Vision du lundi 7 octobre 1946.
73> 508.1 – La
maison de Joseph n'est pas celle de Joseph
d'Arimathie, mais celle d'un vieux galiléen
de Séphoris, ami des fils d'Alphée et en
particulier des plus âgés car il était ami, peut-être aussi un peu parent, du
vieil Alphée maintenant défunt. Et, si je ne me
trompe, il est aussi en relations suivies avec les fils de
Zébédée pour le commerce du poisson sec du lac de Génésareth que
l'on importe dans la capitale avec d'autres produits de la Galilée qui sont
chers aux galiléens dépaysés dans Jérusalem. C'est ce que je déduis de ce que
disent à Thomas
les deux fils d'Alphée
et Jean.
Jésus,
de son côté, est un peu en arrière avec Manahen
auquel il donne la charge d'aller chez Joseph d'Arimathie et chez Nicodème
pour les prier de le rejoindre, ce que Manahen fait tout de suite. Jésus se
réunit encore un moment avec les trois pour leur recommander encore d'être
prudents dans leurs conversations "par amour pour le lévite
qui les a mis en sécurité", puis il les quitte et se dirige à grands pas
par un sentier...
508.2 – Mais Jean a vite fait de le
rejoindre.
"Pourquoi es-tu venu ?"
"Nous ne pouvions te laisser seul ainsi... et moi, je suis venu."
"Et crois-tu que tu pourrais me défendre, à toi tout seul, contre tant
de gens ?"
"Je n'en suis pas sûr. Mais au moins, je mourrais avant Toi, et cela me
suffirait."
"Tu mourras très longtemps après Moi, Jean, mais ne le regrette pas. Si
le Très-Haut te laisse au monde c'est pour que tu le serves et serves son
Verbe."
"Mais après..."
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74> "Après tu serviras. Combien de
temps tu devrais vivre pour me servir comme nos deux cœurs le voudraient.
Mais même une fois mort, tu me serviras."
"Comment ferai-je, mon Maître ? Si je suis avec Toi dans le Ciel je
t'adorerai. Mais je ne pourrai te servir sur la Terre quand je l'aurai
quittée..."
"Tu le crois vraiment ? Eh bien, Moi,
je te dis que tu me serviras jusqu'à ma nouvelle
venue qui sera la dernière. Beaucoup de choses se dessécheront avant le
dernier temps, comme des fleuves qui se tarissent et, après avoir été un beau
cours d'eau bleue et salutaire, deviennent un terreau pulvérulent et une
pierraille aride. Mais toi, tu seras encore le fleuve qui résonne ma parole
et qui reflète ma lumière. Tu seras la lumière suprême qui restera pour
rappeler le Christ, car tu seras une lumière toute spirituelle, et les
derniers temps seront la lutte des ténèbres contre la lumière, de la chair
contre l'esprit. Ceux qui sauront persévérer dans la foi trouveront force,
espérance, réconfort dans ce que tu laisseras après toi, et qui sera encore
toi... et qui surtout sera encore Moi, parce que toi et Moi nous nous aimons,
et que où tu es Moi je suis, et où je suis tu es.
J'ai promis à Pierre que l'Église, qui aura pour chef
et pour base ma Pierre, ne sera pas dégondée par l'Enfer dans ses assauts
répétés et de plus en plus féroces, mais maintenant je te dis que ce qui sera
encore Moi, et que tu laisseras comme lumière pour ceux qui cherchent la
Lumière, ne sera pas détruit, malgré tous les efforts de l'Enfer pour
l'anéantir. Et qui plus est : même ceux qui croiront imparfaitement en Moi,
parce qu'en m'accueillant, ils n'accueilleront pas mon Pierre, seront
toujours attirés à ton phare comme des nacelles sans pilotes et sans
boussoles, qui se dirigent à travers leur tempête vers une lumière,
car lumière veut dire aussi salut."
"Mais que laisserai-je, mon Seigneur ? Je suis... pauvre... ignorant...
Je n'ai que l'amour..."
