| Le vendredi 15 novembre 1946. 269>  531.1 – Jésus est au milieu de malades
  ou de pèlerins venus vers Lui de nombreux endroits de la Palestine.  Il y a jusqu'à un navigateur de Tyr qu'un
  accident de mer a rendu paralysé et qui raconte son infortune : la chute d'un
  fardeau provoquée par le roulis, et les lourdes marchandises lui sont tombées
  dessus et ont blessé son échine. Il n'est pas mort, mais c'est pour lui pire
  que la mort car, perdu comme il l'est, il oblige ses parents à laisser leur
  travail pour le soigner. Il dit qu'il est allé avec eux à Capharnaüm et puis à Nazareth
  et qu'il a su par Marie
  que Lui était en Judée et précisément à Jérusalem. 
 "Elle m'a donné les noms des amis qui pouvaient te loger, et un galiléen de
  Sephoris m'a dit que tu es ici. Et je suis
  venu. Je sais que tu ne méprises personne, pas même les samaritains. Et
  j'espère que tu m'exauceras. J'ai tant de foi."
 
 Sa femme ne parle pas, mais se tenant accroupie près du grabat sur lequel on
  a posé le malade, elle regarde Jésus avec des yeux plus suppliants que toute
  parole.
 
 "Où as-tu été touché ?"
 
 "Au-dessous du cou. C'est justement là que j'ai eu le choc le plus fort
  et que j'ai entendu dans ma tête un bruit semblable à celui du bronze que
  l'on frappe. Ensuite il a fait place au continuel mugissement d'une mer en
  tempête et des lumières, des lumières de toutes couleurs se sont mises à
  danser devant moi... Puis je n'ai plus rien senti pendant plusieurs jours.
  Nous naviguions dans les eaux de Cintium et
  je me suis retrouvé à la maison, je ne sais comment. Et j'ai retrouvé le
  mugissement dans la tête et les lumières dans les yeux pendant des jours et
  des jours.
 
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 270> Puis cela a passé... mais les bras
  sont restés morts et de même les jambes. Un homme fini à quarante ans, et
  j'ai sept enfants, Seigneur."
 
 "Femme, soulève ton mari et découvre l'endroit qui a été frappé."
 
 La femme obéit sans parler. Par des mouvements adroits et maternels, aidée
  par celui qui est venu avec elle, je ne sais si c'est son frère ou son
  beau-frère, elle passe un bras sous les épaules de son mari alors que de
  l'autre main elle soutient la tête et avec la délicatesse avec laquelle on
  tournerait un nouveau-né, elle soulève le corps lourd de son siège. Une
  cicatrice encore rouge indique l'endroit du principal choc.
 
 Jésus se penche. Tout le monde allonge le cou pour regarder. Jésus appuie la
  pointe des doigts sur la cicatrice en disant :
 
 "Je veux !"
 
 L'homme a une secousse comme si un courant électrique l'avait touché et pousse un cri :
 
 "Quel feu !"
 
 Jésus détache les doigts des vertèbres blessées et il dit :
 
 "Lève-toi !"
 
 L'homme ne se le fait pas dire deux fois. Appuyer sur son siège ses bras
  inertes depuis des mois, se secouer pour se dégager de ceux qui le
  soutiennent, jeter ses jambes en bas du brancard, et se mettre debout, c'est
  fait en beaucoup moins de temps que je n'en ai employé pour décrire les phases
  du miracle.
 
 La femme crie, le parent crie, l'homme guéri lève les bras au ciel, rendu
  muet par la joie. Un instant de joie stupéfaite, puis il tourne sur lui-même,
  avec l'assurance de l'homme le plus agile, et il se trouve face à Jésus. Il
  retrouve alors sa voix et il crie :
 
 "Sois béni Toi et Celui qui t'a envoyé ! Je crois au Dieu d'Israël, et à
  Toi, son Messie"
 
 Et il se jette à terre pour baiser les pieds de Jésus pendant que crient les
  gens.
 
 
  531.2 – Puis ce sont les autres
  miracles sur des enfants, des femmes, des vieillards pour la plupart. Puis
  Jésus parle. 
 "Vous avez vu le miracle des os fracturés qui se raffermissent et des
  membres morts qui redeviennent vivants. Cela, c'est le Seigneur qui vous l'a
  accordé pour fortifier la foi chez ceux qui croient et la susciter chez ceux
  qui ne l'ont pas. Et le miracle a été accordé à des gens de tous les lieux,
  venus ici chercher la santé, poussés par la foi en mon pouvoir de guérison.
 
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 271> Il y a ici des juifs et des galiléens,
  des libanais et des syro-phéniciens, des habitants de la Batanée
  lointaine et des bords de la mer. Et tous sont venus, sans souci de la saison
  et de la longueur du parcours, et les parents les ont accompagnés sans
  murmurer, sans se plaindre des travaux restés en suspens ou des commerces
  abandonnés, car tout sacrifice était nul en comparaison de ce qu'ils allaient
  obtenir. Et comme sont tombés les égoïsmes et les incertitudes de l'homme,
  ainsi sont tombées les idées politiques ou religieuses qui constituaient une
  sorte de muraille empêchant de se considérer tous frères, tous égaux pour la
  vie et la souffrance, pour désirer et espérer la santé et le réconfort.
 
 Et Moi, à tous ceux qui ont su s'unir dans une espérance qui est déjà de la
  foi, j'ai accordé la santé et le réconfort, car il est juste qu'il en soit
  ainsi.
 
 
  531.3 – Je suis le Pasteur universel
  et je dois accueillir toutes les brebis qui veulent entrer dans mon troupeau.
  Je ne fais pas de distinction entre les brebis saines et les malades, entre
  les brebis faibles et les fortes, entre les brebis qui me connaissent, étant
  déjà du troupeau de Dieu, et les brebis qui jusqu'à maintenant ne me
  connaissaient pas et ne connaissaient même pas le vrai Dieu. Car je suis le
  Pasteur de l'Humanité, et je prends mes brebis dans tous les lieux où elles
  se trouvent et se dirigent vers Moi. Ce sont des brebis maigres, sales,
  avilies, ignorantes, frappées par des pasteurs qui ne les ont pas aimées et
  les ont repoussées en les disant immondes ? Il n'y a pas d'impureté qui ne
  puisse être purifiée. Et il n'y a pas d'impureté qui, voulant se purifier et
  demandant de l'aide pour y arriver, puisse être repoussée avec l'excuse
  qu'elle est telle. 
 
  Les bons désirs,
  c'est Dieu qui les suscite. S'il les suscite, c'est signe qu'il désire qu'ils
  deviennent réalité. C'est le même Esprit de Dieu qui demande par des prières
  ineffables cette absorption de tous les hommes de la part de l'Amour, car
  l'Esprit de Dieu désire se répandre et s'enrichir. Se répandre en aimant un
  nombre illimité d'êtres à peine suffisant pour donner satisfaction à son
  Infinité d'Amour, et s'enrichir de l'amour d'un nombre illimité d'êtres
  attirés à Lui par la douceur de ses parfums. Il n'est donc permis à personne
  de mépriser et de repousser celui qui veut entrer dans le saint troupeau. 
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 272> Ceci dit pour ceux d'entre vous qui
  peuvent cultiver dans leur cœur les idées d'une grande partie d'Israël, des
  idées de distinction et de jugement qui ne sont pas aimées de Dieu car elles
  sont contraires à son dessein de faire de tous les peuples un Peuple unique
  qui porte le Nom du Messie envoyé par Lui.
 
