| Le mardi 18 mars
  1947. 263/264>  581.1 – Ils doivent s'être arrêtés à mi-chemin entre Jéricho et Béthanie car, quand ils arrivent aux premières
  maisons de Béthanie, la rosée finit de s'évaporer sur les feuilles
  et les herbes des prés et le soleil gravit encore la voûte du ciel. 
 Les agriculteurs de l'endroit jettent leurs outils et accourent autour de
  Jésus qui passe en bénissant hommes et plantes, comme les agriculteurs le
  demandent avec insistance. Des femmes et des enfants accourent avec les
  premières amandes encore enveloppées dans la peluche vert argent de leur
  brou, et avec les dernières fleurs des arbres fruitiers dont la floraison est
  plus tardive. J'observe pourtant que dans la région de Jérusalem,
  peut-être à cause de l'altitude, peut-être à cause des vents qui arrivent des
  sommets les plus hauts de la Judée, ou je ne sais pour quelle autre raison,
  peut-être aussi à cause des variétés différentes, nombreux sont encore les
  arbres fruitiers qui forment des touffes de couleur blanc rosé suspendues
  comme des nuées légères au-dessus de la verdure des prés. Sous les troncs
  élevés palpitent les feuilles tendres des vignes comme de grands papillons d'une
  émeraude précieuse, tenues attachées par un fil aux sarments raboteux.
 
 
  581.2 – Jésus
  s'arrête à la fontaine qui marque l'endroit où la campagne se transforme déjà
  en petite ville, et reçoit là les hommages de Béthanie presque toute entière.
  À ce moment accourt Lazare avec ses
  sœurs et ils se prosternent devant leur Seigneur. Bien qu'il n'y ait qu'un
  peu plus de deux jours que Marie a quitté son Maître, il semble qu'il y ait des siècles
  qu'elle ne l'a vu tellement qu'elle ne se lasse pas de baiser ses pieds
  poussiéreux dans ses sandales. 
 "Viens, mon Seigneur, la maison t'attend pour avoir la joie de ta
  présence" dit Lazare en se mettant à côté de Jésus pendant qu'ils
  avancent lentement autant que les gens le leur permettent.
 
 En effet ils se pressent autour de Lui, les enfants s'attachent aux vêtements
  de Jésus et marchent en avant, tournés vers Lui, la tête levée, de manière
  qu'ils butent et font buter les autres. Aussi Jésus pour commencer, et puis
  Lazare et les apôtres prennent dans leurs bras les plus petits pour pouvoir
  avancer plus vite.
 
 À l'endroit où une allée mène à la maison de Simon le Zélote, se trouvent Marie avec sa belle-sœur, Salomé et Suzanne. Jésus s'arrête pour saluer sa Mère, et puis il continue
  jusqu'au large portail grand ouvert où se trouvent Maximin, Sara, Marcelle, et
  derrière eux tous les nombreux serviteurs de la maison, en commençant par
  ceux de la maison pour finir par les paysans. Tous, bien rangés, tous joyeux,
  agités dans leur joie qui éclate en hosanna et en une agitation de
  couvre-chefs et de voiles. On jette des fleurs et des
  feuilles de myrtes et de laurier et de roses et de jasmins qui resplendissent au soleil avec leurs pompeuses corolles ou se
  répandent comme de blanches étoiles sur le terrain de couleur brune. Une
  odeur de fleurs effeuillées et de feuilles aromatiques écrasées sous les
  pieds s'élève du sol que le soleil échauffe. Jésus passe sur ce tapis
  odorant.
 
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  Marie de Magdala
  qui le suit en regardant le sol, se penche, pas à pas, et on dirait une
  glaneuse qui suit celui qui attache les gerbes, pour ramasser les feuilles et
  les corolles et même les pétales effeuillés que Jésus a foulés de son pied. 
 Maximin, afin de pouvoir fermer le portail et donner la paix aux hôtes, fait
  donner aux enfants des friandises déjà préparées. C'est une manière pratique
  d'écarter les enfants du Seigneur et de pouvoir les éloigner sans susciter
  des chœurs de réclamations. Les serviteurs exécutent l'ordre en portant à
  l'extérieur, sur le chemin, des paniers remplis de petites fouaces garnies
  d'une amande de couleur blanche-brune.
 
