Vision
du samedi 3 mars 1945
358> 589.1 – Jésus marche parmi des
vergers et des oliviers tout en fleurs. Elles paraissent des fleurs même les
feuilles argentées des oliviers ainsi emperlées de rosée qui brille frappée
par le premier rayon de l'aurore et remuée par un léger vent parfumé. Chaque
frondaison est un travail d'orfèvre et l'œil en regarde avec admiration la
beauté. Les amandiers, déjà tout couverts de leurs feuilles vertes, se
détachent des masses blanc-rosées des autres arbres fruitiers, et par
dessous, les vignes montrent les découpures de leurs premières tendres
feuilles si claires et soyeuses qu'elles semblent un éclat d'émeraude très
fine ou un lambeau de soie précieuse. En haut, un ciel de turquoise foncée,
uni, tranquille, solennel. Partout, des chants d'oiseaux et des parfums de
fleurs. Un air frais refait les forces et réjouit. C'est vraiment la gaieté
d'avril qui sourit partout.
589.2 – Jésus
est au milieu de ses apôtres, des douze, et il parle.
"J'ai envoyé les femmes en avant car c'est à vous
seuls que je veux parler. Dans les premiers temps que j'étais avec vous je
vous ai dit, à ceux qui étaient avec Moi : "Ne troublez pas ma Mère en lui racontant
des mauvaises actions contre Moi". Elles paraissaient des actions si graves,
celles-là... Maintenant vous, les trois témoins de celles qui ont été le
commencement de la chaîne avec laquelle sera conduit à la mort le Fils de
l'homme — toi, Jean, toi,
Simon, et
toi, Judas de Kériot -
vous pouvez bien voir qu'elles étaient comparables à des grains de sable qui
tombent d'en haut en comparaison de la roche des roches que sont les actions
de maintenant. Mais alors ni vous, ni ma Mère, ni Moi, nous n'étions préparés
à la méchanceté humaine. Dans le Bien comme dans le Mal, voilà : l'homme
n'atteint pas le sommet tout d'un coup. Il monte ou descend graduellement.
C'est ainsi dans la douleur. Maintenant vous qui êtes bons, vous êtes montés
dans le Bien et vous pouvez constater, sans le scandale qu'alors vous en
auriez eu, à quel point de perversion peut descendre l'homme qui se voue au
satanisme, de même que ma Mère et Moi, nous pouvons supporter sans en mourir
toute la douleur qui vient de l'homme. Nous avons fortifié notre âme. Tous.
Dans le Bien, dans le Mal, ou dans la Douleur. Pourtant nous n'avons pas
encore atteint le sommet. Nous n'avons pas encore atteint le sommet... Oh
! si vous saviez quel est le sommet et combien il est haut le sommet du Bien,
du Mal, de la Douleur !
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359> Mais je vous
répète mes paroles d'alors. Ne répétez pas à ma Mère ce que le Fils de
l'homme va vous dire. Elle en aurait trop de douleur. Celui qui doit être mis
à mort boit le breuvage qui étourdit, qu'on lui donne par pitié, pour qu'il
puisse attendre sans frémir à chaque instant, l'heure du supplice. Votre
silence sera comme le breuvage de pitié pour elle, Mère du Rédempteur !
589.3 – Maintenant
je veux, pour que rien ne reste obscur pour vous, vous ouvrir le sens des prophéties.
Et je vous demande de rester avec Moi, beaucoup, beaucoup. Dans la journée,
j'appartiendrai à tout le monde. La nuit, je vous prie d'être avec Moi car je
veux être avec vous. J'ai besoin de ne pas me sentir seul..."
Jésus est très triste. Les apôtres le voient et ils sont angoissés, ils se
serrent autour de Lui. Même Judas sait se serrer près du Maître comme s'il
était le plus affectueux des disciples.
