L'œuvre de Maria Valtorta
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Texte original en italien.


La création de l’homme à l’image de Dieu.

La grâce divinise l’homme.

La création des âmes et le jugement dernier.

L’œuvre de Maria Valtorta est inspirée.

Tous ont le souvenir de Dieu.

Reproches aux Servites de Marie.




Saint Pie X (Joseph Sarto)

 







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Traduction automatique de cette fiche :
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Catéchèse du mardi 28 janvier 1947.

 Jouir d’un peu de Ciel sur la Terre : catéchèse sur la création de l’homme  L’Homme créé à l’image de Dieu  Rien ne peut exister en Dieu qui ne soit pas de Dieu  Les dons de Dieu  La Grâce et ses effets  La grâce divinise les créatures  La grâce est l’Esprit de Dieu qui entre en l’homme  Adam et Eve connurent Dieu  Qui peut te lire aux exilés pour leur faire comprendre ce qu’ils ont perdu  La miséricorde de Dieu  Précisions sur la vie de Marie : la compréhension des mystères  Les âmes ne préexistent pas  Reproches aux "savants" qui ne comprennent pas l’œuvre  Le jugement particulier se produit immédiatement n’importe où  Les moments où l’âme connait Dieu intellectuellement  Soyez parfaits comme mon Père est parfait  La perte de la Grâce  L’union à Dieu  L’écrit inspiré à Dieu pour auteur  L’œuvre de Maria Valtorta n’est pas canonique, mais inspirée  Retour sur la création des âmes  La tache originelle est dans l’homme, pas en Dieu  Tous, même Satan, ont le souvenir de Dieu  En tous, il y a l’inclination au Bien  Par cette inclination, Dieu dirige la création  Voir Dieu est possible pour tous les simples justes  Reproches aux Servites de Marie en charge de l’œuvre  L’œuvre a été minutieusement scrutée.

 

317> Au sujet des dictées des 24 au 29 août et du 2 septembre 1944, dans le Pré-évangile.  

Jésus dit :    

 « Certains points lumineux de mon enseignement devraient vous ouvrir d’immenses horizons et aider grandement vos âmes — tout comme celles que vous dirigez — à tendre à cette joie qu’est le souvenir, la connaissance, la reconnaissance de ce qu’est Dieu, à jouir d’un peu de ciel sur la terre, et à y trouver un grand secours pour progresser en perfection. Mais devant les réponses obstinées de certains, reprenons le sujet comme si nous nous trouvions en face d’enfants têtus auxquels il faut enseigner inlassablement, en utilisant des arguments qui ne peuvent être repoussés.    

Qu’est-ce que l’homme ? Le Catéchisme
[1] répond : "Une créature raisonnable composée d’une âme et d’un corps."     

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318> Qu’est-ce que l’âme ? Le Catéchisme répond[2] : "C’est la partie la plus noble de l’homme, car c’est une substance spirituelle douée d’intelligence et de volonté, capable de connaître Dieu et de le posséder éternellement."       

Qui a créé l’homme? Le Catéchisme répond : "Dieu l’a créé." 

Pourquoi l’a-t-il créé ? Le Catéchisme répond : "Afin que l’homme le connaisse, l’aime et le serve pendant cette vie et en jouisse dans l’autre pour toujours."      

Comment l’a-t-il créé ? La Genèse répond, au
chapitre Il, verset 7 :    

« Alors Yahvé Dieu modela l’homme avec la glaise du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l’homme devint un être vivant ». Et au
chapitre 1, verset 27, il est dit : « Dieu créa l’homme à son image ». Le Catéchisme confirme: « L’homme fut créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ».      

 Comment cela ? Par le visage peut-être ? Ou par la forme du corps ? Dieu n’a ni visage ni corps. Pour devenir homme, j’ai dû revêtir votre forme, parce que je n’avais pas de forme corporelle propre. Dieu est parfaitement Esprit, simple, éternel, sans commencement ni fin. C’est pourquoi le Catéchisme
[3] enseigne ceci : « Il est dit que l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu parce que l’âme humaine est spirituelle et raisonnable, libre d’action, capable de connaître Dieu, de l’aimer et d’en jouir éternellement, perfections qui reflètent en l’homme un rayon de l’infinie grandeur du Seigneur ».

Un rayon de l’infinie grandeur du Seigneur ! C’est là une grande vérité, puisque nous seuls - qui sommes un et trines - nous connaissons et jouissons de nous en toute plénitude de joie, en nous engendrant nous-mêmes par ce joyeux amour qui est connaissance de notre parfaite perfection. Et nous avons voulu que vous nous ayez en exemple pour créer en vous cette créature divinisée qu’est l’homme fils de Dieu, C’est pourquoi nous avons déposé en vous l’amour qui est notre essence, et nous vous avons proposé l’amour comme terme de la perfection pour que vous parveniez à être avec nous sans fin, tout comme vous étiez en nous avant que la création n’existe, quand nous vous contemplions, avant que vous ne soyez sortis du néant pour devenir conformément à notre volonté, la créature qui porte le reflet de Dieu, lequel l’a divinement conçue pour sa gloire.    

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319>  Or rien ne peut exister en Dieu qui ne soit pas de Dieu. Pour cette raison, l’homme est de Dieu et peut à juste titre l’appeler Père, et il est de son devoir de désirer le rejoindre et le posséder après s’être efforcé de l’aimer et de le connaître.

Bienheureux ceux qui savent s’élever au sommet de la béatitude : elle est l’union à Dieu, autrement dit la connaissance de Dieu, la fusion avec l’Amour, la contemplation de la Trinité qui est l’Un, du Feu qui ne se consume pas mais recrée en faisant de la créature humaine ce qui fut pensé par l’Amour: un dieu fils de Dieu. En vérité, le Père a mis le sceau de sa paternité dans son fils, c’est-à-dire la capacité de connaître et d’aimer Dieu, dans cette vie et dans l’autre. 

Dieu a donc créé l’homme composé de deux substances, l’une appelée corps, - initialement créée à partir de la boue puis procréée avec de la chair et du sang de l’homme - et l’autre appelée âme, créée au coup par coup par Dieu, pour une seule fois et pour un seul corps; celle-ci descend s’unir à la chair qui se forme dans un sein. Sans âme, l’homme serait une créature animale guidée par l’instinct et ses dons naturels. Sans corps, l’homme serait une créature spirituelle pourvue des dons surnaturels d’intelligence, de volonté et de grâce à l’instar des anges.    

 À ce chef-d’œuvre de la création qu’est l’homme, en qui s’unissent les deux créatures, animale et spirituelle, qu’est-ce que Dieu a apporté de plus que l’existence ? Des dons gratuits que les théologiens répartissent en dons naturels, préternaturels et surnaturels
[4].       

Naturels: Un corps sain et beau, avec cinq sens parfaits et une âme raisonnable douée d’intelligence, de volonté et de liberté.          