 
  581.3 – Pendant
  que les petits se rassemblent là, d'autres serviteurs repoussent les adultes,
  parmi lesquels se trouvent encore Zachée et les,
  quatre : Joël, Judas, Éliel et Elqana. Avec eux il y en a d'autres dont je ne sais pas qui ils
  sont car ils restent tous voilés à cause de la poussière que soulève, du
  chemin, un vent qui souffle par rafales et à cause du soleil déjà fort. 
 Mais Jésus, qui est déjà très en avant, se retourne et dit :
 
 "Attendez ! Je dois dire quelque chose à quelqu'un."
 
 Il se dirige vers les frères de Jeanne et les prend à part pour leur
  dire :
 
 "Je vous prie d'aller chez Jeanne et de lui dire qu'elle vienne me trouver avec les femmes
  qui sont avec elle et avec Annalia, la
  disciple d'Ophel. Qu'elle vienne demain, car au
  coucher du soleil de demain commence le sabbat et je veux le faire avec les
  amis de Béthanie. En paix."
 
 "Nous le dirons, Seigneur. Et Jeanne viendra."
 
 Jésus les congédie et passe à Joël :
 
 "Tu diras à Joseph et Nicodème que je suis venu et que le lendemain du sabbat
  j'entrerai dans la ville."
 
 "Oh ! Attention, Seigneur !" dit angoissé le scribe qui est bon.
 
 "Va et sois courageux. Il ne doit pas trembler celui qui suit la justice
  et croit en ma vérité. Mais il doit se réjouir, car il est venu
  l'accomplissement de la Promesse antique."
 
 "Ah ! moi, je m'enfuirai de Jérusalem, Seigneur. Je suis un homme de
  faible constitution, tu le vois, et tu le sais, et qu'à cause de cela je suis
  méprisé. Je ne pourrais voir des... des..."
 
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  "Ton ange te conduira. Va en paix."
 
 "Te... te verrai-je encore, Seigneur ?"
 
 "Certainement que tu me verras encore. Mais en attendant de me revoir,
  pense que ton amour m'a donné tant de joie dans les heures de douleur."
 
 Joël prend la main que Jésus avait posée sur son épaule et la presse contre
  ses lèvres; à travers le voile fin de son couvre-chef baisers et larmes
  descendent sur la main de Jésus, puis il s'éloigne. Jésus va trouver
  Zachée :
 
 "Où sont les tiens ?"
 
 "Ils sont restés à la fontaine, Seigneur. Je leur ai dit de rester
  là."
 
 
  "Va les
  rejoindre et rends-toi avec eux à Bethphagé où sont
  mes disciples les plus anciens et les plus fidèles. Dis à Isaac, leur chef, qu'ils se répandent à travers la ville pour
  aviser tous les groupes de disciples que le lendemain matin du sabbat, Moi,
  en passant par Bethphagé, vers l'heure de tierce, j'entrerai dans Jérusalem
  pour monter solennellement au Temple. Tu diras à Isaac que cet avis est pour
  les seuls disciples. Il comprendra ce que je veux dire." 
 "Je le comprends aussi, Maître. Tu veux surprendre les juifs pour qu'ils
  ne puissent pas faire obstacle à ton entrée."
 
 "Oui. Exécute. Rappelle-toi que c'est une charge de confiance que je te
  donne. Je me sers de toi et non de Lazare."
 
 "Et cela me dit à quel point ta bonté pour moi est sans mesure. Je te
  remercie, Seigneur."
 
 Il baise la main du Maître et s'en va.
 
 
  581.4 – Jésus
  se dispose à revenir près de ses hôtes, mais du portail où les derniers sont
  en train de sortir, poussés dehors par les serviteurs, un jeune homme se
  détache et court se jeter aux pieds de Jésus, en criant : 
 "Une bénédiction, Maître ! Me reconnais-tu ?" dit-il en levant son
  visage libre de tout voile,
 
 "Oui, tu es Joseph dit Barnabé, le disciple de Gamaliel qui est venu à ma
  rencontre près de Giscala.".
 