"Voilà : tu laisseras l'amour. Et l'amour pour ton Jésus sera parole. Et
beaucoup, beaucoup, même parmi ceux qui ne seront pas de mon Église, qui ne
seront d'aucune église, mais qui chercheront une lumière et un réconfort,
aiguillonnés par leurs esprits insatisfaits, par besoin que l'on compatisse à
leurs peines, viendront à toi et me trouveront Moi."
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75> "Je voudrais que les premiers
qui te trouvent soient ces juifs cruels, ces pharisiens et ces scribes...
Mais je ne sers pas à tant...
"Rien ne peut rentrer là où tout est rempli. Mais ne te décourage pas
toi...
508.3 – Mais
nous voici chez Joseph. Frappe et entrons."
C'est une maison étroite et élevée, avec à côté un magasin bas et malodorant
de marchandises entassées; et à côté une cour assombrie par les murs qui la
surplombent, une cour qui ressemble à celle d'une auberge comme étaient alors
les auberges : des portiques pour les marchandises, des écuries pour les
ânes, et des pièces ou de grandes chambres pour les hôtes. Ici, il y a une
cour mal pavée, un bassin, deux écuries basses et sombres, un hangar rustique
qui sert de portique, adossé à la maison et avec une porte qui donne dans le
magasin. Puis, en plus de cela, la maison dont j'ai parlé, vieille, sombre,
avec une porte haute et étroite où on accède par trois marches de pierre
usées.
Jean frappe à la porte et il attend jusqu'à ce que s'ouvre une fente étroite
où apparaît le visage ridé d'une petite vieille qui scrute de la pénombre :
"Oh ! Jean ! J'ouvre tout de suite. Dieu soit avec toi" dit la
bouche qui appartient à ce visage ridé, et la porte s'ouvre avec un grand
bruit de verrous.
"Je ne suis pas seul, Marie.
J'ai le Maître avec moi."
"La paix aussi à Lui, honneur de la Galilée, et heureux le jour qui
porte les pieds du Saint dans les murs d'un véritable Israélite. Entre, Seigneur.
Je vais tout de suite avertir Joseph. Il est en train de faire les dernières
livraisons, car le crépuscule arrive vite dans le triste etamin."
"Laisse-le à son travail, femme. Nous resterons ici jusqu'à
demain."
"Grande joie pour nous. Nous t'attendions depuis longtemps. Et même, il
y a quelques jours, ton frère Joseph
a envoyé demander des nouvelles de Toi. Mais mon époux saura mieux te le
dire. Voilà, tu peux rester ici... Et je te quitte, Seigneur, car je suis en
train de finir le pain. Il faut qu'il soit cuit avant le crépuscule .
Si tu veux quelque chose, Jean sait où me trouver."
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76> "Va en paix. Il ne nous faut
rien d'autre que l'hospitalité."
508.4 – Ils restent seuls pendant
quelque temps. Puis un petit visage brun se fait voir de derrière le rideau
qui sépare la pièce d'un couloir, et qui jette un coup d'œil, craintif et
curieux à la fois.
"Qui est cet enfant ?" demande Jésus à Jean.
"Je ne sais pas, Seigneur. Il n'était pas là les autres fois. Il est
vrai que depuis que je suis avec Toi je ne suis plus venu ici pour le compte
de mon père. Viens ici, enfant."
Le petit s'avance à petits pas.
"Qui es-tu ?"
"Je ne vais pas te le dire."
"Pourquoi ?"
"Je ne veux pas m'entendre dire des paroles désagréables. Si tu les dis,
je te réponds, et Joseph ne veut pas."
"C'est du nouveau ! Maître, qu'en dis-tu ?" et Jean rit, amusé par
les raisons du petit homme.
Jésus aussi sourit, mais il lève la main pour attirer l'enfant et il
l'observe. Puis il dit :
"Et toi, tu sais qui je suis ?"
"Bien sûr que je le sais ! Tu es le Messie. Celui qui fera sien le monde
entier, et alors on ne dira plus des paroles désagréables aux petits comme
moi."