Jésus les caresse et il poursuit :
"Je veux en cette heure qui m'est encore donnée, achever la connaissance
du Christ en vous. Au commencement, avec Jean, Simon et Judas, j'ai fait
connaître la vérité des prophéties sur ma naissance. Les prophéties
m'ont peint comme le meilleur peintre ne pourrait le faire de mon aube à mon crépuscule. Et même, ce sont justement l'aube et le crépuscule, les
deux passages les plus mis en lumière par les prophètes. Or le Christ
descendu du Ciel, le Juste que les nuées ont laissé pleuvoir sur la Terre, le Germe sublime, va être mis à mort, brisé comme un
cèdre par la foudre. Parlons alors de sa mort. Ne soupirez pas, ne hochez
pas la tête. Ne murmurez pas en votre cœur, ne maudissez pas les hommes. Cela
ne sert à rien.
589.4 – Nous
montons à Jérusalem. Pâque est proche désormais.
"Ce mois sera pour vous le premier des mois de l'année". Ce mois sera pour le monde le commencement d'un
temps nouveau. Il ne cessera plus jamais. Inutilement, de temps à autre, l'homme
cherchera à en mettre de nouveaux. Ceux qui voudront mettre un temps nouveau,
portant leur nom d'idole, seront foudroyés et frappés. Il n'y a qu'un Dieu
au Ciel et un Messie sur la Terre : le Fils de Dieu : Jésus de Nazareth.
Lui, puisqu'il donne tout de Lui-même, peut tout vouloir et mettre son sceau
royal non pas sur ce qui est chair et boue, mais sur ce qui est temps et
esprit.
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360> 589.5 – "Au
dixième jour de ce mois, que chacun prenne un agneau par famille et par
maison. Et si le nombre des personnes de la maison n'est pas
suffisant pour consommer l'agneau, que l'on prenne le voisin avec sa famille
de façon à pouvoir consommer tout l'agneau". Car le sacrifice et l'hostie doivent être
complets et consommés.
Il ne doit pas en rester une parcelle. Il n'en restera pas.
Trop nombreux sont ceux qui vont se repaître de l'agneau. Un nombre qu'on ne
peut compter, pour un banquet sans limite de temps, et il n'est pas besoin de
feu pour consumer les restes parce qu'il n'y a pas de restes. Les parties qui
seront offertes et seront repoussées par la haine seront consumées par le feu
même de la victime, par son amour. Je vous aime, ô hommes. Vous, mes douze
amis que j'ai choisis Moi-même, vous en qui sont les douze tribus d'Israël et
les treize veines de l'humanité. J'ai tout rassemblé en vous et en vous je
vois tout rassemblé... Tout."
"Mais dans les veines du corps d'Adam se trouve aussi celle de Caïn.
Personne de nous n'a levé la main sur son compagnon. Abel, où est-il alors
?" demande l'Iscariote.
"Tu l'as dit. Dans les veines
du corps d'Adam se trouve aussi celle de Caïn. Et l'Abel, c'est Moi,
le doux Abel pasteur des troupeaux, agréable au Seigneur parce qu'il offrait ses prémices et
ce qui était sans imperfection et, parmi toutes les offrandes, lui-même. Je vous aime, Ô hommes. Même si vous ne m'aimez pas,
Moi, je vous aime. L'amour accélère et achève le travail des sacrificateurs.
589.6 – "Que
l'agneau soit sans tache, mâle, d'un an". Le temps n'existe pas pour l'Agneau de Dieu. Lui
est. Pareil au dernier jour comme il l'était au premier de cette Terre. Celui
qui est comme le Père, ne connaît pas de vieillissement dans sa nature
divine. Et sa personne ne connaît qu'un seul vieillissement, qu'une seule
lassitude : celle de la déception d'être venu en vain pour un trop grand
nombre.
Quand vous saurez comment j'ai été mis à mort — et les yeux, qui verront leur
Seigneur changé en lépreux couvert de plaies, sont maintenant pleins de larmes
à côté de Moi, et ne voient plus cette riante colline car les larmes les
aveuglent de leur liquide visière — dites aussi : "Ce n'est pas de cela
qu'il est mort, mais d'avoir été un inconnu pour ceux qui Lui étaient le plus
chers et repoussé par trop d'humanité".