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  "Et je te suis depuis plusieurs jours. J'étais à Silo, venant de Giscala où j'étais
  allé avec le rabbi en cette période où tu étais absent, et où j'étais resté
  pour étudier les rouleaux jusqu'à la lune de nisan. J'étais à Silo quand tu
  as parlé, et je t'ai suivi à Lébona et à Sichem, et je t'ai attendu à Jéricho car
  j'avais su que tu..."
 
 Il s'arrête à l'improviste comme s'il s'apercevait qu'il dit quelque chose
  qu'il devait taire.
 
 Jésus sourit doucement et dit :
 
 "La vérité jaillit impétueusement des lèvres véridiques et souvent
  dépasse les digues que la prudence met devant la bouche, mais je vais achever
  ta pensée... "parce que tu avais su par Judas de Kérioth resté à Sichem
  que j'allais à Jéricho pour retrouver mes disciples et leur donner mes
  ordres". Et tu y es allé pour m'attendre, sans te préoccuper d'être vu,
  de perdre du temps, et de manquer auprès de ton maître Gamaliel."
 
 "Il ne me le reprochera pas quand il saura que j'ai
  tardé pour te suivre. Je lui porterai en cadeau tes paroles..."
 
 "Oh ! le Rabbi Gamaliel n'a pas besoin de paroles. C'est le rabbi sage
  d'Israël !"
 
 "Oui. Nul autre rabbi ne peut lui enseigner rien de ce qui est ancien,
  rien, parce qu'il sait tout de l'ancien. Mais Toi, oui. Car tu as des paroles
  nouvelles pleines de la fraîche vie de ce qui est nouveau. C'est comme la
  sève du printemps ta parole. C'est le rabbi Gamaliel qui le dit, en ajoutant
  que les sagesses désormais couvertes par la poussière des siècles, et par
  conséquent desséchées et opaques, redeviennent vivantes et lumineuses quand
  ta parole les explique. Oh ! Je lui porterai tes paroles."
 
 "Et mon salut. Dis-lui qu'il ouvre son cœur, son intelligence, sa vue,
  son ouïe; et que la question qu'il a posée il y a plus de deux fois dix ans
  aura une réponse. Va ! Que Dieu soit avec toi."
 
 Le jeune homme se penche de nouveau pour baiser les pieds du Maître et il
  s'en va.
 
 
  581.5 – Les
  serviteurs peuvent fermer définitivement le portail et Jésus peut rejoindre
  ses amis. 
 "Je me suis permis d'inviter ici, pour demain, les femmes
  disciples" dit Jésus en se mettant à
  côté de Lazare et en posant son bras sur ses épaules.
 
 "Tu as bien fait, Seigneur. Ma maison est à Toi, tu le sais. Ta Mère a
  préféré habiter dans la maison de Simon et j'ai respecté son désir. Mais
  j'espère que tu resteras sous mon toit."
 
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  "Oui, bien que... c'est ton toit aussi l'autre maison. Une de tes
  premières générosités pour Moi et pour mes amis. De combien j'ai profité, mon
  ami !"
 
 "Et j'espère que tu pourras en profiter encore pendant longtemps, bien
  que ce mot soit erroné, Maître sage. Ce n'est pas moi qui suis généreux pour
  Toi car moi, je reçois de Toi. Je suis ton débiteur. Et si devant les
  trésors que tu m'as donnés, je dépose une piécette pour Toi, qu'est donc mon
  misérable cadeau, en comparaison de tes trésors ? "Donnez et il vous
  sera donné" as-tu dit. "Une mesure foulée et tassée sera versée
  dans votre sein, et vous aurez le centuple de ce que vous avez donné". Tu l'as dit. Moi j'ai eu le centuple du centuple
  au moment où je ne t'avais encore rien donné. Oh ! je me rappelle notre
  première rencontre ! Toi, Seigneur et Dieu que sont
  indignes d'approcher les séraphins, tu es venu vers moi qui étais seul et
  affligé... renfermé ici dans ma tristesse, vers l'homme qui était Lazare que
  tous fuyaient si j'excepte Joseph et Nicodème et mon fidèle ami Simon, qui
  dans sa tombe de vivant ne cessait pas de m'aimer... Tu n'as pas voulu que ma
  joie de te voir fût troublée par les éclaboussures corrosives du mépris du
  monde... Notre première rencontre ! Je pourrais te dire toutes tes paroles
  d'alors... Que t'avais-je donné alors, quand je ne t'avais jamais vu, pour
  avoir de Toi, tout de suite, le centuple du centuple ?"
 