"Tu n'es pas d'Israël, n'est-ce pas ?"
"Je suis circoncis... et cela m'a fait très mal. Mais... la faim aussi
me faisait mal et... de ne plus avoir de maman... ni personne... Pourtant
cela fait mal encore d'entendre qu'on... qu'on nous..." il pleure, ayant
perdu sa primitive hardiesse.
"Ce doit être un orphelin étranger, Jean. Joseph a dû le recueillir par
pitié, et l'a fait circoncire..." explique Jésus à Jean, étonné des
raisons et des pleurs.
508.5 – Et Jésus soulève l'enfant et
le prend sur ses genoux.
"Dis-moi ton nom, petit. Je t'aime bien. Jésus aime bien tous les
enfants et surtout les orphelins. J'en ai un, Moi aussi, et qui s'appelle Marziam
et qui..."
"Et moi aussi, car moi (la petite voix n'est plus qu'un murmure à peine
perceptible) car moi, je suis romain..."
"Je te l'avais dit ! Et tu es orphelin, n'est-ce pas ?"
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77> "Oui... Mon père, je ne m'en souviens
pas. La maman, oui. Elle est morte alors que j'étais déjà grand... et je suis
resté seul, et personne ne voulait de moi. De Césarée, à pied, derrière les
voyageurs, après que le maître soit parti au loin. Et si grand faim. Et si je
disais mon nom, des coups... Car on comprenait par le nom, eh ?! Et je suis
venu ici pour une fête, et j'avais faim. Je suis entré dans les écuries avec une caravane, et je me suis caché dans la paille
pour manger l'avoine et les caroubes des ânes. Et un âne m'a mordu et j'ai
crié et on est accouru et on voulait me battre, mais Joseph a dit :
"Non. Lui l'a fait et il dit de faire ce qu'il fait. Et moi, je prends
l'enfant et j'en ferai un Israélite". Et il m'a pris et soigné en même
temps que Marie, et il m'a donné un autre nom car le mien... Maman m'appelait
Martial..."
et les larmes recommencent à couler.
"Et Moi, je t'appellerai Martial comme ta mère. C'est très bien ce qu'a
fait Joseph. Tu dois l'aimer beaucoup."
"Oui, mais Toi davantage. Lui le dit, il dit toujours : "Si un jour
tu rencontres Jésus de Nazareth, le Messie, aime-le
de tout toi-même car c'est par Lui que tu as été sauvé de l'erreur".
Marie disait à côté, à la servante, que le Messie était à la maison et je
suis venu voir celui qui m'a sauvé."
"Je ne savais pas que Joseph avait fait cela. Il était si... avare...
Jamais je n'aurais pensé qu'il pourrait... Pauvre Joseph ! Avare et brouillé
avec ses enfants. Ils n'ont pas respecté ses cheveux blancs."
"Je le sais. Mais, vois-tu ? Peut-être qu'en cet enfant il se
renouvelle... et oublie. Dieu le récompense ainsi de ce qu'il a fait pour
l'enfant. Comment t'appelles-tu, maintenant ?"
"Un vilain nom. Il ne me plaît que parce qu'il commence comme le mien :
Manassé, je m'appelle !... Mais Marie, qui comprend, m'appelle
"Man".
Et l'enfant le dit avec un petit visage si désolé que Jésus et Jean ne
peuvent s'empêcher de sourire.
Mais Jésus, pour le consoler, explique :
"Manassé est un nom dont le sens est très doux pour nous. Il veut dire :
le Seigneur m'a fait oublier toute douleur. Joseph te l'a donné car il a
voulu dire que tu lui feras oublier toute sa douleur et tu le feras, enfant,
pour lui être reconnaissant. Toi-même, par ton nouveau nom, tu te dis que le
Seigneur t'a tant aimé qu'il t'a rendu un père, une mère et une maison.
N'est-ce pas ?"
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78> "Oui. Expliqué ainsi, oui...
