Le mardi 17 septembre 1946.
514> 495.1 – Jésus a rejoint les dix apôtres
et les principaux disciples au pied de la Montagne des Oliviers, près de la
fontaine de Siloan.
Quand ils voient venir à pas rapides Jésus entre Pierre et Jean, ils vont à
sa rencontre, et c'est justement près de la fontaine qu'ils se réunissent.
"Montons au chemin de Béthanie. Je quitte la ville pour quelque temps.
Tout en marchant, je vous dirai ce que vous devez faire" ordonne Jésus.
Parmi les disciples, il y a aussi Manahen et Timon qui, rassérénés, ont repris leur
place. Et il y a Étienne
et Hermas,
Nicolaï,
Jean d'Éphèse,
le prêtre Jean
et, en somme, tous les plus notables pour leur sagesse en plus des autres,
simples, mais si actifs par la grâce de Dieu et leur propre volonté.
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515> "Tu quittes la ville ?
T'est-il arrivé quelque chose ?" demandent plusieurs.
"Non. Mais il y a des endroits qui attendent..."
495.2 – "Qu'as-tu fait ce matin
?"
"J'ai parlé... Les prophètes... Encore une fois. Mais ils ne comprennent
pas..."
"Aucun miracle, Maître ?" demande Matthieu.
"Aucun. Un pardon et une défense."
"Qui était-ce ? Qui attaquait ?"
"Ceux qui se croient sans péché accusaient une pécheresse. Je l'ai
sauvée."
"Mais si c'était une pécheresse, eux avaient raison."
"Sa chair était certainement pécheresse. Son âme... J'aurais beaucoup à
dire sur les âmes. Et je n'appellerais pas pécheresses seulement celles dont
la faute est évidente. Sont pécheresses aussi celles qui en poussent d'autres
au péché. Et leur péché est plus rusé. Elles jouent à la fois le rôle du
Serpent et du Pécheur."
"Mais qu'avait fait la femme ?"
"Un adultère."
"Un adultère ?! Et tu l'as sauvée ?! Tu ne devais pas !!" s'écrie l'Iscariote.
Jésus le regarde fixement et lui demande :
Pourquoi ne devais-je pas ?"
"Mais parce que... Cela peut te nuire. Tu sais comme ils te haïssent et
cherchent des accusations contre Toi ! Et certainement... Sauver une adultère, c'est aller contre la Loi."
"Je n'ai pas dit que je la sauvais. Je
leur ai dit seulement que celui qui était sans péché la frappe. Et personne
ne l'a frappée car personne n'était sans péché. J'ai donc confirmé la Loi qui
prescrit la lapidation pour les adultères, mais j'ai sauvé la femme car il ne
s'est pas trouvé de lapidateur."
"Mais, Toi..."
"Tu aurais voulu que Moi je la lapide ? Cela aurait été juste car Moi,
j'aurais pu la lapider, mais ce n'aurait pas été miséricorde."
"Ah ! elle s'était repentie ! Elle t'a supplié et Toi..."
"Non. Elle ne s'était même pas repentie. Elle était seulement humiliée
et effrayée."
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516> "Mais alors !... Pourquoi ?...
Je ne te comprends plus ! Avant je pouvais comprendre tes pardons à Marie de Magdala,
à Jean d'En-Dor,
à… en somme à beaucoup de pé..."
"Dis-le : à Matthieu. Moi je ne m'en formalise pas. Au contraire, je te
suis reconnaissant si tu m'aides à me rappeler ma dette de reconnaissance
envers mon Maître" dit Matthieu avec calme et dignité.
"Eh bien, oui, même à Matthieu... Mais eux s'étaient repentis de leurs
péchés, de leur vie de désordre. Mais elle !... Je ne te comprends plus ! Et
je ne suis pas le seul à ne pas te comprendre..."
"Je le sais. Tu ne me comprends pas... Tu m'as toujours peu compris, et
tu n'es pas le seul. Mais cela ne change pas ma façon d'agir."