 "Tes prières au Très-Haut, notre Père. Le nôtre, Lazare. Le mien, le tien. Le mien comme Verbe et comme
  Homme. Le tien comme homme. Quand tu priais avec tant de foi, ne me
  donnais-tu pas déjà tout toi-même ? Tu vois donc que je t'ai donné, comme il
  est juste, le centuple de ce que tu m'as donné."
 
 
  "Ta bonté est infinie, Maître et
  Seigneur. Tu récompenses à l'avance et avec une divine générosité ceux que ta
  pensée connaît pour tes serviteurs, avant encore qu'ils sachent qu'ils le
  sont." 
 "Mes amis, pas mes serviteurs. Car en vérité, ceux qui font la volonté
  de mon Père et suivent la Vérité qu'il a envoyée, sont mes amis et non plus
  mes serviteurs. Davantage encore : ce sont mes frères, accomplissant la
  volonté du Père comme Moi je l'ai accomplie le premier. Celui donc qui fait
  ce que je fais est mon ami parce que seul l'ami fait spontanément ce que fait
  son ami."
 
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  581.6 – "Qu'il
  en soit toujours ainsi entre Toi et moi, Seigneur. Quand vas-tu dans la ville
  ?" 
 "Le lendemain matin du sabbat."
 
 "Je viendrai moi aussi."
 
 "Non. Tu ne viendras pas avec Moi. Je te dirai. J'ai d'autres choses à
  te demander..."
 
 "À tes ordres, Maître. Moi aussi j'ai à te parler..."
 
 "Nous allons parler."
 
 "Préfères-tu que nous fassions le sabbat entre nous, ou bien puis-je
  inviter les amis communs ?"
 
 "Je te prierais de ne pas faire d'invitations. J'ai un vif désir de
  passer ces heures dans l'amitié prudente et paisible de vous seuls, sans
  contraintes de pensées ou de formes. Dans la douce liberté de celui qui est
  au milieu d'amis si chers qu'il se sent, parmi eux, comme s'il était dans sa
  maison."
 
 "Comme tu veux, Seigneur. Et même... c'est ce que je désirais, mais il
  me semblait que c'était de l'égoïsme envers mes amis. Tous inférieurs à Toi
  pour l'amitié, à Toi, seul Ami, mais toujours chers. Mais si
  c'est ce que tu veux... Tu es peut-être fatigué, Seigneur, ou
  préoccupé..."
 
 Lazare interroge davantage par son regard que par ses paroles son Ami et
  Maître qui ne lui répond pas autrement que par la lumière de ses yeux un peu
  tristes, un peu absorbés, par le faible sourire sur ses lèvres.
 
 Ils sont restés seuls près du bassin où chante le jet d'eau... Les autres
  sont tous rentrés dans la maison où on entend des voix et un bruit de
  vaisselle...
 
 Marie de Magdala, par deux ou trois fois, sort sa tête blonde hors de la
  porte, cachée par un lourd rideau qui ondule légèrement au vent. Le vent
  augmente alors que le ciel se couvre de nuages déchiquetés, de plus en plus
  sombres.
 
 
  581.7 – Lazare
  lève la tête pour scruter le ciel. 
 "Nous allons peut-être avoir un orage dit-il. Et il ajoute :
  "Il servira à ouvrir les bourgeons
  rebelles qui ont beaucoup de retard cette année... Peut-être ce sont les
  froids tardifs qui ont retardé les bourgeons. Mes amandiers aussi ont
  souffert et beaucoup de fruits sont perdus. Joseph me disait que son jardin
  en dehors de la Porte Judiciaire semble tout à fait stérile cette année. 
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  Les arbres retiennent les bourgeons comme si on leur avait jeté un sort.
  C'est au point qu'il se demande s'il doit les laisser ou les vendre pour le
  bois. Rien. Pas une fleur. Comme ils étaient au mois de tébeth, ils sont maintenant. Les têtes des bourgeons, durs,
  serrés, n'en finissent plus de gonfler. Il est vrai que le vent du nord
  frappe dur en cet endroit et il a donné beaucoup cet hiver. Même mon jardin
  au-delà du Cédron a eu ses fruits abîmés. Mais il est si étrange le phénomène
  du jardin de Joseph, que beaucoup de gens vont voir cet endroit qui ne veut pas se réveiller au
  printemps."
 