 Cependant, en ce moment, je parle aussi à toutes celles venues du dehors, aux
  brebis jusqu'à présent sauvages et qui éprouvent le désir d'entrer dans le
  troupeau unique de l'Unique Pasteur. Et je dis : que rien ne les décourage,
  que rien ne les avilisse. Il n'y a pas de paganisme, il n'y a pas
  d'idolâtrie, il n'y a pas de vie différente de celle que j'enseigne, qu'on ne
  puisse renier et repousser pour permettre à l'esprit de se refaire à neuf,
  délivré de toute plante mauvaise pour être capable de recevoir de nouvelles
  semences et de revêtir un nouveau vêtement. Et
  c'est cela, plus encore que la santé des membres, qui devrait pousser les
  peuples vers Moi.
 
 
  531.4 – De la même façon — et cela
  sert pour les hébreux de Palestine comme pour les hébreux et les prosélytes
  de la Diaspora et comme pour les gentils — de même que vous savez venir à Moi
  pour que soit enlevé à vos
  chairs malades, le joug de l'infirmité, ainsi
  sachez venir pour que soit enlevé à votre esprit le joug du péché ou du paganisme.
  Tous, vous devriez me demander en premier lieu, et désirer de toutes vos
  forces, d'être délivrés de ce qui rend votre esprit esclave de forces
  mauvaises qui le dominent. Vous devriez vouloir d'abord cette libération,
  vouloir comme premier miracle le Royaume de Dieu en vous. Parce que, une fois
  ce Royaume de Dieu venu en vous, toute autre chose vous sera donnée, et
  donnée de manière que le don ne pèse pas comme un châtiment dans l'autre vie. 
 Vous n'avez pas réfléchi aux intempéries, aux fatigues, aux pertes d'argent
  pour obtenir la santé des membres, qui même s'ils sont guéris aujourd'hui,
  dans un proche avenir périront de mort physique. C'est du même cœur que vous
  devriez savoir tout affronter pour obtenir la santé de l'esprit, et la Vie
  éternelle, et la possession du Royaume de Dieu.
 
 Les mépris ou les menaces des parents ou des concitoyens ou des puissances,
  que sont-ils en comparaison de ce que vous aurez tous, de quelque endroit que
  vous veniez, si vous savez venir à la Vérité et à la Vie ? Qui hésiterait à
  aller en un lieu où il saurait que l'attend une vie heureuse, pour rester une
  journée à une fête qui finit au coucher du soleil ? Et pourtant c'est ce que
  font beaucoup.
 
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 273> Pour se rassasier, pendant une
  fraction de temps, des insipides et inutiles joies du monde, ils évitent
  d'accourir au lieu où ils trouveraient pour toujours une vraie nourriture,
  une vraie santé, une vraie joie et sans peur de se la voir arracher par une
  haine ennemie.
 
 Dans le royaume de Dieu,
  il n'y a pas de haine, pas de guerre, pas d'injustices. Celui qui sait y
  entrer ne connaît plus la douleur, l'angoisse, les vexations, mais il possède
  la paix joyeuse qui émane de mon Père.
 
 Je vous congédie. Allez. Retournez dans vos villages. Désormais mes disciples
  sont nombreux et répandus dans toutes les régions de la Palestine,
  Écoutez-les, si vous voulez connaître ma Doctrine et être prêts pour le jour
  de la décision de laquelle dépendra la vie éternelle d'un grand nombre. Je
  vous donne ma paix pour qu'elle vienne avec vous."
 
 Et Jésus, après avoir béni la foule, rentre dans la maison...
 
 
  531.5 – Les apôtres restent encore
  dehors pendant quelque temps, puis ils rentrent pour le repas car le soleil,
  déjà haut dans le ciel, indique que C'est midi. 
 Ils s'assoient à la table rustique pour prendre la nourriture composée de
  fromages, de chicorée cuite à l'eau et assaisonnée avec de l'huile, et après
  la bénédiction des mets, ils parlent des événements de la matinée. Ils se
  félicitent que le nombre des disciples qui évangélisent soit désormais tel
  que le Maître soit soulagé de la fatigue de parler continuellement dans les
  conditions de fatigue où il se trouve.
  En effet Jésus, ces derniers temps, est
  devenu encore plus maigre. Sa couleur, qui est naturellement d'un blanc
  d'ivoire foncé avec à peine une teinte de rosé sous la couleur brune de la
  peau, au sommet des joues, est maintenant tout à fait blanche, semblable à un
  pétale de magnolia qui a perdu sa fraîcheur. 
 À moi, qui ayant vécu longtemps à Milan connais la couleur délicate du marbre
  de Candoglia qui a servi à la construction du
  magnifique Dôme, le visage du Seigneur, en ces derniers mois douloureux de sa
  vie terrestre, me paraît vraiment de la couleur de ce marbre qui n'est pas
  blanc, qui n'est pas rosé, qui n'est pas jaune, mais rappelle avec les
  nuances les plus délicates ces trois couleurs. Les yeux sont plus profonds et
  semblent donc plus sombres, peut-être aussi une ombre de lassitude offusque
  les paupières et les orbites.
 
 Des yeux de quelqu'un qui dort peu, pleure beaucoup et souffre. Et la main
  semble plus longue, parce qu'elle est décharnée et pâlie, douce main de mon
  Seigneur qui montre déjà le relief des tendons et les veines, qui a des creux
  par suite de la maigreur sous laquelle transparaît l'ossature sous-jacente,
  sainte main martyre, déjà prête pour le clou qui la transpercera et où il
  sera facile aux bourreaux de trouver le point où mettre le clou car il n'y a
  pas de voile de graisse sur la main ascétique de mon Seigneur.
 
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 274> Maintenant elle s'abandonne comme par
  lassitude sur le bois sombre de la table, alors que Lui secoue sa tête en
  souriant péniblement à ses apôtres qui s'aperçoivent de l'infinie
  lassitude de ses membres, de sa voix, et
  surtout de son cœur, trop affligé, trop épuisé par l'effort de devoir tenir
  unis tant de cœurs différents, de devoir supporter et tenir caché le
  déshonneur du disciple incorrigible...
 
 
  531.6 – Pierre décrète : 
 "Toi, jusqu'à la Fête de la Dédicace, il faut absolument que tu te
  reposes. À ceux qui viennent, c'est nous qui y penserons. Toi, tu iras...
  Mais, oui ! Chez Thomas.
  Tu seras tout près et en paix."
 
 Thomas appuie la proposition de Pierre, mais Jésus secoue la tête. Non. Il ne
  veut pas y aller.
 
 "Eh bien, alors, tu ne parleras pas ces jours-ci. Nous pouvons le faire.
  Ce ne seront pas des paroles élevées : nous nous en tiendrons à ce que nous
  savons et Toi, tu t'occuperas seulement des malades."
 
 "Cela, nous aussi pouvons le faire" dit Judas Iscariote.
 
 "Hum ! Moi, j'y renonce" dit Pierre.
 
 "Et pourtant, tu l'as déjà fait !"
 