Mais Joseph me dit que je dois oublier même ma maison. Moi, je ne veux pas
oublier maman !"
Jésus regarde Jean et Jean regarde le Maître, et au-dessus de la petite tête
brune, il y a tout un discours de regards...
"La mère, on ne l'oublie pas, enfant. Joseph s'est mal expliqué, ou
plutôt tu as mal compris. Certainement il voulait dire que tu dois oublier
toute la douleur de ton passé, la douleur de ta maison, parce que maintenant
tu as celle-ci et tu dois être heureux."
"Ah ! ainsi, oui. Marie est bonne et me rend heureux. Même en ce moment
elle me fait des fouaces. Je vais voir si elles sont cuites et je te les
portes à Toi aussi" et il glisse de dessus les genoux de Jésus pour
courir hors de la pièce. Le bruit des petits pieds déchaussés se perd dans le
long couloir.
"Toujours cette tendance à la dureté, même chez les meilleurs d'entre
nous ! Prétendre l'impossible ! Ils sont plus sévères que Dieu, les enfants
de son peuple ! Pauvre enfant ! Peut-on peut-être prétendre qu'un enfant
oublie sa mère, parce que maintenant il est circoncis ? Je le dirai à
Joseph."
"Je ne savais vraiment pas qu'il avait fait cela. Mon
père, comme beaucoup de galiléens, descend ici aux fêtes et
il ne m'en a pas parlé comme s'il ne savait pas la chose...
508.6 – Mais j'entends la voix de
Joseph..."
Jésus se lève et Jean l'imite, prêts à saluer, avec les honneurs qui lui sont
dûs, le maître de maison qui entre et qui, à son
tour, s'abîme en inclinations profondes et finit par s'agenouiller aux pieds
de Jésus.
"Lève-toi, Joseph. Je suis venu, tu le vois."
"Pardonne-moi de t'avoir fait attendre. Le vendredi est toujours un
grand jour ! Salut à toi, Jean. As-tu des nouvelles de Zébédée ?"
"Non, depuis les Tabernacles, où je les ai vus."
"Alors sache qu'il va bien, et de même Salomé.
Des nouvelles fraîches de ce matin, avec le dernier envoi de poisson. Et à
Toi aussi, Maître, je puis dire que tes parents se portent tous bien à
Nazareth. Le lendemain du sabbat partiront ceux qui viennent. Si vous voulez
envoyer des nouvelles... Êtes-vous seuls ?"
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79> "Non. D'ici peu les autres
seront ici..."
"Bien ! Il y a de la place pour tout le monde. C'est une maison fidèle.
Je regrette que Marie soit occupée avec le pain et moi avec les ventes. On
vous laisse ainsi seuls... Nous avons manqué de te faire honneur et de te
tenir compagnie comme il convient pour un hôte. Et un hôte important !"
"Un fils de Dieu comme toi, Joseph. Ils sont tous égaux ceux qui suivent
la Loi de Dieu."
"Hé ! non. Toi, c'est Toi. Je ne suis pas sot comme ces juifs. Tu es le
Messie !"
"Cela par la volonté de Dieu. Mais en ce qui concerne ma volonté et mon
devoir, je suis comme toi, fils de la Loi."
"Hé ! ceux qui te calomnient ne savent pas dire et faire ce que tu dis
maintenant et ce que tu fais toujours !"
"Mais toi, tu fais beaucoup de ce que j'enseigne.
508.7 – J'ai vu l'enfant,
Joseph..."
"Ah ! Tu l'as vu ? Il est venu ! il sait que je ne veux pas ! À cause de
Toi... j'en suis heureux, mais ce pouvait n'être pas Toi..."
"Et alors, que serait-il arrivé ?"
"Que... cela ne me plaît pas, voilà !"
"Pourquoi Joseph ? Pour qu'on ne t'en loue pas ? Ta pensée est louable,
mais l'enfant pourrait penser que tu as honte de le montrer..."
"Et c'est vrai !"
"C'est vrai ? Et pourquoi ? Explique-moi la chose."
