties et des
révélations. Et Dieu les démentit et les frappe parce qu'Un seul peut dire :
"Je suis" et dire : "Je vois" et dire "Je
sais". Mais quand une Volonté qu'on ne mesure pas, qu'on ne juge pas, qu'il faut accepter en
inclinant la tête, en disant : "Me voici", sans discuter, dit :
"Viens, monte, écoute, vois, répète" alors, plongée dans l'éternel
présent de son Dieu, l'âme, appelée par le Seigneur pour être
"voix", voit et tremble, voit et pleure, voit et jubile; alors
l'âme, appelée par le Seigneur pour être "parole", écoute, et
arrivant à des extases ou à une sueur d'agonie, dit les paroles redoutables
du Dieu Éternel. Parce que toute parole de Dieu est redoutable, venant de
Celui dont le verdict est immuable et la Justice inexorable, et tournée vers
les hommes dont trop peu méritent amour et bénédiction et non pas foudre et condamnation. Maintenant
cette parole, qui est donnée et méprisée, n'est-elle pas la cause d'une faute
redoutable et d'une punition pour ceux qui l'ayant entendue la repoussent ?
Elle l'est.
593.5 – Et que dois-je encore vous
faire, ô Ephraïm, ô Juda, ô monde, que je n'ai pas fait ? Je suis venu pour
t'aimer, ma Terre, et ma parole a été pour toi une épée qui tue parce que tu
l'as exécrée. Oh ! Monde qui tues ton Sauveur en croyant faire une chose
juste, tellement tu es insatanisé au point de ne même plus comprendre quel est le sacrifice que Dieu exige,
sacrifice du péché personnel et non pas d'une bête immolée et consommée avec l'âme souillée !
Mais que t'ai-je donc dit pendant ces trois années
? Qu'ai-je prêché ? J'ai dit : "Connaissez Dieu dans ses lois et dans sa
nature". Et je me suis desséché comme un vase d'argile poreuse exposé au
soleil en vous répandant la connaissance vitale de la Loi et de Dieu. Et tu
as continué de faire des holocaustes sans jamais accomplir l'unique chose
nécessaire : l'immolation au Dieu vrai de ta volonté mauvaise !
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408> Maintenant le Dieu éternel te dit,
cité pécheresse, peuple parjure — et à l'heure du Jugement, on se servira
pour toi d'un fouet dont on ne se servira pas pour Rome et Athènes, qui sont
hébétées et ne connaissent pas la parole et le savoir, mais qui, d'éternels
enfants mal soignés par leur nourrice et restés comme des animaux dans leurs
capacités, passeront dans les bras saints de mon Église, mon unique sublime
Épouse qui m'enfantera d'innombrables enfants dignes du Christ, deviendront
adultes et capables et me donneront des palais et des troupes, des temples et
des saints de quoi peupler le Ciel comme avec des étoiles — maintenant le
Dieu éternel te dit : "Vous ne me plaisez plus et je n'accepterai plus
de don de votre main. Il est pour Moi pareil à des excréments et je vous le
rejetterai à la face et il y restera attaché. Vos solennités, toutes
extérieures, me dégoûtent. Je supprime le pacte avec la race d'Aaron et je le
passe aux fils de Lévi parce que, voilà, celui-ci est mon Lévi,
et avec Lui pour toujours j'ai fait un pacte de vie et de paix et Lui m'a été
fidèle dans les siècles des siècles, jusqu'au sacrifice. Il a eu la
sainte crainte du Père et il a tremblé à cause de son courroux d'offensé, au
seul son de mon Nom offensé. La loi de la vérité a été sur sa bouche, et sur
ses lèvres il n'y a pas eu d'iniquité, il a marché avec Moi dans la paix et
l'équité, et il en a retiré beaucoup du péché. Le temps est venu où en tout
lieu, et non plus sur l'unique autel de Sion, car vous ne méritez pas de l'y
offrir, sera sacrifiée et offerte à mon Nom l'Hostie pure, immaculée,
agréable au Seigneur"
593.6 – Les reconnaissez-vous les
éternelles paroles ?"
"Nous les reconnaissons, notre Seigneur. Et crois-le, nous sommes
abattus comme si on nous avait frappés. N'est-il pas possible de dévier le
destin ?"
"Tu l'appelles destin, Bartolmaï ?"
"Je ne saurais quel autre nom..."
"Réparation.