 "Certainement. Quand le Maître n'était pas avec nous et que nous devions
  le représenter et le faire aimer. Mais à présent il est là et c'est Lui qui
  fait le miracle. Lui seul en est digne. Le miracle, nous ! Mais si nous avons
  besoin de recevoir celui de notre rénovation, parce que, de nous-mêmes, je
  m'en aperçois bien, nous ne ferons jamais rien de bien. Nous sommes des
  misérables, pécheurs et ignorants."
 
 "Parle pour toi, je t'en prie. Moi je ne me sens pas du tout misérable
  !" réplique Judas de Kérioth.
 
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 275> "Le Maître est las. Sa
  lassitude est plutôt morale que physique. S'il est vrai que nous l'aimons,
  évitons les disputes. C'est ce qui l'épuisé le plus" dit sévèrement le Zélote.
 
 Jésus lève les yeux pour regarder l'apôtre âgé, toujours si sage, et il lui
  tend la main par dessus la table pour le caresser.
  Le Zélote prend dans ses mains brunes cette main blanche et il la baise.
 
 "Tu as raison. Mais moi aussi, si je dis qu'il doit absolument se
  reposer. Il semble malade !..." insiste Pierre.
 
 Tous sont d'accord, y compris le vieux Jean et Élise
  qui dit :
 
 "Il y a si longtemps que je le dis. Pour cela, je voudrais..."
 
 
  531.7 – Un coup à la porte. 
 André,
  qui en est le plus proche, va ouvrir et il sort en refermant la porte
  derrière lui.
 
 Il rentre :
 
 "Maître, il y a une femme. Elle insiste pour te voir. Elle a une
  fillette avec elle. Elle doit être de haute condition, malgré la simplicité
  de son vêtement. Elles ne sont pas malades, ni elle ni sa fille, dirais-je.
  Mais je ne sais pourquoi elle a un voile si épais. La fillette a des fleurs
  splendides dans les bras."
 
 "Renvoie-la. Nous étions en train de dire qu'il doit se reposer, et tu
  ne le laisses même pas finir de manger !" bougonne Pierre.
 
 "Je le lui ai dit. Mais elle m'a répondu qu'elle ne fatiguera pas le
  Maître, et que Lui aura certainement de la joie de la voir."
 
 "Dis-lui qu'elle revienne demain à l'heure de tout le monde. Maintenant
  le Maître va se reposer."
 
 "André, accompagne-la dans la chambre du haut. J'arrive tout de
  suite" dit Jésus.
 
 "Voilà ! Je le savais ! C'est ainsi qu'il se ménage ! Exactement comme
  nous disions de le faire !" Pierre est fâché.
 
 Jésus se lève et avant de sortir il passe derrière Pierre, lui met les mains
  sur les épaules, se penche un peu pour déposer un baiser sur ses cheveux en
  disant :
 
 "Bon, Simon ! Celui qui m'aime soulage ma lassitude plus que le repos
  sur un lit."
 
 "Sais-tu si c'est quelqu'une qui t'aime ?"
 
 "Oh ! Simon ! L'inquiétude te fait dire des paroles dont tu t'es déjà
  repenti car tu te rends compte qu'elles sont sottes !
 
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 276> Bon ! Bon ! Une femme qui vient
  avec une enfant innocente, qui m'amène son enfant innocente les bras chargés
  de fleurs, ne peut être que quelqu'une qui m'aime et qui voit mon besoin de
  trouver un peu d'amour et de pureté au milieu de tant de haine et de souillure."
 
 Et il s'en va ensuite en montant l'escalier de la terrasse, alors qu'André,
  une fois sa mission accomplie, rentre dans la cuisine.
 
 
  531.8 – La femme
  est sur la porte de la pièce supérieure. Grande, élancée sous un lourd
  manteau gris, le visage voilé par une toile de soie ivoire qui descend de la
  capuche fermée autour de son visage. La fillette, une enfant encore
  car elle peut avoir au maximum trois ans, a un petit vêtement de laine
  blanche et une cape blanche aussi, avec la capuche. Mais la capuche a glissé
  en arrière de ses boucles d'une délicate couleur châtain clair, car la petite
  regarde la femme en levant son petit visage qui émerge des fleurs qu'elle
  serre étroitement dans ses bras. Des fleurs splendides qu'on ne peut trouver
  que dans ces pays pendant le froid décembre : des roses carnées mélangées
  avec de délicates fleurs blanches que je ne connais pas : je ne suis pas
  très forte en floriculture. 
 Jésus a à peine posé le pied sur la terrasse qu'il s'entend saluer par la
  petite voix de l'enfant qui court à sa rencontre, poussée par la femme, en
  disant :
 
 "Ave, Domine Jesu !"
 
 Jésus penche sa haute personne sur sa minuscule dévote, et en posant une main
  sur ses cheveux, lui dit :
 
 "La paix soit avec toi"
 
 Puis il se relève et suit la fillette qui, avec un gazouillement joyeux,
  revient vers la femme qui s'est inclinée profondément, en se déplaçant de
  devant la porte pour laisser passer le Maître.
 
 Jésus la salue d'un signe de tête, et entre dans la pièce pour aller
  s'asseoir sur le premier siège qu'il trouve, silencieux comme s'il attendait,
  Il est très roi. Assis sur son pauvre siège de bois sans dossier, il paraît
  assis sur un trône tant est austère sa dignité. Sans manteau, avec son seul
  vêtement de laine d'un bleu très foncé, sans ornements, un peu déteint sur
  les épaules où la pluie, le soleil, la poussière et la sueur ont attaqué la
  couleur, vêtement propre, mais pauvre, il paraît vêtu de pourpre tant est
  majestueux son comportement.
 
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 277> Très rigide, presque hiératique la
  pose de sa tête sur son cou, avec ses mains sur les genoux, les paumes
  ouvertes, les pieds nus sur le pavé nu de vieilles briques, avec comme fond
  le mur nu et à peine blanchi à la chaux avec, suspendu derrière sa tête non
  pas un drap ni un baldaquin mais un tamis pour la farine et une corde où sont
  suspendus des paquets d'ails et d'oignons, il est plus imposant que s'il
  avait sous ses pieds un pavage précieux, un mur d'or derrière Lui et un voile
  de pourpre orné de gemmes sur la tête.
 
 Il attend. Sa majesté paralyse la femme en une stupeur de vénération. La
  fillette même se tait et reste immobile près de la femme, un peu effrayée
  peut-être. Mais Jésus sourit en disant :
 
 "Je suis ici pour vous. Ne craignez pas."
 
 Et alors toute crainte tombe. La femme murmure quelque chose à la fillette et
  la fillette s'avance, suivie par la femme, et elle va contre les genoux de
  Jésus et elle dépose sur ses genoux toutes ses fleurs en disant :
 
 "Les roses de Faustina à son
  Sauveur."
 
 Elle le dit lentement comme quelqu'un qui ne connaît pas une langue qui n'est
  pas la sienne. Pendant ce temps la femme s'est agenouillée derrière la
  fillette, en rejetant son voile en arrière. C'est Valéria, la mère de la petite, qui salue
  Jésus de son salut romain :
 
 "Salut,
  ô Maître."
 
 "Que Dieu vienne à toi, femme. Comment donc es-tu ici ? Et seule ainsi
  ?" dit Jésus tout en caressant la petite qui n'a plus peur, et qui non
  contente d'avoir mis les fleurs sur les genoux de Jésus, fouille avec ses
  menottes dans le bouquet parfumé et choisit celles qui, selon elle, sont les
  plus belles en disant :
 
 "Prends ! Prends ! C'est pour Toi, sais-tu ?"
 