Préternaturels: l’intégrité, c’est-à-dire la parfaite sujétion à la raison de la sensualité, libre de toute incitation quelle qu’elle soit; l’immortalité du corps qui n’aurait pas dû connaître l’horreur de la mort; l’immunité contre toute douleur; et la science proportionnée à sa condition de créature élue, par conséquent une grande science que son intelligence parfaite assimilait sans peine.          

Surnaturels : la vision béatifique de Dieu, la grâce qui fait de l’homme un enfant de Dieu et, pour destinée, la jouissance éternelle de Dieu.          

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320>  Tant par l’origine que par les dons qu’il a reçus, l’homme peut à juste titre se qualifier "d’enfant de Dieu" et le connaître comme un fils connaît son père.    

Qu’est-ce que la grâce ? Le Catéchisme répond
[5] : "La grâce est un don surnaturel qui éclaire l’esprit, meut et affermit la volonté afin que l’homme accomplisse le bien et s’abstienne du mal." Mais elle est surtout amour. Amour de Dieu pour sa créature de prédilection qu’est l’homme, amour qui l’élève à la nature du Créateur en le divinisant; elle est donc juste, cette parole de la Sagesse[6] : "Vous êtes des dieux et des fils du Très-Haut." La grâce est en outre un moyen de salut désormais nécessaire à l’homme affaibli par les conséquences du péché. Plus active qu’on ne le saurait dire, quand elle ne rencontre en vous aucun obstacle ou inertie qui contrecarre l’œuvre qu’elle veut accomplir en vous, elle sanctifie la créature et ses actes; trois branches mineures se greffent sur son tronc sublime, dites de la grâce actuelle, suffisante et efficace[7]. Mais il s’agit d’une seule et même grâce: un principe transformateur, une qualité divine inhérente à l’âme, pareille à la lumière dont l’éclat enveloppe et pénètre l’âme, en efface les taches de la faute et lui transmet une beauté radieuse.   

 Voilà ce que dit l’Église enseignante au
concile de Trente. En ce qui me concerne, moi qui suis le Maître des maîtres et contemple la grâce telle qu’elle est, dans le "je suis" éternel de Dieu, j’affirme que la grâce est le principe qui transforme la créature en enfant de Dieu ; il s’agit par conséquent d’une qualité divine semblable à la Lumière dont elle est issue et dont l’éclat enveloppe et pénètre les âmes — que ce soit sous forme de don donné (comme à Adam) ou de don rendu (comme dans le cas des chrétiens catholiques rentrés en grâce par les mérites de mon Sacrifice et du Sacrement que j'ai institué)—, leur communiquant non seulement une beauté radieuse, mais la capacité de voir et de connaître Dieu, tout comme le premier homme le connaissait en le voyant et en le comprenant par son âme remplie d’innocence et de grâce.      

La grâce est donc restitution à l’homme de la capacité à aimer et à voir Dieu. Elle est lumière qui permet de voir ce qui reste infiniment ténébreux pour la pensée de l’homme, mais Lumière infinie pour l’âme en état de grâce; elle est aussi voix, et voix de sagesse pour contempler Dieu; elle est don de Dieu pour soutenir le désir de l’âme de connaître de Dieu; elle est moyen de rappeler l’Origine comme celle-ci désire être rappelée; elle est enfin instrument de divinisation de la créature.    

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321>  Et plus la créature grandit dans la grâce - par sa volonté propre et par la justice à laquelle elle parvient par sa volonté d’amour - plus grandira en elle ce qui est union au Divin, ainsi que la sagesse - l’un des attributs divins -, et avec la sagesse la capacité à comprendre, connaître et aimer la Vérité et les vérités. Car la grâce est l’Esprit de Dieu qui entre en l’homme accompagné de tous ses dons, pour transformer, élever, sanctifier les puissances et les actions de l’homme. Et parmi ces dernières, la première et la principale, l’amour. C’est l’action pour laquelle vous avez été créés.     

Aimer et connaître. On n’aime que ce qu’on connaît. Et plus on aime, mieux on connaît.
Personne ne saurait affirmer qu’il aime un parent inconnu, ou un habitant du bout du monde autant qu’il aime le parent qui vit auprès de lui ou l’ami de la famille. Son amour n’irait pas plus loin qu’un vague sentiment de fraternité ou de parenté, qui n’apporte aucune joie s’il dure, et ne cause aucune peine s’il cesse. En revanche, la perte d’un parent bien connu ou d’un ami est une vraie douleur. Et par la suite, on cherche à conserver chaque souvenir de lui pour éprouver moins vivement ce sentiment de perte ou, s’il s’agit seulement d’un éloignement, on essaie par tous les moyens de le rendre moins absolu pour le ressentir moins intensément. Observez les enfants devenus orphelins dès l’enfance, et voyez avec quelle impatience ils tentent de reconstruire une figure idéale de leur parent disparu grâce aux souvenirs qu’il leur a laissés ou par ce qu’ils ont pu entendre de la bouche de sa parenté ou de ses amis.

L’homme a besoin d’aimer, or pour se sentir moins seul et pour aimer il doit faire mémoire. Le souvenir ressemble à une chaîne qui unit à l’être aimé et relie en dépit de la distance. On n’en voit pas l’autre bout, mais les mouvements qu’on sent passer par la chaîne amoureuse du souvenir mutuel assurent qu’on est aimé autant qu’on aime.  

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322>  Pour cette raison, Dieu accorda aux premiers hommes la connaissance de lui, afin qu’ils soient parfaitement heureux dans cette période de grâce et de joie, et gardent ensuite un souvenir qui les unisse encore au Père; car si ce dernier se cachait derrière les brumes du péché érigé comme un mur entre les hommes déchus et la Perfection, il n’était pas définitivement perdu puisque l’amour durait. Adam et Eve connurent Dieu, ils en eurent la vision béatifique et en comprirent l’Essence parce que leur âme - je dis bien leur âme - en état de grâce pouvait en saisir la beauté incorporelle et suprême, et en comprendre la Sagesse dans la voix de Dieu, "dans la fraîcheur du soir″.      

Oh, ces doux colloques, ces ravissements de créatures divinisées avec Dieu - leur Auteur —, dans la paix du paradis terrestre, ces divins enseignements appris sans effort par deux intelligences sans aucune tare d’imperfection physique ou morale et acceptés sans aucun de ces entêtements qui vous rendent difficile l’acceptation des leçons divines: vous ne savez plus, en effet, aimer comme les innocents, ô pauvres hommes mutilés de trop de choses saintes et encombrés d’éléments inutiles et nuisibles, pauvres hommes qui pourriez redevenir parfaits si votre amour était parfait!  