"Voilà : l'enfant n'est pas né hébreux de parents hébreux, pas même de
prosélytes, pas même d'une femme de notre pays et d'un père gentil. C'est
l'enfant de deux romains, affranchis dans la maison d'un romain qui était à
Césarée maritime. Il a gardé l'enfant tant qu'il y est resté. Mais, à son
départ, il ne s'en est pas occupé et l'enfant est resté seul. Les hébreux,
naturellement, ne l'ont pas accueilli. Les romains... Ce que sont les
romains, tu le sais... Et ces romains surtout de Césarée ! L'enfant, en
mendiant..."
"Oui, je le sais. Il est arrivé ici et tu l'as accueilli. Dieu a signé
ton acte au Ciel."
"Et j'en ai fait un circoncis ! Et j'ai changé son nom. Le sien ! Païen
! Idolâtre ! Mais je ne veux pas qu'il se fasse voir et qu'il se rappelle son
passé."
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80> "Pourquoi, Joseph ?"
demande doucement Jésus, et il ajoute : "L'enfant en souffre. Il se
rappelle sa mère. C'est compréhensible !"
"Mais il est compréhensible aussi mon désir de n'être pas critiqué pour
avoir accueilli un..."
"Un innocent. Rien de plus que cela, Joseph. Pourquoi crains-tu le
jugement des hommes, quand un jugement plus haut, celui de Dieu, sanctionne
ton acte, parce qu'il est saint ? Pourquoi as-tu honte, par respect humain,
ou par crainte de représailles, d'une action qui est bonne ? Pourquoi veux-tu
donner à l'enfant un exemple de duplicité tel que celui qui ressort du
changement de nom, d'étouffer le passé par crainte qu'il te porte un
préjudice ? Pourquoi veux-tu inculquer à l'enfant le mépris du père et de la
mère ? Tu vois, Joseph, tu as fait une action digne de louanges, mais tu la
couvres de poussière avec ces... idées imparfaites. Tu as imité un de mes
gestes. Tu as accueilli mes paroles. C'est bien.
Mais pourquoi ne rends-tu pas parfaite mon imitation en accomplissant
franchement cette œuvre et en disant : "Oui, l'enfant était romain et moi, je n'en ai pas éprouvé du dégoût parce qu'il est fils du
Créateur, tout comme vous. Seulement je l'ai voulu dans notre Loi et je l'ai
circoncis" ? Vraiment... La circoncision
véritable va arriver et elle s'exercera sur le cœur des hommes et elle
emportera l'anneau étranglant de la triple concupiscence. Par conséquent,
même si l'enfant était resté un enfant jusqu'à ce moment... Mais je ne veux
pas t'en faire un reproche. Tu as bien fait, toi hébreux en le faisant
hébreu. Pourtant, laisse-lui son nom. Oh ! dans l'avenir combien de Martial,
de Caïus, de Félix, de Cornélius, de Claudius et
autres, appartiendront au Christ et au Ciel ! C'était possible pour lui aussi
qui ne sait pas ce que veut dire hébreu et gentil, et qui arrivera à sa
majorité
quand la véritable et nouvelle Loi sera fondée avec un nouveau Temple et de
nouveaux prêtres et qu'il y arrivera non comme tu le penses, mais examiné par
Dieu et trouvé digne de son nouveau Temple. Laisse-lui le nom que sa mère lui
a donné. C'est encore pour lui une caresse maternelle. Je comprends ce que tu
as voulu dire en l'appelant Manassé, mais laisse-lui le nom de Martial. Et à
ceux qui t'interrogent, dis simplement : "Oui, c'est Martial. Presque
comme le disciple du Christ auquel Marie a donné ce nom" .
Sois courageux dans le bien, Joseph, et tu seras grand, très grand."
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81> "Maître... comme tu veux. Je
ne veux pas te contrarier. Et tu crois que... j'ai bien agi aussi comme homme
?"
"Tu as bien agi. Ta douleur t'a rendu bon. Aussi tout est bien de ce que
tu as fait, et cet acte est bon."
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