 Et elle lève tantôt une rose, tantôt une des larges ombrelles blanches à
  petites étoiles odorantes, près du visage de Jésus qui les prend et les remet
  sur le tas parfumé.
 
 
  531.9 – Pendant ce temps, Valéria
  parle : 
 "J'étais à Tibériade car ma fille était un peu malade et notre médecin
  l'avait conseillé..."
 
 Valéria fait une longue pause, change de couleur et puis dit à la hâte :
 
 "et j'avais une si grande souffrance au cœur et je te désirais. Car pour
  ma souffrance, un seul médecin pouvait trouver la guérison : Toi, Maître qui
  en toutes choses as des paroles de justice... Je serais donc venue de toutes
  façons. Par l'égoïsme d'avoir ton réconfort, et aussi pour savoir ce que je
  dois faire pour... Oui, pour montrer ma reconnaissance envers Toi et ton Dieu
  qui m'avez accordé d'avoir mon enfant... Mais nous savons tant de choses,
  Maître.
 
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 278> Les rapports des plus petits faits
  de la Colonie sont journellement déposés sur la table de travail de Ponce Pilate.
  Il en prend connaissance, mais pour prendre des décisions à leur sujet il
  s'en rapporte beaucoup à Claudia...
  Beaucoup de rapports parlent de Toi et des hébreux qui entretiennent
  l'agitation dans le pays, en faisant de Toi en même temps une enseigne de
  réveil national et une cause de haine civile. Claudia voit juste quand elle
  dit à son mari que dans toute la Palestine, il n'y en a qu'un seul dont il ne
  doit pas craindre qu'il soit pour lui une cause de malheur : Toi. Et Pilate
  l'écoute jour après jour... Jusqu'à présent la plus forte c'est Claudia. Mais
  si demain une autre force dominait Pilate... J'ai donc su et senti que mon
  innocente t'aurait consolé..."
 
 "Tu as eu un cœur plein de pitié et éclairé, femme. Que Dieu t'éclaire
  totalement et veille sur ton enfant, maintenant et toujours."
 
 
  "Merci, Seigneur. J'ai besoin de
  Dieu..." 
 Des larmes tombent des yeux de Valéria.
 
 "Oui, tu en as besoin. En Dieu tu trouveras tout réconfort,
  et tu sauras trouver un guide pour être juste en jugeant, pardonnant, en
  aimant encore, et surtout pour éduquer cette petite, afin qu'elle ait la vie
  heureuse de ceux qui sont les enfants du vrai Dieu.
 
 
  531.10 – Tu vois : le Dieu que tu ne connaissais
  pas, dont peut-être tu t'étais moquée, de Lui et de sa Loi, si différent de
  vos dieux et de vos lois et pratiques religieuses; que tu avais certainement
  offensé par une manière de vivre où la vertu n'était pas respectée en tant de
  choses, légères encore, si tu veux, mais qui conduisaient à blesser plus
  grièvement la vertu et à offenser la Divinité qui t'a créée, toi aussi; ce
  Dieu t'a tant aimée que par une douleur que tu ressentais avec ton humanité
  de mère, et de mère qui ne connaît pas la vie future et par conséquent le
  caractère temporaire de la séparation de la chair de sa chair, t'a tant aimée
  qu'il t'a amenée à Moi. Il t'a aimée au point de me conduire à Césarée quand
  tu agonisais pour ainsi dire sur la chair de ton enfant qui se refroidissait
  déjà dans l'agonie. 
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 279> Il t'a tant aimée qu'il te l'a
  rendue
  afin que tu aies toujours présentes à ton esprit la bonté et la puissance du
  Dieu vrai, et que tu possèdes un frein contre la licence païenne et un
  réconfort dans toutes tes douleurs de femme mariée. Il t'a tant aimée que,
  par une autre douleur, Il a renforcé en toi la volonté de venir à la Voie, à
  la Vérité, à la Vie, et de t'y fixer avec ton enfant, pour qu'elle au moins,
  dès sa prime enfance, possède ce qui est réconfort et paix, salut et lumière
  dans les tristes journées de la Terre, et les ait pour être préservée de tout
  ce qui te fait souffrir dans la meilleure partie de ton être, et dans la
  partie affective. La première, instinctivement bonne et incapable de
  supporter la sombre boue où elle est obligée de vivre. La seconde,
  désordonnée dans sa bonté.
 
 
  C'est que dans tes affections,
  tu es païenne, ô femme. Ce n'est pas ta faute. C'est la faute du siècle où tu
  vis et de la gentilité dans laquelle tu as grandi. Seul celui qui est dans la
  vraie religion sait donner aux affections leur valeur, leur mesure et leurs
  justes manifestations. Toi, mère ignorante de la vie éternelle, tu as aimé ta
  petite d'une manière désordonnée, et en la voyant mourir, tu te révoltais
  désespérément contre cette perte, rendue folle par la mort qui allait
  survenir. Comme quelqu'un qui voit saisi par un fou l'être qui lui est le
  plus cher et le voit suspendu au-dessus d'un abîme du fond duquel il ne
  pourrait revenir s'il y tombait, et ne pourrait pas même être rapporté comme
  froide dépouille au baiser de son amour, ainsi tu voyais ta Fausta déjà
  suspendue au-dessus de l'abîme du néant... Pauvre mère qui n'aurait plus eu
  sa fille ! Ni dans sa chair ni dans son esprit. Le néant. La fin, la fin
  inexorable qu'est la mort pour ceux qui ne croient pas à la Vie spirituelle. 
 Toi, épouse païenne, aimante, fidèle, tu as aimé dans ton époux le dieu
  terrestre d'un amour charnel, ton beau dieu qui se faisait adorer par toi, en
  abaissant ta dignité d'égale à une servilité d'esclave. Que la femme soit
  soumise à son mari, humble, fidèle, chaste. Oui. Lui, l'homme, est le chef de
  la famille, mais chef ne veut pas dire despote. Chef ne veut pas dire maître
  capricieux auquel est permis tout caprice non seulement sur la chair mais sur
  la meilleure partie de l'épouse. Vous dites : "Où toi, Caïus, là moi, Caïa".
  Pauvres femmes d'un lieu où la licence se trouve jusque dans les histoires de
  vos dieux, celles d'entre vous qui ne sont pas d'une impudicité effrénée,
  comment pouvez-vous être là où sont vos époux ?
 
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 280> Il est inévitable qu'une femme, qui
  n'est pas licencieuse et corrompue, se détache avec dégoût et éprouve une
  douleur vraiment atroce comme si des fibres se déchiraient, un effroi, un
  écroulement de tout le culte envers le mari contemplé jusque-là comme un
  dieu, quand elle découvre que celui qu'elle adorait comme un dieu est un être
  misérable, dominé par une animalité brutale, licencieux, adultère, distrait,
  indifférent, qui se moque des sentiments et de la dignité de son épouse.
 
 Ne pleure pas. Moi aussi je sais tout et même sans avoir besoin des rapports
  des centurions. Ne pleure pas, femme. Apprends, au contraire, à aimer ton
  mari dans l'ordre."
 