Et les leçons de Dieu ! Elles étaient sagesse qui se déversait de la Source paternelle sur ses enfants bénis, une sagesse reçue comme un don, aimée comme une fête, un amour mutuel qui était parole devancée par la réponse, qui était confiance, qui était sourire, qui était paix! C’était une page d’une joie détruite à jamais, une page écrite sur les livres de la vie aux origines de la vie, puis entachée — et plus continuée depuis — par l’empreinte ineffaçable du péché...       

 Qui peut te lire aux exilés pour leur faire comprendre ce qu’ils ont perdu et pour qu’ils soient humbles ? Humbles à la vue de leur déchéance et de la bonté de Dieu qui leur donne encore tant d’amour et de sagesse, en dépit du fait que la tête orgueilleuse et indomptée du Serpent soit toujours prête à se redresser en eux pour discuter avec Dieu qui se révèle, conseille ou ordonne dans une bonne intention.        

Adam et Eve possédaient donc le don de la grâce qui est amour, lumière, sagesse, et connaissance de Dieu. Comme ils étaient des hommes publics et privés à la fois, ainsi que les parents de toute la famille humaine, ils auraient transmis ce don — comme tous les autres — à leurs descendants; ils n’auraient pas eu besoin de peiner pour se souvenir de Dieu, pour s’élever avec effort des ténèbres vers la Lumière en luttant contre le poids du Mal, à contre-courant des tentations, contre les brumes de l’ignorance, contre toute la misère provoquée par la désintégration de la grâce.      

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323> Le souvenir ne leur aurait pas été nécessaire puisqu’ils n’auraient pas eu à se rappeler le Bien perdu, et ils auraient seulement connu la jouissance joyeuse de l’Aimé. 

Mais Adam et Eve péchèrent, et Dieu les chassa de devant sa face; il les exclut de son amitié et de l’Eden "en postant à l’entrée les chérubins" — selon la Genèse —; il condamna l’humanité au travail, à la souffrance, à l’ignorance, à la mort en ce qui concerne la partie matérielle et, pour ce qui est de la partie spirituelle, à la privation de la grâce, de la connaissance de Dieu et du paradis céleste. Le Catéchisme dit
[8] : "Adam et Eve perdirent la grâce de Dieu et le droit au ciel qu’ils possédaient, ils furent chassés du paradis terrestre, exposés à une foule de misères de l’âme et du corps, et condamnés à mourir"; et aussi: "En héritant de la faute, leurs descendants subirent les dommages de la privation de la grâce, la perte du paradis, l’ignorance, l’inclination au mal, toutes les misères de la vie et finalement la mort ", de sorte que "si Dieu n’avait fait miséricorde, les hommes n’auraient plus pu être sauvés".       

 Quel genre de miséricorde Dieu a-t-il employé pour sauver le genre humain ? La réponse se trouve encore une fois dans les pages de la Genèse et dans le Catéchisme : "La miséricorde de promettre immédiatement à Adam la venue du Rédempteur — ou Messie — et de l’envoyer au temps voulu délivrer les hommes de l’esclavage du démon et du péché, pour les réintégrer dans l’état d’enfants de Dieu par la restitution de l’état de grâce" en raison de mes mérites et de ma Passion.         

Or dites-moi : si, au moment même de la condamnation, Dieu le Père en tempère déjà la sévérité par l’espérance d’un rédempteur et la promesse d’un pardon, cela ne prouve-t-il pas qu’il a lui-même voulu - lui qui, étant Charité éternelle et parfaite, reste toujours miséricorde jusque dans la justice - qu’il demeure des étincelles de lumière dans l’âme de l’homme pris dans les ténèbres et les souffrances, étincelles destinées à empêcher tout désespoir, tout abattement, tout abandon, tout affaiblissement chez ceux qui n’ont plus aucun but et traînent leurs jours sans l’énergie de l’espérance? Oui, en vérité, il en fut ainsi.          

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324> Pour résumer tout ce que j’ai dit jusqu’ici en m’appuyant sur la Genèse — écrit sous l’inspiration de l’Esprit Saint, ce livre a donc Dieu pour auteur, comme le définit le concile du Vatican[9] - ainsi que sur le Catéchisme selon le texte prescrit par mon vrai Vicaire et Pasteur[10], qui est maintenant avec moi au ciel après m’avoir aimé parfaitement et rappelé parfaitement sur la terre - vérité que personne ne peut rejeter sous peine d’être déclaré hérétique -, l’on peut conclure que l’homme innocent et en état de grâce possédait le don de grâce de connaître Dieu, de l’aimer et d’en jouir éternellement, et que l’homme déchu reçut le don de miséricorde d’une promesse et donc de se souvenir du Divin, don destiné à l’aider à bien agir pour être à même, dans un avenir certain, de jouir de la vue et de la possession de Dieu après les souffrances du châtiment.     


 Maintenant, après avoir traité le sujet de manière générale, descendons dans les points que vous ne pouvez — ou plutôt que vous ne voulez - pas accepter, dans les dictées du Pré-évangile des 24-29-30 août 1944 et du 2 septembre 1944 (l’enfance de Marie)
[11].       

J’ai dit, le
2 septembre 1944 : "Ce sont là des mystères trop élevés pour que vous puissiez les comprendre parfaitement". Les érudits, surtout, ne peuvent les comprendre. Les simples de cœur, que seuls l’Amour et la Sagesse instruisent, les comprennent mieux parce qu’ils ne les critiquent pas. Pour eux, une parole surnaturelle qui communique de la paix est une parole sûre, et ils la reçoivent avec humilité et reconnaissance. Mais je vous le répète : certains mystères ne peuvent se comprendre par une approche basée sur une méthode analytique humaine. Soit on a une grande foi et une charité ardente, auquel cas ils deviennent suffisamment clairs, soit on ne les comprend pas. Mais je vous conseille d’accepter au moins les lumières que je vous donne, pour rendre votre science un peu moins incomplète. Gardez à l’esprit que l’homme le plus savant est toujours trop petit et fini par rapport à l’Infini, et à la sagesse de l’Infini. Et je vous conseille encore de ne pas altérer mes paroles, et de ne pas en déformer le sens pour faire de la peine au porte-parole. Il n’est pas charitable de faire souffrir ses frères et d’accuser des innocents.          

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325>  Vous voulez savoir comment on a pu affirmer que les âmes préexistent. Où avez-vous donc trouvé cette parole que je n’ai pas dite? Au fond de vos pensées, mais pas dans mes pages ! Les âmes ne préexistent pas. Ce ne sont pas des objets entassés dans des dépôts pour qu’on les prenne au moment voulu. Dieu n’a nul besoin de stocks pour avoir du matériel à disposition.          

Dans la dictée du
24 août 1944, je dis au petit Jean (Maria Valtorta) : "Tu as vu la génération continuelle des âmes par Dieu." J’avais employé ce terme pour vous donner à tous la sensation, plus vive que jamais, que l’homme est enfant de Dieu parce que celui qui l’engendre est père, et aussi pour vous faire comprendre toute la beauté de cette part de vous-mêmes qui ressemble à Dieu. Il n’y a rien en Dieu qui ne soit Dieu. Il s’ensuit que vos âmes, venant de Dieu, sont surnaturellement divinisées par l’Origine et par la grâce infusée par le baptême à ceux qui croient au vrai Dieu et au Christ Rédempteur, et conservée en évitant le péché.       