 Jésus sourit...
 
 "Tu souris ? Pourquoi ?"
 
 "À cause de la puérilité de ces éternels enfants que sont les hommes.
  Tout ce qui paraît étrange les fascine... Mais le verger fleurira. Au bon
  moment."
 
 "Ce moment est déjà passé, Seigneur. Quand donc, à la lune de nisan, des
  tas d'arbres rassemblés en un lieu ne montrent-ils pas qu'ils ont fleuri ?
  Jusqu'à quand cet endroit doit-il attendre pour le faire, pour que ce soit le
  bon moment ?"
 
 "Quand il y aura lieu de donner gloire à Dieu par leur floraison."
 
 "Ah ! j'ai compris ! Tu iras là-bas bénir cet endroit par amour pour
  Joseph, et il fleurira pour donner une nouvelle gloire à Dieu et à son Messie
  par un nouveau miracle ! C'est sûr ! Tu y vas. Si je vois Joseph,
  puis-je le lui dire ?"
 
 "Si tu crois devoir le dire... Oui, j'y
  irai..."
 
 "Quel jour, Seigneur ? Je voudrais y être moi aussi."
 
 "Es-tu toi aussi un éternel enfant ?"
 
 Jésus sourit plus vivement en hochant la tête avec bonhomie devant la
  curiosité de l'ami qui s'écrie :
 
 "Oh ! Je suis heureux de t'avoir réjoui, Seigneur. Je revois ton visage
  illuminé par un sourire que depuis longtemps je ne voyais plus ! Alors... je
  viens ?"
 
 "Non, Lazare. Pour la Parascève tu me seras nécessaire ici."
 
 "Oh ! mais à la Parascève on ne s'occupe que de la Pâque ! Toi...
  Maître, pourquoi veux-tu faire une chose que l'on te reprochera ? Va
  là-dedans un autre jour..."
 
 "Je serai contraint d'aller là-dedans précisément à la Parascève. Mais je ne serai pas le seul à faire des choses qui ne
  sont pas une préparation à la Pâque ancienne. Même les plus rigoureux
  d'Israël : un Elchias, un Doras, Simon, Sadoq, Ismaël et jusqu'à Caïphe et Hanne feront des choses tout à fait nouvelles..."
 
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  "Israël devient donc fou ?!"
 
 "Tu l'as dit."
 
 "Mais Toi... Oh ! voilà qu'il pleut. Entrons dans la maison, Maître...
  Moi... je suis préoccupé... Tu ne vas pas m'expliquer..."
 
 "Si. Avant de te quitter, je te dirai...
 
  581.8 – Voici ta sœur qui a peur de l'eau pour nous et accourt
  avec une toile épaisse... Oh ! Marthe ! Toujours
  prudente et active. Mais il ne pleut pas beaucoup." 
 "Ma sœur chérie ! Ou plutôt : mes sœurs... Maintenant elles sont toutes
  les deux comme deux tendres fillettes, ignorantes de toute malice, Marie,
  comme elle. Et quand Marie est venue de Jéricho, avant-hier, elle paraissait
  vraiment une fillette, avec ses tresses qui lui retombaient sur les épaules,
  car elle avait vendu ses épingles à cheveux pour procurer des sandales à un jeune
  garçon, et les épingles de fer, trop
  flexibles, n'arrivaient pas à tenir en place sa coiffure. Elle riait en
  descendant du char et me disait : "Mon frère, j'ai appris ce que c'est
  que de devoir vendre pour acheter, et comme elles sont difficiles au pauvre
  même les choses les plus simples, comme de tenir les cheveux en place avec
  des épingles à vingt pour une didrachme. Mais je m'en souviendrai pour être
  encore plus miséricordieuse à l'avenir pour les pauvres". Comme tu l'as
  changée, Seigneur !"
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