 
  531.11 – "Je
  ne peux plus l'aimer, il ne le mérite plus. Je le méprise. Je ne m'avilirai
  pas moi-même en l'imitant, mais je ne peux plus l'aimer. Tout est fini entre
  nous. Je l'ai laissé
  partir... sans essayer de le retenir... Au fond, je lui ai été
  reconnaissante, une dernière fois, pour son éloignement... Je ne le
  rechercherai pas. Du reste, quand donc a-t-il été pour moi un compagnon ? Une
  fois tombé le bandeau de mon adoration, je me rappelle maintenant et je juge
  ses actions. Était-il peut-être avec mon cœur, quand je pleurais de devoir le
  suivre ici, en quittant ma mère malade et ma patrie, alors que j'étais
  nouvelle épouse et près d'enfanter ? Lui, avec ses amis, riait fat de mes
  larmes et de mes nausées, m'avertissant seulement de ne pas salir son
  vêtement. Était-il peut-être à côté de moi, dans la nostalgie de mon
  dépaysement ? Non, dehors, avec ses amis, aux festins où mon état ne me
  permettait pas d'aller... Était-il peut-être penché
  avec moi sur le berceau du bébé ? Quand on lui montra la fille, il se mit à
  rire en disant : "J'aurais bien envie de la faire mettre par terre. Ce
  n'est pas pour avoir des filles que j'ai pris le joug matrimonial". Il
  n'assista pas à la purification en disant que c'était une pantomime inutile.
  Et parce que la petite pleurait, il dit en sortant : "Qu'on lui donne le
  nom de Libitina,
  et qu'elle soit consacrée à la déesse". Et quand Fausta fut mourante,
  partagea-t-il mon angoisse ? Où était-il la nuit qui précéda ta venue ? Dans
  la maison de Valérien
  à un banquet. Mais je l'aimais : c'était, tu as dit juste, mon dieu. Tout me
  paraissait bon, juste en lui. Il me permettait de l'aimer... et j'étais
  l'esclave la plus esclave de ses volontés. Sais-tu pourquoi il m'a écartée de
  lui ?" 
 "Je le sais. Parce que dans ta chair, l'âme s'était réveillée et que tu
  n'étais plus une femelle, mais une femme."
 
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  de page.
 
 281> "C'est ainsi. J'ai voulu faire
  de ma maison une maison vertueuse... et lui s'est fait envoyer à Antioche
  près du Consul, en m'imposant de ne pas le suivre et il a emmené avec lui ses
  esclaves favorites. Oh ! je ne le suivrai pas ! J'ai ma fille, j'ai
  tout."
 
 "Non. Tu n'as pas tout. Tu as une partie, une petite partie du Tout, ce
  qui te sert à être vertueuse. Le Tout, c'est Dieu. Ta fille ne doit pas être
  une raison d'injustice envers le Tout, mais de justice. Pour elle et avec
  elle, tu as le devoir d'être vertueuse."
 
 "Je suis venue pour te consoler, et c'est Toi qui me consoles. Mais je
  suis venue aussi pour te demander comment éduquer cette petite pour la rendre
  digne de son Sauveur. J'avais pensé me faire votre prosélyte et de la faire
  telle, elle aussi..."
 
 "Et ton mari ?"
 
 "Oh ! tout est fini avec lui."
 
 "Non. Tout commence. Tu es toujours son épouse. Le devoir d'une bonne
  épouse est de rendre bon son conjoint."
 
 "Il dit qu'il veut divorcer, et il le fera certainement. Pour
  cela..."
 
 "Et il le fera. Mais il ne l'a pas encore fait et tant qu'il ne Ta pas
  fait, tu es son épouse, même d'après votre loi. Et comme telle, tu as le
  devoir de rester comme épouse à ta place. Ta place est celle de seconde pour
  ton mari dans la maison, près de ta fille, en présence des serviteurs et du
  monde. Tu penses : lui a donné le mauvais exemple. C'est vrai. Mais cela ne
  te dispense pas de donner, toi, un exemple de vertu. Lui s'en est allé, c'est
  vrai. Toi, prends sa place auprès de ta fille et
  des serviteurs.
 
 
  531.12 – Tout ne mérite pas des
  reproches dans vos coutumes. Quand Rome était moins corrompue, ses femmes
  étaient chastes, laborieuses, et elles servaient la divinité par une vie de
  vertu et de foi. Même si leur condition misérable de païennes les faisait servir
  des faux dieux, l'idée était bonne. Elles donnaient leur vertu à l'Idée de la
  religion, au besoin d'un respect pour une religion, pour une Divinité dont le
  vrai nom leur était inconnu, mais dont elles sentaient l'existence et qui
  était plus grand que l'Olympe licencieux, que les divinités avilies qui le
  peuplaient selon les légendes mythologiques. Inexistant votre Olympe,
  inexistants vos dieux. Mais vos vertus antiques étaient le fruit de la
  conviction vraie qu'il fallait être vertueux pour pouvoir être regardé avec
  amour par les dieux. Elles étaient le fruit du devoir que vous aviez le
  sentiment d'avoir envers les divinités que vous adoriez. 
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  de page.
 
 282> Aux yeux du monde, particulièrement
  de notre monde judaïque, vous paraissiez sots pour cet honneur que vous
  donniez à ce qui n'existe pas. Mais pour la Justice éternelle et vraie, pour
  le Dieu Très-Haut, Unique et Tout Puissant Créateur de toutes les créatures
  et de toutes choses, ces vertus, ce respect, ce devoir n'étaient pas vains.
  Le bien est toujours le bien, la foi a toujours valeur de foi, la religion a
  toujours valeur de religion si celui qui les suit et les pratique est
  convaincu d'être dans le vrai.
 
 Je t'exhorte à imiter vos antiques femmes, chastes, laborieuses et fidèles,
  en restant à ta place, colonne et lumière dans ta maison et de ta maison. Ne
  crois pas que les serviteurs aient pour toi moins de respect parce que tu es
  restée seule. Jusqu'à présent ils t'ont servie par crainte et parfois avec un
  sentiment caché de haine et de révolte. Dorénavant ils te serviront avec
  amour. Les malheureux aiment ceux qui sont malheureux. Tes esclaves
  connaissent la douleur. Ta joie était pour eux un aiguillon
  amer. Tes peines, en te dépouillant du froid éclat de maîtresse, au
  sens le plus odieux du mot, te revêtiront d'une lumière chaude de pitié. Tu
  seras aimée, Valéria, et par Dieu et par ta fille et par tes serviteurs. Et
  même si tu n'étais plus l'épouse, mais la divorcée, rappelle-toi (Jésus se
  lève) que la séparation légale ne supprime pas le devoir de la femme d'être
  fidèle à son serment d'épouse.
 