 Si je vous éclairais déjà la fin en vous montrant le commencement, qui est la vie céleste de possession de Dieu, si je l’ai fait en vous montrant le commencement — la création de l’âme par opération de Dieu, pour qu’elle s’incarne dans un corps et se sanctifie pour être victorieuse au ciel —, il fallait me comprendre, car vous n’êtes pas stupides... mais vous êtes savants et vous tenez à votre science. Mettez donc de la bonne volonté à comprendre la pensée de votre Seigneur; qui est claire et compréhensible par tous ceux qui en ont le désir. Eh quoi ! Ressembleriez-vous à ceux qui m’accusaient, du temps de ma condition de mortel, et m’accusent encore parce que je soutiens qu’il vaut mieux se faire violence à soi-même et s’arracher l’œil qui pèche, ou la main, ou le pied, plutôt que de les conserver mais pécher ? Ne comprenez-vous donc pas cette métaphore ? Ne savez-vous pas transposer une comparaison matérielle sur le plan spirituel ? Eh bien, si vous êtes tellement bornés, j’y pourvois en faisant remplacer le terme "génération" par celui de "création".   

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326> J’avais montré au porte-parole la vision de la création des âmes[12]. Lisez la vision décrite par le porte-parole. C’est une vision qui, comme je le dis plus loin, était montrée de façon à rendre l’acte créateur — immatériel — visible à la voyante. Pour décrire cette vision, le porte-parole emploie le terme "créer" de même qu’il reconnaît en toute vérité et simplicité "ne pas voir, puis qu’[il] se trouve au paradis — conclusion tout à fait juste de la voyante — quand la tâche originelle souille les âmes". Au paradis, effectivement, cela ne peut se produire. Vous voyez bien que le porte-parole est dans la vérité. Il déclare également "ne pas voir les âmes qui, une fois leur temps sur terre achevé, se séparent de la chair et reviennent pour être jugées". Maria dit "comprendre comment elles sont jugées aux changements d’expression de Jésus".       

 Revenir à l’Origine, se présenter devant Jésus le Juge, ne signifie pas aller à un endroit donné ou aller exactement au pied du trône éternel. Ce sont là des expressions destinées à aider votre pensée. L’âme qui quitte le corps qu’elle animait se trouve immédiatement face à la Divinité qui la juge, sans nul besoin de monter se présenter au seuil du Royaume éternel. Le Catéchisme affirme que Dieu est au ciel, sur terre et en tout lieu. Par conséquent, la rencontre se produit n’importe où. La Divinité emplit la création. Elle est donc présente en tout lieu de la création. C’est moi qui juge. Mais je suis inséparable du Père et de l’Esprit Saint, omniprésents partout.          

Le jugement est aussi rapide que l’a été l’acte créateur: moins d’un millième de votre plus petite unité de temps. Dans l’atome de l’instant créateur l’âme a le temps d’entrevoir la sainte Origine qui la crée et d’en emporter le souvenir pour qu’il lui serve de religion instinctive et de guide dans sa recherche de la foi, de l’espérance et de la charité qui, si vous l’observez attentivement, se trouvent de manière floue, comme des germes informes, jusque dans les religions les plus imparfaites — la foi en une divinité, l’espérance d’une récompense attribuée par cette divinité, l’amour de cette divinité —. De même, dans l’atome de l’instant du jugement particulier, l’âme a le temps de comprendre ce qu’elle n’a pas voulu comprendre de son vivant sur terre, ce qu’elle a haï comme un ennemi, méprisé ou nié comme s’il s’agissait d’une fable dérisoire, ou même servi avec une tiédeur qui demande réparation; elle a également le temps d’emporter dans son lieu d’expiation ou pour la damnation éternelle le souvenir qui suscitera en elle des flammes d’amour pour l’éternelle Beauté, ou la torture du châtiment par la mémoire obsédante du Bien perdu que sa conscience intelligente lui reprochera d’avoir voulu perdre librement. Car elle se souviendra de lui comme étant terrible, sans pouvoir le contempler; en même temps qu’elle gardera mémoire de ses péchés.

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327>  La création de l’âme et le jugement particulier sont les deux atomes d’instant pendant lesquels les âmes des enfants de l’homme connaissent Dieu intellectuellement, dans la juste mesure qui suffit à leur donner un instrument pour tendre vers leur Bien à peine entrevu, mais demeuré inscrit dans leur substance ; intelligente, libre, simple et spirituelle, celle-ci possède une compréhension rapide, une volonté libre, des désirs simples, ainsi qu’un mouvement (ou inclination, ou appétit, comme il vous plaira) de se réunir à l’amour de celui dont elle vient et d’atteindre son but dont elle devine déjà la beauté ou, sinon, à s’en détacher avec une haine parfaite pour rejoindre son roi damné et trouver dans le souvenir de "l’objet de sa haine" un tourment, le plus grand des tortures infernales, un désespoir; une malédiction indescriptibles (se référer à la dictée du 15-1-44).     

 Quand j’ai dit
[13]: "Soyez parfaits comme mon Père est parfait", ce n’était pas une parole vaine ou exagérée.   

L’homme était sur le point d’être élevé à nouveau à l’état de grâce. C’est donc à bon droit que je pouvais vous laisser ce commandement de perfection. Car vous avez été créés pour la perfection. Et ce désir des justes de parvenir à la perfection est un désir spirituel qui provient directement de Dieu, qui vient vous en donner le commandement : « Marche en ma présence et sois parfait (Genèse 17, 1) ». De façon plus développée bien qu’implicite, je vous le répète par les lois du Sinaï, les leçons des Écrits de Sagesse, les paroles des patriarches, des prophètes, de tous les hommes inspirés à travers lesquels je parle. Et enfin, de la manière la plus directe et la plus explicite qui soit, par mon commandement : « Soyez parfaits comme votre Père est parfait ». Et, en écho de ma Parole éternelle, il se retrouve dans les paroles de mes saints, à partir de saint Pierre.   

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328> “Soyez parfaits", ai-je dit, pour libérer l’esprit des hommes de l’Antiquité de ce sentiment de crainte angoissée qui leur interdisait de penser être dignes de ressembler à leur Père. Pendant un trop grand nombre de siècles, le Très-Haut était à leurs yeux le Dieu terrible, et l’amour comme l’espérance et la foi tremblaient de peur devant l’immensité sévère de Dieu. Mais voici venu désormais le temps de la miséricorde, du pardon, de la paix, de l’amitié, du rapport de père à enfant avec Dieu. C’est la raison du commandement de l’infinie perfection : "Soyez parfaits comme votre Père est parfait", accompagné de l’assurance implicite qui vous encourage à l’oser « car, si vous le voulez, vous pouvez le devenir ».        