Voilà le nom. On n'offense pas le Seigneur sans que l'offense doive être
réparée. Et Dieu Créateur a été offensé par le Premier qui a été créé. Depuis
lors, l'offense n'a pas cessé de croître. Et elle n'a pas servi
l'inondation du Déluge, ni la pluie de feu sur Sodome et Gomorrhe à rendre
l'homme saint. Pas l'eau et pas le feu.
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409> La Terre est une Sodome sans limite
où passe, libre et roi, Lucifer. Alors que vienne une trinité pour
la laver : le feu de l'amour, l'eau de la douleur, le Sang de la Victime.
Voici, ô Terre, mon don. Je suis venu pour te le donner. Et maintenant je me
déroberais à son accomplissement ? C'est Pâque, on ne peut fuir."
"Pourquoi ne vas-tu pas chez Lazare ? Ce ne serait pas fuir, mais chez
lui, on ne te toucherait pas."
"Simon parle bien. Je t'en supplie, Seigneur, fais-le !" crie Judas
Iscariote en se jetant aux pieds de Jésus.
À son geste répond un déluge de larmes de Jean,
et bien que plus maîtres de leur douleur, les cousins pleurent ainsi que Jacques
et André.
593.7 – "Tu me crois le
"Seigneur" ? Regarde-moi !"
Jésus transperce de son regard le visage angoissé de l'Iscariote, car il est
réellement angoissé, ce n'est pas une feinte. C'est peut-être la dernière lutte
de son âme avec Satan, et il ne sait pas triompher.
Jésus l'étudie et suit la lutte comme un homme de science pourrait étudier
une crise d'un malade. Puis il se lève brusquement et si violemment que
Judas, appuyé sur ses genoux, se trouve repoussé et retombe assis par terre.
Jésus recule aussi, le visage bouleversé, et il dit :
"Pour faire arrêter aussi Lazare ? Double proie et double joie par
conséquent. Non, Lazare se garde pour le Christ à venir, pour le Christ
triomphant. Un seul sera jeté au-delà de la vie, et il ne reviendra pas.
Moi, je reviendrai. Mais lui ne reviendra pas. Mais Lazare reste. Toi, toi qui
sais tant de choses, tu sais aussi celle-là. Mais ceux qui espèrent avoir
double profit en capturant l'aigle avec l'aiglon, dans leur nid et sans
difficulté, peuvent être sûrs que l'aigle a les yeux sur tous, et que par amour pour son petit il ira
loin du nid pour être pris Lui seul, en le sauvant. Je suis tué par la
haine et pourtant je continue à aimer.
593.8 – Allez. Moi, je reste à prier.
Jamais comme à l'heure où je vis, je n'ai eu besoin d'élever mon âme au
Ciel."
"Laisse-moi rester avec Toi" supplie Jean.
"Non. Vous avez tous besoin de repos. Va-t'en."
"Tu restes seul ? Et s'ils te font du mal ? Tu semblés souffrant
aussi... Moi, je reste" dit Pierre.
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410> "Toi aussi, va avec les
autres. Laissez-moi oublier les hommes pour une heure ! Laissez-moi en
contact avec les anges de mon Père ! Ils remplaceront ma Mère, qui s'épuise
en larmes et en prière, que je ne puis charger de ma douleur désolée.
Allez."
"Tu ne nous donnes pas la paix ?" demande son
cousin Jude.
"Tu as raison. Que la paix du Seigneur se pose sur ceux qui ne sont pas
opprobre à ses yeux. Adieu" et Jésus pénètre en montant un talus au
milieu des oliviers.
593.9 – "Et pourtant... ce qu'il
dit c'est vraiment dans l'Écriture ! Et quand on l'entend de Lui on comprend
pourquoi et pour qui c'est dit" murmure Barthélemy.
"Moi, je l'ai dit à Pierre dans l'automne de la première année..."
dit Simon.
"C'est vrai... Mais... Non ! Moi vivant, je ne le laisserai pas prendre.
Demain..." dit Pierre.
"Que feras-tu demain ?" demande l'Iscariote.
"Ce que je ferai ? Je parle avec moi-même. C'est un temps de
conjuration. A l'air même je ne confierai pas ma pensée. Et toi, qui es
puissant, tu l'as dit tant de fois, pourquoi ne cherches-tu pas protection
pour Jésus ?"
"Je le ferai, Pierre. Je le ferai. Ne vous étonnez pas si je suis
parfois absent. Je travaille pour Lui. Ne le Lui dites pas, pourtant".
"Sois tranquille, et que tu sois béni. Parfois je me suis défié de toi,
mais je m'en excuse. Je vois que tu es meilleur que nous au bon moment. Tu
agis... moi, je ne sais que parler à vide" dit Pierre, humble et
sincère.
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