 
  531.13 – Tu voudrais entrer dans notre
  religion. Un de ses préceptes divins c'est que la femme est la chair de la
  chair de l'époux et que rien ni personne ne peut séparer ce que Dieu a fait
  une seule chair. Nous aussi, nous avons le divorce. Il est venu comme un
  fruit mauvais de la luxure humaine, du péché d'origine, de la corruption des
  hommes. Mais il n'est pas venu spontanément de Dieu. Dieu ne change pas sa
  parole. Et Dieu avait dit, en inspirant à Adam, innocent encore, et parlant
  par conséquent avec une intelligence que la faute n'avait pas offusquée, les
  paroles : que les époux, une fois unis, devaient être une seule chair .
  La chair ne se sépare pas de la chair autrement que par le malheur de la mort
  ou de la maladie. 
 Le divorce mosaïque, accordé pour éviter des péchés atroces, n'accorde à la
  femme qu'une liberté bien mesquine. La divorcée est toujours une femme
  diminuée dans la pensée des hommes, soit qu'elle reste telle, soit qu'elle
  passe à des secondes noces. Dans le jugement de Dieu, c'est une malheureuse
  si elle devient divorcée par suite de la malveillance de l'époux et reste
  divorcée, mais elle n'est qu'une pécheresse, une adultère,
  si elle le devient par ses abjectes propres fautes et se remarie.
 
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 283> Mais toi, si tu veux entrer dans
  notre religion, tu le fais pour Me suivre, et alors Moi, Verbe de Dieu, le
  temps de la religion parfaite étant venu, je te dis ce que je dis à beaucoup.
  Il n'est pas permis à l'homme de séparer ce que Dieu a uni et est toujours
  adultère celui ou celle qui du vivant de son conjoint passe à d'autres noces.
 
 Le divorce
  est une prostitution légale, qui met l'homme et la femme en situation de
  commettre des péchés de luxure. La femme divorcée reste difficilement veuve
  d'un homme vivant, et veuve fidèle. L'homme divorcé ne reste jamais fidèle au
  premier mariage. Aussi bien l'un que l'autre, en passant à d'autres unions,
  descendent du niveau des hommes à celui des brutes, auxquelles il est permis
  de changer de femelle à tout appel des sens. La fornication légale,
  dangereuse pour la famille et la Patrie, est criminelle à l'égard des
  innocents. Les enfants des divorcés doivent juger leurs parents. Jugement
  sévère que celui des enfants ! Les enfants doivent condamner au moins un des
  deux parents. Et les enfants, à cause de l'égoïsme des parents, sont
  condamnés à une vie affective mutilée. Que si ensuite, aux conséquences
  familiales du divorce, qui prive du père ou de la mère des enfants innocents,
  s'ajoute le nouveau mariage du conjoint auquel ont été confiés les enfants, à
  la condamnation d'une vie affective mutilée de l'un des deux membres,
  s'ajoute l'autre mutilation : celle de la perte, plus ou moins totale, de
  l'affection de l'autre membre, séparé, ou totalement absorbé, par le nouvel
  amour et les enfants du nouveau mariage.
 
 Parler de noces, de mariage, dans le cas d'une nouvelle union d'un divorcé ou
  d'une divorcée, c'est profaner le sens et la chose de ce qu'est le mariage.
  Seule la mort de l'un des conjoints et le veuvage qui en résulte pour
  l'autre, peut justifier les secondes noces, bien que je juge qu'il serait
  meilleur de s'incliner devant le verdict toujours juste de Celui qui règle
  les destinées des hommes, et de se renfermer dans la chasteté quand la mort a
  mis fin à l'état matrimonial, en se consacrant tout entier aux enfants et en
  aimant dans ses enfants le conjoint passé à l'autre vie. C'est un amour
  dépouillé de toute matérialité, saint et vrai.
 
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 284> Pauvres enfants ! Connaître après
  la mort ou l'écroulement du foyer, la dureté d'un second père ou d'une
  seconde mère et l'angoisse de voir les caresses partagées avec d'autres fils
  qui ne sont pas des frères !
 
 
  531.14 – Non. Dans ma religion le
  divorce n'existera pas. Et adultère et pécheur sera celui qui contractera le
  divorce civil pour contracter une nouvelle union. La loi humaine ne changera
  pas mon décret. Le mariage, dans ma religion, ne sera plus un contrat civil,
  une promesse morale, faite et sanctionnée par la présence de témoins préposés
  pour la chose. Mais ce sera un indissoluble lien rivé, soudé, sanctifié par
  la puissance sanctifiante que je donnerai au contrat, devenu Sacrement. Pour
  te faire comprendre : rite sacré. Ce pouvoir aidera à pratiquer saintement
  tous les devoirs matrimoniaux, mais il sera aussi l'affirmation de
  l'indissolubilité du lien. 
 Jusqu'à présent, le mariage est un
  contrat réciproque naturel et moral entre deux personnes de sexe différent, À
  partir du moment où ma loi existera, il sera étendu à l'âme des conjoints. Il
  deviendra par conséquent aussi un contrat spirituel, sanctionné par Dieu par
  l'intermédiaire de ses ministres. Tu sais maintenant qu'il n'y a rien
  au-dessus de Dieu. Donc ce que Lui aura uni, aucune autorité, aucune loi ou
  caprice humain ne pourra le séparer.
 
 Le "où tu es Caïus, je serai moi Caïa" de votre rite se perpétue dans l'au-delà, dans
  notre rite, dans mon rite, car la mort n'est pas la fin, mais la séparation
  temporaire de l'époux et de l'épouse, et le devoir d'aimer dure aussi au-delà
  de la mort. C'est pour cela que je dis que je voudrais la chasteté chez les
  veufs. Mais l'homme ne sait pas être chaste. Et c'est aussi pour cela que je
  dis que les conjoints ont le devoir de s'améliorer l'un l'autre.
 
 Ne hoche pas la tête. Tel est le devoir, et il faut accomplir ce devoir si on
  veut vraiment Me suivre."
 
 
  531.15 – "Tu es dur, aujourd'hui,
  Maître." 
 "Non. Je suis Maître et j'ai en face de Moi une créature qui peut
  grandir dans la vie de la Grâce. Si tu n'étais pas ce que tu es, je
  t'imposerais moins. Mais tu as une bonne trempe et la souffrance purifie et
  trempe toujours plus ton métal. Un jour tu te souviendras de Moi et tu me
  béniras d'avoir été ce que je suis."
 
 "Mon mari ne reviendra pas en arrière..."
 
 "Et toi, tu iras de l'avant. En tenant par la main ton innocente, tu
  marcheras sur le chemin de la Justice sans haine, sans vengeance, et aussi
  pourtant sans attente inutile et sans regret pour ce qui est perdu."
 
 "Tu le sais alors que je l'ai perdu !"
 
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 285> "Je le sais, mais ce n'est pas
  toi qui l'as perdu, c'est lui qui t'a perdue. Il ne te méritait pas.
  Maintenant écoute... C'est dur. Oui. Tu m'as apporté des roses et des
  sourires innocents pour me consoler … Moi... Je ne puis que te préparer à
  porter la couronne d'épines des épouses abandonnées... Mais, réfléchis :
  si le temps pouvait revenir en arrière et te ramener à ce matin où Fausta
  était mourante, et si ton cœur était mis dans l'alternative de choisir entre
  ta fille et ton mari, devant nécessairement perdre l'un des deux, toi, que
  choisirais-tu ?,,."
 
 La femme réfléchit, pâle mais courageuse dans sa souffrance après les
  quelques larmes qu'elle a versées au début du dialogue... Puis elle se penche
  sur sa petite qui est assise sur le pavé et s'amuse à mettre des fleurettes
  blanches autour des pieds de Jésus. Elle la prend, l'embrasse et crie :
 
 "C'est elle que je choisirais, car à elle je puis donner mon cœur même
  et la faire grandir comme j'ai appris que l'on doit vivre. Mon enfant ! Et
  être unies aussi au-delà de la vie. Moi toujours sa mère, elle toujours ma
  fille !"
 