Dieu ne fait pas d’actes inutiles et ne prononce pas de paroles futiles. C’est pourquoi je n’ai donné aucun vain commandement ni suscité aucun vain élan à vos cœurs par ce commandement. J’ai réveillé en vous un désir attiédi que mon Père et moi avions déposé, bien vivant, dans l’âme humaine; l’homme aurait dû le transmettre à ses descendants avec tous les autres dons de Dieu : le désir de posséder Dieu, d’en jouir au ciel après une vie passée à son service. Ce désir ravivé aurait été vain s’il n’avait dû devenir réalité. Mais les créatures peuvent atteindre cette réalité. C’est même le désir de Dieu qu’ils y parviennent. C’est pour cette raison que Dieu laisse au fond de l’âme — même chez l’homme le plus sauvage — un souvenir de Dieu grâce auquel il lui sera possible d’atteindre son but, comme elle le peut et dans un futur plus ou moins lointain: la connaissance de Dieu, qui est béatitude, pour l’avoir aimé et servi le mieux possible, pour ensuite le posséder.      

La plupart des âmes ont beau vivre d’une manière qui semble démentir mon affirmation, cela ne contredit pas pour autant mes paroles: cela prouve plutôt à quel point l’homme est perverti dans ses affections et ses volontés, à cause de ses alliances avec le Mal. En vérité, nombreux sont ceux qui étranglent leur âme par la corde des vices et des péchés, après l’avoir rendue esclave de Satan à qui ils se sont alliés. Ils l’étranglent définitivement pour ne plus l’entendre crier et pleurer en rappelant que le Mal n’est pas permis, et qu’un châtiment attend ceux qui s’y livrent.    

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329>  Ce sont ceux qui, d’enfants de Dieu qu’ils étaient, retournent à l’état de créatures-hommes par la perte de la grâce, puis deviennent des démons, car l’homme coupé du Bien est un petit liseron qui se cramponne au mal pour tenir. En l’absence d’une loi surnaturelle, il est difficile qu’une loi morale existe; encore n’est-ce qu’imparfaitement. Or là où la loi morale est imparfaite ou absente, la triple concupiscence est bien vivante, totalement ou partiellement.

Mais si la plupart des âmes semblent nier par leurs actes le souvenir et le désir naturels de Dieu, ainsi que leur volonté qui est de tendre à une fin joyeuse, il convient de rappeler que la créature charnelle et la créature spirituelle coexistent en l’homme, et que l’homme a son libre-arbitre, qui sert toujours la plus forte des deux. Si donc on affaiblit son âme par toutes sortes de vices et de péchés, il est certain qu’elle deviendra effectivement faible tandis que la partie animale se renforcera et écrasera la plus faible jusqu’à la tuer. Mais l’on ne pourra nier que l’âme soit créée avec la capacité de se souvenir de sa fin et de la désirer.   

 L’âme est de nature spirituelle. Il s’ensuit qu’elle a des désirs spirituels même si, par privation de la grâce — chez ceux qui ne sont pas régénérés par le baptême —, ce ne sont que des désirs naturels du royaume spirituel d’où elle vient et où elle devine instinctivement la présence de l’Esprit suprême. D’autre part, chez les âmes régénérées à la grâce par le baptême puis maintenues et fortifiées en elle par les autres sacrements, l’attrait de l’âme pour sa fin advient divinement: en effet, la grâce — c’est-à-dire encore Dieu — attire à elle ses enfants bien-aimés, toujours plus près, toujours plus dans la lumière. Plus ils s’élèvent degré par degré en spiritualité — de sorte que la séparation diminue —, plus vive est leur vision, plus étendue leur connaissance, plus grande leur compréhension, plus parfait leur amour. Ils en viennent ainsi à la contemplation, qui est déjà fusion et union de la créature à son Créateur; c’est un acte temporel mais indélébile et transformateur; car l’étreinte de feu de la Divinité qui enlace sa créature en extase imprime un caractère nouveau sur ces vivants, qui sont déjà séparés de l’humanité et spiritualisés sous forme de séraphins, savants dans la sagesse que Dieu leur procure en se donnant à eux, comme eux à lui.          

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330>  C’est pourquoi il est juste de préciser que l’écrit inspiré "a Dieu pour auteur". Dieu révèle ou éclaire des mystères ou des vérités à ses instruments, comme il lui plaît, "en les stimulant ou en suscitant en eux des motions par des vertus surnaturelles, en les aidant à écrire de sorte qu’ils conçoivent exactement par l’intelligence tout ce que Dieu commande — et cela seulement —, qu’ils veuillent fidèlement l’écrire et l’expriment par des moyens adaptés et avec une vérité infaillible". C’est Dieu qui éclaire leur intelligence par une triple action afin qu’elle connaisse la vérité sans erreur, soit par révélation — dans le cas de vérités encore ignorées — soit par un souvenir précis s’il s’agit de vérités déjà établies mais encore relativement incompréhensibles par la raison humaine; il suscite des motions pour que ce que la personne inspirée vient à connaître surnaturellement soit écrit fidèlement; il l’assiste et la dirige pour que ces vérités soient exprimées, en respectant la forme et le nombre que Dieu veut, en toute vérité et clairement, afin qu’elles soient connues des autres pour le bien d’un grand nombre, par le biais de la Parole divine dans le cas des enseignements directs, ou par les mots employés par l’écrivain quand il s’agit de décrire des visions ou de répéter des leçons surnaturelles. 

 L’ouvrage livré aux hommes par l’intermédiaire du petit Jean n’est pas un livre canonique. Néanmoins, c’est un livre inspiré que je vous accorde pour vous aider à comprendre certains passages des livres canoniques, et en particulier ce que fut mon temps de Maître, enfin pour que vous me connaissiez, moi qui suis la Parole, par mes paroles. Je ne prétends pas que l’Œuvre soit un livre canonique, et encore moins mon porte-parole, que son ignorance absolue dans ce domaine empêche même de distinguer les théologies dogmatique, mystique ou ascétique; s’il ignore les subtilités des définitions et les conclusions des conciles, il sait aimer et obéir — et cela me suffit, je n’attends rien d’autre de lui —. Néanmoins, je vous déclare, en vérité, que c’est un livre inspiré, car l’instrument est incapable d’écrire des pages qu’il ne comprend même pas si je ne les lui explique moi-même pour lui ôter toute crainte.     

Puisque, aux moments où le petit Jean (Maria Valtorta) est porte-parole - autrement dit emporté par moi comme par un Aigle divin qui l’emmène au royaume de la Lumière, où il voit et d’où il revient vous apporter des joyaux d’une valeur surnaturelle -, il se trouve dans une sage vérité de vision et de compréhension.  

