Le dimanche 11
novembre 1945
208/209> 326.1 – "Seigneur,
cette nuit j'ai réfléchi… Pourquoi veux-tu venir si loin pour revenir.
ensuite vers les confins de la Phénicie ? Laisse-moi aller avec un
autre. Je vendrai Antoine... Je le regrette... mais maintenant il ne sert plus, et
il attirerait l'attention. Et j'irai à la rencontre de Philippe et de Barthélemy. Ils ne
peuvent suivre que cette route, et je les rencontrerai certainement. Et tu
peux être sûr que je ne parlerai pas. Je
ne veux pas te causer de douleur, moi… Toi, repose-toi ici avec les autres,
et nous épargnons à tous ce voyage à Jiphtaël... et
nous faisons plus vite" dit Pierre en sortant de la
maison où ils ont dormi.
Ils semblent moins amaigris car ils ont des vêtements frais, et la barbe et
les cheveux ont été arrangés par une main experte.
"Ton idée est bonne. Je ne t'empêche pas de le faire. Va donc avec celui
de tes compagnons que tu veux."
"Avec Simon, alors.
Seigneur, bénis-nous."
Jésus les embrasse en disant :
"Avec un baiser. Allez."
Ils les regardent qui s'en vont, en descendant rapidement vers la plaine.
"Comme il est bon Simon de Jonas ! En Ces jours, je l'ai apprécié comme je ne
l'avais jamais fait auparavant" dit Jude Thaddée.
"Moi aussi, dit Matthieu. Jamais égoïste, jamais orgueilleux, jamais
exigeant."
"Il ne se prévaut jamais d'être le chef. Au contraire ! Il semblait
le dernier de nous, tout en gardant sa place" ajoute Jacques d'Alphée.
"Nous, il ne nous étonne pas. Nous le connaissons depuis des années.
Tout feu, mais tout cœur. Et puis si honnête !" dit Jacques de Zébédée.
"Mon frère est bon, bien qu'un peu rude. Mais, depuis qu'il est avec
Jésus, il est deux fois meilleur. Moi, j'ai un caractère tout différent et
parfois lui se fâchait. Mais c'est parce qu'il comprenait que je souffrais de
ce caractère, c'était pour mon bien qu'il se fâchait. Quand on l'a compris,
on s'entend bien avec lui" dit André.
326.2 – "En ces jours, nous nous sommes toujours compris, et
nous avons été un seul cœur" assure Jean.
"Mais c'est vrai ! Je l'ai remarqué moi aussi. Pendant toute une
lune, et même dans les moments d'excitation, nous n'avons jamais été de
mauvaise humeur... Alors que parfois... je ne sais pourquoi..."
monologue Jacques de Zébédée.
"Pourquoi ? Mais c'est facile à
comprendre ! C'est parce que notre intention est droite... Nous ne
sommes pas parfaits, mais nous sommes droits. C'est pour cela que nous
acceptons le bien que l'un de nous propose, et que nous écartons le mal que
l'un de nous nous indique comme tel, alors qu’avant nous ne nous en étions
pas rendu compte. Pourquoi ? Mais il est facile de le dire ! Parce
que nous avons, tous les huit, une seule pensée : faire les choses de
façon à donner de la joie à Jésus. C'est tout !" S’écrie le
Thaddée.
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210/211> "Je ne crois pas que les autres aient une autre
pensée" dit André, conciliant.
"Non. Pas Philippe, pas Barthélemy, bien qu'il soit très âgé et très Israël...
Ni non plus Thomas, bien qu'il soit beaucoup plus homme qu'esprit. Je leur
ferais tort si je les accusais de... Jésus, tu as raison. Pardon. Mais si tu
savais ce que c'est pour moi de te voir souffrir. Et à cause de lui ! Je
suis pour Toi un disciple comme tous les autres mais, en plus, je suis pour
Toi un frère et un ami, et j'ai en moi le sang fougueux d'Alphée. Jésus, ne
me regarde pas avec sévérité et tristesse. Tu es l'Agneau, et moi... le lion.
Et crois que j'ai du mal à me retenir de déchirer d'un coup de patte le
réseau de calomnies qui t'enveloppe et d'abattre l'abri où se cache le
véritable ennemi. Je voudrais voir la réalité de son visage spirituel, auquel
je donne un nom... et peut-être est-ce une calomnie ; et que je
marquerais d'un signe ineffaçable, si j'arrivais à le connaître sans risque
d'erreur, et cela lui enlèverait pour toujours le désir de te nuire" le
Thaddée dit tout cela, avec véhémence bien qu'au début Jésus l'ait retenu par
un coup d’œil.
Jacques de Zébédée lui répond :
"Tu devrais marquer la moitié d'Israël !... Mais cela n'arrêtera
pas Jésus. Tu l'as vu, en ces jours, s'il y a quelque chose qui puisse
s'opposer à Jésus.
326.3 – Qu'allons-nous
faire maintenant, Maître ? As-tu parlé ici ?"
"Non. J'étais arrivé sur ces pentes depuis moins d'un jour. J'ai dormi
dans la forêt."
"Pourquoi n'ont-ils pas voulu de Toi?"
"Leur cœur a repoussé le Pèlerin... J'étais sans argent..."
"Ce sont des cœurs de pierre, alors ! Qu'est-ce qu'ils
craignaient ?"
"Que je sois un voleur... Mais peu importe. Le Père qui est aux Cieux
m'a fait trouver une chèvre, égarée ou en fuite. Venez la voir. Elle vit dans
le sous-bois avec le chevreau. Elle ne s'est pas enfuie en me voyant arriver.
Au contraire, elle m'a laissé traire son lait dans ma bouche... comme si
j'avais été son petit, Moi aussi. Et j'ai dormi près d'elle, avec son
chevreau presque sur le cœur. Dieu est bon pour son Verbe !"
Ils vont vers l'endroit où ils étaient hier dans un fourré épais et épineux.
Il y a au milieu un chêne séculaire. Je ne sais comment il a pu vivre, fendu
à la base comme si le terrain s'était ouvert et avait fendu son tronc
puissant, tout enveloppé de lierre et de ronces, et maintenant tout
dépouillé. Tout près, la chèvre est en train de paître avec son chevreau. En
voyant tant d'hommes, elle pointe ses cornes pour se défendre, mais ensuite
elle reconnaît Jésus et se calme. Ils lui jettent des croûtes de pain et se
retirent.
"C'est là que j'ai dormi, explique Jésus. Et j'y serais resté si vous
n'étiez pas venus. Maintenant j'avais faim. Le but du jeûne était fini... Il
ne fallait pas insister pour d'autres choses qu'on ne peut plus
changer"...
Jésus est de nouveau attristé... Les six se regardent, mais ne disent rien.
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