"Le pardon doit être donné à qui le demande."
"Oh ! Si Dieu devait pardonner seulement à ceux
qui le demandent ! Et frapper tout de suite celui qui à la faute ne fait pas
suivre le repentir ! Tu ne t'es jamais entendu pardonner avant de t'être
repenti ? Peux-tu vraiment dire que tu t'es repenti et que c'est pour Cela
que tu as été pardonné ?"
"Maître, moi..."
495.3 – "Écoutez-moi tous, car
plusieurs d'entre vous trouvent que je me suis trompé, et que Judas a raison.
Il y a ici Pierre et Jean. Ils ont entendu ce que j'ai dit à la femme et ils
peuvent vous le répéter. Je n'ai pas fait preuve de sottise en pardonnant. Je
n'ai pas dit ce que je dis aux autres âmes, auxquelles j'ai pardonné parce
qu'elles étaient tout à fait repenties. Mais j'ai donné à cette âme la
possibilité et le temps d'arriver au repentir et à la sainteté, si elle veut
y arriver. Souvenez-vous-en pour quand vous serez les maîtres des âmes.
Il y a deux choses qu'il est essentiel
d'avoir pour pouvoir être de vrais maîtres,
et être dignes d'être de vrais maîtres. La première chose : une vie austère
pour soi-même, pour pouvoir juger sans l'hypocrisie de condamner chez les
autres ce qu'on se pardonne à soi-même. La seconde : une patiente miséricorde
pour donner aux âmes la possibilité de guérir et de se fortifier.
Ce ne sont pas toutes les âmes qui guérissent
instantanément de leurs blessures. Certaines n'y arrivent que par étapes
successives, et parfois lentes et susceptibles de rechutes. Les chasser, les
condamner, les effrayer, ce n'est pas l'art du médecin spirituel.
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517> Si vous les chassez loin de vous, elles
retourneront se jeter par contrecoup dans les bras des faux amis et des faux
maîtres. Ouvrez vos bras et votre cœur aux pauvres âmes, toujours. Qu'elles
sentent en vous un vrai et saint confident sur les genoux duquel elles
n'aient pas honte de pleurer. Si vous les condamnez en les privant des
secours spirituels, vous les rendrez de plus en plus malades et plus faibles.
Si elles ont peur de vous et de Dieu, comment pourront-elles lever les yeux
vers vous et vers Dieu ?
C'est l'homme que l'homme rencontre d'abord comme premier juge. Il n'y a que
l'être qui vit, spirituellement qui sache rencontrer d'abord Dieu. Mais la
créature, qui est déjà arrivée à vivre spirituellement, ne tombe pas dans de
fautes graves. La partie humaine peut encore avoir des faiblesses, mais
l'esprit, qui est fort, veille et les faiblesses ne deviennent pas des fautes
graves. Tandis que l'homme, qui est encore beaucoup chair et sang, pèche et
rencontre l'homme. Or, si l'homme qui doit lui indiquer Dieu et former son
esprit, lui inspire la peur, comment le coupable peut-il s'abandonner à lui ?
Et comment peut-il dire : "Je m'humilie car je crois que Dieu est bon et
qu'il pardonne" s'il voit qu'un de ses semblables n'est pas bon ?
Vous devez être le terme de comparaison, la mesure de ce qu'est Dieu, comme
une piécette est la partie qui fait comprendre la valeur d'un talent. Mais si
vous êtes cruels avec les âmes, vous, piécettes qui êtes une partie de
l'Infini, et le représentez, que croiront-elles alors que soit Dieu ? Quelle
dureté intransigeante imagineront-elles en Lui ?
495.4 – Judas, toi qui juges avec
sévérité, si en ce moment, Moi, je te disais : "Moi, je vais te dénoncer
au Sanhédrin
pour pratiques magiques..."
"Seigneur ! Tu ne le feras pas ! Ce serait... ce serait... Tu sais
que c'est..."
"Je sais et je ne sais pas. Mais tu vois comment tu demandes
immédiatement la pitié pour toi... et tu sais que tu ne serais pas
condamné par eux, car..."