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331>  C’est alors qu’il emploie le terme "créer" pour exprimer la formation des âmes par volonté de Dieu (fascicule s.t. p. 63)[14]. En ce qui me concerne, je le répète encore, j’avais utilisé dans cette dictée le mot "génération" pour vous donner la mesure de votre dignité d’enfant de Dieu. Cependant, je vous le redis, si cela doit vous empêcher de croire, remplacez donc "génération" par "création", et soyez en paix au sujet de ce détail qui vous rend sceptiques.   

La création continuelle des âmes par le Père ne signifie pas qu’elles "préexistent", comme vous dites, en prétendant que j’ai employé ce terme. Et le fait que les âmes se souviennent ne signifie pas qu’elles "préexistent". On ne peut nier cependant que, vu l’extrême rapidité de l’instant créateur, l’âme, qui est une substance spirituelle intelligente créée par le Parfait, puisse être formée en étant consciente de sa provenance. Dieu Créateur a donné une raison relative aux créatures inférieures, une raison très étendue aux créatures humaines, ainsi qu’une intelligence extrêmement rapide et étendue aux créatures angéliques: comment n’aurait-il pas accordé une intelligence rapide et étendue à l’âme créée ? N’est-elle pas créée par lui au même titre que les anges, les hommes et les animaux ? Serait-elle donc, cette flamme fille du Feu, la seule à être ténèbres ou froid glacé ? Serait-elle, elle seule, engourdie, imbécile, aveugle, sourde, sans mémoire, fruste au point de ne pas même posséder ces mouvements instinctifs rudimentaires qui poussent les animaux à choisir leur nourriture, les éléments et les climats propices pour y vivre et y procréer ? Inférieurs même aux végétaux qui sentent que le soleil leur apporte la vie, à tel point que, s’ils sont plantés dans quelque lieu obscur, ils se tendent vers l’ouverture par où la lumière passe et sortent à l’air libre pour vivre ? Ô hommes ! Pouvez-vous en arriver à prétendre l’âme inférieure aux plantes, uniquement pour nier, pour faire de la peine à mon porte-parole ? L’âme ! Cette substance admirable que j’ai qualifiée de la sublime métaphore de "sang spirituel du Dieu éternel, puissant et saint", sang du Père (c’est une métaphore, je le répète) qui vit en vous et vous rend immortels, puissants, saints tant qu’elle est vivante, autrement dit unie à Dieu par la charité.         

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332>  L’âme ! Elle est cette partie du ciel — or le ciel est Lumière et Sagesse — qui est contenue en vous, pour que l’Infini trouve en vous un trône qui appartienne encore au ciel, et qui vous contient en même temps pour que l’étreinte sanctifiante du ciel soit encore protectrice autour de votre humanité qui mène le bon combat.          

Peut-être objecterez-vous qu’elle ne possède plus l’intelligence intégrale de la première âme, puisqu’elle est entachée et diminuée par le péché originel ? Je vous réponds tout d’abord qu’elle ne sort pas aussi impure de la Pensée créatrice. Le péché originel est en l’homme et chez les enfants des hommes, pas en Dieu. Ce n’est donc pas au moment où l’âme est créée par Dieu, mais quand elle s’incarne en l’homme conçu par l’homme qu’elle contracte l’hérédité qui s’attache aux descendants d’Adam, sauf dans le cas d’une volonté unique et exceptionnelle de Dieu. En second lieu, je vous rappelle que l’être le plus impur; celui qui était Lucifer et est maintenant Satan, n’a pas perdu sa puissante intelligence sous prétexte qu’il est passé de l’état d’archange à celui de démon: au contraire, il se sert de son intelligence extrêmement perçante pour le mal au lieu du bien, comme il s’en serait servi s’il était resté archange. 

 Que me répondez-vous donc si je vous demande pourquoi Satan garde le souvenir de Dieu et est intelligent ? N’avez-vous aucune raison à opposer à mon affirmation ? N’avez-vous rien à objecter ? Non. Vous ne pouvez rien objecter. Car il vous faudrait soit renier ce que vous enseignez, soit admettre que Satan est intelligent et garde le souvenir de Dieu, à tel point qu’il le hait comme il le fait, précisément parce qu’il en garde un tel souvenir; et il vous tourmente comme il le fait précisément parce qu’il sait choisir avec perspicacité les moyens aptes à vous faire chuter, selon votre personnalité. Le Catéchisme affirme
[15] que les anges coupables furent exclus du paradis et condamnés à l’enfer, mais il ne fournit aucune précision sur la perte de l’intelligence des démons: la perspicacité de leurs actions destinées à vous nuire prouve bien que leur intelligence subsiste.         

Les âmes se souviennent. Pourquoi ? Parce que, tout comme Dieu, pour tempérer la rigueur de sa condamnation, laissa en même temps à Adam l’espoir d’une rédemption, de cette rédemption-là, il lui laissa également le souvenir de ces heureux temps pour le soutenir dans les souffrances de l’exil et pour encourager saintement les fils d’Adam à aimer celui qui, pour eux, était l’Inconnu.   

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333>  Par ailleurs, quand Dieu a créé les âmes, il n’a pas privé les enfants des hommes de cette inclination naturelle vers le Divin qui, seule, peut les aider à atteindre ce pour quoi l’homme a été créé: aimer le Seigneur, le Dieu tout-puissant et omniprésent dont le Tout incorporel emplit l’infini; car l’homme le sent et le reconnaît, plus ou moins précisément, en tout ce qui l’entoure, le pénètre ou le frappe. Chez les sauvages, ce sera dans la fulgurance d’un éclair ou dans la splendeur durable d’une aurore boréale; pour les idolâtres, ce sera dans la puissance du lion ou dans la vie amphibie du caïman; pour les croyants de religions révélées mais imparfaites, dans des manifestations naturelles supposées être des actes ou des manifestations de dieux individuels; pour l’homme cultivé — penseur ou scientifique — ce sera dans les phénomènes du ciel ou dans l’admirable organisme des corps; pour le croyant, dans la doctrine certes, mais aussi dans la vie même de l’âme qui se manifeste avec ses lumières et ses vibrations en réponse aux vibrations plus ardentes d’un Amour éternel qui l’aime, ou encore dans cette merveille qu’est la naissance comme dans le mystère de mourir; pour une part de l’humain, et pour l’autre de vivre d’une vie plus véritable; mais tous les hommes ressentent dans tout leur être une Présence invisible et puissante, qu’il la nie — mais dans le fait de nier il admet déjà son existence, puisqu’on peut seulement nier ce qui est et ce que beaucoup d’autres personnes croient —, ou qu’il la haïsse, avouant par sa haine que cette Présence existe, ou enfin qu’il l’aime et proclame avec amour qu’il la croit réelle et qu’il espère pouvoir un jour, non plus croire en elle, mais en jouir.