 Et elle la couvre de baisers alors que la petite se serre à son cou, toute
  amour et sourires.
 
 
  "Dis-moi, oh ! dis-moi, Maître, Toi qui
  apprends à vivre en héros, ce que, comment l'élever
  pour être toutes les deux dans ton Royaume ? Quelles paroles, quelles actions
  lui enseigner ?..." 
 "Il n'est pas besoin de paroles ni d'actes particuliers. Sois parfaite
  pour qu'elle reflète ta perfection. Aime Dieu et le prochain pour qu'elle
  apprenne à aimer. Vis sur la Terre avec tes affections en Dieu. Elle
  t'imitera. Ainsi pour l'instant. Plus tard mon Père, qui vous a aimées d'une
  manière spéciale, pourvoira à vos besoins spirituels, et vous deviendrez
  sages dans la foi qui portera mon Nom. C'est tout ce qu'il y a à faire. Dans
  l'amour de Dieu, tu trouveras tout frein contre le Mal. Dans l'amour du
  prochain, tu auras une aide contre l'accablement de la solitude. Et enseigne
  à pardonner. À toi-même... et à ton enfant. Comprends-tu ce que je veux dire
  ?"
 
 "Je comprends... C'est juste...
 
  531.16 – Maître, je te quitte. Bénis
  une pauvre femme... qui est plus pauvre qu'une mendiante qui a son compagnon
  fidèle..." 
 "Où es-tu maintenant ? À Jérusalem ?"
 
 "Non, à Béther. Jeanne,
  qui est si bonne, m'a envoyé dans son château... Je souffrais trop là-haut...
  Je vais y rester jusqu'à ce que Jeanne vienne à Jérusalem, ce qui ne va pas
  tarder.
 
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 286> Elle descend en Judée avec ta Mère
  et les autres disciples aux premières tiédeurs du printemps. Ensuite, je
  resterai avec elle quelque temps. Puis les autres viendront et j'irai avec
  elles. Mais le temps aura déjà pansé ma blessure."
 
 "Le temps, et surtout Dieu et le sourire de ta fillette. Adieu, Valéria.
  Que le Dieu vrai, que tu cherches avec un esprit qui est bon, te réconforte
  et te protège."
 
 Jésus met la main sur la tête de la petite pour la bénir. Puis il s'approche
  de la porte fermée en demandant :
 
 "Tu es venue seule ?"
 
 "Non, avec une affranchie.
  Le char m'attend dans le bois à l'entrée du village. Nous verrons-nous
  encore, Maître ?"
 
 "Pour la Dédicace, je serai à Jérusalem, au Temple."
 
 "j'y serai, Maître. J'ai besoin de tes paroles pour ma nouvelle
  vie..."
 
 "Va tranquille. Dieu ne laisse pas sans aide celui qui le cherche."
 
 "Je crois... Oh ! il est bien triste notre monde païen !"
 
 "Il y a de la tristesse partout où il n'y a pas une vraie vie en Dieu.
  Même en Israël, on pleure... C'est parce qu'on ne vit plus dans la Loi de
  Dieu. Adieu. La paix soit avec toi."
 
 La femme se courbe en une inclination profonde et elle suggère quelque chose
  à la petite. Et la fillette lève le visage, tend ses petits bras et elle
  répète de sa petite voix de pinson :
 
 "Ave,
  Domine Jesu !"
 
 Jésus se penche pour cueillir sur sa petite bouche le baiser innocent qui
  déjà s'y forme, et la bénit encore... Puis il rentre dans la pièce et
  s'assoit pensif près des fleurs éparses sur le sol.
 
 
  531.17 – Il se passe ainsi quelque
  temps, puis quelqu'un frappe à la porte. 
 "Viens."
 
 La porte s'entrouvre et dans l'entrebâillement apparaît la figure honnête de Pierre.
 
 "C'est toi ? Viens..."
 
 "Non. C'est Toi qui devrais venir avec nous. Il fait froid ici. Quelles
  belles fleurs ! Un grand prix !" Pierre, en parlant, observe son Maître.
 
 "Oui, un grand prix. Mais l'acte et la façon dont il a été accompli a
  plus de valeur que les fleurs. Elles m'ont été apportées par la fillette de
  Valéria, la romaine amie de Claudia."
 
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 287> "Hé ! je sais ! je sais ! Et
  pourquoi ?"
 
 "Pour me consoler. Elles savent ce que je souffre, et Valéria a eu cette
  pensée. Elle a pensé que les fleurs d'une innocente pourraient me
  consoler..."
 
 "Une romaine !... Et nous d'Israël, nous ne te donnons que de la
  douleur... Judas
  a deviné juste. Il disait qu'il avait vu un char arrêté et que la femme était
  certainement une romaine... et... il était troublé, Maître..."
 
 Pierre est tout à fait interrogateur.
 
 Mais Jésus dit seulement :
 
 "Où est Judas ?"
 
 "Dehors. Je veux dire sur la route, près du bois. Il veut voir qui est
  venu te trouver..."
 
 "Descendons."
 
 Judas est déjà dans la cuisine. Il se retourne en voyant entrer Jésus et il
  dit :
 
 "Même si tu voulais le nier, tu ne pourrais nier que cette femme est
  venue pour... se plaindre de quelque chose ! Elles ont encore autre chose à
  dire ? Elles n'ont pas d'autres occupations que d'épier et de rapporter et..."
 
 "Je ne suis pas tenu de te répondre, mais je le fais pour tout le monde.
  Et Simon Pierre sait déjà qui c'est, et je dis à tous pourquoi elle est
  venue. Même les créatures en apparence les plus heureuses peuvent avoir
  besoin de réconfort et de conseil...
 
  531.18 – André,
  monte pour prendre les fleurs apportées par la fillette et porte-les au petit Lévi." 
 "Pourquoi ?"
 
 "Parce qu'il est mourant."
 
 "Il est mourant ? Mais moi, je l'ai vu à l'heure de tierce, et il était
  bien portant" dit Barthélemy
  stupéfait.
 
 "Il était en bonne santé. Avant le soir, il sera mort."
 
 "S'il est si mal, il ne jouira pas des fleurs..."
 
 "Non. Mais, dans la maison effarée, les fleurs envoyées par le Sauveur
  diront une parole lumineuse."
 
 Jésus s'assoit alors que tous parlent de la fragilité de la vie et Élise met
  son manteau en disant :
 
 "Je vais moi aussi avec André... Cette pauvre mère
  !..."
 
 On voit André et Élise qui s'éloignent avec les fleurs dans leurs mains...
 
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 288> Jésus se tait. Judas aussi se tait,
  indécis. Jésus est silencieux mais pas sévère... Judas lui tourne autour,
  aiguillonné par le désir de savoir, par l'angoisse torturante de quelqu'un
  qui n'a pas la conscience en paix. Mais il finit par attirer Pierre à part
  pour l'interroger. Il se rassure après avoir parlé avec Pierre et il va
  piquer Matthieu
  qui écrit tranquillement sur un coin de la table.
 
 André revient en courant. Il parle, essoufflé :
 
 "Maître... l'enfant est vraiment mourant... À l'improviste... On dirait
  des fous... Mais quand Élise a dit : "C'est le Seigneur qui les
  envoie" et moi... je croyais qu'ils comprenaient : "pour le lit
  funèbre", la mère et le père... en même temps, ont dit : "Oh !
  c'est vrai ! Cours l'appeler. Il le guérira".
 