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361> Mais s'il n'est pas question de temps pour le Fils de
Dieu, et ainsi il diffère de l'agneau du rite, il lui est semblable parce
qu'il est sans tache et que c'est un mâle consacré au Seigneur. Oui. C'est
inutilement que les bourreaux, ceux qui me tueront par les armes, ou par leur
vouloir, ou par leur trahison, voudront s'excuser en disant : "Il était
coupable". Aucune personne sincère ne peut m'accuser de péché. Le pouvez-vous
?
Nous sommes en face de la mort. Je le suis. D'autres encore
le sont. Qui ? Tu veux savoir qui, Pierre ? Tous. La mort avance heure après heure et saisit celui qui s'y attend le moins.
Mais même ceux qui ont encore une longue vie à tisser, heure après heure sont
en face de la mort, parce que le temps est un éclair comparé à l'éternité et
qu'à l'heure de la mort même la plus longue vie se réduit à rien et les
actions des nombreuses décennies lointaines, depuis celles du premier âge,
reviennent en foule pour dire : "Voilà : hier, tu faisais telle
chose". Hier ! C'est toujours hier, quand on meurt ! Et c'est toujours
de la poussière, l'honneur et l'or que la créature désirait si ardemment ! Et
il perd toute saveur le fruit dont on était fou ! La femme ? L'argent ? Le
pouvoir ? La science ? Que reste-t-il ? Rien ! Seulement la conscience et le
jugement de Dieu devant lequel se présente la conscience pauvre et dénuée des
protections et des richesses humaines et chargée seulement de ses actions.
589.7 – "Qu'ils
prennent son sang et en mettent sur les montants et l'architrave et l'Ange ne frappera pas, quand il passera, les maisons
sur lesquelles se trouve la marque du sang". Prenez mon sang. Mettez-le non sur les pierres
mortes, mais sur votre cœur mort. C'est la nouvelle circoncision. Et Moi, je
me circoncis pour le monde entier. Je ne sacrifie pas l'inutile partie, mais
je brise ma magnifique, saine, pure virilité, je la sacrifie complètement, et
de mes membres mutilés, de mes veines ouvertes, je prends mon sang, et je
trace sur l'Humanité des anneaux de salut, des anneaux d'éternelles
épousailles avec Dieu qui est dans les Cieux, avec le Père qui attend, et je
dis : "Voilà, maintenant Tu ne peux plus les repousser parce que Tu
repousserais ton sang".
"Et Moïse dit : ... et puis plongez une touffe d'hysope dans le sang
et aspergez-en les montants". Alors le sang ne suffit pas ? Il ne suffit pas. À
mon sang, il faut joindre votre repentir. Sans le repentir, amer et
salutaire, c'est inutilement que je serai mort pour vous.
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362> C'est la première parole qui dans le Livre parle de l'Agneau
Rédempteur. Mais le Livre en est rempli. De même qu'à chaque nouveau lever du
soleil plus épaisse se fait la floraison sur ces branches, ainsi, à mesure
qu'une année succède à une qui est finie et qu'on approche du temps de la
Rédemption, voici que la floraison se multiplie.
589.8 – Et
maintenant avec Zacharie, je vous dis, à vous pour Jérusalem : "Voici
que vient le Roi plein de douceur, monté sur une ânesse et un ânon. Il est
pauvre". Mais il dispersera les puissants qui oppriment l'homme.
Il est doux, et pourtant son bras levé pour bénir vaincra le démon et la
mort. "Il annoncera la paix parce qu'il en est le Roi".
Lui, étant crucifié, étendra sa domination d'une mer à
l'autre. "Lui qui ne crie pas, qui ne brise pas, qui n'éteint pas celui qui n'est pas
lumière mais fumée, celui qui n'est pas force mais faiblesse, celui qui
mérite tous les reproches, il fera justice selon la vérité". Ton Messie, ô cité de Sion, ton Messie, Ô peuple
du Seigneur, ton Messie, ô peuple de la Terre.
"Sans être triste ni turbulent " et vous voyez comme il n'y a pas en Moi la
tristesse irritée du vaincu, ni la tristesse rancunière du pervers, mais
seulement le sérieux de celui qui voit à quel point peut arriver la
possession de Satan dans l'homme, et vous voyez comment, pouvant réduire en
cendres et disperser par une seule palpitation de ma volonté, Moi, pendant
trois ans, j'ai tendu les mains pour inviter à l'amour, à tous, sans arrêt,
et maintenant encore mes mains se tendront et seront blessées ! "Sans
être triste ni turbulent, j'arriverai à établir mon Royaume". Ce Royaume du Christ où se trouve le salut du
monde.