Dieu a fait cela: il a laissé à l’homme une inclination au Bien suprême. Or qu’est-ce, sinon le souvenir ? Que vous en semble ? Que cela lui était impossible, à lui qui est tout-puissant et qui régit la création depuis des millénaires sans le moindre effort et ne cesse pas un instant de créer des âmes et de les juger ?  

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334>  Il connaît simultanément toutes leurs actions - il les connaît même d’avance - puisque le passé, le présent et l’avenir ne forment qu’une unique entité devant sa Pensée; il suit le développement des âmes, les juge sans confusion ni erreur, et juge les âmes qui, sur son ordre, quittent le corps auquel elles avaient été envoyées pour retourner ensuite dans le monde créé de l’au-delà, recréées ou bien, devrais-je dire, détruites par la volonté du libre-arbitre. Mais ce terme de "détruites", pour vous qui prenez toujours les mots dans leur sens matériel et non dans leur esprit, vous ferait crier à l’anathème. Je vous dirai donc : laides, obscènes, mutilées et déformées pour avoir volontairement effacé tout souvenir du Divin. Car c’est essentiellement ce souvenir plus que toute leçon que l’on peut apprendre dans toutes sortes d’écoles, qui apprend à l’âme comment rechercher les vertus par amour de son Dieu, dans l’espoir de le posséder un jour, après cette vie, dans la Vie qui ne finit pas.         

En vérité, de tous les dons que l’Amour a laissés à l’homme déchu, celui-ci est le plus élevé et le plus actif. Je parle des âmes en général, pas de celles des chrétiens catholiques membres du Corps mystique et vivifiés par la grâce, qui est le don des dons. Cette inclination naturelle au Bien suprême — qui est souvenir spirituel de Dieu — peut être parfois tellement subtile que les deux autres parties de l’homme ne s’en rendent pas compte, bien qu’elle en guide la pensée et en gouverne les actions. Elle incite à rechercher la Divinité, à agir de manière à en être digne, en un mot à vivre de façon à parvenir à s’y réunir. Il s’ensuit que les âmes se créent une religion, si elles n’en possèdent pas déjà une, qui peut être erronée par ignorance de la Vérité, mais qui est toujours amour de la divinité, en d’autres termes conformité à ce pour quoi l’homme a été créé: aimer et servir Dieu sur la terre et en jouir, immédiatement et complètement ou après un temps plus ou moins long, pour l’éternité.

Le souvenir crée l’amour. L’amour suscite la justice. La justice de la créature engendre un plus grand amour de Dieu pour elle. Et plus l’amour et la justice augmentent dans la créature, plus la connaissance devient claire. Et avec l’amour, le souvenir de Dieu ne cesse de grandir car, comme je l’ai dit, le souvenir est connaissance d’amour, et là où se trouve l’amour, là est Dieu. Or quand des âmes ont la grâce en guise de lumière pour se souvenir et de voix pour apprendre, que dites-vous ? Que cette grâce ne vous rend pas très semblables à Adam — quand il était innocent — et donc capables de connaître Dieu ?        

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335>  Que dites-vous ? Que quand la bonne volonté et une œuvre de sanctification s’unissent à cette grâce qui vous est rendue par mes mérites, votre connaissance de Dieu ne se rapproche pas de celle qui faisait la joie d’Adam ? En vérité, en vérité je vous dis que c’est ce qui se produit, et le souvenir, chez les saints qui vivent encore sur terre, n’est plus un souvenir, mais connaissance.           

Vous vous étonnez de mon affirmation ? Mais les patriarches et les prophètes, privés de la grâce et néanmoins justes, ne furent-ils pas transportés à la vue de Dieu et n’entendirent-ils pas sa voix ? Ne contemplèrent-ils pas la gloire de Dieu et le ciel admirable ?           
- « Lorsque Abram eut atteint quatre-vingt-dix-neuf ans, Yahvé lui apparut (Genèse 17, 1) ».
- « L’ange du Seigneur apparut à Moïse dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson (Exode 3, 2) ».         
- « Puis Moïse monta sur la montagne. La nuée couvrit la montagne et la gloire de Yahvé... Moïse entra dans la nuée... (Exode 24) ».     
- « Je vis... un être ayant apparence humaine, et je vis... quelque chose comme du feu près de lui, tout autour (Ezéchiel 1, 26-27) ».         
- « J’entendis une voix d’homme, sur l’Ulaï
[16], criant... "Gabriel" »,     
- « Quand Gabriel... me parla (Daniel 8, 16 et 9, 21-22) ».      
Ceci dit pour vous remettre en mémoire certains passages de l’Écriture où il est dit que la vision ou la parole célestes furent accordés même à des personnes privées de grâce.          

Connaître Dieu et "converser avec lui" dans son éden intérieur, c’est déjà voir et prévoir. Dieu n’a pas changé au cours des millénaires, et ses leçons à ses élus sont amples, pleines, lumineuses, comme aux deux innocents qui étaient nus sans en avoir honte, puisqu’ils ne connaissaient pas les pauvres sciences de la matière mais uniquement les sublimes sagesses de l’amour.           

Après cela, pouvez-vous encore vous en prendre aux paroles écrites par mon instrument, comme s’il s’agissait d’erreurs ? Je ne prends même pas en compte l’éventualité que vous les considériez comme des erreurs du Maître ou que vous ne reconnaissiez pas, devant l’abondance et la sagesse de ce don, quel est ce lui qui les dicte. Après cela, pouvez-vous encore vous en prendre, comme s’il s’agissait d’une erreur de mon instrument, à cette vérité que les âmes gardent le souvenir de Dieu ?  

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336> Ce souvenir est d’autant plus vif que l’âme évolue dans la justice, et très vif quant à la justice de la créature s’unit l’état de grâce, autrement dit de filiation de Dieu; et il est parfait lorsque, comme chez Marie, l’éternelle virginité de l’âme demeure sans être contaminée par le contact du péché, et qu’on trouve en elle la plénitude de la grâce, l’innocence absolue, la possession de la Sagesse et une charité parfaite? Cet état de grâce est si parfait en Marie qu’aucune autre créature ne le connaîtra jamais.        

 Dites-moi, vous qui êtes servites de ma Mère: qui est Marie pour vous
[17] ? La nouvelle Eve qui connaît Dieu aussi bien que la première? Non. Mieux qu’Eve. En effet, si elle est l’Innocente, la Fille, l’Epouse et la Mère de Dieu —contemplée comme telle par Dieu de toute éternité —, elle est aussi l’Agnelle qui se tient auprès de l’Agneau, la Victime consumée avec l’Hostie divine pour vous permettre de "connaître Dieu".        