 "La parole de la foi. Allons"
 
 Et Jésus sort presque en courant. Naturellement tout le monde le suit, même
  le vieux Jean,
  tout en boitant, derrière tout le monde.
 
 
  531.19 – La maison est au bout du
  village, mais Jésus y arrive bientôt et se fraie un passage parmi les gens
  qui encombrent la porte ouverte. Il va droit à une pièce au fond de l'entrée,
  car c'est une maison vaste qui a beaucoup d'habitants, peut-être frères entre
  eux. 
 Dans la pièce, penchés sur le lit improvisé, le père, la mère et Élise... Ils
  ne voient Jésus que quand il dit :
 
 "La paix à cette maison."
 
 Alors les malheureux parents quittent le lit et se jettent aux pieds de
  Jésus. Élise seule reste où elle est, occupée à frictionner avec des
  substances aromatiques les membres qui se refroidissent.
 
 
  Le petit est vraiment à toute extrémité, son
  corps a déjà la lourdeur et l'abandon de la mort, et son petit visage est de
  cire avec des narines fuligineuses et des lèvres violacées. Le petit respire
  difficilement avec des spasmes de sa petite poitrine et chaque respiration
  semble la dernière tant elle est éloignée de la précédente. 
 La mère pleure, le visage sur les pieds de Jésus. Le père, lui aussi courbé
  jusqu'à terre, dit :
 
 "Aie pitié ! Aie pitié !"
 
 Il ne sait dire autre chose.
 
 Jésus dit :
 
 "Lévi, viens
  vers Moi" et il lui tend les bras.
 
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 289> Le petit, un enfant d'environ cinq
  ans, a comme une secousse, comme si quelqu'un l'avait appelé à haute voix
  pendant qu'il dormait. Il s'assoit sans difficulté et de ses petits poings il
  se frotte les yeux, regarde autour de lui avec étonnement, et voyant Jésus
  qui lui sourit, il se jette en bas de son petit lit et va avec assurance,
  dans sa petite tunique, vers le Sauveur.
 
 Les parents, courbés comme ils sont, ne voient rien, mais les exclamations
  d'Élise qui crie : "Bonté éternelle !", et des apôtres et des
  curieux qui de l'entrée poussent un "Oh !" de stupéfaction, les
  avertissent de ce qui arrive; ils lèvent leurs
  visages de par terre et ils voient leur petit garçon là, en bonne santé,
  comme s'il n'avait jamais été mourant.
 
 La joie fait rire, fait pleurer, crier et se taire, selon les réactions de
  chacun. Ici, elle produit une stupeur muette, comme effrayée... Il y a trop
  de différence entre la situation précédente et l'actuelle, et les deux
  pauvres parents, déjà étourdis par la douleur, hésitent à accueillir la joie.
 
 
  531.20 – Quand enfin ils y réussissent,
  l'enfant se trouve dans les bras de Jésus, et alors au mutisme succède un
  flot de paroles mêlées à des cris de joie et de bénédiction, et il est
  difficile de suivre ce déluge de paroles qui surabondent en désordre. Je
  reconstruis d'après elles que vers l'heure de sexte l'enfant, qui jouait dans
  le jardin, était rentré à la maison en se plaignant de douleurs abdominales.
  La grand-mère l'avait pris dans ses bras et tenu près du feu, et il semblait
  aller mieux. Mais ensuite, un peu avant l'heure de none, il avait été pris de
  vomissements de matières fécales et était tout de suite entré en agonie. La
  péritonite foudroyante classique. 
 Le père avait couru à Jérusalem aux premiers signes du mal et était revenu
  avec un médecin. Ce dernier, après avoir vu l'enfant qui dans l'entre-temps
  s'était mis à vomir, avait dit : "Il ne peut vivre" et il s'en
  était allé... En effet, d'une minute à l'autre, le mal empirait et déjà
  l'enfant se refroidissait. Les parents, dans l'angoisse de ce malheur
  imprévu, étaient incapables de penser à son salut prochain. C'est seulement
  quand André et Élise étaient entrés avec des fleurs en disant : "Jésus
  les envoie à Lévi" qu'ils avaient eu une sorte de lumière intérieure et
  avaient dit : "Jésus va le sauver."
 
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  de page.
 
 290/91> "Et tu l'as
  sauvé, éternellement béni ! Tes fleurs ! L'espérance ! La foi ! Oh ! oui ! la
  foi en ton amour pour nous ! Mais comment as-tu su ? Béni ! Demande de nous
  ce que tu veux ! Commande comme à des esclaves ! Nous te devons tout !..."
 
 Jésus les écoute, tenant toujours l'enfant dans ses bras. Il les laisse
  parler jusqu'à ce qu'ils soient fatigués, que leurs nerfs soumis à une si
  grande tension se soient détendus en se soulageant. Puis il dit doucement :
 
 "J'aime les enfants et les cœurs fidèles. Vous tous de Nobé êtes très
  bons pour Moi. Si je suis bon avec ceux qui me haïssent, que donnerai-je à
  ceux qui m'aiment ? Je savais... et je savais aussi que la douleur vous
  faisait oublier la Source de la Vie. J'ai voulu vous indiquer le
  chemin..."
 
 "Mais pourquoi n'es-tu pas venu de Toi-même, Seigneur ? Tu craignais
  peut-être que nous ne t'accueillions pas ?"
 
 "Non. Je savais que vous m'auriez accueilli avec amour. Mais parmi ceux
  qui sont autour de nous, il y avait quelqu'un qui avait besoin de se
  persuader que je n'ignore rien de ce qui concerne les hommes et l'état des
  cœurs .
  Et j'ai voulu aussi que d'autres comprennent que Dieu répond à ceux qui
  l'invoquent avec foi.
 
  531.21 – Maintenant
  soyez en paix et grandissez toujours dans la foi en la miséricorde de Dieu.
  Que la paix soit avec vous tous. Adieu, Lévi. Va trouver ta mère maintenant.
  Adieu, femme. Consacre aussi au Seigneur celui que tu portes en ton sein en
  souvenir de la bonté dont le Seigneur a usé envers toi. Adieu, homme.
  Conserve ton esprit dans la justice." 
 Il se retourne pour partir en passant, non sans peine, à travers les parents
  qui se pressent dans l'entrée : grands-parents, oncles, cousins du miraculé,
  qui veulent tous parler à Jésus, le bénir, être bénis par Lui, baiser ses
  vêtements, ses mains...
 
 Et puis, après la nombreuse parenté, ce sont les gens du village qui veulent
  faire la même chose, mais ceux-ci se déversent sur la route derrière Jésus en
  laissant à leur joie ceux de la maison bénie par le miracle. Et dans les
  chemins sombres désormais, avec le bruit habituel des heures de fête, Nobé
  toute entière reconduit Jésus à la maisonnette de Jean, et il faut toute
  l'autorité des apôtres pour persuader aux citadins de retourner à leurs
  maisons pour laisser en paix le Maître, et à l'autorité ils doivent ajouter
  aussi des moyens plus énergiques en les menaçant que s'ils ne le laissent pas
  reposer, le lendemain ils s'en iront tous de là, pour réussir dans leur
  entreprise.
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