Le Père, Seigneur éternel, me dit : "Je t'ai appelé, Je t'ai pris par la
main, Je t'ai fait alliance entre les peuples et Dieu, Je t'ai fait la
lumière des nations". Et j'ai été lumière. Lumière pour ouvrir les yeux
aux aveugles, parole pour donner la parole aux sourds, clef pour ouvrir les
prisons souterraines de ceux qui étaient dans les ténèbres de l'erreur.
589.9 – Et
maintenant, Moi qui suis tout cela, je vais mourir. J'entre dans l'obscurité
de la mort. La mort, comprenez-vous ?... Les premières choses annoncées,
voilà qu'elles vont s'accomplir, je le dis Moi aussi avec le prophète. Les
autres, je vous les dirai avant que le Démon ne nous sépare.
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363> Voilà Sion là-bas
au fond. Allez prendre l'ânesse et l'ânon. Dites à l'homme : "Il les faut pour le Rabbi
Jésus". Et dites à ma Mère que je vais la rejoindre. Elle est là, sur le
talus avec les Marie. Elle m'attend. C'est mon triomphe humain... Qu'il soit
son triomphe. Toujours unis. Oh ! unis !...
Et quel est le cœur de hyène qui, d'un coup de griffes de sa patte, arrache
le cœur du cœur maternel : Moi, son Fils ? Un homme ? Non. Tout homme naît
d'une femme, et par instinct et réflexion morale il ne peut frapper une mère
parce qu'il pense à la sienne. Ce n'est donc pas un homme. Qui alors ?
Un démon. Mais un démon peut-il offenser la Victorieuse ? Pour l'offenser, il
doit la toucher. Et Satan ne supporte pas la lumière virginale de la Rose de
Dieu. Et alors ? Qui dites-vous que c'est ? Vous ne parlez pas ? Moi alors je
le dis.
Le démon le plus rusé s'est fondu à l'homme le plus corrompu
et, ainsi que le venin enfermé dans les dents de l'aspic, il est enfermé en
lui qui peut approcher de la Femme et ainsi, traîtreusement, la mordre.
Maudit soit l'hybride monstrueux qui est Satan et qui est homme !
Je le maudis ? Non. Elle n'est pas du Rédempteur cette parole. Et alors je
dis à l'âme de cet hybride monstrueux ce que j'ai dit à Jérusalem,
monstrueuse cité de Dieu et de Satan : "Ah ! si en cette heure qui t'est
encore donnée, tu savais venir au Sauveur !" Il n'y a pas d'amour plus
grand que le mien ! Et il n'y a pas de plus grand pouvoir. Même le Père
consent quand je dis : "Je veux", et je ne sais dire que des
paroles de pitié pour ceux qui sont tombés et qui, de leur abîme, me tendent
les bras.
Âme du plus grand pécheur, ton Sauveur, au seuil de la mort, se penche sur
ton abîme et il t'invite à prendre sa main. Ma mort ne sera pas empêchée...
Mais toi... mais toi... tu serais sauvé, toi, que j'aime encore, et l'âme de
ton Ami ne frémirait pas d'horreur en pensant que c'est par l'œuvre de l'ami
qu'il connaît l'horreur de la mort, et de cette mort..."
Jésus se tait... accablé...
589.10 – Les
apôtres discutent et se demandent entre eux :
"Mais de qui parle-t-il ? Qui est-ce ?"
Et Judas sans aucune honte de mentir :
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364> "C'est certainement un des faux pharisiens... Moi,
je pense à Joseph ou Nicodème, ou
bien à Kouza et Manahen...
Tous sont avides de pouvoir et d'argent... Je sais que Hérode... Et
je sais que le Sanhédrin. Il s'est trop fié à eux ! Vous voyez que hier aussi
ils n'étaient pas présents ? ! Ils n'ont pas la hardiesse de
l'affronter..."
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