Maintenant, débarrassez vos esprits des "vêtements de feuilles de figuier
[18]" que vous avez cousus autour de votre intelligence et qui vous brouillent la vue, et relisez les passages où il est traité de souvenir, de connaissance, de douces conversations de l’Unité trine, rassemblée dans le Cœur immaculé de celle qui est pleine de grâce, avec son âme en adoration. Relisez les passages où je parle des opérations de la grâce, qui est lumière et sagesse et rend le souvenir de Dieu de plus en plus lumineux, unie à la justice, elle transforme le souvenir en connaissance toujours plus parfaite, parfois précoce, toujours sainte, dans l’âme des saints. Et priez pour qu’une nouvelle Pentecôte advienne dans votre intelligence, et pour que tous les dons de l’Esprit, Maître de toute vérité, entrent en vous pour vous renouveler et rallumer en vous cette ressemblance divine qui est amour surnaturel accompagné de la Beauté surnaturelle sans lequel l’union, la ressemblance et la compréhension deviennent impossibles.

Ayez l’âme humble des humbles et agenouillez-vous devant celui qui vous parle par pitié pour vous, pasteurs, comme pour les agneaux; il choisit un "moins que rien" précisément parce qu’il l’est, et parce qu’il aime réitérer le geste accompli devant l’humanité concupiscente des Douze, geste par lequel il voulut confondre par sa divine sagesse la pauvre science humaine des savants qui s’attardent à compter le nombre des fils des franges tous poussiéreux à force d’être restés plus proches de la terre que du ciel, et qui, pour ce travail inutile et pédant, négligent de recueillir et de conserver les perles lumineuses dont le travail est tissé.

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337>  Pour ceux qui ne comprendraient pas cette métaphore, j’appelle franges les pertes de temps inutiles et l’étalage encore plus inutile de connaissances humaines employées pour déterminer si la capacité physique d’un lieu ou le nombre d’habitants — déduits par des travaux humains bien postérieurs à mon époque et par conséquent inexacts — correspondent bien aux affirmations de mon instrument, ou encore si la période et le séjour à l’endroit dont il parle — toujours calculés d’après une mesure que les hommes se sont eux-mêmes donnée — correspondent à la fraction de temps infinitésimale qu’ils pensent être parfaite. Mais dites-moi ! Est-ce donc le nombre de jours, la taille d’un village, le nombre de ses habitants qui vous intéressent, ou l’enseignement de l’ouvrage ? Dans le premier cas, des milliers d’auteurs humains peuvent vous fournir en abondance de quoi vous mettre sous la dent. Dans le second, je suis seul à pouvoir vous procurer ce qu’il vous faudrait rechercher en premier. Car c’est seulement ce que, moi, je vous donne qui vous sert pour la vie éternelle. Le reste n’est que du foin destiné à être éliminé et à devenir immondice. Ce n’est pas parce que vous saurez combien de jours telle personne est restée à tel endroit ou combien une ville avait d’habitants que vous entrerez au ciel, mais parce que vous vous serez perfectionnés en trouvant dans la Parole, qui est Vie et Lumière, de quoi mener une vie lumineuse.    

Préférez-moi à la science. Bénissez-moi, et non vos connaissances. Aimez également "l’enfant" que j’ai choisi pour le placer parmi vous. Avec moi, bénissez le Père, Seigneur du ciel et de la terre, de s’être une fois de plus révélé lui-même à un petit, et non à des savants. Un petit, un enfant, un "moins que rien". Oui, mais un moins que rien qui se consume du désir de servir et aimer Dieu et de le faire connaître, un moins que rien qui a ré veillé tout seul le souvenir de Dieu en lui et cela toujours plus intensément, un moins que rien qui a consumé par son amour et son holocauste volontaire les cloisons de l’humanité, un moins que rien qui en est venu à préférer la Lumière à sa vie et aux honneurs, un moins que rien profondément plongé dans la liberté absolue de contempler Dieu seul, au point d’en perdre de vue tout ce qui n’est pas Dieu, un moins que rien mort à tout ce que la plupart désirent dans la vie, mais vivant pour l’éternité parce qu’il est mort pour vivre dans le Seigneur.

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338> Je vous le dis, ce n’est pas aux savants que Dieu montre son royaume, mais à ceux que la grâce éclaire et qui vivent dans l’amour; or Dieu seul choisit, prend et dépose au sommet de la montagne, là d’où le ciel est si proche que l’âme peut lancer ardemment ce cri, qui devrait être celui de tout homme : « Voici mon Dieu. Je le vois ! Je l’entends ! Je le connais ! Je suis dévoré et recréé par l’Amour."

Petit Jean (Maria Valtorta), tu peux aussi leur rappeler que l’homme a un ange gardien et que cet esprit ne reste pas inerte aux côtés de l’homme sur lequel il renvoie les lumières que, comme ange, il reflète en adorant la Lumière infinie. Sois en paix, mon âme ».          

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Fiche mise à jour le 14/09/2015

 



[1] Catéchisme de saint Pie X, Chapitre 2, § 3, en usage à l’époque.

[2] Idem.

[3] Idem.

[4] Naturels : Dons qui viennent de la nature humaine. Préternaturels : dons qui dépassent la simple nature humaine. Surnaturels : dons qui procèdent de Dieu.

[5] Catéchisme de saint Pie X, Chapitre 2, § 3

[6] Psaume 81 (82), 6 cité dans Jean 10, 33-35. Voir aussi Psaume 8, 6, dans une moindre mesure.

[7] La grâce habituelle est un don permanent qui demeure en nous et nous rend juste. La grâce actuelle est un secours passager. La grâce suffisante est une grâce actuelle qui pousse au bien, mais ne le fait pas faire. Elle devient efficace quand elle nous le fait faire. Voir Catéchisme de l’Église catholique, § 1996 et suivants.

[8] Catéchisme de saint Pie X, Chapitre 2, § 3

[9] Il s’agit bien évidemment de Vatican I.

[10] Saint Pie X, pape de 1903 à 1914.

[11] EMV, Tome 1, chapitre 6Ib°, chapitre 12Ib°, chapitre 14Ib°, chapitre 17.

[12] Vision du 25 mai 1944 et du 31 mai 1944. Cependant, les références du texte renvoient aux fascicules des copies dactylographiées.

[13] Matthieu 5, 48.

[14] Employé dans la dictée du Tome 1, chapitre 17 (voir la note n° 11 ci-dessus) et la polémique commentée par Jésus à la page 326.

[15] Catéchisme de saint Pie X, Chapitre 2, § 2

[16] Ulaï, Uwlay ou Oulaï : rivière qui passe à Suse (Shuwshan), l’une des trois capitales de l’empire perse. Elle était située dans le sud de l’Iran actuel au-dessus du Golfe persique.

[17] Il s’agit des Servites de Marie (l’ordre religieux des Pères Migliorini et Berti) dépositaire de l’œuvre. Leur réaction est mitigée et critique. Le P. Roschini qui examina les premiers cahiers de l’œuvre, en est un bon exemple.

[18] Cf. Genèse 3, 7. Après leur péché, Adam et Eve cachent leur nudité.