"Que veux-tu dire, Maître ? Pourquoi dis-tu cela ?" dit Judas très
agité, en interrompant Jésus.
Lui, très calme, mais avec un regard qui transperce le cœur de Judas, et en
même temps freine son apôtre troublé sur lequel convergent les regards des
onze autres apôtres et de plusieurs disciples, dit :
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518> "Mais parce qu'ils t'aiment.
Tu y as de bons amis. Tu l'as dit plusieurs fois."
Judas pousse un soupir de soulagement et s'essuie la sueur, étrange en cette
journée froide et venteuse, et il dit :
"C'est vrai. De vieux amis. Mais je ne crois pas que si je
péchais..."
"Et tu demandes pitié à cause de cela ?"
"Certainement. Je suis encore imparfait, et je veux devenir
parfait."
"Tu l'as dit. Cette créature aussi est très imparfaite. Je lui ai donné
le temps de devenir bonne, si elle le veut."
Judas ne réplique plus.
495.5 – Ils sont maintenant sur la
route de Béthanie, déjà loin de Jérusalem. Jésus s'arrête et dit :
"Et vous, avez-vous donné aux pauvres ce que je vous ai donné ?
Avez-vous fait tout ce que je vous avais dit ?"
"Tout, Maître" disent les apôtres et les
disciples.
"Alors, écoutez. Maintenant je vais vous bénir et vous congédier. Vous
vous disperserez comme toujours à travers la Palestine. Vous vous réunirez de
nouveau ici pour la Pâque. Ne manquez pas alors... et, pendant ces mois,
fortifiez votre cœur et le cœur de ceux qui croient en Moi. Soyez de plus en
plus justes, désintéressés, patients. Soyez ce que je vous ai enseigné
d'être. Faites le tour des villes, des villages, des maisons isolées.
N'évitez personne. Supportez tout. Ce n'est pas votre moi que vous servez,
comme je ne sers pas le moi de
Jésus de Nazareth, mais je sers mon Père. Vous aussi servez votre Père. Par
conséquent, ce sont ses intérêts, non les vôtres, qui doivent vous être
sacrés, même s'ils peuvent faire souffrir et blesser vos intérêts
humains. Ayez l'esprit d'abnégation et d'obéissance. Il pourra arriver que je
vous appelle ou que je vous donne l'ordre de rester où vous êtes. Ne jugez
pas mon ordre. Quel qu'il soit obéissez, en croyant fermement que cet ordre
est bon et qu'il vous est donné pour votre bien. Et ne soyez pas jaloux si
j'en appelle certains, sans appeler les autres. Vous voyez... Certains se sont détachés de Moi...
et j'en ai souffert. C'étaient ceux qui voulaient encore se
régler d'après leur esprit. L'orgueil
est le levier qui renverse les esprits, et l'aimant qui me les arrache. Ne
maudissez pas ceux qui m'ont quitté. Priez pour qu'ils reviennent... Mes
bergers resteront deux par deux dans le voisinage immédiat de Jérusalem.
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519> Isaac
pour le moment vient avec Moi, avec Marziam. Aimez-vous beaucoup entre vous.
Aidez-vous les uns les autres. Mes amis, tout le reste que votre esprit vous
le dise, en vous rappelant ce que je vous ai enseigné, et que vous le disent
vos anges. Je vous bénis."
Tous se prosternent pendant que Jésus dit la bénédiction mosaïque. Puis ils
s'empressent de saluer Jésus. Enfin ils se séparent de Lui qui, avec les
douze, Isaac et Margziam, avance sur la route de Béthanie.
"Maintenant, nous allons nous arrêter le temps de saluer Lazare et puis nous continuerons vers le
Jourdain."
"Allons-nous à Jéricho
?" demande, intéressé, Judas de Kérioth.
"Non. À Bethabara."
"Mais... la nuit..."
"Il ne manque pas de maisons ni de villages d'ici jusqu'au
fleuve..."
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